Chasseurs de Légendes épisode 1:Ombre

Sept heures. Dur réveil. Legolas secouait Alexia comme un prunier.

-Allez, debout ! C'est ton premier jour, quand-même ! Arturo et Savra son déjà parti depuis des heures, tu peux te lever, non ?

-Ngoui, oui...

-Bien. Blake à préparé ton petit déjeuner, tu as une heure. Viens me rejoindre à l'arrière quand tu auras fini, d'accord ?

-Ok.

Une demi-heure plus tard, la jeune fille sortait dans le froid matinal des montagnes. Malgré le fait que nous étions en milieu de Printemps, le froid persistait le matin dans les lieux les plus en altitude.

-Brrrr, il fait froid ! Dit Alexia à Legolas, en train de faire des pompes sur le sol gelé.

-Oui, mais tu t'habitueras, tu verras. Il faut juste que je demande à Blake de te faire un menu plus calorique, que tu prenne un peu de viande sur cette carcasse rachitique... Bref, viens, et fait comme moi. On va voir combien de pompes tu tiens.

-D'accord.

Elle se mit en position, et commença. Elle en fit une trentaine sans problème, commença à fatiguer à la quarantième et s'écroula du coté des cinquante.

-Bien, fit Legolas. En fin de mois, tu devras faire les cinquante sans problème. Passons au jambes...

Deux heures et demie de musculation, c'est long. Surtout dans le froid. Et surtout pour Alexia. A part aux abdominaux, elle n'arrivait jamais à suivre le rythme de son entraîneur, ce qui est tout-à fait normal vous me direz.

Ils finirent par rentrer, enfin réchauffés. Ironique, non ? Ils prirent un café, et se mirent au travail.

-J'ai horreur de ça, mais il faut aussi apprendre scolairement, dit le mentor d'un ton résigné. On va commencer par la géographie de Dondruma, et de la variété des terrains qu'on peut y trouver. Deux heures là dessus, puis déjeuner.

La jeune fille hocha la tête, et se résigna elle aussi...

Deux heures, c'est long.

Très long.

Trop long.

Beaucoup trop long, quand il s'agit de papiers et de crayons.

Arturo et Savraël revinrent pour le déjeuner, après avoir chassé...

-Et un Shogun, un ! Cria Savraël en déboulant dans le salon.

-Ah, bien, répondit sobrement Legolas. Pourquoi en avez-vous fait un, en fait ?

-J'ai un pièce d'armure qui s'est fendue, et le gars voulait bien me la rembourser, mais il n'avait pas les matériaux, dit Arturo.

-Je vois. Et elle sera prête dans combien de temps ?

-Je pourrais chasser avec cet après-midi.

-Parfait ! Bien, Alexia, on arrête pour aujourd'hui. Range tout, on chasse tout-à l'heure.

-Ok, répondit la jeune fille.

Le repas fut léger et nourrissant. Puis les chasseurs se donnèrent une demi-heure de repos, avant de repartir à la traque...

Alexia s'équipa de son armure métallique et de son fouet avec l'aide de Legolas. A la fin, alors que ce dernier semblait pensif, l'adolescente le questionna :

-Un problème ?

-Non, non, je me disais qu'il faudrait que tu changes d'armure, un de ces quatre. Ce n'est pas pressant, mais ce sera à faire dans les prochains mois... passons, ton premier Yian-Kut-Ku sera bien simple comparé au Barroth mais tu ne dois en aucun cas relâcher ton attention, c'est compris ?

-Oui. Tu ne viens donc pas ?

-...Tu me tutoies maintenant ? ... Bah, aucune importance, c'est mieux comme ça. Non, je ne viens pas, je ne peux pas. Je dois attendre encore une semaine avant de pouvoir chasser. Arturo et Savra sont tout-à fait capables de t'enseigner cet art pour l'instant, et il sont doués. Tu ne crains rien avec eux. Bref, dépêche toi, ils vont t'attendre.

-D'accord !

Alexia fila hors de la maison, rejoindre ses compagnons/professeurs au hall de rassemblement.
Blake, qui avait entendu la conversation, dit à Legolas :

-Miaw, vous l'aimez cette petite, n'est-ce pas ?...

-...Oui. Elle me rappelle moi quand j'ai commencé...

...Bref, laissons radoter les vieux et suivons plutôt la bande de joyeux drilles, déjà sur le lieu de leur chasse :

-Bon, on te laisse faire, nous on est là pour te conseiller et intervenir en cas de problème, ok Alexia ? Fit Arturo.

-Ok, je me débrouille toute seule alors. Bref, il est ou le Kut-ku ?

Savraël et Arturo se regardèrent, et sourirent.

-Je t'en prie, cherche... Continua le garçon, un sourire au lèvres.

-Hé, ...Finit l'adolescente. ...Bon, c'est parti !

Elle se mit à chercher la bête, ou simplement des traces. Au bout d'une petite demi-heure, elle trouva. Le monstre était au fond d'un bois constitué d'arbres touffus et étouffants, marchant au milieu de la mousse et des ronces.

La fille s'en approcha discrètement, tout en restant cachée derrière les buissons. A deux mètres derrière elle, la fille sortit du bosquet, déguaina son fouet, l'envoya vers les pattes de la bête et tira. Le Kut-Ku tomba à la renverse, croassant de colère et d'étonnement. La célérité avec laquelle la jeune chasseresse l'avait attaqué ne lui avait pas permis de riposter.

Cette dernière le lacérait maintenant de son arme, effectuant de complexes moulinets du poignet. Le monstre finit par se relever, les ailes en sang. Malgré la douleur, il parvint à s'envoler.

Mais, rapide comme l'éclair, Alexia envoya une dernière fois son fouet vers lui, qui le toucha à l'aile . Il gigota une demi-seconde avant de se fracasser sur le sol, dans un fracas assourdissant. La fille lui sauta au cou, l'empêchant de se relever, et lui enroula son arme autour de la gorge. Elle tira, tira, et un dernier râle d'agonie sortit du bec du monstre. Alexia relacha son étreinte, et les poumons de la créature se vidèrent du peu d'air qu'ils contenaient encore.

Les deux autres chasseurs arrivaient en courant, et s'arrêtèrent au pieds du Yian-Kut-Ku.
-Je n'ai jamais vu quelqu'un tuer un Kut-Ku en l'étranglant, fit Savraël, mais c'est efficace apparemment. Bien joué, fillette.

-Oui, jolie performance. Il va falloir que je dise à Legolas de passer le cran au dessus, s'il veut que tu apprennes quelque-chose... continua Arturo.

Alexia ne dit rien, mais ses yeux brillaient de fierté et d’excitation. L'adrénaline du combat coulait encore dans ses veines, et sa passion pour la chasse s'était encore accrue...

Les jours, puis les semaines s'écoulèrent, lors desquelles Alexia n'eut ab-so-lu-ment pas le temps de s'ennuyer. Le matin, ses cours et son entraînement physique ne lui laissaient aucun répit, mais elle était ravie, bien au contraire. Et puis, la chasse tout le reste de la journée lui donnait sa bouffée d'air, sa dose d'adrénaline quotidienne dont elle ne pouvait plus se passer. Kut-Ku, Hermitaur, Congalala, Cephadrome... elle en avait abattu de nombreux, chaque fois avec plus de précision dans ses gestes et plus force dans sa frappe.

Loin, bien loin elle était encore du niveau de ses professeurs, mais jamais elle n'avait autant progressé en si peu de temps, et elle leur devait tant...

Legolas avait finalement obtenu sa carte de guilde, et avait, pour fêter l'occasion, massacré joyeusement un couple de Rathalos/Rathian. Seul, bien entendu.

Arturo, dont l'armure en Ceanautaur Shogun commlencait à dépérir dangereusement, s'en était fait fabriquer une nouvelle, en Rathalos.

Savraël avait maintenant trois marteaux, sa Frappe Basarios, son marteau Ceanautaur et son marteau-flingue testé. Elle projetai aussi de retourner à son ancienne maison, chercher les nombreuses autres armes qu'elle y avait laissé.

Les travaux de la maison étaient terminés, ouvriers et maçons s'en étaient donc repartis chez eux, paye sous le bras. Quand à Schlyte... vous vous doutez bien qu'elle et Blake ne se quittaient plus. Et oui, quand on dit que l'amour et l'âge sont deux choses très différentes...

En ville, le nombre de chasseurs présent avait atteint son apogée. Plus d'une centaine d'entre eux chassaient, chaque jour un autre monstre, et chaque jour ils se fabriquaient une nouvelle arme, toujours plus tranchante, toujours plus puissante, toujours plus...Même Arturo, pourtant habitué au rush du Printemps, restait coi devant ce déploiement de chasse monstrueux...

On avait beaucoup parlé de cette histoire de Jhen Mohran quand ce dernier avait refait surface, au large de la Mer de Sable. Encore une fois au Nord du village de Farel. Les discussions, les commentaires et les ragots avaient fusé puis tout le monde avait oublié l'histoire au bout d'une semaine, sans d'avantages de nouvelles...

Ah oui, les travaux sur le Hall de rassemblement étaient terminés. L'inauguration de la grande
bâtisse, capable d'accueillir et de gérer plus de 200 chasseurs, avait lieu le soir même...


-Dépêche-toi ! criait Arturo à Savraël. Ça va bientôt commencer !

-Rhaaaaa, ça va, ça va ! Legolas et Alexia ne sont même pas encore là...

Ces derniers étaient partis le matin même, pour traquer un groupe de Blangongas qui menaçait de
descendre de la montagne et de détruire les camps de bûcherons. Ils avaient promis de rentrer pour l'inauguration du Hall mais ils n'étaient toujours pas revenus...

-Je m'en moque, vois-tu ! Tans-pis pour eux s'ils n'ont pas réussi leur quête ! On y va et puis basta !

Arturo saisit la main de son amie, qui était en train de fixer ses bottes, (à l'occasion, tout les chasseurs devaient se rendre à l'inauguration en armure) et l'entraîna dehors.

-Hééééé ! laisse-moi finir d'attacher mes bottes !...

...Bref ! Quelques lacets plus tard, les deux amis se rendirent sur la place. Le discours de la Doyenne venait de commencer.


A quelques lieues de là, sur la route du Sud, Legolas et Alexia revenaient de leur chasse. Les Blangongas s'étaient enfuis plus loin que prévu, et les chasseurs se dépêchaient maintenant de rentrer au village.

Alors que le silence planait sur la route à cette heure tardive, le galop d'un cheval se fit entendre au loin.

-Tiens, on a de la visite, dit Legolas.

-Oui...répondit l'apprentie chasseresse.

Le bruit du galop se fit plus net, et un cavalier déboucha derrière le groupe. Il était vêtu d'une armure de Guilde.

-Un Messager ? Que vient-il faire par ici ?... marmonna le vieux chasseur en fronçant les sourcils.

Alors que le cheval lancé au galop n'était plus qu'à une dizaine de mètres de lui, Legolas l'interpela:

-Hola ! Que venez-vous donc faire par ici ?

Le cavalier arrêta son cheval. Il semblait atterré.

-Il faut sonner l'alerte ! Le Jhen Mohran est revenu ! Une flotte de pêcheurs à été détruite, tout les chasseurs sont mobilisés pour l'abattre !

Legolas réagit instantanément.

-Partez vers les autres villages ! On se charge de prévenir les chasseurs de Pokke.

-D'accord, mais faites vite, tout les villages côtiers sont en danger !

Le cavalier fit volter son cheval, et repartit au galop dans la direction opposée. Legolas se mit à courir vers son village, suivi d'Alexia...

Au village, la Doyenne finissait son discours.

-Je voudrais donc remercier particulièrement Arturo, fils de Drackus et chasseur de Pokke, pour son aide précieuses lors des précédentes ann...

Legolas et Alexia arrivèrent à ce moment là.

-Brans-le-bas-de-combat ! Le Jhen Morhan à détruit des navires, que tout le monde se prépare et se rende aux drakkars ! Nous avons peu de temps, alors dépêchez-vous !

Comme un seul homme, comme une seule entité, les chasseurs s'égaillèrent vers leurs logis respectifs, récupérer armes et objets, puis marchèrent de nombreux jours durant vers leur navires des sables.

Décidément, on ne s'ennuyait jamais à Pokke...

A Meonas, l'agitation la plus totale reignait. Cette vile, grand port de sable, faisait partie des nombreuses cités désignée par la guilde pour accueilir les Drakkars de chasse.

Lorsque la longue colonne de chasseurs arrivant de Pokke entra dans la ville, de nombreux hommes, femmes et enfants se retournèrent sur leur passage. Mais il ne semblaient pas surpris.

-Nous ne sommes donc pas les premiers, marmonna Legolas.

Les cent chasseurs s'arrêttèrent au port, et un chasseur interpela le chef de chantier par dessus le
vacarme des ouvriers et des outils.

-Les Drakkars sont prêts ? On doit partir le plus tôt possible !

-Oui, oui, c'est quand vous voulez ! On termine juste le chargement des javelots et des bombes !

-Ok ! Allez les gars, on va se la faire cette bestiole !

-OUAIS !!!! Répondirent d'une seule voix les combattants en armure.

-Ok, dix hommes par navire simple, et vingt sur le grand ! Allez, go go go ! hurla le chef de chantier.

Une fois répartie sur tout les navires, la petite armée leva l'ancre et prit le large pour un combat qui restera gravé dans les mémoires...


La flotte en rencontra d'autres, encore et encore... jusqu'à former une armée de plus de 800 navires, soit 9000 chasseurs environ... Presque tous ceux de Dondruma avaient été appelés... La Guilde n'avait pas fait les choses à moitié.

Ils naviguèrent toute une nuit, et au matin du jour suivant, ils arrivèrent en vue de la zone ou la flotte de pêcheurs avait été détruite. Il y avait quelques îles aux alentours,faites de roche uniquement.

-Artilleurs, au balistes ! crièrent les capitaines des navires, soit les chasseurs les plus expérimentés. Épéistes légers aux canons, épéistes lourds sur les flancs ! Accrochez votre câble de rappel !

Sur les Drakkars, le remue-ménage des hommes produit un bruit sourd, puis tous attendirent. Rien ne se passait, le silence planait sur le désert.

-Navire Amiral, sonnez le gong ! hurla un capitaine .

Cela fut tout-de suite fait. L'énorme plaque de bronze résonna dans l'infinie plaine de sable.

Rien ne se passa. En apparence.

Ce fut Arturo, avec sa vue perçante de tireur à l'arc, qui repéra le premier "l'anomalie". Les trois îles bougeaient. Imperceptiblement, mais elles bougeaient. Lentement, elle commençaient à se tourner vers la flotte...

-Alerte !!!! Il y en a trois !!!! Dispersez vous, vite ! Ce sont les îles !!!!

La frénésie qui s'empara alors des chasseurs fut pareille à nul autre. Ils ouvraient les voiles au maximum, s'emparaient des avirons, et se bousculaient violement entre les différents drakkars...

Cette cohue était inexplicable, mais le carnage qui s'ensuivit fut justifié.

Les trois titans des sables, car ils étaient bien trois à n'en point douter, sortirent du sable.

PHOTO JHEN MOHRAN

Face au manque d'organisation des chasseurs, le carnage fut total. Arrivant chacun d'un côté, chaque Jhen Morhan détruit à lui seul plus de 50 navires. Soit plus de 500 chasseurs...
Deux de ces monstres faisaient la même taille, et un plus petit les accompagnait.

Le navire de Legolas, Arturo, Savraël et Alexia et des trois artilleurs fut épargné, se trouvant avant même le commencement de la bataille sur la bordure extérieure. Legolas, avec son calme habituel prit tout-de suite les choses en main :

-Ce qui reste du flanc gauche, resserrez sur moi ! Hurla-t-il dans le porte-voix. Encerclez le petit, et tirez les balistes agglomérantes à mon signal !

Tous ou presque lui obéirent. Un Capitaine qui refusait de le suivre hurla :

-Mais vous êtes malades ! Vous voulez crever ?!

-LA FERME !!! Répondit Legolas d'une voix que craindrait un dragon. SI VOUS N'AVEZ PAS LES COUILLES POUR VOUS BATTRE, ALLEZ RECUPERER CEUX QUI SONT TOMBES ET NE NOUS GENEZ PLUS !!!!

L'autre homme ne répondit rien, terrorisé. Il bafouilla quelques ordres, et son Drakkar se dirigea vers la zone du désastre.

Quatre groupes s'étaient formés : Un par Jhen Morhan, et un groupe de sauveteurs.

Le navire de Legolas s'était positionné à la tête de la bête, et avait toutes les peines du monde à éviter les coups de corne du jeune animal. Son rôle était de l'appater, de focaliser son attention sur lui, de lui faire oublier les autres navire, collés sur les flancs, attendant le moment de frapper.

-Canons, maintenant ! Cria Legolas.

Un feu de barrage jaillit de chaque côté, faisant rugir la bête de douleur.

-Legolas, que fais-tu ? Dit Arturo, ne comprenant pas la tactique que son Oncle adoptait.

-On l'épuise à coup de canon, on lui tire dessus aux agglomérantes pour l'immobiliser, tout de suite après on envoie les grappins tyrolienne qui sont en haut des mâts dans les points sensibles , on y place les bombes baril à crochet et on fait glisser le tout. Après épéistes.

-...ça faisait longtemps que tu y réfléchissait, hein ?

-Depuis deux semaines.

-Je vois...

-Ok, bon ! Agglomérantes, feu ! Hurla le vieux chasseur.

Les balistes tirèrent les pieux acérés fixés à des câbles dans la peau du titan, et ce dernier, harcelé de tout les cotés, rugit encore, et tenta de s'ébrouer, mais ne put. Ses "supposés" parents, occupés par le restant de la flotte, ne purent venir à son secours.

-Tant mieux...marmonna Legolas. Grappins tyrolienne, tirez, vite ! Bon... Ils vont se débrouiller maintenant. Arturo, Alexia, Savraël, avec moi ! Prenez les avirons, et souquez ferme ! Il faut avancer plus vite que cette bestiole, alors on se dépêche ! Il faut lui envoyer notre épieu dans la gueule !

Le groupe rôdé saisit les avirons avec habileté, et rama, rama...

Les trois artilleurs se regardèrent, hochèrent la tête, armèrent leurs Fusarbalètes lourdes d'étrange munitions couleur de feu, et reculèrent vers la poupe du navire. Legolas tourna la tête vers eux, et marmonna dans un sourire :

-Bonne idée...

Le Drakkar avançait peu, et n'était qu'à une dizaine de mètre du Jhen Morhan.

Le premier artilleur pointa son arme vers le monstre, et tira. Une énorme flamme jaillit du canon, et explosa d'un coup. L'explosion de la munition feu Wyvern propulsa le bateau vers l'avant mais n'atteint pas le bête.

-Encore ! Cria Legolas. Ne vous arrêtez pas !

Le deuxième tira, et le navire fit un bond de vingt mètre vers l'avant.

-Virez à tribord ! A tribord !

Le premier chasseur réarmait sa Fusarbalète, le troisième s’apprêtait à tirer et ce fut donc le deuxième qui, aidé par l'élan des explosions, fit sèchement tourner le navire à droite, pour se retrouver face au
jhen morhan. Ils n'étaient qu'à une centaine de mètres de lui.

-Ok, bloque le gouvernail ! cria Legolas au deuxième artilleur.

Ce dernier le fit, rechargea son arme et repartit vers ses amis.

-Alexia ! Va au Dragonator ! Active-le quand on sera à vingt mètres, ok ? Fit Arturo.

-Qu... quoi ?

-Tu nous est plus utile là bas qu'ici ! Grouille-toi, cette saloperie se libère des cables ! Les artilleurs vont tirer en même temps, prépare-toi à ce moment-là !

-O... ok !

La fille courut jusqu'à la proue, halletante de stress et de peur. Ils arrivaient très vite vers le monstre.
Si elle se ratait... c'était la mort pour tous.

-3-2-1... feu !

Le souffle de la poudre sortant des canons à 1400km/h poussa de manière titanesque le Drakkar, et la gueule de dragon à l'avant de la proue se fit menaçante, tel un rapace fondant sur sa proie.
Alexia actionna l'épieu mortel.

Le navire s’empala dans la poitrine du Jhen Morhan, tel un boulet propulsé à une vitesse inimaginable dans l'air brûlant du désert.

L'onde de choc détruit ce qui semblait être devenu un frêle radeau, et envoya ses occupants sur le dos du monstre meurtri, mourant.

Expulsés par l'onde de choc en dehors du Drakkar, les sept chasseurs atterirent un peu partout sur la zone de combat. Legolas et un des artilleurs sur un navire, un autre artilleur dans le sable (son armure en khezu lui permit de ne pas couler, et même de nager) et les quatre autres sur le dos du Jhen, ou se déroulait une bataille acharnée.

Une cinquantaine de chasseurs frappaient violemment chaque partie du corps de l'animal, déjà mourant de par le coup d'épieu que lui avait infligé le drakkar de nos amis.

Un bruit sourd se fit entendre sous le monstre, ce qui déclencha une certaine panique...

-Il coule !

-Tirez-vous de là, ça va s'éffondrer !

-Arrêtez de le frapper, il est déjà mort ! sautez, vite !

...Bref. Le groupe de combattants évacua le dos de la bête en quatrième vitesse. Laissant seul nos amis, sûrement laissés pour mort.

De puissantes vibrations parcouraient le dos de la bête, et ce fut cela qui les sauva. Ils se réveillèrent en sursaut, déséquilibrés et engourdis.

-Aïe, mon dos... rouspeta Savraël.

Cette dernière se trouvait sur la partie droite du monstre, en compagnie d'Arturo dont l'état était tout
au moins aussi piteux que le sien.

Sur le dos d'un Jhen Morhan, il y a deux "couloirs". Un à droite et un à gauche, séparés par une crête de pierre de plus de trois mètres de haut. Alexia et le dernier tireur se trouvaient là, mais seul la fille s'était réveillée.

-Aoutch... Fit l'apprentie chasseresse en se relevant.

Elle se dirigea vers l'homme, et s'accroupit près de lui. Il avait le crâne ouvert et saignait abondemment. Sa jambe gauche avait prit une drôle de forme, et il ne faisait aucun doute qu'elle se soit cassée dans la chute.

-Ah, les femmes doivent tout faire de nos jours..., fit Alexia, grimaçante, en soulevant l'homme de terre. Elle songea qu'elle aurait bien été incapable de réaliser cet exploit sans l'entraînement drastique de Legolas, et bénit une fois de plus son sadique professeur.

Tout les navires ne s'étaient pas encore détachés du monstre, et de nombreux pieux de baliste agglomérante étaient encore plantés dans sa carapace. Alexia avisa le câble métallique le plus proche, déguaina son fouet et l'enroula d'un geste vif autour de ce dernier. Elle vérifia qu'il coullissait bien, et... sauta. Non, ne hurlez pas, elle a bien sauté ! Avec son poids, ajouté de huit bonnes dizaines de kilos, supporté par un seul bras accroché à une frêle poignée. Forcément, ça attire les foules, de la tyrolienne extrême...

Sur le navire auquel était fixé le dit-câble :

-Regardez ! il y a une gamine, là bas !

-Elle porte un gars , non ?

-C'est Kômaro ! qu'est-ce qu'il fait là ?

-Elle va se tuer ! Il doit bien y avoir deux-cent mètres entre ici et là bas !

-LA FERME ! hurla le Capitaine. Préparez-vous pour les aceuillir, ça va secouer ! Il faut amortir le choc !
Et que d'autres retiennent le câble avant qu'il ne lâche !

-A vos ordres ! Répondit l'équipage du grand Drakkar.

Il se préparèrent, tandis qu'Alexia...

Elle peinait à maintenir en même temps l'homme et son fouet, mais elle tenait bon. La sueur coulait dans son armure, glissait le long de sa colonne vertébrale avec pour seul but de la décourager. Mais elle ne lâchait pas. La descente lui parraissait longue, tellement lente... Au milieu de la corde, elle commença à ralentir...

-Non... non, non, non ! Hurla-t-elle de désespoir. Secouez le câble ! cria-t-elle au navire. Secouez le cable !

-Mais... secouez ce câble, bon sang ! S'énerva le Capitaine.

Les hommes bondirent avec vivacité, et tentèrent de produire une onde de choc suffisante.

Alexia se remit à avancer, trop lentement... elle s'arrêta... et recula jusqu'au milieu de la corde.

-Et meeeeerde...

Le Jhen Morhan continuait à couler, et la corde allait très vite se pencher dans l'autre sens...

La jeune fille parvint le nouvel exploit de hisser ses jambes sur le câble, de manière à ce qu'elle aie la tête tournée vers le Drakkar et les jambes vers le Jhen. Elle souleva l'homme, le déposa en travers de son ventre, retira son fouet du cable maintenant qu'elle avait libéré son autre main, et le passa à sa ceinture. Puis elle commenca son ascenscion, sa longue ascenscion...

Sur le bateau, les homme retenaient leur souffle. Dans cette situation, ils ne pouvaient rien faire. En cet instant, toutes leurs pensées et leurs prières étaient tournées vers cette gamine de seize ans, transportant à elle seule deux vie sur le fil précaire de la volonté...

Je m'appelle Alexia Shin, et j'ai seize ans. J'ai eu quelques problèmes dans ma vie, mais somme toute, je n'ai pas une histoire bien spéciale. Je suis en train de faire mon apprentissage de chasseresse, et dans deux ans j'aurai terminé. Alors je voudrais bien qu'on m'explique, pourquois je me suis retrouvée ici, en train d'affronter trois des plus grandes créatures de cette fichue planète et de porter un gars de 100 kilos au dessus d'une mer de sable en mouvement ! Franchement, je voudrais bien qu'on m'explique comment j'ai réussi à me mettre dans cette PUTAIN de situation !!!...

Là, je sais pas vous, mais j'ai bien l'impression qu'elle nous fait le coup de la grosse déprime...

Peu de gens peuvent aujourd'hui peuvent se vanter d'avoir vu un tel spectacle. Une adolescente de seize ans, transportant un homme deux fois plus lourd qu'elle au dessus d'une mer de sable déchaînée. Oui, vraiment peu de gens.

Alexia grimpait lentement, et chaque seconde se transformait en minutes à mesure que le Jhen Morhan coulait, s'enfonçant toujours plus dans l'abime froid des enfers minéraux...

La fille peinait à maintenir son allure, ses bras se faisaient plus lourds, et chaque fois elle avait plus de mal à attraper le câble.

Avancer, avancer, avancer... Elle ne se permettait de penser à rien d'autre "qu'avancer", un centimètre après l'autre, vers le drakkar.

Ce dernier penchait dangereusement, ployant comme un fétu de paille sous le poids du titan.
Le sable frôlait le dos d'Alexia, sombre promesse lancinante, attirante...

Soudain, la fille vit le drakkar derrière elle, à moins d'un mètre... Elle tira une dernière fois sur ses bras, se hissant jusqu'au bord du navire, qui chavirait presque...

Les hommes à son bord hurlèrent de joie, et attrapèrent leur compagnon, lequel était toujours en équilibre précaire à cheval sur ventre de l'adolescente, assommé.

Alors que les hommes tendaient leurs mains vers la fille épuisée, une secousse ébranla le navire. Le filin d'acier auquel s'était raccroché Alexia lors de ces derniers instants sauta, arrachant de leurs gonds les crochets qui le retenaient. La fille disparut dans l'océan de pierre enragé, avalée par un monde sans fond...

Un requiem se fit entendre sur le Drakkar, sombre mélodie mélancolique.

Un hommage pour une chasseresse...




Bien avant ce drame, une scène critique se jouait de l'autre coté du Jhen. Arturo et Savraël venaient de se réveiller après leur chute, et évaluaient la situation. Tout les Drakkars s'éloignaient du monstre qui commençait à couler, et pas un ne semblait prêt à leur venir en aide.

-Eh bien, on est bien partis... Grogna le garçon.

-Sans blague... Fit hargneusement la fille.

-Allons voir de l'autre côté !

Arturo se retourna, et parcourut de long en large la crête de la bête, tentant de trouver un passage. Il n'en trouva pas.

"Elle est beaucoup trop haute", songea-t-il.

-Arturo ! Viens voir ça !

Le jeune homme accourut auprès de son amie, qui observait un section de la crête bleuâtre.
Elle se tourna vers son ami et lui sourit.

-On peut passer par là. La paroi est molle. Aide-moi à la détruire !

-Ok !

Les deux chasseurs frappèrent sans relâche la zone fragile, qui finit par se briser avec un bruit de verre qui tombe.

-C'est bon !

Savraël traversa le "tunnel" improvisé, tourna à gauche et Arturo ne la vit plus. Il emprunta le passage à son tour et entendit un cri.

"Savra !" Songea-t-il.

Il se précipita au secours de son amie, sabre rengainé. La chasseresse, déséquilibrée par une secousse un peu trop violente, avait glissé sur le coté du Jhen Morhan, et ne se retenait qu'a quelques maigres prises dans le cuir épais.

Arturo se précipita pour la rattraper, alors qu'une autre secousse parcourait le monstre.

Savraël tomba. Vers le sable. Vers l'abîme.

Sa main rencontra celle d'Arturo.

Le sabre du garçon était planté dans la chair du monstre mort, et il se tenait à lui d'une main, rattrapant son amie de l'autre.

Ils échangèrent un regard.

Un seul.

Un regard qui voulait tout dire.

Le chasseur tira d'un coup, tendant tout les muscles de son corps remontant son amie sur le dos de la bête et... brisant l'enchantement qui les avait lié un instant. Un très court instant. Tellement court que les deux chasseurs pensaient qu'il n'avait jamais existé.

Une autre secousse ébranla le corps inerte. Arturo parvint à ne pas tomber, puis se hissa à son tour. Nouveau regard. Nouveau doute. Nouvelle vérité implacable. Nouvelle question. Nouveau sentiment, tangent entre la réalité et le rêve.

Tout devint clair. Il se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, et s'embrassèrent comme des fous. Là, au-dessus d'un gouffre de mort et de désastre. Là, ils avaient compris.

Malheureusement, il est bien connu que les instants de bonheur sont toujours trop courts. Le sol trembla sous leurs pieds, plus instable que jamais. Il ne manquait que deux ou trois mètres avant que le Jhen Morhan ne disparaisse dans la mer minérale.

Une baliste agglomérante tira. Le câble se planta sous les pieds des deux chasseurs. Ces derniers levèrent la tête vers le drakkar qui avait envoyé le projectile.

C'était le même qu'Alexia avait tenté d'atteindre...

Les hommes à son bord tiraient sur le filin, et le navire se rapprochait peu à peu du monstre.
Alors qu'ils n'était plus qu'à quelques mètres des deux chasseurs, ces derniers sentirent le sable sous leurs pieds...
Le navire était maintenant à portée de saut.

-Sautez ! cria un homme.

Arturo et Savraël ne se le firent pas dire deux fois, et sautèrent sur le pont du navire.


Un bonne chose de faite, me diriez-vous. Mais ce n'est qu'une étape difficile parmi d'autres, croyez-moi...