Chasseurs de Légendes épisode 1:Ombre

La mort paraît douce à ceux qui l'approchent, dit-on. Alexia le vérifia plus d'une fois les heures qui suivirent. Ou bien était-ce des jours ? Qu'importe, le temps qu'elle passa à se battre restait bien trop long.
Avalée par la mer de sable, elle ne put que se résigner et attendre de mourir étouffée. Le courant qui l'emportait était indomptable, et se battre n'y aurait rien changé. Se protéger un maximum le visage, c'est tout ce qu'elle pouvait faire. Elle avait bien songé à détacher ses pièces d'armure, mais le courant tourmentait ses muscles tant et si bien qu'elle ne pouvait que rester là, roulée en boule dans l'attente de l'inéluctable.

On apprenait très tôt aux jeunes chasseurs à développer une grande capacité respiratoire, et comme à de nombreux autres entraînement de ce type, la jeune fille y excellait. Elle pouvait se maintenir en apnée plus de vingt minutes, mais son état de fatigue critique et son stress ne lui en accordèrent que dix. Dix infimes minutes qui suffirent pourtant à la sauver. Un courant de sable ascendant la fit émerger de l'abîme, bien loin du champ de bataille.

Elle se trouvait sur une sorte de plage, faite d'un sable rouge et épais. Bien plus lourd que le sable "commun" qu'elle connaissait, remarqua-t-elle en en ramassant une poignée. Elle se releva lentement, et regarda autour d'elle, secouée par son plongeon forcé.
Ce qu'elle vit était stupéfiant de majesté. Des dizaines et des dizaines de squelettes blanchâtres d'une hauteur démentielle se trouvaient là, sur une plaine de sable rouge comme le sang et ou un calme inquiétant régnait, comme un danger tapis dans l'ombre...

"Je rêve", pensa la jeune fille. "On dirait des... squelettes de Jhen Morhan !"

En effet, la forme et la taille des carcasses nacrées ne laissaient aucune marge de doute.
Alexia s'avança vers les colossales montagnes d'os qui se dressaient là, tel des vestiges d'un autre temps...
Elle marcha pendant ce qui lui sembla être des heures, lors desquelles elle put dénombrer 67 squelettes entiers. De nombreux autres débris étaient à demis enfouis sous le sable ou bien éparpillés au quatre coins de la... plaine ? L'adolescente leva la tête vers le haut. Elle faillit tomber en arrière. Un dôme. Un dôme fait d'os entremêlés, fixés ensemble avec une précision démoniaque... plus ils descendaient, plus ils... jaunissaient, et ressemblaient à du sable, créant l'illusion d'une plaine. La lumière provenait d'une multitude de minuscules puits, traversant le plafond de calcium.

-Je rêve... souffla Alexia, assommée par ses découvertes. Elle reprit après quelques minutes :

-Bon. Je vais me reposer, puis je sortirai d’ici. En grimpant avec mon fouet, ça ne devrait pas être trop difficile.

Le cœur de la jeune fille s'affola. Son fouet ?! Il n'était plus attaché à sa ceinture. Elle avait du le perdre dans son plongeon.

-Mortecouille ! grogna-t-elle. J'y tenais en plus ! ... Bon, je vais devoir faire sans. Mais d'abord, dormir !

Elle allongea, blottie à l’intérieur d’un crâne de Jhen Morhan et s’endormit sans peine, épuisée.Combien de temps le sommeil la garda dans ses bras ? elle n’en avait aucune idée, mais à son réveil il faisait nuit, et les puits par lesquels elles comptait sortir ne laissaient filtrer plus aucune lumière.

Elle se leva en s’étirant, dans la caverne aux colosses assoupis.

« je ne vais jamais pouvoir retrouver les puits dans une obscurité pareille. Je vais attendre le jour. »

Alexia se promena encore une fois parmi les carcasses blanchies, mais la visibilité nulle dans la grotte lui fit vite renoncer après qu’elle aie trébuché une fois, deux fois, trois fois. Sur le chemin du retour, dans le but de retrouver son abri, elle tomba une nouvelle fois. Ses pieds avaient buté contre une sphère blanchâtre, à moitié enfouie sous le sable. Un craquement avait résonné dans la grotte au moment de l’impact. Curieuse, la jeune fille examina de plus près l’objet.

On aurait dit une rotule, aussi large qu’un cheval. Elle était fissurée dans toute sa longueur, et une faible lueur rougeâtre perçait à travers.

Prise de tremblements inexpliqués, Alexia s’empressa de briser l’os à l’aide d’une pierre. Il se fracassa bien vite, et la source de la lumière fut révélée.

Une pierre de la taille d’un poing, d’un rouge virant au violet, piqueté de noir. Une lumière froide comme la glace en émanait, sombre, menaçante. Alexia arracha un bout de sa tunique, et en enveloppa le cristal. Elle le fixa à sa taille avec sa ceinture, et retrouva le chemin de son abri, soucieuse.

« Quelle est cette pierre ? Elle me fait peur… mais elle pourrait quand même être utile aux autres… »
Elle mit longtemps à s’endormir, le doute planant sur son esprit…

A l’aube, elle se réveilla, fraîche et reposée.

-Bon, c’est pas le tout ça, mais faut que je vous quitte les copains ! Ravie d’avoir fait votre… paisible connaissance.
Avec un pincement au cœur, elle retira son armure et la déposa dans le crâne géant. Elle serait incapable de grimper avec jusqu’en haut.

Aux pieds du dôme, elle prit son courage à deux mains et commença l’ascension. Les prises étaient nombreuses, mais elle fut vite obligé de se suspendre comme une araignée pour ne pas tomber. Elle atteint rapidement le puits qu’elle avait repéré, proche des parois et surtout assez grand pour qu’elle passe. Elle s’extirpa de la grotte, au bord de épuisement et la lumière du soleil éblouit violemment. Elle se trouvait au milieu de gigantesques dunes de sable. Si elle s’en référait au soleil, c’était au Nord et à l’Ouest qu’elle apercevait la Mer de sable mouvants. Son itinéraire semblait tout tracé.

Elle parcourra les dunes vers l’Ouest puis longea la mer pendant plusieurs heures. Elle n’avait rien mangé depuis presque deux jours et la faim commençait à se faire ressentir brutalement sous le soleil torride du désert. Elle marcha jusqu’à la nuit et plus encore, au bord de l’épuisement. Elle savait que si elle s’arrêtait maintenant, elle mourait de faim. Alors que le voile de la nuit commençait à se dissiper et que l’ombre couvrait de plus en plus ses yeux rendus larmoyants par le sable et le soleil, Elle aperçut au loin les lueurs d’une ville.

Alexia boitait, s’efforçant de continuer… Avancer, avancer, avancer, avancer…
Un hurlement retentit derrière elle.

Elle parvint à se retourner, juste à temps. La balle de sable l’aurait transpercée si, dans un ultime effort, elle n’avait pas plongé à terre. Des Cephalos. Seuls, ces wyverns des sables ne représentaient aucun danger. En meute, ils ne connaissaient pas de rivaux sur la plaine.

Courir. Courir. Elle n’avait aucune chance contre eux. Courir. Elle se remit en marche, puisant dans ses dernières réserves pour trouver un infime espoir, une étincelle de vie qui la ferait avancer, encore.

Trop tard. Le groupe était sur elle. Elle voyait par-dessus son épaule les nageoires des monstres qui dépassaient du sable, à quelques pas derrière elle. Trop tard.

La bête sauta, sa gueule grande ouverte dévoilant ses rangée de crocs acérés. Un Cephadrome. Le chef de la meute. Ses mâchoires se refermèrent sur la jeune fille. Hurlements. Douleur. Larmes.

Un Trait de feu traversa l’espace pour aller se planter dans le corps de la créature. Puis un autre. Et encore un autre. Et encore, et encore, et encore… Alexia ne voyait plus rien. Que le son d’une cloche qui sonne, les cris de douleur des bêtes, les flèches qui ne cessaient de pleuvoir, le sang qui coulait de ses plaies...
Elle ferma les yeux.

Après la mort du petit Jhen Morhan, la flotte de Drakkars s’était regrouppée à Katchan, un grand port. La fête avait duré plusieurs jours, lors desquels Legolas, Arturo et Savraël n’avaient pas bu une seule goutte d’alcool. Ils avaient fait des recherches sur le bord des dunes et silloné la mer, en vain.

Alexia était introuvable. C’est un matin, avec dans l’âme plus de remords qu’il n’en avait jamais eu, que Legolas se prépara à envoyer un faucon à Paladius pour annoncer sa mort. Qu’il se sentait vieux…

C’est alors que sonna une cloche, en haut de l’une des multiples tours que comptait la grande cité de Katchan. Legolas n’y pretta pas attention, jusqu’à ce qu’il remarqua du coin de l’oeuil les flèches enflammées qui en décolaient. Ses reflexes prirent tout de suite le pas sur sa raison. Il empoigna son épée et sorti en courant de la maison après avoir enfilé ses bottes et son baudrier.

Un homme. Un seul homme tirait, du haut de sa tour, des volées de traits embrasés à une vitesse époustouflante. Il portait un capuchon blanc, et son visage n’était pas visible, malgré l’excellente vue de Legolas. Son arc faisait sa taille et traçait ses courbes dans un bois blanc veiné de rouge et rose. Les flèches qu’il tirait s’embrasaient dès qu’il les décochait, pour une raison inconnue.

Legolas ne voyait pas sa cible, cachée par les bâtiments et les hautes murailles de terre et de pierre. Il fila droit vers la grande porte la plus proche, depassa d’autres chasseurs qui accouraient eux aussi et sorti de la cité. Une meute de monstres se trouvait là.

Des Cephalos. Et ils s’attaquaient à… un homme ! Le sang du chasseur n’avait pas eu le temps de faire un tour qu’il filait, droit vers sa cible, mu par un instinct plus fort à cet instant que tout le reste de ses émotions. Il avait besoin de tuer. Trop d’oisiveté, de paix… il était fait pour tuer, né pour tuer. Alexia. La petite fille était morte, et c’était sa faute. Tuer. Il fallait qu’il sente la chair se disloquer sous ses coups, les os se broyer et le sang gicler…

Une femme était couchée là, devant lui, face contre terre, le visage dans le sable rouge, imbibé de son sang. Encore une… Il était décidément vieux. Mais à tort de savoir protéger il savait tuer, massacrer.

Et c’est ce qu’il fit. Une danse mortelle, dans le sable du désert et le sang du carnage.

Il balança son épéé en avant comme si elle ne pesait rien et décapita un cephalos. Tuer, tuer… Un autre se projetta hors du sable pour l’atteindre dans le dos. D’un revers du plat de la lame, Legolas lui brisa le crâne. Briser, tuer…Un autre tentait de prendre la fuite et ce fut la lame de Legolas qui le ceuillit dans le dos, traversant son buste écailleux de part en part. Broyer, déchiqueter…

Une meute avait prit en chasse une pauvre femme sans défense, et une meute l’avait tuée. Une meute devait payer, une meute fut décimée. En moins de dix minutes, la dune fut recouverte de membres déchirés, de cadavres fumants et de sang abondamment versé. Legolas, au milieu, était couvert de morsures et de griffures, peu profondes mais nombreuses.

Il tomba à genoux, le front contre son épée encore debout. Une troupe de chasseur arrivée au dernier moment était là aussi. L’un d’eux se pencha sur le corps de la jeune fille et palpa son cou raidi. Il se releva en secouant la tête, un air fataliste gravé sur le visage.

-Aidez moi à la porter. Nous devons lui donner une sépulture décente.

Deux autres hommes s’approchèrent et soulevèrent Alexia avec délicatesse. Un Chasseur aux cheveux blonds demanda :

-Et lui ?

Legolas était toujours prostré devant son épéé, immobile dans la pâle lueur du petit matin.

-Laissez-le. Sa colère n’est pas encore retombée.

La voix profonde fit susauter le garçon blond, qui se retourna brusquement. L’homme qui avait prononcé ces mots était le même qui avait tiré sans relâche sur les monstres. Son carquois était vide. Un grand sabre incurvé à poignée de nacre dépassait de ses larges épaules. Son capuchon était rabattu en arrière et on pouvait voir ses cheveux bruns clairs et son regard bleu percant de rapace. Un c’était jeune homme d’une trentaine d’années, dans la force de l’âge, à la peau basanée. En tenant son cheval par la bride, il s’approcha de la jeune fille, toujours sur le dos. Il posa une main couverte de durillons, dus à la fréquente pratique de la chasse, sur elle. Un sourire éclaira son visage jusqu’à maintenant sérieux.

-Ne dors pas trop longtemps, petite. Tu risque de les inquiéter, souffla-t-il avant de remonter en selle.

Il talonna sa monture et partit au grand galop vers l’Ouest, plus loin à l’interieur des terres.

Le petit groupe de chasseurs repartit vers la ville, intrigués par l’étrange comportement de l’inconnu.

Legolas resta plusieurs heures durant agenouillé, silencieux, parmis les cadavres encore chauds et les flèches qui achevaient de se consumer.

Lorsque le corps d’Alexia fut ramené en ville, une foule attendait à l’entrée de la porte. Arturo et Savraël se trouvaient parmis eux. Ils suivirent le cortège funèbre jusqu’à la morgue, en ignorant que la jeune fille devant eux était leur jeune amie portée disparue et présumée morte. Ce ne que lorsque elle fut déposé sur un brancard, devant le bâtiment, qu’ils la reconnurent, sous le sang et le sable…

Le cri de Savraël déchira le temps, tout comme la plainte sourde d’Arturo. Ils se précipitèrent vers Alexia en courant, écartant les porteurs du brancard sale.

C’est des larmes qui roulèrent sur les joues de la chasseresse, et une crevasse qui se creusa dans le cœur du chasseur. Longtemps, ils restèrent ainsi, l’une pleurant toutes les larmes de son corps, l’autre figé, pale et froid.

Ils ne virent pas la lueur rouge sang virant au violet qui pulsait dans le dos de la jeune fille, inquiétante… les veines de cette dernière changèrent de couleur peu à peu, pour atteindre le même coloris.

-Par mes ancêtres… souffla un vieil homme qui observait la scène.

La gigantesque morsure sur le corps d’Alexia se refermait peu à peu, emplie par cette lueur, devenue d’un pourpre-noir.

Arturo, alerté par la voix tremblante du vieillard, releva la tête. Ses yeux s’écarquillèrent de stupeur à la vue de cet incroyable phénomène.

-Savra, fit-il dans un souffle…

Une pulsation colorée venait d’apparaître au niveau du cœur, battant à un rythme régulier.

-Savra, fit-il à nouveau, d’un ton pressant.

La femme releva la tête, est cessa instantanément de sangloter, muette de stupeur.

La plaie acheva de cicatriser à une vitesse inconcevable, et la respiration d’Alexia se fit régulière.

Une pierre, jadis d’un rouge sombre et profond, s’éteignait peu à peu dans un silence de marbre, et se fondait en cendre…

Legolas apprit la nouvelle le lendemain par Arturo, lorsqu’il rentra à l’auberge, les yeux cernés et le regard vide. Son visage s’éclaira radicalement, et il courut en compagnie du jeune homme vers l’hôpital ou Savraël avait veillé toute la nuit sur sa jeune amie.

La chambre était vaste et bien éclairée. On pouvait voir la cité et au-delà la mer de sable, baignée par la lumière rouge du timide soleil matinal. Un verre et une carafe d’eau étaient posés sur un petit guéridon de bois. Sur un chaise, Savraël somnolait. Alexia dormait paisiblement sur un lit blanc comme la neige, un léger drap posé sur son corps nu.

-Elle va bien, chochota Arturo à son oncle. Elle va dormir encore longtemps, mais elle va bien.

Legolas secoua la tête, comme émergeant d’un rêve.

-Comment…

-On ne sait pas. Ses plaies se sont refermées, comme par enchantement. C’est tout.

-Je vois…

Il releva le menton. Son regard brillait d’un éclat nouveau, farouche.

-Prévenez moi quand elle se réveillera.

Il sortit en trombe de la chambre, mais Arturo eu le temps de crier :

-Ou vas-tu ?!

Le Chasseur lui répondit du couloir :

-Chercher quelque-chose !

Sa voix s’éteignit, laissant le jeune homme planté là, interloqué mais plutôt rassuré que son oncle ai repris du poil de la bête.

Les jours se suivirent, heureux pour Arturo et Savraël. Leur relation s’améliorait de jour en jour, et leur amour avec. La cité portuaire de Katchan recelait de nombreux trésors et lorsqu’ils ne veillaient pas sur Alexia, ils parcouraient ses dédales de ruelles main dans la main. Des gigantesques remparts aux portes colossales, des tours les plus hautes aux cavernes les plus profondes, des ruelles poussiéreuses et étroites aux allées pavées bordées de palais blancs, ils contemplèrent chaque grain de sable, chaque pierre, chaque bâtiment avec le même et intarissable émerveillement. Legolas était introuvable, et lorsque Alexia émergea de sa léthargie, il n’était pas dans la cité.

La jeune fille fut assaillie de questions par ses amis. Ils firent l’éloge de son courage, furent ébahis devant sa découverte du cimetière de Jhen Morhans, déçus devant le fait qu’elle ne pourrait le retrouver… Et bien d’autre choses encore.

Legolas n’était pas le seul à sillonner la côte, mais il fut le premier à trouver la carcasse du gigantesque Dragon Ancien. Il avait été ralenti par ses nombreux chevaux de bât, mais il y était arrivé.

Il ne mit pas longtemps à se mettre au travail. Une fois échoué, le corps de l’animal pouvait être vu à des lieues à la ronde. Une fois sa tente montée et sa demie douzaine de chevaux attachés, il s’attela à sa dure tâche. A l’aide de pioches et de son épée, il arracha au monstre des trésors inestimables. Quantité de cuir épais, des carapaces plus dures que l’acier, des fragments d’os et de corne à la pelle, des écailles aussi larges que le buste d’un homme, des organes divers et variés, des cristaux agglutinés sur son corps, des flacons de sang encore chaud… Le chasseur chargea ses bêtes jusqu’à l’épuisement, et se remit en selle. Avec son chargement particulier, une rencontre avec des pillards serait malvenue et il s’empressa de rallier la ville de Katchan au plus vite.
Il y arriva un soir, épuisé, chevauchant jour et nuit, poussant ses chevaux à puiser dans leurs dernière forces. Des Drakkars de Dondruma étaient encore amarrés là. Malgré la décision générale d’abandonner la chasse après plusieurs jours de recherches infructueuses, de nombreux chasseurs étaient restés là, en compagnie d’amis ou de compagnons avides de chasses nouvelles.

Legolas trouva celui d’une de ses connaissances, un vieil homme abimé par le temps nommé Alriecht.

-Hola, Alriecht ! Tonna le chasseur d’une voix puissante en montant à bord du Drakkar.

-Legolas ! Quel bon vent t’amène ?

-Pas celui de l’aventure, je le crains. Je souhaite rentrer à Pokke le plus vite possible. Peux-tu m’y emmener, moi et mes compagnons ?

-Tu es le bienvenu à mon bord, tu le sais bien. Je comptait partir demain avec la marée, ça te convient ?

-Parfait. Rendez-vous à l’aube alors.

-C’est ça.. A demain mon ami !

-A demain, Alriecht

Legolas retourna à l’auberge ou logeaient Alexia et Savraël, rendu fourbu par son allure forcée et son manque de sommeil. Les deux chasseurs étaient là, avachis cote à cote dans un canapé. Alexia était là, vêtue de blanc, devant un livre volumineux relié de cuir. Lorsque son mentor apparut sur le pas de la porte, elle lui sauta dans les bras sans autre forme de procès, blottissant son visage fin dans le creux de son épaule. On aurait dit un chat qui aurait retrouvé son coussin après des années d’errance.

Ce que lui murmura Legolas à l’oreille, nul ne l’entendit hormis elle et elle seule avait à l’entendre.

Plus fort, il énonça :

-Nous partons demain à l’aube, les vacances sont finies et j’ai mes raisons de vouloir rentrer au plus tôt.

-Que faisais-tu lors de ton absence ? Le questionna Arturo.

-T’ai-je demandé ce que tu faisais pendant tes nuits avec Savraël ?

Cette dernière vira brusquement au rouge pivoine et le jeune homme balbutia :

-Je… c’était juste une question voyons…

Et le sujet fut clos.

Leurs bagages prêts, ils embraquèrent sans incident sur le vaisseau du capitaine Alriecht. Ce dernier ronchonna quelque peu en voyant les nombreux et grands ballots de Legolas mais au premier regard de sa part, il se tut. Ils firent leurs adieux à la cité des sables des Katchan, non sans regrets, et prirent la mer pour Meonas, puis Pokke et leur foyer…