Les Dés du Wyvern
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arzak16
Yian garuga anonyme
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Re: Les Dés du Wyvern
Content que tu reprenne, surtout sur un aussi bon chapitre ^^ vivement la suite et bon courage !
sabertiger- Nombre de messages : 1279
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Localisation : en train de jouer à je te tiens tu me tiens par la barbichette avec un fatalis
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Re: Les Dés du Wyvern
HRP: Comme d'hab, en retard, mais le rythme du RP étant bien plus important m'a laissée la fic de côté ^^ Mais voilà la suite, je ne garantis pas un chapitre dans le mois qui suit...
Si une chose était vraie, c'est que la nourriture ne manquait pas... Pour le Tigrex. Les animaux que l'on pouvait trouver étaient très étranges et spécifiques des grottes : la peau pâle et visqueuse, aveugle ou alors, des reptiles bipèdes ressemblant à des raptors, dotés de longues cornes bleues sur le museau. Mais leur viande était loin d'être mangeable pour les hommes, surtout pour les petites bêtes blanches qui suçaient le sang des chasseurs. Orion les avalait avec joie et s'amuser à les chasser, évidemment, le bruit qu'il faisait gênait les deux individus qui voulaient être discrets au possible, mais au moins, ils n'auraient pas de problème avec l'alimentation du wyvern. Ils finirent par trouver dans une embouchure près de la surface, un groupe de gros mammifères, à fourrure marron ou grise, ils avaient de longues défenses pour se protéger et une touffe de poil qui leur cachait les yeux, la bosse sur leur dos les rendait très grand. Adamant allait en tuer un discrètement, mais Orion se jeta dans le tas et abattis une partie du groupe en quelques secondes et se mit à manger le plus docile. Les humains s'approchèrent d'une plus petite proie, le Tigrex leva sa gueule pleine de sang et siffla, puis Adamant lui montra l'énorme bête qu'il mangeait déjà et Orion revint à son dîner après avoir regardé son maître découper la chair du petit. Ils firent cuire la viande autour d'un feu, proche de la sortie qu'ils étouffèrent assez vite, mais ils étaient sûrs qu'avec la tempête de neige, personne ne les verrait. Il faisait nuit depuis près de trois heures et ils ne savaient toujours pas si Ludja et Kismet était en vie. Lazulia lui raconta comment ils n'avaient pas pu venir le chercher plus bas car il n'y avait eu aucun moyen pour descendre, de plus, Kismet avait affirmé que personne n'aurait pu survivre à une telle chute.
- Oui, répondit-il, les arbres m'ont amortis, puis Mikhailov et Mijolnir ont pris soin de moi... Pendant deux ou trois jours, je ne sais pas.
- C'est eux qui sont venus t'aider d'ailleurs, on les avait rencontré un peu plus tôt, ils avaient capturé le traqueur de Mikhailov avec un piège simpliste et des chaînes qu'ils ont trouvé dans un ancien camp détruit. Des gens très ingénieux sans qui je ne saurais pas faire de fosse piégée ou fabriquer des explosifs avec un baril et de la poudre artisanale... J'espère qu'il ne leur ait rien arrivé. Et toi... Comment tu as trouvé cet animal ?
- C'est quelqu'un qui me l'a confié.
- Raconte-moi tout, cela fait presque une semaine... J'ai cru que tu étais mort. Pour rien te cacher, je n'avais pas la force de continuer, on t'avait laissé derrière, chuter avec un nargacuga, que l'on a plus jamais vu. Je ne sais pas comment ça s'est passé pour toi, mais tu m'as manqué. Sans Ludja et Kismet, j'aurai tout abandonné... Au cas où tu ne l'aies pas compris, je n'ai personne au village, j'étais une voleuse masquée et je vivais de la chasse illégale. Je prenais ces risques parce que de toutes façons, il n'y avait personne qui m'attendait. J'étais seule. Tu es comme un frère pour moi, on est ensemble depuis le début de toute cette connerie et...
- Je sais, t'en fais pas, je suis seul aussi à présent, enfin, je veux dire, personne ne sera là si on revient. Ma sœur m'a vendu, jamais je n'avais été destiné à participer aux jeux. Mes parents sont partis il y a bien longtemps, s'ils se sont échappés, je ne le saurai jamais.
- Ta soeur ? Je la connaissais, elle était très gentille...
- Je ne vois pas qui d'autre m'aurait vendu, il faut le lien du sang pour ça. Surtout que depuis peu, on galérait à trouver de l'argent, j'avais pas de boulot et il me restait que la chasse. Enfin, tu dois le savoir, vu que c'était MA proie. D'ailleurs, t'avais un joli accoutrement pour une voleuse.
Lazulia rit en se souvenant de leur première rencontre, où elle avait tiré sur un Kut Ku qu'il voulait tuer avec un épieu en bois et elle ses flèches volées aux hoplites.
- Ah oui, ma cape en plume de Hypnocatrice, ce magnifique oiseau orange, c'est une longue histoire. Après, l'arc et les flèches, je les avais volé aux hoplites, j'ai jamais fait un aussi beau vol de ma vie. Une belle rafle, ils avaient même accusé leur bas-gradé, c'était hilarant comment ils se battaient entre eux. J'étais invisible la nuit, les plumes semblaient devenir bleues comme la nuit. J'ignore comment d'ailleurs, l'orange était si brillant le jour... D'ailleurs, je pense que mon nom vient de là, je suis orpheline, mais quand l'homme qui m'a recueillie m'a trouvé la première fois, j'étais enveloppé dans cette cape, c'était la nuit, et voilà, il m'a nommé ainsi.
- Donc Lazulia, c'est pas ton nom de naissance ?
- Du tout, je ne sais pas ce qui était mon prénom d'origine, ça m'a toujours paru inutile. Mais si jamais je le sais, je garderai Lazulia, la manière dont m'ont abandonné mes parents... ça me déprime. ( sous le regard interrogateur du jeune homme, elle expliqua : ) En gros, ils m'ont jeté dans la boue près des aptonoths.
- Désolé pour toi, répondit Adamant. Moi... je ne me souviens pas, j'ai toujours été au côté d'Ambre. Elle m'a élevé seul. Et après, l'adolescence m'a fait me rebeller contre la royauté, j'ai vite compris que si l'égalité existait entre les gens du peuple, elle n'était pas la même pour ceux de la Cité. C'est drôle, mais c'est en voyant que la chasse était interdite par l'intermédiaire des hérauts que j'ai su qu'on était loin d'être libres et que nous vivions dans une misère sans nom. Ouais, ça fait dix ans que je pense à m'échapper, mais je pouvais pas laisser Ambre derrière, tu comprends ? Mais maintenant, tout a changé. Et puis j'ai le gros maintenant, je ne sais pas ce que je ferai de lui une fois que tout sera fini, si jamais on s'en sort vivant. Je pensais qu'on pourrait le monter pour s'enfuir, mais à deux, ce sera trop dur...
- Si jamais on retombe sur des hoplites, promets-moi que tu t'enfuiras, seul, et que tu vivras la vie, pour nous deux. Je ne peux pas penser une seule seconde à te voir mourir pour moi ou pour la "patrie". Si l'un de nous deux doit mourir, c'est moi. Ma vie n'a pas de sens, toi, tu as soif de liberté.
- Je ne peux pas...
- Promets-moi. C'est ma seule volonté.
- Je... D'accord, je ferai ce que je pourrais.
- Bien, merci. Et, Orion, viens voir, on a un bel os !
Elle se leva pour clore la conversation et elle jeta l'os au Tigrex qui se mit à courir comme un déjanté et revint en secouant la queue, tout amusé. Adamant mit la main à l'os, mais le wyvern se mit à tirer de son côté et ce fut assez compliqué de lui prendre le fémur, mais à deux, ils arrivèrent à le tirer des crocs et le jetèrent encore plus loin. Ca les faisait rire et ils en avaient bien besoin...
Il fallait rejoindre le défilé au plus vite, il était nécessaire de pouvoir retrouver la résistance, surtout Edan Raise, qui savait ce qu'il faudrait faire, mais le problème serait rapidement la présence du Tigrex, personne ne leur ferait confiance s'ils étaient d'un wyvern, pourtant, Adamant se refusait à l'abandonner, il l'avait tiré de trop de pétrins pour le laisser, et puis surtout, où qu'ils aillent, Orion les retrouverait, il restait le traqueur d'Adamant. Cela signifiait aussi qu'il n'aurait pas de nouvelle armure ou nouvelle arme sans tanner la peau de la bête, et encore une fois, il en était hors de question. Ils sortirent rapidement de la grotte, de nuit, une tempête de neige s'était encore levée, ils refusaient de dormir, le sommeil, ils le trouveraient quand ils seraient morts. Le sacrifice de Kismet et Ludja ne devait pas être gâché par la soif de repos, il fallait avancer, cela faisait trop longtemps qu'ils traînaient et déjà plusieurs personnes devaient être sur place. Le Tigrex les aidait à avancer, ils avaient accroché une corde chacun à son cou et à leur poignet pour être toujours ensemble dans le vent hurlant qui soulevait des montagnes de neige. Pendant une heure, ils avancèrent sans s'arrêter, les genoux tremblant dans la neige, Orion les tirait de plus en plus fort, comme s'il était conscient de l'effort à mettre pour les humains. Ils se mirent derrière lui pour avancer sans forcer dans la neige. Ils virent finalement le bout de leur peine ou au bout d'une deuxième heure où ils étaient plus tirés qu'autre chose. Ils virent alors devant eux un ravin, séparant les plaines volcaniques du palais de glace et de neige. La montagne de feu recrachait encore du magma et la fumée noire s'intensifiait dans le ciel, mais le pire, c'est qu'elle avait crée un micro-climat à son sommet, déversant des orages monstrueux où des éclairs violets brillaient dans le ciel. Le magma avait noirci par endroit et avait totalement modifié le terrain. Si Adamant revenait à l'endroit où il avait affronté Alison, il n'aurait pas reconnu.
- C'est un Akantor qui est à l'origine de tout ça, expliqua Adamant.
- Comment tu le sais ? Demanda Lazulia.
- A vrai dire, je l'ai croisé... J'ai eu un faible détour par là, et je ne suis pas pressé d'y retourner.
- L'Akantor t'a attaqué ?
- Disons qu'il n'a pas vraiment réagi... Enfin, j'ai été plus rapide.
- On raconte que les Tigrex descendent de ces monstres... Ou l'inverse, je ne sais plus.
Adamant regarda Orion qui ne semblait pas très inspiré et emballé de retourner au volcan. Ses écailles avaient beau être solides comme de la pierre, il était extrêmement sensible à la chaleur à cause de ses longues journées en détention et sans contact avec le soleil ou même son habitat naturel. Mais les tigrex sont des wyverns qui s'adaptent aussi bien au climat gelé que désertique, il n'est donc pas rare d'en croiser dans un volcan ou dans un désert, comme dans des montagnes gelées. Lazulia regarda plus bas et vit un passage, il fallait tout de même faire un détour dans cet endroit d'enfer pour pouvoir descendre plus bas, elle montra du doigt un pont naturel qui rejoignait les plaines, ensuite, il faudra passer par les steppes d'obsidienne pour descendre jusqu'en bas. Ils pourraient très bien passer directement en bas, mais la fissure était morcelée de pierres tranchantes et taillées en pique par l'érosion et le sable qui volait en contre-bas. Adamant soupira. Il savait au moins qu'il ne faudrait pas passer par le centre ou même aller au sommet, même si personne ne voulait y aller et que ce serait inutile. Ils se mirent donc à descendre, ils passèrent devant et montrèrent à Orion des plateformes où il pouvait avancer sans craindre d'effondrer le terrain, mais pour simple réponse, il sauta et plana jusqu'au pont naturellement formé de roches qui se tenaient les unes les autres. Lazulia arriva en première et posa le pied dessus, un morceau tomba dans le vide. Elle inspira à fond et mit le second pied. La roche ne bougea pas et elle défila comme une funambule au-dessus du vide, sans jamais regarder en bas, elle posa le pied sur la roche noire de l'autre côté et fit signe à Adamant qui prit son hallebarde pour s'équilibrer. Il était beaucoup plus adroit, mais malheureusement plus lourd, son équipement dépassait de loin celui de son amie. Il sentit alors une petite secousse sous un de ses pieds et la pierre craquer. Il inspira à fond et avança de plus en plus vite, sentant de mieux en mieux les pierres glisser. Il se mit à courir quand il entendit un des plus gros morceaux tomber. Lazulia l'encouragea mais vit alors que le pont s'effondrait. Il sauta au dernier moment, quand tout tomba dans le vide, lançant son arme en première, il atterrit en faisant une roulade avant et regarda derrière lui. Sa camarade lui ramassa sa lance et lui présenta sa main pour se lever, mais il la refusa et se leva seul. Orion frémit et sauta sur place. Adamant le calma en posant sa main sur le museau de la bête et il conclut qu'il fallait avancer.
Les cendres tombaient en pluie sur leurs épaules, déjà, ils avaient les armures et la fourrure de leur accoutrement qui étaient grises, Orion aussi avait pris une teinte grise et noire par endroit, il se secouait de temps en temps pour faire tomber les restes volcaniques, mais ça ne semblait pas partir. Ils avançaient sur les steppes d'obsidiennes beaucoup plus rapidement, mais malencontreusement, ils étaient à découvert, et certains ballons passaient à la recherche désespérée des membres du jeu. Si une chose était claire, c'était que leur petite magouille avait explosé avec l'intervention du Kushala. D'ailleurs, Adamant n'avait pas reparlé du fait qu'il avait recroisé le dragon, il serait peut être pris pour un menteur... C'est alors qu'il se rendit compte de la chance (ou non) d'avoir croisé ces êtres qu'ils considéraient comme semi-divin. Le Gravios titanesque, l'Akantor et le Kushala. Qui, dans un siècle, pourrait croire à ça ? Il n'y croyait déjà pas lui-même. Peut être qu'Aegir ou Katone seraient compréhensifs... D'ailleurs, étaient-ils toujours en vie ? Avaient-ils réussi à s'échapper ou étaient-ils morts sous la torture si on les avait attrapé ? Car désormais, tous les êtres chers à Adamant tomberaient sous le joug des hoplites... Il y pensa longtemps, puis il se fit ramener à la réalité par un mouvement d'Orion qui leva la tête en l'air en montrant les crocs.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Lazulia en voyant le Tigrex grogner.
- Il a senti quelque chose... murmura Adamant, s'ouvrant à tous les bruits autour d'eux.
- On a rien vu dans le ciel... Tu crois que c'est un wyvern...?
- C'est bien possible... Surveille ta g...
Il ne finit pas sa phrase au même moment qu'Orion se tournait en rugissant. Un énorme wyvern argenté se jeta sur Lazulia en rugissant comme un fauve. La jeune chasseuse se fit submerger par la masse, mais le Tigrex la sortit de là en se jetant sur le nouvel arrivant, mais il bondit rapidement en arrière, n'ayant pas réussi à infliger une morsure au monstre. D'ailleurs, ils reconnurent immédiatement ce dernier. Ses deux yeux rouges brillaient, hardant comme deux braises. Lazulia se releva et lâcha un cri de surprise mais peut-être aussi de peur. C'était son traqueur qui était là, le Nargacuga, lui aussi avait prit une teinte grise à cause des cendres, d'ailleurs, là où l'avait attaqué Orion était redevenu noir.
- Comment est-ce possible ? S'écria Adamant. Il n'a pas pu nous retrouver !
- Il me traque, mais là, j'avoue que ça me paraît improbable... Tu crois qu'ils vont nous retrouver ?
- J'en sais rien, mais il faut tuer cette créature ! Profitons de la présence d'Orion !
Le Tigrex rugit et se jeta de nouveau sur le wyvern cendré qui le repoussa d'un coup d'aile, ils virent alors qu'une des lames naturelles normalement fixées sur ses ailes étaient brisés. Il avait aussi de nombreuses écailles brisées et à un endroit, sa carapace avait été transpercé, une plaie saignait encore. S'il était tombé comme Adamant, il avait très bien pu se blesser sur un arbre et prendre la fuite. Mais cette bête dans un volcan, c'était insensé. A moins que le dérèglement climatique en soit la cause, pensa Adamant, la présence de monstres anciens seraient à l'origine du comportement étrange des monstres... D'ailleurs, cela se voyait que le Nargacuga n'était pas à l'aise sur le terrain, ses griffes glissaient au sol quand il sautait et sa queue ne soulevait pas de pierre ou de poussière pour aveugler les chasseurs.
Orion frappa le sol de queue et rugit, il se chargea la bête qui esquiva en bondissant au-dessus de lui. La bête argentée rugit et frappa la queue du Tigrex avec sa lame encore intacte. Elle entama avec fracas la carapace et causa même une plaie. Mais c'était loin d'arrêter le wyvern tigré qui fit un demi-tour en fracassant sa queue contre le bec à croc du Nargacuga. Une des canines vola en l'air et tomba près de Lazulia qui ne savait trop quoi faire, c'était loin d'être un combat où ils avaient leur place. Le monstre bondit sur Orion et le retourna sur le dos, il tenta de lui mordre le coup, mais le Tigrex donna un coup de boule dans la gorge de son adversaire et le repoussa avec ses pattes arrière. Il se redressa et fondit sur sa proie, sonnée. Le Nargacuga reçut l'énorme animal et lui lacéra une de ses ailes avec ses énormes griffes.
Orion se rejeta en arrière pour éviter la queue piquante de la bête noire qui fouetta l'air. Adamant prit l'occasion pour fondre sur le Nargacuga et lui infliger plusieurs coups dans la patte arrière gauche, le monstre se tourna vers lui en feulant et le repoussa avec sa patte. Adamant encaissa le coup grâce à son armure, mais rapidement, il vit que les écailles de blangongas avaient craqué, la panique le prit rapidement, son armure ne tiendrait jamais face à ce monstre, il en avait conscience et allait devoir la jouer très prudent. Il recula pour éviter la queue pointue et se mit à la frapper pour tenter de la couper, il vit que c'était possible quand il trancha une écaille et qu'il y vit la peau derrière, il appela Lazulia qui occupait la bête en lui passant devant les yeux. Elle hocha la tête quand elle comprit elle aussi en voyant la queue déjà blessée. Orion rugit, ce qui fit se boucher les oreilles aux humains, et se jeta encore sur le Nargacuga, mais déjà, il recevait en pleine gueule l'épaisse queue, il tomba sur le côté mais le temps de se redresser, la bête était sur lui, le Nargacuga bondit en l'air et atterrit droit sur les côtes du Tigrex qui couina de douleur, mais il arriva à repousser son assaillant en déployant son aile droit sur l'arcade de la bête. Cette dernière siffla et subit un autre assaut d'Orion qui faillit lui trancher la gorge. Le monstre noir bondit en arrière et rugit, d'un seul coup, ses yeux s'embrasèrent et à chaque mouvement, il était suivi de faisceaux lumineux rouge. Il devint beaucoup plus rapide, plus agile et plus fort, la rage lui conférait une force nouvelle. Très rapidement, Orion fut incapable de le suivre, malgré sa carapace qui minimisait les dégâts, il prenait de très nombreux coups et finit lui aussi par s'énerver, une bave blanche coula de sa gueule et de longues veines rouges se montrèrent sur ses tempes et ses yeux. Il tourna sur lui-même pour repousser une énième attaque du Nargacuga qui ne se fatiguait pas, alors, Adamant se jeta contre son ennemi en criant et tenta de trancher la queue, c'est alors que les pointes sur cette dernière se soulevèrent et qu'il reçut un coup en plein dans le ventre, il était resté accroché au pic, et malgré la douleur, il lâcha son arme et le tint avec ses mains qui se mirent rapidement à saigner. Lazulia se jeta alors sur la queue du monstre, elle aussi en criant, elle frappa avec sa première arme, plus longue, puis sa seconde, plus courte, et elle s'acharna dessus. Evidemment, la bête noire avait plus de force qu'Adamant, il souleva le chasseur en sifflant et le jeta plus loin, Orion suivit des yeux le vol de son maître, puis se mit à grogner plus fort, il fit claquer ses mâchoires, et sans même que Lazulia ne le voit, il bondit sans prendre d'élan.
L'attaque fut fulgurante, même le Nargacuga ne le vit pas venir, les mâchoires du Tigrex s'étaient fermées dans l'épaule gauche du monstre noir, les cendres de son corps se dispersèrent sous le choc, il tentait de se dégager, mais les dents immenses d'Orion étaient coincés et ce dernier commença à tirer la tête en arrière en grognant et arracha une partie de la carapace du Nargacuga ainsi qu'avec, un bon morceau de chair. La bête noir frémit et couina en bondissant en arrière, il n'arriva pas à se remettre sur pied, puis après un effort certain, il se redressa, toutes les écailles dressaient en l'air, telle une armure de piquant, il fouetta l'air de sa queue et bondit sur le Tigrex, puis au dernier moment, il sauta sur le côté, et malgré sa blessure, il rebondit au sol, le wyvern tigré ne comprit pas tout de suite et rugit sous la douleur : Une des lames du Nargacuga s'était fichée dans dos et alors qu'il se débarrassa de son ennemi, il prit un autre coup de queue dans la tête, il recula, sonné, mais ça donna du temps à la bête noire. Lazulia l'empêcha alors de se faire égorger en jetant son arme principale dans la tête de la bête noire. Celle-ci bondit en arrière après un rugissement de douleur, il secoua la tête pour enlever le sang qui ruisselait de son oeil, mais alors il comprit qu'il avait perdu une partie de sa vue, la lame était au sol, la jeune chasseuse pensait pouvoir la récupérer, mais alors, le wyvern noir l'écrasa de sa patte avant, la brisant en mille morceaux. Il frappa le sol de sa queue et se tourna vers la jeune femme dont il ne restait plus qu'une courte lame. Elle se mit à courir, mais très vite, le monstre était sur elle, elle se jeta alors au sol et son assaillant lui passa au-dessus. Elle tenta de se relever, évitant la queue tranchante et ripostant de son unique arme, elle sentit que les tissus de la queue étaient affaiblis, elle recula de nouveau, sauta en arrière pour éviter la lame droite du monstre qui se retournait en faisant un tour sur lui-même avant de reprendre le cap, puis il feula et cette fois-ci, il bondit au corps-à-corps. Lazulia se fit repousser en se prenant la tête du Nargacuga dans le sternum, elle fut repoussée sur deux mètres puis elle mit un genou au sol, la bouche en sang.
Adamant bondit alors en même temps qu'Orion et fut repoussé par son animal qui le bouscula dans son saut. L'animal fondit sur sa proie qui ne le vit pas venir. Le Nargacuga et le Tigrex se prirent alors ensemble et dévalèrent une partie du terrain en roulant, l'un contre l'autre. L'un des deux allaient sortir victorieux, et quand ils se séparèrent violemment, se fut Orion qui resta debout. Il recula en grognant, il était marqué de nombreuses coupures, il secoua la tête et les veines rouges disparurent alors, il ne tint debout qu'un instant avant de tomber sur le côté en couinant, il respirait fort, mais il avait l'air d'avoir tenu le coup. Au lieu de vérifier si le Nargacuga était mort, le numéro XI alla voir son amie qui s'était essuyée le sang de sa bouche et était désormais en train de se soigner avec des herbes médicinales. Adamant avait une ou deux potions dans le sac de l'hoplite qu'il avait volé, ils s'en burent une chacun et se levèrent pour aller voir Orion. Le chasseur soutenait sa camarade en lui passant son bras sous celui de la femme, et elle-même jetant son autre bras sur l'épaule du jeune homme.
- Je vais bien, je suis juste un peu secouée... Est-ce que le monstre est...
- Il faut te donner une autre potion, tu ne tiendras jamais sinon, la douleur risque d'être insupportable.
- Est-ce qu'Orion est en vie...?
- Oui je crois, il est increvable, on le sait bien. Tiens, bois.
Il lui donna un premier récipient qu'elle but avec douleur, mais très vite, elle sentit qu'elle allait mieux. Elle marchait avec mal, mais c'était sûrement à cause du choc, Adamant tomba au sol devant Orion et lui toucha son épais crâne. L'oeil qu'il avait en face de lui s'ouvrit et il vit la pupille dilatée du monstre, ronde et d'un noir profond, pénétrer son corps. Il n'avait jamais senti une telle intensité dans le regard de l'animal, il semblait dire qu'il les avait sauvé et qu'il était content, il souleva son épaisse tête en se retournant sur ses ailes et se remit en position de bond, le Tigrex renifla l'air et montra les dents face au Nargacuga. Les deux chasseurs se retournèrent et virent la bête se redresser en fouettant l'air de sa queue. Il était encore en vie... Et il semblait bien enragé, de la bave coulait de son espèce de bec, il rugit et ses yeux prirent de nouveau la teinte rouge lumineuse. La panthère chimérique se jeta sur le côté et remua sa queue en l'air, tel un lasso, il lâcha une pluie de piquants qui s'écrasèrent autour des deux humains, ils avaient pu les esquiver, mais Orion en sentit un pénétrer son épaule, il recula en gémissant. Lazulia se retourna et lui arracha d'un coup sec. Ses armes n'étaient pas assez puissante pour pouvoir découper la carapace de son traqueur. "Le feu par le feu", fit elle en empoignant le piquant tel un poignard. Le monstre ne se fit pas attendre et bondit en avant, sa lame valide droit devant lui. Adamant se jeta au sol pour l'éviter et se releva en vitesse. Le wyvern noir fit un autre bond sur le côté pour éviter Lazulia et tenta de la mordre. Il était très proche et pouvait bien lui arracher un bras, mais pendant un instant, tout sembla être au ralenti, la jeune femme tourna de trois quarts pour éviter les crocs et de sa main armée du poignard, elle lança son coup, vers l'oeil droit de la bête, elle eut le temps d'une expiration rapide, l'action s'était déroulée très vite, elle planta l'arme dans la tête du monstre qui réagit instantanément en feulant violemment puis en lâchant un rugissement languissant, il recula.
Adamant n'avait aucune idée de comment elle venait de faire ça, même elle regarda sa main en étant surprise, tout s'était déroulé si vite, elle ne prit pas plus de temps pour réfléchir, elle empoigna ses deux sabres et fit virevolter ses lames sur le bec du traqueur. Des étincelles brillèrent, elle rebondissait mais elle continuait ses assauts, puis elle fit une roulade sur le côté, entendant arriver Adamant derrière elle. Le jeune homme, la lance en avant, avait chargé droit sur l'animal qui ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Il atteignit sa cible qui gémit en sentant la hallebarde pénétrer son épaule, laissant échapper une puissante flamme à l'impact. Mais son arme était désormais bloquée. Il recula soudainement, laissant de côté sa lance et regarda au-dessus de lui l'énorme masse se fondre toutes griffes sorties sur le Nargacuga. Orion atterrit en plein dans le dos de la bête noire, l'immobilisa et lui attrapa le cou avec ses deux puissantes mâchoires. Il ne lâcha pas prise tant qu'il ne bougea plus. Puis il se leva, ferma les mâchoires sur la lance d'Adamant et la tira sèchement, puis il la fit tomber aux pieds de son maître, comme s'il s'agissait d'un bâton. Les deux chasseurs n'en revinrent pas, ils tombèrent sur leur derrière et se regardèrent, émerveillés. Evidemment, Orion avait beaucoup joué dans cette chasse, mais il était fou qu'ils aient pu abattre une si puissante créature. Ils se tapèrent dans les mains et laissèrent Orion se couchait au sol, épuisé.
- Il lèche ses plaies pour se soigner ? Demanda Lazulia en voyant le Tigrex faire.
- Oui, j'ai l'impression que c'est pour éviter toute infection. Cela marche du tonnerre, il n'est jamais vraiment blessé, mais à chaque fois, ça se soignait très bien.
- Je vois ça... Et maintenant on fait quoi ? On ne peut pas ramasser le corps du Nargacuga, et les hoplites vont sûrement le prendre pour s'en faire des armes bien puissantes...
- Sauf s'ils font croire que c'est toi qui l'a tué, les Jeux sont encore d'actualité je crois... Je suis censé être mort, mais toi, tu devrais pouvoir avoir ton armure.
- Comment tu le sais ?
- Parce que sinon, il y aurait eu une révolte depuis un moment. C'est à toi de voir, soit on prend le risque... soit on s'enfuie.
- Je sais, tu n'as qu'à partir te cacher avec Orion, tu as bien vu, même dans les grottes, ils étaient venus nous livrer les armes... Ils doivent toujours faire croire aux rois que tout ça est fait exprès. De toute façon, si ça se passe mal, vous n'êtes pas loin, n'est-ce pas ?
- On sera là-bas, l'arme mettra combien de temps à être forgé selon toi ?
- Je ne sais pas, nous verrons bien. Je vais monter sur la colline là-bas et attendre la venue d'un ballon. Il y en a un qui est passé il n'y a pas si longtemps.
- Fais attention à toi.
- Compte sur moi, sourit-elle, je sais jouer avec les hoplites, tu te souviens ? Ils vont complètement s’enrager quand ils me verront dessus. Tant que c’est moi qui suis dessus, ça compte, non ?
Adamant et son Tigrex attendirent donc, surveillant à une centaine de mètres si l'échange n'aurait pas de problème. A sa grande surprise, le ballon arriva en quelques minutes. Il ramassa la dépouille avec un épais crochet qui se planta dans le corps et le souleva en l'air. L'un des hommes avaient donné à Lazulia une fumigène pour qu'il la retrouve quand l'armure serait prête. Une fois partie, elle descendit de la colline et se dirigea vers Orion, camouflé par les cendres sur la roche. Il attendait sagement les ordres en se soignant seul. Le jeune homme glissa de sa cachette dans les ombres et alla voir la jeune femme. Elle tenait le fumigène dans une main, et dans l'autre, une lettre, elle la donna à son ami qui la déplia et essaya de se rappeler comment se lisait certaines lettres.
"Adamant,
Nous sommes en train de nous préparer pour une révolte à l'intérieur de la Cité. Les rebelles savent que ces jeux ne sont pas normaux, mais toute la population pense qu'il s'agit d'un nouveau type d'arène naturelle. Les hoplites nous font croire qu'il y a des frontières à cette "arène", mais nous avons deviné que l'attaque d'un Dragon Ancien n'avait rien de naturel. C'est une chance pour nous tous, ce Kushala n'aurait pas plus mieux tomber. Ils t'ont déclarer mort, mais j'ai été informé par une certaine personne que tu étais encore en train de vagabonder. Le cadeau que l'ont à fait me laisse perplexe, fais attention à toi, et ne t'inquiète pas pour nous. Tant qu'ils feront croire aux Jeux, nous serons sain et sauf.
Katone."
Lazulia confirma qu'Aegis avait écrit une lettre semblable, elles étaient cachées dans le fumigène. Si c'était vrai, la résistance commençait donc à s'activer dans les sous-sols de la Cité, juste sous les pieds des rois. Cela fit sourire Adamant. La menace venait du coeur de leur forteresse. Ce n'était plus qu'une question de temps, il devait à présent informer les rebelles dans le défilé et ils pourraient enfin lancer un assaut. Evidemment, les rois cachaient bien des choses dans leur citadelle, mais ils seraient impuissant face à un pays entier. Enfin, c'est ce que croyait le numéro XI, rien était établi.
Il faudrait peut être une journée pour forger de nouvelles armes avec les composants du Nargacuga. Ils décidèrent de prendre cette journée pour se reposer et rester non loin de là. De toute façon, aucun gros convois ne pourrait traverser l'épaisse fumée noire qui s'échappait du volcan. Tout ce qu'ils espéraient, c'était de ne pas croiser la route d'un Akantor. Ils trouvèrent une crevasse très large et profonde qui s'enfonçait droit dans les steppes d'obsidienne et de pierre, ils se posèrent à l'ombre du soleil terrible et des chutes de cendre. Ils avaient bientôt économiser leurs provisions. Orion peinait à chasser de grosses proies qui étaient très rares et les gorgées d'eau étaient souvent regrettées, par peur de manquer de tout dans les heures qui suivaient. La nuit tomba et ils dormirent l'un sur l'autre, protégés par un Orion roulé en boule et qui ressemblait à un gros rocher gris. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas autant dormi. A l'aube, ils entendirent un ballon d'hoplite survoler la zone à la recherche des gladiateurs survivants. Mais très vite, un wyvern volant rouge les fit s'enfuir, d'un seul rugissement, il avait causé la panique. Ils regardèrent l'animal tourner en cercle comme s'il était le roi des cieux. Il disparut enfin, plus loin, allant vers une fontaine de lave. Orion n'avait pas bougé en le voyant survoler leur crevasse, il voulait sûrement éviter tout combat inutile, surtout qu'il avait prit de nombreux coups sur le combat de la veille et restait tranquille pour se soigner. Ils avaient essayer de lui faire boire une potion, mais ça n'avait pas du tout marché. Puis d'un coup, le monstre leva les oreilles et se leva en reniflant l'air, il bondit sur un rocher et regarda en contre-bas, il vit un troupeau de kelbis, de petit caprins à deux cornes, plus longues pour les mâles que les femelles, avec une fourrure grise à rayures blanches. Ces mammifères devaient sûrement passer rarement dans le coin car ils ne se méfiaient pas du tout de ce qu'il se trouvait au-dessus d'eux. Ils gambadaient rapidement, mais pas assez vite pour échapper à Orion qui bondit et en fit tomber deux. Les autres s'enfuirent en émettant de petits bruits aigus. Il ramena le premier corps pour les chasseurs et dévora le second seul dans son coin, prenant le soin de ne laisser rien derrière lui, pas même des os. Il finit pas se recoucher en soupirant bruyamment.
Ils finirent leur petit déjeuner en prenant soin de garder de la viande sur eux et laissèrent les os à Orion qui se fit une joie de les croquer. Puis ils se levèrent, apparemment, le même ballon que la veille s'approchait... Lazulia se dirigea vers la même colline et ouvrit son fumigène. Une boîte fut livrée par le biais du crochet. Elle attendit que le ballon s'en aille et elle fit signe à Adamant une fois qu'il s'était suffisamment éloigné. Il scruta le ciel pour voir si personne ne les surveillait, mais même Orion faisait le guet, alors il joignit sa camarade qui ouvrit le coffre et en sortit une armure complète. Elle tira en premier le casque, qui pouvait ressembler à un heaume en cuir, mais dont l'arrière était recouvert d'une chevelure de piquants noirs, et que le cuir était celui du monstre qu'ils avaient tué. L'armure quant à elle, semblait impénétrable. Lazulia retira son ancienne armure bleue et enfila d'abord les tassettes, puis la taille, elle s'attacha le plastron et enfila les gantelets terminés par des griffes et mit la main au casque mais Adamant fut plus rapide, il le souleva, le tourna pour le regarder et sourit à la jeune femme qui baissa la tête et il lui posa délicatement. On aurait dit que ces cheveux s'étaient transformés en énormes pointes brillantes. Elle fit quelques mouvements, tout était en ordre et rien ne semblait la gêner. Elle fit deux ou trois roulades et se releva, comme si elle revivait. Elle regarda ensuite son ancienne armure et fit le lien avec son camarade. Il y avait peut être moyen d'en faire quelque chose, sourit-elle.
Chapitre XXVII
Si une chose était vraie, c'est que la nourriture ne manquait pas... Pour le Tigrex. Les animaux que l'on pouvait trouver étaient très étranges et spécifiques des grottes : la peau pâle et visqueuse, aveugle ou alors, des reptiles bipèdes ressemblant à des raptors, dotés de longues cornes bleues sur le museau. Mais leur viande était loin d'être mangeable pour les hommes, surtout pour les petites bêtes blanches qui suçaient le sang des chasseurs. Orion les avalait avec joie et s'amuser à les chasser, évidemment, le bruit qu'il faisait gênait les deux individus qui voulaient être discrets au possible, mais au moins, ils n'auraient pas de problème avec l'alimentation du wyvern. Ils finirent par trouver dans une embouchure près de la surface, un groupe de gros mammifères, à fourrure marron ou grise, ils avaient de longues défenses pour se protéger et une touffe de poil qui leur cachait les yeux, la bosse sur leur dos les rendait très grand. Adamant allait en tuer un discrètement, mais Orion se jeta dans le tas et abattis une partie du groupe en quelques secondes et se mit à manger le plus docile. Les humains s'approchèrent d'une plus petite proie, le Tigrex leva sa gueule pleine de sang et siffla, puis Adamant lui montra l'énorme bête qu'il mangeait déjà et Orion revint à son dîner après avoir regardé son maître découper la chair du petit. Ils firent cuire la viande autour d'un feu, proche de la sortie qu'ils étouffèrent assez vite, mais ils étaient sûrs qu'avec la tempête de neige, personne ne les verrait. Il faisait nuit depuis près de trois heures et ils ne savaient toujours pas si Ludja et Kismet était en vie. Lazulia lui raconta comment ils n'avaient pas pu venir le chercher plus bas car il n'y avait eu aucun moyen pour descendre, de plus, Kismet avait affirmé que personne n'aurait pu survivre à une telle chute.
- Oui, répondit-il, les arbres m'ont amortis, puis Mikhailov et Mijolnir ont pris soin de moi... Pendant deux ou trois jours, je ne sais pas.
- C'est eux qui sont venus t'aider d'ailleurs, on les avait rencontré un peu plus tôt, ils avaient capturé le traqueur de Mikhailov avec un piège simpliste et des chaînes qu'ils ont trouvé dans un ancien camp détruit. Des gens très ingénieux sans qui je ne saurais pas faire de fosse piégée ou fabriquer des explosifs avec un baril et de la poudre artisanale... J'espère qu'il ne leur ait rien arrivé. Et toi... Comment tu as trouvé cet animal ?
- C'est quelqu'un qui me l'a confié.
- Raconte-moi tout, cela fait presque une semaine... J'ai cru que tu étais mort. Pour rien te cacher, je n'avais pas la force de continuer, on t'avait laissé derrière, chuter avec un nargacuga, que l'on a plus jamais vu. Je ne sais pas comment ça s'est passé pour toi, mais tu m'as manqué. Sans Ludja et Kismet, j'aurai tout abandonné... Au cas où tu ne l'aies pas compris, je n'ai personne au village, j'étais une voleuse masquée et je vivais de la chasse illégale. Je prenais ces risques parce que de toutes façons, il n'y avait personne qui m'attendait. J'étais seule. Tu es comme un frère pour moi, on est ensemble depuis le début de toute cette connerie et...
- Je sais, t'en fais pas, je suis seul aussi à présent, enfin, je veux dire, personne ne sera là si on revient. Ma sœur m'a vendu, jamais je n'avais été destiné à participer aux jeux. Mes parents sont partis il y a bien longtemps, s'ils se sont échappés, je ne le saurai jamais.
- Ta soeur ? Je la connaissais, elle était très gentille...
- Je ne vois pas qui d'autre m'aurait vendu, il faut le lien du sang pour ça. Surtout que depuis peu, on galérait à trouver de l'argent, j'avais pas de boulot et il me restait que la chasse. Enfin, tu dois le savoir, vu que c'était MA proie. D'ailleurs, t'avais un joli accoutrement pour une voleuse.
Lazulia rit en se souvenant de leur première rencontre, où elle avait tiré sur un Kut Ku qu'il voulait tuer avec un épieu en bois et elle ses flèches volées aux hoplites.
- Ah oui, ma cape en plume de Hypnocatrice, ce magnifique oiseau orange, c'est une longue histoire. Après, l'arc et les flèches, je les avais volé aux hoplites, j'ai jamais fait un aussi beau vol de ma vie. Une belle rafle, ils avaient même accusé leur bas-gradé, c'était hilarant comment ils se battaient entre eux. J'étais invisible la nuit, les plumes semblaient devenir bleues comme la nuit. J'ignore comment d'ailleurs, l'orange était si brillant le jour... D'ailleurs, je pense que mon nom vient de là, je suis orpheline, mais quand l'homme qui m'a recueillie m'a trouvé la première fois, j'étais enveloppé dans cette cape, c'était la nuit, et voilà, il m'a nommé ainsi.
- Donc Lazulia, c'est pas ton nom de naissance ?
- Du tout, je ne sais pas ce qui était mon prénom d'origine, ça m'a toujours paru inutile. Mais si jamais je le sais, je garderai Lazulia, la manière dont m'ont abandonné mes parents... ça me déprime. ( sous le regard interrogateur du jeune homme, elle expliqua : ) En gros, ils m'ont jeté dans la boue près des aptonoths.
- Désolé pour toi, répondit Adamant. Moi... je ne me souviens pas, j'ai toujours été au côté d'Ambre. Elle m'a élevé seul. Et après, l'adolescence m'a fait me rebeller contre la royauté, j'ai vite compris que si l'égalité existait entre les gens du peuple, elle n'était pas la même pour ceux de la Cité. C'est drôle, mais c'est en voyant que la chasse était interdite par l'intermédiaire des hérauts que j'ai su qu'on était loin d'être libres et que nous vivions dans une misère sans nom. Ouais, ça fait dix ans que je pense à m'échapper, mais je pouvais pas laisser Ambre derrière, tu comprends ? Mais maintenant, tout a changé. Et puis j'ai le gros maintenant, je ne sais pas ce que je ferai de lui une fois que tout sera fini, si jamais on s'en sort vivant. Je pensais qu'on pourrait le monter pour s'enfuir, mais à deux, ce sera trop dur...
- Si jamais on retombe sur des hoplites, promets-moi que tu t'enfuiras, seul, et que tu vivras la vie, pour nous deux. Je ne peux pas penser une seule seconde à te voir mourir pour moi ou pour la "patrie". Si l'un de nous deux doit mourir, c'est moi. Ma vie n'a pas de sens, toi, tu as soif de liberté.
- Je ne peux pas...
- Promets-moi. C'est ma seule volonté.
- Je... D'accord, je ferai ce que je pourrais.
- Bien, merci. Et, Orion, viens voir, on a un bel os !
Elle se leva pour clore la conversation et elle jeta l'os au Tigrex qui se mit à courir comme un déjanté et revint en secouant la queue, tout amusé. Adamant mit la main à l'os, mais le wyvern se mit à tirer de son côté et ce fut assez compliqué de lui prendre le fémur, mais à deux, ils arrivèrent à le tirer des crocs et le jetèrent encore plus loin. Ca les faisait rire et ils en avaient bien besoin...
Il fallait rejoindre le défilé au plus vite, il était nécessaire de pouvoir retrouver la résistance, surtout Edan Raise, qui savait ce qu'il faudrait faire, mais le problème serait rapidement la présence du Tigrex, personne ne leur ferait confiance s'ils étaient d'un wyvern, pourtant, Adamant se refusait à l'abandonner, il l'avait tiré de trop de pétrins pour le laisser, et puis surtout, où qu'ils aillent, Orion les retrouverait, il restait le traqueur d'Adamant. Cela signifiait aussi qu'il n'aurait pas de nouvelle armure ou nouvelle arme sans tanner la peau de la bête, et encore une fois, il en était hors de question. Ils sortirent rapidement de la grotte, de nuit, une tempête de neige s'était encore levée, ils refusaient de dormir, le sommeil, ils le trouveraient quand ils seraient morts. Le sacrifice de Kismet et Ludja ne devait pas être gâché par la soif de repos, il fallait avancer, cela faisait trop longtemps qu'ils traînaient et déjà plusieurs personnes devaient être sur place. Le Tigrex les aidait à avancer, ils avaient accroché une corde chacun à son cou et à leur poignet pour être toujours ensemble dans le vent hurlant qui soulevait des montagnes de neige. Pendant une heure, ils avancèrent sans s'arrêter, les genoux tremblant dans la neige, Orion les tirait de plus en plus fort, comme s'il était conscient de l'effort à mettre pour les humains. Ils se mirent derrière lui pour avancer sans forcer dans la neige. Ils virent finalement le bout de leur peine ou au bout d'une deuxième heure où ils étaient plus tirés qu'autre chose. Ils virent alors devant eux un ravin, séparant les plaines volcaniques du palais de glace et de neige. La montagne de feu recrachait encore du magma et la fumée noire s'intensifiait dans le ciel, mais le pire, c'est qu'elle avait crée un micro-climat à son sommet, déversant des orages monstrueux où des éclairs violets brillaient dans le ciel. Le magma avait noirci par endroit et avait totalement modifié le terrain. Si Adamant revenait à l'endroit où il avait affronté Alison, il n'aurait pas reconnu.
- C'est un Akantor qui est à l'origine de tout ça, expliqua Adamant.
- Comment tu le sais ? Demanda Lazulia.
- A vrai dire, je l'ai croisé... J'ai eu un faible détour par là, et je ne suis pas pressé d'y retourner.
- L'Akantor t'a attaqué ?
- Disons qu'il n'a pas vraiment réagi... Enfin, j'ai été plus rapide.
- On raconte que les Tigrex descendent de ces monstres... Ou l'inverse, je ne sais plus.
Adamant regarda Orion qui ne semblait pas très inspiré et emballé de retourner au volcan. Ses écailles avaient beau être solides comme de la pierre, il était extrêmement sensible à la chaleur à cause de ses longues journées en détention et sans contact avec le soleil ou même son habitat naturel. Mais les tigrex sont des wyverns qui s'adaptent aussi bien au climat gelé que désertique, il n'est donc pas rare d'en croiser dans un volcan ou dans un désert, comme dans des montagnes gelées. Lazulia regarda plus bas et vit un passage, il fallait tout de même faire un détour dans cet endroit d'enfer pour pouvoir descendre plus bas, elle montra du doigt un pont naturel qui rejoignait les plaines, ensuite, il faudra passer par les steppes d'obsidienne pour descendre jusqu'en bas. Ils pourraient très bien passer directement en bas, mais la fissure était morcelée de pierres tranchantes et taillées en pique par l'érosion et le sable qui volait en contre-bas. Adamant soupira. Il savait au moins qu'il ne faudrait pas passer par le centre ou même aller au sommet, même si personne ne voulait y aller et que ce serait inutile. Ils se mirent donc à descendre, ils passèrent devant et montrèrent à Orion des plateformes où il pouvait avancer sans craindre d'effondrer le terrain, mais pour simple réponse, il sauta et plana jusqu'au pont naturellement formé de roches qui se tenaient les unes les autres. Lazulia arriva en première et posa le pied dessus, un morceau tomba dans le vide. Elle inspira à fond et mit le second pied. La roche ne bougea pas et elle défila comme une funambule au-dessus du vide, sans jamais regarder en bas, elle posa le pied sur la roche noire de l'autre côté et fit signe à Adamant qui prit son hallebarde pour s'équilibrer. Il était beaucoup plus adroit, mais malheureusement plus lourd, son équipement dépassait de loin celui de son amie. Il sentit alors une petite secousse sous un de ses pieds et la pierre craquer. Il inspira à fond et avança de plus en plus vite, sentant de mieux en mieux les pierres glisser. Il se mit à courir quand il entendit un des plus gros morceaux tomber. Lazulia l'encouragea mais vit alors que le pont s'effondrait. Il sauta au dernier moment, quand tout tomba dans le vide, lançant son arme en première, il atterrit en faisant une roulade avant et regarda derrière lui. Sa camarade lui ramassa sa lance et lui présenta sa main pour se lever, mais il la refusa et se leva seul. Orion frémit et sauta sur place. Adamant le calma en posant sa main sur le museau de la bête et il conclut qu'il fallait avancer.
Les cendres tombaient en pluie sur leurs épaules, déjà, ils avaient les armures et la fourrure de leur accoutrement qui étaient grises, Orion aussi avait pris une teinte grise et noire par endroit, il se secouait de temps en temps pour faire tomber les restes volcaniques, mais ça ne semblait pas partir. Ils avançaient sur les steppes d'obsidiennes beaucoup plus rapidement, mais malencontreusement, ils étaient à découvert, et certains ballons passaient à la recherche désespérée des membres du jeu. Si une chose était claire, c'était que leur petite magouille avait explosé avec l'intervention du Kushala. D'ailleurs, Adamant n'avait pas reparlé du fait qu'il avait recroisé le dragon, il serait peut être pris pour un menteur... C'est alors qu'il se rendit compte de la chance (ou non) d'avoir croisé ces êtres qu'ils considéraient comme semi-divin. Le Gravios titanesque, l'Akantor et le Kushala. Qui, dans un siècle, pourrait croire à ça ? Il n'y croyait déjà pas lui-même. Peut être qu'Aegir ou Katone seraient compréhensifs... D'ailleurs, étaient-ils toujours en vie ? Avaient-ils réussi à s'échapper ou étaient-ils morts sous la torture si on les avait attrapé ? Car désormais, tous les êtres chers à Adamant tomberaient sous le joug des hoplites... Il y pensa longtemps, puis il se fit ramener à la réalité par un mouvement d'Orion qui leva la tête en l'air en montrant les crocs.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Lazulia en voyant le Tigrex grogner.
- Il a senti quelque chose... murmura Adamant, s'ouvrant à tous les bruits autour d'eux.
- On a rien vu dans le ciel... Tu crois que c'est un wyvern...?
- C'est bien possible... Surveille ta g...
Il ne finit pas sa phrase au même moment qu'Orion se tournait en rugissant. Un énorme wyvern argenté se jeta sur Lazulia en rugissant comme un fauve. La jeune chasseuse se fit submerger par la masse, mais le Tigrex la sortit de là en se jetant sur le nouvel arrivant, mais il bondit rapidement en arrière, n'ayant pas réussi à infliger une morsure au monstre. D'ailleurs, ils reconnurent immédiatement ce dernier. Ses deux yeux rouges brillaient, hardant comme deux braises. Lazulia se releva et lâcha un cri de surprise mais peut-être aussi de peur. C'était son traqueur qui était là, le Nargacuga, lui aussi avait prit une teinte grise à cause des cendres, d'ailleurs, là où l'avait attaqué Orion était redevenu noir.
- Comment est-ce possible ? S'écria Adamant. Il n'a pas pu nous retrouver !
- Il me traque, mais là, j'avoue que ça me paraît improbable... Tu crois qu'ils vont nous retrouver ?
- J'en sais rien, mais il faut tuer cette créature ! Profitons de la présence d'Orion !
Le Tigrex rugit et se jeta de nouveau sur le wyvern cendré qui le repoussa d'un coup d'aile, ils virent alors qu'une des lames naturelles normalement fixées sur ses ailes étaient brisés. Il avait aussi de nombreuses écailles brisées et à un endroit, sa carapace avait été transpercé, une plaie saignait encore. S'il était tombé comme Adamant, il avait très bien pu se blesser sur un arbre et prendre la fuite. Mais cette bête dans un volcan, c'était insensé. A moins que le dérèglement climatique en soit la cause, pensa Adamant, la présence de monstres anciens seraient à l'origine du comportement étrange des monstres... D'ailleurs, cela se voyait que le Nargacuga n'était pas à l'aise sur le terrain, ses griffes glissaient au sol quand il sautait et sa queue ne soulevait pas de pierre ou de poussière pour aveugler les chasseurs.
Orion frappa le sol de queue et rugit, il se chargea la bête qui esquiva en bondissant au-dessus de lui. La bête argentée rugit et frappa la queue du Tigrex avec sa lame encore intacte. Elle entama avec fracas la carapace et causa même une plaie. Mais c'était loin d'arrêter le wyvern tigré qui fit un demi-tour en fracassant sa queue contre le bec à croc du Nargacuga. Une des canines vola en l'air et tomba près de Lazulia qui ne savait trop quoi faire, c'était loin d'être un combat où ils avaient leur place. Le monstre bondit sur Orion et le retourna sur le dos, il tenta de lui mordre le coup, mais le Tigrex donna un coup de boule dans la gorge de son adversaire et le repoussa avec ses pattes arrière. Il se redressa et fondit sur sa proie, sonnée. Le Nargacuga reçut l'énorme animal et lui lacéra une de ses ailes avec ses énormes griffes.
Orion se rejeta en arrière pour éviter la queue piquante de la bête noire qui fouetta l'air. Adamant prit l'occasion pour fondre sur le Nargacuga et lui infliger plusieurs coups dans la patte arrière gauche, le monstre se tourna vers lui en feulant et le repoussa avec sa patte. Adamant encaissa le coup grâce à son armure, mais rapidement, il vit que les écailles de blangongas avaient craqué, la panique le prit rapidement, son armure ne tiendrait jamais face à ce monstre, il en avait conscience et allait devoir la jouer très prudent. Il recula pour éviter la queue pointue et se mit à la frapper pour tenter de la couper, il vit que c'était possible quand il trancha une écaille et qu'il y vit la peau derrière, il appela Lazulia qui occupait la bête en lui passant devant les yeux. Elle hocha la tête quand elle comprit elle aussi en voyant la queue déjà blessée. Orion rugit, ce qui fit se boucher les oreilles aux humains, et se jeta encore sur le Nargacuga, mais déjà, il recevait en pleine gueule l'épaisse queue, il tomba sur le côté mais le temps de se redresser, la bête était sur lui, le Nargacuga bondit en l'air et atterrit droit sur les côtes du Tigrex qui couina de douleur, mais il arriva à repousser son assaillant en déployant son aile droit sur l'arcade de la bête. Cette dernière siffla et subit un autre assaut d'Orion qui faillit lui trancher la gorge. Le monstre noir bondit en arrière et rugit, d'un seul coup, ses yeux s'embrasèrent et à chaque mouvement, il était suivi de faisceaux lumineux rouge. Il devint beaucoup plus rapide, plus agile et plus fort, la rage lui conférait une force nouvelle. Très rapidement, Orion fut incapable de le suivre, malgré sa carapace qui minimisait les dégâts, il prenait de très nombreux coups et finit lui aussi par s'énerver, une bave blanche coula de sa gueule et de longues veines rouges se montrèrent sur ses tempes et ses yeux. Il tourna sur lui-même pour repousser une énième attaque du Nargacuga qui ne se fatiguait pas, alors, Adamant se jeta contre son ennemi en criant et tenta de trancher la queue, c'est alors que les pointes sur cette dernière se soulevèrent et qu'il reçut un coup en plein dans le ventre, il était resté accroché au pic, et malgré la douleur, il lâcha son arme et le tint avec ses mains qui se mirent rapidement à saigner. Lazulia se jeta alors sur la queue du monstre, elle aussi en criant, elle frappa avec sa première arme, plus longue, puis sa seconde, plus courte, et elle s'acharna dessus. Evidemment, la bête noire avait plus de force qu'Adamant, il souleva le chasseur en sifflant et le jeta plus loin, Orion suivit des yeux le vol de son maître, puis se mit à grogner plus fort, il fit claquer ses mâchoires, et sans même que Lazulia ne le voit, il bondit sans prendre d'élan.
L'attaque fut fulgurante, même le Nargacuga ne le vit pas venir, les mâchoires du Tigrex s'étaient fermées dans l'épaule gauche du monstre noir, les cendres de son corps se dispersèrent sous le choc, il tentait de se dégager, mais les dents immenses d'Orion étaient coincés et ce dernier commença à tirer la tête en arrière en grognant et arracha une partie de la carapace du Nargacuga ainsi qu'avec, un bon morceau de chair. La bête noir frémit et couina en bondissant en arrière, il n'arriva pas à se remettre sur pied, puis après un effort certain, il se redressa, toutes les écailles dressaient en l'air, telle une armure de piquant, il fouetta l'air de sa queue et bondit sur le Tigrex, puis au dernier moment, il sauta sur le côté, et malgré sa blessure, il rebondit au sol, le wyvern tigré ne comprit pas tout de suite et rugit sous la douleur : Une des lames du Nargacuga s'était fichée dans dos et alors qu'il se débarrassa de son ennemi, il prit un autre coup de queue dans la tête, il recula, sonné, mais ça donna du temps à la bête noire. Lazulia l'empêcha alors de se faire égorger en jetant son arme principale dans la tête de la bête noire. Celle-ci bondit en arrière après un rugissement de douleur, il secoua la tête pour enlever le sang qui ruisselait de son oeil, mais alors il comprit qu'il avait perdu une partie de sa vue, la lame était au sol, la jeune chasseuse pensait pouvoir la récupérer, mais alors, le wyvern noir l'écrasa de sa patte avant, la brisant en mille morceaux. Il frappa le sol de sa queue et se tourna vers la jeune femme dont il ne restait plus qu'une courte lame. Elle se mit à courir, mais très vite, le monstre était sur elle, elle se jeta alors au sol et son assaillant lui passa au-dessus. Elle tenta de se relever, évitant la queue tranchante et ripostant de son unique arme, elle sentit que les tissus de la queue étaient affaiblis, elle recula de nouveau, sauta en arrière pour éviter la lame droite du monstre qui se retournait en faisant un tour sur lui-même avant de reprendre le cap, puis il feula et cette fois-ci, il bondit au corps-à-corps. Lazulia se fit repousser en se prenant la tête du Nargacuga dans le sternum, elle fut repoussée sur deux mètres puis elle mit un genou au sol, la bouche en sang.
Adamant bondit alors en même temps qu'Orion et fut repoussé par son animal qui le bouscula dans son saut. L'animal fondit sur sa proie qui ne le vit pas venir. Le Nargacuga et le Tigrex se prirent alors ensemble et dévalèrent une partie du terrain en roulant, l'un contre l'autre. L'un des deux allaient sortir victorieux, et quand ils se séparèrent violemment, se fut Orion qui resta debout. Il recula en grognant, il était marqué de nombreuses coupures, il secoua la tête et les veines rouges disparurent alors, il ne tint debout qu'un instant avant de tomber sur le côté en couinant, il respirait fort, mais il avait l'air d'avoir tenu le coup. Au lieu de vérifier si le Nargacuga était mort, le numéro XI alla voir son amie qui s'était essuyée le sang de sa bouche et était désormais en train de se soigner avec des herbes médicinales. Adamant avait une ou deux potions dans le sac de l'hoplite qu'il avait volé, ils s'en burent une chacun et se levèrent pour aller voir Orion. Le chasseur soutenait sa camarade en lui passant son bras sous celui de la femme, et elle-même jetant son autre bras sur l'épaule du jeune homme.
- Je vais bien, je suis juste un peu secouée... Est-ce que le monstre est...
- Il faut te donner une autre potion, tu ne tiendras jamais sinon, la douleur risque d'être insupportable.
- Est-ce qu'Orion est en vie...?
- Oui je crois, il est increvable, on le sait bien. Tiens, bois.
Il lui donna un premier récipient qu'elle but avec douleur, mais très vite, elle sentit qu'elle allait mieux. Elle marchait avec mal, mais c'était sûrement à cause du choc, Adamant tomba au sol devant Orion et lui toucha son épais crâne. L'oeil qu'il avait en face de lui s'ouvrit et il vit la pupille dilatée du monstre, ronde et d'un noir profond, pénétrer son corps. Il n'avait jamais senti une telle intensité dans le regard de l'animal, il semblait dire qu'il les avait sauvé et qu'il était content, il souleva son épaisse tête en se retournant sur ses ailes et se remit en position de bond, le Tigrex renifla l'air et montra les dents face au Nargacuga. Les deux chasseurs se retournèrent et virent la bête se redresser en fouettant l'air de sa queue. Il était encore en vie... Et il semblait bien enragé, de la bave coulait de son espèce de bec, il rugit et ses yeux prirent de nouveau la teinte rouge lumineuse. La panthère chimérique se jeta sur le côté et remua sa queue en l'air, tel un lasso, il lâcha une pluie de piquants qui s'écrasèrent autour des deux humains, ils avaient pu les esquiver, mais Orion en sentit un pénétrer son épaule, il recula en gémissant. Lazulia se retourna et lui arracha d'un coup sec. Ses armes n'étaient pas assez puissante pour pouvoir découper la carapace de son traqueur. "Le feu par le feu", fit elle en empoignant le piquant tel un poignard. Le monstre ne se fit pas attendre et bondit en avant, sa lame valide droit devant lui. Adamant se jeta au sol pour l'éviter et se releva en vitesse. Le wyvern noir fit un autre bond sur le côté pour éviter Lazulia et tenta de la mordre. Il était très proche et pouvait bien lui arracher un bras, mais pendant un instant, tout sembla être au ralenti, la jeune femme tourna de trois quarts pour éviter les crocs et de sa main armée du poignard, elle lança son coup, vers l'oeil droit de la bête, elle eut le temps d'une expiration rapide, l'action s'était déroulée très vite, elle planta l'arme dans la tête du monstre qui réagit instantanément en feulant violemment puis en lâchant un rugissement languissant, il recula.
Adamant n'avait aucune idée de comment elle venait de faire ça, même elle regarda sa main en étant surprise, tout s'était déroulé si vite, elle ne prit pas plus de temps pour réfléchir, elle empoigna ses deux sabres et fit virevolter ses lames sur le bec du traqueur. Des étincelles brillèrent, elle rebondissait mais elle continuait ses assauts, puis elle fit une roulade sur le côté, entendant arriver Adamant derrière elle. Le jeune homme, la lance en avant, avait chargé droit sur l'animal qui ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Il atteignit sa cible qui gémit en sentant la hallebarde pénétrer son épaule, laissant échapper une puissante flamme à l'impact. Mais son arme était désormais bloquée. Il recula soudainement, laissant de côté sa lance et regarda au-dessus de lui l'énorme masse se fondre toutes griffes sorties sur le Nargacuga. Orion atterrit en plein dans le dos de la bête noire, l'immobilisa et lui attrapa le cou avec ses deux puissantes mâchoires. Il ne lâcha pas prise tant qu'il ne bougea plus. Puis il se leva, ferma les mâchoires sur la lance d'Adamant et la tira sèchement, puis il la fit tomber aux pieds de son maître, comme s'il s'agissait d'un bâton. Les deux chasseurs n'en revinrent pas, ils tombèrent sur leur derrière et se regardèrent, émerveillés. Evidemment, Orion avait beaucoup joué dans cette chasse, mais il était fou qu'ils aient pu abattre une si puissante créature. Ils se tapèrent dans les mains et laissèrent Orion se couchait au sol, épuisé.
- Il lèche ses plaies pour se soigner ? Demanda Lazulia en voyant le Tigrex faire.
- Oui, j'ai l'impression que c'est pour éviter toute infection. Cela marche du tonnerre, il n'est jamais vraiment blessé, mais à chaque fois, ça se soignait très bien.
- Je vois ça... Et maintenant on fait quoi ? On ne peut pas ramasser le corps du Nargacuga, et les hoplites vont sûrement le prendre pour s'en faire des armes bien puissantes...
- Sauf s'ils font croire que c'est toi qui l'a tué, les Jeux sont encore d'actualité je crois... Je suis censé être mort, mais toi, tu devrais pouvoir avoir ton armure.
- Comment tu le sais ?
- Parce que sinon, il y aurait eu une révolte depuis un moment. C'est à toi de voir, soit on prend le risque... soit on s'enfuie.
- Je sais, tu n'as qu'à partir te cacher avec Orion, tu as bien vu, même dans les grottes, ils étaient venus nous livrer les armes... Ils doivent toujours faire croire aux rois que tout ça est fait exprès. De toute façon, si ça se passe mal, vous n'êtes pas loin, n'est-ce pas ?
- On sera là-bas, l'arme mettra combien de temps à être forgé selon toi ?
- Je ne sais pas, nous verrons bien. Je vais monter sur la colline là-bas et attendre la venue d'un ballon. Il y en a un qui est passé il n'y a pas si longtemps.
- Fais attention à toi.
- Compte sur moi, sourit-elle, je sais jouer avec les hoplites, tu te souviens ? Ils vont complètement s’enrager quand ils me verront dessus. Tant que c’est moi qui suis dessus, ça compte, non ?
Adamant et son Tigrex attendirent donc, surveillant à une centaine de mètres si l'échange n'aurait pas de problème. A sa grande surprise, le ballon arriva en quelques minutes. Il ramassa la dépouille avec un épais crochet qui se planta dans le corps et le souleva en l'air. L'un des hommes avaient donné à Lazulia une fumigène pour qu'il la retrouve quand l'armure serait prête. Une fois partie, elle descendit de la colline et se dirigea vers Orion, camouflé par les cendres sur la roche. Il attendait sagement les ordres en se soignant seul. Le jeune homme glissa de sa cachette dans les ombres et alla voir la jeune femme. Elle tenait le fumigène dans une main, et dans l'autre, une lettre, elle la donna à son ami qui la déplia et essaya de se rappeler comment se lisait certaines lettres.
"Adamant,
Nous sommes en train de nous préparer pour une révolte à l'intérieur de la Cité. Les rebelles savent que ces jeux ne sont pas normaux, mais toute la population pense qu'il s'agit d'un nouveau type d'arène naturelle. Les hoplites nous font croire qu'il y a des frontières à cette "arène", mais nous avons deviné que l'attaque d'un Dragon Ancien n'avait rien de naturel. C'est une chance pour nous tous, ce Kushala n'aurait pas plus mieux tomber. Ils t'ont déclarer mort, mais j'ai été informé par une certaine personne que tu étais encore en train de vagabonder. Le cadeau que l'ont à fait me laisse perplexe, fais attention à toi, et ne t'inquiète pas pour nous. Tant qu'ils feront croire aux Jeux, nous serons sain et sauf.
Katone."
Lazulia confirma qu'Aegis avait écrit une lettre semblable, elles étaient cachées dans le fumigène. Si c'était vrai, la résistance commençait donc à s'activer dans les sous-sols de la Cité, juste sous les pieds des rois. Cela fit sourire Adamant. La menace venait du coeur de leur forteresse. Ce n'était plus qu'une question de temps, il devait à présent informer les rebelles dans le défilé et ils pourraient enfin lancer un assaut. Evidemment, les rois cachaient bien des choses dans leur citadelle, mais ils seraient impuissant face à un pays entier. Enfin, c'est ce que croyait le numéro XI, rien était établi.
Il faudrait peut être une journée pour forger de nouvelles armes avec les composants du Nargacuga. Ils décidèrent de prendre cette journée pour se reposer et rester non loin de là. De toute façon, aucun gros convois ne pourrait traverser l'épaisse fumée noire qui s'échappait du volcan. Tout ce qu'ils espéraient, c'était de ne pas croiser la route d'un Akantor. Ils trouvèrent une crevasse très large et profonde qui s'enfonçait droit dans les steppes d'obsidienne et de pierre, ils se posèrent à l'ombre du soleil terrible et des chutes de cendre. Ils avaient bientôt économiser leurs provisions. Orion peinait à chasser de grosses proies qui étaient très rares et les gorgées d'eau étaient souvent regrettées, par peur de manquer de tout dans les heures qui suivaient. La nuit tomba et ils dormirent l'un sur l'autre, protégés par un Orion roulé en boule et qui ressemblait à un gros rocher gris. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas autant dormi. A l'aube, ils entendirent un ballon d'hoplite survoler la zone à la recherche des gladiateurs survivants. Mais très vite, un wyvern volant rouge les fit s'enfuir, d'un seul rugissement, il avait causé la panique. Ils regardèrent l'animal tourner en cercle comme s'il était le roi des cieux. Il disparut enfin, plus loin, allant vers une fontaine de lave. Orion n'avait pas bougé en le voyant survoler leur crevasse, il voulait sûrement éviter tout combat inutile, surtout qu'il avait prit de nombreux coups sur le combat de la veille et restait tranquille pour se soigner. Ils avaient essayer de lui faire boire une potion, mais ça n'avait pas du tout marché. Puis d'un coup, le monstre leva les oreilles et se leva en reniflant l'air, il bondit sur un rocher et regarda en contre-bas, il vit un troupeau de kelbis, de petit caprins à deux cornes, plus longues pour les mâles que les femelles, avec une fourrure grise à rayures blanches. Ces mammifères devaient sûrement passer rarement dans le coin car ils ne se méfiaient pas du tout de ce qu'il se trouvait au-dessus d'eux. Ils gambadaient rapidement, mais pas assez vite pour échapper à Orion qui bondit et en fit tomber deux. Les autres s'enfuirent en émettant de petits bruits aigus. Il ramena le premier corps pour les chasseurs et dévora le second seul dans son coin, prenant le soin de ne laisser rien derrière lui, pas même des os. Il finit pas se recoucher en soupirant bruyamment.
Ils finirent leur petit déjeuner en prenant soin de garder de la viande sur eux et laissèrent les os à Orion qui se fit une joie de les croquer. Puis ils se levèrent, apparemment, le même ballon que la veille s'approchait... Lazulia se dirigea vers la même colline et ouvrit son fumigène. Une boîte fut livrée par le biais du crochet. Elle attendit que le ballon s'en aille et elle fit signe à Adamant une fois qu'il s'était suffisamment éloigné. Il scruta le ciel pour voir si personne ne les surveillait, mais même Orion faisait le guet, alors il joignit sa camarade qui ouvrit le coffre et en sortit une armure complète. Elle tira en premier le casque, qui pouvait ressembler à un heaume en cuir, mais dont l'arrière était recouvert d'une chevelure de piquants noirs, et que le cuir était celui du monstre qu'ils avaient tué. L'armure quant à elle, semblait impénétrable. Lazulia retira son ancienne armure bleue et enfila d'abord les tassettes, puis la taille, elle s'attacha le plastron et enfila les gantelets terminés par des griffes et mit la main au casque mais Adamant fut plus rapide, il le souleva, le tourna pour le regarder et sourit à la jeune femme qui baissa la tête et il lui posa délicatement. On aurait dit que ces cheveux s'étaient transformés en énormes pointes brillantes. Elle fit quelques mouvements, tout était en ordre et rien ne semblait la gêner. Elle fit deux ou trois roulades et se releva, comme si elle revivait. Elle regarda ensuite son ancienne armure et fit le lien avec son camarade. Il y avait peut être moyen d'en faire quelque chose, sourit-elle.
Re: Les Dés du Wyvern
Très bon chapitre, me tarde de voir ce qui s'passe actuellement dans ce freakin' défilé è_é enfin bon courage à toi pour la suite =)
sabertiger- Nombre de messages : 1279
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Re: Les Dés du Wyvern
Salut! Je voulais juste savoir si tu avais l'intention de reprendre ta fic.
Bon courage.
Bon courage.
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Re: Les Dés du Wyvern
Salut ! Bonne année à vous!
Oui je compte bel et bien la reprendre. Je suis déjà en train d'écrire le dernier chapitre de la partie 2. J'en suis à un tier, ça va prendre un peu de temps mais le projet n'est pas annulé !
Oui je compte bel et bien la reprendre. Je suis déjà en train d'écrire le dernier chapitre de la partie 2. J'en suis à un tier, ça va prendre un peu de temps mais le projet n'est pas annulé !
Re: Les Dés du Wyvern
Yo ! Deux mois plus tard voilà le résultat ! Oui, ça fait un moment,comme d'hab, mais pas d'inspi... tout ça, le boulot aussi, et surtout le RP bouffe un temps monstrueux. J'aimerai pouvoir finir cette fic avant d'entrer en études supérieures, vraiment.
Bon, je vus laisse profiter, la suite risque de sortir un peu de Monster Hunter, mais ne vous en faîtes pas, ça restera fidèle à l'univers
La nuit se leva et avec elle, les trois compagnons. Le Tigrex se leva et s'étira en baillant, dévoilant des crocs aussi grand que les poings de Lazulia. Cette dernière tenta de caresser le museau du monstre mais celui ci grogna, apparemment nerveux, il reniflait avec fureur l'armure de la chasseuse et montrait les dents. Pourtant, il comprit rapidement qu'elle ne lui ferait pas de mal, même si elle revêtit la peau du Nargacuga. Une brume étrange se leva sur les plateaux du volcan. Comme si les cendres s'étaient élevaient. Une lueur rouge brillait depuis la montagne en flamme, donnant un aspect fantomatique à l'endroit. Ils marchaient prudemment à travers ce brouillard, perdant tous leurs sens. Orion les talonnait de près et semblait encore plus nerveux. Ils approchèrent alors d'une rivière de lave qui brillait doucement. Adamant décela un mouvement, mais il ne vit rien en s'approchant. Prudemment, il tira sa lance de son dos et la prit contre lui. Il ne voyait rien à part la lueur orange de la lave... il vit alors un nouveau mouvement dans le flux. Il baissa les yeux et vit passer un aileron hors du liquide. Il s'éloigna vivement du bord et appela Lazulia qui vint se mettre derrière lui, prête à se défendre. Un autre aileron brisa la surface avant de replonger. C'était sûr, quelque chose nageait là dessous. Orion racla ses griffes en grognant et leva la tête vers la lave. Cette fois-ci, ils virent un corps énorme monter à la surface et redescendre immédiatement ensuite, ils ne purent apercevoir que des écailles rougeoyantes. La jeune femme entendit un craquement et leur fit signe de reculer immédiatement. Ils n'attendirent pas un second signal pour se reculer, le Tigrex se fit tirer par son maître, il fixait la lave, alerté. Puis ils virent un énorme animal surgissant du liquide embrasé, ne laissant paraître que sa tête et la base de son coup. La bête avait une tête ovale, incrustée d'écailles grises cendres et rouges par endroit, avec deux voiles de chaque côté de la gueule. Une gueule qui accueillait d'ailleurs des lames de couteau à la place des dents, espacées entre chacune. Ses lèvres étaient d'un marron sombre et relevées pour montrer ses dents. Il avait de petits globe blancs dépassant du crâne, faisant office d'yeux.
La bête regarda autour d'elle et fixa les chasseurs. Il ne fit rien de plus que de s'immerger sous la lave en silence. Lazulia s'approcha d'un pas pour s'assurer que la bête ne revienne pas et en effet, elle s'écarta en silence. Ses ailerons dépassaient de la lave. Elle soupira de décontraction, puis d'un coup, elle hoqueta. Ce n'était pas un ou deux ailerons qui tranchaient la lave, mais des dizaines qui se déployèrent à la surface. Les créatures zigzaguaient dans la lave, elles étaient bien une vingtaine à se suivre, elles remontaient la rivière vers la source du volcan. "Une migration..." souffla Adamant, regardant bouche bée les énormes poissons, s'il pouvait les appeler ainsi, se lover les uns contre les autres comme un banc de requins de plusieurs mètres de long. Ils disparurent alors de leur vue. Rassurés de les voir s'éloigner, les chasseurs continuèrent leur route en veillant bien à s'éloigner le plus possible des rivières.
Ils traversèrent les steppes de magma en un temps record. Ils ne s'étaient pas arrêtés une seule fois et aucun monstre n'avait daigné les attaquer. Pourtant, ils ne se sentaient pas en sécurité. Le calme régnait sur le volcan, à l'exception de leur gargouillement constant, les terres restaient silencieuses et la lave s'écoulaient lentement. Orion reniflait nerveusement vers le sommet de la montagne, comme s'il craignait un éboulement massif ou encore un prédateur plus fort que lui. Cette idée ne réjouissant pas Adamant, il se tenait près de son Tigrex prêt à attaquer. Lazulia avait constamment la main sur son arme de droite, de peur de tomber sur quelque chose de gros. Ils entendirent à un moment quelque chose qui roulait bruyamment, mais très vite, le chaos se tut. Le jeune homme se mit en arrière, la fumée devenait de plus en plus épaisse ici et ils n'étaient pas à l'abris de se faire prendre par surprise.
Ils arrivèrent au pied du sommet. Lazulia leva la tête et vit le volcan crachait encore une volute de fumée en grondant. "A partir de là, il va falloir faire attention aux chutes de pierre..." commença-t-elle à expliquer, "mais le pire, c'est de faire attention aux précipices, il y a des fosses, là où les plaques s'éloignent et laissent place à des rivières souterraine de lave." Adamant opina et se mit à avancer, Orion posait le museau au sol pour renifler par moment, il dénichait les endroits stables et pour montrer que rien n'était dangereux, il marchait devant, son poids énorme ne faisant pas trembler le sol. Les deux humains le suivaient de près, de peur de tomber si le sol s'affaissait. Ils n'entendaient rien à part le bruit de la lave... et pourtant, Adamant perçut un bruit.
D'abord, Orion leva la tête et renifla longuement. Puis il se tourna vers une arche d'obsidienne et s'approcha en grognant. Lazulia ne comprit pas de suite pourquoi ses deux compagnons changeaient de cap, et pour le coup, elle aurait préféré continuer tout droit. Mais dès qu'elle vit l'arche, elle se stoppa net.
Pendu par un fouet épineux, le jeune Edward -ou plutôt, ce qui en restait-, était inerte. Il balançait timidement de gauche à droite. Adamant ravala un haut-le-coeur et remarqua le fouet épineux. Il sortit son arme et s'apprêta à se battre. Lazulia resta impassible, elle se concentra sur ce qui l'entourait. Un rire malsain retentit tout autour d'eux. C'était le rire d'une femme qui glaçait le sang du jeune homme. Il essaya de localiser Alison, mais ne la vit pas. Orion pourtant, tourna la tête à l'exact endroit où elle se tenait, il se prépara à bondir, attendant le signal de son maître. Alison s'approcha en fouettant l'air, ainsi, elle avait gardé son ancienne arme et en avait fait une nouvelle, elle attrapa la cheville restante d'Edward et le tira au sol. Il tomba dans un bruit sourd, pas une plainte, il était sûrement mort. Elle ramassa le fouet qui tordait le coup du garçon et le fit claquer avec vigueur dans l'air.
Alison s'approcha du groupe en souriant comme une démente :
- Ainsi donc, c'est vrai, tu as dressé un Tigrex. J'imagine que la soumission, ça te connait. Eh bien ça tombe bien, je suis la maîtresse à présent.
- Espèce d'ordure, qu'as-tu fait à ce pauvre garçon ? S'écria Lazulia, gardant son calme comme elle le put.
- J'ai fini le travail d'Adamant, et pour ainsi dire, il était déjà à moitié mort quand je l'ai récupéré. Il nous a trahi alors il a payé le prix. Mais ne t'inquiète pas, il a moins souffert que ce que tu vas endurer, petite sotte.
- Attendez. Comment as-tu su que nous passerions par là ? Intervint Adamant.
- Rien de plus facile. C'est le seul itinéraire pour aller au défilé, répondit Alison.
- C'est donc un piège...
- Non. C'est l'un des pièges. Il y en a tant d'autres... Continuez de jouer les héros et bientôt, vous nous appartiendrez tous de nouveau...
Sur ce, elle fit claquer ses deux fouets et s'attaqua au groupe. Orion bondit sans crier gare, mais la femme glissa au sol et l'évita alors. Elle tendit son bras et le fouet suivit comme l'extension de sa volonté. Il frappa Lazulia au bras, lui laissant un énorme bleu sous l'armure. Alison se releva en une acrobatie et fit un mouvement circulaire de son autre bras, les épines claquèrent près d'Adamant qui faillit lâcher son arme d'effroi. Il avait eu l'impression d'être touché. Il tenta d'attaquer la femme, mais sa lance passa sous le bras de son ennemie. Cette dernière lui envoya un coup de pied dans le visage. Il recula, sonné, Orion revenait à la charge, cette fois-ci, la femme lui fit claquer ses armes sur le museau, l'obligeant à reculer, il lâcha un petit cri plaintif et recula. Elle frappa de nouveau Lazulia qui ne pouvait rien faire face à ses armes et ne s'arrêta que lorsque la jeune chasseuse tomba à terre, tremblante sous les coups que lui assénait Alison. Elle fit ensuite claquer les fouets dans l'air, en s'approchant du Tigrex qui gémissait à chaque son. Adamant comprit qu'il se souvenait sûrement de sa cellule et les fouets avaient du le marquer. L'animal se coucha à terre, le museau sous ses pattes implorantes. Le chasseur cria de rage et se précipita sur Alison. Elle n'eut aucun mal à le mettre à terre : Elle lança son fouet contre son visage, mais cette fois-ci, il bloqua avec le manche de sa lance. Elle tira d'un coup, emportant alors l'arme. Puis elle lui envoya un coup du fouet épineux entre les deux yeux. Il s'écroula, se sentant très lourd d'un coup. Elle s'approcha de lui en ricanant. Puis elle s'agenouilla sur lui, ses jambes encadrant le buste de sa victime. Adamant tenta de bouger, mais ses bras le picotaient et il avait des fourmis dans les jambes. Il comprit que l'arme était empoisonnée. Il ne put rien faire, impuissant, elle lui retira son masque en se léchant les lèvres. Puis délicatement, elle posa ses doigts sur la marque qu'elle lui avait fait à la joue. "C'est resté, n'est-ce pas? Mais ça te va si bien..." marmonna-t-elle. Elle posa ses mains contre le torse du jeune homme et serra l'armure sous ses fines mains.
Le jeune homme ne sentait pas son corps s'allégeait. Lazulia ne bougeait pas non plus, était-elle tout aussi paralysée que lui ? Il tenta de parler, mais sa langue était pâteuse et il ne pouvait pas dire un seul mot sans baver. Alison lui essuya la bouche en souriant.
"Un mélange entre des glandes de khezu et des crocs de genpreys... C'est puissant n'est-ce pas ? Non, tu ne pourras pas bouger d'ici quelques minutes... le temps pour moi de profiter de ton impuissance. Les Rois m'ont demandé de t'accorder une deuxième chance. Apparemment pour eux, tu es précieux. Tu peux cligner des paupières, alors disons que si tu clignes deux fois d'affiler, ça veut dire oui. Vas-tu prêter allégeance aux Rois que tu as trahi ?"
Adamant ne cligna pas des yeux. Il se prit un coup de poing dans la mâchoire qu'il lui fit voir des étoiles.
"Idiot, je vais répéter ma question... Soit tu dis oui et ta copine a le droit à une mort rapide, soit tu dis non et je lui fais endurer devant toi les pires souffrances que tu puisses imaginer. Et crois-moi, j'ai largement de quoi puiser dans mon imagination. Regarde autour de toi... Des cailloux, de la lave, des plantes tranchantes... vos armes et le Tigrex. Vraiment, il y a de quoi faire."
Le jeune homme regarda Orion du coin de l'oeil, il bavait énormément. Le poison devait lui aussi l'affecter, mais pourtant, elle ne l'avait touché qu'une fois. Alors qu'attendait-il pour agir ? Alison lui caressa le visage.
"Tu ferais un bon roi. Je serai ta reine. Et tu serais en vie, pas comme ta soeur que l'on enverrait au trou et où elle perdra peu à peu la raison. Finalement, le mieux est de mourir plutôt que de rester enfermer dans une cage, tu ne crois pas ?
- Tu..... tue..... bégaya Adamant.
- Qu'est-ce que tu essaies de dire Roméo ? Que je serait la plus belle femme que tu puisses avoir ? Et non pas cette idiote de Lazulia ? Elle ne vaut rien, elle se sert uniquement de toi pour pouvoir arriver saine et sauve au défilé, elle pourrait bien sacrifier ton tigrex pour ça...
- Tue m-moi, arriva à dire le jeune homme. Pas... de... cage...
- Non mon beau, tu m'appartiens désormais, et je peux faire ce que tu veux de ton corps."
Alison glissa ses mains au niveau du bassin du jeune garçon et vint lui attraper les mains après un court instant. Il n'arrivait même pas à bouger un doigt. Parler avait été un effort hors du commun. Il voulut fermer les yeux, mais ils restaient braquer sur le visage d'Alison pendant qu'elle lui faisait grimper ses mains contre sa propre poitrine. Elle ferma les yeux d'extase.
"Finalement, on est mieux comme ça... plutôt que dans un palais. On pourrait se cacher là. Vivre seuls."
Lazulia fit un mouvement, du coin de l'oeil, Adamant la vit, elle arriva à ramener ses jambes contre elle. Elle semblait puiser dans ses forces les plus profondes pour se tirer de la paralysie. Le Tigrex grogna, mais Alison ne fit pas attention, elle continuait de parler et d'imaginer une vie sans aucun problème. Une vie où elle serait maîtresse de tout ce qu'elle voudrait. Y comprit d'Adamant. Ce dernier voulut parler, mais elle lui posa un doigt sur la bouche. Elle lui chuchota quelque chose, l'instant d'après, Lazulia lui fracassa un rocher dans la tempe. Alison roula au sol et se releva immédiatement, le sang coulant de son visage. Elle mit les doigts dessus et voyant le liquide rouge, elle lâcha un hurlement déchirant. Ses lèvres rouges frissonèrent et elle reprit ses fouets. "Maintenant !" s'écria Lazulia en levant le bras vers elle. Orion s'élança comme il le put et fit reculer Alison d'une roulade, elle se releva et se remit à parler tout en continuant de reculer, mais sans les quitter des yeux :
"Vous serez à moi ! Vous comprendrez que vous auriez du me demander clémence plutôt que de me traiter de la sorte ! Je vous pèlerai comme de vulgaire pomme de terre... et du sel je verserai sur vos plaies ! Tu m'entends Adamant ? Sur tes..."
Sa phrase se finit sur un hurlement alors qu'elle glissa dans une fosse. Ses doigts s'accrochèrent à la paroi rocailleuse et elle enfonça ses ongles dedans, très vite, ils se mirent à saigner. Elle hurlait comme elle pouvait, telle une banshee qui maudissait les vivants. Lazulia s'approcha en titubant et posa son pied sur ses doigts. Alison la regarda, une lueur de folie dans les yeux. Elle l'insulta. Ce fut si vulgaire que Lazulia lui cracha au visage et lui écrasa la main. Alison tomba dans un nouveau cri et quelques secondes plus tard, Adamant n'entendit plus que la lave qui se mouvait.
Orion renifla le visage de son maître et se mit la le lécher au niveau du front, là où le fouet avait claqué. Il sentit la langue rapeuse lui nettoyer le sang et le poison. Quelques secondes plus tard, Adamant put enfin bouger son bras en grognant, puis grâce à l'aide de Lazulia, il se leva, elle le mit sur le dos du Tigrex qui courba le cou pour qu'il puisse bien s'installer. Il était encore un peu sonné, il demanda tout de même ce qui venait de se passer, de peur d'avoir rêver les dernières minutes. Pour preuve des faits, Lazulia lui montra le sang qui coulait de sa main, là où le fouet avait déchirait la peau. Puis une autre marque sur son armure où les épines avaient tenté d'attaquer la carapace du nargacuga.
- Tu... tu lui as vraiment écrasé la main ? Demanda Adamant, inquiet du comportement de son amie.
- Ce n'est pas comme si elle ne le méritait pas, arrête, ne me fais pas croire qu'elle méritait la moindre pitié.
- Tu lui as craché dessus et tu l'as fait tomber dans la lave !
- Et alors ? Si elle en avait l'occasion, crois-le, elle l'aurait fait !
Lazulia montra du doigt le corps d'Edouard. Adamant détourna le regard, se souvenant d'un coup du sort du garçon. Orion leva la tête et renifla l'air, il abaissa ses espèces d'oreilles et montra les crocs, en direction de la lave. Puis sans se faire attendre, un tremblement secoua la plateforme où il se trouvait. Lazulia tomba sur le côté et se releva en titubant, se demandant d'où venait le mouvement. Puis derrière eux, une plaque se souleva et quelques pics rasèrent la surface, des pics que le jeune homme connaissait pour les avoir déjà vu de près. Il hurla à sa compagnon de monter sur le Tigrex mais il n'était pas assez grand pour les tenir les deux. La jeune femme tapa la cuisse du monstre qui se mit à fuir, elle le talonnait, courant comme elle le pouvait, essayant d'oublier les dommages que lui causait le poison. Ils entendirent un grondement puis un geyser de lave exploser derrière eux, puis ils perdirent peu à peu l'ouïe dans le traquenard qui se passait au volcan. Ils passèrent sous une arche d'obsidienne et s'arrêtèrent à un tournant, en sécurité. Orion s'écrasa littéralement au sol lorsqu'il se tordit la patte et son cavalier bascula en avant, embrassant lui aussi le sol. Lazulia bondit d'un rocher et tomba elle aussi, elle n'avait pas vu la fosse entre son rocher et le sol. Elle se releva en secouant la tête, encore consciente, puis elle se laissa tomber sur le côté, suffocante. Adamant s'extirpa d'un buisson d'herbes mortes et s'élança vers la jeune femme qui toussait fortement, relâchant les poussières qui s'étaient accrochées à ses poumons. Quand sa toux s'arrêta, elle regarda le jeune homme puis le Tigrex qui se relevait doucement, en grognant. Il se remit sur ses pattes et se tourna vers l'endroit d'où ils venaient, il renifla l'air et parut soulagé, il se coucha, le museau reposant à même le sol, la langue légèrement sortie.
"Visiblement, il n'y a plus de danger", murmura Adamant en se laissant tomber en arrière. "Cette chose, c'était l'Akantor ?" demanda Lazulia, perturbée. Le jeune homme ne répondit pas, visiblement, la réponse était claire. Il avait du être attiré par les bruits ou encore la chute d'Alison. Qu'importait ce qui l'avait amené, mieux valait avoir fui que d'être resté une seconde de plus. Il se releva en dodelinant de la tête, encore engourdi, il arriva à un monticule de lave refroidie, bien qu'émettant encore un peu de chaleur et il se pencha vers le vide. Il vit alors la plaine de la Cité, les pics tranchant de la Crête du dragon, qui était une suite de rocher tranchant rappelant le dos d'un monstre enfoui. Il ne voyait pas la ville, un brouillard s'était levé et il ne voyait pas plus loin. Il vit aussi au loin les montagnes qui bordaient la plaine, alors il comprit qu'ils étaient proches du défilé. Il s'approcha d'un autre monticule pour mieux regarder et c'est alors qu'il vit la fosse où il devait aller avec Lazulia. Ils y seraient dans la journée, bientôt.
S’ils voyaient le défilé et qu’ils avaient hâte de le rejoindre, ils ressentaient pourtant un besoin pressant de le fuir. Cet endroit était loin de leur aspirer confiance, de plus, le Tigrex semblait lui aussi réticent à approcher cette fissure gigantesque. Un guet-apens pouvait très bien les attendre et ils savaient qu’on les attendrait. Pourtant, si les rumeurs disaient vraies, la résistance était là-bas, mais comment savoir si tout irait bien une fois qu’ils l’auraient passé ? Adamant avait désormais toujours son hallebarde de sortie pour éviter de perdre du temps avec des monstres qui voudraient les attaquer, étrangement, l’odeur du sang sur l’arme dissuada plus d’un carnivore, à moins que ce ne soit la présence de l’énorme wyvern à ses côtés. Orion reniflait une piste depuis qu’ils avaient quitté la plateforme, il la suivait comme si elle menait à un tas d’os… « Si on pouvait éviter de tomber sur un tas d’humain… » pensa le jeune homme en voyant comment la piste se rapprochait, à chaque pas, le Tigrex grognait de ce qui semblait être de l’effroi. Ils arrivèrent à la fin des steppes magmatiques, enfin, ils virent de près leur objectif. Il n’y avait personne qui les attendait devant, pas la trace d’une seule créature vivante. Orion se mit à gratter le sol nerveusement, sentant rapidement les plantes alentours, il se mit à émettre de faibles rugissements inquiétants. Lazulia se baissa et regarda les deux énormes falaises qui se faisaient face. « Si je me souviens ce que m’a dit Aegir, au-delà de ce passage, on peut atteindre les plaines du Nord, c’est l’endroit le plus près de la frontière selon lui, il y a la rivière, la Clarté, qui puise sa source là-bas. Il y aura sûrement de quoi manger et boire, il faut tenir encore un peu et ne pas s’arrêter » expliqua Lazulia. La Clarté était la rivière qui passait près de la Cité des Rois, ils avaient fait construire un moulin et tout un tas de mécanisme pour alimenter la ville. Apparemment, à part un ou deux poissons géants, cette rivière était tranquille et l’eau pure, c’est d’ailleurs pour cela qu’on l’appelait la Clarté. Adamant opina, il fallait faire vite, ils avaient vu passer au loin un ballon et pour une fois, il s’approchait de la Cité, il revenait sûrement apporter des nouvelles. En tout cas, il venait du défilé, c’était sûr.
Ils descendirent la pente avec beaucoup de mal, en effet, ils avaient faim, terriblement soif et en plus de cela, Orion avait du mal à descendre et ne semblait pas disposer à entrer dans le défilé. Et il ne fut plus seul. Quand ils arrivèrent en face, ils se stoppèrent de peur. C’était les falaises les plus hautes qu’ils n’avaient jamais vu. Elles s’élevaient sur une centaine de mètres, les parois étaient lisses vers le bas, mais plus on prenait de hauteur, plus elles étaient édentées et fragiles. L’érosion et le vent les avaient meurtries et les avaient rendues très facilement cassable. Ils le comprirent vite quand un rocher se décrocha de la paroi et tomba au sol, se fracassant littéralement en mille morceaux. L’un des soucis principaux d’Adamant fut qu’il avait peur que le défilé ne soit pas assez large pour faire passer Orion, mais il y avait juste assez de place pour faire passer deux carrioles. Il inspira profondément. Il regarda Lazulia et comprit qu’elle-aussi craignait une chose : On ne voyait pas la fin du défilé, donc, on pouvait très bien les attendre au bout. Et tout ça aura était vain. Tout ce voyage, ces découvertes, ces combats auraient été futiles et bien des gens seraient encore en vie. Du moins, c’est ce qu’il voulait penser. Il ne pouvait imaginer ce qu’il se serait passé si le Kushala n’avait pas attaqué l’arène. Mais d’un autre côté, il n’aurait jamais vu de monstre tel que ce dragon. Pas d’Akantor, de Zinogre, de Nargacuga, de Barroth des glaces comme l’avait monté Mijolnir et Mikhailov. Enfin, peut être les aurait-il vu, mais jamais d’aussi prêt et non pas dans une arène où la seule issue était la mort. Il aurait vu Orion, c’était certain car c’était son traqueur… Sauf que l’un d’eux serait mort à l’heure qu’il était. Il inspira de nouveau et posa sa main sur le flanc gauche du monstre. Ce dernier semblait très nerveux et gémissait. C’était le moment qu’ils avaient tant attendu et ils ne bougeaient pas.
C’est seulement quand Adamant fit tomber sa hallebarde au sol qu’ils sortirent de la torpeur. Le bruit du métal cogna contre les parois et l’écho fit son travail. Le son leur revint comme un boomerang et Lazulia le regarda surprise. Il ramassa son arme en s’excusant, mais elle ne dit rien, elle mit sa main dans la sienne en silence et se mit à avancer. Adamant attrapa l’oreille du Tigrex et le tira gentiment, l’incitant à suivre. Ainsi, ils se sentaient unis et étaient reliés non pas par une corde mais par eux-mêmes. Chacun ressentait la peur de l’autre, leur souffle se rejoignait, leurs yeux regardaient dans la même direction. Ils se mirent en marche, Lazulia regardant droit devant elle tandis qu’Adamant surveillait le sommet des parois qui s’effritaient. Le Tigrex peinait à avancer et faisait fouetter l’air de sa queue, montrant les dents à des entités invisibles pour les humains. Adamant le remarqua et demanda à Lazulia :
- Tu crois qu’il voit des choses que l’on ne perçoit pas ?
- Je pense surtout qu’il n’est pas rassuré à cause de la pression de l’air… On dirait que tout va exploser, répondit-elle.
- Je le sens aussi… C’est sûrement parce que l’on est très à l’étroit ici… Enfin, pour lui surtout. (il y eut un silence dans lequel ils regardèrent un rocher tomber au sol) Tu crois que quelqu’un nous attend au bout ?
Elle ne répondit pas, il baissa la tête et fit la moue. Au fond d’eux, c’était sûr. Mais ils ne voulaient pas se l’avouer, ils ne sauraient pas comment réagir alors qu’ils pourraient prévoir un millier de plans pour contrer une attaque quelconque mais le stress les avait submergés. Le vent chuchota dans les parois meurtries et se faufila entre eux, les frappant d’une brise qui parut brulante sur leur visage fatigué. Adamant avait les mains moites et son arme pendouillait mollement au bout de son bras. Il regarda la main blanche de Lazulia dans la sienne et sourit, au moins, ils étaient ensemble pour la fin du voyage. Il pressa ses doigts contre ceux de la jeune femme qui lui sourit. Mais derrière ce bonheur éphémère, il y avait la peur, elle tenait de son autre main une de ses épées et tremblait. Cela faisait bien un quart d’heure qu’ils marchaient et pourtant, ils avaient l’impression que ce fut interminable. Enfin, ils virent la lumière du soleil couchant s’introduire entre les falaises droit devant eux. Aveuglés, ils s’approchèrent en se protégeant avec les bras. Puis le Tigrex cabra en rugissant, les faisant sursauter si haut qu’ils se lâchèrent mutuellement. Les yeux du wyvern se mirent à rougir et des veines rouges palpitèrent sous ses arcades. Adamant tenta de le calmer puis il entendit Lazulia crier, ainsi, il comprit. Il comprit que son rêve avait vu juste. Celui que l’on nommait l’Akantor se tenait devant eux, tenant son immense épée à une main, de l’autre, il tenait une énorme chaîne brisée. Il était droit et ne bougeait pas un seul instant, la tête baissée, comme s’il dormait. Lazulia prit sa deuxième arme en main et il leva les yeux vers eux, les glaçant dans l’effroi. Il leva sa main armée et frappa contre le mur, faisant rugir les falaises. Des rochers se mirent à tomber en grand nombre. Ils durent en esquiver un énorme, les projetant en avant.
Adamant se releva en toussant, un nuage de poussière s’était en même temps soulevé lorsque le rocher s’était éclaté au sol. Il s’aida de son arme pour se lever et regarda l’Akantor, toujours à la même place, les attendant. Le jeune homme regarda derrière lui et vit qu’ils étaient bloqués, à moins d’escalader, par de gros rochers. Lazulia le regarda et lui dit « On ne peut pas l’affronter, il va nous découper, son arme est tellement grande qu’il nous atteindrait quel que soit notre chemin. Il faut passer le plus vite possible… Il faut forcer le passage, à deux. Avec un peu de chance, il n’en visera qu’un et à ce moment là, il devra esquiver… » à sa voix, elle savait qu’elle serait viser en priorité. Il y a un moment que ce monstre les recherchait, depuis le début du voyage, dans la forêt de leur village, ils l’avaient croisé. Adamant inspira à fond. C’était la seule solution, il n’avait aucune autre solution. Il réfléchit à toute vitesse mais Lazulia partit en courant droit sur l’homme en armure. Elle rangea même ses armes pour aller plus vite, son armure était si légère qu’elle ne semblait pas le moins du monde gênée. Ce n’était pas le cas du jeune homme ; il inspira à fond et la talonna. Orion rugit encore et se mit à charger et pour une fois, Adamant eut peur de lui, il avait l’air si féroce et prêt à l’écraser… Ce qui le fit courir plus vite. Lazulia arriva près de l’Akantor, un instant, elle s’arrêta, puis fit un saut périlleux au-dessus de la lame du démon plantée dans la paroi. Pas un instant il ne bougea. Adamant cria intérieurement de joie, mais son tour approchait quand il sentit une énorme masse d’air se soulever au-dessus de lui. Il s’arrêta presque quand il vit Orion lui passer devant et sauter au-dessus de l’Akantor. Même lui ne voulait pas se battre. Il ne restait que les deux hommes, face à face, Lazulia s’arrêta et s’apprêta à attaquer le démon par derrière quand il fit un geste de son autre main, la mettant en garde. Le Tigrex atterrit lourdement au sol et se mit à les regarder en gémissant.
Il expira et reprit sa course, calculant tous les angles où pouvait frapper l’Akantor quand il vit une fenêtre, il s’apprêta à bondir quand le démon écrasa son épée à l’exact endroit où il voulut sauter. Il se stoppa net et tomba en arrière après avoir glissé. Il était terrifié. Face à un titan, il tremblait et pleurer presque. Il avait vu de quoi cette arme était capable. Une part de lui réussit à saisir son arme et à la pointer vers le monstre en armure. C’est alors que ce dernier se mit à rire. Ce fut affreux à entendre, on aurait dit le rire d’un monstre venu des pires cauchemars d’Adamant. Il souleva son arme et Adamant se protégea machinalement, quand il vit que c’était pour dégager le passage, il ne bougea pas plus. L’Akantor avait les yeux brillants comme deux torches, son armure lui faisait une énorme mâchoire garnie de crocs, elle sembla bouger quand il parla : « Pauvre enfant, je pourrais en finir immédiatement avec toi mais j’ai comme l’impression que l’on s’amusera plus tard, tous les deux. Lève-toi. » Adamant ne bougea pas, figé par la voix aussi terrible que le cri. « LEVE-TOI » rugit le démon en armure. Le jeune homme s’exécuta en tremblant et en pointant son arme. « Maintenant passe. Allez, dépêche-toi avant que la falaise te tombe dessus, minus. » Le jeune homme marcha en tremblant et arriva près de l’arme gigantesque qui semblait le narguer de sa puissance. L’Akantor ne bougea pas, il y avait suffisamment de place pour que le numéro XI passe en se collant à la paroi. Son cœur tambourinait sa poitrine et semblait sur le point d’exploser, il avait les larmes aux yeux mais ne dit rien. Il rasa la falaise en tremblant encore plus et en gémissant. Le regard le suivait et ça le terrifiait, il pouvait se faire empaler en un instant. Pourtant l’armure ne bougea plus, comme si ce qui l’habitait était parti. Il dépassa les épaules de Dracir l’Akantor. Il continua de marcher en le regardant puis il se tourna bêtement. Il sentit alors un mouvement et sentit que c’était trop tard pour esquiver… Mais il ne s’attendait pas à devoir affronter les mots : « Tu n’es qu’un lâche, un minus, un raté. Tout comme ton Tigrex, je te tuerai. Tu vas te faire marcher dessus et écraser si fort qu’il ne restera rien. Va pleurer dans les bras de ta gamine et ne revient pas me voir car tu ne seras jamais un homme pour m’affronter, ne joue pas les durs, personne n’y croit. J’ai vaincu un dieu, souviens-toi s’en. »
Adamant ne s’était même pas retourné tellement la peur l’avait foudroyé. Il relâcha ses larmes et serra les poings. Il entendit les lourds pas de l’Akantor s’éloigner vers le défilé. Orion rugit comme si c’était lui qui l’avait fait fuir puis s’assit et pencha la tête quand il vit Adamant tomber au sol. Lazulia aussi tomba à genou et marcha à quatre pattes vers son ami en pleurant aussi. C’était de loin pire que de mourir sur le coup pour le numéro XI, tant de vérité avait jailli qu’il était incapable de tout ingérer sur le coup. Il essuya ses larmes et hurla de désespoir. Lazulia se mit à côté de lui et plaça une main sur son épaule, elle parla, mais il n’entendit rien. Il racla le sol de ses mains crochues par son armure et se jura qu’il viendrait à bout de ce monstre.
Il entendit enfin Lazulia : « … te laisser sombrer. Nous avons vu un vrai Akantor de près et avons survécu, c’est un signe. On le tuera nous-même et on entrera dans la légende. »
Il fallut du temps à Adamant pour se relever et comprendre qu’ils avaient passé le défilé, il réfléchit aux mots de son amies et la regarda ensuite en hochant la tête, voilà enfin à but à son existence, entrer dans la légende ne l’intéressait pas, mais il rejoignait au moins le numéro II pour affronter ce démon. Orion le poussa de son museau et l’aida à se relever. Il regarda autour de lui sans même se retourner, pour ne plus voir les falaises s’écrouler. Le paysage avait radicalement changé. De terres meurtris par un volcan et le choc de température avec un mont enneigé. A quelques pas d’eux, un champ d’herbes verdâtre s’étendait devant eux avec de nombreux buissons, arbres voire même forêt. Il vit la Clarté au loin et à ses côtés, un campement fumant, il pria pour que ce fut une forge ou un énorme feu de camp et non pas un incendie. Ils firent quelques pas avant de recevoir des filets. Lazulia sut s’en débarrasser avec ses armes et jeta au sol quatre morceaux. Elle retira celui d’Adamant et se tourna vers Orion mais celui-ci avait déjà mangé le sien, il tirait encore sur les cordes en rugissant. Il s’apprêta à bondir quand ils virent un felyne sortir des buissons. « Ludja ! » s’écria Adamant mais il vit le pelage beige et comprit que ce n’était pas son ami.
- Paix mes amis ! S’écria le felyne. Laissez-vous faire ou nos archers vous abattront. Faites coucher le Tigrex où on lui réservera le même sort !
- Tu parles de paix, cracha Lazulia en baissant ses armes et en regardant autour d’elle.
- Le Tigrex, insista le felyne. Nous ne lui ferons pas de mal si vous coopérez.
- Orion n’est pas dangereux, je peux le contrôler, cria Adamant aux ennemis qu’il ne voyait pas.
Le felyne sembla hésiter et reçut de nouveaux ordres :
- Nous ne courrons pas de risque. Montrez-nous vos tatouages et vous serez libres de circuler.
Les deux chasseurs se regardèrent en déglutissant. Le felyne sortit une liste de sa sacoche en cuir à ses pieds. Adamant souleva son armure et montra son épaule. Lazulia fit de même pour son tatouage. Le felyne serra les paupières et regarda sa liste, puis les tatouages, encore sa liste et parla à voix basse.
- Vous n’êtes pas sur les registres. Qui êtes-vous ?
Adamant se souvint du tatoueur. Il avait faussé les tatouages car il faisait partie de la Résistance, il fut heureux d’avoir rencontré ce personnage. En attendant, il ne répondit pas.
- Votre matricule ? Parlez ! Et vite ! Les flèches sont armées.
- II et XI, répondit Lazulia, méfiante.
- Je le savais. Ces registres sont faux. Bienvenue sur les terres de la Résistance. Ici, vous allez payer d’avoir servi les Rois…
- Attendez ! (une nouvelle voix s’éleva) II et XI ? Adamant et Lazulia ? Est-ce bien vous ? (il y eut un silence) Je ne vous avais pas reconnu ! Gardes, baissez vos arcs, nous ne tirons pas sur les amis.
- Edan ? demanda Lazulia quand un homme en armure se présenta.
- Bien vu, pas facile de savoir avec cette armure en rathalos, n’est-ce pas ? Ha, mes cheveux, évidemment. Bienvenue mes amis, j’avais peur que vous n’arriviez jamais.
- On a eu du mal…
- Oui nous avons observé Dracir de loin. Nous aurions pu lui tirer dessus mais il vous aurait tué à coup sûr, navré de vous avoir fait subir cela, expliqua l’homme.
Adamant bouillit intérieurement en entendant ça. Il y avait tant d’archers qui auraient pu l’abattre et ils ont juste attendu les ordres ? Il ne dit rien. Au moins, ils avaient atteints leur objectif principal. Lazulia le prit dans ses bras, soulagée, mais il ne lui rendit pas. Il posa juste sa main sur son épaule et dévisageait Edan qui retirait son casque, ses cheveux blonds flottant au vent. Orion, ne comprenant pas un traître mot, se mit à grogner en voyant enfin l’armure rouge. Il se prépara à sauter et alors, ils entendirent les arcs encocher. Adamant tendit la main devant son Tigrex et se plaça devant lui en bouclier. « Il est à moi. » Il entendit des chuchotements. Edan fit la moue, non rassuré. Il s’approcha du Tigrex qui rugit. Il ne se boucha même pas les oreilles mais se stoppa. Il soupira en voyant le visage fâché d’Adamant.
- Je suis désolé, nous avons des règles, expliqua le numéro I.
- Il est avec nous, il nous a sorti de nombreuses impasses, s’impliqua Lazulia.
- Il est trop dangereux. Même s’il est encore assez jeune et petit, expliqua Edan.
- Orion n’est pas un danger tant que je suis là. Il fera ce que je lui dis, affirma Adamant sur un ton qui déplut au felyne.
- Bien… Archers, baissez les armes, on va au camp.
Adamant rassura le Tigrex et le tira par l’oreille comme dans le défilé. « Il ne nous séparera pas, il n’a pas le droit. » se dit-il. Les archers sortirent de leur cachette, ils étaient au moins vingt. Il déglutit en voyant les arcs de mille couleurs des monstres chassés. Edan leur fit signe de le suivre en souriant. Lazulia emboîta le pas en rassurant son ami. Ils se mirent en marche quand ils entendirent Edan parler dans une langue inconnue. Le felyne fit tourner son oreille et répéta les mots, toujours dans cette même langue, avant de répondre en feulant. Edan se tourna d’un coup en levant la main vers Adamant, mais il était trop tard. Des bolas jaillirent et firent tomber au sol Adamant. Lazulia s’écria et voulut prendre ses armes mais deux mélynx lui volèrent immédiatement. Le Tigrex reçut plusieurs filets et des chaînes. Il rugit avant de crouler sous l’entrave, il se mit à geindre faiblement et ne pouvant plus bouger, il regarda Adamant impuissant. Ce dernier cria mais il se fit frapper à la tête. Celui qui avait tapé était un apprenti car il ne l’assomma pas sur le coup, il sentit du sang couler dans son dos et appela Orion qui lui lança un regard de peur, les pupilles dilatées comme un chaton. Il gémit avant de se faire sauter dessus par plusieurs hommes qui lui passèrent une muselière géante, puis Adamant sentit un nouveau coup et sombra dans le sommeil.
Le jeune homme émergea doucement du sommeil, sentant ses membres lourds et un mal de crâne terrible. Il mit du temps à se rappeler où il était et premièrement, il crut que les hoplites l’avaient rattrapé, il bondit sur ses jambes endolories et vit qu’il était dans une tente à ciel ouvert, les étoiles nageant dans la Voie Lactée. Ses affaires étaient à une table de chevet, sur une chaise, son armure sur un mannequin et son arme posée à côté. Il y avait aussi un miroir à côté d’une torche. Il s’approcha de la surface lisse et se regarda pour la première fois depuis bien longtemps. Sa peau était marquée par le soleil, le froid et la chaleur qui s’étaient succédés. Sa joue avait été brulé par le poison d’Alison et était flétrie au centre. De petites coupures et blessures avaient laissé place à des cicatrices, ses traits étaient marqués, des cernes apparaissaient sous ses yeux, ses cheveux avaient poussé. Il ne se reconnaissait plus. Il regarda son corps qui s’était musclé à une vitesse prodigieuse. Il avait désormais le gabarit d’un artisan wyvernien. Le changement ne lui avait pas paru aussi impressionnant au cours de son voyage, par moment, il voyait son reflet dans l’eau trouble. Son ventre gargouilla très bruyamment et lui rappela que son dernier repas datait d’un jour ou deux. Il inspira profondément et jeta ses cheveux en arrière, derrière le bandage qu’on lui avait fait à cause du premier coup qu’il avait reçu dans la tête. Orion occupait largement son esprit, mais il savait qu’il fallait parler calmement pour le moment s’il avait de nouveau affaire avec ce maudit felyne. Apparemment, ils n’étaient pas aussi sages et compatissants que Ludja. Il sentit un pincement en cœur en repensant au felyne se tourner vers les hoplites pour les protéger. Il se décida à sortir quand il entendit du bruit dehors.
Autour d’un feu était assis Lazulia, Edan et d’autres gens que ne connaissaient pas Adamant, il ne vit pas le felyne, ce qui le soulagea, mais n’entendit pas non plus le souffle d’Orion, ni ses raclements de gorge étranges et ces plaintes sifflantes. Il s’avança quand son amie se tourna vers lui en lâchant un soupir de soulagement. Il prit place à côté d’elle, de la viande brûlait en face de lui, dégageant une odeur alléchante qui lui rappela ses besoins premiers de boire et manger. Immédiatement, on lui tendit un bol de ragoût et on arracha une cuisse à l’oiseau qui cuisait avant de lui tendre. En remerciant les gens, Adamant ne put s’empêcher de tenir quelques secondes avant de planter ses dents dans la viande. Edan ria et écouta les explications de Lazulia à propos de leur dernier repas. Il hocha la tête et pria Adamant de finir son repas jusqu’à la dernière bouchée, ce qui n’allait pas être trop dur jusque-là. Quand il eut fini, il regarda autour de lui plus en détails les gens. Il vit un tout petit homme, avec de grandes oreilles, un nez aquilin et de petits yeux brillants sous de longs sourcils touffus, il fumait du tabac avec une longue pipe qui faisait pratiquement la taille de ses petits bras. Ces êtres étaient de la race des wyvernien, dans la catégorie des nains, car selon la légende, certains étaient des géants. Mais la plupart du temps, ils étaient soit très petits, soit dans les deux mètres pour les hommes et les femmes étaient aussi grandes, mais ressemblaient aux humains normaux. A côté de lui, il y avait un homme d’une quarantaine d’années, avec des yeux d’un bleu pur qui rappela quelqu’un à Adamant mais il ne put se souvenir qui. Il avait des cheveux d’un noir très sombre et une pilosité faciale naissante. Il était assez bien bâti et à sa taille pendait une rapière. Il avait un habit très beau comparé aux haillons que portait le jeune homme et portait des épaulières bleues où était brodé un symbole blanc inconnu pour lui. Il regarda ensuite une femme à l’allure de guerrière qu’il reconnut seulement après : Inferna, la femme rousse qui avait failli se battre avec lui. Mais c’était étrange qu’il ne l’ait pas reconnu tout de suite. Il fallait dire qu’elle avait changé, une balafre lui barrait désormais le visage et ces cheveux étaient attachés en arrière. De plus, elle portait elle aussi une nouvelle armure : des écailles grises bleutées recouvraient un plastron en métal. Deux décorations données l’impression qu’elle avait deux petites ailes dans le dos. Une tassette ressemblante au plastron pendouillait à sa taille, une longue lame dans un fourreau était accrochée à son dos. Son casque était à ses pieds. Elle tenait un couteau de dépeçage et taillait une écaille en une étoile. Elle n’avait rien dit depuis l’arrivée d’Adamant et dévisageait Lazulia. Edan était le dernier membre du cercle. Il parlait des membres encore en vie de l’arène :
- Kismet s’en est sorti, on l’a récupéré hier, mais comme c’est la nuit, il a disparu. C’est toujours comme ça de toute manière, après que vous vous soyez séparé, il nous a trouvé avec Inferna et a abattu un Agnaktor des glaces. (Adamant comprit « Akantor » sur le coup et leva la tête immédiatement) Eh bien, Adamant ? C’était son traqueur rien de plus. Une saleté qui nage sous la glace, vous pouvez croire à ça ? Moi non. Ces monstres sont tous différents les uns des autres. On a Kurt aussi, le felyne des sables, qui dort. Lui est arrivé bien avant nous. A croire qu’il connaissait déjà le chemin, il est passé par les grottes sous terre. Mikhailov et Mijolnir, inséparables, ont été récupéré pas loin d’ici. Ils sont partis faire un tour de garde. Violette s’est carrément volatilisée, Anil s’est fait attrapé et Friedriech est aussi là. Ce qui nous laisse quelques ennemis : Edward, Alison, Golok, Shen Rhan, Scarlett et Adrian. Bien que l’on pense que ces deux derniers sont neutres et cherchent juste à survivre.
- Edward est mort. Alison l’a tué, expliqua Lazulia en regardant le sol, se souvenant sûrement de ce que lui avait fait cette terrible femme.
- Merci pour le renseignement, on l’a rattrapera et on l’a jugera.
- Pas besoin, intervint calmement Adamant, Lazulia l’a tuée.
- Quoi ? Dans quelles circonstances ? Dîtes-nous en plus, leur demanda Edan.
- C’était… Elle nous tenait tous les trois. La situation s’est retournée contre elle et elle est tombée dans une crevasse. Elle aurait pu s’en sortir, mais sur le coup… je n’ai pas résisté. Je lui ai écrasé les doigts et elle est tombée.
- Je vois… On aurait pu la faire parler, c’était un élément très important pour nous. Mais vu de quoi elle a été capable, tu as du vouloir t’en débarrasser définitivement, pour ne rien risquer.
Lazulia ne répondit pas, elle n’avait pas reparlé de cet « incident ». Adamant revint sur le récit pour savoir :
- On était trois. Lazulia, moi et… le Tigrex. Orion est mon compagnon de route, il est docile et bien gentil… Je ne me répèterai pas deux fois, où est-il ?
- J’attendais que tu y viennes, répondit Edan. Le felyne que vous avez vu tout à l’heure est Rikain, il mène une troupe de felyne résistant, mais pour tout vous dire, il est teigneux et ne coopère pas beaucoup, mais il a le sens de l’organisation et sait rallier des troupes. Sauf qu’il est très méfiant envers les wyverns, ils ont un peu détruit son village et tué sa famille, jusque là, la routine de notre monde, haha. Enfin, oui pardon, ton Tigrex…
- Où est-il ?
- Inferna… Montre-lui.
La dénommée planta son couteau dans son écaille au moment où elle entendit son nom et soupira en se levant. Il la remercia et invita le numéro XI à se lever et la suivre. Sans rien dire, il s’exécuta et suivit la femme qui faisait tourner dans sa main une chaine avec au bout, une clef. Elle l’emmena à travers un camp assez grand mais Adamant ne fit pas attention à son entourage. Il était concentrée sur Inferna et surveillait le moindre de ses mouvements, mais elle avait l’air simplement fatiguée et ne faisait rien de suspect. Elle tourna d’un coup et ouvrit une porte en métal dans un chariot énorme d’une caravane. Elle entra et laissa passer Adamant avant de se tourner et de dire « Ne fais pas de conneries, Rikain va me cracher dessus sinon et j’irai ensuite botter les fesses d’Edan… Et le pauvre, il ne voudrait pas, alors tiens-toi tranquille, je vais demander une libération. » Elle partit en fermant la porte à clef derrière elle. Le jeune homme se tourna vers la grande salle en face de lui et vit au sol des reptiles bipèdes rouges, semblables aux vélocipreys qu’ils avaient affrontés avec Lazulia, sauf que ceux-là avec une gueule en arc-de-cercle et avaient une crête bombée sur le haut du crâne, des taches noires leur barbouillait les pattes. Ils étaient muselés, quand ils virent passer le jeune homme, ils ne daignèrent même pas lever la tête. Ils reniflèrent et se couchèrent en silence. Il continua son chemin et vit par terre la queue blanche et tigré d’Orion, il accourut et vit le reste du corps, il trembla quand il ne vit pas le Tigrex bouger mais d’un coup, il leva la tête en reniflant l’air et tenta de tourner la tête vers son maître, mais une lourde chaîne lui retint le cou et il ne put pas se tourner. Il gémit faiblement et attendit que son maître lui vienne en aide. Adamant accourut et se jeta au museau de la bête, tâtant les énormes mâchoires de métal lui bloquer la gueule. Il tenta de les ouvrir mais si même un wyvern ne pouvait pas les briser, il voyait mal ce qu’il pouvait faire. Il se laissa tomber au sol, le dos contre les ailes de son wyvern. Il soupira, il ne pouvait même pas aider son ami. Il remua la tête, se rendant compte de ce qu’il venait de penser. Il considérait un Tigrex comme un ami ? Il fallait dire qu’il ne faisait confiance qu’à très peu de monde depuis la sortie de l’arène. Pourtant Edan semblait être quelqu’un de confiance, mais il sentait que quelque chose n’allait pas. Il sentit la patte d’Orion se pressait contre lui, il avait peur. « Tu es resté trop longtemps enfermé mon pauvre, faut te sortir d’ici. » Le Tigrex gémit et baissa la tête, vaincu.
Inferna revint avec une clef. Elle s’assit près d’Adamant et s’approcha du Tigrex qui se mit à grogner. Elle leva les mains en attendant qu’il se calme. Le maître le rassura et lui demanda de se laisser faire mais Orion ne semblait pas d’accord. Puis quand il sentit ses chaînes tomber, il devint calme. Inferna expliqua qu’elle devait laisser la muselière mais qu’Orion pouvait sortir se dégourdir. Les reptiles rouges s’agitèrent quand le Tigrex leur passa à côté. Inferna ordonna aux « iopreys » de se calmer, elle jeta un morceau de viande au milieu du groupe. Puis elle remit sa main dans un sac qui semblait bien rempli de viande. « On va pouvoir le faire sortir dans la plaine, mais pas trop loin du camp. Tu as intérêt à le tenir bien en laisse. » Adamant hocha la tête et la suivit en tirant Orion. Des passants les regardaient, méfiants. Certains aiguisèrent leur couteau en voyant le wyvern passer. « Dans quoi t’ai-je emmené… ? » se demanda le jeune homme en voyant les felynes feuler. Inferna lui fit signe de le suivre en dehors du village, puis quand ils furent suffisamment loin, elle tira une clef de sa sacoche, au milieu du tas de viande. Elle s’approcha des gueules du monstre et prévint Adamant, au moindre coup suspect, elle ripostait sans hésiter. Il hocha la tête et lui demanda la clef. Elle hésita et lui tendit mollement, une main sur son couteau. Il récupéra la pièce de fer et l’enfonça dans l’encoche de la muselière. Elle tomba bruyamment, libérant le Tigrex qui fit claquer ses mâchoires, puis il frémit et se tourna vers Inferna en grognant. La femme posa la main sur son fourreau mais le Tigrex bondit immédiatement. Elle n’eut même pas à bouger, il abattit ses crocs contre un gros poulet au moins aussi grand qu’Inferna. Elle sourit en voyant Orion emmener sa proie plus loin pour la manger. Elle ricana en disant :
- Il va passer un sale quart d’heure avec les plumes.
- Il s’en moque… je ne voudrais pas le blesser, mais je crois que ce Tigrex est un peu attardé.
- Hahaha ! Rigola Inferna en se tenant les côtes. Mais non, je ne te crois pas. Il a des réflexes intelligents. Quand on l’a enfermé, il a essayé de tirer d’abord sur les chaines de ses pattes avant de frapper le sol pour briser la muselière.
- Peut être, mais il a vraiment des habitudes bizarre. Regarde. Orion ! Neige !
Le Tigrex leva la tête en sortant la langue pleine de plume et se mit à se rouler sur le sol en glapissant de ce qui semblait être de la joie. Inferna haussa les sourcils et le regarda arracher la moitié d’un tronc d’arbre pour le poser au pied de deux humains. Il s’assit en les regardant, puis ne voyant pas de réponse, il retourna à sa besogne et mordit de nouveau dans la chair. Adamant regarda la femme qui sourit encore. « Haha, il est bête un peu. » Le numéro XI sourit puis perdit sa joie, il expliqua :
- Il est né en cellule, il n’a jamais eu la possibilité de grandir correctement et je pense qu’aucun parent ne lui a appris la vie. Les hoplites ont dû l’élever comme un chien. Mais méfie-toi, il sait se battre, ses instincts primaires sont bien réels. Lazulia et moi, on l’a vu à l’œuvre contre un nargacuga, je peux te dire que la bête a fini bien mal.
- C’est ton traqueur, n’est-ce pas ?
- Oui. Je n’aurai jamais pu le tuer. Il est juste innocent et ne connait pas le monde des wyverns. Il me suivrait partout sans rien dire. Je l’ai amené dans un volcan ? Tu te rends compte ? Il suffit de dire « neige » pour qu’il soit heureux, alors je pense qu’il dépend des climats froids.
- Ha, Adamant, tu ne connais pas grand-chose aux wyverns, hein ? Les Tigrex vivent aussi dans les volcans, en fait, ils s’adaptent très bien, leur peau épaisse peut affronter le froid mais leur cuir peut aussi s’habituer à la chaleur. Il existe même des sous-espèces ! Tu imagines ? Orion, en noir. D’ailleurs, j’imagine qu’il n’a pas souvent vu le Soleil.
- Oui, il devrait être jaune apparemment, mais je n’ai jamais vu d’autres Tigrex alors je ne sais pas.
- Sacré bête, elles m’ont toujours fascinées. Mais bon, ils se trouvent qu’elles sont plus dangereuses que ton titi, et moi, je les chasse. (elle montra sa balafre, puis la joue d’Adamant) Toi et moi, on est marqué. Quel monstre ? Khezu ? Garuga ? Rathian ?
- Alison. Tu connais ce monstre ? C’est un prédateur sexuel terrible…
- Non ? Ce sont ses fouets ? Aïe, ça a dut être douloureux. Et j’imagine qu’elle a voulu « jouer » avec toi… (elle frissonna) Cette femme était tarée, pas déçue que Lazulia en ait fini avec elle. Elle pourrait hanter mes rêves.
- N’en parlons plus, j’ai du mal avec ça, je… je ne peux même pas…
- Te force pas, on est tous hanté par quelque chose. Euh… Ton Tigrex là… Il se roule dans la bouse de Gagua…
- Oh ce n’est pas vrai. Orion ! Neige, dans l’eau, allez !
Le Tigrex revint vers son maître qui lui fit signe d’aller vers le lac. Il tourna au dernier moment, soulevant une tonne de poussière sur les deux personnes qui se protégèrent en râlant. Le wyvern bondit dans l’eau en se roulant dedans. Il claqua des mâchoires sur un poisson, se rendant soudain compte que des choses comestibles vivaient dans l’eau, il se mit à pêcher. Il eut du mal, mais cela le laissait calme, à la grande joie de son maître. Il demanda timidement :
- Dis-moi, Inferna… Je voulais savoir, la Résistance, ce n’est pas une… hum… bêtise, hein ? On ne craint rien ? (Elle sembla hésiter et chercha ses mots) Qu’en penses-tu, toi ?
- Je ne fais confiance qu’à Edan. Et peut être les deux autres personnes qui mangeaient avec nous. Même si l’un d’eux était un sycophante. (Adamant claqua des doigts, il se souvint alors qui était cet homme) Mais bon, c’est notre seul contact avec la Frontière et les pays Au-delà des Montagnes. Le wyvernien minuscule ? Détrompe-toi, c’est un être très puissant. Stratège de génie, on peut compter sur lui, il serait capable de faire tomber un nid infesté de Rathalos et de Rathian et de garder les œufs intacts… Je te les présenterai demain. En tout cas, rassure-toi, tant qu’Edan et moi serons là, tu peux dormir sans crainte. Et… Orion aussi. Je te le promets.
- Merci Inferna, on avait mal commencé tous les deux avant l’arène.
- C’est rien, ça, c’était juste de la provocation. (Elle lui tapa dans l’épaule) Après tout, on est ami maintenant, n’est-ce pas ? Allez, garde cette viande, je vais retrouver Edan, on vous attendra toi et ton Tigrex à la porte du camp, comme tout à l’heure. Tache de lui remettre la muselière, on lui enlèvera demain quand tu auras prouvé à Rikain que tu es capable de le contrôler. Au fait, Lazulia ne devrait pas tarder à arriver. Je lui ai dit que tu étais là, mais pour ne pas éveiller de soupçons, je lui ai dit d’attendre. Vous allez pouvoir discuter, seul à seul, hein ? (Elle sourit, mais Adamant ne bougea pas d’un poil, ni gêné ni pressé de la voir ; Elle haussa les sourcils puis les épaules) Bah, comme tu veux. A tout à l’heure.
Adamant la regarda partir en réfléchissant. Alors on pensait donc que tous les deux étaient ensemble ? Intéressant, ça ne lui était pas venu à l’esprit que quelqu’un puisse penser cela. Quand il vit Lazulia arriver de loin, il imagina un quelconque union entre eux… Mais il ne ressentait rien à part un sentiment de fraternité. Après tout, sa propre sœur l’avait vendu, peut être qu’il cherchait inconsciemment une autre personne pour faire office de sœur. Il soupira puis racla de la gorge en la voyant arriver, ravissante, cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu avec des habits de civils. Elle demanda où se trouvait Orion, il lui indiqua du doigt le prédateur terrible concentré sur ses cibles multiples dans un milieu trouble et remué qu’était l’eau. Elle rit et s’approcha de la rive pour le voir faire. Elle se tourna vers Adamant et lui fit signe de la suivre, il hocha la tête, toujours perturbé par ce que lui avait dit Inferna. Il faudrait que tous les deux mettent les choses au point avant qu’on annonce leur mariage dans la semaine qui suivrait. En attendant, il y avait longtemps qu’il ne s’était pas sentit aussi détendu et en sécurité. Il marcha jusqu’à la rive et regarda Orion. Quand tout d’un coup lui vint un nom qu’il n’avait pas essayé pour le Tigrex…
Bon, je vus laisse profiter, la suite risque de sortir un peu de Monster Hunter, mais ne vous en faîtes pas, ça restera fidèle à l'univers
Chapitre XXIX
Adamant serra les dents alors que Lazulia resserrait la lanière qui tenait ses nouveaux morceaux d'armures. A défaut d'en avoir une nouvelle, le jeune homme hérita de celle de sa compagnon, mais étant donné la différence de taille et de gabarie, ils durent improviser certaines protections. Il avait désormais une "double-peau" qui lui tenait extrêmement chaud alors qu'ils voyageaient déjà dans le volcan, il allait avoir du mal à tenir, mais au moins, il avait désormais sur lui une carapace impénétrable. Lazulia portait une armure magnifique, les écailles noires du monstre se reflétaient au soleil et pourtant, nul doute qu'elles pouvaient rendre invisible la chasseuse lorsqu'elle traverserait l'obscurité. Pour plus d'efficacité, ils décidèrent de voyager de nuit et pour les convaincre davantage, Orion dormait énormément depuis son combat et il était actif la nuit. "Ce cycle est anormal, il devrait être diurne..." nota la jeune femme. Pourtant, Adamant pensa à une explication qui lui parut logique : dans sa cage, il n'a du voir le jour qu'une ou deux fois et depuis, il n'a pas adopté un cycle basé sur le soleil ou la lune. Il regardait avec tendresse l'énorme prédateur qui pouvait paraître si paisible lorsqu'il dormait en boule, le museau entre les pattes... si l'on faisait abstraction de ses griffes tranchantes et ses énormes pointes. Les écailles avaient repris une teinte grise à cause des cendres déversées par le volcan. Le volcan racla une nouvelle fois sa gorge et déversa une quantité phénoménal de fumée de sa gueule édentée. Ils avaient vu la veille un ballon prendre feu en traversant le nuage de fumée. Ils se doutaient de la température qu'il y régnait, mais à ce point, c'était alarmant. Lazulia arracha dans un craquement sourd une branche d'un arbre mort et commença à dessiner dans la poussière la carte de la région. Ils essayaient depuis un petit moment de se repérer. Adamant voyait à peu près où était le défilé, pourtant, il était sûr d'aller dans la mauvaise direction : ils s'approchaient du volcan à grands pas et ils n'imaginaient pas refaire une nouvelle rencontre avec le maître des lieux. La jeune femme avait eu du mal à croire son compagnon sur le coup, puis elle comprit avec les changements de climats qu'une bataille se déroulait aux sommets des montagnes. Une lutte sans merci entre deux êtres suprêmes qui se disputeraient un territoire commun. D'un côté, le Kushala qui semblait vouloir appliquer le froid polaire et de l'autre l'Akantor qui voulait déverser cendres et désolations avec la montagne de flammes. Mais ni l'un ni l'autre ne savait s'il était vraiment possible à ces deux monstres de contrôler le climat. Adamant frissonna à l'idée que ces dragons et créatures n'étaient pas des légendes. Il avait vu de ses propres yeux une tempête de neige entourait un monstre de métal... et de l'autre, un béhémoth des enfers faire vomir par la terre de la lave. Il se posa contre son Tigrex et se mit à réfléchir paisiblement pendant que le soleil se couchait.La nuit se leva et avec elle, les trois compagnons. Le Tigrex se leva et s'étira en baillant, dévoilant des crocs aussi grand que les poings de Lazulia. Cette dernière tenta de caresser le museau du monstre mais celui ci grogna, apparemment nerveux, il reniflait avec fureur l'armure de la chasseuse et montrait les dents. Pourtant, il comprit rapidement qu'elle ne lui ferait pas de mal, même si elle revêtit la peau du Nargacuga. Une brume étrange se leva sur les plateaux du volcan. Comme si les cendres s'étaient élevaient. Une lueur rouge brillait depuis la montagne en flamme, donnant un aspect fantomatique à l'endroit. Ils marchaient prudemment à travers ce brouillard, perdant tous leurs sens. Orion les talonnait de près et semblait encore plus nerveux. Ils approchèrent alors d'une rivière de lave qui brillait doucement. Adamant décela un mouvement, mais il ne vit rien en s'approchant. Prudemment, il tira sa lance de son dos et la prit contre lui. Il ne voyait rien à part la lueur orange de la lave... il vit alors un nouveau mouvement dans le flux. Il baissa les yeux et vit passer un aileron hors du liquide. Il s'éloigna vivement du bord et appela Lazulia qui vint se mettre derrière lui, prête à se défendre. Un autre aileron brisa la surface avant de replonger. C'était sûr, quelque chose nageait là dessous. Orion racla ses griffes en grognant et leva la tête vers la lave. Cette fois-ci, ils virent un corps énorme monter à la surface et redescendre immédiatement ensuite, ils ne purent apercevoir que des écailles rougeoyantes. La jeune femme entendit un craquement et leur fit signe de reculer immédiatement. Ils n'attendirent pas un second signal pour se reculer, le Tigrex se fit tirer par son maître, il fixait la lave, alerté. Puis ils virent un énorme animal surgissant du liquide embrasé, ne laissant paraître que sa tête et la base de son coup. La bête avait une tête ovale, incrustée d'écailles grises cendres et rouges par endroit, avec deux voiles de chaque côté de la gueule. Une gueule qui accueillait d'ailleurs des lames de couteau à la place des dents, espacées entre chacune. Ses lèvres étaient d'un marron sombre et relevées pour montrer ses dents. Il avait de petits globe blancs dépassant du crâne, faisant office d'yeux.
La bête regarda autour d'elle et fixa les chasseurs. Il ne fit rien de plus que de s'immerger sous la lave en silence. Lazulia s'approcha d'un pas pour s'assurer que la bête ne revienne pas et en effet, elle s'écarta en silence. Ses ailerons dépassaient de la lave. Elle soupira de décontraction, puis d'un coup, elle hoqueta. Ce n'était pas un ou deux ailerons qui tranchaient la lave, mais des dizaines qui se déployèrent à la surface. Les créatures zigzaguaient dans la lave, elles étaient bien une vingtaine à se suivre, elles remontaient la rivière vers la source du volcan. "Une migration..." souffla Adamant, regardant bouche bée les énormes poissons, s'il pouvait les appeler ainsi, se lover les uns contre les autres comme un banc de requins de plusieurs mètres de long. Ils disparurent alors de leur vue. Rassurés de les voir s'éloigner, les chasseurs continuèrent leur route en veillant bien à s'éloigner le plus possible des rivières.
Ils traversèrent les steppes de magma en un temps record. Ils ne s'étaient pas arrêtés une seule fois et aucun monstre n'avait daigné les attaquer. Pourtant, ils ne se sentaient pas en sécurité. Le calme régnait sur le volcan, à l'exception de leur gargouillement constant, les terres restaient silencieuses et la lave s'écoulaient lentement. Orion reniflait nerveusement vers le sommet de la montagne, comme s'il craignait un éboulement massif ou encore un prédateur plus fort que lui. Cette idée ne réjouissant pas Adamant, il se tenait près de son Tigrex prêt à attaquer. Lazulia avait constamment la main sur son arme de droite, de peur de tomber sur quelque chose de gros. Ils entendirent à un moment quelque chose qui roulait bruyamment, mais très vite, le chaos se tut. Le jeune homme se mit en arrière, la fumée devenait de plus en plus épaisse ici et ils n'étaient pas à l'abris de se faire prendre par surprise.
Ils arrivèrent au pied du sommet. Lazulia leva la tête et vit le volcan crachait encore une volute de fumée en grondant. "A partir de là, il va falloir faire attention aux chutes de pierre..." commença-t-elle à expliquer, "mais le pire, c'est de faire attention aux précipices, il y a des fosses, là où les plaques s'éloignent et laissent place à des rivières souterraine de lave." Adamant opina et se mit à avancer, Orion posait le museau au sol pour renifler par moment, il dénichait les endroits stables et pour montrer que rien n'était dangereux, il marchait devant, son poids énorme ne faisant pas trembler le sol. Les deux humains le suivaient de près, de peur de tomber si le sol s'affaissait. Ils n'entendaient rien à part le bruit de la lave... et pourtant, Adamant perçut un bruit.
D'abord, Orion leva la tête et renifla longuement. Puis il se tourna vers une arche d'obsidienne et s'approcha en grognant. Lazulia ne comprit pas de suite pourquoi ses deux compagnons changeaient de cap, et pour le coup, elle aurait préféré continuer tout droit. Mais dès qu'elle vit l'arche, elle se stoppa net.
Pendu par un fouet épineux, le jeune Edward -ou plutôt, ce qui en restait-, était inerte. Il balançait timidement de gauche à droite. Adamant ravala un haut-le-coeur et remarqua le fouet épineux. Il sortit son arme et s'apprêta à se battre. Lazulia resta impassible, elle se concentra sur ce qui l'entourait. Un rire malsain retentit tout autour d'eux. C'était le rire d'une femme qui glaçait le sang du jeune homme. Il essaya de localiser Alison, mais ne la vit pas. Orion pourtant, tourna la tête à l'exact endroit où elle se tenait, il se prépara à bondir, attendant le signal de son maître. Alison s'approcha en fouettant l'air, ainsi, elle avait gardé son ancienne arme et en avait fait une nouvelle, elle attrapa la cheville restante d'Edward et le tira au sol. Il tomba dans un bruit sourd, pas une plainte, il était sûrement mort. Elle ramassa le fouet qui tordait le coup du garçon et le fit claquer avec vigueur dans l'air.
Alison s'approcha du groupe en souriant comme une démente :
- Ainsi donc, c'est vrai, tu as dressé un Tigrex. J'imagine que la soumission, ça te connait. Eh bien ça tombe bien, je suis la maîtresse à présent.
- Espèce d'ordure, qu'as-tu fait à ce pauvre garçon ? S'écria Lazulia, gardant son calme comme elle le put.
- J'ai fini le travail d'Adamant, et pour ainsi dire, il était déjà à moitié mort quand je l'ai récupéré. Il nous a trahi alors il a payé le prix. Mais ne t'inquiète pas, il a moins souffert que ce que tu vas endurer, petite sotte.
- Attendez. Comment as-tu su que nous passerions par là ? Intervint Adamant.
- Rien de plus facile. C'est le seul itinéraire pour aller au défilé, répondit Alison.
- C'est donc un piège...
- Non. C'est l'un des pièges. Il y en a tant d'autres... Continuez de jouer les héros et bientôt, vous nous appartiendrez tous de nouveau...
Sur ce, elle fit claquer ses deux fouets et s'attaqua au groupe. Orion bondit sans crier gare, mais la femme glissa au sol et l'évita alors. Elle tendit son bras et le fouet suivit comme l'extension de sa volonté. Il frappa Lazulia au bras, lui laissant un énorme bleu sous l'armure. Alison se releva en une acrobatie et fit un mouvement circulaire de son autre bras, les épines claquèrent près d'Adamant qui faillit lâcher son arme d'effroi. Il avait eu l'impression d'être touché. Il tenta d'attaquer la femme, mais sa lance passa sous le bras de son ennemie. Cette dernière lui envoya un coup de pied dans le visage. Il recula, sonné, Orion revenait à la charge, cette fois-ci, la femme lui fit claquer ses armes sur le museau, l'obligeant à reculer, il lâcha un petit cri plaintif et recula. Elle frappa de nouveau Lazulia qui ne pouvait rien faire face à ses armes et ne s'arrêta que lorsque la jeune chasseuse tomba à terre, tremblante sous les coups que lui assénait Alison. Elle fit ensuite claquer les fouets dans l'air, en s'approchant du Tigrex qui gémissait à chaque son. Adamant comprit qu'il se souvenait sûrement de sa cellule et les fouets avaient du le marquer. L'animal se coucha à terre, le museau sous ses pattes implorantes. Le chasseur cria de rage et se précipita sur Alison. Elle n'eut aucun mal à le mettre à terre : Elle lança son fouet contre son visage, mais cette fois-ci, il bloqua avec le manche de sa lance. Elle tira d'un coup, emportant alors l'arme. Puis elle lui envoya un coup du fouet épineux entre les deux yeux. Il s'écroula, se sentant très lourd d'un coup. Elle s'approcha de lui en ricanant. Puis elle s'agenouilla sur lui, ses jambes encadrant le buste de sa victime. Adamant tenta de bouger, mais ses bras le picotaient et il avait des fourmis dans les jambes. Il comprit que l'arme était empoisonnée. Il ne put rien faire, impuissant, elle lui retira son masque en se léchant les lèvres. Puis délicatement, elle posa ses doigts sur la marque qu'elle lui avait fait à la joue. "C'est resté, n'est-ce pas? Mais ça te va si bien..." marmonna-t-elle. Elle posa ses mains contre le torse du jeune homme et serra l'armure sous ses fines mains.
Le jeune homme ne sentait pas son corps s'allégeait. Lazulia ne bougeait pas non plus, était-elle tout aussi paralysée que lui ? Il tenta de parler, mais sa langue était pâteuse et il ne pouvait pas dire un seul mot sans baver. Alison lui essuya la bouche en souriant.
"Un mélange entre des glandes de khezu et des crocs de genpreys... C'est puissant n'est-ce pas ? Non, tu ne pourras pas bouger d'ici quelques minutes... le temps pour moi de profiter de ton impuissance. Les Rois m'ont demandé de t'accorder une deuxième chance. Apparemment pour eux, tu es précieux. Tu peux cligner des paupières, alors disons que si tu clignes deux fois d'affiler, ça veut dire oui. Vas-tu prêter allégeance aux Rois que tu as trahi ?"
Adamant ne cligna pas des yeux. Il se prit un coup de poing dans la mâchoire qu'il lui fit voir des étoiles.
"Idiot, je vais répéter ma question... Soit tu dis oui et ta copine a le droit à une mort rapide, soit tu dis non et je lui fais endurer devant toi les pires souffrances que tu puisses imaginer. Et crois-moi, j'ai largement de quoi puiser dans mon imagination. Regarde autour de toi... Des cailloux, de la lave, des plantes tranchantes... vos armes et le Tigrex. Vraiment, il y a de quoi faire."
Le jeune homme regarda Orion du coin de l'oeil, il bavait énormément. Le poison devait lui aussi l'affecter, mais pourtant, elle ne l'avait touché qu'une fois. Alors qu'attendait-il pour agir ? Alison lui caressa le visage.
"Tu ferais un bon roi. Je serai ta reine. Et tu serais en vie, pas comme ta soeur que l'on enverrait au trou et où elle perdra peu à peu la raison. Finalement, le mieux est de mourir plutôt que de rester enfermer dans une cage, tu ne crois pas ?
- Tu..... tue..... bégaya Adamant.
- Qu'est-ce que tu essaies de dire Roméo ? Que je serait la plus belle femme que tu puisses avoir ? Et non pas cette idiote de Lazulia ? Elle ne vaut rien, elle se sert uniquement de toi pour pouvoir arriver saine et sauve au défilé, elle pourrait bien sacrifier ton tigrex pour ça...
- Tue m-moi, arriva à dire le jeune homme. Pas... de... cage...
- Non mon beau, tu m'appartiens désormais, et je peux faire ce que tu veux de ton corps."
Alison glissa ses mains au niveau du bassin du jeune garçon et vint lui attraper les mains après un court instant. Il n'arrivait même pas à bouger un doigt. Parler avait été un effort hors du commun. Il voulut fermer les yeux, mais ils restaient braquer sur le visage d'Alison pendant qu'elle lui faisait grimper ses mains contre sa propre poitrine. Elle ferma les yeux d'extase.
"Finalement, on est mieux comme ça... plutôt que dans un palais. On pourrait se cacher là. Vivre seuls."
Lazulia fit un mouvement, du coin de l'oeil, Adamant la vit, elle arriva à ramener ses jambes contre elle. Elle semblait puiser dans ses forces les plus profondes pour se tirer de la paralysie. Le Tigrex grogna, mais Alison ne fit pas attention, elle continuait de parler et d'imaginer une vie sans aucun problème. Une vie où elle serait maîtresse de tout ce qu'elle voudrait. Y comprit d'Adamant. Ce dernier voulut parler, mais elle lui posa un doigt sur la bouche. Elle lui chuchota quelque chose, l'instant d'après, Lazulia lui fracassa un rocher dans la tempe. Alison roula au sol et se releva immédiatement, le sang coulant de son visage. Elle mit les doigts dessus et voyant le liquide rouge, elle lâcha un hurlement déchirant. Ses lèvres rouges frissonèrent et elle reprit ses fouets. "Maintenant !" s'écria Lazulia en levant le bras vers elle. Orion s'élança comme il le put et fit reculer Alison d'une roulade, elle se releva et se remit à parler tout en continuant de reculer, mais sans les quitter des yeux :
"Vous serez à moi ! Vous comprendrez que vous auriez du me demander clémence plutôt que de me traiter de la sorte ! Je vous pèlerai comme de vulgaire pomme de terre... et du sel je verserai sur vos plaies ! Tu m'entends Adamant ? Sur tes..."
Sa phrase se finit sur un hurlement alors qu'elle glissa dans une fosse. Ses doigts s'accrochèrent à la paroi rocailleuse et elle enfonça ses ongles dedans, très vite, ils se mirent à saigner. Elle hurlait comme elle pouvait, telle une banshee qui maudissait les vivants. Lazulia s'approcha en titubant et posa son pied sur ses doigts. Alison la regarda, une lueur de folie dans les yeux. Elle l'insulta. Ce fut si vulgaire que Lazulia lui cracha au visage et lui écrasa la main. Alison tomba dans un nouveau cri et quelques secondes plus tard, Adamant n'entendit plus que la lave qui se mouvait.
Orion renifla le visage de son maître et se mit la le lécher au niveau du front, là où le fouet avait claqué. Il sentit la langue rapeuse lui nettoyer le sang et le poison. Quelques secondes plus tard, Adamant put enfin bouger son bras en grognant, puis grâce à l'aide de Lazulia, il se leva, elle le mit sur le dos du Tigrex qui courba le cou pour qu'il puisse bien s'installer. Il était encore un peu sonné, il demanda tout de même ce qui venait de se passer, de peur d'avoir rêver les dernières minutes. Pour preuve des faits, Lazulia lui montra le sang qui coulait de sa main, là où le fouet avait déchirait la peau. Puis une autre marque sur son armure où les épines avaient tenté d'attaquer la carapace du nargacuga.
- Tu... tu lui as vraiment écrasé la main ? Demanda Adamant, inquiet du comportement de son amie.
- Ce n'est pas comme si elle ne le méritait pas, arrête, ne me fais pas croire qu'elle méritait la moindre pitié.
- Tu lui as craché dessus et tu l'as fait tomber dans la lave !
- Et alors ? Si elle en avait l'occasion, crois-le, elle l'aurait fait !
Lazulia montra du doigt le corps d'Edouard. Adamant détourna le regard, se souvenant d'un coup du sort du garçon. Orion leva la tête et renifla l'air, il abaissa ses espèces d'oreilles et montra les crocs, en direction de la lave. Puis sans se faire attendre, un tremblement secoua la plateforme où il se trouvait. Lazulia tomba sur le côté et se releva en titubant, se demandant d'où venait le mouvement. Puis derrière eux, une plaque se souleva et quelques pics rasèrent la surface, des pics que le jeune homme connaissait pour les avoir déjà vu de près. Il hurla à sa compagnon de monter sur le Tigrex mais il n'était pas assez grand pour les tenir les deux. La jeune femme tapa la cuisse du monstre qui se mit à fuir, elle le talonnait, courant comme elle le pouvait, essayant d'oublier les dommages que lui causait le poison. Ils entendirent un grondement puis un geyser de lave exploser derrière eux, puis ils perdirent peu à peu l'ouïe dans le traquenard qui se passait au volcan. Ils passèrent sous une arche d'obsidienne et s'arrêtèrent à un tournant, en sécurité. Orion s'écrasa littéralement au sol lorsqu'il se tordit la patte et son cavalier bascula en avant, embrassant lui aussi le sol. Lazulia bondit d'un rocher et tomba elle aussi, elle n'avait pas vu la fosse entre son rocher et le sol. Elle se releva en secouant la tête, encore consciente, puis elle se laissa tomber sur le côté, suffocante. Adamant s'extirpa d'un buisson d'herbes mortes et s'élança vers la jeune femme qui toussait fortement, relâchant les poussières qui s'étaient accrochées à ses poumons. Quand sa toux s'arrêta, elle regarda le jeune homme puis le Tigrex qui se relevait doucement, en grognant. Il se remit sur ses pattes et se tourna vers l'endroit d'où ils venaient, il renifla l'air et parut soulagé, il se coucha, le museau reposant à même le sol, la langue légèrement sortie.
"Visiblement, il n'y a plus de danger", murmura Adamant en se laissant tomber en arrière. "Cette chose, c'était l'Akantor ?" demanda Lazulia, perturbée. Le jeune homme ne répondit pas, visiblement, la réponse était claire. Il avait du être attiré par les bruits ou encore la chute d'Alison. Qu'importait ce qui l'avait amené, mieux valait avoir fui que d'être resté une seconde de plus. Il se releva en dodelinant de la tête, encore engourdi, il arriva à un monticule de lave refroidie, bien qu'émettant encore un peu de chaleur et il se pencha vers le vide. Il vit alors la plaine de la Cité, les pics tranchant de la Crête du dragon, qui était une suite de rocher tranchant rappelant le dos d'un monstre enfoui. Il ne voyait pas la ville, un brouillard s'était levé et il ne voyait pas plus loin. Il vit aussi au loin les montagnes qui bordaient la plaine, alors il comprit qu'ils étaient proches du défilé. Il s'approcha d'un autre monticule pour mieux regarder et c'est alors qu'il vit la fosse où il devait aller avec Lazulia. Ils y seraient dans la journée, bientôt.
S’ils voyaient le défilé et qu’ils avaient hâte de le rejoindre, ils ressentaient pourtant un besoin pressant de le fuir. Cet endroit était loin de leur aspirer confiance, de plus, le Tigrex semblait lui aussi réticent à approcher cette fissure gigantesque. Un guet-apens pouvait très bien les attendre et ils savaient qu’on les attendrait. Pourtant, si les rumeurs disaient vraies, la résistance était là-bas, mais comment savoir si tout irait bien une fois qu’ils l’auraient passé ? Adamant avait désormais toujours son hallebarde de sortie pour éviter de perdre du temps avec des monstres qui voudraient les attaquer, étrangement, l’odeur du sang sur l’arme dissuada plus d’un carnivore, à moins que ce ne soit la présence de l’énorme wyvern à ses côtés. Orion reniflait une piste depuis qu’ils avaient quitté la plateforme, il la suivait comme si elle menait à un tas d’os… « Si on pouvait éviter de tomber sur un tas d’humain… » pensa le jeune homme en voyant comment la piste se rapprochait, à chaque pas, le Tigrex grognait de ce qui semblait être de l’effroi. Ils arrivèrent à la fin des steppes magmatiques, enfin, ils virent de près leur objectif. Il n’y avait personne qui les attendait devant, pas la trace d’une seule créature vivante. Orion se mit à gratter le sol nerveusement, sentant rapidement les plantes alentours, il se mit à émettre de faibles rugissements inquiétants. Lazulia se baissa et regarda les deux énormes falaises qui se faisaient face. « Si je me souviens ce que m’a dit Aegir, au-delà de ce passage, on peut atteindre les plaines du Nord, c’est l’endroit le plus près de la frontière selon lui, il y a la rivière, la Clarté, qui puise sa source là-bas. Il y aura sûrement de quoi manger et boire, il faut tenir encore un peu et ne pas s’arrêter » expliqua Lazulia. La Clarté était la rivière qui passait près de la Cité des Rois, ils avaient fait construire un moulin et tout un tas de mécanisme pour alimenter la ville. Apparemment, à part un ou deux poissons géants, cette rivière était tranquille et l’eau pure, c’est d’ailleurs pour cela qu’on l’appelait la Clarté. Adamant opina, il fallait faire vite, ils avaient vu passer au loin un ballon et pour une fois, il s’approchait de la Cité, il revenait sûrement apporter des nouvelles. En tout cas, il venait du défilé, c’était sûr.
Ils descendirent la pente avec beaucoup de mal, en effet, ils avaient faim, terriblement soif et en plus de cela, Orion avait du mal à descendre et ne semblait pas disposer à entrer dans le défilé. Et il ne fut plus seul. Quand ils arrivèrent en face, ils se stoppèrent de peur. C’était les falaises les plus hautes qu’ils n’avaient jamais vu. Elles s’élevaient sur une centaine de mètres, les parois étaient lisses vers le bas, mais plus on prenait de hauteur, plus elles étaient édentées et fragiles. L’érosion et le vent les avaient meurtries et les avaient rendues très facilement cassable. Ils le comprirent vite quand un rocher se décrocha de la paroi et tomba au sol, se fracassant littéralement en mille morceaux. L’un des soucis principaux d’Adamant fut qu’il avait peur que le défilé ne soit pas assez large pour faire passer Orion, mais il y avait juste assez de place pour faire passer deux carrioles. Il inspira profondément. Il regarda Lazulia et comprit qu’elle-aussi craignait une chose : On ne voyait pas la fin du défilé, donc, on pouvait très bien les attendre au bout. Et tout ça aura était vain. Tout ce voyage, ces découvertes, ces combats auraient été futiles et bien des gens seraient encore en vie. Du moins, c’est ce qu’il voulait penser. Il ne pouvait imaginer ce qu’il se serait passé si le Kushala n’avait pas attaqué l’arène. Mais d’un autre côté, il n’aurait jamais vu de monstre tel que ce dragon. Pas d’Akantor, de Zinogre, de Nargacuga, de Barroth des glaces comme l’avait monté Mijolnir et Mikhailov. Enfin, peut être les aurait-il vu, mais jamais d’aussi prêt et non pas dans une arène où la seule issue était la mort. Il aurait vu Orion, c’était certain car c’était son traqueur… Sauf que l’un d’eux serait mort à l’heure qu’il était. Il inspira de nouveau et posa sa main sur le flanc gauche du monstre. Ce dernier semblait très nerveux et gémissait. C’était le moment qu’ils avaient tant attendu et ils ne bougeaient pas.
C’est seulement quand Adamant fit tomber sa hallebarde au sol qu’ils sortirent de la torpeur. Le bruit du métal cogna contre les parois et l’écho fit son travail. Le son leur revint comme un boomerang et Lazulia le regarda surprise. Il ramassa son arme en s’excusant, mais elle ne dit rien, elle mit sa main dans la sienne en silence et se mit à avancer. Adamant attrapa l’oreille du Tigrex et le tira gentiment, l’incitant à suivre. Ainsi, ils se sentaient unis et étaient reliés non pas par une corde mais par eux-mêmes. Chacun ressentait la peur de l’autre, leur souffle se rejoignait, leurs yeux regardaient dans la même direction. Ils se mirent en marche, Lazulia regardant droit devant elle tandis qu’Adamant surveillait le sommet des parois qui s’effritaient. Le Tigrex peinait à avancer et faisait fouetter l’air de sa queue, montrant les dents à des entités invisibles pour les humains. Adamant le remarqua et demanda à Lazulia :
- Tu crois qu’il voit des choses que l’on ne perçoit pas ?
- Je pense surtout qu’il n’est pas rassuré à cause de la pression de l’air… On dirait que tout va exploser, répondit-elle.
- Je le sens aussi… C’est sûrement parce que l’on est très à l’étroit ici… Enfin, pour lui surtout. (il y eut un silence dans lequel ils regardèrent un rocher tomber au sol) Tu crois que quelqu’un nous attend au bout ?
Elle ne répondit pas, il baissa la tête et fit la moue. Au fond d’eux, c’était sûr. Mais ils ne voulaient pas se l’avouer, ils ne sauraient pas comment réagir alors qu’ils pourraient prévoir un millier de plans pour contrer une attaque quelconque mais le stress les avait submergés. Le vent chuchota dans les parois meurtries et se faufila entre eux, les frappant d’une brise qui parut brulante sur leur visage fatigué. Adamant avait les mains moites et son arme pendouillait mollement au bout de son bras. Il regarda la main blanche de Lazulia dans la sienne et sourit, au moins, ils étaient ensemble pour la fin du voyage. Il pressa ses doigts contre ceux de la jeune femme qui lui sourit. Mais derrière ce bonheur éphémère, il y avait la peur, elle tenait de son autre main une de ses épées et tremblait. Cela faisait bien un quart d’heure qu’ils marchaient et pourtant, ils avaient l’impression que ce fut interminable. Enfin, ils virent la lumière du soleil couchant s’introduire entre les falaises droit devant eux. Aveuglés, ils s’approchèrent en se protégeant avec les bras. Puis le Tigrex cabra en rugissant, les faisant sursauter si haut qu’ils se lâchèrent mutuellement. Les yeux du wyvern se mirent à rougir et des veines rouges palpitèrent sous ses arcades. Adamant tenta de le calmer puis il entendit Lazulia crier, ainsi, il comprit. Il comprit que son rêve avait vu juste. Celui que l’on nommait l’Akantor se tenait devant eux, tenant son immense épée à une main, de l’autre, il tenait une énorme chaîne brisée. Il était droit et ne bougeait pas un seul instant, la tête baissée, comme s’il dormait. Lazulia prit sa deuxième arme en main et il leva les yeux vers eux, les glaçant dans l’effroi. Il leva sa main armée et frappa contre le mur, faisant rugir les falaises. Des rochers se mirent à tomber en grand nombre. Ils durent en esquiver un énorme, les projetant en avant.
Adamant se releva en toussant, un nuage de poussière s’était en même temps soulevé lorsque le rocher s’était éclaté au sol. Il s’aida de son arme pour se lever et regarda l’Akantor, toujours à la même place, les attendant. Le jeune homme regarda derrière lui et vit qu’ils étaient bloqués, à moins d’escalader, par de gros rochers. Lazulia le regarda et lui dit « On ne peut pas l’affronter, il va nous découper, son arme est tellement grande qu’il nous atteindrait quel que soit notre chemin. Il faut passer le plus vite possible… Il faut forcer le passage, à deux. Avec un peu de chance, il n’en visera qu’un et à ce moment là, il devra esquiver… » à sa voix, elle savait qu’elle serait viser en priorité. Il y a un moment que ce monstre les recherchait, depuis le début du voyage, dans la forêt de leur village, ils l’avaient croisé. Adamant inspira à fond. C’était la seule solution, il n’avait aucune autre solution. Il réfléchit à toute vitesse mais Lazulia partit en courant droit sur l’homme en armure. Elle rangea même ses armes pour aller plus vite, son armure était si légère qu’elle ne semblait pas le moins du monde gênée. Ce n’était pas le cas du jeune homme ; il inspira à fond et la talonna. Orion rugit encore et se mit à charger et pour une fois, Adamant eut peur de lui, il avait l’air si féroce et prêt à l’écraser… Ce qui le fit courir plus vite. Lazulia arriva près de l’Akantor, un instant, elle s’arrêta, puis fit un saut périlleux au-dessus de la lame du démon plantée dans la paroi. Pas un instant il ne bougea. Adamant cria intérieurement de joie, mais son tour approchait quand il sentit une énorme masse d’air se soulever au-dessus de lui. Il s’arrêta presque quand il vit Orion lui passer devant et sauter au-dessus de l’Akantor. Même lui ne voulait pas se battre. Il ne restait que les deux hommes, face à face, Lazulia s’arrêta et s’apprêta à attaquer le démon par derrière quand il fit un geste de son autre main, la mettant en garde. Le Tigrex atterrit lourdement au sol et se mit à les regarder en gémissant.
Il expira et reprit sa course, calculant tous les angles où pouvait frapper l’Akantor quand il vit une fenêtre, il s’apprêta à bondir quand le démon écrasa son épée à l’exact endroit où il voulut sauter. Il se stoppa net et tomba en arrière après avoir glissé. Il était terrifié. Face à un titan, il tremblait et pleurer presque. Il avait vu de quoi cette arme était capable. Une part de lui réussit à saisir son arme et à la pointer vers le monstre en armure. C’est alors que ce dernier se mit à rire. Ce fut affreux à entendre, on aurait dit le rire d’un monstre venu des pires cauchemars d’Adamant. Il souleva son arme et Adamant se protégea machinalement, quand il vit que c’était pour dégager le passage, il ne bougea pas plus. L’Akantor avait les yeux brillants comme deux torches, son armure lui faisait une énorme mâchoire garnie de crocs, elle sembla bouger quand il parla : « Pauvre enfant, je pourrais en finir immédiatement avec toi mais j’ai comme l’impression que l’on s’amusera plus tard, tous les deux. Lève-toi. » Adamant ne bougea pas, figé par la voix aussi terrible que le cri. « LEVE-TOI » rugit le démon en armure. Le jeune homme s’exécuta en tremblant et en pointant son arme. « Maintenant passe. Allez, dépêche-toi avant que la falaise te tombe dessus, minus. » Le jeune homme marcha en tremblant et arriva près de l’arme gigantesque qui semblait le narguer de sa puissance. L’Akantor ne bougea pas, il y avait suffisamment de place pour que le numéro XI passe en se collant à la paroi. Son cœur tambourinait sa poitrine et semblait sur le point d’exploser, il avait les larmes aux yeux mais ne dit rien. Il rasa la falaise en tremblant encore plus et en gémissant. Le regard le suivait et ça le terrifiait, il pouvait se faire empaler en un instant. Pourtant l’armure ne bougea plus, comme si ce qui l’habitait était parti. Il dépassa les épaules de Dracir l’Akantor. Il continua de marcher en le regardant puis il se tourna bêtement. Il sentit alors un mouvement et sentit que c’était trop tard pour esquiver… Mais il ne s’attendait pas à devoir affronter les mots : « Tu n’es qu’un lâche, un minus, un raté. Tout comme ton Tigrex, je te tuerai. Tu vas te faire marcher dessus et écraser si fort qu’il ne restera rien. Va pleurer dans les bras de ta gamine et ne revient pas me voir car tu ne seras jamais un homme pour m’affronter, ne joue pas les durs, personne n’y croit. J’ai vaincu un dieu, souviens-toi s’en. »
Adamant ne s’était même pas retourné tellement la peur l’avait foudroyé. Il relâcha ses larmes et serra les poings. Il entendit les lourds pas de l’Akantor s’éloigner vers le défilé. Orion rugit comme si c’était lui qui l’avait fait fuir puis s’assit et pencha la tête quand il vit Adamant tomber au sol. Lazulia aussi tomba à genou et marcha à quatre pattes vers son ami en pleurant aussi. C’était de loin pire que de mourir sur le coup pour le numéro XI, tant de vérité avait jailli qu’il était incapable de tout ingérer sur le coup. Il essuya ses larmes et hurla de désespoir. Lazulia se mit à côté de lui et plaça une main sur son épaule, elle parla, mais il n’entendit rien. Il racla le sol de ses mains crochues par son armure et se jura qu’il viendrait à bout de ce monstre.
Il entendit enfin Lazulia : « … te laisser sombrer. Nous avons vu un vrai Akantor de près et avons survécu, c’est un signe. On le tuera nous-même et on entrera dans la légende. »
Il fallut du temps à Adamant pour se relever et comprendre qu’ils avaient passé le défilé, il réfléchit aux mots de son amies et la regarda ensuite en hochant la tête, voilà enfin à but à son existence, entrer dans la légende ne l’intéressait pas, mais il rejoignait au moins le numéro II pour affronter ce démon. Orion le poussa de son museau et l’aida à se relever. Il regarda autour de lui sans même se retourner, pour ne plus voir les falaises s’écrouler. Le paysage avait radicalement changé. De terres meurtris par un volcan et le choc de température avec un mont enneigé. A quelques pas d’eux, un champ d’herbes verdâtre s’étendait devant eux avec de nombreux buissons, arbres voire même forêt. Il vit la Clarté au loin et à ses côtés, un campement fumant, il pria pour que ce fut une forge ou un énorme feu de camp et non pas un incendie. Ils firent quelques pas avant de recevoir des filets. Lazulia sut s’en débarrasser avec ses armes et jeta au sol quatre morceaux. Elle retira celui d’Adamant et se tourna vers Orion mais celui-ci avait déjà mangé le sien, il tirait encore sur les cordes en rugissant. Il s’apprêta à bondir quand ils virent un felyne sortir des buissons. « Ludja ! » s’écria Adamant mais il vit le pelage beige et comprit que ce n’était pas son ami.
- Paix mes amis ! S’écria le felyne. Laissez-vous faire ou nos archers vous abattront. Faites coucher le Tigrex où on lui réservera le même sort !
- Tu parles de paix, cracha Lazulia en baissant ses armes et en regardant autour d’elle.
- Le Tigrex, insista le felyne. Nous ne lui ferons pas de mal si vous coopérez.
- Orion n’est pas dangereux, je peux le contrôler, cria Adamant aux ennemis qu’il ne voyait pas.
Le felyne sembla hésiter et reçut de nouveaux ordres :
- Nous ne courrons pas de risque. Montrez-nous vos tatouages et vous serez libres de circuler.
Les deux chasseurs se regardèrent en déglutissant. Le felyne sortit une liste de sa sacoche en cuir à ses pieds. Adamant souleva son armure et montra son épaule. Lazulia fit de même pour son tatouage. Le felyne serra les paupières et regarda sa liste, puis les tatouages, encore sa liste et parla à voix basse.
- Vous n’êtes pas sur les registres. Qui êtes-vous ?
Adamant se souvint du tatoueur. Il avait faussé les tatouages car il faisait partie de la Résistance, il fut heureux d’avoir rencontré ce personnage. En attendant, il ne répondit pas.
- Votre matricule ? Parlez ! Et vite ! Les flèches sont armées.
- II et XI, répondit Lazulia, méfiante.
- Je le savais. Ces registres sont faux. Bienvenue sur les terres de la Résistance. Ici, vous allez payer d’avoir servi les Rois…
- Attendez ! (une nouvelle voix s’éleva) II et XI ? Adamant et Lazulia ? Est-ce bien vous ? (il y eut un silence) Je ne vous avais pas reconnu ! Gardes, baissez vos arcs, nous ne tirons pas sur les amis.
- Edan ? demanda Lazulia quand un homme en armure se présenta.
- Bien vu, pas facile de savoir avec cette armure en rathalos, n’est-ce pas ? Ha, mes cheveux, évidemment. Bienvenue mes amis, j’avais peur que vous n’arriviez jamais.
- On a eu du mal…
- Oui nous avons observé Dracir de loin. Nous aurions pu lui tirer dessus mais il vous aurait tué à coup sûr, navré de vous avoir fait subir cela, expliqua l’homme.
Adamant bouillit intérieurement en entendant ça. Il y avait tant d’archers qui auraient pu l’abattre et ils ont juste attendu les ordres ? Il ne dit rien. Au moins, ils avaient atteints leur objectif principal. Lazulia le prit dans ses bras, soulagée, mais il ne lui rendit pas. Il posa juste sa main sur son épaule et dévisageait Edan qui retirait son casque, ses cheveux blonds flottant au vent. Orion, ne comprenant pas un traître mot, se mit à grogner en voyant enfin l’armure rouge. Il se prépara à sauter et alors, ils entendirent les arcs encocher. Adamant tendit la main devant son Tigrex et se plaça devant lui en bouclier. « Il est à moi. » Il entendit des chuchotements. Edan fit la moue, non rassuré. Il s’approcha du Tigrex qui rugit. Il ne se boucha même pas les oreilles mais se stoppa. Il soupira en voyant le visage fâché d’Adamant.
- Je suis désolé, nous avons des règles, expliqua le numéro I.
- Il est avec nous, il nous a sorti de nombreuses impasses, s’impliqua Lazulia.
- Il est trop dangereux. Même s’il est encore assez jeune et petit, expliqua Edan.
- Orion n’est pas un danger tant que je suis là. Il fera ce que je lui dis, affirma Adamant sur un ton qui déplut au felyne.
- Bien… Archers, baissez les armes, on va au camp.
Adamant rassura le Tigrex et le tira par l’oreille comme dans le défilé. « Il ne nous séparera pas, il n’a pas le droit. » se dit-il. Les archers sortirent de leur cachette, ils étaient au moins vingt. Il déglutit en voyant les arcs de mille couleurs des monstres chassés. Edan leur fit signe de le suivre en souriant. Lazulia emboîta le pas en rassurant son ami. Ils se mirent en marche quand ils entendirent Edan parler dans une langue inconnue. Le felyne fit tourner son oreille et répéta les mots, toujours dans cette même langue, avant de répondre en feulant. Edan se tourna d’un coup en levant la main vers Adamant, mais il était trop tard. Des bolas jaillirent et firent tomber au sol Adamant. Lazulia s’écria et voulut prendre ses armes mais deux mélynx lui volèrent immédiatement. Le Tigrex reçut plusieurs filets et des chaînes. Il rugit avant de crouler sous l’entrave, il se mit à geindre faiblement et ne pouvant plus bouger, il regarda Adamant impuissant. Ce dernier cria mais il se fit frapper à la tête. Celui qui avait tapé était un apprenti car il ne l’assomma pas sur le coup, il sentit du sang couler dans son dos et appela Orion qui lui lança un regard de peur, les pupilles dilatées comme un chaton. Il gémit avant de se faire sauter dessus par plusieurs hommes qui lui passèrent une muselière géante, puis Adamant sentit un nouveau coup et sombra dans le sommeil.
Le jeune homme émergea doucement du sommeil, sentant ses membres lourds et un mal de crâne terrible. Il mit du temps à se rappeler où il était et premièrement, il crut que les hoplites l’avaient rattrapé, il bondit sur ses jambes endolories et vit qu’il était dans une tente à ciel ouvert, les étoiles nageant dans la Voie Lactée. Ses affaires étaient à une table de chevet, sur une chaise, son armure sur un mannequin et son arme posée à côté. Il y avait aussi un miroir à côté d’une torche. Il s’approcha de la surface lisse et se regarda pour la première fois depuis bien longtemps. Sa peau était marquée par le soleil, le froid et la chaleur qui s’étaient succédés. Sa joue avait été brulé par le poison d’Alison et était flétrie au centre. De petites coupures et blessures avaient laissé place à des cicatrices, ses traits étaient marqués, des cernes apparaissaient sous ses yeux, ses cheveux avaient poussé. Il ne se reconnaissait plus. Il regarda son corps qui s’était musclé à une vitesse prodigieuse. Il avait désormais le gabarit d’un artisan wyvernien. Le changement ne lui avait pas paru aussi impressionnant au cours de son voyage, par moment, il voyait son reflet dans l’eau trouble. Son ventre gargouilla très bruyamment et lui rappela que son dernier repas datait d’un jour ou deux. Il inspira profondément et jeta ses cheveux en arrière, derrière le bandage qu’on lui avait fait à cause du premier coup qu’il avait reçu dans la tête. Orion occupait largement son esprit, mais il savait qu’il fallait parler calmement pour le moment s’il avait de nouveau affaire avec ce maudit felyne. Apparemment, ils n’étaient pas aussi sages et compatissants que Ludja. Il sentit un pincement en cœur en repensant au felyne se tourner vers les hoplites pour les protéger. Il se décida à sortir quand il entendit du bruit dehors.
Autour d’un feu était assis Lazulia, Edan et d’autres gens que ne connaissaient pas Adamant, il ne vit pas le felyne, ce qui le soulagea, mais n’entendit pas non plus le souffle d’Orion, ni ses raclements de gorge étranges et ces plaintes sifflantes. Il s’avança quand son amie se tourna vers lui en lâchant un soupir de soulagement. Il prit place à côté d’elle, de la viande brûlait en face de lui, dégageant une odeur alléchante qui lui rappela ses besoins premiers de boire et manger. Immédiatement, on lui tendit un bol de ragoût et on arracha une cuisse à l’oiseau qui cuisait avant de lui tendre. En remerciant les gens, Adamant ne put s’empêcher de tenir quelques secondes avant de planter ses dents dans la viande. Edan ria et écouta les explications de Lazulia à propos de leur dernier repas. Il hocha la tête et pria Adamant de finir son repas jusqu’à la dernière bouchée, ce qui n’allait pas être trop dur jusque-là. Quand il eut fini, il regarda autour de lui plus en détails les gens. Il vit un tout petit homme, avec de grandes oreilles, un nez aquilin et de petits yeux brillants sous de longs sourcils touffus, il fumait du tabac avec une longue pipe qui faisait pratiquement la taille de ses petits bras. Ces êtres étaient de la race des wyvernien, dans la catégorie des nains, car selon la légende, certains étaient des géants. Mais la plupart du temps, ils étaient soit très petits, soit dans les deux mètres pour les hommes et les femmes étaient aussi grandes, mais ressemblaient aux humains normaux. A côté de lui, il y avait un homme d’une quarantaine d’années, avec des yeux d’un bleu pur qui rappela quelqu’un à Adamant mais il ne put se souvenir qui. Il avait des cheveux d’un noir très sombre et une pilosité faciale naissante. Il était assez bien bâti et à sa taille pendait une rapière. Il avait un habit très beau comparé aux haillons que portait le jeune homme et portait des épaulières bleues où était brodé un symbole blanc inconnu pour lui. Il regarda ensuite une femme à l’allure de guerrière qu’il reconnut seulement après : Inferna, la femme rousse qui avait failli se battre avec lui. Mais c’était étrange qu’il ne l’ait pas reconnu tout de suite. Il fallait dire qu’elle avait changé, une balafre lui barrait désormais le visage et ces cheveux étaient attachés en arrière. De plus, elle portait elle aussi une nouvelle armure : des écailles grises bleutées recouvraient un plastron en métal. Deux décorations données l’impression qu’elle avait deux petites ailes dans le dos. Une tassette ressemblante au plastron pendouillait à sa taille, une longue lame dans un fourreau était accrochée à son dos. Son casque était à ses pieds. Elle tenait un couteau de dépeçage et taillait une écaille en une étoile. Elle n’avait rien dit depuis l’arrivée d’Adamant et dévisageait Lazulia. Edan était le dernier membre du cercle. Il parlait des membres encore en vie de l’arène :
- Kismet s’en est sorti, on l’a récupéré hier, mais comme c’est la nuit, il a disparu. C’est toujours comme ça de toute manière, après que vous vous soyez séparé, il nous a trouvé avec Inferna et a abattu un Agnaktor des glaces. (Adamant comprit « Akantor » sur le coup et leva la tête immédiatement) Eh bien, Adamant ? C’était son traqueur rien de plus. Une saleté qui nage sous la glace, vous pouvez croire à ça ? Moi non. Ces monstres sont tous différents les uns des autres. On a Kurt aussi, le felyne des sables, qui dort. Lui est arrivé bien avant nous. A croire qu’il connaissait déjà le chemin, il est passé par les grottes sous terre. Mikhailov et Mijolnir, inséparables, ont été récupéré pas loin d’ici. Ils sont partis faire un tour de garde. Violette s’est carrément volatilisée, Anil s’est fait attrapé et Friedriech est aussi là. Ce qui nous laisse quelques ennemis : Edward, Alison, Golok, Shen Rhan, Scarlett et Adrian. Bien que l’on pense que ces deux derniers sont neutres et cherchent juste à survivre.
- Edward est mort. Alison l’a tué, expliqua Lazulia en regardant le sol, se souvenant sûrement de ce que lui avait fait cette terrible femme.
- Merci pour le renseignement, on l’a rattrapera et on l’a jugera.
- Pas besoin, intervint calmement Adamant, Lazulia l’a tuée.
- Quoi ? Dans quelles circonstances ? Dîtes-nous en plus, leur demanda Edan.
- C’était… Elle nous tenait tous les trois. La situation s’est retournée contre elle et elle est tombée dans une crevasse. Elle aurait pu s’en sortir, mais sur le coup… je n’ai pas résisté. Je lui ai écrasé les doigts et elle est tombée.
- Je vois… On aurait pu la faire parler, c’était un élément très important pour nous. Mais vu de quoi elle a été capable, tu as du vouloir t’en débarrasser définitivement, pour ne rien risquer.
Lazulia ne répondit pas, elle n’avait pas reparlé de cet « incident ». Adamant revint sur le récit pour savoir :
- On était trois. Lazulia, moi et… le Tigrex. Orion est mon compagnon de route, il est docile et bien gentil… Je ne me répèterai pas deux fois, où est-il ?
- J’attendais que tu y viennes, répondit Edan. Le felyne que vous avez vu tout à l’heure est Rikain, il mène une troupe de felyne résistant, mais pour tout vous dire, il est teigneux et ne coopère pas beaucoup, mais il a le sens de l’organisation et sait rallier des troupes. Sauf qu’il est très méfiant envers les wyverns, ils ont un peu détruit son village et tué sa famille, jusque là, la routine de notre monde, haha. Enfin, oui pardon, ton Tigrex…
- Où est-il ?
- Inferna… Montre-lui.
La dénommée planta son couteau dans son écaille au moment où elle entendit son nom et soupira en se levant. Il la remercia et invita le numéro XI à se lever et la suivre. Sans rien dire, il s’exécuta et suivit la femme qui faisait tourner dans sa main une chaine avec au bout, une clef. Elle l’emmena à travers un camp assez grand mais Adamant ne fit pas attention à son entourage. Il était concentrée sur Inferna et surveillait le moindre de ses mouvements, mais elle avait l’air simplement fatiguée et ne faisait rien de suspect. Elle tourna d’un coup et ouvrit une porte en métal dans un chariot énorme d’une caravane. Elle entra et laissa passer Adamant avant de se tourner et de dire « Ne fais pas de conneries, Rikain va me cracher dessus sinon et j’irai ensuite botter les fesses d’Edan… Et le pauvre, il ne voudrait pas, alors tiens-toi tranquille, je vais demander une libération. » Elle partit en fermant la porte à clef derrière elle. Le jeune homme se tourna vers la grande salle en face de lui et vit au sol des reptiles bipèdes rouges, semblables aux vélocipreys qu’ils avaient affrontés avec Lazulia, sauf que ceux-là avec une gueule en arc-de-cercle et avaient une crête bombée sur le haut du crâne, des taches noires leur barbouillait les pattes. Ils étaient muselés, quand ils virent passer le jeune homme, ils ne daignèrent même pas lever la tête. Ils reniflèrent et se couchèrent en silence. Il continua son chemin et vit par terre la queue blanche et tigré d’Orion, il accourut et vit le reste du corps, il trembla quand il ne vit pas le Tigrex bouger mais d’un coup, il leva la tête en reniflant l’air et tenta de tourner la tête vers son maître, mais une lourde chaîne lui retint le cou et il ne put pas se tourner. Il gémit faiblement et attendit que son maître lui vienne en aide. Adamant accourut et se jeta au museau de la bête, tâtant les énormes mâchoires de métal lui bloquer la gueule. Il tenta de les ouvrir mais si même un wyvern ne pouvait pas les briser, il voyait mal ce qu’il pouvait faire. Il se laissa tomber au sol, le dos contre les ailes de son wyvern. Il soupira, il ne pouvait même pas aider son ami. Il remua la tête, se rendant compte de ce qu’il venait de penser. Il considérait un Tigrex comme un ami ? Il fallait dire qu’il ne faisait confiance qu’à très peu de monde depuis la sortie de l’arène. Pourtant Edan semblait être quelqu’un de confiance, mais il sentait que quelque chose n’allait pas. Il sentit la patte d’Orion se pressait contre lui, il avait peur. « Tu es resté trop longtemps enfermé mon pauvre, faut te sortir d’ici. » Le Tigrex gémit et baissa la tête, vaincu.
Inferna revint avec une clef. Elle s’assit près d’Adamant et s’approcha du Tigrex qui se mit à grogner. Elle leva les mains en attendant qu’il se calme. Le maître le rassura et lui demanda de se laisser faire mais Orion ne semblait pas d’accord. Puis quand il sentit ses chaînes tomber, il devint calme. Inferna expliqua qu’elle devait laisser la muselière mais qu’Orion pouvait sortir se dégourdir. Les reptiles rouges s’agitèrent quand le Tigrex leur passa à côté. Inferna ordonna aux « iopreys » de se calmer, elle jeta un morceau de viande au milieu du groupe. Puis elle remit sa main dans un sac qui semblait bien rempli de viande. « On va pouvoir le faire sortir dans la plaine, mais pas trop loin du camp. Tu as intérêt à le tenir bien en laisse. » Adamant hocha la tête et la suivit en tirant Orion. Des passants les regardaient, méfiants. Certains aiguisèrent leur couteau en voyant le wyvern passer. « Dans quoi t’ai-je emmené… ? » se demanda le jeune homme en voyant les felynes feuler. Inferna lui fit signe de le suivre en dehors du village, puis quand ils furent suffisamment loin, elle tira une clef de sa sacoche, au milieu du tas de viande. Elle s’approcha des gueules du monstre et prévint Adamant, au moindre coup suspect, elle ripostait sans hésiter. Il hocha la tête et lui demanda la clef. Elle hésita et lui tendit mollement, une main sur son couteau. Il récupéra la pièce de fer et l’enfonça dans l’encoche de la muselière. Elle tomba bruyamment, libérant le Tigrex qui fit claquer ses mâchoires, puis il frémit et se tourna vers Inferna en grognant. La femme posa la main sur son fourreau mais le Tigrex bondit immédiatement. Elle n’eut même pas à bouger, il abattit ses crocs contre un gros poulet au moins aussi grand qu’Inferna. Elle sourit en voyant Orion emmener sa proie plus loin pour la manger. Elle ricana en disant :
- Il va passer un sale quart d’heure avec les plumes.
- Il s’en moque… je ne voudrais pas le blesser, mais je crois que ce Tigrex est un peu attardé.
- Hahaha ! Rigola Inferna en se tenant les côtes. Mais non, je ne te crois pas. Il a des réflexes intelligents. Quand on l’a enfermé, il a essayé de tirer d’abord sur les chaines de ses pattes avant de frapper le sol pour briser la muselière.
- Peut être, mais il a vraiment des habitudes bizarre. Regarde. Orion ! Neige !
Le Tigrex leva la tête en sortant la langue pleine de plume et se mit à se rouler sur le sol en glapissant de ce qui semblait être de la joie. Inferna haussa les sourcils et le regarda arracher la moitié d’un tronc d’arbre pour le poser au pied de deux humains. Il s’assit en les regardant, puis ne voyant pas de réponse, il retourna à sa besogne et mordit de nouveau dans la chair. Adamant regarda la femme qui sourit encore. « Haha, il est bête un peu. » Le numéro XI sourit puis perdit sa joie, il expliqua :
- Il est né en cellule, il n’a jamais eu la possibilité de grandir correctement et je pense qu’aucun parent ne lui a appris la vie. Les hoplites ont dû l’élever comme un chien. Mais méfie-toi, il sait se battre, ses instincts primaires sont bien réels. Lazulia et moi, on l’a vu à l’œuvre contre un nargacuga, je peux te dire que la bête a fini bien mal.
- C’est ton traqueur, n’est-ce pas ?
- Oui. Je n’aurai jamais pu le tuer. Il est juste innocent et ne connait pas le monde des wyverns. Il me suivrait partout sans rien dire. Je l’ai amené dans un volcan ? Tu te rends compte ? Il suffit de dire « neige » pour qu’il soit heureux, alors je pense qu’il dépend des climats froids.
- Ha, Adamant, tu ne connais pas grand-chose aux wyverns, hein ? Les Tigrex vivent aussi dans les volcans, en fait, ils s’adaptent très bien, leur peau épaisse peut affronter le froid mais leur cuir peut aussi s’habituer à la chaleur. Il existe même des sous-espèces ! Tu imagines ? Orion, en noir. D’ailleurs, j’imagine qu’il n’a pas souvent vu le Soleil.
- Oui, il devrait être jaune apparemment, mais je n’ai jamais vu d’autres Tigrex alors je ne sais pas.
- Sacré bête, elles m’ont toujours fascinées. Mais bon, ils se trouvent qu’elles sont plus dangereuses que ton titi, et moi, je les chasse. (elle montra sa balafre, puis la joue d’Adamant) Toi et moi, on est marqué. Quel monstre ? Khezu ? Garuga ? Rathian ?
- Alison. Tu connais ce monstre ? C’est un prédateur sexuel terrible…
- Non ? Ce sont ses fouets ? Aïe, ça a dut être douloureux. Et j’imagine qu’elle a voulu « jouer » avec toi… (elle frissonna) Cette femme était tarée, pas déçue que Lazulia en ait fini avec elle. Elle pourrait hanter mes rêves.
- N’en parlons plus, j’ai du mal avec ça, je… je ne peux même pas…
- Te force pas, on est tous hanté par quelque chose. Euh… Ton Tigrex là… Il se roule dans la bouse de Gagua…
- Oh ce n’est pas vrai. Orion ! Neige, dans l’eau, allez !
Le Tigrex revint vers son maître qui lui fit signe d’aller vers le lac. Il tourna au dernier moment, soulevant une tonne de poussière sur les deux personnes qui se protégèrent en râlant. Le wyvern bondit dans l’eau en se roulant dedans. Il claqua des mâchoires sur un poisson, se rendant soudain compte que des choses comestibles vivaient dans l’eau, il se mit à pêcher. Il eut du mal, mais cela le laissait calme, à la grande joie de son maître. Il demanda timidement :
- Dis-moi, Inferna… Je voulais savoir, la Résistance, ce n’est pas une… hum… bêtise, hein ? On ne craint rien ? (Elle sembla hésiter et chercha ses mots) Qu’en penses-tu, toi ?
- Je ne fais confiance qu’à Edan. Et peut être les deux autres personnes qui mangeaient avec nous. Même si l’un d’eux était un sycophante. (Adamant claqua des doigts, il se souvint alors qui était cet homme) Mais bon, c’est notre seul contact avec la Frontière et les pays Au-delà des Montagnes. Le wyvernien minuscule ? Détrompe-toi, c’est un être très puissant. Stratège de génie, on peut compter sur lui, il serait capable de faire tomber un nid infesté de Rathalos et de Rathian et de garder les œufs intacts… Je te les présenterai demain. En tout cas, rassure-toi, tant qu’Edan et moi serons là, tu peux dormir sans crainte. Et… Orion aussi. Je te le promets.
- Merci Inferna, on avait mal commencé tous les deux avant l’arène.
- C’est rien, ça, c’était juste de la provocation. (Elle lui tapa dans l’épaule) Après tout, on est ami maintenant, n’est-ce pas ? Allez, garde cette viande, je vais retrouver Edan, on vous attendra toi et ton Tigrex à la porte du camp, comme tout à l’heure. Tache de lui remettre la muselière, on lui enlèvera demain quand tu auras prouvé à Rikain que tu es capable de le contrôler. Au fait, Lazulia ne devrait pas tarder à arriver. Je lui ai dit que tu étais là, mais pour ne pas éveiller de soupçons, je lui ai dit d’attendre. Vous allez pouvoir discuter, seul à seul, hein ? (Elle sourit, mais Adamant ne bougea pas d’un poil, ni gêné ni pressé de la voir ; Elle haussa les sourcils puis les épaules) Bah, comme tu veux. A tout à l’heure.
Adamant la regarda partir en réfléchissant. Alors on pensait donc que tous les deux étaient ensemble ? Intéressant, ça ne lui était pas venu à l’esprit que quelqu’un puisse penser cela. Quand il vit Lazulia arriver de loin, il imagina un quelconque union entre eux… Mais il ne ressentait rien à part un sentiment de fraternité. Après tout, sa propre sœur l’avait vendu, peut être qu’il cherchait inconsciemment une autre personne pour faire office de sœur. Il soupira puis racla de la gorge en la voyant arriver, ravissante, cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu avec des habits de civils. Elle demanda où se trouvait Orion, il lui indiqua du doigt le prédateur terrible concentré sur ses cibles multiples dans un milieu trouble et remué qu’était l’eau. Elle rit et s’approcha de la rive pour le voir faire. Elle se tourna vers Adamant et lui fit signe de la suivre, il hocha la tête, toujours perturbé par ce que lui avait dit Inferna. Il faudrait que tous les deux mettent les choses au point avant qu’on annonce leur mariage dans la semaine qui suivrait. En attendant, il y avait longtemps qu’il ne s’était pas sentit aussi détendu et en sécurité. Il marcha jusqu’à la rive et regarda Orion. Quand tout d’un coup lui vint un nom qu’il n’avait pas essayé pour le Tigrex…
Re: Les Dés du Wyvern
Super chapitre, l'attente en vallait carrément la peine, bon courage pour la suite ^^
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