Chasseurs de Légendes épisode 1:Ombre

-Arturo ?

-Oui Savra ?

-As-tu un rêve ?

La question le prit au dépourvu. Ils marchaient depuis quelques minutes et elle était restée silencieuse. Une Savraël silencieuse était source d’inquiétude, et il s’attendait à quelque-chose de surprenant, mais à ça… Il répondit :

-Ma foi, devenir le plus grand chasseur de tout les temps, pourquoi ?

-Arrête de te foutre de ma gueule, réponds-moi franchement et sans détours. As-tu un rêve, à part celui qu’ont tous les jeunes chasseurs du monde entier ?

-Mais je te l’ai déjà d…

-ARTURO !!!!

-Bon bon, mais je n’ai pas forcément envie de te le dire.

-Les membres d’une Team n’ont pas de secrets entre eux. Legolas va être l’exception à la règle, je le vois venir, mais il est hors de question que ce soit le cas de nous deux ni du quatrième chasseur ! Une bonne équipe doit être soudée !

Elle s’était exprimée avec une force et une passion qu’Arturo ne lui connaissait pas. À vrai dire, il la connaissait depuis à peine trois jours…

-D’accord, mais juste à toi. Pas aux autres pour le moment, d’accord ?

-C’est un début.

Inspiration.

Expiration.

-Je veux traquer et tuer le Fatalis Noir.

-Ah. Carrément. Alors tu veux poursuivre une légende vivante. De l’air. Du vent. Intéressant.

-Ce n’est pas une légende, Savra. Mon père en a tué un, et si c’est un monstre rare, il n’en devient pas
plus invisible qu’un autre. Je veux l’égaler, si ce n’est le dépasser, aller au-delà de mes peurs.

-Tu t’es choisi un sacré morceau n’empêche.

-Un rêve petit ne vaut pas la peine d’être réalisé.

-Mmmm… je ne suis pas d’accord. Un rêve est un rêve, qu’il soit irréalisable ou faisable, sa définition
globale ne change pas. Ils sont tous semblables. Leur seule différence est la volonté qu’on a de les réaliser.

-Ah, tu es philosophe je vois, ça change de ton caractère barbare habituel.

-ARTUROOOOO !!!!!!!!!!! (Air TRES menaçant)

-Aaaah ! Qu’est-ce que je disais ! À l’aide !

Pokke résonna des cris de leur poursuite…

Un peu plus tard, Hector avait donné les informations nécessaires à nos deux amis et Arturo faisait visiter la ville à Savraël, tout en discutant.

Ils passèrent d’abord par l’église.

-C’est le bâtiment le plus solide du village, ses murs font un mètre d’épaisseur ! Fit Arturo avec fierté.

-C’est tout ? Chez moi, ils faisaient au moins un mètre cinquante…

-Hum, bon, passons. À gauche il y a la boutique d’objets, tenue par Noémie. Elle est fermée pour le moment à cause des travaux qu’ils font à l’intérieur. Après il y a un forgeron serrurier, Fabien.

-Il fabrique des serrures ?

-Ignorante ! Non c’est le nom des artisans du métal. Pas des armes, attention ! Et ne me demande pas pourquoi, je ne saurais pas te répondre.

-Ah. Et il fait quoi alors ?

-Il s’occupe des outils, des grilles, des chandeliers, des lustres, des portails, des portes, des garde-corps et d’autres trucs. C’est lui qui a fait la lampe du salon chez moi.

-Oki. Et ce gros truc, c’est quoi ? dit Savraël en désignant un gros bâtiment carré, de l’autre coté de la rue.

-Un entrepôt. Pour les marchandises, les réserves de nourriture, les matériaux de monstre et aussi parfois des armes que les chasseurs n’ont pas la place de garder chez eux ou préfère garder à l’abri.

-Mmmm… Oh, il y a un armurier felyne à coté de ton serrurier.

-Ce n’est pas mon serrurier, et oui, c’est pour les felynes de combat mais c’est assez bon marché et pas de très bonne qualité. Mieux vaut demander à un forgeron de le faire.

-Je vois. Jolie maison !

-Oui, c’est celle de la doyenne, la plus vieille du village.

-Ok. À propos, comment vous choisissez le maire dans votre pays ?

-Pfiouuuu, c’est compliqué. Lorsque le ou la chef se fait vieux, vieille, il, elle choisit quelqu'un, ça peut être n’importe qui, âgé de dix à quinze ans, pour devenir le chef du village à sa majorité. Après formation. Il est accompagné en tant que chef par l’ancien, ce dernier étant considéré comme son égal jusqu’à sa mort. C’est la tradition des montagnards.

-Olaaa, sur que c’est compliqué votre truc. À Valience, mon ancien village, tous les majeurs votent pour l’un des deux ou trois prétendants au titre de Maire. Celui qui a eu le plus de voix et élu pour huit ans, et ainsi de suite.

-Je vois. Bon, le bâtiment que tu vois là c’est l’armurerie de Slith, son atelier est en haut du monticule de terre, juste derrière. Il vit dans son atelier d’ailleurs, et …

-Oh ! Un marteau hydraulique ! s’exclama Savraël en désignant le moulin qui plongeait dans la rivière, relié par des engrenages à l’atelier du forgeron.

-Ah. Ça s’appelle comme ça ?

-Oui, mon beau frère en avait un.

-Tu avais une sœur ?

La mâchoire de Savraël se crispa.

-Oui, et deux petits frères. Mais je n’aime pas en parler…
-
Pa… pardon, je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenirs. Je te demande de m’excuser, j’ai fait preuve d’un grand manque de délicatesse.

-Pas grave. Je suis assez sensible là-dessus. Un jour, peut-être, je t’en parlerais.

Sur ces entrefaites, des éclats de voie parvinrent à leurs oreilles.

-…accord, je chercherais, mais je ne promets rien. Les mythes ce n’est pas ma spécialité, tu vois !

-Ok, ok. Mais retourne au moins là ou tu as trouvés ces écailles.

C’était la voix de Legolas.

-Oui. Bon, à la prochaine, fornever !

-Ouais, sal…

-Legolaaaaaas ! Hurla Savraël.

Le chasseur se retourna brusquement.

-Que, qu’est-ce que vous faites là ?!

-Heu, c’est une voix publique mon ami, fornever.

-Hum, oui bien sur. Alors, vous avez les infos ?

Arturo fronça les sourcils, et dit :

-Oui, et c’est assez intéressant…

Legolas répondit à son neveu :

-Bien, allons chez toi al…

-De quoi vous parliez là, tout de suite ? Fit brusquement Savraël, décidemment la personne qui manquait le plus de tact au monde.

Legolas parut hésiter, puis dit :

-…De mon épée, elle me fait de drôle de trucs en ce moment.

-Comme quoi ? Continua l’indiscrète chasseresse.

-Si vous veniez chez moi ? Intervint le vieux forgeron, qu’Arturo connaissait bien. Nous pourrions en discuter à quatre. Quatre esprits avertis valent mieux que deux, je pense.

-C’est une bonne idée, fit Legolas. Arturo, Savra ?

-Ça me va, répondit le premier.

-Okidoki, dit Savraël.

-Parfait ! Fornever.

Une fois installés, une tasse de thé fumante entre leurs doigts engourdis, les deux jeunes chasseurs commencèrent à expliquer. Le garçon commença :

-On vous dit ce qu’on a trouvé sur Paladius et après vous nous dites ce qui se passe avec l’épée, ok ?

Legolas et Libarion hochèrent la tête.

-Bon. Il a vingt-trois ans, Génie de la mécanique, il est engagé à quinze ans comme fabricant de prototypes d’armes pour la guilde. Pour un motif qui reste obscur, il quitte ce poste à dix-huit ans et devient chasseur. Officiel, en règle, avec carte de guilde, permis de chasse, de pêche et de collecte sur tous les terrains régit par la guilde de Dondruma. Pas de casier judiciaire, ultra clean en gros.

Savraël enchaîna :

-Et le plus hallucinant, c’est qu’il ne soit pas monté rang quatre en cinq, mais en deux ans ! Le Patron (elle veut dire Hector), a appris par un de ses amis qu’il s’était installé dans la région il y a peu mais il ne savait pas qu’il recherchait une équipe. Voila en gros ce qu’on sait. Ah, et on sait aussi où il habite.

-Pas mal, pas mal, voila un chasseur bien original mais son parcours est impressionnant, répondit Legolas après un temps de réflexion. Bon, je vous dis ce qui se passe avec mon épée. Elle a été forgée par Libarion, il y a de cela trente ans, avec les écailles d’un monstre inconnu. Il les avait trouvées dans un cimetière d’os, au cours d’une quête de collecte. Cette matière contenait une faible quantité d’électricité, mais augmentait dès que je combattais des Dragons anciens ou des Tigrex. Étrange non ? Peu de temps après mon départ, en terre Arcadienne, elle s’est mise à… faire de la lumière et de la foudre comme je ne l’avais jamais vue faire. À ce moment, elle était accrochée dans mon dos et en voulant la retirer, je l’ai saisie et je ne l’ai plus lâchée. Je ne pouvais pas. Je voulais mais je ne pouvais pas. Ça à duré plusieurs minutes, puis elle s’est éteinte. J’avais les mains qui me brûlaient, mais je ne portais aucune trace. Elle à fait la même chose, mais toute une nuit, deux ans plus tard, sur les terres d’Actuus. L’épée s’est illuminée et je l’ai saisie, allez savoir pourquoi. C’était moins puissant, mais je vous assure que sur un chevalet de torture je n’aurais pas eu plus mal ! Et elle vient de le refaire, il n’y a même pas une heure.

- Pfffff… sacrée histoire, s’exclama Savraël. Perso, je n’ai aucune idée de ce que ça peut bien être. Et toi Arturo ?

-Je ne sais pas non plus. Et vous Libarion, qu’en pensez-vous ?

-Il est possible que cela provienne du régulateur élémental dans la poignée, mais je ne pense pas. Cette épée faisait parti de mes plus grands chefs-d’œuvre, j’ai parfaitement fabriqué cette pièce. Je pense plutôt que cela proviendrait des matériaux.

-Alors il faut chercher dans une encyclopédie privée, une de celles que la guilde garde précieusement à Aqua-Fär, fit le jeune homme, sur de lui.

-J’y ai pensé, mais seul les scientifiques rattachés à la branche des Dragons anciens peuvent y accéder librement. Non, il faut chercher par nous-mêmes. Je vais contacter un ami Dracologue, il pourra peut-être nous aider. Et j’ai aussi prévu de retourner au cimetière d’os, mais il n’est plus fréquenté par les chasseurs depuis longtemps. Épuisé, sans doute. Je vais peut-être mettre un peu de temps à trouver quelqu’un pour m’y escorter.

-Nous ne pourrions pas le faire nous-mêmes ? Dit Savraël.

-Legolas est interdit de chasse pour au moins deus semaines, et vous n’avez pas le niveau. C’est infesté de Dragons anciens.

-Legolas, tu ne peux pas chasser ?! S’écria Arturo.

Le chasseur grommela, mécontent de ce que Libarion avait révélé à ses deux amis.

-Oui, je n’ai pas de passeport de chasse. Je serais considéré comme un braconnier si je chassais maintenant.

-C’est Hector qui te l’a dit tout-à l’heure ?

-Oui. …Bon, la question est réglée, il est temps d’aller nous coucher. Bonne nuit Libarion, et merci de m’aider.

-C’est un plaisir, mon ami. Bonne nuit mes enfants !

-Bonne nuit Libarion !

-Bonne nuit monsieur !

Un peu plus tars, dehors, Savraël disait :

-Il est sympa ce forgeron. Il est doué ?

Arturo lui répondit :

-Oui, il doit faire partie des meilleurs de Dondruma.

-Quoiiiii ! Qu’est-ce qu’il fout dans ce bled perdu !

-Pokke n’est pas un bled perdu ! Enfin, l’était quand il est arrivé. Ça fait quarante ans qu’il est là, et il ne souhaite pas partir. Personne ne sait pourquoi, mais personne ne s’en plaint non-plus ! Il est célèbre pour avoir fait six armes particulières, dont l’épée de Legolas si je ne me trompe. Mais il pourra t’en dire plus que moi là-dessus… Legolas ?

-Oui, oui. Donc, six armes. La première, l’Épée de Colère. Elle est chargée d’une foudre plus puissante
que dix Kirins. Matériaux inconnus.
La seconde, Frappe de Lave, un marteau en Akantor. Quand il frappe le sol, les geysers d’un Akantor ne sont rien à coté des siens.
La troisième, Noir faucheuse. Une faux en Fatalis noir, celui-là même qu’a tué Drackus. Sa puissance était bien trop grande pour être utilisée, elle à été saisie par la guilde. On ne sait pas ce qu’ils en ont fait.
La quatrième, Perce-Sang, une lance. Tu rentres dans un dos de Gravios comme dans du beurre. Composants Monoblos.
La cinquième, Chante-Brume et Chante-Vent. Des DS. Un vent de Kushala repousse un humain à cinq mètres environ. Le vent de celles-ci repousse un Plesioth à plus de quinze. Kashoela Daenren, le plus vieux de tous les Kushalas. Il n’est pas mort, mais ces lames sont fabriquées dans ses multiples mues.
Sixième et dernière, la mienne, Porte-Cristal. Matériaux inconnus, elle est très lourde, mais tu aiguise une fois tout les milles ans. Et elle frappe aléatoirement avec de la foudre, qui peut atteindre la puissance d’un Kirin, mais sans plus. En tous cas, je ne l’ai jamais vue aller plus loin.
Voila pour ces bijoux. Et une, dernière chose : Libarion à dit publiquement qu’il n’en ferait qu’une seule autre, et qu’il attend le moment propice et les matériaux.

Savraël, subjuguée par ces légendes, n’avait pas vu la porte de la maison et se la prit en pleine face.

-Ah, put...! Fichue porte !

Tandis que Legolas se forçait à ne pas rire, Arturo se précipita pour aider son amie, qui chancelait, étourdie et le nez en sang.

-Aller, viens à l’intérieur, je vais soigner ça, lui dit-il d’une voix douce.

« Ma parole, c’est qu’il a le coup de main ! » pensa Legolas, étonné. « Si il continue comme ça, ça ne devrait plus tarder… ah, c’est beau la jeunesse ! ».

Legolas, rêveur, n’avait pas vu la pierre oubliée là par les felynes plus tôt dans la journée, et tomba violement sur les graviers.

-Mais, pourquoi tu lui a menti ?!

Arturo s’énervait. Il avait attendu d’être suffisamment loin de la cabane pour exprimer son ressentiment envers son amie. Tous les trois à cheval, les chasseurs continuaient de descendre le long de la colline la colline boisée.

- Ne t’énerve pas ! Si ce cavalier inconnu est Paladius, et qu’il a des ennuis après avec la justice à cause d’une bête cabane écrasée, ou plus, il fera comment pour rejoindre notre team ?!

-Mais…

-Savra a raison Arturo. Nous pourrions chercher un autre chasseur mais je doute qu’il y en aie un aussi talentueux dans la région. Nous ne sommes pas surs que ce cavalier soit Paladius, mais cette région étant désertique et casi inhabitée, il y a de fortes chances pour que ce soit le cas. Et puis, ces entailles sur les cornes du Doboru m’intriguent…

Le jeune homme ne répondit pas, trop d’arguments jouaient contre lui. Et il est vrai que ces failles circulaires titillaient sa curiosité.

Ils arrivèrent en vue de ce qui était probablement la maison du chasseur en fin d’après-midi, alors que le soleil avait déjà bien amorcé sa descente vers l’autre face du globe. Ils descendirent de cheval et frappèrent à la porte. Personne ne vint ouvrir. Legolas força sur la poignée, mais elle était fermée de l’intérieur. Le groupe fit le tour de la solide bâtisse de granit et trouva un prolongement du bâtiment, en bois cette fois, d’où dépassait une cheminée métallique. Émanaient de cette dernière des volutes de fumée verdâtres. Des bruits de pièces de métal qui s’entrechoquent provenaient de l’intérieur.
Legolas ouvrit la porte, et nos trois amis purent admirer un sympathique petit atelier, bien rangé et rempli d’étranges objets de formes diverses et variées.

Devant la forge se tenait un homme musclé et une adolescente fine mais loin, très loin de ressembler à une allumette.

L’homme, la vingtaine, avait les cheveux longs, qu’on pouvait deviner bruns mais le charbon et la poussière n’étaient pas d’un grand secours à ce sujet. Débardeur, pantalon et tablier de cuir, ses muscles épais luisaient de sueur dans la chaleur étouffante.

D’une quinzaine d’années, elle aussi les cheveux bruns mais plus clairs, la fille avait les cheveux rejetés en arrière et fixés par une pince de simple fer mais élégante tout de même. Mêmes vêtement que l’homme, ses courbes marquées transparaissaient sous ses lourds habits. Ses muscles jouaient tout en finesse avec son harmonieuse silhouette, et semblaient capables de porter sans difficulté la masse de Savraël.
Elle martelait une petite pièce métallique de forme inconnue, et tournait, comme l’homme, le dos à la porte.

Ce dernier criait sur l’adolescente :

-Aller, frappe ! C’est pas ta mère ! T’as intérêt à y arriver, pare que moi je répare plus ton joujou ! Tu le casses à chaque fois ! Aller, frappe ! Plus que trois dents à …

Un coup de vent qui entra par la porte le fit se retourner. La fille, qui avait posé sa pièce, se tourna elle aussi. Les deux échangèrent un regard. L’homme s’avança vers le groupe.

-Bonjour, puis-je vous aider ?

Legolas répondit :

-Nous sommes à la recherche d’un dénommé Paladius, à propos d’une annonce dans un journal.

-Ah ! bien sur. Alexia, finis tes pièces et rejoins-nous au salon.

La dénommée Alexia hocha la tête et se remit au travail. Arturo crut remarquer que les yeux verts de l’adolescente pétillaient de malice et d’excitation. L’homme posa son tablier, et tendit sa main à
Legolas après l’avoir essuyée avec un chiffon.

-Enchanté, je suis Paladius.

-Legolas, enchanté. Et voici Arturo et Savraël.

-Bien, bien. Venez, suivez-moi.

Paladius les conduits à l’intérieur, par une porte dans l’atelier donnant sur la maison.

L’intérieur était aussi simple que confortable, l’enduit à la chaux blanche et les nombreuses fenêtres faisant en sorte qu’un maximum de lumière et de chaleur soit capté par les murs de pierre. Ils passèrent à coté d’une petite cuisine et d’un escalier s’envolant vers les étages supérieurs, pour arriver dans un salon équipé de fauteuils et de canapés, d’un secrétaire en noyer, d’une armoire à alcool bien garnie et d’une cheminée dans laquelle ne brulait aucun feu.

-Asseyez-vous, mais évitez d’abimer le cuir avec vos armures, dit Paladius en souriant. Une bolée de cidre vous tenterait-elle ?

-Oui, volontiers. Répondit Legolas avec empressement. Savraël soupira. L’hôte de nos trois amis s’assit après avoir versé de généreuses portions de cidre dans leurs bolées, ainsi que dans la sienne.

-Commençons. Vous recherchez donc un chasseur pour compléter votre groupe, c’est bien ça ?

-Legolas acquiesça.

-Bien. Autant vous le dire tout-de-suite, je ne suis pas ce chasseur.

Nos trois amis tombèrent des nues. Savraël parvint à balbutier :

-C...comment ?

-Je m’explique. Je ne peux pas rejoindre un groupe de chasseur à cause de mon atelier. L’un et l’autre exigent trop de temps. Oh, je suis toujours chasseur, bien entendu. Mais à mon compte.

- Mais alors, pourquoi cette annonce ?! Fit Arturo.

- J’y viens. J’ai un « CV » intéressant, ce qui attire tout naturellement les chasseurs. Chasseurs qui ne viendraient sûrement pas si j’avais mis le CV de…

Alexia fit irruption dans las salle, toujours les yeux brillants. Paladius lui dit :

-Viens, Alexia, j’expliquais justement à ces chasseurs pourquoi je m’étais présenté à ta place.

La fille rougit et alla s’asseoir à côté du forgeron. Savraël re- bégaya :

-Vous… Vous voulez dire que…

-Oui. C’est elle qui se présente à vous pour rejoindre votre groupe.

-Mais, elle n’est même pas censée avoir terminé l’école de chasse… Continua Savraël.

-Tais- toi Savra ! La coupa Legolas. Quel âge as-tu, petite ?

- Quinze ans, monsieur.

-Diable ! Et pourquoi ne continue tu pas d’aller à l’école de chasse, avec tes amis ?

-Ce ne sont pas mes amis. Ils m’ont rejetée depuis que j’ai battu le record de la chasse au Giadrome.

-Je vois. Ils sont jaloux. Et où étais tu scolarisée ?

- A Yukumo.

-D’accord. Et pourquoi es-tu partie ?

-Je vais vous expliquer, le coupa Paladius. Elle a un talent inné pour la chasse. L’école dans laquelle elle
se trouvait lui a conseillé d’aller voir dans des universités de haute volée. Ma sœur à accepté. Ma sœur est la mère d’Alexia, qui est donc ma nièce. Donc, l’école de haute volée a refusé sa candidature. Trop jeune et pas assez expérimentée, disaient-ils. Retournée à sa première école, le directeur lui en refuse l’accès. Ma sœur, désespérée, l’envoie don chez moi pour trouver une solution.

Arturo, Savraël et Legolas ne dirent rien pendant plusieurs minutes qui durent paraitre interminables pour l’apprentie chasseresse. Puis, les trois échangèrent un regard entendu. Et Legolas dit :

-Montre-nous ce que tu sais faire.

Illumination soudaine du visage de l’adolescente.

-Bien sur ! Je répare Clac-Enfer et je suis à vous !

Elle détala dans le couloir à toute vitesse.

-Clakenfer ? Demanda Arturo.

-Ah oui, petite précision : elle utilise une arme non agrée par la guilde. Alors si vous pouviez être discrets…

-Quelle arme ? Demanda à son tour Savraël.

-Un fouet. C’est très utile pour accrocher des pattes ou…

-Ou trancher les cornes. Le coupa Legolas. Paladius fronça les sourcils.

-Comment le savez-vous ?

-Le Doboru que nous avons abattu il y a quelques heures portait des traces de coupes circulaires sur les cornes. Il poursuivait un cavalier et chargeait droit sur la cabane d’un vieux bougre, qui s’est ensuite plaint de devoir reconstruire sa maison à chaque fois que ce monstre l’écrasait.

Le forgeron ne répondit pas tout-de-suite. Quand il le fit, ce fut d’une vois peu assurée.

-Vous vous en doutez bien, ce cavalier était Alexia. Elle essaye son fouet sur un Doboru, à chaque fois qu’une modification y a été apportée. Malheureusement, elle n’arrive pas à le semer après s’être…amusée. Et je vous rassure, j’ai toujours aidé le vieil homme à reconstruire sa cabane. En le tenant dans l’ignorance à chaque fois, bien entendu. Je vous prie de ne rien lui dire. J’ai toujours été juste avec lui…

-C’est bon. Mais si nous refusons de l’emmener avec nous, il faudra qu’elle cesse de taquiner ce monstre, dit Legolas.

-Bien sur ! Et nous verrons plus tard pour les papiers, comme le transfert de l’autorité et l’assurance que vous ne soyez pas accusé si elle se fait blesser par un monstre.

-Parfait. Mais je doute que nous l’engagions, un Giadrome ce n’est pas la même chose qu’un Tigrex ou qu’un Rathalos. Je ne voulais pas la décevoir tout-à l’heure, mais nous cherchons des Chasseurs qualifiés.

-Je vois. Mais je pense que vous serez surpris…

Alexia les attendait dans l’atelier, vêtue d’une armure faite de plaques d’acier fixées ensemble par
dieu sait quel moyen.

«Armure de qualité, il n’a aucun défaut apparent », pensa Arturo.

Son fouet était rangé dans un étui aussi long que celui d’un Katana et dépassait de son épaule droite.

-Quel monstre as-tu déjà chassé ? Demanda Arturo.

-Le Giadrome, le Bulldrome, l’Aoshira, le grand Jaggi et un peu de Doboru. Mais celui-là, je n’ai fait que le blesser, mon oncle dit qu’il est trop dangereux pour moi.

-Et il a raison de dire ça, dit Legolas. Que dirais-tu d’un Barroth ? Ton tableau de chasse est très impressionnant pour ton âge, mais pour nous ce n’est que du menu fretin.

-Et bien… je suppose que je n’ai pas le choix de toutes façons…

-Exactement ! Tu verras que la sélection est rude dans le monde de la chasse, niark niark… ricana Savraël.

-Gloups…