Le prince des cieux

Chapitre 46:


-Je suppose que c'est toi, le responsable de  la disparition des proies de cette jungle...

-Ça se pourrait. Et alors?

Il n'était décidément pas du genre peureux. Ondulant tranquillement pour rester à la surface, il restait à bonne distance, assez pour avoir le temps de s'abriter sous l'eau si je l'attaquais.

-Et bien cela pose deux problèmes: Un, ce territoire n'est pas le tien, tu n'as donc pas le droit d'y chasser. Deux, même si tu en avais le droit, il faut savoir être raisonnable lorsque l'on partage une zone de chasse, afin de rester en bons termes avec ses voisins...

Il resta silencieux quelques secondes, avant d'éclater de rire, ce qui était prévisible.

-Tu es drôle... finit-il par articuler. Pour m'avoir fait rire, je te laisse partir sans te tuer, mais si je te revoie...

J'expirais de la fumée par mes naseaux, le coupant dans sa phrase:

-C'est ce que je m'apprêtais à dire... Si ce n'est que moi, c'est si jamais tu es toujours là dans les dix prochaines secondes que je te tue.

Immobiles, nous nous fixions sans parler davantage, jusqu'à ce qu'il fonce vers moi en battant sa queue. En un instant, il fut au niveau de la berge, gueule béante pour m'attraper. Sautant en arrière, je prenais de l'altitude tandis qu'il retournait dans l'eau.

"Sur la terre, aucun de nous n'est vraiment avantagé: nous serons tous les deux à portée d'attaque de l'autre. Mieux vaut rester en l'air..."

Lui avait disparu. Ce que j'avais à faire, c'était d'attendre qu'il remonte à la surface pour respirer et à l'attaquer à ce moment là. Seules ses boules de foudre pouvait réellement m'inquiéter. Du moins, c'est ce que je croyais: jaillissant comme un geyser, le Lagiacrus sauta si haut hors du lac qu'il pu mordre ma patte, et ne la lâcha pas durant notre chute. Le choc m’assomma presque. Je senti l'eau autour de moi, épaisse et sombre, rendant chacun de mes mouvements lents et patauds. Le Léviathan s'enroula autour de moi en, affichant un sourire carnassier. Il y eut une étincelle, et une douleur atroce que je connaissais déjà traversa tout mon corps, comme un millier d'aiguilles plantées dans chaque parcelle de ma peau. Ouvrant la bouche pour hurler, aucun son ne sortit, juste de l'air, qui semblait s'échapper pour remonter à la surface. Ma vision se brouilla, mais mes autre sens m'indiquaient que le Lagiacrus m'avait lâché, et me laissait couler lentement. Sa voix me parvint, déformée par l'eau:

-Ne crois... que... fini avec toi...

Il était quelques mètres plus loin, en train de s'enrouler sur lui-même, son corps brillant tendu au maximum, prêt à foncer et à en finir. Je manquais d'air, mon corps engourdi par la douleur et par l'eau, incapable de faire plus que de me débattre comme une larve. Je voulais fuir, fuir comme j'avais fui le Tigrex, mais j'en étais incapable...

"...désolé...Ichi... J'aurais dû t'attendre..."

La lumière s'échappait à mes yeux, mais je pouvais distinguer le Lagiacrus, qui, étrangement, semblait s'éloigner sans m'achever. Peut-être avait-il jugé que je n'en valais pas la peine.

"C'est vexant..." pensais-je, comme pour me convaincre que je n'avais pas vraiment perdu.

Mes yeux se fermèrent, sans que je puisse faire quoi que ce soit. Je ne sentais plus rien, jusqu'à ce qu'une vive douleur à la poitrine ne me tire de ma torpeur. Des sons semblait me parvenir de nulle part:

-...hey!...Hey!

Quelque chose me frappa au ventre, me coupant le souffle. Toussant, je recrachais sur le côté de l'eau. Mon cerveau mit un moment avant de conclure que j'étais hors du lac, vivant, et avec mon probable sauveur, dont la silhouette sombre me dominait. La voix me vint plus distinctement, familière:

-Hey! Ça va?

-Kof! Kof!...ha... Kuro?

Fin du quarante-sixième chapitre.
Vos commentaires, critiques ou autres sont évidemment les bienvenus.

C'est un bon chapitre mais une question peut être indiscrete, pourquoi ne poste tu plus beaucoup de chapitres ?

Bah, pour deux raisons très simples en fait:
-Je manque un peu de temps en ce moment, rapport au lycée et à mon emploi du temps
-J'ai pas toujours de connexion internet pendant les vacances
Mais je ne perds pas de vue ma fic ^^

À d'accord je comprend

Chapitre 47:


C'était bien Kuro, son œil restant fixé sur moi avec inquiétude. 

-Tu vas bien?

-Oui...je crois... répondais-je en me redressant.

J'avais mal un peu partout, mais pas atrocement. 

-Qu'est-ce que tu fais ici? demandais-je.

Il regarda à côté quand je lui posai la question, comme s'il cherchait ses mots. Il ouvrit la bouche, avala sa salive, avant de déclarer sur un ton hésitant:

-J'ai... eu quelques ennuis après qu'on se soit séparés. Mais je te raconterais ça plus tard. Pour l'instant, mieux vaut éviter de rester ici.

J'approuvais de la tête, pas particulièrement pressé de revoir le Léviathan. Nous prîmes notre envol et retournèrent à la cache de ma sœur. Elle ne revint que trois bonnes heures après nous, surprise:

-Qui c'est celui-la? demanda-t-elle en fixant Kuro.

-Il s'appelle Kuro. C'est un ami.

-Oh, dans ce cas, ça ira. Mais je vous préviens, rester chez moi est pas gratuit. Mais on verra ça plus tard, déclara-t-elle en se tournant vers moi. Tu as du nouveau?

Je lui racontais mes déboires avec le Lagiacrus, et l'intervention de Kuro. Elle écouta sans rien dire, et gronda quand j'eu terminé mon histoire:

-Il manque pas de toupet celui-là... je vais lui monter de quoi je me mêle. Il était au grand lac tu dis?

-C'est ça. Mais il est fort... Tu auras besoin de nous...

-Mouais. Ça reste à voir. Je suis pas la Reine de la forêt pour rien. Bon, à ton tour de nous dire ce qui t'es arrivé. Fit-elle en s'adressant à Kuro.

Il sembla mal à l'aise, mais commença aussitôt qu'Ichi lui demanda:

-Après que nous nous soyons séparés, je suis parti vers l'Ouest. Il y a un grand nid d'humains là-bas. J'espérais en apprendre plus en demandant aux monstres du coin... mais quand j'ai enfin pu demander à un pas trop trouillard de bien vouloir m'écouter, il m'a dit que c'était un endroit où les humains qui nous chassent vont et viennent, et que j'avais peu de chances de retrouver celui qui avait tué ma mère... Je suis resté quelques jours, sans succès...

Il semblait amer, mais ne s'arrêta pas:

-Quand j'ai décidé de partir, j'ai été attaqué par un petit groupe de ces humains. J'ai réussit à leur échapper et à en blesser un, mais ils ne m'ont pas lâché avant une bonne semaine. J'ai dû fuir dans une vallée, mais j'aurais peut-être du éviter...

Les mots s'éteignirent entre ses dents, et il baissa la tête.

-Pourquoi ça? demandai-je.

-... il y en avait des dizaines. Des dizaines de ces humains armés, tous parés. Inquiet, j'ai décidé de les devancer et de voir si je pouvais prévenir les monstres sur mon chemin. Mais je n'ai croisé personne: pas une proie ni un prédateur...

-Attends une minute. Tu veux dire qu'ils viennent par ici? interrogea Ichi, inquiète.

Kuro hocha tristement la tête.

-Ils en avaient tout l'air.... Je ne sais pas ce qu'ils chassent, mais je pense que ce sont eux qui ont fait fuir la grande partie des proies de ta forêt. Et vu leur nombre, ils n'ont visiblement pas l'intention de laisser filer leur proie...

-Mais tu n'as vraiment aucune idée de ce que qu'ils chassent? 

-Crois-moi, si j'en avais la moindre idée, je vous le dirais. Mais si je suis sûr d'une chose, c'est que les humains sont capables de tout pour pas grand chose. 

Nous restâmes silencieux, mais je sentais qu'Ichi bouillonnait de colère.

-D'abord les proies s'enfuient sans raison, un lagiacrus s'installe sur mon territoire, et maintenant ça...

Elle se leva, et sortit sa tête hors de la caverne:

-Dis-moi Kuro, où en sont ces humains?

-Ils seront à l’orée de ta forêt d'ici deux ou trois jours tout au plus...

-...ça nous laisse peu de temps pour nous organiser... 

Elle réfléchi un instant, avant de se retourner vers nous:

-Je suis désolée de vous demander ça alors que vous êtes des invités, mais je vais avoir besoin de vous...

Fin du quarante-septième chapitre.
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Qui va gagner ?.. Bon sinon vivement pas que Kuro mange cher à cause des conneries de sa mère

Chapitre 48:


-...ça va Kuro?

-Oui!...oui, oui tout va bien...

-...

Il avait l'air de plus en plus stressé à mesure que nous nous approchions du lac où le Lagiacrus et moi nous étions affrontés. Le plan était assez simple, mais risqué. Ichi avait passé plusieurs heures à réfléchir sur nos meilleures options, avant de nous expliquer son idée:

-Vous deux, vous allez vous occupez du léviathan. Il est trop dangereux pour qu'un seul d'entre vous l'affronte, et on ne peut pas le laisser faire n'importe quoi dans ma forêt. Moi, je vais m'occuper d'ameuter ceux qui seraient susceptibles de nous aider. Si les humains sont aussi nombreux que ce que tu as dit, on ne pourra pas les repousser seuls. 

-Tu comptes vraiment les affronter? demandai-je, un peu nerveux. 

-...je ne sais pas. Mais il faut se préparer au pire. Je peux comptez sur vous?

J'hochais la tête, imité par Kuro.

-Ce serait malpoli de ma part de ne pas venir en aide à mon hôtesse. Je ferai de mon mieux.

Après cela, nous nous reposâmes quelques heures. Cependant, je ne pouvais me débarrasser d'une horrible sensation, qui m'empêchait de fermer l’œil. Sortant un instant pour prendre l'air, je vis au loin de grands nuages noirs, quasi-similaires à ceux dans lesquels la foudre m'avait frappé. 

"...ça annonce rien de bon tout ça..." pensai-je.

Le lendemain, alors que nous volions Kuro et moi, j'aperçu de nouveau ces nuages, plus proches que la veille. Mon compagnon les avait remarqué aussi, et semblait tout aussi inquiet que moi. 

-...on arrive. 

Nous nous posâmes au bord du lac. Il n'y avait pas une ride sur la surface, comme si l'eau avait gelé. Mais la désagréable sensation que j'avais eu la première fois revint.

-On sais que tu es là! Montre-toi! hurlai-je.

Il ne fallut pas longtemps pour que le Lagiacrus fasse surface, ses yeux brillant de colère:

-J'ai consenti à épargner ta vie, et pourtant te revoilà... et avec un autre fou que tu veux emmener avec toi dans la mort...

-Je ne te le dirais pas encore: quitte cette jungle. Tu n'es pas le bienvenu ici. déclarai-je, me voulant menaçant.

Il expira bruyamment par ses naseaux, et s'approcha lentement:

-Je vais là où je veux, quand je veux. Je tue et domine si je le souhaite. Tu n'es qu'un misérable insecte que j'aurais dû écraser... Mais qu'à cela ne tienne...

Il disparut sous l'eau. Par réflexe, Kuro et moi nous envolèrent. Bien nous en prit: la surface du lac s'agita, parcourue d'étincelles bleues. L'endroit où nous nous tenions un instant auparavant, humide, fut elle aussi parcourue par le courant meurtrier. 

-Fais attention Kuro! Il peut jaillir de l'eau et nous atteindre! 

-Compris! 

Nous nous mirent à tourner autour du lac, cherchant des yeux le léviathan. Une forme se dessina à la surface...

-Là! cria Kuro.

Je crachai aussitôt une boule de feu vers l'endroit indiqué, mais elle explosa à la surface sans que je sache si elle avait fait mouche. Dix secondes plus tard, la forme effilée réapparut, mais mon autre boule de feu n'obtint pas de meilleur résultat que la précédente.

-Tss... il joue avec nous. Il pourrait rester des heures là-dessous sans qu'on arrive à rien... 

-Si seulement on pouvait voir où il est, mais d'aussi loin... commença Kuro.

Il me fit signe de le rejoindre, et nous allâmes à quelques lieux du lac.

-On arrivera à rien tant qu'il sera sous l'eau. Dans ce lac, il est est inatteignable... 

Kuro ne répondit pas. Il semblait réfléchir.

-...Kuro?

-...je crois que j'ai une idée. 

-Explique.

-Et bien, il est trop prudent pour sortir de l'eau tant qu'il n'est pas sûr d'avoir l'avantage. On devrait essayer de l'appâter hors de l'eau en le bernant.

-A quoi tu penses?

-Et bien, cette fois-ci, il voudra sûrement te donner le coup de grâce. Mais si tu es hors de l'eau, il devra en sortir pour en finir. Et à ce moment-là, je pourrais l'attaquer. 

-C'est pas bête! Mais comment tu veux qu'on lui fasses gober ça?

-J'ai ma petite idée. Mais ça va être serré. Je t'explique...

Quelques minutes plus tard, je planais en rond autour du lac, crachant des flammes au hasard:

-Alors? Tu te caches vieux serpent? Je comprends, tu regrettes ton erreur maintenant pas vrai?

Rien, si ce n'est un silence de mort.

-...pff. C'était de la frime alors. Il a décampé...

Un sifflement me donna tort, et une boule de foudre éclata. Tombant, je m'écrasais sur la berge, à plusieurs mètres de l'eau. Moins de trente secondes plus tard, le Lagiacrus sortit de l'eau, et s'approcha de moi. Il me surplombait complètement, l'air menaçant et satisfait:

-Pitoyable... Tu m'auras fait perdre mon temps...

Il leva sa patte, quand une pointe acéré lui lacéra la tête. Kuro, bondissant hors des broussailles, lui avait porté un coup à l’œil. Me remettant sur mes pattes, je lui faisais face, tandis que Kuro lui barrait la route vers l'eau.

-Piégé. déclarai-je.

Le Léviathan me fixa, ses yeux rouges de colère. Il n'était pas encore vaincu.

Fin du quarante-huitième chapitre.
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Et la y a le bébé giggi il arrive et one shot le lagiacrus

Chapitre 49:


-Misérables... Je vais vous pulvériser!

En hurlant, le Lagiacrus se ramassa, et fonça vers moi de tout son long. J'esquivais de peu le choc direct, mais à peine m'avait-il dépassé qu'il plantait ses griffes dans la terre pour s'arrêter, et me frapper à la tête avec sa queue, me faisant tomber. 

-Gare! cria Kuro en me sautant par-dessus, les lames de ses ailes vers la queue du Léviathan.

Mais celui-ci vit le coup venir et se retourna, profitant de la souplesse de son long corps serpentiforme. Ses dents claquèrent dans le vide quand il essaya d'happer Kuro, qui avait bondi aussitôt ses pattes sur le sol. Il esquiva d'un saut sur le côté une boule d’électricité, et une de mes boules de feu pulvérisa une deuxième d'entre elles. J'avais profité de l'inattention du Lagiacrus pour me relever, et Kuro et moi lui barrions toute retraite vers le lac. Il écumait en grondant, nous fixant l'un après l'autre. 

"Il doit réfléchir pour savoir lequel attaquer en premier..." pensai-je. 

Je me tournait vers Kuro, qui semblait avoir compris le silence de notre adversaire de la même manière que moi. Il me fit un signe de tête, et sauta en l'air en tournant sur lui-même. Ne perdant pas une seconde, je soufflais mes flammes vers le Lagiacrus pour l'empêcher d'envoyer ses projectiles électrifiés vers Kuro. Il recula, et porta son attention vers Kuro, qui arrivait sur lui en tournoyant. Sa longue queue noire se barda de pointes, comme un tronc d'arbre épineux, et il l'abattit vers le sol. Le choc fissura la terre, et des pointes entaillèrent sérieusement l'épaule du Léviathan, lui arrachant un grondement plaintif. 

-Bien joué Kuro! 

Le Lagiacrus se reprit, et leva sa patte droite. Il frappa Kuro avec une telle force que celui-ci vola droit dans un arbre, qui se brisa à l'impact.

-Kuro!

-Tu n'as pas le luxe de t'occuper de lui!

Je n'eu pas le temps de faire quoi que ce soit que le Lagiacrus me rentrait dedans. Je sentis quelque chose craquer et une douleur atroce dans ma poitrine. Je me retrouvais de nouveau à terre, à quelques mètres à peine de l'eau. Le Lagiacrus me fonça à nouveau dessus. Mais cette fois-ci, je pu l'esquiver, tout en me rendant compte de mon erreur.

"Il ne cherchait pas à me frapper... Mais à retourner dans l'eau!"

Nos efforts communs à Kuro et moi allaient se révéler inutiles: une fois d'ans l'eau, il serait quasi-inatteignable. Durant quelques minces secondes qui parurent s'éterniser, le long corps bleuté du Léviathan passa à moins de vingt centimètres de moi. Il me vint alors une idée, ou plutôt un réflexe: ouvrant la gueule, je plantais mes crocs quand le bout de sa queue, plus mou que le reste de son corps. Plantant mes serres dans le sol meuble, je me préparais au choc. J'eu l’impression que ma mâchoire allait se détacher mais je tint bon, et le ralentissais assez pour l'empêcher de retourner dans l'eau. Il tourna sa tête vers moi, furieux, et serrant les crocs à cause de la douleur.

-Lâche-moi! hurla-t-il.

Son corps s'illumina, signe qu'il allait envoyer une décharge. 

"Je ne vais pas pouvoir..."

Mais une forme noire tomba sur lui, le frappant violemment à la nuque. La lueur disparut, et Kuro me cria de tirer de toutes mes forces. Obéissant sans poser de question, tout mon corps se tendit, déployant un effort dont je ne me serais pas cru capable. Le Léviathan, sonné, se laissa tirer sur plusieurs mètres avant de recommencer à se débattre. Il secoua sa queue pour m'obliger à la lâcher, ce qui fonctionna à merveille. Évitant ensuite les griffes de Kuro, il lui mordit l'aile droite, et l'aurait certainement brisée si les écailles tranchantes de mon compagnon n'étaient pas aussi dures. Il préféra générer une décharge, qui assomma Kuro. Je sautais en battant des ailes et vomissait des flammèches dans son dos pour l'empêcher d'achever Kuro. Il se retourna, fou de rage, balayant le Nargacuga d'un coup de queue.

-Je vais te broyer!

Il se ramassa et bondit sur moi, m'écrasant au sol. Sa grande gueule s'ouvrit pour se refermer sur mon coup, mais une pointe noire envoyée par Kuro le frappa à la tête, brisant une de ses cornes. Profitant de ce moment, je me débattais violemment pour me dégager. Kuro nous rejoignit et le heurta de plein fout pour le faire tomber sur le dos. Le léviathan se retrouva à terre, avec nous deux le surplombant:

-Tu as perdu! déclarai-je en espérant être convaincant.

Mais cela n’impressionna nullement le Léviathan. Son corps tout entier se tendit, comme s'il allait bondir. 

-Je te déconseille de faire quoi que ce soit d'irréfléchi... menaça Kuro en posant ses griffes sur sa gorge.

-Et toi je te conseille d'ôter ta patte de là, à moi que tu veux qu'elle ne grille...

-Fais ça et c'est moi qui te grille. On a pas de temps à perdre. dis-je en soufflant de la fumée par mes naseaux.

-Et bien tue-moi. 

Sans que je sache trop pourquoi, sa phrase me déconcerta. 

-Tu sacrifierais ta vie plutôt que de t'avouer vaincu?

Il me regarda avec un air de fierté qui me rappela mon père:

-C'est la seule loi qui soit commune à toutes les créatures: le plus fort domine, le plus faible meurt. Il ne peut y avoir qu'un gagnant... et ce sera vous ou moi!

Il voulut se redresser, ignorant les griffes de Kuro qui arrachèrent sa peau, mais je... ou plutôt mon corps ne lui en laissa pas le temps: ouvrant la gueule à me la déboîter, je déversais vers sa tête un déluge de feu qui grilla sa peau à découvert. Il hurla, tenta de me mordre, mais Kuro, d'un mouvement sec, entailla la chair brûlée de sa gorge. Le Lagiacrus s'immobilisa, gronda en crachant du sang, et tomba à terre, ses deux yeux rouges luisant s'éteignant doucement.

-...c'est fini. fit Kuro en soupirant. Et j'en suis bien content...

-Moi aussi... Aïe!

-Ça va?

-Je crois que j'ai quelques os cassés... c'était un adversaire difficile...

-A qui le dis-tu... bon, allons-y. Ta sœur doit nous attendre.

-Mouais...

Nous prîmes péniblement la direction de la grotte, laissant derrière nous le grand cadavre bleu, dont le sang allait se mêler à l'eau du lac.

Fin du quarante-neuvième chapitre.
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La vache sacré combat et bien détaillé, il était fort le lagiacrus

Chapitre 50:


-Ichi!

-Vous voila enfin! J'ai bien cru que vous étiez morts...

-On a bien failli... répondit Kuro. Mais l'union fait la force.

Elle reporta son attention vers là d'où les chasseurs devaient venir: un goulot entre deux montagnes, qui donnait sur la forêt.

-Ils vont arriver dans quelques heures au plus tard.

-Tu as un plan? demandais-je, peu entrain à attaquer de front après le combat précédent.

-J'en ai bien un... mais si il échoue, on aura pas d'autre choix que de fuir.

-Pense pas à la défaite avant le combat. Explique ton plan.

-Pas ici. On va se poster en hauteur, là où pourra les voir arriver.

Kuro et moi hochâmes la tête, et nous prîmes la direction de la gorge. Une fois arrivés, ma sœur nous montra du bout de l'aile les différents lieux où allaient se jouer le sort de sa forêt:

-Là-bas, c'est là que la forêt commence. Au début, j'ai pensé, à contrecœur, que la meilleure option était d'attendre qu'ils s'engouffrent tous dans la forêt avant d'y mettre le feu, mais j'ai aussitôt rejeté l'idée: les arbres sont trop serrés et quasiment tous se touchent. Mettre le feu à un, c'est risquer de mettre le feu à toute la forêt... et je ne peux pas prendre ce risque.

C'était compréhensible: détruire son territoire était inenvisageable.

-Dans ce cas, pourquoi ne pas faire s'effondrer la gorge, afin de bloquer l'accès?

Elle fit "non" de la tête:

-Pas mal de troupeaux passent par ici pour venir, et puis ça risquerait de boucher les rivières qui arrivent par ici.

Une autre option inenvisageable donc. Il fallait pourtant trouver quelque chose. Kuro n'avait rien dit, mais c'était clair qu'il réfléchissait. A court d'idées, je ne pouvais que ronger mon frein.

-Après, nous pouvons toujours attaquer de front...

-Non. fit Kuro, catégorique. Ils sont beaucoup trop nombreux pour qu'on ait une chance de l'emporter, même si on en tue dix chacun. Non, ce qu'il faut faire... c'est profiter du terrain.

Ma soeur haussa un de ses épais sourcils:

-Ce qui veut dire?

-Quand je les ait vu, ils devaient être une cinquantaine. Mais il est peu probable qu'ils se lancent tous ensemble dans la forêt.

-Gné?

Kuro, face à mon interrogation, soupira, et reprit:

-Plus il est imposant, plus un troupeau est lent. Surtout à travers une forêt comme celle-ci. De plus, étant donné qu'ils arrivent tous du même côté en aussi grand nombre, cela signifie probablement qu'ils veulent avant tout explorer la forêt. Ils vont sûrement se séparer en petit groupes, qui se rassembleront à intervalles réguliers. Et c'est à ce moment-là qu'on aura une chance.

-Comment ça?

-Les humains ne vivent pas de viande saignante et d'herbe. Il est sûr qu'il auront pris des vivres, ou quelque chose comme ça s'ils comptent rester ici longtemps.

-Donc qu'est-ce que tu proposes? demanda Ichi, qui semblait suivre bien mieux que moi l'explication de Kuro.

-Si ça se passe comme je l'ai expliqué, nous pourrons les repousser de deux façons: un, en les attaquant lorsqu'ils sont en petits groupes. Deux, en s'attaquant à ce qu'ils auront apportés pour pouvoir rester ici.

J'étais soufflé. Dans son unique œil, une lueur rougeâtre donnait à Kuro une allure inquiétante.

-Comment tu sais tout ça?

Il sourit, d'un sourire triste:

-Ma mère avait un territoire comme ta sœur. Elle m'a enseigné à repousser les humains, mais aussi à craindre leur imprévisibilité, à haïr leurs méthodes de chasse et la destruction qu'ils amènent...

Le silence s'installa, avant qu'Ichi, visiblement satisfaite du plan, ne se redresse.

-Faisons cela. Et si jamais ça ne marche pas...

-Ça marchera sœurette. Aie confiance.

Elle sourit, mais elle aussi avait un sourire triste. Le vent souffla, et aussitôt, nous tournâmes de concert la tête: le vent charriait une odeur de brûlé, de mort...

-Les voila.

Fin du cinquantième chapitre.
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Enfin mais je pense que tu étais en vacances donc je t'en veux pas pour cette attente sinon sur le chapitre on se croirait aux expert avec le plans de Kuro mais je suis sur que les humains se feront battre

Chapitre 51:


-Ils sont sans doute en train de défricher la forêt pour établir leur camp. C'est une bonne et une mauvaise chose pour nous...

Nous suivions l'odeur de brûlé à travers la jungle, tandis que Kuro nous donnait ses directives.

-Explique-toi.

-S'ils établissent un campement, c'est là que se trouveront tout ce qu'ils ont pris de précieux pour leur expédition. Mais l'autre problème, c'est qu'ils savent pertinemment que ça va nous attirer et qu'ils n'auront donc qu'à organiser leur défense en conséquence...

-Et s'ils défrichent, ils nous verront venir à des kilomètres...

-Aussi. Mais on a pas vraiment le choix. Vous deux, vous devriez passez en avant, et attaquer par les airs, mais évitez à maximum de cracher du feu: ma mère m'avait expliqué que les humains possèdent parfois des objets qui explosent à la moindre étincelle. Même si ça pourrait jouer en notre faveur, ça risquerait de mettre feu à la forêt, et ça, nous serions incapables de l'endiguer... Si vous êtes en hauteur, vous serez plus en sécurité qu'au sol.

-Et toi?

-Je me charge de les contourner pendant que vous les occuper. Les humains ne sont pas habitués à voir des groupes de wyverns comme le nôtre. Ils ne soupçonneront pas un instant ma présence, jusqu'au moment fatidique.

Il afficha un sourire amusé, qui disparut avec le cri d'effroi de ma soeur:

-Qu'est-ce qui t'arrive Ichi?

Affolée, elle désigna une colline: la colline où j'avais rencontré le vieux Duramboros. Un grand nuage de poussière s'en dégageait.

-Qu'est-ce que c'est?

Il y avait bien une grande fumée au niveau du col d'où Kuro était arrivé. Les humains devaient bien être là. Alors pourquoi ce nuage à la colline du vieux wyvern?

-Ils ont peut-être commencé leur chasse...dis-je. Mais le vieux n'est pas bête, et il n'est pas sans ressources non plus. Il saura quoi faire.

Ichi à peine rassurée, mais elle se reprit vite et déclara:

-Dans ce cas, on a pas le choix: on doit les repousser maintenant, avant qu'ils ne fassent plus de dégâts.

Occupés que nous étions à préparer le plan, nous avions pensé que tout se passerait bien, sans imprévu, mais nous nous étions visiblement trompés... Nous arrivâmes finalement non loin du camp des humains, et Kuro, plus discret que ma sœur et moi, s'approcha. 5 minutes plus tard, il revint:

-C'est bien le grand groupe que j'avais aperçu. Ils ont rasé les arbres dans un grand périmètre. Une partie d'entre eux construit une barricade avec les troncs pour protéger des espèces de grandes toiles tendues. C'est sous ces toiles qu'ils dorment je crois...

-Tu as pu voir où se trouvait leur matériel? demanda Ichi sur un ton presque inquiet.

Kuro fit "non" de la tête:

-Pas avec précision. Sans doute sous une de ces toiles. Mais j'ai du vite m'en aller: ils avaient des herbivores avec eux qui auraient pu sentir ma présence... Et on a un gros problème...

Il gratta le sol avec une de ses griffes, pour nous représenter le camp comme il pouvait:

-La barricade entoure les toiles, et comporte au moins trois entrées, peut-être quatre. Mais le soucis, c'est ce qu'il y a aux entrées: on aurait dit des arcs géants posés sur des chariots. Et vu la taille des flèches, je ne donne pas cher de notre peau si on s'en prend une...

-Comment on peut faire alors?

-Il faudrait en détruire une, mais le temps qu'on la rejoigne, l'un de nous au moins se fera tuer... et j'ai bien peur que leur barricade ne soit beaucoup trop épaisse pour qu'on espère la briser avant qu'ils ne contre-attaquent.

-Et si on essaye par les airs?

-On se fera descendre aussi, et de loin.

-On est coincé en somme...

-Chut!

Ichi fronçait ses sourcils écailleux, l'air concentrée. Je tendis l'oreille, sans rien percevoir, avant de sentir sous mes pattes un léger tremblement. Échangeant des regards avec ma sœur et Kuro, qui ne semblaient pas non plus avoir de réponse, nous reprîmes notre envol, et une fois passés au-dessus du plafond de la forêt, nous vîmes la cime des arbres trembler, tandis que le bruit devenait plus net, plus régulier. Un son sourd résonna à travers la forêt depuis le camp des humains, et nous comprîmes aussitôt: Les humains avaient attaqué le vieux wyvern, et ce pas qui faisait trembler la terre, ce n'était ni plus ni moins que la marche rageuse du gardien de la forêt qui répondait à l'appel du combat, et allait sans le savoir s'heurter à un mur sur lequel ses cornes allaient se briser comme des vagues sur une falaise...

Fin du cinquante-et-unième chapitre.
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Oh c'est dommage pour le Duramboros mais pour créer un camp comme ça si vite c'est un peu du surhomme la nan

Chapitre 52:


-Il faut qu'on arrête l'ancien!

Sans attendre la réponse de ma sœur ou de Kuro, je décollais, et fonçais vers là d'où venait le bruit des pas du géant de la forêt. Il m'avait sauvé la vie, et quel meilleur moyen pour le remercier que de le sauver à son tour?

-Le vieux!

Mon cri parut un murmure quand au rugissement sourd du vieux wyvern, qui semblait aller plus vite à pied, dans la jungle, que moi, en volant sans rencontrer d'obstacle... à l'exception près d'une volée de flèches, décochées par des humains situés dans la grande clairière qu'ils avaient aménagés.

"Et zut...j'avais oublié qu'on devait pas se faire voir... oh et puis tant pis!"

Ignorant les projectiles, je fonçais à toute allure, contournant la clairière pour éviter d'autres ennuis. Mais mon détour fut inutile, car jaillissant de la forêt en pulvérisant les arbres devant lui, le vieux gardien avait été plus rapide que moi. La mousse de son dos fumait et semblait brunâtre par endroits, mais le plus inquiétant était la traîné de sang dans ses pas. Je vis sur son flanc un grand morceau de bois cassé, fiché dans sa chair.

"Il est blessé!"

Déjà les humains se préparaient à l'intérieur de leur barricade, pointant sur lui leurs étranges machines tirant des pointes gigantesques. Mais le wyvern ne s'arrêtait pas, malgré la douleur atroce que devait causé la pointe. Il mugissait de rage et chargeait tête baissée, ses cornes usées en avant. Du côté des humains, des cris intimaient sans doute l'ordre de se préparer à attaquer.

-Sûrement pas! criais-je, inspirant ensuite, préparant mon souffle enflammé.

Il fallait détruire ces engins avant qu'ils ne tirent sur le gardien, et avant qu'ils ne me pointent moi. Mes flammes jaillirent, mais peu firent mouche, d'autres flèches venant me gêner dans mon vol.

-Idiot! cria Ichi, qui arrivait en renfort.

Kuro devait suivre depuis la terre ferme. Cela me redonna du courage, mais alors que je m'apprêtais à faire un deuxième passage, j'entendis un sifflement, suivit d'un cri qui sembla arrêter le temps.

-Non!

Le Duramboros s'était arrêté, une des grandes pointes dans l'épaule. Il haletait, tentait de se relever, quand une deuxième partit, et se ficha dans sa bosse. Il eut un sursaut, avant de s'affaler sur le ventre, en mugissant tristement:

-...la...forêt...

C'est tout ce que je pu entendre, une explosion me vrillant les tympans. Une aute survint, et une autre encore. La tête me tournait, et ce fut Ichi qui me sauva, m'obligeant à m'éloigner et me permettant d'esquiver d'avantages de projectiles.

-Non...le vieux...

-Tais-toi. m'ordonna Ichi.

-Mais il est...

-Oui j'ai vu! Et avec ton empressement notre seule chance d'attaquer par surprise...

-Tu voulais le laisser mourir?!

-La ferme! Tu ne comprends rien à rien...

Elle accéléra, me laissant en arrière. Nous ne dîmes plus un mot du voyage, et quand nous arrivèrent dans son abri, Kuro y était déjà, blessé à la patte.

-Kuro? Ça va?

-Rien de grave... mais ça pique. répondit-il avec un sourire.

-Je vois... il va falloir trouver une solution...

-Une solution? On était déjà à court d'idées avant tout ça et tu veux qu'on en trouve une autre maintenant que notre seul avantage est partit en fumée? Tu es ridicule!

Ma soeur semblait hors de ses gonds, prête à me charcuter comme un vulgaire mosswine. Je reculais, par précaution, mais elle ne me suivit pas, et alla dans le fond de sa grotte, là où je ne pourrais pas la voir. Dépité, je m'allongeais, avouant à mon grand dam que c'était elle qui avait raison, et que j'avais gâché une chance unique.

-...on trouveras un moyen. T'en fais pas. déclara Kuro en souriant.

-...je l'espère Kuro... mais on est déjà bien loin du résultat optimal...

Fin du cinquante-deuxième chapitre.
Vos critiques, commentaires ou autres sont évidemment les bienvenus.

Désolé pour l'écart ô combien grand entre ce chapitre et le précédent, mais le début de l'année a été mouvementé. :/
C'est clairement du surhomme en effet Fatalis Pourpre Gentil, mais les hunters étant des surhommes et étant donné qu'ils sont très nombreux cette fois-ci, j'ai pensé que c'était envisageable.

Ah ok pour le retard.


LE VIEUX......ouiiiiinnnnn !!!

Chapitre 53:


-...je suis désolé sœurette...

Elle ne me répondit pas, fixant sans sourciller les flammes qui ravageaient sa forêt.

-On ferait mieux de partir. déclara Kuro. Si on tarde trop, ils finiront par nous prendre en chasse.

Ichi ne répondit rien, et se retourna d’un pas lent, sans m’accorder un regard. Déployant ses ailes, elle s’arracha du sol, et partit sans un au-revoir. Piteux, je baissais la tête : mon incompétence nous avait couté la victoire, et je n’osais imaginer ce que ressentais ma sœur. Nous avions fondu sur le camp des humains à la nuit tombée, mais ils s’attendaient à cela, et leur nombre leur avait permis de nous repousser sans que nous puissions en tuer un seul, ou en tout cas en avoir la certitude. La nouvelle mort du vieux gardien avait retenti à travers la forêt, et même le gang de wyverns aviaires avait disparu. Rester était impossible, et je comprenais mieux ce qu’avait dû ressentir mon père à chaque fois que des humains étaient venus sur son territoire : ils étaient petits, frêles et fragiles, mais nombreux, intelligents et surtout tenaces comme des giggis accrochés à leur casse-croûte. Kuro aussi n’avait pas l’air dans son assiette. Sans doute s’était-il fait à l’idée que retrouver l’assassin de sa mère était impossible, et que même s’il le retrouvait, rien ne garantissait qu’il puisse le tuer.

-…tu viens ? Demandais-je finalement.

Il me regarda de son unique œil, perçant et vif :

-Oui j’arrive…

Nous décollâmes de concert, et partirent vers le territoire de ma dernière sœur, Ni. Ichi prétendait qu’elle s’était installée aux alentours d’un vieux volcan, à l’extrême Sud de l’ancien territoire de Père. L’idée d’un endroit pareil n’avait pas enchanté Kuro, mais quand je lui avais proposé de retourner chez lui, il avait affiché un sourire triste :

-Et me laisser ronger par la culpabilité ? Très peu pour moi. Nous sommes des frères dans le fond, orphelins et blessés. Et dans un monde comme celui-ci, nous avons plutôt intérêt à nous entraider…

Ses mots furent un soulagement bienvenu durant le voyage. La forêt se clairsemait peu à peu en-dessous de nous, pour finalement n’être plus que quelques maigres arbres dans une plaine d’herbes sèches. Les ailes lourdes, nous nous posâmes, le ventre vide. La faim rendait Kuro nerveux, et malgré le goût amer de la défaite, je ne pouvais pas dire que je n’avais pas les crocs moi-même.

-Il n’y a rien ici… même pas l’odeur d’un Aptonoth…

-Rien d’étonnant. Les troupeaux ont fui à l’approche des humains ou du Lagiacrus que nous avons tué.

-J’aurais préféré qu’ils s’abstiennent de faire ça… se coucher le ventre vide est vraiment désagréable.

-Je suis bien d’accord… Enfin, on a pas trop le choix. Reposons-nous. On chassera à l’aube.

Kuro gronda son accord, à moins que ce ne soit le bruit de son estomac, et se lova sur lui-même. Je l’imitais, protégeant mes ailes du vent en les repliant sous mes flancs. Dans un endroit comme celui-ci, même la moindre brise avait vite fait de vous refroidir les ailes, et bon courage le lendemain pour décoller correctement. Fixant la direction d’où nous venions, je pris subitement conscience de toutes ses choses qui m’étaient arrivées depuis la mort de Père face au Tigrex : la forêt où j’avais rencontré Kuro et combattu le Congalala, la terre Glacée, avec l’orgueilleuse Dame Blizzard et les deux groupes de Wyverns aviaires en guerre, Keiko et ses cris de joie lors de notre vol, ma chute au-dessus du territoire de San, la joie de les revoir, elle et Ichi, le combat contre le Lagiacrus et les Kut-Kus, le vieux gardien…et les humains. De tous ce que j’avais vus, ils restaient les plus étranges, et je comprenais peu à peu ce que mon père m’avait dit.

-Patience papa… et merci.

Une autre chose me fit sourire malgré les récents événements : je réalisais à quel point mon corps avait grandi, à quel point mes serres s'étaient acérées à mesure que mes glandes à poison se développaient. Ma gorge ne me faisait plus mal, malgré les flammes que je crachais, et je me rendais compte alors de cette puissance physique que toutes ces aventures m’avaient donnée, et qui me rapprochaient peu à peu de mon objectif. Je devenais un vrai chasseur peu à peu, et je me surpris à rire, étonné de ne me rendre compte que maintenant à quel point j’avais grandi en taille et force.

« Je ne suis plus le petit dernier incapable de quitter le nid après tout… je suis le fils d’un roi, un roi mort face à un terrible adversaire, mais pas mort sans combattre. »

Cette petite dose de fierté aidant, le sommeil me gagna sans difficulté, et je sombrais dans une douce torpeur, mes souvenirs s’entrechoquant dans mon esprit…

Fin du cinquante-troisième chapitre.
Vos commentaires, critiques et autres sont évidemment les bienvenus.
Je voulais m’excuser de cet énorme trou entre ce chapitre et le dernier, et vous remercier de votre intérêt pour ma fic malgré ma fréquence de post anarchique. J’espère qu’elle vous plaît malgré tout ça, et vous remercie encore de votre simple curiosité. ^^

Moi ça me derange pas les ecarts entre post je ne me suis pas connécté depuis... longtemps

Sinon j'espère que le heros ne vas pas se faire découper en rondelle par ses soeurs