Le Village et ses alentours
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Re: Le Village et ses alentours
Elle passa à l'armurerie, passer une commande pour une armure Zodiumbra, voyant dans quel état minable était l'ancienne, elle pensait qu'elle serait irrécupérable sans de nouveaux matériaux, qu'elle n'avait pas. Jagamore, voyant les matériaux dorés arriver, se demanda comment il pourrait forger ça. Il lui faudrait bien un marteau en Ukanlos pour plier de telles plates. Larah le laissa à ses pensées et se dirigea vers la Guilde. Le village était déjà plus éveillé, des gens marchaient, transportant divers objet. La vie était prospère et tranquille ici. La Guilde de Tenmura était elle aussi en activité, de nouveaux rapports à lire arriver en masse, les hôtesses pleuraient en voyant les tas de papier. Entrant dans le hall sans armure, des gens la regardèrent surpris, c'était une première, de plus, elle avait gardé ses cheveux noirs de jais. Oubliant totalement que les cendres étaient mortels pour sa teinture. Elle monta les escaliers menant au bureau de Maze. Entrant sans frapper, au grand damne de Zero, Larah ferma à clef et se tourna vers le chef. Il jeta un rapport sur son bureau et, les pieds sur la table, il passa les bras derrière sa tête :
- Zero Maze, bonjour, que puis-je faire pour la meilleure chasseuse de Tenmura ? fit-il, un peu ennuyé.
- Je viens faire un rapport.
- Bon dieu, vous ne pouviez pas l'écrire, comme tout le monde ?
- C'est urgent, pour la sécurité du village. (Il leva les yeux vers elle et retira ses pieds, puis il se mit droit et cacha de son bras le rapport, "développe.") J'ai fait des recherches à l'ancien volcan, hors de la zone de chasse.
- Hors de la zone de chasse? Larah, c'est interdit ! STRICTEMENT INTERDIT ! Vous savez ce qu'il en coûte de passer ses zones ? La prison ! Et moi je ne veux pas ça, vous êtes un élément précieux et je ne peux pas cacher toutes vos bêtises !
- J'y ai vu... un chantier de guerre. Je suis pratiquement sûre que ce n'est pas un hasard qu'il soit caché.
- Développe.
- J'étais assez loin, j'ai vu de grandes grues et de grandes poulies qui faisaient chauffer des métaux sûrement très résistant dans la lave. Ils sortaient de grands épieux de ces réservoirs fumants. Le plus inquiétant est que j'ai vu des sortes de blindage, mais jamais pour des bâtiments, ils étaient plutôt courbés, comme des armures géantes. C'est assez floue comme vision, mais je suis pratiquement sûre que ce n'était pas pour se protéger des wyverns.
- Qu'en savez-vous, Mademoiselle Tian ? Vous avez vu des armes, grandes j'imagine, où croyez-vous que Dondruma développe des armes ? Il y a Harth, le village trovérien, vos grues et poulies me rappelle leur travail, dans le volcan, mais nous avons aussi des villes comme Jumbo qui nous en prête, à peu près tout le monde s'arme contre la vermine qui nuit à nos semblables tous les jours. Tous les jours il y a des victimes de trop et nous ne sommes jamais assez armés. Vous êtes là, oui, mais pas sur tous nos fronts et vous défendez rarement des villages. Des villages qui sont éloignés et isolés. Non, je ne vois pas le mal d'un chantier pour développer de l'armement !
- Est-il connu de la Guilde ? N'est-il pas illégal ? Dans tous les cas, si c'est pour les monstres, c'est pour du braconnage ! Il faut préserver les populations de monstres ! Sans eux, le monde peut s'écrouler.
- Sans eux, les humains prospéreraient, mais je suis au courant qu'on doit vivre avec eux, merci. Que demandez-vous ?
- Envoyez des troupes là-bas ne sera pas de trop, au moins pour enquêter.
- Vous voulez que j'enquête sur terrain inconnu ? Avez-vous conscience du danger ? Des monstres qui peuvent se trouver là bas ?
- Justement, j'ai bien peur qu'ils en élèvent un. Et un gros.
- Vous allez me faire dire que l'élevage de monstre est un crime ? Dans ce cas je vous mets au fer, vous et votre garuga que j'ai bien du mal à cacher ! Mais il reste invisible à la Guilde, et vous avez bien de la chance !
- Un monstre de type G n'a rien à envier. Je suis pratiquement sûre qu'il y a quelqu'un derrière tout ça, nous avons eu des problèmes avec les Allisters pas le passer...
- Crimson est mort et Black a fui. A moins que White n'ait décidé de se faire de nombreux ennemis, s'il est encore humain, je vois mal qui pourrait être à l'origine de ça.
- Nous le savons très bien tout deux.
- Et vous savez que je ne peux rien contre lui, Mademoiselle Tian, avez-vous la moindre idée de la puissance d'un noble ? Savez-vous qu'il pourrait acheter notre village et le faire détruire si l'envie lui prenait ? Vous n'avez AUCUNE preuve de son activité et vous n'allez pas le faire accuser à cause de votre haine envers lui.
- Il a été déclaré recherché il y a de cela quelques semaines ! s'écria Larah.
- Son avis de recherche a été annulé.
- A-nnu-lé ? Épela Larah, mais c'est un scandale ! Il m'a torturée !
- Les preuves sont inexistantes jusque-là. Elles ont disparu si un jour elles ont existées.
- Mais... mais mes marques de torture, tout cela, a été effacé peut être ?
- Comprenez que c'est au-delà de nous deux, je ne peux rien contre un courtier, mademoiselle Tian.
- Je ne peux pas y croire.
- En tout cas, vous manquez de preuve pour votre chantier, je ne peux rien faire tant que la Guilde ne me donne pas le feu vert pour explorer des lieux hors des zones de chasses. Je suis désolé.
- Nous le paierons, Maze, vous le savez autant que moi, ce n'est qu'une question de temps et je vous aurai mis en garde.
- Assez perdu de temps, partez vous reposer, Larah, vous délirez complètement.
Elle claqua la porte derrière elle et s'arrêta un instant, serrant la poignée de toutes ses forces. Elle la lâcha pour se remettre les cheveux en place. Il fallait qu'elle sorte et aille frapper quelques épouvantails pour se détendre.
Elle rentra dans sa chambre et se jeta sur le lit, lasse de la journée qui commençait à peine. Elle vit son diadème sur sa table de nuit. L'éclat de l'écaille ciel était intense et chaleureux. Elle tendit la main vers elle et la saisit. Elle regarda la couronne et la plaça sur son front. Elle sentit immédiatement les effets apaisants. Elle se détendit, relâcha ses muscles et eut la pensée claire. D'accord, il était vrai qu'elle n'avait aucune preuve tangible de la présence du Comte derrière ce chantier. A part que Myttik l'y avait conduit volontairement. Mais c'était sûrement pour qu'elle aperçoive le croisé qui les suivait ou le monstre. Le wyverien serait la clef. Elle descendit et partit chez Tana et Keil. Elle ouvrit la porte, découvrant Tana qui apprenait au wyverien leur langue. Ce n'était que les formules de base, mais il semblait être capable d'assimiler très vite. Il leva la tête quand elle entra et fronça les sourcils en voyant le diadème. Même Tana resta immobile quand elle croisa du regard l'écaille ciel. Ses yeux furent violets un instant, Larah le jura. La femme s'inclina à moitié face au diadème et le wyverien fit un geste de ses mains et pria dans sa langue. Tana s'approcha de son invitée en regardant la couronne.
- Ma foi, j'ai rarement vu une telle beauté, votre Majesté. Les vents ne m'ont pas annoncé le couronnement, sourit-elle.
- Je n'imaginais pas que cette couronne ferait tant d’effets… Soupira Larah. As-tu appris quelque chose sur le wyverien ?
- Oui, il se fait surnommer Al'Gieba. Il vient de l'Est et il s'est fait enlevé avec sa famille et sa tribu par un troverien. C'est un artisan, comme la plupart des gens de son village. Il a travaillé sur des armes pendant sa captivité, mais il n'en sait pas plus, il était juste là pour ajuster les boulons en quelque sorte. Il a décidé de rester avec nous car il se sent en sécurité et... il pense que tu es une envoyée de dieux. (Larah voulut rire et cacha son sourire avec sa main) Parce que tu es tombée du ciel avec une Yian Garuga.
- Oui, j'ai quelques talents mais personne ne me surpasse quand il s'agit de faire des entrées en scène. Il courrait vite et j'ai du lui bondir dessus pour l'arrêter, il ne l'aurait jamais fait sinon.
- Halalah, Larah, sacré numéro, va. En tout cas on va le garder ici encore un moment, il veut apprendre notre langue, nos coutumes et je pense que d'ici deux à trois semaines, il sera trilingue et pourra sans problème faire parti du village.
- Super, dis-lui que s'il y a un problème, il me trouvera dans ma maison. A ce propos, quand il parlera notre langue, envoie-le moi, j'ai trouvé des plans et il tombe à pic, j'aurai besoin de ses connaissances avec Jagamore, il se pourrait bien que je trouve une nouvelle arme de chasse.
- Entendu, fit Tana. En tout cas il t'admire pour l'avoir sorti du pétrin, il espère seulement que sa famille sera libérée aussi. (elle baissa la voix) Toi et moi on sait que s'il était dans un camp d'esclaves...
- ... sa famille va payer le prix de sa fuite, oui, je sais. Essaie de ne pas trop lui en parler. A ce propos, je voulais te parler de Talf et...
Elle entendit son nom dehors. Elle sortit la tête hors de la maison et vit Elim marcher en sa direction. Tana lui fit un signe de la tête que la chasseuse lui rendit. Elle sortit et Tana ferma la porte derrière elle. Elim courut en direction de Larah et lui tendit une lettre. Elle la prit et vit que le papier était scellé par de la cire rouge, représentant un faucon. Elle vit une signature en bas et le temps qu'elle déchiffre l'écriture, elle faillit déchirer le papier. Mais la couronne l'apaisa immédiatement et elle garda son calme. Elim semblait un peu inquiète. "C'est de cet homme, pas vrai ?" demanda-t-elle à sa soeur qui s'apprêtait à ouvrir la lettre avec son couteau de dépeçage qu'elle abandonnait rarement. Elle fit sauter le sceau et lut la lettre en silence.
- Il m'invite à un bal, le fou.
- Tu vas y aller ?
- A ton avis ?
- Je veux que tu saches que... c'est un homme bon. Il m'a souvent protégé, Ryu et moi, et quand Ryu s'est échappé de prison, il l'a couvert. Il m'a aidée à te trouver. Et... c'est moi qui lui ait donné toutes les informations te concernant. Jamais je n'ai pensé faire le mal, je te jure.
- Je sais tout déjà. T'a-t-il déjà menacé ?
- Pas une seule fois, il m'a toujours laissé le choix entre faire ce qu'il me demande ou non.
- Que t'a-t-il offert en échange de ces renseignements.
- Une vie tranquille, Ryu n'a plus à fuir et il peut même chasser. Il nous a promis une protection et il nous l'a donné ! Je t'en conjure, essaie de comprendre, il n'a fait du mal à personne sauf à toi, et je pense, je pense qe c'est sûrement de la faute de quelqu'un autre que lui.
- Je vais y aller et je ferai ce que j'aurai à faire une fois sur place. Dis à Talf s'il passe que je suis partie rendre visite à quelqu'un, mais ne lui demande surtout pas de me suivre. C'est entre le Comte et moi. Si tu peux juste lui envoyer un faucon (Elim parut surprise qu'elle sache comment ils communiquaient) pour lui dire qu'organiser des bals le soir même, c'était peut être un peu osé.
Larah partit, elle avait réussi à garder son calme alors que sa soeur avouait avoir coopérer avec ce serpent. Cette couronne allait être d'une grande aide, elle le savait.
Elle ne se fit pas attendre et arriva le soir, devant les portes d'un manoir, car il semblait que tous les nobles de Gardemine possédaient des manoirs alors que n'importe quel monstre qui trainait dans le coin pouvait débarquer et tout détruire. Mais elle ne se plaignit pas, c'était grâce à eux qu'elle avait un travail. Elle fit face aux grandes portes noires où un garde en tenu... de la Guilde l'attendait. De toute manière elle n'était même plus étonnée que son employeur soit pourri jusqu'à la moelle. Le garde tendit sa lance devant la porte et demanda l'invitation. Elle lui jeta presque et il la lut rapidement, il ouvrit la porte dans un grognement énervé. Elle entra, la moitié des convives se tournèrent vers elle. Parfait, il y avait donc des témoins. Elle marcha quelques pas au milieu des invités qui la regardaient de haut en bas. Il fallait dire qu'elle portait une robe rouge dos nu assez provocante, qui laissait paraître ses tatouages dorsaux. De plus, elle portait son diadème flamboyant et des boucles d'oreilles qui faisaient ressortir ses yeux. Elle n'avait pas teint ses cheveux, restés noir pour l'occasion. Ses maquillages felynes étaient toujours sur son visage et semblaient défier chaque invité. "Mais qui est-elle ?" entendit-elle. "C'est peut être un princesse de Jumbo ! Regarde ses tatouages..." Un autre reprit "Non c'est évidemment des marques de l'Orient, c'est une nomade ?" Une femme ricana "Ou une sauvage ?" la plupart rirent. Parfait, sa couverture était donc très bonne. Elle passa devant une longue table où de nombreux plats attendaient d'être mangés. Il y avait même un orchestre. Elle marcha au milieu de ses gens qui la dévisageaient et elle repéra à quelques mètres d'elle le Comte, habillé de son armure noire qu'il ne quittait jamais, mais au lieu de sa cape rouge marquée par le temps et déchirée sur de part et d'autre du bas, il avait une cape rouge, encore, mais ornée de symboles dorées. Ses cheveux mis longs étaient plaqués en arrière, il avait cependant quelques mèches qui lui tombaient sur le front et devant les yeux. Ils parlaient à quelques femmes qui rigolaient à chaque fois qu'il finissait une phrase.
Larah fonça droit vers sa cible. Il entendit des pas derrière lui et se tourna, faisant suivre sa cape dans un mouvement élégant. Les femmes à qui il parlait se transformèrent en démon qui montrèrent les dents à la nouvelle arrivante. Le Comte disposa des femmes d'un mouvement de la main et regarda la jeune femme de haut en bas. Il fit une fixette sur le joyau rose sur la couronne et regarda Larah dans les yeux. "Ainsi vous êtes venue. On ne m'avait pas invité à un couronnement, je suis déçu." Au lieu de s'attendre à une grande colère qui la ferait se jeter sur la gorge de l'homme, elle inspira profondément et sentit un calme grandissant dans sa poitrine. Elle avait celui qu'elle détestait le plus au monde devant elle, et elle décida de faire de l'humour. "Je crois que pour une fois, vous n'étiez pas au courant de quelque chose, ça doit être terrible à vivre..." Le Comte sourit. "Indéniablement. Vous êtes ravissante et je vois que... (il regarda les marques sur son visage) vous avez eu le droit à un grand privilège de la part de Myttik. Félicitations, vous êtes la deuxième personne à porter ses marques."
- La première étant Marys, j'imagine.
- Désolé de vous décevoir mais non, votre mère n'a pas pu tout avoir dans sa vie. (il sourit) Je suis surpris que vous ne soyez pas en train d'essayer de me tuer.
- J'ai dans la tête, en ce moment, un proverbe que vous devez bien connaître. J'ai décidé de l'appliquer pour cette soirée.
- Quel est-il ?
- Vous le découvrirez plus tard, voulez-vous danser ?
- Je ne crois pas que vous mesuriez l'importance de votre demande.
- Craignez-vous la danse, Comte ?
- Je crains surtout pour votre image, avez-vous envie de faire jalouser autant de gens?
- Je ne crains pas le regard des autres.
- A la bonne heure, j'en ai assez des personnes se plaignait de tel ou tel autre car celui-ci lui a dit quelque chose de "méchant". J'ai d'abord une question à vous poser, êtes-vous venue me tuer ?
- La danse déterminera si oui ou non, vous en valait la peine. Mais que les choses soient claires, je n'aurai aucun intérêt à vous tuer lâchement. Vous ne souffrirez jamais assez pour ce que vous m'avez fait endurer.
- Eh bien permettez-moi de vous inviter à discuter calmement, car vous ne me semblez plus si naïve.
La musique se changea et devint plus rapide. Larah secoua la tête. "Du tango, vraiment ?" elle n'en croyait pas ses oreilles. "Vous savez le danser, au moins ?" Le Comte la regarda droit dans les yeux et lui dit : "J'apprends vite." Larah secoua la tête et prit la tête.
Il lui prit la main et la baisa, puis il passa son bras dans le dos de Larah et attendit qu'elle se mette aussi en position. Elle sourit, sûrement nerveusement, lui tendit la main, se demandant comment elle pouvait être aussi calme. De nombreux convives se tournèrent et ouvrirent de grands yeux. "Ne faîtes pas attention, votre famille est peut-être plus riche que n'importe qui dans cette salle." Larah lui fit comprendre que le regard des autres lui importait peu, tant qu’il arrivait à la suivre. Il sourit à nouveau, "Vous me sous-estimez, ça me blesse, mademoiselle." Elle ne lui fit pas de cadeau et très vite, il comprit qu'il devrait apprendre vite s'il ne voulait pas être ridiculisé. "Vous parliez d'un proverbe", dit-il pour attirer son attention le temps qu'il analyse le rythme anarchique de ses pas, "vous n'avez pas dit lequel." Larah tira sur son bras droit et faillit lui coincer sa jambe gauche. "Eh bien, vous le connaissez sans doute. Garde tes amis proches..." Ils firent tous deux une fente en avant, leur corps pratiquement collés. "Et tes ennemis, encore plus." Le Comte sourit, ne s'attendant pas à cela. Ils se relevèrent et il la fit tourner une fois, puis il la récupéra dos à lui, mais pas moins proche. "Je vous croyais naïve. Je me suis trompé." Elle passa encore une fois sous son bras et elle remit sa main dans son dos. Le rythme ne cessa pas. Ils croisèrent et décroisèrent leurs jambes. "Vous commencez à comprendre..." commença Larah. "Quoi donc ? La danse, ou vous ?" finit le Comte. Elle arriva à le surprendre encore une fois où il faillit tomber. "On est encore loin des deux." L'homme ne put s'empêcher de sourire et arriva à se remettre en rythme. La musique se finissait presque, il fit tourner Larah près de lui et la ramena à lui : "Vous n'imaginez pas tout ce que je pourrais faire pour vous." Il se plaça exactement en rythme, sans même se concentrer sur ses pieds. Elle l'écouta, son sourire ayant disparu. "Je peux vous aider Larah. Je peux vous soigner." Elle lui demanda comment. Il tapa du pied pour que les musiciens continuent encore la musique, ils transpiraient déjà, comme s'ils craignaient que leurs instruments se brisent avant que la musique ne se finisse. "J'ai entendu que vous survoliez un volcan..." La chasseuse eut un bref mouvement du visage que le Comte ne vit pas. "... d'émotions." termina-t-il, laissant souffler intérieurement Larah. "Vous pourriez vous confier, vous libérer. Et enfin comprendre où vous en êtes." La musique ralentit, il la prit au dépourvu et la fit basculer en arrière, elle se retint à ses épaules, mais il avait prévu de la retenir lui aussi, ses cheveux pendant dans le vide, il sourit et ses yeux d'émeraudes brillèrent, elle avait été battu à son propre jeu. "Qu'en pensez-vous ?"
Un tonnerre d'applaudissement couvrit sa réponse. Il resta quelques secondes dans cette position, le temps que Larah comprenne que cette danse était remportée par le Comte. Puis il la redressa et remit jalousement sa main dans son dos, comme pour la protéger. La plupart des convives eurent des regards mauvais ou jaloux, les femmes pestèrent et les hommes en prirent pour leur grade. "Il semble que nous étions les seuls à danser." fit-il remarquer. "J'étais trop concentrée sur le rythme pour faire attention à eux." répondit-elle. Le Comte étouffa un rire amusé et soupira. "Peut être puis-je vous inviter dans mes appartements ?" Il rapprocha Larah de son visage et la regarda droit dans les yeux. "Votre charme a peut être du pouvoir sur les femmes de cette salle, mais je suis loin d'être sans mémoire, Comte."
- Je ne m'attendais pas à votre approbation, je vous montre cependant ma bonne foi. Nous deux seuls, dans une pièce, c'est un bon lieu pour un assassinat.
- Peut être, fit-elle, mais votre visage aussi près du mien, c'est presque obscène.
- Je peux vous montrer quelque chose de bien plus obscène. Et croyez-moi, mes invités s'en tireront les cheveux. N'avez-vous pas envie de les voir rager, bouillir intérieurement quand vous, une femme inconnue, montera dans les appartements du Comte.
- J'avoue que l'offre est intéressante.
- Vous m'en envoyez ravi. Alors, suivez-moi bien et ne prenez pas la coupe que l'on va vous proposer, elle est empoisonnée. Quelques femmes jalouses n'auront pas perdu leur temps.
- Merveilleux, laissez-moi m'amuser, moi aussi.
- Ne prenez pas cette coupe.
- Attendez, les voilà.
- Vous prendriez bien un rafraîchissement ? Fit l'un des convives à Larah.
- Cela vous fera le plus grand bien après une telle danse, rajouta une femme.
- J'ai bien peur, répondit Larah, que ce ne soit pas le breuvage que je puis boire chez moi, je refuserai alors, mais n'en soyez pas contrariés.
- Quelle disgrâce, Sire, ajouta encore le Comte.
Les deux convives passèrent du blanc au rouge en moins d'une seconde et se tournèrent pour s'effacer rapidement. Larah eut envie d'exploser de rire mais elle cacha de sa main un petit rire qu'elle ne put s'empêcher de faire. "En effet, vous ne vous en sortez pas trop mal." commenta le Comte. Ils gravirent de grands escaliers blancs où les invités suivirent des yeux l'hôte de la soirée avec une parfaite inconnue. De nombreuses rumeurs se firent mais pas une seule ne s'avéra fondée.
Le Comte ferma la porte à clef derrière lui et laissa Larah s'asseoir sur le lit. Il se tourna ensuite et regarda l'heure sur une montre de poche. Il soupira et s'approcha de la fenêtre de la chambre, contemplant la lune se lever. "Plus je vous étudie et moins j'ai l'impression de vous connaître. Vous faîtes preuve d'une bipolarité maladive dans vos décisions. Du jour au lendemain, vous pourriez accepter de vous battre avec la pire crapule et le lendemain, demander le pardon, pour recommencer ensuite. Je ne sais pas ce que Minuit vous met dans la tête et comment vous le voyez mais je vous mets en garde, malgré son aspect de vilains petits canards, il s'avère cependant être un Fatalis, une calamité comme l'appelle les gens. Nul doute qu'un jour ou l'autre, vous ferez affaire avec son côté primaire et son instinct." Il se tourna et alla chercher une bouteille de vin dans une armoire. Il semblait avoir prévu le coup. Il semblait toujours prévoir toutes les éventualités, comme le vit Larah quand elle découvrit une lame sous un oreiller qui dépassait. Il sortit deux coupes et versa du vin, il continua :
- Je vous rassure, elles ne sont pas empoisonnées. Je n'ai pas ce genre d'intention à votre égard. J'ai plutôt d'autres envies. Comme de savoir pourquoi est-ce que vous continuez de risquer votre vie tous les jours. Vous avez encore failli vous faire tuer par un Zodiumbra nocturne... Personne n'aurait pu deviner les effets de l'éclipse cependant, je vous félicite pour votre versatilité. A toute épreuve, comme actuellement, votre calme. Avant la tempête, j'imagine. Alors comme ça, vous avez été couronné et je n'étais pas invité ? C'est un scandale.
- Pour une fois que vous n'étiez pas au courant de tout. Ça doit vous changer.
- Hélas, je ne sais pas tout ce qu'il se passe, sinon j'éviterai bien des tragédies. Comme le fait que vous ayez secrètement vu le dragon, je m'en serai passé. Vous vouez une telle haine à mon égard que je ne saurai l'atténuer. Mais je peux la prévenir. J'imagine que Minuit a du vous dire à quel point j'étais "méchant". Vilain petit dragon, je lui passerai bien la muselière si je pouvais. Mais évidemment, il aurait raison pour le coup, je dois alors le laisser vivre... pour vous. Mais je n'arrive pas à vous protéger de ses pensées, quand il est dans votre tête.
- Vous ne pourrez jamais l'enfermer.
- Je peux faire bien des choses, mais en effet, il sera toujours dans un coin de votre esprit.
- Vous l'avez dit vous même, c'est un Fatalis, il pourrait vous détruire en un rien de temps s'il le pouvait.
- C'est vrai, aussi. Mais vous pensez qu'il en serait capable ?
- Non. Non, et c'est pour ça qu'il a besoin de moi. Et vous avez besoin de moi pour le mettre à terre et l’enchaîner, au cas où il devienne trop gênant. Mais je suis désolée pour vous, j'ai déjà choisi mon camp.
- Et ce n'est pas celui de vos semblables.
- Ils ont aussi leur place dans ce monde, Comte.
- Le pensez-vous vraiment ? Devons-nous nous limiter à notre petite existence quand nous pourrions parcourir le monde ? Découvrir de nouveaux lieux, de nouveaux paysages, nous serions des nomades et nous ne craindrions plus le danger, quand nous aurons besoin de nous installer, nous irons où bon nous semble, sans se demander si un monstre millénaire ne vit pas dans la montagne d'à côté.
- Je vois très bien ce que vous voulez, votre vision est utopique, l'extinction de tout un écosystème entrainerait la destruction du monde que nous connaissons. Et qui vous dit qu'au moment où nous toucherions au but, un ennemi encore plus puissant refasse surface. Nous n'avons découvert qu'environ 1% de toutes les espèces de notre monde. Chaque jour qui passe, nous découvrons de nouveaux êtres, de nouveaux êtres, des créatures intelligentes qui pensent. Qui vous dit qu'il n'y a pas un gardien, un être surpuissant qui guide la vie.
- Un dieu ? Ha, non, je ne pense pas que la Nature soit guidée par un être suprême, elle fait comme bon lui semble, elle s'adapte et évolue. Cependant, si nous ne pouvons pas éradiquer la menace, nous pouvons la convaincre et nous faire craindre. Une nouvelle génération de chasseurs capables d'effrayer les monstres simplement à leur présence ? Les croisés étaient un échec, leurs créateurs sont morts. Mais il y a d'autres espoirs. Lorsqu'un grand chasseur meurt, qui prend sa suite ? Un novice, mais ce novice mettra des mois et des années à atteindre le niveau de son prédécesseur. (Il tendit la coupe à Larah) Les entraîner dès le plus jeune âge et ils n'auront que la volonté de tuer car ils auront été entraîné pour ça. Les AVIs. Alors que reste-t-il... hmm ? Eh bien nous avons vous, qui êtes un spécimen étrange. Mais unique et je doute que l'on puisse vous reproduire. Vous ne serez pas éternelle, je crains que votre corps dépérisse d'un moment à l'autre, mais il semble que pour le moment, ce soit stable, vous avez éliminé ce que je vous ai injecté, donc le test est concluant, vous allez vivre encore longtemps.
- Les croisés ne sont pas un échec, certains d'entres eux partagent des gènes de dragon ancien. Leur pouvoir est sans limite. Ils doivent apprendre à ne pas partir Berserk. Et peut être alors ils sauront la réponse à ce que vous cherchez. Mais à quel prix ? Torturer des enfants pour les voir muter ? Ce serait vous alors le monstre. Il reste moi, certes, je ne me considère pas comme un espoir, plutôt un monstre, je partage mon esprit avec un Fatalis, l'un des monstres les plus craints de notre monde, et vous pensez que j'arriverai à contrôler un tel dragon ?
- Marys a réussi. J'ai tout mes espoirs en vous, vous y arriverez et vous dompterez l'indomptable.
- Non, non, non... Ma mère a simplement réussi à ne plus l'énerver, calmer ses ardeurs, jamais elle n'a... contrôlé Minuit.
- Cela m'aurait étonné qu'il vous le dise. Il existe un moyen. Les anciens wyveriens avaient mis au point un objet, ce n'était pas une arme, mais cela était tout comme. Lorsqu'ils utilisaient cet objet, les monstres les écoutaient et partaient, ou se battaient même à leur côté. Vous possédez quelque chose qui s'en rapproche... Votre sifflet.
- Yann répond simplement à mon appel.
- En effet, mais a-t-il jamais manqué cet appel ?
- Jamais, se rendit compte Larah.
- Il était appelé par cette musique. Myttik vous a donné le sifflet pour vous mettre sur la voix, mais comme à son habitude, il ne vous a pas parlé de tous les détails, vous ignoriez même la puissance de cet instrument jusqu'à aujourd'hui. Entrevoyez-vous un espoir ? Croyez-vous que l'on peut contrôler ces monstres ?
- Pour le moment on ne peut rien conclure. Je ne vois pas comment des notes de musiques peuvent apaiser un dragon...
- Ça, cela pourra prendre des décennies, lorsque nous aurons compris, peut être qu'alors notre survie ne sera plus une inquiétude.
- Les humains se retourneront entre eux et se seront de véritables combats que vont se livrer les monstres... On ne peut pas confier un tel pouvoir à l'humanité, nous sommes trop vulnérables à la tentation du pouvoir. Vous me l'avez si bien montré.
- Comprenez-vous que chacune de mes décisions prisent contre vous étaient là pour vous mener à une bonne conclusion ?
- Malgré tout, je ne peux pas croire une seule seconde que vous êtes quelqu'un de bon. Vous avez fait des choses horribles.
- Tout ceci a été orchestré dans un but unique. Mes plans sont en place depuis bientôt dix ans.
- Alors pourquoi Marys a-t-elle essayé de vous en empêcher ?
Il y eut un silence. Le Comte s'était assis à côté d'elle. Il regarda le liquide rosée qui baignait dans sa coupe et il but, elle l'imita alors, rencontrant sur sa langue un goût fruité mais amer à la fois. Il soupira et hocha la tête. "Vous êtes loin d'être idiote. C'est une bonne chose." Il finit sa coupe et regarda dans le vide, puis il se frotta les yeux. "Vous contournez le problème, n'est-ce pas ? Vous cherchez une réponse à ma question, mais vous allez être obligé de mentir pour ne pas que je devienne le démon que vous craignez. Dès que Minuit saura, il viendra à votre rencontre et vous êtes vulnérable. Si vous mentez, je le saurais immédiatement." Le Comte sourit doucement et posa sa coupe sur une table contre les pieds du lit. Il se tourna vers Larah et lui prit sa coupe qu'il finit. "Je vous avais promis quelque chose d'obscène, êtes-vous prête à aller jusqu'au bout pour pouvoir connaître toute l'histoire entre votre mère et moi ?" La jeune femme ferma les yeux en soupirant. "Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour savoir le fin mot de l'histoire." conclut Larah. Le Comte sourit et s'approcha d'elle, lui prenant la main et ne quittant pas ses yeux. Larah se coucha petit à petit sur le dos, se rapprochant inlassablement de la dague sous l'oreiller. Le Comte pressa sa jambe contre la sienne et approcha son visage du sien. Puis alors qu'il semblait prêt à faire ce qu'il avait à faire, il tourna la tête et défit le bandage du bras de Larah, qui se laissa totalement tomber en arrière, soupirant de soulagement. "Je le savais." dit-elle. "Je savais que vous aviez autre chose en tête." Le Comte ricana et retira le bandage. "Je vous ai bien eu. J'ai de l'amour propre, voyez-vous." Elle le regarda en haussant les sourcils. "Merci, ça fait toujours plaisir." Le Comte releva les yeux un instant vers elle et lui expliqua : "Non, je voulais dire que je ne préfère pas que vous me voyez au grand jour, pas sans préparation." Larah trouva que ça commençait à aller loin. "Je porte une armure à toutes les heures de la journée pour une bonne raison." continua-t-il. La jeune femme se rappela que Minuit lui avait dit qu'il était malade, elle tenta : "Vous cachez les symptômes de votre maladie ?" Le Comte hocha la tête en silence, la bouche tendue en une ligne dure. Il regardait la blessure en deux parties avec dégoût.
- Que s'est-il passé exactement pour que ce soit autant le bazar dans votre cicatrisation. Regardez-moi ça, c'est à deux doigts de s'infecter ici et vous ne faîtes rien pour l'en empêcher ?
- Au cas où vous auriez des problèmes de vue, cette blessure est VIOLETTE. Mais pas le violet des bleus ou des hématomes...
- Comme des cristaux. (il regarda la mèche de Larah) Montrez-moi votre oeil. Sans l'ouvrir je vous prie. (Elle mit ses cheveux derrière son oreille.) La cicatrice du Keilacta est restée mais est presque disparue, je pense que ça sera pareil pour votre bras... cependant, j'ignore comment vous allez cicatriser ceci, on dirait que votre corps a réagi de manière aléatoire. Regardez, votre sang s'est "cristallisé", c'est à cause de Minuit, mais pourtant ce n'est pas la même chose partout. Regardez ça par exemple (il lui montra une coupure qui n'était plus qu'une petite marque) le Zodiumbra vous a fait ça, pourtant, c'est normal. C'est parce que cette griffe a tranché votre bras droit que cela a réagi de la sorte. (il réfléchit) Il me faudrait plus de temps pour voir si... Donnez moi la dague sous l'oreiller. (Larah s'immobilisa complètement) Allez, ne faîtes pas l'enfant. (elle lui tendit le couteau) Je peux? (En regardant le ciel et en se laissant tomber contre l'oreiller, elle lui fit signe de faire ce que bon lui sembler. Il toucha avec la pointe du couteau la plaie cristallisée. C'était dur, il réfléchissait à toute vitesse, ça se voyait dans ses yeux.) Je suis désolé.
- Quoi ? Non ! (il fit une petite entaille à quelques centimètres de la plaie) Aïe ! Sérieusement, je ressens la douleur, vous savez!
- Regardez, ça saigne, mais le sang est très sombre. Et voilà, ça se cristallise. (il regarda l'autre bras de Larah mais elle lui fit comprendre qu'il n'allait pas s'amuser à tracer des plaies un peu partout) D'accord, j'ai compris. Tenez au courant Elim de l'évolution de la plaie. Je veux savoir si tout ira bien. Attendez, je vous bande cette blessure.
- Je n'ai pas encore déterminé si je peux vous faire confiance, vous savez.
- Ça ne fait rien, ça reste votre soeur et une très bonne guérisseuse. Je lui enverrai de quoi vous soigner. Et aussi, de l'argent pour Sovereign, je sais qu'il ne va pas bien et je ne préfère pas qu'il reste paralysé toute sa vie, je ferai mon possible pour qu'il puisse se lever un jour.
Larah se mordit les lèvres. Cette rencontre avait changé la donne. Certes, il pouvait mentir et la manipuler, certes elle avait plus confiance en Minuit qu'en cet homme. Oui, Minuit était un Fatalis instable et peu recommandable. Non, elle ne savait plus où elle en était. "Pourquoi jouez-vous autant avec moi ?" demanda-t-elle. "Vous savez qu'au final, cette histoire se finira mal." Le Comte se leva et déverrouilla la porte. "Je ne joue pas Larah, je gagne du temps. Le temps est précieux et c'est quelque chose que je ne peux pas acheter. La fin de l'histoire est encore un peu loin et je peux la ralentir... Mais je sais que viendra un moment décisif."
Il sortit et avant de partir, il dit : "Vous pouvez vous reposer, demain, on vous ramènera chez vous. Je m’assurerai qu'il ne vous arrive rien. Bonne nuit." Il sortit.
Larah avait dormi d'un sommeil agité sans rêve. Elle repartait dans une calèche, elle était la dernière personne dans le manoir, des servants vinrent nettoyer la chambre après son départ. Elle regardait le paysage défiler en réfléchissant. Elle était calme mais pourtant, une bataille terrible se menait dans son esprit, remettant en ordre tout ce qu'elle savait. Il n'avait pas dit pourquoi Marys avait interférer dans ses plans. C'était la clef qui déterminerait qui de Minuit ou du Comte était celui à suivre. Elle soupira et se laissa mener chez elle, où elle se préparerait d'ici la prochaine quête.
- Zero Maze, bonjour, que puis-je faire pour la meilleure chasseuse de Tenmura ? fit-il, un peu ennuyé.
- Je viens faire un rapport.
- Bon dieu, vous ne pouviez pas l'écrire, comme tout le monde ?
- C'est urgent, pour la sécurité du village. (Il leva les yeux vers elle et retira ses pieds, puis il se mit droit et cacha de son bras le rapport, "développe.") J'ai fait des recherches à l'ancien volcan, hors de la zone de chasse.
- Hors de la zone de chasse? Larah, c'est interdit ! STRICTEMENT INTERDIT ! Vous savez ce qu'il en coûte de passer ses zones ? La prison ! Et moi je ne veux pas ça, vous êtes un élément précieux et je ne peux pas cacher toutes vos bêtises !
- J'y ai vu... un chantier de guerre. Je suis pratiquement sûre que ce n'est pas un hasard qu'il soit caché.
- Développe.
- J'étais assez loin, j'ai vu de grandes grues et de grandes poulies qui faisaient chauffer des métaux sûrement très résistant dans la lave. Ils sortaient de grands épieux de ces réservoirs fumants. Le plus inquiétant est que j'ai vu des sortes de blindage, mais jamais pour des bâtiments, ils étaient plutôt courbés, comme des armures géantes. C'est assez floue comme vision, mais je suis pratiquement sûre que ce n'était pas pour se protéger des wyverns.
- Qu'en savez-vous, Mademoiselle Tian ? Vous avez vu des armes, grandes j'imagine, où croyez-vous que Dondruma développe des armes ? Il y a Harth, le village trovérien, vos grues et poulies me rappelle leur travail, dans le volcan, mais nous avons aussi des villes comme Jumbo qui nous en prête, à peu près tout le monde s'arme contre la vermine qui nuit à nos semblables tous les jours. Tous les jours il y a des victimes de trop et nous ne sommes jamais assez armés. Vous êtes là, oui, mais pas sur tous nos fronts et vous défendez rarement des villages. Des villages qui sont éloignés et isolés. Non, je ne vois pas le mal d'un chantier pour développer de l'armement !
- Est-il connu de la Guilde ? N'est-il pas illégal ? Dans tous les cas, si c'est pour les monstres, c'est pour du braconnage ! Il faut préserver les populations de monstres ! Sans eux, le monde peut s'écrouler.
- Sans eux, les humains prospéreraient, mais je suis au courant qu'on doit vivre avec eux, merci. Que demandez-vous ?
- Envoyez des troupes là-bas ne sera pas de trop, au moins pour enquêter.
- Vous voulez que j'enquête sur terrain inconnu ? Avez-vous conscience du danger ? Des monstres qui peuvent se trouver là bas ?
- Justement, j'ai bien peur qu'ils en élèvent un. Et un gros.
- Vous allez me faire dire que l'élevage de monstre est un crime ? Dans ce cas je vous mets au fer, vous et votre garuga que j'ai bien du mal à cacher ! Mais il reste invisible à la Guilde, et vous avez bien de la chance !
- Un monstre de type G n'a rien à envier. Je suis pratiquement sûre qu'il y a quelqu'un derrière tout ça, nous avons eu des problèmes avec les Allisters pas le passer...
- Crimson est mort et Black a fui. A moins que White n'ait décidé de se faire de nombreux ennemis, s'il est encore humain, je vois mal qui pourrait être à l'origine de ça.
- Nous le savons très bien tout deux.
- Et vous savez que je ne peux rien contre lui, Mademoiselle Tian, avez-vous la moindre idée de la puissance d'un noble ? Savez-vous qu'il pourrait acheter notre village et le faire détruire si l'envie lui prenait ? Vous n'avez AUCUNE preuve de son activité et vous n'allez pas le faire accuser à cause de votre haine envers lui.
- Il a été déclaré recherché il y a de cela quelques semaines ! s'écria Larah.
- Son avis de recherche a été annulé.
- A-nnu-lé ? Épela Larah, mais c'est un scandale ! Il m'a torturée !
- Les preuves sont inexistantes jusque-là. Elles ont disparu si un jour elles ont existées.
- Mais... mais mes marques de torture, tout cela, a été effacé peut être ?
- Comprenez que c'est au-delà de nous deux, je ne peux rien contre un courtier, mademoiselle Tian.
- Je ne peux pas y croire.
- En tout cas, vous manquez de preuve pour votre chantier, je ne peux rien faire tant que la Guilde ne me donne pas le feu vert pour explorer des lieux hors des zones de chasses. Je suis désolé.
- Nous le paierons, Maze, vous le savez autant que moi, ce n'est qu'une question de temps et je vous aurai mis en garde.
- Assez perdu de temps, partez vous reposer, Larah, vous délirez complètement.
Elle claqua la porte derrière elle et s'arrêta un instant, serrant la poignée de toutes ses forces. Elle la lâcha pour se remettre les cheveux en place. Il fallait qu'elle sorte et aille frapper quelques épouvantails pour se détendre.
Elle rentra dans sa chambre et se jeta sur le lit, lasse de la journée qui commençait à peine. Elle vit son diadème sur sa table de nuit. L'éclat de l'écaille ciel était intense et chaleureux. Elle tendit la main vers elle et la saisit. Elle regarda la couronne et la plaça sur son front. Elle sentit immédiatement les effets apaisants. Elle se détendit, relâcha ses muscles et eut la pensée claire. D'accord, il était vrai qu'elle n'avait aucune preuve tangible de la présence du Comte derrière ce chantier. A part que Myttik l'y avait conduit volontairement. Mais c'était sûrement pour qu'elle aperçoive le croisé qui les suivait ou le monstre. Le wyverien serait la clef. Elle descendit et partit chez Tana et Keil. Elle ouvrit la porte, découvrant Tana qui apprenait au wyverien leur langue. Ce n'était que les formules de base, mais il semblait être capable d'assimiler très vite. Il leva la tête quand elle entra et fronça les sourcils en voyant le diadème. Même Tana resta immobile quand elle croisa du regard l'écaille ciel. Ses yeux furent violets un instant, Larah le jura. La femme s'inclina à moitié face au diadème et le wyverien fit un geste de ses mains et pria dans sa langue. Tana s'approcha de son invitée en regardant la couronne.
- Ma foi, j'ai rarement vu une telle beauté, votre Majesté. Les vents ne m'ont pas annoncé le couronnement, sourit-elle.
- Je n'imaginais pas que cette couronne ferait tant d’effets… Soupira Larah. As-tu appris quelque chose sur le wyverien ?
- Oui, il se fait surnommer Al'Gieba. Il vient de l'Est et il s'est fait enlevé avec sa famille et sa tribu par un troverien. C'est un artisan, comme la plupart des gens de son village. Il a travaillé sur des armes pendant sa captivité, mais il n'en sait pas plus, il était juste là pour ajuster les boulons en quelque sorte. Il a décidé de rester avec nous car il se sent en sécurité et... il pense que tu es une envoyée de dieux. (Larah voulut rire et cacha son sourire avec sa main) Parce que tu es tombée du ciel avec une Yian Garuga.
- Oui, j'ai quelques talents mais personne ne me surpasse quand il s'agit de faire des entrées en scène. Il courrait vite et j'ai du lui bondir dessus pour l'arrêter, il ne l'aurait jamais fait sinon.
- Halalah, Larah, sacré numéro, va. En tout cas on va le garder ici encore un moment, il veut apprendre notre langue, nos coutumes et je pense que d'ici deux à trois semaines, il sera trilingue et pourra sans problème faire parti du village.
- Super, dis-lui que s'il y a un problème, il me trouvera dans ma maison. A ce propos, quand il parlera notre langue, envoie-le moi, j'ai trouvé des plans et il tombe à pic, j'aurai besoin de ses connaissances avec Jagamore, il se pourrait bien que je trouve une nouvelle arme de chasse.
- Entendu, fit Tana. En tout cas il t'admire pour l'avoir sorti du pétrin, il espère seulement que sa famille sera libérée aussi. (elle baissa la voix) Toi et moi on sait que s'il était dans un camp d'esclaves...
- ... sa famille va payer le prix de sa fuite, oui, je sais. Essaie de ne pas trop lui en parler. A ce propos, je voulais te parler de Talf et...
Elle entendit son nom dehors. Elle sortit la tête hors de la maison et vit Elim marcher en sa direction. Tana lui fit un signe de la tête que la chasseuse lui rendit. Elle sortit et Tana ferma la porte derrière elle. Elim courut en direction de Larah et lui tendit une lettre. Elle la prit et vit que le papier était scellé par de la cire rouge, représentant un faucon. Elle vit une signature en bas et le temps qu'elle déchiffre l'écriture, elle faillit déchirer le papier. Mais la couronne l'apaisa immédiatement et elle garda son calme. Elim semblait un peu inquiète. "C'est de cet homme, pas vrai ?" demanda-t-elle à sa soeur qui s'apprêtait à ouvrir la lettre avec son couteau de dépeçage qu'elle abandonnait rarement. Elle fit sauter le sceau et lut la lettre en silence.
- Il m'invite à un bal, le fou.
- Tu vas y aller ?
- A ton avis ?
- Je veux que tu saches que... c'est un homme bon. Il m'a souvent protégé, Ryu et moi, et quand Ryu s'est échappé de prison, il l'a couvert. Il m'a aidée à te trouver. Et... c'est moi qui lui ait donné toutes les informations te concernant. Jamais je n'ai pensé faire le mal, je te jure.
- Je sais tout déjà. T'a-t-il déjà menacé ?
- Pas une seule fois, il m'a toujours laissé le choix entre faire ce qu'il me demande ou non.
- Que t'a-t-il offert en échange de ces renseignements.
- Une vie tranquille, Ryu n'a plus à fuir et il peut même chasser. Il nous a promis une protection et il nous l'a donné ! Je t'en conjure, essaie de comprendre, il n'a fait du mal à personne sauf à toi, et je pense, je pense qe c'est sûrement de la faute de quelqu'un autre que lui.
- Je vais y aller et je ferai ce que j'aurai à faire une fois sur place. Dis à Talf s'il passe que je suis partie rendre visite à quelqu'un, mais ne lui demande surtout pas de me suivre. C'est entre le Comte et moi. Si tu peux juste lui envoyer un faucon (Elim parut surprise qu'elle sache comment ils communiquaient) pour lui dire qu'organiser des bals le soir même, c'était peut être un peu osé.
Larah partit, elle avait réussi à garder son calme alors que sa soeur avouait avoir coopérer avec ce serpent. Cette couronne allait être d'une grande aide, elle le savait.
Elle ne se fit pas attendre et arriva le soir, devant les portes d'un manoir, car il semblait que tous les nobles de Gardemine possédaient des manoirs alors que n'importe quel monstre qui trainait dans le coin pouvait débarquer et tout détruire. Mais elle ne se plaignit pas, c'était grâce à eux qu'elle avait un travail. Elle fit face aux grandes portes noires où un garde en tenu... de la Guilde l'attendait. De toute manière elle n'était même plus étonnée que son employeur soit pourri jusqu'à la moelle. Le garde tendit sa lance devant la porte et demanda l'invitation. Elle lui jeta presque et il la lut rapidement, il ouvrit la porte dans un grognement énervé. Elle entra, la moitié des convives se tournèrent vers elle. Parfait, il y avait donc des témoins. Elle marcha quelques pas au milieu des invités qui la regardaient de haut en bas. Il fallait dire qu'elle portait une robe rouge dos nu assez provocante, qui laissait paraître ses tatouages dorsaux. De plus, elle portait son diadème flamboyant et des boucles d'oreilles qui faisaient ressortir ses yeux. Elle n'avait pas teint ses cheveux, restés noir pour l'occasion. Ses maquillages felynes étaient toujours sur son visage et semblaient défier chaque invité. "Mais qui est-elle ?" entendit-elle. "C'est peut être un princesse de Jumbo ! Regarde ses tatouages..." Un autre reprit "Non c'est évidemment des marques de l'Orient, c'est une nomade ?" Une femme ricana "Ou une sauvage ?" la plupart rirent. Parfait, sa couverture était donc très bonne. Elle passa devant une longue table où de nombreux plats attendaient d'être mangés. Il y avait même un orchestre. Elle marcha au milieu de ses gens qui la dévisageaient et elle repéra à quelques mètres d'elle le Comte, habillé de son armure noire qu'il ne quittait jamais, mais au lieu de sa cape rouge marquée par le temps et déchirée sur de part et d'autre du bas, il avait une cape rouge, encore, mais ornée de symboles dorées. Ses cheveux mis longs étaient plaqués en arrière, il avait cependant quelques mèches qui lui tombaient sur le front et devant les yeux. Ils parlaient à quelques femmes qui rigolaient à chaque fois qu'il finissait une phrase.
Larah fonça droit vers sa cible. Il entendit des pas derrière lui et se tourna, faisant suivre sa cape dans un mouvement élégant. Les femmes à qui il parlait se transformèrent en démon qui montrèrent les dents à la nouvelle arrivante. Le Comte disposa des femmes d'un mouvement de la main et regarda la jeune femme de haut en bas. Il fit une fixette sur le joyau rose sur la couronne et regarda Larah dans les yeux. "Ainsi vous êtes venue. On ne m'avait pas invité à un couronnement, je suis déçu." Au lieu de s'attendre à une grande colère qui la ferait se jeter sur la gorge de l'homme, elle inspira profondément et sentit un calme grandissant dans sa poitrine. Elle avait celui qu'elle détestait le plus au monde devant elle, et elle décida de faire de l'humour. "Je crois que pour une fois, vous n'étiez pas au courant de quelque chose, ça doit être terrible à vivre..." Le Comte sourit. "Indéniablement. Vous êtes ravissante et je vois que... (il regarda les marques sur son visage) vous avez eu le droit à un grand privilège de la part de Myttik. Félicitations, vous êtes la deuxième personne à porter ses marques."
- La première étant Marys, j'imagine.
- Désolé de vous décevoir mais non, votre mère n'a pas pu tout avoir dans sa vie. (il sourit) Je suis surpris que vous ne soyez pas en train d'essayer de me tuer.
- J'ai dans la tête, en ce moment, un proverbe que vous devez bien connaître. J'ai décidé de l'appliquer pour cette soirée.
- Quel est-il ?
- Vous le découvrirez plus tard, voulez-vous danser ?
- Je ne crois pas que vous mesuriez l'importance de votre demande.
- Craignez-vous la danse, Comte ?
- Je crains surtout pour votre image, avez-vous envie de faire jalouser autant de gens?
- Je ne crains pas le regard des autres.
- A la bonne heure, j'en ai assez des personnes se plaignait de tel ou tel autre car celui-ci lui a dit quelque chose de "méchant". J'ai d'abord une question à vous poser, êtes-vous venue me tuer ?
- La danse déterminera si oui ou non, vous en valait la peine. Mais que les choses soient claires, je n'aurai aucun intérêt à vous tuer lâchement. Vous ne souffrirez jamais assez pour ce que vous m'avez fait endurer.
- Eh bien permettez-moi de vous inviter à discuter calmement, car vous ne me semblez plus si naïve.
La musique se changea et devint plus rapide. Larah secoua la tête. "Du tango, vraiment ?" elle n'en croyait pas ses oreilles. "Vous savez le danser, au moins ?" Le Comte la regarda droit dans les yeux et lui dit : "J'apprends vite." Larah secoua la tête et prit la tête.
Il lui prit la main et la baisa, puis il passa son bras dans le dos de Larah et attendit qu'elle se mette aussi en position. Elle sourit, sûrement nerveusement, lui tendit la main, se demandant comment elle pouvait être aussi calme. De nombreux convives se tournèrent et ouvrirent de grands yeux. "Ne faîtes pas attention, votre famille est peut-être plus riche que n'importe qui dans cette salle." Larah lui fit comprendre que le regard des autres lui importait peu, tant qu’il arrivait à la suivre. Il sourit à nouveau, "Vous me sous-estimez, ça me blesse, mademoiselle." Elle ne lui fit pas de cadeau et très vite, il comprit qu'il devrait apprendre vite s'il ne voulait pas être ridiculisé. "Vous parliez d'un proverbe", dit-il pour attirer son attention le temps qu'il analyse le rythme anarchique de ses pas, "vous n'avez pas dit lequel." Larah tira sur son bras droit et faillit lui coincer sa jambe gauche. "Eh bien, vous le connaissez sans doute. Garde tes amis proches..." Ils firent tous deux une fente en avant, leur corps pratiquement collés. "Et tes ennemis, encore plus." Le Comte sourit, ne s'attendant pas à cela. Ils se relevèrent et il la fit tourner une fois, puis il la récupéra dos à lui, mais pas moins proche. "Je vous croyais naïve. Je me suis trompé." Elle passa encore une fois sous son bras et elle remit sa main dans son dos. Le rythme ne cessa pas. Ils croisèrent et décroisèrent leurs jambes. "Vous commencez à comprendre..." commença Larah. "Quoi donc ? La danse, ou vous ?" finit le Comte. Elle arriva à le surprendre encore une fois où il faillit tomber. "On est encore loin des deux." L'homme ne put s'empêcher de sourire et arriva à se remettre en rythme. La musique se finissait presque, il fit tourner Larah près de lui et la ramena à lui : "Vous n'imaginez pas tout ce que je pourrais faire pour vous." Il se plaça exactement en rythme, sans même se concentrer sur ses pieds. Elle l'écouta, son sourire ayant disparu. "Je peux vous aider Larah. Je peux vous soigner." Elle lui demanda comment. Il tapa du pied pour que les musiciens continuent encore la musique, ils transpiraient déjà, comme s'ils craignaient que leurs instruments se brisent avant que la musique ne se finisse. "J'ai entendu que vous survoliez un volcan..." La chasseuse eut un bref mouvement du visage que le Comte ne vit pas. "... d'émotions." termina-t-il, laissant souffler intérieurement Larah. "Vous pourriez vous confier, vous libérer. Et enfin comprendre où vous en êtes." La musique ralentit, il la prit au dépourvu et la fit basculer en arrière, elle se retint à ses épaules, mais il avait prévu de la retenir lui aussi, ses cheveux pendant dans le vide, il sourit et ses yeux d'émeraudes brillèrent, elle avait été battu à son propre jeu. "Qu'en pensez-vous ?"
Un tonnerre d'applaudissement couvrit sa réponse. Il resta quelques secondes dans cette position, le temps que Larah comprenne que cette danse était remportée par le Comte. Puis il la redressa et remit jalousement sa main dans son dos, comme pour la protéger. La plupart des convives eurent des regards mauvais ou jaloux, les femmes pestèrent et les hommes en prirent pour leur grade. "Il semble que nous étions les seuls à danser." fit-il remarquer. "J'étais trop concentrée sur le rythme pour faire attention à eux." répondit-elle. Le Comte étouffa un rire amusé et soupira. "Peut être puis-je vous inviter dans mes appartements ?" Il rapprocha Larah de son visage et la regarda droit dans les yeux. "Votre charme a peut être du pouvoir sur les femmes de cette salle, mais je suis loin d'être sans mémoire, Comte."
- Je ne m'attendais pas à votre approbation, je vous montre cependant ma bonne foi. Nous deux seuls, dans une pièce, c'est un bon lieu pour un assassinat.
- Peut être, fit-elle, mais votre visage aussi près du mien, c'est presque obscène.
- Je peux vous montrer quelque chose de bien plus obscène. Et croyez-moi, mes invités s'en tireront les cheveux. N'avez-vous pas envie de les voir rager, bouillir intérieurement quand vous, une femme inconnue, montera dans les appartements du Comte.
- J'avoue que l'offre est intéressante.
- Vous m'en envoyez ravi. Alors, suivez-moi bien et ne prenez pas la coupe que l'on va vous proposer, elle est empoisonnée. Quelques femmes jalouses n'auront pas perdu leur temps.
- Merveilleux, laissez-moi m'amuser, moi aussi.
- Ne prenez pas cette coupe.
- Attendez, les voilà.
- Vous prendriez bien un rafraîchissement ? Fit l'un des convives à Larah.
- Cela vous fera le plus grand bien après une telle danse, rajouta une femme.
- J'ai bien peur, répondit Larah, que ce ne soit pas le breuvage que je puis boire chez moi, je refuserai alors, mais n'en soyez pas contrariés.
- Quelle disgrâce, Sire, ajouta encore le Comte.
Les deux convives passèrent du blanc au rouge en moins d'une seconde et se tournèrent pour s'effacer rapidement. Larah eut envie d'exploser de rire mais elle cacha de sa main un petit rire qu'elle ne put s'empêcher de faire. "En effet, vous ne vous en sortez pas trop mal." commenta le Comte. Ils gravirent de grands escaliers blancs où les invités suivirent des yeux l'hôte de la soirée avec une parfaite inconnue. De nombreuses rumeurs se firent mais pas une seule ne s'avéra fondée.
Le Comte ferma la porte à clef derrière lui et laissa Larah s'asseoir sur le lit. Il se tourna ensuite et regarda l'heure sur une montre de poche. Il soupira et s'approcha de la fenêtre de la chambre, contemplant la lune se lever. "Plus je vous étudie et moins j'ai l'impression de vous connaître. Vous faîtes preuve d'une bipolarité maladive dans vos décisions. Du jour au lendemain, vous pourriez accepter de vous battre avec la pire crapule et le lendemain, demander le pardon, pour recommencer ensuite. Je ne sais pas ce que Minuit vous met dans la tête et comment vous le voyez mais je vous mets en garde, malgré son aspect de vilains petits canards, il s'avère cependant être un Fatalis, une calamité comme l'appelle les gens. Nul doute qu'un jour ou l'autre, vous ferez affaire avec son côté primaire et son instinct." Il se tourna et alla chercher une bouteille de vin dans une armoire. Il semblait avoir prévu le coup. Il semblait toujours prévoir toutes les éventualités, comme le vit Larah quand elle découvrit une lame sous un oreiller qui dépassait. Il sortit deux coupes et versa du vin, il continua :
- Je vous rassure, elles ne sont pas empoisonnées. Je n'ai pas ce genre d'intention à votre égard. J'ai plutôt d'autres envies. Comme de savoir pourquoi est-ce que vous continuez de risquer votre vie tous les jours. Vous avez encore failli vous faire tuer par un Zodiumbra nocturne... Personne n'aurait pu deviner les effets de l'éclipse cependant, je vous félicite pour votre versatilité. A toute épreuve, comme actuellement, votre calme. Avant la tempête, j'imagine. Alors comme ça, vous avez été couronné et je n'étais pas invité ? C'est un scandale.
- Pour une fois que vous n'étiez pas au courant de tout. Ça doit vous changer.
- Hélas, je ne sais pas tout ce qu'il se passe, sinon j'éviterai bien des tragédies. Comme le fait que vous ayez secrètement vu le dragon, je m'en serai passé. Vous vouez une telle haine à mon égard que je ne saurai l'atténuer. Mais je peux la prévenir. J'imagine que Minuit a du vous dire à quel point j'étais "méchant". Vilain petit dragon, je lui passerai bien la muselière si je pouvais. Mais évidemment, il aurait raison pour le coup, je dois alors le laisser vivre... pour vous. Mais je n'arrive pas à vous protéger de ses pensées, quand il est dans votre tête.
- Vous ne pourrez jamais l'enfermer.
- Je peux faire bien des choses, mais en effet, il sera toujours dans un coin de votre esprit.
- Vous l'avez dit vous même, c'est un Fatalis, il pourrait vous détruire en un rien de temps s'il le pouvait.
- C'est vrai, aussi. Mais vous pensez qu'il en serait capable ?
- Non. Non, et c'est pour ça qu'il a besoin de moi. Et vous avez besoin de moi pour le mettre à terre et l’enchaîner, au cas où il devienne trop gênant. Mais je suis désolée pour vous, j'ai déjà choisi mon camp.
- Et ce n'est pas celui de vos semblables.
- Ils ont aussi leur place dans ce monde, Comte.
- Le pensez-vous vraiment ? Devons-nous nous limiter à notre petite existence quand nous pourrions parcourir le monde ? Découvrir de nouveaux lieux, de nouveaux paysages, nous serions des nomades et nous ne craindrions plus le danger, quand nous aurons besoin de nous installer, nous irons où bon nous semble, sans se demander si un monstre millénaire ne vit pas dans la montagne d'à côté.
- Je vois très bien ce que vous voulez, votre vision est utopique, l'extinction de tout un écosystème entrainerait la destruction du monde que nous connaissons. Et qui vous dit qu'au moment où nous toucherions au but, un ennemi encore plus puissant refasse surface. Nous n'avons découvert qu'environ 1% de toutes les espèces de notre monde. Chaque jour qui passe, nous découvrons de nouveaux êtres, de nouveaux êtres, des créatures intelligentes qui pensent. Qui vous dit qu'il n'y a pas un gardien, un être surpuissant qui guide la vie.
- Un dieu ? Ha, non, je ne pense pas que la Nature soit guidée par un être suprême, elle fait comme bon lui semble, elle s'adapte et évolue. Cependant, si nous ne pouvons pas éradiquer la menace, nous pouvons la convaincre et nous faire craindre. Une nouvelle génération de chasseurs capables d'effrayer les monstres simplement à leur présence ? Les croisés étaient un échec, leurs créateurs sont morts. Mais il y a d'autres espoirs. Lorsqu'un grand chasseur meurt, qui prend sa suite ? Un novice, mais ce novice mettra des mois et des années à atteindre le niveau de son prédécesseur. (Il tendit la coupe à Larah) Les entraîner dès le plus jeune âge et ils n'auront que la volonté de tuer car ils auront été entraîné pour ça. Les AVIs. Alors que reste-t-il... hmm ? Eh bien nous avons vous, qui êtes un spécimen étrange. Mais unique et je doute que l'on puisse vous reproduire. Vous ne serez pas éternelle, je crains que votre corps dépérisse d'un moment à l'autre, mais il semble que pour le moment, ce soit stable, vous avez éliminé ce que je vous ai injecté, donc le test est concluant, vous allez vivre encore longtemps.
- Les croisés ne sont pas un échec, certains d'entres eux partagent des gènes de dragon ancien. Leur pouvoir est sans limite. Ils doivent apprendre à ne pas partir Berserk. Et peut être alors ils sauront la réponse à ce que vous cherchez. Mais à quel prix ? Torturer des enfants pour les voir muter ? Ce serait vous alors le monstre. Il reste moi, certes, je ne me considère pas comme un espoir, plutôt un monstre, je partage mon esprit avec un Fatalis, l'un des monstres les plus craints de notre monde, et vous pensez que j'arriverai à contrôler un tel dragon ?
- Marys a réussi. J'ai tout mes espoirs en vous, vous y arriverez et vous dompterez l'indomptable.
- Non, non, non... Ma mère a simplement réussi à ne plus l'énerver, calmer ses ardeurs, jamais elle n'a... contrôlé Minuit.
- Cela m'aurait étonné qu'il vous le dise. Il existe un moyen. Les anciens wyveriens avaient mis au point un objet, ce n'était pas une arme, mais cela était tout comme. Lorsqu'ils utilisaient cet objet, les monstres les écoutaient et partaient, ou se battaient même à leur côté. Vous possédez quelque chose qui s'en rapproche... Votre sifflet.
- Yann répond simplement à mon appel.
- En effet, mais a-t-il jamais manqué cet appel ?
- Jamais, se rendit compte Larah.
- Il était appelé par cette musique. Myttik vous a donné le sifflet pour vous mettre sur la voix, mais comme à son habitude, il ne vous a pas parlé de tous les détails, vous ignoriez même la puissance de cet instrument jusqu'à aujourd'hui. Entrevoyez-vous un espoir ? Croyez-vous que l'on peut contrôler ces monstres ?
- Pour le moment on ne peut rien conclure. Je ne vois pas comment des notes de musiques peuvent apaiser un dragon...
- Ça, cela pourra prendre des décennies, lorsque nous aurons compris, peut être qu'alors notre survie ne sera plus une inquiétude.
- Les humains se retourneront entre eux et se seront de véritables combats que vont se livrer les monstres... On ne peut pas confier un tel pouvoir à l'humanité, nous sommes trop vulnérables à la tentation du pouvoir. Vous me l'avez si bien montré.
- Comprenez-vous que chacune de mes décisions prisent contre vous étaient là pour vous mener à une bonne conclusion ?
- Malgré tout, je ne peux pas croire une seule seconde que vous êtes quelqu'un de bon. Vous avez fait des choses horribles.
- Tout ceci a été orchestré dans un but unique. Mes plans sont en place depuis bientôt dix ans.
- Alors pourquoi Marys a-t-elle essayé de vous en empêcher ?
Il y eut un silence. Le Comte s'était assis à côté d'elle. Il regarda le liquide rosée qui baignait dans sa coupe et il but, elle l'imita alors, rencontrant sur sa langue un goût fruité mais amer à la fois. Il soupira et hocha la tête. "Vous êtes loin d'être idiote. C'est une bonne chose." Il finit sa coupe et regarda dans le vide, puis il se frotta les yeux. "Vous contournez le problème, n'est-ce pas ? Vous cherchez une réponse à ma question, mais vous allez être obligé de mentir pour ne pas que je devienne le démon que vous craignez. Dès que Minuit saura, il viendra à votre rencontre et vous êtes vulnérable. Si vous mentez, je le saurais immédiatement." Le Comte sourit doucement et posa sa coupe sur une table contre les pieds du lit. Il se tourna vers Larah et lui prit sa coupe qu'il finit. "Je vous avais promis quelque chose d'obscène, êtes-vous prête à aller jusqu'au bout pour pouvoir connaître toute l'histoire entre votre mère et moi ?" La jeune femme ferma les yeux en soupirant. "Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour savoir le fin mot de l'histoire." conclut Larah. Le Comte sourit et s'approcha d'elle, lui prenant la main et ne quittant pas ses yeux. Larah se coucha petit à petit sur le dos, se rapprochant inlassablement de la dague sous l'oreiller. Le Comte pressa sa jambe contre la sienne et approcha son visage du sien. Puis alors qu'il semblait prêt à faire ce qu'il avait à faire, il tourna la tête et défit le bandage du bras de Larah, qui se laissa totalement tomber en arrière, soupirant de soulagement. "Je le savais." dit-elle. "Je savais que vous aviez autre chose en tête." Le Comte ricana et retira le bandage. "Je vous ai bien eu. J'ai de l'amour propre, voyez-vous." Elle le regarda en haussant les sourcils. "Merci, ça fait toujours plaisir." Le Comte releva les yeux un instant vers elle et lui expliqua : "Non, je voulais dire que je ne préfère pas que vous me voyez au grand jour, pas sans préparation." Larah trouva que ça commençait à aller loin. "Je porte une armure à toutes les heures de la journée pour une bonne raison." continua-t-il. La jeune femme se rappela que Minuit lui avait dit qu'il était malade, elle tenta : "Vous cachez les symptômes de votre maladie ?" Le Comte hocha la tête en silence, la bouche tendue en une ligne dure. Il regardait la blessure en deux parties avec dégoût.
- Que s'est-il passé exactement pour que ce soit autant le bazar dans votre cicatrisation. Regardez-moi ça, c'est à deux doigts de s'infecter ici et vous ne faîtes rien pour l'en empêcher ?
- Au cas où vous auriez des problèmes de vue, cette blessure est VIOLETTE. Mais pas le violet des bleus ou des hématomes...
- Comme des cristaux. (il regarda la mèche de Larah) Montrez-moi votre oeil. Sans l'ouvrir je vous prie. (Elle mit ses cheveux derrière son oreille.) La cicatrice du Keilacta est restée mais est presque disparue, je pense que ça sera pareil pour votre bras... cependant, j'ignore comment vous allez cicatriser ceci, on dirait que votre corps a réagi de manière aléatoire. Regardez, votre sang s'est "cristallisé", c'est à cause de Minuit, mais pourtant ce n'est pas la même chose partout. Regardez ça par exemple (il lui montra une coupure qui n'était plus qu'une petite marque) le Zodiumbra vous a fait ça, pourtant, c'est normal. C'est parce que cette griffe a tranché votre bras droit que cela a réagi de la sorte. (il réfléchit) Il me faudrait plus de temps pour voir si... Donnez moi la dague sous l'oreiller. (Larah s'immobilisa complètement) Allez, ne faîtes pas l'enfant. (elle lui tendit le couteau) Je peux? (En regardant le ciel et en se laissant tomber contre l'oreiller, elle lui fit signe de faire ce que bon lui sembler. Il toucha avec la pointe du couteau la plaie cristallisée. C'était dur, il réfléchissait à toute vitesse, ça se voyait dans ses yeux.) Je suis désolé.
- Quoi ? Non ! (il fit une petite entaille à quelques centimètres de la plaie) Aïe ! Sérieusement, je ressens la douleur, vous savez!
- Regardez, ça saigne, mais le sang est très sombre. Et voilà, ça se cristallise. (il regarda l'autre bras de Larah mais elle lui fit comprendre qu'il n'allait pas s'amuser à tracer des plaies un peu partout) D'accord, j'ai compris. Tenez au courant Elim de l'évolution de la plaie. Je veux savoir si tout ira bien. Attendez, je vous bande cette blessure.
- Je n'ai pas encore déterminé si je peux vous faire confiance, vous savez.
- Ça ne fait rien, ça reste votre soeur et une très bonne guérisseuse. Je lui enverrai de quoi vous soigner. Et aussi, de l'argent pour Sovereign, je sais qu'il ne va pas bien et je ne préfère pas qu'il reste paralysé toute sa vie, je ferai mon possible pour qu'il puisse se lever un jour.
Larah se mordit les lèvres. Cette rencontre avait changé la donne. Certes, il pouvait mentir et la manipuler, certes elle avait plus confiance en Minuit qu'en cet homme. Oui, Minuit était un Fatalis instable et peu recommandable. Non, elle ne savait plus où elle en était. "Pourquoi jouez-vous autant avec moi ?" demanda-t-elle. "Vous savez qu'au final, cette histoire se finira mal." Le Comte se leva et déverrouilla la porte. "Je ne joue pas Larah, je gagne du temps. Le temps est précieux et c'est quelque chose que je ne peux pas acheter. La fin de l'histoire est encore un peu loin et je peux la ralentir... Mais je sais que viendra un moment décisif."
Il sortit et avant de partir, il dit : "Vous pouvez vous reposer, demain, on vous ramènera chez vous. Je m’assurerai qu'il ne vous arrive rien. Bonne nuit." Il sortit.
Larah avait dormi d'un sommeil agité sans rêve. Elle repartait dans une calèche, elle était la dernière personne dans le manoir, des servants vinrent nettoyer la chambre après son départ. Elle regardait le paysage défiler en réfléchissant. Elle était calme mais pourtant, une bataille terrible se menait dans son esprit, remettant en ordre tout ce qu'elle savait. Il n'avait pas dit pourquoi Marys avait interférer dans ses plans. C'était la clef qui déterminerait qui de Minuit ou du Comte était celui à suivre. Elle soupira et se laissa mener chez elle, où elle se préparerait d'ici la prochaine quête.
Re: Le Village et ses alentours
Jarvis était dans son bureau et il fulminait : Encore une fois, ça n’allait pas selon ses plans, la trahison de ces petits enfoirés de croisés le mettait hors de lui.
Vrai qu’avec tout ce temps passé à le chercher, il savait qu’Il commençait à s’impatienter, mais le moyen d’ouvrir ces imposantes portes L’enfermant lui était encore inconnu. Malgré ses recherches dans les archives du centre de recherches sur les Dragons Anciens, qui pourtant étaient pleine à craquer de transcriptions de vieux écrits Wyverniens, aucune info, pas la moindre bribe. C’était clairement impensable qu’en un millénaire personne n’ait vu une seule de ces portes avant lui bon sang ! A moins que quelqu’un n’ait délibérément détruit ces traces ?
C’est ce que sa logique l’avait conduit à déduire, le centre avait par deux fois était victime d’un incendie après tout, la première fois à cause d’un Teostra un peu trop vivace, ce qui en soit était un souci, mais la seconde fois, c’était la même cause qui avait été soulevée… Et l’instinct du croisé Alatreon tiquait à ce sujet : Il savait, pour avoir vu ces gens à l’œuvre, qu’ils ne laissaient rien au hasard, si un Teostra avait réussi à mettre le feu au locaux, il ne devrait pas avoir réussi une seconde fois. Un incendie criminel, effaçant toute trace de transcriptions gênantes… Ouais, ça semblait déjà bien plus probable à Jarvis qu’un accident arrivant deux fois de même façon dans un tel lieu.
Un rugissement plaintif le tira de ses pensées, il soupira : Le Daora venait d’être tiré au sort comme « l’heureux gagnant » pour les tests de Maelle… Cette femme était par ailleurs folle, il ne s’estimait pas comme quelqu’un de sain d’esprit de base, mais même pour lui, cette femme était clairement quelqu’un de dangereux. Il s’assurerait de la tuer en partant, pas que ça lui coûterait grand-chose après tout.
Le croisé se remit derrière son bureau et tira son journal d’un des tiroirs : Là-dedans se trouvaient le récapitulatif de ses longues années passées à chercher le moyen d’ouvrir Sa prison… Et les dieux seuls savaient à quel point il l’avait cherché, ce moyen d’ouvrir ces deux foutues portes.
Il le feuilleta rapidement, recherchant encore dans ce dernier un élément qu’il aurait pu éluder. Il prit nerveusement une gorgée de sa tasse de thé, qu’il utilisait pour se concentrer et se détendre. Le croisé Alatreon soupira ensuite longuement : Non… Encore une fois, pas grand-chose. Il avait la localisation de la porte, il avait déchiffré les runes gravées sur cette dernière et tout autour, mais le mécanisme d’ouverture de la porte restait un mystère complet. C’était probablement lié avec ce vieil autel situé non loin de la porte, celui-là même où il avait récupéré l’écaille qu’Il lui avait confié. Ça en devenait réellement rageant pour lui, sérieusement, combien de fois allait-il devoir interroger des archéologues se prétendant experts et se heurter à un mur d’incompréhension ? Sérieusement, la meilleure piste qu’il avait pour le moment c’était une petite cavité permettant de faire descendre l’autel de moitié dans le sol… Et ça ne l’avançait pas vraiment plus que ça à vrai dire, puisque rien d’autre ne semblait se passer et que le mécanisme ne bloquait pas étant donné le silence qui régnait en suivant.
Peut-être y avait-il autre chose à activer ? Et peut-être y avait-il un ordre pour activer ce ou ces mécanismes ? Trop de « et si » se posaient face à croisé Alatreon. Son intellect avait certes augmenté formidablement en recevant Ses capacités, mais c’était loin de suffire face à la sagesse et la capacité de poser des énigmes des Wyverniens.
Et pendant ce temps, Il attendait, de l’autre côté de cette foutue porte… Il devait y retourner… Au moins pour s’assurer de ne rien avoir loupé, pour être certain qu’aucun détail ne lui avait échappé…
Le croisé allait se retourner pour partir quand le bruit de la porte s’ouvrant s’imposa à lui.
Et c’est là qu’ils débarquèrent, Maelle, ses quatre dégénérés et une dizaine de soldats de la Guilde, tous équipés d’armes qui empestaient le poison Xejin. Jarvis soupira :
Jarvis : Que me vaut l’honneur ?
Maelle : Oh rien de bien important, nous avons juste eu quelques rapports sur certaines de vos exactions, notamment certaines personnes avec qui vous vous seriez acoquiné.
Jarvis, comprenant : Oh ? On voudrait m’arrêter peut être ?
Maelle : Exactement, ces messieurs ont des armes imbues de ce délicat poison qui semble si efficace sur vous autres.
Jarvis ne put s’empêcher de ricaner :
Jarvis : Zyra a du vous expliquer tout cela, hein ?
Maelle : Probable, on sait aussi que vous n’avez pas osé l’affronter dans la baraque d’Eccnelias.
Jarvis : Ce cas-là est différent, avoir une vingtaine de croisés dont plusieurs Dragons Anciens en face, c’est clairement quelque chose de défavorable, même pour moi.
Maelle : Ah ? Cependant vous ne semblez pas très confiant vis-à-vis de ces armes qu’ils ont derrière moi, je me trompe ?
Jarvis, en souriant : Pourquoi ne pas essayer ? J’ai d’autres projets à vrai dire et ils n’incluent pas de vous suivre.
Maelle soupira et claqua des doigts, ses quatre « enfants » activèrent leurs gènes. Jarvis sourit simplement et commença à déboutonner sa chemise. Maelle leva un sourcil :
Maelle : On peut savoir à quoi vous jouez très cher ?
Jarvis : Oh, je vais juste vous montrer la différence entre vos petits protégés et moi.
Il laissa tomber sa chemise au sol, souriant en voyant les yeux écarquillés de Maelle. Cette dernière pouvait en effet être surprise, au milieu du torse de l’homme se trouvait une sorte de point noir duquel partaient plusieurs veines noires, s’étendant comme un parasite dans la peau de l’homme. Il ricana :
Jarvis : Sérieusement, je vous ai donné une manière de vous croiser, n’allez pas croire que vous avez déchiffré tout le texte quand vous comprenez juste la première ligne.
Maelle, grimaçant de rage : Tuez-le !
Les balles fusèrent, stoppées par les écailles violettes et noires du croisé, dont le corps s’était couvert entièrement d’écailles, exception faite du visage. Jarvis lança ensuite :
Jarvis, faisant tomber les balles qui n’avaient pas percé ses écailles : Voyez ? Mon pouvoir est différent du votre, en tellement de points ma chère Maelle… Oh, mais disons que je vais passer à la vitesse supérieure.
Il ferma les yeux un instant et les éclairs noirs et rouges crépitèrent autour de lui sauvagement. Son corps trembla, ses os craquèrent sèchement et il se couvrit entièrement d’écailles, deux perce-ciel typiques du monstre dont il tirait ses pouvoirs jaillirent de sa tête dont le museau s’allongea, une large queue écailleuse ornée d’une voile jaillit du bas de son dos et s’écrasa lourdement au sol. Ses deux ailes prirent en envergure, lui donnant trois bons mètres au total. Les griffes a ses mains et les serres à ses pieds devinrent réellement tranchantes et ses dents prirent l’aspect de crocs.
Ses deux yeux rouges vifs se posèrent sur le groupe d’humains, Maelle prévint :
Maelle : Reculez ! Il est passé bers…
Jarvis, la coupant : Berserk ? Comme dit précédemment, je suis un cas à part. Je ne suis pas berserk, j’ai cédé mon corps à Sa volonté.
Maelle : Sa ? De qui tu causes espèce de malade ?
Jarvis : Je vous trouve bien mal placée pour parler folie très chère.
Les soldats, eux, avaient presque déjà pris leurs jambes à leur cou : Comment un tel monstre avait pu vivre planqué au sein de la Guilde pour si longtemps ?! C’était tellement impensable !
Maelle s’en redit compte un peu tard et lâcha ses « enfants », poussant un « tuez-le ! » qui se voulait impérieux.
Les quatre croisés s’élancèrent vers Jarvis qui les reçut comme il se devait. Il reçut le coup de poing du croisé Teostra en pleine face et recula d’un pas, avant d’enchaîner sur un coup de pied rotatif, qui l’envoya dans un mur. Il réalisa soudain : Ils avaient beau être quatre croisés Dragons Anciens, ils se battaient encore comme des humains… C’était ça qui les perdrait, ils n’osaient pas frapper en prenant le risque de toucher leurs camarades.
La croisée Daora lui fusa dessus après que le croisé Teostra fut hors de sa portée, il esquiva le coup de poing qui vint dans sa face et frappa de sa main cernée de flammes dans l’estomac de la croisée, l’expédiant au sol avant d’appuyer son attaque d’un coup de pied porté en marteau dans sa face, faisant craquer le sol sous l’impact. Le Chaméléos tenta une approche par le côté, que Jarvis décela aisément en ressentant sa présence. Il l’agrippa par la corne sur son front et le tira vers lui, fracassant son genou dans la face du croisé à plusieurs reprises, lui faisant cracher du sang.
La croisée Lunastra chargea en dernière et rapidement en le voyant faire, ne lui laissant que deux coups de genou dans la face du croisé Chamé, qu’il lâcha pour bloquer l’attaque, agrippant les mains de la croisée cernées de flamme sans grand souci, en mode sol il ne la craignait pas. Il lui fracassa son genou dans l’estomac d’un saut en enchaîna les petits sauts au sol pour finir par la faire lâcher prise, crachant une gerbe de sang importante. Il se prit à sourire : Non, ils ne se battaient pas comme des humains, ils se battaient un peu comme des monstres sur certains points… ça les rendait assez facile à duper en fait.
Le croisé Teostra le tira de sa rêverie d’un puissant coup de poing dans la face qui lui fit perdre l’équilibre, juste assez longtemps pour que la croisée Daora puisse lui coller un coup de pied qui l’envoya rouler entre Maelle et eux. Il se redressa d’un bond et sourit, ses deux bras se couvrant d’éclairs rouges et noirs. Il s’élança droit vers eux, furibond, le croisé Chaméléos tentant une frappe dans le ventre qui l’atteint, mais ne le fit pas ciller pour autant, cette erreur lui coûta cher, le poing rageur couvert d’élément Dragon de Jarvis s’abattit dans sa face avec une puissance tonitruante, le faisant poser un genou au sol, le croisé Alatreon enchaîna d’un violent uppercut qui l’envoya en l’air, il acheva l’attaque en tournant sur lui-même pour lui coller un coup de sa queue dans le ventre, cette dernière provoquant une explosion à l’impact, envoyant le croisé Chaméléos s’écraser lourdement sur le bureau.
La croisée Daora sauta sur l’occasion et tenta un coup de genou dans la face du croisé Alatreon, qui bloqua le genou de la jeune femme avec ses deux bras, laissant le champ libre aux croisés Teostra et Lunastra pour frapper de concert dans sa face, chacun créant une explosion avec les flammes cernant leurs poings.
Jarvis grimaça, l’impact fut violent, bien plus qu’il ne l’escomptait… Il s’en remit cependant et repoussa la croisée Daora en la poussant simplement plus loin. Les deux autres retentèrent alors un assaut, qu’il esquiva en s’accroupissant, prenant un appui pour donner un coup d’épaule imbue d’élément Dragon dans l’estomac du croisé Teostra, qui toussa une gerbe de sang à l’impact et fut envoyé dans le mur à nouveau, cognant contre la pierre dure le composant avec force. La croisée Luna retenta une frappe, qui fut esquivée d’un pas de côté par le croisé Alatreon. Ce dernier sauta et frappa avec son tibia dans la tempe de la croisée, chargeant le coup en Dragon. Cela fut suffisant pour l’envoyer rouler aux pieds de sa « mère », qui fixait la scène avec un léger sourire aux lèvres, lequel ne fut noté par Jarvis qu’à ce moment-là.
La croisée Daora se refit entendre et lui fracassa son poing à l’arrière du crâne, le faisant grimacer de douleur et poser un genou au sol pour ne pas tomber. Il se retourna vivement et la frappa trois fois : Un coup de poing rageur chargé en Dragon pour commencer, puis une droite du même élément et enfin un coup en marteau sur le crâne avec du Dragon et de la Foudre, pour s’assurer de la calmer pour de bon.
La jeune femme en perdit connaissance sur le coup, ses gènes la quittant. Jarvis soupira un grand coup et se tourna calmement vers Maelle, essuyant le sang coulant du coin de ses lèvres d’un revers de main et ignorant celui qui coulait depuis ce qui fut son arcade brisée. Il lui lança :
Jarvis : Alors, que fait-on maintenant ?
Maelle : Je n’en attendais pas moins de vous très cher, mais pourquoi ne vous montrerais-je pas ce que j’ai déniché ?
Elle laissa tomber sa blouse blanche et laissa son corps se couvrir d’écailles dorées, pas les mêmes que celles d’un Zodiumbra, elles avaient une apparence clairement différente, moins brillante, plus délavée. Elle laissa deux énormes ailes se déployer dans son dos, ailes dont les jointures ressemblaient à des mains pourvues de griffes rouges sang. Elle fracassa le sol de ses deux nouvelles mains et ricana :
Maelle : Vous n'êtes même pas surpris hein ?
Jarvis : Il m'a prévenu, vous sentiez trop comme cette saloperie de Roue du Paradis pour ne pas l'avoir approché. Mais nos objectifs sont similaire très chère, pourquoi ne pas collaborer ?
Maelle : Parce que je l'ai déjà libéré ?
Jarvis, grimaçant : Je vois, cette chose est libre donc.
Maelle : A vrai dire, non. Il était mort, enfin elle, puisque c'était une femelle, j'ai eu tout le loisir de me servir du coup.
Jarvis se mit en garde, comprenant qu'elle ne comptait pas discuter plus que ça et allait entamer le combat. Elle fusa droit vers lui, les deux bras-aile bougeant comme ceux d'une personne courant normalement, avant de se fracasser là ou était Jarvis, qui avait d'ores et déjà bougé, glissant sous le bras de la croisée avant de lui porter un coup de ses perces-ciel, lui tranchant le visage, toujours humain, et lui prenant un œil au passage. Maelle hurla de douleur et le croisé Alatreon lança :
Jarvis : C'est votre faiblesse encore une fois, vous vous pensez invincible ? Faux, cette face humaine est ce qui vous perdra.
Maelle : Je vais te tuer !
Elle hurla de toute son âme et tenta de le fracasser d'un coup de bras-aile. Jarvis fit simplement une fente en avant et la cogna dans le plexus solaire, la faisant cracher une gerbe de sang et l'envoyant rouler plus loin. Il soupira :
Jarvis : Et vous n'êtes même pas douée en combat de base, vous pensiez sérieusement avoir une chance contre moi ?
Il sortit de son bureau, enjambant le corps de Maelle. L'alarme résonnant d'ores et déjà dans les couloirs, déserts. Il s'arrêta un instant, pensif : Parti comme c'était, on l'attendait avec des balistes et des canons à l'extérieur, sans renforts, il ne pourrait probablement pas s'en tirer bien. Mais compte tenu de la situation, qui pourrait bien l'ai… Il réalisa soudain : Il était dans le centre de recherches sur les Dragons Anciens, il était cerné par des alliés potentiels, prêts à répandre le chaos dès qu'ils seraient libre, il ne restait qu'à les libérer.
Le croisé Alatreon, toujours dans la nouvelle forme qu'il avait prise, laquelle n'était pas réversible de toute évidence, arriva après quelques minutes dans la zone où les Dragons Anciens étaient enfermés. Quand ils le virent, ils se tendirent tous, le Chameleos, les deux Kushala Daoras et cet imposant Teostra également. Jarvis lança, en souriant :
Jarvis : Voilà ce que j'appelle du soutien ! N'ayez crainte, je vais vous libérer, en échange, je ne vous demanderai que de me soutenir.
Il avait parlé dans une langue qu'il comprenait sans l'avoir jamais parlée, probablement de l'ancien wyvernien. L'Alatreon qui lui avait donné son pouvoir lui avait aussi transmis ses connaissances, dont cette langue entre autre.
Le Teostra répondit :
Teostra : Kuh… Tu espère sérieusement que nous allons aider le fou que tu sert ?!
Jarvis, envoyant la porte de sa cellule voler : Tu vois, vous pouvez aussi bien rester ici, avec leurs armes prêtes à vous accueillir et leurs tortures prêtes à recommencer.
L'Empereur des flammes, bien que blessé, privé de ses pouvoirs et enchaîné solidement au sol, ne put qu'accepter l'offre que lui faisait le croisé Alatreon.
Ce dernier fixa longuement les chaînes qui maintenaient le Dragon Ancien. Il ne pourrait pas les briser à la force pure, mais il devait y avoir un moyen pour les chercheurs de les relâcher, il lui suffisait de trouver les mécanismes correspondants…
Le Teostra montra le coin de la pièce d'un léger mouvement de tête, lui indiquant l'endroit qu'il cherchait. Jarvis nota les leviers et comprit leurs objectifs respectif : Un pour lâcher les ailes, un pour lâcher les pattes et un pour relâcher le crâne, selon les instructions rappelées sur le mur, il était formellement interdit de les activer tous les trois ensemble sans quoi le Dragon serait libre. Jarvis les activa donc tous les trois, le Teostra ne fut pas totalement libéré, mais il avait assez de manœuvre pour pouvoir bouger et forcer sur ses liens, avec l'aide de Jarvis, dont la force était décuplée, il put briser les lourdes chaînes le retenant, le dragon y laissant quelques bouts de membrane et écailles, afin de retirer les endroits ou les chaînes étaient ancrées dans sa peau.
Libre, l'Empereur des flammes s'ébroua, il lança à son « sauveur » :
Teostra : Je te suis redevable.
Jarvis : Alors aide moi à libérer les trois autres, tu veux ?
Ils se mirent à l’œuvre et bien vite, les deux Daoras et le Chaméléos retrouvèrent leur liberté. Les quatre Dragons Anciens se fixèrent longuement : Des créatures aussi puissantes qu'eux avaient naturellement tendance à s'éviter, surtout car leurs pouvoirs s'empêtraient les uns dans les autres et s'annulaient à vrai dire. Les deux Daoras, couverts de rouille, muèrent de concert, renouvelant leurs splendides écailles ce faisant, ainsi que leurs cornes et leurs ailes. L'un des deux, le plus petit, avec une cicatrice persistante sur l’œil, lui lança :
Daora : Je pense que nous devrions faire un petit tour dans les étages inférieurs avant de s'enfuir.
Jarvis : Tu pense que nous avons le temps ? Des chasseurs seront bientôt là.
Chaméléos : Je suis du même avis que lui. Je ressent une faible présence dans les sous sol, quelque chose du même genre que celui qui t'as donné son pouvoir.
Jarvis : Un Dragon Ancien ? Dont je ne connaîtrait pas l'existence ?
Teostra : Un Colosse d'Azur. Cela fait bien quatre cent ans que je n'en ai pas vu un…
Il avait l'air mélancolique, les quatre dragons se fixèrent encore et opinèrent :
Daora : Libérons-le aussi, il fera un formidable allié.
Jarvis, opinant : Soit, soit, je ne vois rien à un allié suplémentaire.
Chaméléos : Je sens aussi une odeur fortement déplaisante…
Jarvis : Probablement la proprio, elle a fait mumuse avec une Roue du Paradis.
Les quatre se tendirent, il reprit :
Jarvis : Il semble qu'elle n'ait trouvé qu'un cadavre derrière la porte qu'elle a ouverte cependant.
Les quatre dragons semblèrent se détendre. Le jeune Daora prit la tête, expliquant qu'il savait à peu près où se trouvait leur cible. Ils marchèrent un petit moment, étonnement, malgré qu'ils aient presque tous fait quatre voire cinq mètres de haut pour trois à quatre de large, Jarvis excepté, ils étaient quand même parfaitement capable de circuler dans les très larges couloirs. Ils passèrent par un des élévateurs, toujours fonctionnel étrangement, et descendirent jusqu'aux profondeurs du centre de recherche des Dragons Anciens. L'air ambiant changea très soudainement, Jarvis les arrêta quand le Daora lui demande de le faire et ils partirent, marchant dans un long corridor bien éclairé jusqu'à des salles que Jarvis n'avait pas vu jusqu'à maintenant, ses pérégrinations dans le centre étant surveillées. De toute évidence, c'est là qu'étaient testé les croisement et pas mal d'autres choses dont la bonne conscience conseillait de ne pas parler.
Ils arrivèrent devant une grande porte massive, dix bons mètres de haut, ornée de symboles et faite dans un bois extrêmement solide. Le Teostra renifla le bois et grogna :
Teostra : Trempé dans le sang des nôtres, ils nous provoquent en plus de ça ?
Doara : Écarte toi, nous allons l'envoyer voler.
Il s'exécuta et les deux Kushala Daoras, ayant de nouveau accès à leur pouvoir, tirèrent deux balles de vent, qui firent s'ouvrir avec force les portes. Ils purent entrer dans une vaste salle, éclairée assez fortement par des torches puissantes dans lesquelles brûlaient des flammes bleues. Au centre de cette immense salle dont la profondeur avoisinait les vingt mètre se tenait un colosse, dans les vingt-cinq mètres de long, deux ailes immenses tenues elles aussi par des chaînes. Ses patte avant étaient plus courtes que celles de l'arrière et renforcées, comme celles des Brachydios, mais en moins épaisses, laissant voir ses griffes à l’extrémité. Sa queue longue était terminée d'un trident osseux large et sa tête était ornée de cornes nombreuses, sept, disposées en trois paires de chaque côté du crâne, grandissant quand on remontait et pointant l'arrière, et une corne frontale sur le crâne. Le dos du monstre portait également deux organes, ressemblant à des ailes sans membrane, qui formaient une genre d'arche ornée de piquants dans le dos.
Jarvis ne put que contempler le colosse, qui semblait dans un état de catatonie profonde, impassible, ses deux yeux verts vifs tranchant tellement avec le bleu de ses écailles et pourtant fixés sur le vide devant lui. Il nota ensuite les tubes qui étaient plantés dans son thorax et dans son dos, il demanda :
Jarvis : Ils le tranquillisent ? Et c'est tout ?
Teostra : Les Alatarius, comme vous les appelez, ne sont pas dangereux tant qu'ils sont calmes, forcément en garder un est bien moins contraignant que garder un de nous autres, le problème restant de le capturer.
Le croisé Alatreon opina simplement. Le Chaméléos s'avança et, agrippant l'un des tubes avec ses mâchoires, tira dessus. Le plus gros des deux Daoras agrippa l'autre tube, l'Altarius n'était fixé qu'à deux mètres du sol, il put aisément le faire en se dressant simplement. Les deux Dragons Anciens détachèrent les tubes, qui firent gicler un peu de sang en sortant, la douleur sembla picoter légèrement le Colosse d'Azur, qui cilla à peine, lançant avec juste son œil capable de bouger pour le moment :
Altarius : Huh ? Que ? Qui êtes vous ?
Teostra : N'ait crainte grand Colosse, nous allons te libérer du joug des humains.
Il ne répondit pas attendant visiblement. Après quelques instant seulement, le colosse lâcha un très long soupir et lança :
Altarius : Vous quatre, pourquoi êtes vous ensemble ? Et surtout pourquoi avec cet envoyé du Destructeur ?
Teostra : La force des choses, nous sommes tous retenus ici par les humains, il nous faut donc sortir et leur montrer à quel point il est stupide de nous défier.
Altarius : Oh oui, ça me reviens… Rien qu'à l'idée que ces saletés aient pu m'enfermer, mon sang commence à bouillir…
Le monstre sembla grogner à la fin de sa phrase, ses cornes et ailes brillèrent de bleu turquoise très vif. Le jeune Daora ricana :
Doara : Allons, ne te retiens pas, il nous faut ton aide pour sortir Colosse.
Le Dragon Ancien turquoise ricana simplement et, son corps brillant d'un bleu intense, tira avec véhémence sur les chaînes le retenant, les brisant toutes au passage. Il se redressa, bipède, dans uen posture quasi humaine. Le Colosse d'Azur lança :
Altarius : Y a-t-il d'autres Dragons à sauver ici ?
Chaméléos : Malheureusement, non. Peut être dans les niveaux inférieurs cela dit.
Altarius : Non, je ne sens que la purulence de cette maudite Roue du Paradis sous nos pieds, que la folle qui gère ces lieux se fasse consumer par cette dernière.
Jarvis : C'est déjà le cas, elle a reçu le même genre de bénédiction que moi.
Altarius, le fixant : Je vois… Je commence également à rejoindre les idéaux de celui qui t'envoie, dis-moi, sa porte est-elle ouverte ?
Jarvis ne répondit pas. L'Altarius ricana :
Altarius : Je vois, tu sais au moins où elle est, sinon tu n'aurai pas pu avoir ses pouvoirs… Dans ce cas ça simplifie pas mal les choses, allons le libérer toi et moi après cela.
Jarvis, soupirant : Si tu penses que c'est aussi simple, j'ai beau m'y être creusé la tête, je…
Altarius : J'ai observé la construction de ces portes, fais moi confiance, je sais comment les ouvrir.
Jarvis ne répondit simplement pas et fit un pas vers la sortie :
Jarvis : Alors allons-y, plus rien ne nous retiens ici. Aussi, je préférerai que nous nous dispersions, on groupe aussi large que le notre serait bien trop repérable et je doute que vous soyez prêts à suivre les idées de mon maître de toute façon.
Les deux Daoras, le Chaméléos et le Teostra opinèrent, ils étaient visiblement d'accord avec lui.
Ils repartirent dont, ce coup-ci défonçant le toit de l’ascenseur et remontant par là où il passait normalement. Ils arrivèrent bien vite devant la porte, tous prêts à tout donner pour s'évader.
Les journaux en parlèrent pendant des semaines, c'était du jamais vu, la panique avait frappé le centre de recherche des Dragons Anciens, et, après plusieurs heures pendant lesquelles de très nombreux soldats avaient été mobilisés avec des armes de guerre, non pas un, ni deux, mais bien cinq Dragons Anciens en avaient franchi les portes. Le rapport indiquait la présence d'un jeune Kushala Daora de dix huit mètres de long avec une cicatrice sur l'oeil, d'un autre Daora plus vieux allant dans les vingt mètres, d'un Chaméléos d'environ vingt mètres de long lui aussi, d'un Teostra enragé d'au moins vingt-deux mètres et d'un colosse azuré, identifié comme un des mythiques Altarius, d'au moins la même taille, avec une posture humanoïde.
Les quatre monstres aidés d'un complice avaient fui, non sans saccager les régiments stationnés devant le centre et plusieurs quartiers environnants de Dondruma. Chacun d'entre eux était parti dans une direction différente, rendant les poursuites difficile. La gérante du centre ne fut pas retrouvée.
Drakov faillit cracher son thé quand il lut cet article, de même que les autres membres de sa maisonnée. Rupert s'indigna :
Rupert : Cet enflure de Jarvis l'a fait ! Et a ma lace en plus !
Drakov : C'était un de tes plans ça ?!
Rupert : Sans la destruction de masse, ouais, enfermer des Dragons Anciens est jamais bon, on est tous bien placés pour le savoir, non ?
Il ne répondit pas, se disant qu'il aurait très certainement pas mal de taff dans les jours à venir et soupirant, parce qu'il était à peine remis de cette foutue chasse au Zodiumbra.
Ce que la Guilde ne mentionna pas, c'est que peu après la fuite des Dragons Anciens, deux créatures à l'apparence de dragons et comme drapées d'une cape noire sortirent du centre, accompagnée de la gérante du lieu, revêtant des écailles dorées. La fumée noire qu'elle dégageait de son corps et de celui de ces deux créatures fut apparemment suffisant à rendre fou les quelques membres de l'équipe médicale présents. Dans un rugissement qui fit noircir les cieux, les deux dragons s'envolèrent, suivi par leur mère. Maelle était partie, ses plans avaient changés. Tuer ses quatre protégés ne l'avait pas dérangé plus que ça, elle avait fait ses recherches, elle savait ce qu'elle devait faire désormais et ça impliquait de tuer Jarvis et son maître.
Pendant ce temps là, Zack parcourait nerveusement ses notes. Il était stationné dans une petite maison dans les montagnes pour poursuivre ses propres recherches, après tout il était l'un de ceux qui avaient réalisé les croisements…
Le croisé Fatalis écarquilla les yeux : Non, aucune erreur possible… Mais… Comment est-ce que CA avait pu lui échapper ?! C'était pourtant logique, évident même ! C'était fou, comment pourrait-il annoncer à tout ses camarades la chose sans déclencher la panique ?!
Prenant son courage à deux mains, le savant rédigea quatre lettres, quatre lettres destinées aux quatre Alphas qu'ils savait digne de confiance. Il devaient se parler, tous, tous les croisés, parce que le temps était encore contre eux.
Le meeting devait avoir lieu dans la maison de Drakov, le lieu le plus adéquat pour la chose après tout. Ainsi, la semaine suivante, tous les croisés furent réunis, exception de Jarvis et Maximilien, que Zack n'avait pas prévenu sachant pertinemment que le premier était au fait de la chose et que le second ne viendrait pas de toute manière.
Le croisé Fatalis s'assura qu'ils étaient tous présents et lâcha, après un très très long soupir :
Zack : Nous… Somme tous condamnés.
Ils se dévisagèrent tous et Zyra, lança, de mauvais poil semblait-il :
Zyra : Tu peux développer ? Et vaut mieux pour toi que ce soit autrement plus sérieux que ça pour tous nous avoir réunis.
Zack, lui déposant un rapport de ses recherches sous les yeux : J'ai fait et refait les tests, rien à faire, nous allons tous mourir, très rapidement… Les gènes implantés dans nos corps n'ont rien à foutre là et notre corps s'en rends compte mais faute de pouvoir régler ce problème il deviens fou et se réplique erratiquement.
Rupert, pigeant : Attends une minute, tu veux pas dire ?!
Zack : Exactement, plus on se sert de nos gènes, plus nos corps vont générer de tumeurs, et pas besoin de vous faire un dessin sur ce qui se passe quand on a de multiples tumeurs dans le corps.
Un grand silence balaya l'assemblée, ils semblaient tous secoués par le choc, Drakov risqua :
Drakov : Combien de temps nous reste-t-il ?
Zack : Je saurai pas dire mais peu, très peu, si vous arrivez à vivre dix ans de plus en vous en servant aussi régulièrement, estimez vous chanceux.
Un violent frisson les parcourut tous : C'était une blague ? Dix ans ? Seulement ?!
Zyra se mit à rire, nerveusement, puis lança, les larmes dans les yeux :
Zyra : Je me suis autant battue pour ça ?! Sérieux ?! Merde !
Elle se leva et frappa violemment la table, laissant partir sa frustration dans le coup, renforcé par ses gènes qui venaient de s'activer. Elle se fit aussitôt sèchement frapper dans la nuque par Marion, ce qui la fit tomber a genou. La croisée Zodiumbra lui lança :
Marion : Reprends-toi, on a pas besoin d'une berserk de plus.
La croisée lança :
Marion : Tu as découvert plus que ça ? Un remède ?
Zack, faisant non de la tête : Rien de rien, juste que les croisés Dragons Anciens accélèrent encore plus le processus avec le stade 3…
Un grand silence s'en suivit, brisé par le raclement de gorge d'un étrange type adossé à l'entrée de la salle. Un grand brun avec des lunettes, portant une blouse blanche, lunettes, chemise bleue ciel et pantalon gris, lesquels semblaient avoir subi pas mal de dommages suite à de nombreuses expériences. L'homme, avec les cheveux attachés en une queue de cheval, lança :
??? : J'me présente, Dyo. L'un des vôtres et également un génie.
Ils le fixèrent tous avec méfiance, pour appuyer ses dires, il couvrit son bras d'écailles bleutées semblant crépiter comme des éclairs. Il lança :
Dyo : Je suis croisé avec un Diorex. Et je suis également un chercheur spécialisé dans les corps humain. Comme notre ami Zack ici présent, j'ai participé à l'implantation des gènes dans certains sujets.
La tension sembla redescendre, il exposa :
Dyo : Je viens, pour ainsi dire, apporter une solution à votre petit problème.
Zack : Résorber des tumeurs est quasi impossible sans opération, et vu leur nombre, n'espère pas…
Dyo, le coupant : Naann, je parlais pas de résorber des tumeurs, tu m'as pris pour un shaman ou quoi ? Je peux cependant débarrasser votre corps des gènes.
Ils écoutèrent tous d'une oreille attentive. Il expliqua :
Dyo : J'ai mené les test sur plusieurs des enfants que j'avais croisé et retrouvés. Les effets des réussites sont spectaculaires, les sujets conservent la force qu'ils avaient lors de l'utilisation de leurs gènes, mais ils perdent définitivement la capacité de les utiliser. Cependant…
Zack : Le taux de succès est affreusement bas ?
Dyo : Dans le mille… Dix pourcent, maximum, le composé que j'ai mis au point pour le traitement est excessivement toxique.
Zyra : Y a pas moyen d'augmenter ce pourcentage ?
Dyo : Pour avoir essayé pas mal de dosages différents, je te garantis, j'suis au mieux avec ces dix pourcent.
Zack : Qu'est-ce que tu met là-dedans au juste ?
Dyo : Deux ou trois orchidées rarissimes de la Jungle, une espèce de lierre venant de la grande forêt et… oh ! J'oubliais l'ingrédient principal, des quantités astronomiques de poison de Xejin.
Ils se scrutèrent, les uns les autres, Dyo lança :
Dyo : En tant que docteur, et avec l'appui d'une certaine capitaine de la Guilde, s'arroger une des ailes désaffectées de l'hôpital devrait être possible, cependant, je ne vous force pas à participer.
Un tour de table fut rapidement fait et, bien que Dyo n'ait pas l'air de leur vouloir du mal, la méfiance était de mise, malgré qu'il eut proposé une solution…
Rupert se leva soudain :
Rupert : J''en suis. Mais j'ai besoin d'une opération en plus, j'ai quelques intrus dans mon ventre.
Dyo : Cela va de soi, je me démerderai pour que la cicatrice soit aussi peu voyante que possible.
Milly : Rupert ?! T'es pas bien ?! On sait même pas si ce gars est digne de confiance !
Rupert : Et s'il l'est ?
Sa phrase sembla inspirer la confiance à plus d'un, car ils furent bientôt quasi tous prêts à signer pour leur place dans l'opération, après tout c'était mourir dans dix ans au mieux ou mourir de suite sans douleur, le choix n'était pas réellement bon dans les deux cas.
Finalement, alors que chacun y allait de son commentaire, Dyo glissa à Zack et Marion :
Dyo : Par contre vous deux… Je veux pas jouer les rabat joie, mais vous êtes foutus, vous le savez ?
Zack, opinant : Ouais… J'ai à peine une semaine si mes calculs sont exacts…
Marion : Moi aussi alors ?
Zack, opinant : Désolé, j'aurai aimé t'annoncer ça autrement…
Isis s'inquiéta, grandement, à propos de son enfant qui n'allait pas tarder à naître, Dyo siffla longuement :
Dyo : Alors celui là je l'avais pas vu venir… Ehhhh… On peut tenter une césarienne et le sauver, mais je doute que tu survive au traitement suite à ça… C'est lui ou toi.
Isis, opinant fermement : Ce sera mon enfant… Je suis prête à mourir.
Tartaros et elle se fixèrent un instant, ils se tournèrent en cœur vers Drakov qui réagit au quart de tour :
Drakov : Nan nan nan nan nan pas question. Moi ? L'élever ? J'serai un père horrible !
Tartaros : Parce que j'ai l'air plus qualifié que toi ?
Drakov, soupirant : Touché… Bon, soit, mais uniquement si le pire arrive !
Ils opinèrent et lui et son frère se serrèrent bien fort la main, pour se rassurer et se donner mutuellement l'instruction d'en revenir en vie.
Dans la semaine qui suivit, l'aile désaffectée de l'hôpital de Tenmura fut progressivement remplie par les patients de Dyo, qui s'enchaînaient, tous ayant rempli un testament avant coup. Les médecins et infirmières étaient déjà débordés avec leur travail habituel mais là c'était bien plus grave encore, ils devaient en plus aider à maintenir endormis les croisés qui subissaient le traitement. Drakov ricana un peu, se disant qu'avec ce qu'ils recevraient s'ils mourraient tous, Larah et Talf auraient de quoi s'ouvrir leur propre armurerie. Il s'en voulut de ne pas lui avoir annoncé ça de face, il s'était contenté de lui envoyer une lettre, la sachant de retour d'une de ses escapades.
Drakov fut l'un des derniers à entrer dans la salle ou le produit était injecté pour la première fois. Quand il entra, il ne fut pas accueilli par des infirmières en tenue, mais par Dyo lui même, accompagné de deux autres jeunes gens en blouse. Une grande blonde de pas loin de deux mètres et un grand brun d'un mètre quatre vingt, tous les deux avaient les yeux jaunes vifs, la blonde avait les cheveux très courts, ces derniers touchant à peine le bas de ses oreilles, le brun, lui, était complètement rasé de près, comme un soldat l'aurait été. Ils le fixèrent tous longuement et, quand Dyo demanda à Drakov de prendre place sur le lit pour l'injection, il ricana un peu :
Dyo : Bon, toi, j'ai un autre plan pour toi. Je te présente Emil et Rama, croisés, comme tu dois t'en douter, Tigrex Berserk et Tigrex magmatique.
Drakov : Je vois, c'est étrange, je pensais que les tigrex n'étaient pas grégaires, pourtant je me sens à l'aise avec vous trois aussi proches.
Dyo : Normal, instinct de groupe, tu sens une grosse menace arriver sur le territoire que tu t'es battu pour clamer et tu fera front avec tout ceux qui s'apparentent à toi, même si ce sont des sous espèces différentes. Les tigrex sont réellement fascinants sur ce point là.
Drakov opina juste, un peu inquiet vis à vis de ce « plan différent » dont Dyo avait parlé. Le croisé Diorex arriva, une poche de coma dans la main et lança :
Dyo : Allez, bonne nuit, tu comprendras le pourquoi du comment de ce plan plus tard.
Il brisa la poche de coma sur le visage du croisé Tigrex avant que celui-ci n'ait le temps d'esquisser un geste.
Quand ses yeux s'ouvrirent, la première chose qui le frappa ce fut la lumière… Bien trop forte à son goût… Bordel, qu'es-ce qui se passait ? Où était-il ? Il ne ressentait pas grand-chose, a vrai dire, sinon qu'il avait faim… Il tenta de bouger, mais son corps ne réagit pas réellement. Il senti son bras se soulever mollement avant de retomber. Il entendit crier, puis rapidement il se sentit légèrement aidé pour se redresser. Sa conscience lui revint, doucement, ses yeux s'habituèrent à la lumière très sale de la chambre d'hôpital dans laquelle il se trouvait.
Drakov Eccnelias tourna lentement sa tête, reconnaissant le visage de son père à côté du sien, un air inquiet ne le saillant absolument pas bien visible partout dessus.
Drakov ne revint réellement à lui qu'une heure ou deux après cela, il eut droit à deux check ups réalisés par l'un des docteurs, afin de voir si son corps n'avait gardé aucune séquelle du traitement. Le croisé… Enfin, l'ex-croisé se releva, doucement, son corps reprenant petit à petit ses droits, on lui indiqua qu'une semaine complète était passée… Et que c'était l'hécatombe.
Il sortit de sa chambre, soutenu par son père et une béquille, il vit les quelques survivants : Yasmir, Ethan, Rupert, Milly, Aria et Amélie étaient là, cette dernière le vit et ses yeux s'emplirent de larmes de joie. Il se fit déposer à ses côtés et lui déposa un baiser sur le front, pour la rassurer. Rupert le félicita, il lui retourna le compliment, visiblement il était en pleine forme, ce qui n'était pas réellement étonnant compte tenu de la personnalité du croisé Yamatsukami. D'après ce qu'on lui expliqua, Rupert avait été le premier à se réveiller, et ce malgré une opération lourde au niveau de son estomac, qui lui vaudrait pas mal de temps à manger du liquide.
Cependant, les autres n'avaient pas survécus, l'enfant d'Isis et Tartaros avait pu être sauvé et Drakov devrait ainsi en prendre soin, comme il en avait été convenu. Aria aussi avait subi de lourds changements, son corps avait subi un lourd trauma, car les deux facettes du Zodiumbra avaient du lutter pour savoir laquelle ressortirait le plus, avant de finalement s'unir, la laissant avec un œil rouge et un bleu, ainsi que des mèches noires dans ses longs cheveux blonds.
Yasmir avait le regard vide, elle était perdue… Jack, Sarah, Melinda, Martyr, autant de personnes auxquelles elle tenait qu'elle ne reverrait plus… Cependant Ethan était là, prêt à la soutenir, malgré qu'il eut pâle mine lui aussi.
Après quelques jours passés ainsi, le petit groupe fut autorisé à rentrer chez eux, à la seule et unique condition qu'ils se reposent au maximum. Drakov demanda à son père une faveur avant de partir, récupérer le panneau sur lequel tous les testaments étaient affichés et en faire un mémorial, qu'il placerait dans le cimetière avec les corps. Le capitaine accepta, non sans émotions.
Le petit groupe, affaibli et encore sous tutelle de deux felynes médecins envoyés pour le coup put rentrer, chacun d'entre eux encore plus horrifié de découvrir la triste réalité : Ils n'étaient plus que sept désormais… Enfin si on ne comptait pas Jarvis, Max et la bande à Dyo, dont Drakov préféra taire l'existence.
Il eut le loisir de voir qu'il avait reçu trois missives : Une de Meille, lui annonçant la mort de Maximilien, l'écriture était tremblotante, la pauvre femme avait du revivre la douleur de perdre son bien aimé en l'écrivant… Mais elle jurait cependant vengeance sur Jarvis, visiblement quelqu'un lui avait expliqué la chose.
La seconde provenait de Zack, c'était une lettre d'adieu, il se jura de l'épingler, comme une trace de leur existence à lui et Marion, sur le panneau avec tous les testaments. Il pensa aussi mettre les avis de recherche des trois Allisters dessus.
Et finalement, une lettre se trouvait là, signée de la main de Dyo :
« Oïdi Hoy camarade !
Je sais que toi, tu survivras. Pourquoi ? C'est simple, tu as encore tes gènes, je ne t'ai pas traité.
Là encore, je peux piger que tu sois en colère et je veux bien que tu me comprenne : Je compte bien effacer tes gènes, mais j'ai besoin de toi, avec ces derniers si possible.
Souviens toi de ce que j'ai dit sur les Tigrex avant qu'on ne t'endorme. Sache que toi et moi partageons le même objectif. Jusqu'à ce que l'on te recontacte, ne les utilises sous aucun prétexte. Tu dois survivre, longtemps, j'ai besoin de toi.
Bisous, Dyo.
PS : Rana te trouve mignon…. Je plaisante… Peut être. »
Il fut à la fois choqué et surpris : Ce mec… Il se prenait pour quoi au juste ?
La nuit fut longue, et dénuée de repos pour les croisés habitant chez Drakov. Ethan avait fait livrer ses affaires dans la journée, désormais ils vivraient tous sous le même toit… Le fils de Tartaros et Isis fut logé dans la chambre d'Amélie et Drakov, qui n'arrivèrent pas à dormir correctement, contrairement à lui, qui dormait comme une pierre. Amélie fixait le plafond et demanda :
Amélie : Je… Je dois avouer que j'ai du mal à croire qu'on ne les reverra plus jamais… Je…
Il la serra contre lui, qu'elle puisse pleurer un bon coup, ce qu'elle fit, il la rassura, du mieux qu'il le put… Mais il ne ressentait pas l'envie de pleurer, non, bien au contraire, il était fier d'avoir survécu à cette épreuve et serait le garant de la volonté de tous ceux qui n'avaient pas survécu…
L'enterrement eut lieu dans la semaine suivante, Larah ne se gêna pas pour les gifler un par un, premièrement pour avoir tenté une chose aussi folle, mais aussi pour ne pas l'en avoir avertie plus tôt. Drakov se retint de lui rétorquer quelque chose en voyant le bandage sur son bras, mais préféra la laisser lâcher sa colère. Il vit que le panneau aux testaments était là, devant toute une rangée de tombes toutes fraîches. Il lâcha un profond soupir, attachant comme il l'avait promis la lettre d'adieu de Zack et Marion, ainsi que les portait des trois frères Allisters.
Après une prière silencieuse pour le repos de leurs âmes, le croisé Tigrex et ses compagnons regagnèrent leur demeure. Ils avaient à faire… Tant à faire.
Assis autour de la table, Milly commença à préparer à manger pour le repas, Drakov lança enfin :
Drakov : Je vais avoir besoin de vous, de vous tous… Nous devons porter la volonté de ceux qui n'ont pas survécu… Je peux ?
Rupert : Et tu ose demander ? Bien sûr que j'te soutiens.
Ethan : La même ici, même si j'ai encore à récupérer, je serai là.
Yasmir, motivée soudainement : Yup ! Plus personne n'est autorisé à crever avant au moins dix ans et je déconne pas !
Aria : Je ressusciterai et tabasserai celui qui ose nous claquer dans les doigts !
Milly : C'pas le genre d'un capitaine d'abandonner ses hommes non mais !
Amélie : Quand à moi, je ferai de mon mieux pour te soutenir, ne t'en fais pas.
Il sourit, heureux… C'était une nouvelle famille qui venait de se former, pas bien solide, fragile, mais ils devraient porter ce deuil ensemble et aller de l'avant, et ils se soutiendraient mutuellement pour ça, malgré que leurs cœurs soient brisés en morceaux par ces pertes.
Aria lança :
Aira : Et si je me souviens bien, monsieur Eccnelias est désormais père, non ?
Drakov, réalisant : Pour ça aussi j'vais avoir besoin d'un coup de main et je compte sur vous.
Ils en rirent de bon cœur et prirent leur repas, avant une longue nuit passée à parler et pleurer pour oublier les récents événements...
hrp : Voilà ! Si vous avez un perso croisé, libre à vous de le laisser en traitement dans le coma ou de le faire clamser, vous voyez o/ désolé de drop cette bombe là, mais j'ai préféré faire un grand ménage pour repartir sur des bases fraîches, merci de votre compréhension et pour tout souci, me MP
Vrai qu’avec tout ce temps passé à le chercher, il savait qu’Il commençait à s’impatienter, mais le moyen d’ouvrir ces imposantes portes L’enfermant lui était encore inconnu. Malgré ses recherches dans les archives du centre de recherches sur les Dragons Anciens, qui pourtant étaient pleine à craquer de transcriptions de vieux écrits Wyverniens, aucune info, pas la moindre bribe. C’était clairement impensable qu’en un millénaire personne n’ait vu une seule de ces portes avant lui bon sang ! A moins que quelqu’un n’ait délibérément détruit ces traces ?
C’est ce que sa logique l’avait conduit à déduire, le centre avait par deux fois était victime d’un incendie après tout, la première fois à cause d’un Teostra un peu trop vivace, ce qui en soit était un souci, mais la seconde fois, c’était la même cause qui avait été soulevée… Et l’instinct du croisé Alatreon tiquait à ce sujet : Il savait, pour avoir vu ces gens à l’œuvre, qu’ils ne laissaient rien au hasard, si un Teostra avait réussi à mettre le feu au locaux, il ne devrait pas avoir réussi une seconde fois. Un incendie criminel, effaçant toute trace de transcriptions gênantes… Ouais, ça semblait déjà bien plus probable à Jarvis qu’un accident arrivant deux fois de même façon dans un tel lieu.
Un rugissement plaintif le tira de ses pensées, il soupira : Le Daora venait d’être tiré au sort comme « l’heureux gagnant » pour les tests de Maelle… Cette femme était par ailleurs folle, il ne s’estimait pas comme quelqu’un de sain d’esprit de base, mais même pour lui, cette femme était clairement quelqu’un de dangereux. Il s’assurerait de la tuer en partant, pas que ça lui coûterait grand-chose après tout.
Le croisé se remit derrière son bureau et tira son journal d’un des tiroirs : Là-dedans se trouvaient le récapitulatif de ses longues années passées à chercher le moyen d’ouvrir Sa prison… Et les dieux seuls savaient à quel point il l’avait cherché, ce moyen d’ouvrir ces deux foutues portes.
Il le feuilleta rapidement, recherchant encore dans ce dernier un élément qu’il aurait pu éluder. Il prit nerveusement une gorgée de sa tasse de thé, qu’il utilisait pour se concentrer et se détendre. Le croisé Alatreon soupira ensuite longuement : Non… Encore une fois, pas grand-chose. Il avait la localisation de la porte, il avait déchiffré les runes gravées sur cette dernière et tout autour, mais le mécanisme d’ouverture de la porte restait un mystère complet. C’était probablement lié avec ce vieil autel situé non loin de la porte, celui-là même où il avait récupéré l’écaille qu’Il lui avait confié. Ça en devenait réellement rageant pour lui, sérieusement, combien de fois allait-il devoir interroger des archéologues se prétendant experts et se heurter à un mur d’incompréhension ? Sérieusement, la meilleure piste qu’il avait pour le moment c’était une petite cavité permettant de faire descendre l’autel de moitié dans le sol… Et ça ne l’avançait pas vraiment plus que ça à vrai dire, puisque rien d’autre ne semblait se passer et que le mécanisme ne bloquait pas étant donné le silence qui régnait en suivant.
Peut-être y avait-il autre chose à activer ? Et peut-être y avait-il un ordre pour activer ce ou ces mécanismes ? Trop de « et si » se posaient face à croisé Alatreon. Son intellect avait certes augmenté formidablement en recevant Ses capacités, mais c’était loin de suffire face à la sagesse et la capacité de poser des énigmes des Wyverniens.
Et pendant ce temps, Il attendait, de l’autre côté de cette foutue porte… Il devait y retourner… Au moins pour s’assurer de ne rien avoir loupé, pour être certain qu’aucun détail ne lui avait échappé…
Le croisé allait se retourner pour partir quand le bruit de la porte s’ouvrant s’imposa à lui.
Et c’est là qu’ils débarquèrent, Maelle, ses quatre dégénérés et une dizaine de soldats de la Guilde, tous équipés d’armes qui empestaient le poison Xejin. Jarvis soupira :
Jarvis : Que me vaut l’honneur ?
Maelle : Oh rien de bien important, nous avons juste eu quelques rapports sur certaines de vos exactions, notamment certaines personnes avec qui vous vous seriez acoquiné.
Jarvis, comprenant : Oh ? On voudrait m’arrêter peut être ?
Maelle : Exactement, ces messieurs ont des armes imbues de ce délicat poison qui semble si efficace sur vous autres.
Jarvis ne put s’empêcher de ricaner :
Jarvis : Zyra a du vous expliquer tout cela, hein ?
Maelle : Probable, on sait aussi que vous n’avez pas osé l’affronter dans la baraque d’Eccnelias.
Jarvis : Ce cas-là est différent, avoir une vingtaine de croisés dont plusieurs Dragons Anciens en face, c’est clairement quelque chose de défavorable, même pour moi.
Maelle : Ah ? Cependant vous ne semblez pas très confiant vis-à-vis de ces armes qu’ils ont derrière moi, je me trompe ?
Jarvis, en souriant : Pourquoi ne pas essayer ? J’ai d’autres projets à vrai dire et ils n’incluent pas de vous suivre.
Maelle soupira et claqua des doigts, ses quatre « enfants » activèrent leurs gènes. Jarvis sourit simplement et commença à déboutonner sa chemise. Maelle leva un sourcil :
Maelle : On peut savoir à quoi vous jouez très cher ?
Jarvis : Oh, je vais juste vous montrer la différence entre vos petits protégés et moi.
Il laissa tomber sa chemise au sol, souriant en voyant les yeux écarquillés de Maelle. Cette dernière pouvait en effet être surprise, au milieu du torse de l’homme se trouvait une sorte de point noir duquel partaient plusieurs veines noires, s’étendant comme un parasite dans la peau de l’homme. Il ricana :
Jarvis : Sérieusement, je vous ai donné une manière de vous croiser, n’allez pas croire que vous avez déchiffré tout le texte quand vous comprenez juste la première ligne.
Maelle, grimaçant de rage : Tuez-le !
Les balles fusèrent, stoppées par les écailles violettes et noires du croisé, dont le corps s’était couvert entièrement d’écailles, exception faite du visage. Jarvis lança ensuite :
Jarvis, faisant tomber les balles qui n’avaient pas percé ses écailles : Voyez ? Mon pouvoir est différent du votre, en tellement de points ma chère Maelle… Oh, mais disons que je vais passer à la vitesse supérieure.
Il ferma les yeux un instant et les éclairs noirs et rouges crépitèrent autour de lui sauvagement. Son corps trembla, ses os craquèrent sèchement et il se couvrit entièrement d’écailles, deux perce-ciel typiques du monstre dont il tirait ses pouvoirs jaillirent de sa tête dont le museau s’allongea, une large queue écailleuse ornée d’une voile jaillit du bas de son dos et s’écrasa lourdement au sol. Ses deux ailes prirent en envergure, lui donnant trois bons mètres au total. Les griffes a ses mains et les serres à ses pieds devinrent réellement tranchantes et ses dents prirent l’aspect de crocs.
Ses deux yeux rouges vifs se posèrent sur le groupe d’humains, Maelle prévint :
Maelle : Reculez ! Il est passé bers…
Jarvis, la coupant : Berserk ? Comme dit précédemment, je suis un cas à part. Je ne suis pas berserk, j’ai cédé mon corps à Sa volonté.
Maelle : Sa ? De qui tu causes espèce de malade ?
Jarvis : Je vous trouve bien mal placée pour parler folie très chère.
Les soldats, eux, avaient presque déjà pris leurs jambes à leur cou : Comment un tel monstre avait pu vivre planqué au sein de la Guilde pour si longtemps ?! C’était tellement impensable !
Maelle s’en redit compte un peu tard et lâcha ses « enfants », poussant un « tuez-le ! » qui se voulait impérieux.
Les quatre croisés s’élancèrent vers Jarvis qui les reçut comme il se devait. Il reçut le coup de poing du croisé Teostra en pleine face et recula d’un pas, avant d’enchaîner sur un coup de pied rotatif, qui l’envoya dans un mur. Il réalisa soudain : Ils avaient beau être quatre croisés Dragons Anciens, ils se battaient encore comme des humains… C’était ça qui les perdrait, ils n’osaient pas frapper en prenant le risque de toucher leurs camarades.
La croisée Daora lui fusa dessus après que le croisé Teostra fut hors de sa portée, il esquiva le coup de poing qui vint dans sa face et frappa de sa main cernée de flammes dans l’estomac de la croisée, l’expédiant au sol avant d’appuyer son attaque d’un coup de pied porté en marteau dans sa face, faisant craquer le sol sous l’impact. Le Chaméléos tenta une approche par le côté, que Jarvis décela aisément en ressentant sa présence. Il l’agrippa par la corne sur son front et le tira vers lui, fracassant son genou dans la face du croisé à plusieurs reprises, lui faisant cracher du sang.
La croisée Lunastra chargea en dernière et rapidement en le voyant faire, ne lui laissant que deux coups de genou dans la face du croisé Chamé, qu’il lâcha pour bloquer l’attaque, agrippant les mains de la croisée cernées de flamme sans grand souci, en mode sol il ne la craignait pas. Il lui fracassa son genou dans l’estomac d’un saut en enchaîna les petits sauts au sol pour finir par la faire lâcher prise, crachant une gerbe de sang importante. Il se prit à sourire : Non, ils ne se battaient pas comme des humains, ils se battaient un peu comme des monstres sur certains points… ça les rendait assez facile à duper en fait.
Le croisé Teostra le tira de sa rêverie d’un puissant coup de poing dans la face qui lui fit perdre l’équilibre, juste assez longtemps pour que la croisée Daora puisse lui coller un coup de pied qui l’envoya rouler entre Maelle et eux. Il se redressa d’un bond et sourit, ses deux bras se couvrant d’éclairs rouges et noirs. Il s’élança droit vers eux, furibond, le croisé Chaméléos tentant une frappe dans le ventre qui l’atteint, mais ne le fit pas ciller pour autant, cette erreur lui coûta cher, le poing rageur couvert d’élément Dragon de Jarvis s’abattit dans sa face avec une puissance tonitruante, le faisant poser un genou au sol, le croisé Alatreon enchaîna d’un violent uppercut qui l’envoya en l’air, il acheva l’attaque en tournant sur lui-même pour lui coller un coup de sa queue dans le ventre, cette dernière provoquant une explosion à l’impact, envoyant le croisé Chaméléos s’écraser lourdement sur le bureau.
La croisée Daora sauta sur l’occasion et tenta un coup de genou dans la face du croisé Alatreon, qui bloqua le genou de la jeune femme avec ses deux bras, laissant le champ libre aux croisés Teostra et Lunastra pour frapper de concert dans sa face, chacun créant une explosion avec les flammes cernant leurs poings.
Jarvis grimaça, l’impact fut violent, bien plus qu’il ne l’escomptait… Il s’en remit cependant et repoussa la croisée Daora en la poussant simplement plus loin. Les deux autres retentèrent alors un assaut, qu’il esquiva en s’accroupissant, prenant un appui pour donner un coup d’épaule imbue d’élément Dragon dans l’estomac du croisé Teostra, qui toussa une gerbe de sang à l’impact et fut envoyé dans le mur à nouveau, cognant contre la pierre dure le composant avec force. La croisée Luna retenta une frappe, qui fut esquivée d’un pas de côté par le croisé Alatreon. Ce dernier sauta et frappa avec son tibia dans la tempe de la croisée, chargeant le coup en Dragon. Cela fut suffisant pour l’envoyer rouler aux pieds de sa « mère », qui fixait la scène avec un léger sourire aux lèvres, lequel ne fut noté par Jarvis qu’à ce moment-là.
La croisée Daora se refit entendre et lui fracassa son poing à l’arrière du crâne, le faisant grimacer de douleur et poser un genou au sol pour ne pas tomber. Il se retourna vivement et la frappa trois fois : Un coup de poing rageur chargé en Dragon pour commencer, puis une droite du même élément et enfin un coup en marteau sur le crâne avec du Dragon et de la Foudre, pour s’assurer de la calmer pour de bon.
La jeune femme en perdit connaissance sur le coup, ses gènes la quittant. Jarvis soupira un grand coup et se tourna calmement vers Maelle, essuyant le sang coulant du coin de ses lèvres d’un revers de main et ignorant celui qui coulait depuis ce qui fut son arcade brisée. Il lui lança :
Jarvis : Alors, que fait-on maintenant ?
Maelle : Je n’en attendais pas moins de vous très cher, mais pourquoi ne vous montrerais-je pas ce que j’ai déniché ?
Elle laissa tomber sa blouse blanche et laissa son corps se couvrir d’écailles dorées, pas les mêmes que celles d’un Zodiumbra, elles avaient une apparence clairement différente, moins brillante, plus délavée. Elle laissa deux énormes ailes se déployer dans son dos, ailes dont les jointures ressemblaient à des mains pourvues de griffes rouges sang. Elle fracassa le sol de ses deux nouvelles mains et ricana :
Maelle : Vous n'êtes même pas surpris hein ?
Jarvis : Il m'a prévenu, vous sentiez trop comme cette saloperie de Roue du Paradis pour ne pas l'avoir approché. Mais nos objectifs sont similaire très chère, pourquoi ne pas collaborer ?
Maelle : Parce que je l'ai déjà libéré ?
Jarvis, grimaçant : Je vois, cette chose est libre donc.
Maelle : A vrai dire, non. Il était mort, enfin elle, puisque c'était une femelle, j'ai eu tout le loisir de me servir du coup.
Jarvis se mit en garde, comprenant qu'elle ne comptait pas discuter plus que ça et allait entamer le combat. Elle fusa droit vers lui, les deux bras-aile bougeant comme ceux d'une personne courant normalement, avant de se fracasser là ou était Jarvis, qui avait d'ores et déjà bougé, glissant sous le bras de la croisée avant de lui porter un coup de ses perces-ciel, lui tranchant le visage, toujours humain, et lui prenant un œil au passage. Maelle hurla de douleur et le croisé Alatreon lança :
Jarvis : C'est votre faiblesse encore une fois, vous vous pensez invincible ? Faux, cette face humaine est ce qui vous perdra.
Maelle : Je vais te tuer !
Elle hurla de toute son âme et tenta de le fracasser d'un coup de bras-aile. Jarvis fit simplement une fente en avant et la cogna dans le plexus solaire, la faisant cracher une gerbe de sang et l'envoyant rouler plus loin. Il soupira :
Jarvis : Et vous n'êtes même pas douée en combat de base, vous pensiez sérieusement avoir une chance contre moi ?
Il sortit de son bureau, enjambant le corps de Maelle. L'alarme résonnant d'ores et déjà dans les couloirs, déserts. Il s'arrêta un instant, pensif : Parti comme c'était, on l'attendait avec des balistes et des canons à l'extérieur, sans renforts, il ne pourrait probablement pas s'en tirer bien. Mais compte tenu de la situation, qui pourrait bien l'ai… Il réalisa soudain : Il était dans le centre de recherches sur les Dragons Anciens, il était cerné par des alliés potentiels, prêts à répandre le chaos dès qu'ils seraient libre, il ne restait qu'à les libérer.
Le croisé Alatreon, toujours dans la nouvelle forme qu'il avait prise, laquelle n'était pas réversible de toute évidence, arriva après quelques minutes dans la zone où les Dragons Anciens étaient enfermés. Quand ils le virent, ils se tendirent tous, le Chameleos, les deux Kushala Daoras et cet imposant Teostra également. Jarvis lança, en souriant :
Jarvis : Voilà ce que j'appelle du soutien ! N'ayez crainte, je vais vous libérer, en échange, je ne vous demanderai que de me soutenir.
Il avait parlé dans une langue qu'il comprenait sans l'avoir jamais parlée, probablement de l'ancien wyvernien. L'Alatreon qui lui avait donné son pouvoir lui avait aussi transmis ses connaissances, dont cette langue entre autre.
Le Teostra répondit :
Teostra : Kuh… Tu espère sérieusement que nous allons aider le fou que tu sert ?!
Jarvis, envoyant la porte de sa cellule voler : Tu vois, vous pouvez aussi bien rester ici, avec leurs armes prêtes à vous accueillir et leurs tortures prêtes à recommencer.
L'Empereur des flammes, bien que blessé, privé de ses pouvoirs et enchaîné solidement au sol, ne put qu'accepter l'offre que lui faisait le croisé Alatreon.
Ce dernier fixa longuement les chaînes qui maintenaient le Dragon Ancien. Il ne pourrait pas les briser à la force pure, mais il devait y avoir un moyen pour les chercheurs de les relâcher, il lui suffisait de trouver les mécanismes correspondants…
Le Teostra montra le coin de la pièce d'un léger mouvement de tête, lui indiquant l'endroit qu'il cherchait. Jarvis nota les leviers et comprit leurs objectifs respectif : Un pour lâcher les ailes, un pour lâcher les pattes et un pour relâcher le crâne, selon les instructions rappelées sur le mur, il était formellement interdit de les activer tous les trois ensemble sans quoi le Dragon serait libre. Jarvis les activa donc tous les trois, le Teostra ne fut pas totalement libéré, mais il avait assez de manœuvre pour pouvoir bouger et forcer sur ses liens, avec l'aide de Jarvis, dont la force était décuplée, il put briser les lourdes chaînes le retenant, le dragon y laissant quelques bouts de membrane et écailles, afin de retirer les endroits ou les chaînes étaient ancrées dans sa peau.
Libre, l'Empereur des flammes s'ébroua, il lança à son « sauveur » :
Teostra : Je te suis redevable.
Jarvis : Alors aide moi à libérer les trois autres, tu veux ?
Ils se mirent à l’œuvre et bien vite, les deux Daoras et le Chaméléos retrouvèrent leur liberté. Les quatre Dragons Anciens se fixèrent longuement : Des créatures aussi puissantes qu'eux avaient naturellement tendance à s'éviter, surtout car leurs pouvoirs s'empêtraient les uns dans les autres et s'annulaient à vrai dire. Les deux Daoras, couverts de rouille, muèrent de concert, renouvelant leurs splendides écailles ce faisant, ainsi que leurs cornes et leurs ailes. L'un des deux, le plus petit, avec une cicatrice persistante sur l’œil, lui lança :
Daora : Je pense que nous devrions faire un petit tour dans les étages inférieurs avant de s'enfuir.
Jarvis : Tu pense que nous avons le temps ? Des chasseurs seront bientôt là.
Chaméléos : Je suis du même avis que lui. Je ressent une faible présence dans les sous sol, quelque chose du même genre que celui qui t'as donné son pouvoir.
Jarvis : Un Dragon Ancien ? Dont je ne connaîtrait pas l'existence ?
Teostra : Un Colosse d'Azur. Cela fait bien quatre cent ans que je n'en ai pas vu un…
Il avait l'air mélancolique, les quatre dragons se fixèrent encore et opinèrent :
Daora : Libérons-le aussi, il fera un formidable allié.
Jarvis, opinant : Soit, soit, je ne vois rien à un allié suplémentaire.
Chaméléos : Je sens aussi une odeur fortement déplaisante…
Jarvis : Probablement la proprio, elle a fait mumuse avec une Roue du Paradis.
Les quatre se tendirent, il reprit :
Jarvis : Il semble qu'elle n'ait trouvé qu'un cadavre derrière la porte qu'elle a ouverte cependant.
Les quatre dragons semblèrent se détendre. Le jeune Daora prit la tête, expliquant qu'il savait à peu près où se trouvait leur cible. Ils marchèrent un petit moment, étonnement, malgré qu'ils aient presque tous fait quatre voire cinq mètres de haut pour trois à quatre de large, Jarvis excepté, ils étaient quand même parfaitement capable de circuler dans les très larges couloirs. Ils passèrent par un des élévateurs, toujours fonctionnel étrangement, et descendirent jusqu'aux profondeurs du centre de recherche des Dragons Anciens. L'air ambiant changea très soudainement, Jarvis les arrêta quand le Daora lui demande de le faire et ils partirent, marchant dans un long corridor bien éclairé jusqu'à des salles que Jarvis n'avait pas vu jusqu'à maintenant, ses pérégrinations dans le centre étant surveillées. De toute évidence, c'est là qu'étaient testé les croisement et pas mal d'autres choses dont la bonne conscience conseillait de ne pas parler.
Ils arrivèrent devant une grande porte massive, dix bons mètres de haut, ornée de symboles et faite dans un bois extrêmement solide. Le Teostra renifla le bois et grogna :
Teostra : Trempé dans le sang des nôtres, ils nous provoquent en plus de ça ?
Doara : Écarte toi, nous allons l'envoyer voler.
Il s'exécuta et les deux Kushala Daoras, ayant de nouveau accès à leur pouvoir, tirèrent deux balles de vent, qui firent s'ouvrir avec force les portes. Ils purent entrer dans une vaste salle, éclairée assez fortement par des torches puissantes dans lesquelles brûlaient des flammes bleues. Au centre de cette immense salle dont la profondeur avoisinait les vingt mètre se tenait un colosse, dans les vingt-cinq mètres de long, deux ailes immenses tenues elles aussi par des chaînes. Ses patte avant étaient plus courtes que celles de l'arrière et renforcées, comme celles des Brachydios, mais en moins épaisses, laissant voir ses griffes à l’extrémité. Sa queue longue était terminée d'un trident osseux large et sa tête était ornée de cornes nombreuses, sept, disposées en trois paires de chaque côté du crâne, grandissant quand on remontait et pointant l'arrière, et une corne frontale sur le crâne. Le dos du monstre portait également deux organes, ressemblant à des ailes sans membrane, qui formaient une genre d'arche ornée de piquants dans le dos.
Jarvis ne put que contempler le colosse, qui semblait dans un état de catatonie profonde, impassible, ses deux yeux verts vifs tranchant tellement avec le bleu de ses écailles et pourtant fixés sur le vide devant lui. Il nota ensuite les tubes qui étaient plantés dans son thorax et dans son dos, il demanda :
Jarvis : Ils le tranquillisent ? Et c'est tout ?
Teostra : Les Alatarius, comme vous les appelez, ne sont pas dangereux tant qu'ils sont calmes, forcément en garder un est bien moins contraignant que garder un de nous autres, le problème restant de le capturer.
Le croisé Alatreon opina simplement. Le Chaméléos s'avança et, agrippant l'un des tubes avec ses mâchoires, tira dessus. Le plus gros des deux Daoras agrippa l'autre tube, l'Altarius n'était fixé qu'à deux mètres du sol, il put aisément le faire en se dressant simplement. Les deux Dragons Anciens détachèrent les tubes, qui firent gicler un peu de sang en sortant, la douleur sembla picoter légèrement le Colosse d'Azur, qui cilla à peine, lançant avec juste son œil capable de bouger pour le moment :
Altarius : Huh ? Que ? Qui êtes vous ?
Teostra : N'ait crainte grand Colosse, nous allons te libérer du joug des humains.
Il ne répondit pas attendant visiblement. Après quelques instant seulement, le colosse lâcha un très long soupir et lança :
Altarius : Vous quatre, pourquoi êtes vous ensemble ? Et surtout pourquoi avec cet envoyé du Destructeur ?
Teostra : La force des choses, nous sommes tous retenus ici par les humains, il nous faut donc sortir et leur montrer à quel point il est stupide de nous défier.
Altarius : Oh oui, ça me reviens… Rien qu'à l'idée que ces saletés aient pu m'enfermer, mon sang commence à bouillir…
Le monstre sembla grogner à la fin de sa phrase, ses cornes et ailes brillèrent de bleu turquoise très vif. Le jeune Daora ricana :
Doara : Allons, ne te retiens pas, il nous faut ton aide pour sortir Colosse.
Le Dragon Ancien turquoise ricana simplement et, son corps brillant d'un bleu intense, tira avec véhémence sur les chaînes le retenant, les brisant toutes au passage. Il se redressa, bipède, dans uen posture quasi humaine. Le Colosse d'Azur lança :
Altarius : Y a-t-il d'autres Dragons à sauver ici ?
Chaméléos : Malheureusement, non. Peut être dans les niveaux inférieurs cela dit.
Altarius : Non, je ne sens que la purulence de cette maudite Roue du Paradis sous nos pieds, que la folle qui gère ces lieux se fasse consumer par cette dernière.
Jarvis : C'est déjà le cas, elle a reçu le même genre de bénédiction que moi.
Altarius, le fixant : Je vois… Je commence également à rejoindre les idéaux de celui qui t'envoie, dis-moi, sa porte est-elle ouverte ?
Jarvis ne répondit pas. L'Altarius ricana :
Altarius : Je vois, tu sais au moins où elle est, sinon tu n'aurai pas pu avoir ses pouvoirs… Dans ce cas ça simplifie pas mal les choses, allons le libérer toi et moi après cela.
Jarvis, soupirant : Si tu penses que c'est aussi simple, j'ai beau m'y être creusé la tête, je…
Altarius : J'ai observé la construction de ces portes, fais moi confiance, je sais comment les ouvrir.
Jarvis ne répondit simplement pas et fit un pas vers la sortie :
Jarvis : Alors allons-y, plus rien ne nous retiens ici. Aussi, je préférerai que nous nous dispersions, on groupe aussi large que le notre serait bien trop repérable et je doute que vous soyez prêts à suivre les idées de mon maître de toute façon.
Les deux Daoras, le Chaméléos et le Teostra opinèrent, ils étaient visiblement d'accord avec lui.
Ils repartirent dont, ce coup-ci défonçant le toit de l’ascenseur et remontant par là où il passait normalement. Ils arrivèrent bien vite devant la porte, tous prêts à tout donner pour s'évader.
Les journaux en parlèrent pendant des semaines, c'était du jamais vu, la panique avait frappé le centre de recherche des Dragons Anciens, et, après plusieurs heures pendant lesquelles de très nombreux soldats avaient été mobilisés avec des armes de guerre, non pas un, ni deux, mais bien cinq Dragons Anciens en avaient franchi les portes. Le rapport indiquait la présence d'un jeune Kushala Daora de dix huit mètres de long avec une cicatrice sur l'oeil, d'un autre Daora plus vieux allant dans les vingt mètres, d'un Chaméléos d'environ vingt mètres de long lui aussi, d'un Teostra enragé d'au moins vingt-deux mètres et d'un colosse azuré, identifié comme un des mythiques Altarius, d'au moins la même taille, avec une posture humanoïde.
Les quatre monstres aidés d'un complice avaient fui, non sans saccager les régiments stationnés devant le centre et plusieurs quartiers environnants de Dondruma. Chacun d'entre eux était parti dans une direction différente, rendant les poursuites difficile. La gérante du centre ne fut pas retrouvée.
Drakov faillit cracher son thé quand il lut cet article, de même que les autres membres de sa maisonnée. Rupert s'indigna :
Rupert : Cet enflure de Jarvis l'a fait ! Et a ma lace en plus !
Drakov : C'était un de tes plans ça ?!
Rupert : Sans la destruction de masse, ouais, enfermer des Dragons Anciens est jamais bon, on est tous bien placés pour le savoir, non ?
Il ne répondit pas, se disant qu'il aurait très certainement pas mal de taff dans les jours à venir et soupirant, parce qu'il était à peine remis de cette foutue chasse au Zodiumbra.
Ce que la Guilde ne mentionna pas, c'est que peu après la fuite des Dragons Anciens, deux créatures à l'apparence de dragons et comme drapées d'une cape noire sortirent du centre, accompagnée de la gérante du lieu, revêtant des écailles dorées. La fumée noire qu'elle dégageait de son corps et de celui de ces deux créatures fut apparemment suffisant à rendre fou les quelques membres de l'équipe médicale présents. Dans un rugissement qui fit noircir les cieux, les deux dragons s'envolèrent, suivi par leur mère. Maelle était partie, ses plans avaient changés. Tuer ses quatre protégés ne l'avait pas dérangé plus que ça, elle avait fait ses recherches, elle savait ce qu'elle devait faire désormais et ça impliquait de tuer Jarvis et son maître.
Pendant ce temps là, Zack parcourait nerveusement ses notes. Il était stationné dans une petite maison dans les montagnes pour poursuivre ses propres recherches, après tout il était l'un de ceux qui avaient réalisé les croisements…
Le croisé Fatalis écarquilla les yeux : Non, aucune erreur possible… Mais… Comment est-ce que CA avait pu lui échapper ?! C'était pourtant logique, évident même ! C'était fou, comment pourrait-il annoncer à tout ses camarades la chose sans déclencher la panique ?!
Prenant son courage à deux mains, le savant rédigea quatre lettres, quatre lettres destinées aux quatre Alphas qu'ils savait digne de confiance. Il devaient se parler, tous, tous les croisés, parce que le temps était encore contre eux.
Le meeting devait avoir lieu dans la maison de Drakov, le lieu le plus adéquat pour la chose après tout. Ainsi, la semaine suivante, tous les croisés furent réunis, exception de Jarvis et Maximilien, que Zack n'avait pas prévenu sachant pertinemment que le premier était au fait de la chose et que le second ne viendrait pas de toute manière.
Le croisé Fatalis s'assura qu'ils étaient tous présents et lâcha, après un très très long soupir :
Zack : Nous… Somme tous condamnés.
Ils se dévisagèrent tous et Zyra, lança, de mauvais poil semblait-il :
Zyra : Tu peux développer ? Et vaut mieux pour toi que ce soit autrement plus sérieux que ça pour tous nous avoir réunis.
Zack, lui déposant un rapport de ses recherches sous les yeux : J'ai fait et refait les tests, rien à faire, nous allons tous mourir, très rapidement… Les gènes implantés dans nos corps n'ont rien à foutre là et notre corps s'en rends compte mais faute de pouvoir régler ce problème il deviens fou et se réplique erratiquement.
Rupert, pigeant : Attends une minute, tu veux pas dire ?!
Zack : Exactement, plus on se sert de nos gènes, plus nos corps vont générer de tumeurs, et pas besoin de vous faire un dessin sur ce qui se passe quand on a de multiples tumeurs dans le corps.
Un grand silence balaya l'assemblée, ils semblaient tous secoués par le choc, Drakov risqua :
Drakov : Combien de temps nous reste-t-il ?
Zack : Je saurai pas dire mais peu, très peu, si vous arrivez à vivre dix ans de plus en vous en servant aussi régulièrement, estimez vous chanceux.
Un violent frisson les parcourut tous : C'était une blague ? Dix ans ? Seulement ?!
Zyra se mit à rire, nerveusement, puis lança, les larmes dans les yeux :
Zyra : Je me suis autant battue pour ça ?! Sérieux ?! Merde !
Elle se leva et frappa violemment la table, laissant partir sa frustration dans le coup, renforcé par ses gènes qui venaient de s'activer. Elle se fit aussitôt sèchement frapper dans la nuque par Marion, ce qui la fit tomber a genou. La croisée Zodiumbra lui lança :
Marion : Reprends-toi, on a pas besoin d'une berserk de plus.
La croisée lança :
Marion : Tu as découvert plus que ça ? Un remède ?
Zack, faisant non de la tête : Rien de rien, juste que les croisés Dragons Anciens accélèrent encore plus le processus avec le stade 3…
Un grand silence s'en suivit, brisé par le raclement de gorge d'un étrange type adossé à l'entrée de la salle. Un grand brun avec des lunettes, portant une blouse blanche, lunettes, chemise bleue ciel et pantalon gris, lesquels semblaient avoir subi pas mal de dommages suite à de nombreuses expériences. L'homme, avec les cheveux attachés en une queue de cheval, lança :
??? : J'me présente, Dyo. L'un des vôtres et également un génie.
Ils le fixèrent tous avec méfiance, pour appuyer ses dires, il couvrit son bras d'écailles bleutées semblant crépiter comme des éclairs. Il lança :
Dyo : Je suis croisé avec un Diorex. Et je suis également un chercheur spécialisé dans les corps humain. Comme notre ami Zack ici présent, j'ai participé à l'implantation des gènes dans certains sujets.
La tension sembla redescendre, il exposa :
Dyo : Je viens, pour ainsi dire, apporter une solution à votre petit problème.
Zack : Résorber des tumeurs est quasi impossible sans opération, et vu leur nombre, n'espère pas…
Dyo, le coupant : Naann, je parlais pas de résorber des tumeurs, tu m'as pris pour un shaman ou quoi ? Je peux cependant débarrasser votre corps des gènes.
Ils écoutèrent tous d'une oreille attentive. Il expliqua :
Dyo : J'ai mené les test sur plusieurs des enfants que j'avais croisé et retrouvés. Les effets des réussites sont spectaculaires, les sujets conservent la force qu'ils avaient lors de l'utilisation de leurs gènes, mais ils perdent définitivement la capacité de les utiliser. Cependant…
Zack : Le taux de succès est affreusement bas ?
Dyo : Dans le mille… Dix pourcent, maximum, le composé que j'ai mis au point pour le traitement est excessivement toxique.
Zyra : Y a pas moyen d'augmenter ce pourcentage ?
Dyo : Pour avoir essayé pas mal de dosages différents, je te garantis, j'suis au mieux avec ces dix pourcent.
Zack : Qu'est-ce que tu met là-dedans au juste ?
Dyo : Deux ou trois orchidées rarissimes de la Jungle, une espèce de lierre venant de la grande forêt et… oh ! J'oubliais l'ingrédient principal, des quantités astronomiques de poison de Xejin.
Ils se scrutèrent, les uns les autres, Dyo lança :
Dyo : En tant que docteur, et avec l'appui d'une certaine capitaine de la Guilde, s'arroger une des ailes désaffectées de l'hôpital devrait être possible, cependant, je ne vous force pas à participer.
Un tour de table fut rapidement fait et, bien que Dyo n'ait pas l'air de leur vouloir du mal, la méfiance était de mise, malgré qu'il eut proposé une solution…
Rupert se leva soudain :
Rupert : J''en suis. Mais j'ai besoin d'une opération en plus, j'ai quelques intrus dans mon ventre.
Dyo : Cela va de soi, je me démerderai pour que la cicatrice soit aussi peu voyante que possible.
Milly : Rupert ?! T'es pas bien ?! On sait même pas si ce gars est digne de confiance !
Rupert : Et s'il l'est ?
Sa phrase sembla inspirer la confiance à plus d'un, car ils furent bientôt quasi tous prêts à signer pour leur place dans l'opération, après tout c'était mourir dans dix ans au mieux ou mourir de suite sans douleur, le choix n'était pas réellement bon dans les deux cas.
Finalement, alors que chacun y allait de son commentaire, Dyo glissa à Zack et Marion :
Dyo : Par contre vous deux… Je veux pas jouer les rabat joie, mais vous êtes foutus, vous le savez ?
Zack, opinant : Ouais… J'ai à peine une semaine si mes calculs sont exacts…
Marion : Moi aussi alors ?
Zack, opinant : Désolé, j'aurai aimé t'annoncer ça autrement…
Isis s'inquiéta, grandement, à propos de son enfant qui n'allait pas tarder à naître, Dyo siffla longuement :
Dyo : Alors celui là je l'avais pas vu venir… Ehhhh… On peut tenter une césarienne et le sauver, mais je doute que tu survive au traitement suite à ça… C'est lui ou toi.
Isis, opinant fermement : Ce sera mon enfant… Je suis prête à mourir.
Tartaros et elle se fixèrent un instant, ils se tournèrent en cœur vers Drakov qui réagit au quart de tour :
Drakov : Nan nan nan nan nan pas question. Moi ? L'élever ? J'serai un père horrible !
Tartaros : Parce que j'ai l'air plus qualifié que toi ?
Drakov, soupirant : Touché… Bon, soit, mais uniquement si le pire arrive !
Ils opinèrent et lui et son frère se serrèrent bien fort la main, pour se rassurer et se donner mutuellement l'instruction d'en revenir en vie.
Dans la semaine qui suivit, l'aile désaffectée de l'hôpital de Tenmura fut progressivement remplie par les patients de Dyo, qui s'enchaînaient, tous ayant rempli un testament avant coup. Les médecins et infirmières étaient déjà débordés avec leur travail habituel mais là c'était bien plus grave encore, ils devaient en plus aider à maintenir endormis les croisés qui subissaient le traitement. Drakov ricana un peu, se disant qu'avec ce qu'ils recevraient s'ils mourraient tous, Larah et Talf auraient de quoi s'ouvrir leur propre armurerie. Il s'en voulut de ne pas lui avoir annoncé ça de face, il s'était contenté de lui envoyer une lettre, la sachant de retour d'une de ses escapades.
Drakov fut l'un des derniers à entrer dans la salle ou le produit était injecté pour la première fois. Quand il entra, il ne fut pas accueilli par des infirmières en tenue, mais par Dyo lui même, accompagné de deux autres jeunes gens en blouse. Une grande blonde de pas loin de deux mètres et un grand brun d'un mètre quatre vingt, tous les deux avaient les yeux jaunes vifs, la blonde avait les cheveux très courts, ces derniers touchant à peine le bas de ses oreilles, le brun, lui, était complètement rasé de près, comme un soldat l'aurait été. Ils le fixèrent tous longuement et, quand Dyo demanda à Drakov de prendre place sur le lit pour l'injection, il ricana un peu :
Dyo : Bon, toi, j'ai un autre plan pour toi. Je te présente Emil et Rama, croisés, comme tu dois t'en douter, Tigrex Berserk et Tigrex magmatique.
Drakov : Je vois, c'est étrange, je pensais que les tigrex n'étaient pas grégaires, pourtant je me sens à l'aise avec vous trois aussi proches.
Dyo : Normal, instinct de groupe, tu sens une grosse menace arriver sur le territoire que tu t'es battu pour clamer et tu fera front avec tout ceux qui s'apparentent à toi, même si ce sont des sous espèces différentes. Les tigrex sont réellement fascinants sur ce point là.
Drakov opina juste, un peu inquiet vis à vis de ce « plan différent » dont Dyo avait parlé. Le croisé Diorex arriva, une poche de coma dans la main et lança :
Dyo : Allez, bonne nuit, tu comprendras le pourquoi du comment de ce plan plus tard.
Il brisa la poche de coma sur le visage du croisé Tigrex avant que celui-ci n'ait le temps d'esquisser un geste.
Quand ses yeux s'ouvrirent, la première chose qui le frappa ce fut la lumière… Bien trop forte à son goût… Bordel, qu'es-ce qui se passait ? Où était-il ? Il ne ressentait pas grand-chose, a vrai dire, sinon qu'il avait faim… Il tenta de bouger, mais son corps ne réagit pas réellement. Il senti son bras se soulever mollement avant de retomber. Il entendit crier, puis rapidement il se sentit légèrement aidé pour se redresser. Sa conscience lui revint, doucement, ses yeux s'habituèrent à la lumière très sale de la chambre d'hôpital dans laquelle il se trouvait.
Drakov Eccnelias tourna lentement sa tête, reconnaissant le visage de son père à côté du sien, un air inquiet ne le saillant absolument pas bien visible partout dessus.
Drakov ne revint réellement à lui qu'une heure ou deux après cela, il eut droit à deux check ups réalisés par l'un des docteurs, afin de voir si son corps n'avait gardé aucune séquelle du traitement. Le croisé… Enfin, l'ex-croisé se releva, doucement, son corps reprenant petit à petit ses droits, on lui indiqua qu'une semaine complète était passée… Et que c'était l'hécatombe.
Il sortit de sa chambre, soutenu par son père et une béquille, il vit les quelques survivants : Yasmir, Ethan, Rupert, Milly, Aria et Amélie étaient là, cette dernière le vit et ses yeux s'emplirent de larmes de joie. Il se fit déposer à ses côtés et lui déposa un baiser sur le front, pour la rassurer. Rupert le félicita, il lui retourna le compliment, visiblement il était en pleine forme, ce qui n'était pas réellement étonnant compte tenu de la personnalité du croisé Yamatsukami. D'après ce qu'on lui expliqua, Rupert avait été le premier à se réveiller, et ce malgré une opération lourde au niveau de son estomac, qui lui vaudrait pas mal de temps à manger du liquide.
Cependant, les autres n'avaient pas survécus, l'enfant d'Isis et Tartaros avait pu être sauvé et Drakov devrait ainsi en prendre soin, comme il en avait été convenu. Aria aussi avait subi de lourds changements, son corps avait subi un lourd trauma, car les deux facettes du Zodiumbra avaient du lutter pour savoir laquelle ressortirait le plus, avant de finalement s'unir, la laissant avec un œil rouge et un bleu, ainsi que des mèches noires dans ses longs cheveux blonds.
Yasmir avait le regard vide, elle était perdue… Jack, Sarah, Melinda, Martyr, autant de personnes auxquelles elle tenait qu'elle ne reverrait plus… Cependant Ethan était là, prêt à la soutenir, malgré qu'il eut pâle mine lui aussi.
Après quelques jours passés ainsi, le petit groupe fut autorisé à rentrer chez eux, à la seule et unique condition qu'ils se reposent au maximum. Drakov demanda à son père une faveur avant de partir, récupérer le panneau sur lequel tous les testaments étaient affichés et en faire un mémorial, qu'il placerait dans le cimetière avec les corps. Le capitaine accepta, non sans émotions.
Le petit groupe, affaibli et encore sous tutelle de deux felynes médecins envoyés pour le coup put rentrer, chacun d'entre eux encore plus horrifié de découvrir la triste réalité : Ils n'étaient plus que sept désormais… Enfin si on ne comptait pas Jarvis, Max et la bande à Dyo, dont Drakov préféra taire l'existence.
Il eut le loisir de voir qu'il avait reçu trois missives : Une de Meille, lui annonçant la mort de Maximilien, l'écriture était tremblotante, la pauvre femme avait du revivre la douleur de perdre son bien aimé en l'écrivant… Mais elle jurait cependant vengeance sur Jarvis, visiblement quelqu'un lui avait expliqué la chose.
La seconde provenait de Zack, c'était une lettre d'adieu, il se jura de l'épingler, comme une trace de leur existence à lui et Marion, sur le panneau avec tous les testaments. Il pensa aussi mettre les avis de recherche des trois Allisters dessus.
Et finalement, une lettre se trouvait là, signée de la main de Dyo :
« Oïdi Hoy camarade !
Je sais que toi, tu survivras. Pourquoi ? C'est simple, tu as encore tes gènes, je ne t'ai pas traité.
Là encore, je peux piger que tu sois en colère et je veux bien que tu me comprenne : Je compte bien effacer tes gènes, mais j'ai besoin de toi, avec ces derniers si possible.
Souviens toi de ce que j'ai dit sur les Tigrex avant qu'on ne t'endorme. Sache que toi et moi partageons le même objectif. Jusqu'à ce que l'on te recontacte, ne les utilises sous aucun prétexte. Tu dois survivre, longtemps, j'ai besoin de toi.
Bisous, Dyo.
PS : Rana te trouve mignon…. Je plaisante… Peut être. »
Il fut à la fois choqué et surpris : Ce mec… Il se prenait pour quoi au juste ?
La nuit fut longue, et dénuée de repos pour les croisés habitant chez Drakov. Ethan avait fait livrer ses affaires dans la journée, désormais ils vivraient tous sous le même toit… Le fils de Tartaros et Isis fut logé dans la chambre d'Amélie et Drakov, qui n'arrivèrent pas à dormir correctement, contrairement à lui, qui dormait comme une pierre. Amélie fixait le plafond et demanda :
Amélie : Je… Je dois avouer que j'ai du mal à croire qu'on ne les reverra plus jamais… Je…
Il la serra contre lui, qu'elle puisse pleurer un bon coup, ce qu'elle fit, il la rassura, du mieux qu'il le put… Mais il ne ressentait pas l'envie de pleurer, non, bien au contraire, il était fier d'avoir survécu à cette épreuve et serait le garant de la volonté de tous ceux qui n'avaient pas survécu…
L'enterrement eut lieu dans la semaine suivante, Larah ne se gêna pas pour les gifler un par un, premièrement pour avoir tenté une chose aussi folle, mais aussi pour ne pas l'en avoir avertie plus tôt. Drakov se retint de lui rétorquer quelque chose en voyant le bandage sur son bras, mais préféra la laisser lâcher sa colère. Il vit que le panneau aux testaments était là, devant toute une rangée de tombes toutes fraîches. Il lâcha un profond soupir, attachant comme il l'avait promis la lettre d'adieu de Zack et Marion, ainsi que les portait des trois frères Allisters.
Après une prière silencieuse pour le repos de leurs âmes, le croisé Tigrex et ses compagnons regagnèrent leur demeure. Ils avaient à faire… Tant à faire.
Assis autour de la table, Milly commença à préparer à manger pour le repas, Drakov lança enfin :
Drakov : Je vais avoir besoin de vous, de vous tous… Nous devons porter la volonté de ceux qui n'ont pas survécu… Je peux ?
Rupert : Et tu ose demander ? Bien sûr que j'te soutiens.
Ethan : La même ici, même si j'ai encore à récupérer, je serai là.
Yasmir, motivée soudainement : Yup ! Plus personne n'est autorisé à crever avant au moins dix ans et je déconne pas !
Aria : Je ressusciterai et tabasserai celui qui ose nous claquer dans les doigts !
Milly : C'pas le genre d'un capitaine d'abandonner ses hommes non mais !
Amélie : Quand à moi, je ferai de mon mieux pour te soutenir, ne t'en fais pas.
Il sourit, heureux… C'était une nouvelle famille qui venait de se former, pas bien solide, fragile, mais ils devraient porter ce deuil ensemble et aller de l'avant, et ils se soutiendraient mutuellement pour ça, malgré que leurs cœurs soient brisés en morceaux par ces pertes.
Aria lança :
Aira : Et si je me souviens bien, monsieur Eccnelias est désormais père, non ?
Drakov, réalisant : Pour ça aussi j'vais avoir besoin d'un coup de main et je compte sur vous.
Ils en rirent de bon cœur et prirent leur repas, avant une longue nuit passée à parler et pleurer pour oublier les récents événements...
hrp : Voilà ! Si vous avez un perso croisé, libre à vous de le laisser en traitement dans le coma ou de le faire clamser, vous voyez o/ désolé de drop cette bombe là, mais j'ai préféré faire un grand ménage pour repartir sur des bases fraîches, merci de votre compréhension et pour tout souci, me MP
sabertiger- Nombre de messages : 1279
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Re: Le Village et ses alentours
Jour 1:
Enarior respira l'air revigorant des montagnes. Entre ses parents étouffants, la quête pendant laquelle il avait rencontré beaucoup de monde et le fait qu'il n'aimait justement pas rencontrer de nouvelles personnes, il était tendu, et il avait décidé de partir pour une semaine a la montagne, se recharger, et s'entrainer par la même occasion. Seuls ses frères étaient au courant. Sans armes, sans armure, sans provision, sans presque rien. Juste un couteau. Et vu comme c'était partit, il recommencerait souvent. Le paysage magnifique, la tranquillité et la solitude lui convenait parfaitement. Il passa la première journée à courir. En endurance, même son grand frère, pourtant solide, ne le battait pas. Course à pied, marche dans les montagnes, escalade. Il excellait dans tous ces sports. Et surtout, cet acte lui donnait l'impression d'être totalement libre et lui procurait un grand plaisir. Mais malgré son envie de continuer, il commença à fatiguer et finit par s’arrêter près d'une rivière. Il se fabriqua une canne à pêche de fortune, pêcha quelque poisson, les fit cuire, les mangea puis s'écroula la pense bien remplie et s'endormit tout heureux.
Jour 2:
Un rayon de soleil lui chatouilla le visage et il se réveilla. Étrangement, la première chose à laquelle il pensa fut la chasse. Aux monstres. Malgré toutes les justifications qu'il pouvait trouver pour se protéger, Il était juste parti sur un coup de tête après une dispute particulièrement violente avec ses parents. Il n'y avait pas vraiment réfléchi, mais que ferait-il s'il en rencontrait un? Il n'y avait même pas pensé! Quel imbécile! Un peu anxieux, il se mit à marcher. Son angoisse le quitta tout de même vite, et Il se balada toute la matinée. Quand il s'arrêta, la course du soleil dans le ciel était déjà bien entamée.
Du haut d'une butte, il vit un troupeau d'Anteka paître tranquillement et il décida de faire de l'un d'eux son repas. Le jeune homme s'en rapprocha en progressant derrière des grands rochés tombés de la montagne. Arrivé le plus près possible du troupeau, il grimpa sur l'un d'eux et sauta sur le dos d'un Anteka. L'animal ne put rien faire, il était déjà mort. Enarior le dépeça, le fit cuire, puis en mangea une partie. Le reste serait pour le soir. Après s'être reposé, il pensa qu'il devrait peut-être préparer sérieusement sa survie. Pour commencer, il lui fallait un bouclier.
-Heu… Je vais faire comment, moi?
Il réfléchit pendant de longues minutes, quand il se rendit compte qu'il avait pris un bois d'Anteka et commençais à le caresser, appréciant sa douceur. Il le posa sur son bras et, surprise! Il s'y adaptait parfaitement. Et pour rajouter de la chance à sa chance, un bout du bois se tordait vers l'intérieur et pouvait lui servir de poignée.
-Hé hé, mon bouclier, c'est fait! En rajoutant du cuir pour le confort, ça sera encore mieux.
Après avoir procéder à de petites améliorations, il se mit en quête d'une lance. Une branche? Trop fragile. Du bambou? Trop souple. Un pieu? Pas le temps Il ni le matériel. Il réfléchit longtemps, mais finalement ce fût encore la fortune qui lui sourit et non lui qui trouva une solution. Il aperçu un vieux camp de chasseur qui, compte tenu de sa trop grand avancée dans les montagnes, avait été abandonné. Il pensa d'abord à en faire son propre camp, mais il se résigna vite. Il avait décidé de se séparer du confort du village pour s'endurcir, il n'allait pas renoncer aussi vite. En revanche… il ramassa un pieu qui avait servit de barricade au camp. Le bout de bois, de 15-20 centimètres de diamètre et de 2 mètres de long, serait parfait pour Enarior (en rétrécissant un peu à l'endroit de la poignée et en ajoutant du cuir).
Il passa le reste de la journée à peaufiner son équipement et, quand le soleil se coucha, il se trouvait en possession d'un bouclier et d'une lance "plausibles". Pour l'armure, en revanche, il devrait un peu s'embêter…
Jour 3:
Il passa des heures à se la fabriquer. Cuir d'Anteka, de Popo ou de Giaprey (il en avait chassé), grossières plaque de bois, bois d'Anteka pour les épaules… il se servait de tout ce qui lui passait sous la main. Après s'être habillé de sa magnifique armure "bio", il se fit subir à lui-même une séance de musculation draconienne. Il n'était tout de même pas venu pour faire du bricolage! Ensuite il mangea, s'accorda une petite heure de digestion puis recommença. Quand il fut fatigué au point de ne pas pouvoir se lever, il se reposa une demi-heure, mais repartit rapidement et entrepris d'escalader une petite falaise. Arrivé en haut, ou il pensait pouvoir s'écrouler et admirer le paysage, il tomba nez à nez avec une dizaine de Bulfangos, ces gros sangliers agressifs. Bloqué et n'ayant pas la force de redescendre, il se prépara donc au combat. Quand plusieurs monstres le chargèrent, il était près. Il en esquiva le plus possible, et un de ses adversaires tomba de la falaise. Puis le chasseur tenta d'en embrocha un de son pieu rendit au maximum piquant. Contre toute attente, l'arme fonctionna et perfora le poitrail de la bête. Il arracha son arme et se retourna, juste à temps pour encaisser une charge. Le bouclier aussi fonctionnait! Il riposta rapidement et un deuxième Bulfango s'écroula. Il continua à se battre pendant dix minutes, et triompha finalement des monstres à groin. Son bouclier était tout éraflé, son pieu désaffuté, son armure déchirée et lui constellé de bleu mais il avait réussi. Il se laissa tomber et atteint finalement son but, contempler le paysage. Il fut récompensé de son ardeur. C'était magnifique. Au loin les monts enneigés, escaladés par une grande forêt de pin verdoyante, un peu plus proche une plaine constellée ça et la de troupeau de Popos, et au premier plan une grande rivière ou se reflétait les derniers rayons du soleil. Il voulut redescendre pour dormir, mais il s'écroula ici et s'assoupit en quelques secondes.
Jour 4:
Il se leva à l'aube malgré la fatigante journée qu'il venait d'avoir, et acheva de se réveiller en accomplissant une longue série de pompes et d'abdos. Il descendit ensuite de la falaise le plus rapidement possible et sprinta jusque a la rivière. Arrivé, il se déshabilla et plongea. Il traversa d'une brasse fluide puis revint en crawlant puissamment. Il recommença plusieurs fois, puis se rhabilla et se mit en quête d'un petit déjeuner. Il mangea quelque fruit et champignons puis fit des tractions, suspendu à une branche d'un grand pin… À cinq mètres de hauteur. Il marcha ensuite vers les monts enneigés, ou le froid et les monstres, plus présent, rendrait son entrainement un peu plus rude.
Il les atteints en milieu d'après-midi et arrivé la bas, il se soumit au froid en se recouvrant de neige pour s’habituer. Il ne le fit que trois fois, il savait que plus serait dangereux pour son corps. Il se mit ensuite à la recherche de monstre pour s'entrainer à la chasse. Il rencontra quelque Giapreys isolés de leur meute qu'il n'ut aucun mal à éliminer. Il continua à se balader dans la neige longtemps mais quand la nuit fût tombée, il fut bien obligé de faire demi-tour vers un endroit plus chaud. Un moment où il passait sous une petite falaise, il sentit un grand poids atterrir sur son dos et des griffes le lacérer. Ses reflexes de combattant prirent le relais et il se jeta contre le mur de pierre pour écraser le monstre entre la falaise et lui. Ce fut efficace et les os du Blango (car c'était bien un Blango) craquèrent sinistrement. Après s'être assuré que le monstre était bien mort, Enarior leva la tête et aperçu la corniche d’où le singe des neiges avait sauté. D'autres, nombreux, suivirent le premier et engagèrent le combat. Le jeune homme empoigna fièrement son pieu et son bois d'Anteka puis frappa un Blango à la tête. Assommée, la bête s'écroula. Une autre qui avait sauté sur Enarior rencontra le bouclier, puis la lance de fortune.
-Et de deux!
Le chasseur était aux anges. Dans le froid, le sang et le vent, il risquait sa vie. Il risquait sa vie et c'était terriblement excitant. C'était pour ça qu'il était devenu chasseur. Pour lui, il n'y avait rien de comparable à la vague d'adrénaline propulsée dans ses veines quand il chassait. Il chargea la meute compacte de monstre tout en sachant que c'était extrêmement dangereux. Il abattit plusieurs de ses ennemis avant d'être arrêté. Une bête lui mordit la jambe au travers du cuir et en subit immédiatement les représailles. Une autre fit connaissance avec la pointe bien aiguisée de sa lance et tomba, ventre transpercé. Il combattit longtemps ainsi sous l'œil froid de la lune. Et soudain, au moment où il allait céder et se laisser dévorer, le combat cessa. Le dernier Blango de la horde tomba dans la neige rouge, et Enarior avec lui. La dernière chose qu'il pensa fut:
-j'ai réussi...
Jour 5:
Il se réveilla courbaturé, écorché, constellé de bleu, et avec un mollet enflé la ou une créature l'avait mordu. Il passa la matinée à se soigner, à se reposer et à s'étirer pour faire disparaitre les crampes. Quand il fut à peu près redevenu normal, il continua par une séance d'étirements cette fois non destinée à le détendre mais à l'assouplir. Il se nourrit ensuite d'herbe de montagne et de viande D'Anteka séchée qu'il avait emportée.il fit ensuite un jogging digestif et s'enfonça en même temps plus loin dans les montagnes. Il finit par retrouver l'endroit où il avait livré bataille contre les Blangos. Rien n'avait changé sauf que… Un Blangonga le regardait avec des yeux agressifs. Enarior dégaina par reflexe tout en pensant qu'il ne pourrait jamais gagner avec un tel équipement. Il faillit se laisser emporter par la furie combattive qui l'avait saisi la veille, mais quand le monstre rugit et chargea, il rengaina et se jeta à terre pour esquiver les griffes qui aurait du le déchiqueter.
Puis il courut.
Enarior se blottit du mieux qu'il put sous ses peaux.
Il avait froid.
Après avoir semé non sans difficulté le monstre, il avait emprunté des passages souterrain, escaladé des falaises, et était même, revenu sur ses pas pour brouiller sa piste.
Et puis il y avait eu la tempête, Cette chose qui vous surprend toujours, et toujours au mauvais moment. Cette chose faite de vent et de glace, qui semait la mort partout ou elle passait. Cette chose qui passait justement par la… Il avait erré pendant une éternité, s'effondrant, se relevant, gémissant, hurlant pour se réchauffer. Il avait finit par trouver une grotte, et s'était effondrer tout au fond, derrière un rocher. Il avait fait du mieux qu'il avait put pour se réchauffer, et s'était endormi en sachant qu'il ne se réveillerait peut être pas.
Il ne savait pas combien de temps il avait dormi, mais quand il se réveilla, la tempête faisait encore rage. Il pensa à essayer de se rendormir, mais il faisait encore trop froid. Alors, il recommença à se muscler et à se réchauffer. Pompes, abdos, levage de poids, frappe de mollet sur des rochers pour se les endurcir, tout y passait. Quand le vent s'arrêta de souffler, il faisait nuit. Enarior termina la journée par la liquidation totale de ses provisions et par une énième séance d'étirements, puis il d'endormit.
Jour 6:
Il fut réveillé par des cris stridents venant de l'entrée de la grotte. Des Giapreys et un Giadrom. Ce devait être leur caverne. Il empoigna sa lance et son bouclier et tenta de forcer le passage pour sortir en chargeant. Le grand monstre, bien décidé à chasser cet intrus qui gênait sa meute, lui barra le passage et tenta de l'égorger par-dessus son bouclier. Celui-ci fût levé juste à temps mais le chasseur qui le portait tomba à la renverse, emporté par son élan et fût immédiatement submergé par les bêtes. Il se battit comme un Tigrex pour se libérer et quand il se releva, plusieurs bêtes étaient étendues sur la pierre froide. Il tenta de s'en aller, ne cherchant pas le combat, mais le chef de meute lui sauta dessus et lui lacéra le dos. Il se retourna vivement et frappa le monstre à la tête, le faisant reculer, puis frappa circulairement pour dissuader les Giapreys de s'approcher plus. Quand le Giadrom se releva, au lieu de se jeter sur lui comme s'y attendait Enarior, il commença à lui tourner autour, cherchant une faille dans sa garde. Le jeune chasseur attaqua le premier, les pattes. Son adversaire sauta. Une technique imbattable. Comme toujours, il allait retomber sur sa proie, la déchiqueter, la dévorer…
Il s'empala sur le pieu d'Enarior. Celui-ci s'était jeté sur le dos et avait pointé son arme vers le haut. Ça avait marché, mais il aurait peut-être du s'abstenir. Le bois fût stoppé dans sa course meurtrière par un os, et une longue fissure apparut. Après avoir dégagé le pieu, il frappa quelque monstre autour de lui mais le bois se brisa net.
-Merde!
Il prit ses jambes à son cou, les Giapreys sur ses talons. Il ne se retourna que quand la horde ne fût plus en vue, et s'appuya sur ses genoux pour récupérer. Quelque minutes plus tard il se releva, s'étira… Et vit LE Blangonga. Il le reconnut, il avait exactement la même stature, les mêmes cicatrices sur le visage… Et de toute façon, que ce soit celui qu'il avait déjà rencontré ou un autre, ça n'avait pas d'importance. Il était en danger. Il s'élança droit devant, accéléra, accéléra, et accéléra encore jusque à avoir atteint une vitesse dont même ses frères, sprinters nés, seraient jaloux. Puis, pour essayer de tenir la cadence, se "déconnecta" de la réalité, et se souvint.
Ça remontait il y a longtemps. Il avait six ans, ou quelque chose d'approchant. Il était allé avec son grand frère écouter les histoires de chasse épiques des vieux chasseurs à la retraite qui se réunissait souvent à la taverne pour parler du "bon vieux temps". Il sautait autour d'eux en criant:
-Parlez nous des monstres! Parlez nous des monstres! S'il vous plait!
-Bon, bon d'accord, avait répondu en riant un vieil homme affectueux encore vaguement roux. Alors… de quoi est ce qu'on va vous parler…
-Ha! Je sais! Félix, parle leurs des Blangongas.
-Hmm oui, Bonne idée. Les enfants, Le Blangonga est un grand singe blanc qui vit dans les montagnes, et il est souvent entouré de ses enfants, les Blangos. Connaissez vous la caractéristique principale de se monstre?
Ils firent non de la tête.
-Et bien voilà. Si un chasseur se met devant un Giadrom, le monstre va avoir d'abord un petit temps de pause. Il finira bien par attaquer, bien sur, c'est un monstre. Mais il y aura un petit moment ou il va regarder le chasseur pour le jauger. Ça ne durera quelque seconde, puis il combattra son adversaire. En faisant pareil avec une Rathian, au début elle va plutôt lancer une boule de feu de haut ou hurler. Mais le Blangonga, lui, va charger directement. C'est ce qui en fait un monstre dangereux et difficile à chasser.
-Moi, quand je serai chasseur, avait dit Legolas, je tuerai tous les Blangongas et je serai le meilleur chasseur du village!
-Nan, ce sera moi ! Avait protesté Enarior.
-Non, moi !
-Moi ! Et puis de toute façon, tu as des notes toutes pourries à l'école! Tu n'es pas assez intelligent pour devenir chasseur!
-Si ! Et puis de toute façon, tant qu'on est courageux et fort, on peut chasser! Et il avait commencé à frapper son frère, qui avait riposté violemment.
-Ha, taisez vous, hein ! Avait crié un ancien grincheux. Vous êtes insupportables ! On ne peut pas venir boire un coup tranquille sans être dérangé par des petits gnomes batailleurs ! Et puis, de mon temps…
S'était ensuivi un long sermon sur le respect dû aux anciens, la politesse et la serviabilité. Les deux enfants, d'un coup calmés, sortirent de la taverne… Pour retourner se battre dehors.
Il continua à se rappeler: le jour ou il s'était brisé la cheville et le poignet en même temps, le jour où son grand frère l'avait assommé sans faire attention à sa force, le jour de son premier entrainement de chasse… Il continua à éplucher sa mémoire jusque à ce qu'il n'y reste plus rien, puis tourna la tête. Malgré son acharnement et son endurance, le monstre gagnait du terrain. Il fallait qu'il se repose cinq minutes. Il entra dans une sorte de Labyrinthe enneigé. Voila! Le singe géant allait peut-être déraper s'y il tournait souvent! Le jeune homme vira à droite et regarda derrière lui. Le monstre peinait effectivement à tourner et perdait beaucoup de vitesse, faisant gagner de précieuses secondes au fuyard. Il bifurqua le plus de temps possible, et finit par ne plus rien entendre derrière lui. Alors, il s'arrêta, s'écroula dans la neige et respira pendant de longues minutes.
-j'ai dû le sem...
Une ombre grandissait sous lui. Il ne chercha pas à comprendre, il essaya juste de courir, mais ses muscles refusèrent d'obéir et il s'écroula pathétiquement quelques mètres plus loin. Le Blangonga, qui était grimpé sur les falaises pour le prendre de haut, prit le temps de savourer sa victoire. Il posa une patte sur la poitrine d'Enarior, leva l'autre… et lui tomba dessus comme une pierre en l'empêchant de respirer. Il sentit le monstre bouger, mais continuer à l'écraser. Il s'évanouit…
Jour 7:
Il se réveilla en sursaut… Pour se rallonger tout de suite. Il avait si mal à la tête… On aurait dit que deux Akantors se battaient dans sa tête. Quand à sa poitrine… Il se réfugia sous ses couvertures et essaya de se rend… Des couvertures?
Mais où est-ce que je suis?
Il fournit des efforts surhumains pour se relever et regarda autour de lui. Il se trouvait dans une vaste caverne sombre, et un tas de couverture de peau d'Anteka et de Popo était étendu à ses pieds.
Une voix grave raisonna soudain:
-Tu es réveillé?
Enarior sursauta. La voix grave venue du fond de la grotte continua :
-N'aie pas peur….
-Qui… Qui êtes-vous? Dit le jeune homme d'une voix cassée. Où sommes-nous?
Le bruit de deux pierres s'entrechoquant retentit et une flamme timide apparut, éclairant un visage qui semblait vieux comme la pierre sur laquelle Enarior marchait et avoir été taillé dans un bloc de granit, puis des yeux gris acier pétillant de malice.
Le jeune chasseur regarda autour de lui et aperçut un sol couvert de peau de bêtes, des meubles de fortune et, tout au bout d'un couloir de roche sombre, un rideau constitué de la peau d'un Popo entier qui masquait l'extérieur de la grotte.
-Comment avez-vous tué le Blangonga?
-Je ne l'ais pas tué.
-Mais je l'ai vu s'effondrer sur moi!
-Je l'ai simplement assommé.
-Mais…
Il doutait que ce vieil homme ait put frapper un monstre assez fort pour le neutraliser.
-Tu pense qu'un vieillard comme moi ne peux pas vaincre un Blangonga, n'est-ce pas?
-Non, ce n'est pas ç… Enfin si.
Le vieil homme ut un sourire malicieux et ses yeux brillèrent.
-La vieillesse et un atout, jeune homme, pour peu qu'on sache l'utiliser.
Enarior haussa les épaules. Après tout, il lui importait peu de savoir comment il l'avait sauvé, l'important était qu'il l'ait fait.
-En tout cas, merci de m'avoir sauvé la vie.
-…Mais dis moi, que fait un adolescent comme toi si loin dans les montagnes?
Le chasseur, vexé qu'il l'ait appelé comme ça, répondit avec orgueil:
-Je m'entrainais à la chasse.
-A la chasse? Voyez-vous ça... L'homme se mit soudain à l'examiner méticuleusement.
Enarior, gêné, rétorqua:
-Et vous? Que fait-vous ici?
-Je vis.
-…Mais encore? Pourquoi vivez-vous ici?
-Et pas dans un village, tu veux dire? Le vieillard s'assit en soupirant. Je suis un… Ermite. Je me suis séparé des autres humains dont la compagnie m'exaspérait… Et me suis aménagé cette grotte pour y habiter. Et je crois que j'ai bien fait. J'ais appris plus ici seul en un mois que en un an à mon village.
-Et qu'avez-vous appris?
-A mettre à terre un Blangonga d'un coup de bâton, entre autre.
Le cri d'Enarior résonna dans la grotte
-Est-ce que vous finirez par répondre VRAIMENT à mes questions?
Soudain, la douleur dans sa poitrine redoubla de puissance, et un regard noir du vieil homme acheva de lui faire regretter son élan de colère. Son corps lui accorda une inconscience miséricordieuse…
HRP: Voila, le reste sera en flashback, mon perso est maintenant au village.
Enarior respira l'air revigorant des montagnes. Entre ses parents étouffants, la quête pendant laquelle il avait rencontré beaucoup de monde et le fait qu'il n'aimait justement pas rencontrer de nouvelles personnes, il était tendu, et il avait décidé de partir pour une semaine a la montagne, se recharger, et s'entrainer par la même occasion. Seuls ses frères étaient au courant. Sans armes, sans armure, sans provision, sans presque rien. Juste un couteau. Et vu comme c'était partit, il recommencerait souvent. Le paysage magnifique, la tranquillité et la solitude lui convenait parfaitement. Il passa la première journée à courir. En endurance, même son grand frère, pourtant solide, ne le battait pas. Course à pied, marche dans les montagnes, escalade. Il excellait dans tous ces sports. Et surtout, cet acte lui donnait l'impression d'être totalement libre et lui procurait un grand plaisir. Mais malgré son envie de continuer, il commença à fatiguer et finit par s’arrêter près d'une rivière. Il se fabriqua une canne à pêche de fortune, pêcha quelque poisson, les fit cuire, les mangea puis s'écroula la pense bien remplie et s'endormit tout heureux.
Jour 2:
Un rayon de soleil lui chatouilla le visage et il se réveilla. Étrangement, la première chose à laquelle il pensa fut la chasse. Aux monstres. Malgré toutes les justifications qu'il pouvait trouver pour se protéger, Il était juste parti sur un coup de tête après une dispute particulièrement violente avec ses parents. Il n'y avait pas vraiment réfléchi, mais que ferait-il s'il en rencontrait un? Il n'y avait même pas pensé! Quel imbécile! Un peu anxieux, il se mit à marcher. Son angoisse le quitta tout de même vite, et Il se balada toute la matinée. Quand il s'arrêta, la course du soleil dans le ciel était déjà bien entamée.
Du haut d'une butte, il vit un troupeau d'Anteka paître tranquillement et il décida de faire de l'un d'eux son repas. Le jeune homme s'en rapprocha en progressant derrière des grands rochés tombés de la montagne. Arrivé le plus près possible du troupeau, il grimpa sur l'un d'eux et sauta sur le dos d'un Anteka. L'animal ne put rien faire, il était déjà mort. Enarior le dépeça, le fit cuire, puis en mangea une partie. Le reste serait pour le soir. Après s'être reposé, il pensa qu'il devrait peut-être préparer sérieusement sa survie. Pour commencer, il lui fallait un bouclier.
-Heu… Je vais faire comment, moi?
Il réfléchit pendant de longues minutes, quand il se rendit compte qu'il avait pris un bois d'Anteka et commençais à le caresser, appréciant sa douceur. Il le posa sur son bras et, surprise! Il s'y adaptait parfaitement. Et pour rajouter de la chance à sa chance, un bout du bois se tordait vers l'intérieur et pouvait lui servir de poignée.
-Hé hé, mon bouclier, c'est fait! En rajoutant du cuir pour le confort, ça sera encore mieux.
Après avoir procéder à de petites améliorations, il se mit en quête d'une lance. Une branche? Trop fragile. Du bambou? Trop souple. Un pieu? Pas le temps Il ni le matériel. Il réfléchit longtemps, mais finalement ce fût encore la fortune qui lui sourit et non lui qui trouva une solution. Il aperçu un vieux camp de chasseur qui, compte tenu de sa trop grand avancée dans les montagnes, avait été abandonné. Il pensa d'abord à en faire son propre camp, mais il se résigna vite. Il avait décidé de se séparer du confort du village pour s'endurcir, il n'allait pas renoncer aussi vite. En revanche… il ramassa un pieu qui avait servit de barricade au camp. Le bout de bois, de 15-20 centimètres de diamètre et de 2 mètres de long, serait parfait pour Enarior (en rétrécissant un peu à l'endroit de la poignée et en ajoutant du cuir).
Il passa le reste de la journée à peaufiner son équipement et, quand le soleil se coucha, il se trouvait en possession d'un bouclier et d'une lance "plausibles". Pour l'armure, en revanche, il devrait un peu s'embêter…
Jour 3:
Il passa des heures à se la fabriquer. Cuir d'Anteka, de Popo ou de Giaprey (il en avait chassé), grossières plaque de bois, bois d'Anteka pour les épaules… il se servait de tout ce qui lui passait sous la main. Après s'être habillé de sa magnifique armure "bio", il se fit subir à lui-même une séance de musculation draconienne. Il n'était tout de même pas venu pour faire du bricolage! Ensuite il mangea, s'accorda une petite heure de digestion puis recommença. Quand il fut fatigué au point de ne pas pouvoir se lever, il se reposa une demi-heure, mais repartit rapidement et entrepris d'escalader une petite falaise. Arrivé en haut, ou il pensait pouvoir s'écrouler et admirer le paysage, il tomba nez à nez avec une dizaine de Bulfangos, ces gros sangliers agressifs. Bloqué et n'ayant pas la force de redescendre, il se prépara donc au combat. Quand plusieurs monstres le chargèrent, il était près. Il en esquiva le plus possible, et un de ses adversaires tomba de la falaise. Puis le chasseur tenta d'en embrocha un de son pieu rendit au maximum piquant. Contre toute attente, l'arme fonctionna et perfora le poitrail de la bête. Il arracha son arme et se retourna, juste à temps pour encaisser une charge. Le bouclier aussi fonctionnait! Il riposta rapidement et un deuxième Bulfango s'écroula. Il continua à se battre pendant dix minutes, et triompha finalement des monstres à groin. Son bouclier était tout éraflé, son pieu désaffuté, son armure déchirée et lui constellé de bleu mais il avait réussi. Il se laissa tomber et atteint finalement son but, contempler le paysage. Il fut récompensé de son ardeur. C'était magnifique. Au loin les monts enneigés, escaladés par une grande forêt de pin verdoyante, un peu plus proche une plaine constellée ça et la de troupeau de Popos, et au premier plan une grande rivière ou se reflétait les derniers rayons du soleil. Il voulut redescendre pour dormir, mais il s'écroula ici et s'assoupit en quelques secondes.
Jour 4:
Il se leva à l'aube malgré la fatigante journée qu'il venait d'avoir, et acheva de se réveiller en accomplissant une longue série de pompes et d'abdos. Il descendit ensuite de la falaise le plus rapidement possible et sprinta jusque a la rivière. Arrivé, il se déshabilla et plongea. Il traversa d'une brasse fluide puis revint en crawlant puissamment. Il recommença plusieurs fois, puis se rhabilla et se mit en quête d'un petit déjeuner. Il mangea quelque fruit et champignons puis fit des tractions, suspendu à une branche d'un grand pin… À cinq mètres de hauteur. Il marcha ensuite vers les monts enneigés, ou le froid et les monstres, plus présent, rendrait son entrainement un peu plus rude.
Il les atteints en milieu d'après-midi et arrivé la bas, il se soumit au froid en se recouvrant de neige pour s’habituer. Il ne le fit que trois fois, il savait que plus serait dangereux pour son corps. Il se mit ensuite à la recherche de monstre pour s'entrainer à la chasse. Il rencontra quelque Giapreys isolés de leur meute qu'il n'ut aucun mal à éliminer. Il continua à se balader dans la neige longtemps mais quand la nuit fût tombée, il fut bien obligé de faire demi-tour vers un endroit plus chaud. Un moment où il passait sous une petite falaise, il sentit un grand poids atterrir sur son dos et des griffes le lacérer. Ses reflexes de combattant prirent le relais et il se jeta contre le mur de pierre pour écraser le monstre entre la falaise et lui. Ce fut efficace et les os du Blango (car c'était bien un Blango) craquèrent sinistrement. Après s'être assuré que le monstre était bien mort, Enarior leva la tête et aperçu la corniche d’où le singe des neiges avait sauté. D'autres, nombreux, suivirent le premier et engagèrent le combat. Le jeune homme empoigna fièrement son pieu et son bois d'Anteka puis frappa un Blango à la tête. Assommée, la bête s'écroula. Une autre qui avait sauté sur Enarior rencontra le bouclier, puis la lance de fortune.
-Et de deux!
Le chasseur était aux anges. Dans le froid, le sang et le vent, il risquait sa vie. Il risquait sa vie et c'était terriblement excitant. C'était pour ça qu'il était devenu chasseur. Pour lui, il n'y avait rien de comparable à la vague d'adrénaline propulsée dans ses veines quand il chassait. Il chargea la meute compacte de monstre tout en sachant que c'était extrêmement dangereux. Il abattit plusieurs de ses ennemis avant d'être arrêté. Une bête lui mordit la jambe au travers du cuir et en subit immédiatement les représailles. Une autre fit connaissance avec la pointe bien aiguisée de sa lance et tomba, ventre transpercé. Il combattit longtemps ainsi sous l'œil froid de la lune. Et soudain, au moment où il allait céder et se laisser dévorer, le combat cessa. Le dernier Blango de la horde tomba dans la neige rouge, et Enarior avec lui. La dernière chose qu'il pensa fut:
-j'ai réussi...
Jour 5:
Il se réveilla courbaturé, écorché, constellé de bleu, et avec un mollet enflé la ou une créature l'avait mordu. Il passa la matinée à se soigner, à se reposer et à s'étirer pour faire disparaitre les crampes. Quand il fut à peu près redevenu normal, il continua par une séance d'étirements cette fois non destinée à le détendre mais à l'assouplir. Il se nourrit ensuite d'herbe de montagne et de viande D'Anteka séchée qu'il avait emportée.il fit ensuite un jogging digestif et s'enfonça en même temps plus loin dans les montagnes. Il finit par retrouver l'endroit où il avait livré bataille contre les Blangos. Rien n'avait changé sauf que… Un Blangonga le regardait avec des yeux agressifs. Enarior dégaina par reflexe tout en pensant qu'il ne pourrait jamais gagner avec un tel équipement. Il faillit se laisser emporter par la furie combattive qui l'avait saisi la veille, mais quand le monstre rugit et chargea, il rengaina et se jeta à terre pour esquiver les griffes qui aurait du le déchiqueter.
Puis il courut.
Enarior se blottit du mieux qu'il put sous ses peaux.
Il avait froid.
Après avoir semé non sans difficulté le monstre, il avait emprunté des passages souterrain, escaladé des falaises, et était même, revenu sur ses pas pour brouiller sa piste.
Et puis il y avait eu la tempête, Cette chose qui vous surprend toujours, et toujours au mauvais moment. Cette chose faite de vent et de glace, qui semait la mort partout ou elle passait. Cette chose qui passait justement par la… Il avait erré pendant une éternité, s'effondrant, se relevant, gémissant, hurlant pour se réchauffer. Il avait finit par trouver une grotte, et s'était effondrer tout au fond, derrière un rocher. Il avait fait du mieux qu'il avait put pour se réchauffer, et s'était endormi en sachant qu'il ne se réveillerait peut être pas.
Il ne savait pas combien de temps il avait dormi, mais quand il se réveilla, la tempête faisait encore rage. Il pensa à essayer de se rendormir, mais il faisait encore trop froid. Alors, il recommença à se muscler et à se réchauffer. Pompes, abdos, levage de poids, frappe de mollet sur des rochers pour se les endurcir, tout y passait. Quand le vent s'arrêta de souffler, il faisait nuit. Enarior termina la journée par la liquidation totale de ses provisions et par une énième séance d'étirements, puis il d'endormit.
Jour 6:
Il fut réveillé par des cris stridents venant de l'entrée de la grotte. Des Giapreys et un Giadrom. Ce devait être leur caverne. Il empoigna sa lance et son bouclier et tenta de forcer le passage pour sortir en chargeant. Le grand monstre, bien décidé à chasser cet intrus qui gênait sa meute, lui barra le passage et tenta de l'égorger par-dessus son bouclier. Celui-ci fût levé juste à temps mais le chasseur qui le portait tomba à la renverse, emporté par son élan et fût immédiatement submergé par les bêtes. Il se battit comme un Tigrex pour se libérer et quand il se releva, plusieurs bêtes étaient étendues sur la pierre froide. Il tenta de s'en aller, ne cherchant pas le combat, mais le chef de meute lui sauta dessus et lui lacéra le dos. Il se retourna vivement et frappa le monstre à la tête, le faisant reculer, puis frappa circulairement pour dissuader les Giapreys de s'approcher plus. Quand le Giadrom se releva, au lieu de se jeter sur lui comme s'y attendait Enarior, il commença à lui tourner autour, cherchant une faille dans sa garde. Le jeune chasseur attaqua le premier, les pattes. Son adversaire sauta. Une technique imbattable. Comme toujours, il allait retomber sur sa proie, la déchiqueter, la dévorer…
Il s'empala sur le pieu d'Enarior. Celui-ci s'était jeté sur le dos et avait pointé son arme vers le haut. Ça avait marché, mais il aurait peut-être du s'abstenir. Le bois fût stoppé dans sa course meurtrière par un os, et une longue fissure apparut. Après avoir dégagé le pieu, il frappa quelque monstre autour de lui mais le bois se brisa net.
-Merde!
Il prit ses jambes à son cou, les Giapreys sur ses talons. Il ne se retourna que quand la horde ne fût plus en vue, et s'appuya sur ses genoux pour récupérer. Quelque minutes plus tard il se releva, s'étira… Et vit LE Blangonga. Il le reconnut, il avait exactement la même stature, les mêmes cicatrices sur le visage… Et de toute façon, que ce soit celui qu'il avait déjà rencontré ou un autre, ça n'avait pas d'importance. Il était en danger. Il s'élança droit devant, accéléra, accéléra, et accéléra encore jusque à avoir atteint une vitesse dont même ses frères, sprinters nés, seraient jaloux. Puis, pour essayer de tenir la cadence, se "déconnecta" de la réalité, et se souvint.
Ça remontait il y a longtemps. Il avait six ans, ou quelque chose d'approchant. Il était allé avec son grand frère écouter les histoires de chasse épiques des vieux chasseurs à la retraite qui se réunissait souvent à la taverne pour parler du "bon vieux temps". Il sautait autour d'eux en criant:
-Parlez nous des monstres! Parlez nous des monstres! S'il vous plait!
-Bon, bon d'accord, avait répondu en riant un vieil homme affectueux encore vaguement roux. Alors… de quoi est ce qu'on va vous parler…
-Ha! Je sais! Félix, parle leurs des Blangongas.
-Hmm oui, Bonne idée. Les enfants, Le Blangonga est un grand singe blanc qui vit dans les montagnes, et il est souvent entouré de ses enfants, les Blangos. Connaissez vous la caractéristique principale de se monstre?
Ils firent non de la tête.
-Et bien voilà. Si un chasseur se met devant un Giadrom, le monstre va avoir d'abord un petit temps de pause. Il finira bien par attaquer, bien sur, c'est un monstre. Mais il y aura un petit moment ou il va regarder le chasseur pour le jauger. Ça ne durera quelque seconde, puis il combattra son adversaire. En faisant pareil avec une Rathian, au début elle va plutôt lancer une boule de feu de haut ou hurler. Mais le Blangonga, lui, va charger directement. C'est ce qui en fait un monstre dangereux et difficile à chasser.
-Moi, quand je serai chasseur, avait dit Legolas, je tuerai tous les Blangongas et je serai le meilleur chasseur du village!
-Nan, ce sera moi ! Avait protesté Enarior.
-Non, moi !
-Moi ! Et puis de toute façon, tu as des notes toutes pourries à l'école! Tu n'es pas assez intelligent pour devenir chasseur!
-Si ! Et puis de toute façon, tant qu'on est courageux et fort, on peut chasser! Et il avait commencé à frapper son frère, qui avait riposté violemment.
-Ha, taisez vous, hein ! Avait crié un ancien grincheux. Vous êtes insupportables ! On ne peut pas venir boire un coup tranquille sans être dérangé par des petits gnomes batailleurs ! Et puis, de mon temps…
S'était ensuivi un long sermon sur le respect dû aux anciens, la politesse et la serviabilité. Les deux enfants, d'un coup calmés, sortirent de la taverne… Pour retourner se battre dehors.
Il continua à se rappeler: le jour ou il s'était brisé la cheville et le poignet en même temps, le jour où son grand frère l'avait assommé sans faire attention à sa force, le jour de son premier entrainement de chasse… Il continua à éplucher sa mémoire jusque à ce qu'il n'y reste plus rien, puis tourna la tête. Malgré son acharnement et son endurance, le monstre gagnait du terrain. Il fallait qu'il se repose cinq minutes. Il entra dans une sorte de Labyrinthe enneigé. Voila! Le singe géant allait peut-être déraper s'y il tournait souvent! Le jeune homme vira à droite et regarda derrière lui. Le monstre peinait effectivement à tourner et perdait beaucoup de vitesse, faisant gagner de précieuses secondes au fuyard. Il bifurqua le plus de temps possible, et finit par ne plus rien entendre derrière lui. Alors, il s'arrêta, s'écroula dans la neige et respira pendant de longues minutes.
-j'ai dû le sem...
Une ombre grandissait sous lui. Il ne chercha pas à comprendre, il essaya juste de courir, mais ses muscles refusèrent d'obéir et il s'écroula pathétiquement quelques mètres plus loin. Le Blangonga, qui était grimpé sur les falaises pour le prendre de haut, prit le temps de savourer sa victoire. Il posa une patte sur la poitrine d'Enarior, leva l'autre… et lui tomba dessus comme une pierre en l'empêchant de respirer. Il sentit le monstre bouger, mais continuer à l'écraser. Il s'évanouit…
Jour 7:
Il se réveilla en sursaut… Pour se rallonger tout de suite. Il avait si mal à la tête… On aurait dit que deux Akantors se battaient dans sa tête. Quand à sa poitrine… Il se réfugia sous ses couvertures et essaya de se rend… Des couvertures?
Mais où est-ce que je suis?
Il fournit des efforts surhumains pour se relever et regarda autour de lui. Il se trouvait dans une vaste caverne sombre, et un tas de couverture de peau d'Anteka et de Popo était étendu à ses pieds.
Une voix grave raisonna soudain:
-Tu es réveillé?
Enarior sursauta. La voix grave venue du fond de la grotte continua :
-N'aie pas peur….
-Qui… Qui êtes-vous? Dit le jeune homme d'une voix cassée. Où sommes-nous?
Le bruit de deux pierres s'entrechoquant retentit et une flamme timide apparut, éclairant un visage qui semblait vieux comme la pierre sur laquelle Enarior marchait et avoir été taillé dans un bloc de granit, puis des yeux gris acier pétillant de malice.
Le jeune chasseur regarda autour de lui et aperçut un sol couvert de peau de bêtes, des meubles de fortune et, tout au bout d'un couloir de roche sombre, un rideau constitué de la peau d'un Popo entier qui masquait l'extérieur de la grotte.
-Comment avez-vous tué le Blangonga?
-Je ne l'ais pas tué.
-Mais je l'ai vu s'effondrer sur moi!
-Je l'ai simplement assommé.
-Mais…
Il doutait que ce vieil homme ait put frapper un monstre assez fort pour le neutraliser.
-Tu pense qu'un vieillard comme moi ne peux pas vaincre un Blangonga, n'est-ce pas?
-Non, ce n'est pas ç… Enfin si.
Le vieil homme ut un sourire malicieux et ses yeux brillèrent.
-La vieillesse et un atout, jeune homme, pour peu qu'on sache l'utiliser.
Enarior haussa les épaules. Après tout, il lui importait peu de savoir comment il l'avait sauvé, l'important était qu'il l'ait fait.
-En tout cas, merci de m'avoir sauvé la vie.
-…Mais dis moi, que fait un adolescent comme toi si loin dans les montagnes?
Le chasseur, vexé qu'il l'ait appelé comme ça, répondit avec orgueil:
-Je m'entrainais à la chasse.
-A la chasse? Voyez-vous ça... L'homme se mit soudain à l'examiner méticuleusement.
Enarior, gêné, rétorqua:
-Et vous? Que fait-vous ici?
-Je vis.
-…Mais encore? Pourquoi vivez-vous ici?
-Et pas dans un village, tu veux dire? Le vieillard s'assit en soupirant. Je suis un… Ermite. Je me suis séparé des autres humains dont la compagnie m'exaspérait… Et me suis aménagé cette grotte pour y habiter. Et je crois que j'ai bien fait. J'ais appris plus ici seul en un mois que en un an à mon village.
-Et qu'avez-vous appris?
-A mettre à terre un Blangonga d'un coup de bâton, entre autre.
Le cri d'Enarior résonna dans la grotte
-Est-ce que vous finirez par répondre VRAIMENT à mes questions?
Soudain, la douleur dans sa poitrine redoubla de puissance, et un regard noir du vieil homme acheva de lui faire regretter son élan de colère. Son corps lui accorda une inconscience miséricordieuse…
HRP: Voila, le reste sera en flashback, mon perso est maintenant au village.
Enarior- Nombre de messages : 34
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Re: Le Village et ses alentours
Melika s'ennuyait. Encore. Il était allongé sur son lit, les yeux grands ouverts, sans réussir à s'endormir. Finalement, ses parents adoptifs lui manquaient. Même s'ils ne s'intéressaient jamais à lui et l'avaient laissé seul sans problème, il n'avait maintenant plus personne. Il ne côtoyait personne, ne voyait personne, ne parlait à personne - exceptée Ariane lors de sa dernière quête, sourit-il. Il devait rencontrer des gens, discuter... Un tour en ville lui ferait le plus grand bien.
Melika s'était habillé en tenue simple : pantalon noir, chemise noire. Il décida de s'aventurer dans les parties plus sombres de la ville.
Il s'y trouvait depuis une vingtaine de minutes, observant les bâtiments, tous gris, voire noirs, lorsqu'un éclat de voix lui parvint.
-Il paraît que le fils d'Ilena et de Radios est en ville.
-Quoi, le gamin qu'on avait laissé partir?
-Melika, apparemment. C'est son nom.
Le jeune chasseur trembla en entendant son nom, mais il se reprit vite. Ils ne savaient pas qu'il était là et continuaient à parler sans faire attention à lui. Il pouvait partir, et perdre les réponses à jamais. Ou alors...
-Apparemment, vous en savez plus que moi sur ma famille, dit-il avec calme en sortant devant les yeux des deux hommes.
L'un d'eux était jeune, tout en noir, comme Melika, mais sa tenue était plus une tenue d'assassinat ; tout en cuir, pour laisser une grande liberté de mouvement. L'autre, un vieil homme, ne sembla guère surpris en voyant apparaître ainsi le sujet de la discussion.
-C'est donc toi, Melika.
-En effet. Que savez-vous de mes parents.
Le jeune garçon semblait stupéfait, mais il se reprit bien vite.
-Sais-tu à qui tu parles? Nous pourrions t'égorger en moins d'une seconde, ricana-t'il.
-J'aimerais bien voir ça, mais je n'ai pas le temps, répliqua Melika. Alors vous me dites ce que vous savez ou je vous explose.
Le vieil homme sembla réfléchir un instant puis parla.
-J'ai une idée. Un combat entre Aquelin et toi. Si tu gagnes, je te dirai une partie de ce que tu veux savoir.
-Et si je perds?
-Et bien, dans un combat à mort...
Un combat à mort. Le jeune chasseur frissonna mais ne dit rien. Son adversaire semblait excité à l'idée d'enfin participer à un combat.
-Armes autorisées, évidemment, continua le vieil homme. Oh, et c'est commencé.
Melika n'avait que peu d'armes sur lui. D'habitude, il ne les quittait pas, mais il avait décidé de s'en passer pour une simple balade en ville. "Quelle bonne idée, sourit-il", tandis que son jeune adversaire et lui se tournaient autour. Aquelin passa à l'attaque, tentant un coup de dague à la gorge, mais Melika para en bloquant le poignet avant de reculer. Il refusait de tuer un homme pour se défendre, sauf si la situation était urgente. Et là, elle ne l'était pas. L'assassin tenta un nouveau coup de dague que le chasseur se contenta d'esquiver, avant de répliquer d'un puissant coup de pied au torse qui envoya Aquelin voler.
-Un apprenti, vraiment? soupira-t'il.
Le vieil homme sourit à nouveau.
-Alors comme ça, tu as été entraîné, dans ta jeunesse...
-Évidemment. Je ne sais plus par qui, mais je l'ai été.
-Tu le sais, au plus profond de toi-même. Tu es fais pour être un assassin.
-Je ne suis pas un assassin! hurla Melika.
Il fut dans le même temps projeté à terre par Aquelin qui s'était relevé et tenait sa dague contre sa gorge.
-Tu as perdu, murmura-t'il.
-Non.
Le chasseur roula de côté en sortant un shuriken, avant de faucher l'assassin et de le plaquer au sol, shuriken contre la gorge.
-Toi, tu as perdu. Maintenant, en se tournant vers le vieil homme, mes réponses.
L'assassin réussit une magnifique roulade qui ne lui laissa qu'une estafilade sanglante sur la gorge avant de fuir dans les ruelles sombres.
-Non. Tu n'as pas gagné, c'était un combat à mort. Un combat non terminé.
-Alors donnez-moi une réponse, une seule, supplia Melika.
Le vieil homme réfléchit quelques secondes.
-Tu la connais déjà. Tes parents étaient des nôtres.
Et il disparut.
Melika s'était habillé en tenue simple : pantalon noir, chemise noire. Il décida de s'aventurer dans les parties plus sombres de la ville.
Il s'y trouvait depuis une vingtaine de minutes, observant les bâtiments, tous gris, voire noirs, lorsqu'un éclat de voix lui parvint.
-Il paraît que le fils d'Ilena et de Radios est en ville.
-Quoi, le gamin qu'on avait laissé partir?
-Melika, apparemment. C'est son nom.
Le jeune chasseur trembla en entendant son nom, mais il se reprit vite. Ils ne savaient pas qu'il était là et continuaient à parler sans faire attention à lui. Il pouvait partir, et perdre les réponses à jamais. Ou alors...
-Apparemment, vous en savez plus que moi sur ma famille, dit-il avec calme en sortant devant les yeux des deux hommes.
L'un d'eux était jeune, tout en noir, comme Melika, mais sa tenue était plus une tenue d'assassinat ; tout en cuir, pour laisser une grande liberté de mouvement. L'autre, un vieil homme, ne sembla guère surpris en voyant apparaître ainsi le sujet de la discussion.
-C'est donc toi, Melika.
-En effet. Que savez-vous de mes parents.
Le jeune garçon semblait stupéfait, mais il se reprit bien vite.
-Sais-tu à qui tu parles? Nous pourrions t'égorger en moins d'une seconde, ricana-t'il.
-J'aimerais bien voir ça, mais je n'ai pas le temps, répliqua Melika. Alors vous me dites ce que vous savez ou je vous explose.
Le vieil homme sembla réfléchir un instant puis parla.
-J'ai une idée. Un combat entre Aquelin et toi. Si tu gagnes, je te dirai une partie de ce que tu veux savoir.
-Et si je perds?
-Et bien, dans un combat à mort...
Un combat à mort. Le jeune chasseur frissonna mais ne dit rien. Son adversaire semblait excité à l'idée d'enfin participer à un combat.
-Armes autorisées, évidemment, continua le vieil homme. Oh, et c'est commencé.
Melika n'avait que peu d'armes sur lui. D'habitude, il ne les quittait pas, mais il avait décidé de s'en passer pour une simple balade en ville. "Quelle bonne idée, sourit-il", tandis que son jeune adversaire et lui se tournaient autour. Aquelin passa à l'attaque, tentant un coup de dague à la gorge, mais Melika para en bloquant le poignet avant de reculer. Il refusait de tuer un homme pour se défendre, sauf si la situation était urgente. Et là, elle ne l'était pas. L'assassin tenta un nouveau coup de dague que le chasseur se contenta d'esquiver, avant de répliquer d'un puissant coup de pied au torse qui envoya Aquelin voler.
-Un apprenti, vraiment? soupira-t'il.
Le vieil homme sourit à nouveau.
-Alors comme ça, tu as été entraîné, dans ta jeunesse...
-Évidemment. Je ne sais plus par qui, mais je l'ai été.
-Tu le sais, au plus profond de toi-même. Tu es fais pour être un assassin.
-Je ne suis pas un assassin! hurla Melika.
Il fut dans le même temps projeté à terre par Aquelin qui s'était relevé et tenait sa dague contre sa gorge.
-Tu as perdu, murmura-t'il.
-Non.
Le chasseur roula de côté en sortant un shuriken, avant de faucher l'assassin et de le plaquer au sol, shuriken contre la gorge.
-Toi, tu as perdu. Maintenant, en se tournant vers le vieil homme, mes réponses.
L'assassin réussit une magnifique roulade qui ne lui laissa qu'une estafilade sanglante sur la gorge avant de fuir dans les ruelles sombres.
-Non. Tu n'as pas gagné, c'était un combat à mort. Un combat non terminé.
-Alors donnez-moi une réponse, une seule, supplia Melika.
Le vieil homme réfléchit quelques secondes.
-Tu la connais déjà. Tes parents étaient des nôtres.
Et il disparut.
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Re: Le Village et ses alentours
Drakov rouvrit lentement les yeux, enfin c'était un bien grand mot parce qu'il n'arriva qu'à peine à la entrouvrir. Il avait mal, mal partout, tout son corps lui paraissait être parcouru d'acide pure. Il tenta de bouger, mais son corps lui paraissait peser plusieurs dizaines de tonnes et il n'y parvint pas.
Chaque inspiration lui donnait l'impression d'aspirer du sable tant sa gorge était sèche. Il entendit vaguement des sons autour de lui, sans pour autant en comprendre la provenance.
Il retomba dans l'inconscience...
Quand il revint à lui, il lui sembla entendre pleurer à ses côtés... Il avait toujours aussi mal et n'était pas en état de bouger un muscle, ce n'était pourtant pas faute d'essayer... Qui pleurait ? Comment savait-il que c'était des pleurs après tout ? Oh, c'est vrai, la douce odeur salée... Il sentait aussi un léger parfum, quelque chose qui lui semblait réellement bien... Mais quoi au juste ?
Il sombra de nouveau...
Il émergea enfin, en entendant une voix qui lui crissait dans les oreilles à côté. Il bougea mollement la tête et laissa échapper un feulement de mécontentement. Il entendit les voix s'agiter, ses narines s'emplirent d'une odeur typique, celle de la peur, les personnes autour de lui, elles avaient peur de lui.
Il ouvrit les yeux, cette fois pleinement et la lumière l'aveugla... Il eut un certain temps avant de se réhabituer à la lumière et nota qu'il était seul... Il avait bien entendu les personnes autour de lui sortir après tout. Il entendit la porte s'ouvrir et se tourna, pour voir entrer une personne qu'il connaissait bien : Grand, brun, pas loin de deux mètres et deux yeux couleur améthyste. Il portait des bandages autour du torse et avait tout son équipement de combat, c'est-à-dire gantelets, jambières et son sabre à la taille, prêt à être utilisé, en témoignait sa posture.
Drakov le fixa et tenta de prononcer quelques mots, sans que rien ne puisse sortir de sa bouche. Abygaël resta en position, avant de tiquer, il appela alors vite les médecins qui entrèrent dans la pièce au triple galop. Drakov nota alors la situation : Premièrement, il avait faim et soif, genre TRES soif. Deuxièmement, il était attaché, et ce n'était pas de petites attaches, là on parlait carrément de liens en Eltalite soudés au lit.
Après avoir bu de l'eau qu'on lui avait apporté, sous la tutelle des médecins qui avaient insisté pour qu'il ne le fasse pas trop vite, il demanda, d'une voix rocailleuse et abîmée par la soif :
Drakov : Je... J'ai dormi longtemps ?
Abygaël : Trois semaines.
Il fixa ses liens, puis son père et ce dernier lui résuma, voyant qu'il avait compris :
Abygaël : Tu t'es réveillé deux fois déjà, ce « virus » qui prends le dessus. Pas mal de savants sont venus te voir tu sais, tu es devenu un vrai cas à part, une curiosité.
Il opina simplement, le simple fait de parler lui avait fait sacrément mal à la gorge. Il fixa son père et son torse, le commandant tapota légèrement dessus et exposa :
Abygaël : Ne t'en fais pas, je ne m'étais frotté aux monstres Apex avant ça, disons que ça m'a fait une drôle de surprise de me manger un lit au travers du bide.
Il en ricana simplement, Drakov lui ne s'en souvenait pas, il semblait paniqué, son père le rassura :
Abygaël : Excepté moi, tu ne t'en ai pris à personne, je te rassure... Bon, t'as ptet pété les molaires à quelques savants qui t'examinaient d'un peu trop près la première fois mais c'est tout.
Drakov ne put qu'en sourire légèrement. Il avala un nouveau verre d'eau lentement et tenta de parler de nouveau :
Drakov : Je... Comment je suis arrivé ici ?
Abygaël : Larah t'as ramené, avec les autres présent ce jour là. Personne n'était en grande forme, mais c'était aussi dû au virus que tu propages.
Il eut l'air étonné, un des médecins reprit :
Médecin : Oui, nous devions vous l'annoncer à votre réveil mais la mutation a perduré, vous êtes maintenant une véritable usine à virion sur pattes. Le seul moyen de vous tenir dans un état stationnaire jusqu'à maintenant a été de vous faire prendre des décoctions à base de baies soins et de forts antibiotiques.
Drakov opina, ne comprenant que la moitié de ce que le docteur disait. Il lui présenta aussi un miroir, exposant :
Médecin : Oh et vous avez subi quelques « changements » au niveau physique également.
Drakov regarda dans le miroir, en voyant son reflet il eut une sacré surprise : Ses deux yeux avaient viré au rouge vif.
Il demanda :
Drakov : Y a autre chose ?
Médecin : A vrai dire, vous allez devoir rester sous traitement, même en repartant chez vous.
Il opina simplement. Le médecin ajouta :
Médecin ; Aussi, les capacités dont vous disposiez avant ne sont plus, entre l'exposition au virus et la forte dose de poison Xeijin, votre corps a perdu cette capacité.
Drakov opina, relativement content de s'être débarrassé de ses gènes. Il ne fut autorisé à sortir que deux jours plus tard, deux jours pendant lesquels son père le surveilla de très très près sans qu'aucun incident ne soit à signaler.
Quand il sortit, son père lui avoua qu'aucun de ceux qui vivaient chez lui n'avaient été autorisés à le voir, à cause du virus qu'il propageait avant d'être stabilisé, Abygaël lui même ayant été soumis à un lourd traitement pour les jours à venir. Il lui avoua aussi autre chose : La force physique et la résistance de Drakov avaient augmentés, considérablement, il était dur comme un mur de pierre et ce n'était pas une image, Abygaël s'était littéralement cassé le poing en le frappant lors de sa première crise.
Drakov avait aussi écopé d'une belle ribambelle de cicatrices sur tout le corps, marques de ses affrontements avec son paternel, qui avait eu fort à faire pour percer la cuirasse naturelle de son fils et l'immobiliser. Il s'en excusa d'ailleurs, il n'aurait jamais pensé avoir à frapper son propre fils de son sabre, encore moins pour sauver sa propre vie. Drakov aussi s'excusa d'avoir tenté de le blesser, même involontairement.
Drakov arriva devant chez lui, il passa la porte, doucement, et marcha machinalement vers la cuisine. Il y entra suivi d'Abygaël et fut accompagné d'une flopée de regards abasourdis. Amélie, Rupert, Milly, Aria, Yasmir et Ethan, ils étaient tous là, même la petite laissée par Tartaros était là, Yasmir lui donnant son biberon. Drakov se contenta d'un « J'suis rentré » avec sa voix très rocailleuse qui lui arracha une vilain quinte de toux.
Il se retrouva rapidement avec une Amélie qui le serrait dans ses bras, les larmes aux yeux, pleurant même. Il la serra par réflexe. Elle resta quelques instants à le serrer, puis elle recula pour lui coller une gifle, qu'Abygaël stoppa net en chemin, exposant :
Abygaël : J'éviterai, il est encore dur comme un mur de pierre, je m'y suis pété un poing.
Elle écarquilla les yeux et nota soudain qu'il avait en effet gardé les yeux rouges vifs. Abygaël exposa les faits : Il avait gardé la mutation Apex, devait suivre un traitement très violent et ne pas avoir bu par les voies prévues à cet effet pendant plusieurs semaines avait rendu sa voix très rocailleuse, il faudrait plusieurs jours selon les médecins avant que ça se règle tout seul.
Ils opinèrent tous de concert, Ethan demanda ensuite :
Ethan : Donc, tu es encore super fort et super résistant ?
Abygaël : Pour avoir mangé un lit dans la truffe, je confirme, fort il l'est, pour la résistance, je pense avoir déjà été assez explicite.
Ils sourirent simplement et l'invitèrent à prendre place à table. Il mangea peu, à vrai dire il avait faim mais pas l'esprit à manger. Il devait d'abord parler avec Amélie. Rupert comprit la situation et, après le repas, revint avec l'ardoise qu'avait utilisé la maisonnée pour communiquer avec Marie quand elle avait été rendue sourde.
Muni de ce moyen de communication, il entama le discours avec sa bien-aimée, la prenant à part afin de lui parler, dans sa chambre :
Drakov, écrit sur l'ardoise : Donc... A propos de ce qui c'est passé...
Amélie, s'énervant : Jamais ! Ne me refais JAMAIS ça, tu m'entends ?! Je t'ai vu mourir.... Je t'ai vu mourir de la même façon qu'Alix quand...
Elle serra les poings, il soupira en écrivit :
Drakov : Je suis désolé, je n'ai pas d'autres mots, j'ai cru pouvoir vaincre Jarvis, j'ai cru que mettre ma vie en jeu pour ça valait le coup d'essayer.
Amélie : Et nous t'y a pensé ?! Si tu n'étais pas revenu ?!
Drakov : Si... Mes papiers sont prêts depuis la première opération.
Elle écarquilla les yeux. Il exposa :
Drakov : Je pensais la subir, ce n'est qu'après que je me suis rendu compte que non, Dyo ne m'avait rien fait, j'ai réellement compris son objectif quand on était dans le temple... D'ailleurs, je suppose qu'on a échoué ?
Amélie : C'est peu de le dire, Jarvis vous a tous mis KO, il a pu ouvrir la porte et libérer l'Alatreon. Point positif, l'Ala l'a buté.
Drakov : Vous l'avez combattu ?
Amélie, souriant gentiment : Fais moi confiance, vu l'état général du groupe, valait mieux pas qu'on esquisse un mauvais mouvement.
Il opina simplement. Amélie lui ajouta qu'il devrait aussi parler avec Larah, puisqu'il avait pas mal de choses à rattraper sur son état à elle aussi.
Enfin, Amélie l'embrassa, lui avouant qu'il lui avait aussi énormément manqué... Il la serra dans ses bras et tous deux sortirent de la chambre, pour reprendre leur vie normale, ils avaient beaucoup à faire et à raconter encore et ce n'était pas peu dire vu la tournure des événements.
Chaque inspiration lui donnait l'impression d'aspirer du sable tant sa gorge était sèche. Il entendit vaguement des sons autour de lui, sans pour autant en comprendre la provenance.
Il retomba dans l'inconscience...
Quand il revint à lui, il lui sembla entendre pleurer à ses côtés... Il avait toujours aussi mal et n'était pas en état de bouger un muscle, ce n'était pourtant pas faute d'essayer... Qui pleurait ? Comment savait-il que c'était des pleurs après tout ? Oh, c'est vrai, la douce odeur salée... Il sentait aussi un léger parfum, quelque chose qui lui semblait réellement bien... Mais quoi au juste ?
Il sombra de nouveau...
Il émergea enfin, en entendant une voix qui lui crissait dans les oreilles à côté. Il bougea mollement la tête et laissa échapper un feulement de mécontentement. Il entendit les voix s'agiter, ses narines s'emplirent d'une odeur typique, celle de la peur, les personnes autour de lui, elles avaient peur de lui.
Il ouvrit les yeux, cette fois pleinement et la lumière l'aveugla... Il eut un certain temps avant de se réhabituer à la lumière et nota qu'il était seul... Il avait bien entendu les personnes autour de lui sortir après tout. Il entendit la porte s'ouvrir et se tourna, pour voir entrer une personne qu'il connaissait bien : Grand, brun, pas loin de deux mètres et deux yeux couleur améthyste. Il portait des bandages autour du torse et avait tout son équipement de combat, c'est-à-dire gantelets, jambières et son sabre à la taille, prêt à être utilisé, en témoignait sa posture.
Drakov le fixa et tenta de prononcer quelques mots, sans que rien ne puisse sortir de sa bouche. Abygaël resta en position, avant de tiquer, il appela alors vite les médecins qui entrèrent dans la pièce au triple galop. Drakov nota alors la situation : Premièrement, il avait faim et soif, genre TRES soif. Deuxièmement, il était attaché, et ce n'était pas de petites attaches, là on parlait carrément de liens en Eltalite soudés au lit.
Après avoir bu de l'eau qu'on lui avait apporté, sous la tutelle des médecins qui avaient insisté pour qu'il ne le fasse pas trop vite, il demanda, d'une voix rocailleuse et abîmée par la soif :
Drakov : Je... J'ai dormi longtemps ?
Abygaël : Trois semaines.
Il fixa ses liens, puis son père et ce dernier lui résuma, voyant qu'il avait compris :
Abygaël : Tu t'es réveillé deux fois déjà, ce « virus » qui prends le dessus. Pas mal de savants sont venus te voir tu sais, tu es devenu un vrai cas à part, une curiosité.
Il opina simplement, le simple fait de parler lui avait fait sacrément mal à la gorge. Il fixa son père et son torse, le commandant tapota légèrement dessus et exposa :
Abygaël : Ne t'en fais pas, je ne m'étais frotté aux monstres Apex avant ça, disons que ça m'a fait une drôle de surprise de me manger un lit au travers du bide.
Il en ricana simplement, Drakov lui ne s'en souvenait pas, il semblait paniqué, son père le rassura :
Abygaël : Excepté moi, tu ne t'en ai pris à personne, je te rassure... Bon, t'as ptet pété les molaires à quelques savants qui t'examinaient d'un peu trop près la première fois mais c'est tout.
Drakov ne put qu'en sourire légèrement. Il avala un nouveau verre d'eau lentement et tenta de parler de nouveau :
Drakov : Je... Comment je suis arrivé ici ?
Abygaël : Larah t'as ramené, avec les autres présent ce jour là. Personne n'était en grande forme, mais c'était aussi dû au virus que tu propages.
Il eut l'air étonné, un des médecins reprit :
Médecin : Oui, nous devions vous l'annoncer à votre réveil mais la mutation a perduré, vous êtes maintenant une véritable usine à virion sur pattes. Le seul moyen de vous tenir dans un état stationnaire jusqu'à maintenant a été de vous faire prendre des décoctions à base de baies soins et de forts antibiotiques.
Drakov opina, ne comprenant que la moitié de ce que le docteur disait. Il lui présenta aussi un miroir, exposant :
Médecin : Oh et vous avez subi quelques « changements » au niveau physique également.
Drakov regarda dans le miroir, en voyant son reflet il eut une sacré surprise : Ses deux yeux avaient viré au rouge vif.
Il demanda :
Drakov : Y a autre chose ?
Médecin : A vrai dire, vous allez devoir rester sous traitement, même en repartant chez vous.
Il opina simplement. Le médecin ajouta :
Médecin ; Aussi, les capacités dont vous disposiez avant ne sont plus, entre l'exposition au virus et la forte dose de poison Xeijin, votre corps a perdu cette capacité.
Drakov opina, relativement content de s'être débarrassé de ses gènes. Il ne fut autorisé à sortir que deux jours plus tard, deux jours pendant lesquels son père le surveilla de très très près sans qu'aucun incident ne soit à signaler.
Quand il sortit, son père lui avoua qu'aucun de ceux qui vivaient chez lui n'avaient été autorisés à le voir, à cause du virus qu'il propageait avant d'être stabilisé, Abygaël lui même ayant été soumis à un lourd traitement pour les jours à venir. Il lui avoua aussi autre chose : La force physique et la résistance de Drakov avaient augmentés, considérablement, il était dur comme un mur de pierre et ce n'était pas une image, Abygaël s'était littéralement cassé le poing en le frappant lors de sa première crise.
Drakov avait aussi écopé d'une belle ribambelle de cicatrices sur tout le corps, marques de ses affrontements avec son paternel, qui avait eu fort à faire pour percer la cuirasse naturelle de son fils et l'immobiliser. Il s'en excusa d'ailleurs, il n'aurait jamais pensé avoir à frapper son propre fils de son sabre, encore moins pour sauver sa propre vie. Drakov aussi s'excusa d'avoir tenté de le blesser, même involontairement.
Drakov arriva devant chez lui, il passa la porte, doucement, et marcha machinalement vers la cuisine. Il y entra suivi d'Abygaël et fut accompagné d'une flopée de regards abasourdis. Amélie, Rupert, Milly, Aria, Yasmir et Ethan, ils étaient tous là, même la petite laissée par Tartaros était là, Yasmir lui donnant son biberon. Drakov se contenta d'un « J'suis rentré » avec sa voix très rocailleuse qui lui arracha une vilain quinte de toux.
Il se retrouva rapidement avec une Amélie qui le serrait dans ses bras, les larmes aux yeux, pleurant même. Il la serra par réflexe. Elle resta quelques instants à le serrer, puis elle recula pour lui coller une gifle, qu'Abygaël stoppa net en chemin, exposant :
Abygaël : J'éviterai, il est encore dur comme un mur de pierre, je m'y suis pété un poing.
Elle écarquilla les yeux et nota soudain qu'il avait en effet gardé les yeux rouges vifs. Abygaël exposa les faits : Il avait gardé la mutation Apex, devait suivre un traitement très violent et ne pas avoir bu par les voies prévues à cet effet pendant plusieurs semaines avait rendu sa voix très rocailleuse, il faudrait plusieurs jours selon les médecins avant que ça se règle tout seul.
Ils opinèrent tous de concert, Ethan demanda ensuite :
Ethan : Donc, tu es encore super fort et super résistant ?
Abygaël : Pour avoir mangé un lit dans la truffe, je confirme, fort il l'est, pour la résistance, je pense avoir déjà été assez explicite.
Ils sourirent simplement et l'invitèrent à prendre place à table. Il mangea peu, à vrai dire il avait faim mais pas l'esprit à manger. Il devait d'abord parler avec Amélie. Rupert comprit la situation et, après le repas, revint avec l'ardoise qu'avait utilisé la maisonnée pour communiquer avec Marie quand elle avait été rendue sourde.
Muni de ce moyen de communication, il entama le discours avec sa bien-aimée, la prenant à part afin de lui parler, dans sa chambre :
Drakov, écrit sur l'ardoise : Donc... A propos de ce qui c'est passé...
Amélie, s'énervant : Jamais ! Ne me refais JAMAIS ça, tu m'entends ?! Je t'ai vu mourir.... Je t'ai vu mourir de la même façon qu'Alix quand...
Elle serra les poings, il soupira en écrivit :
Drakov : Je suis désolé, je n'ai pas d'autres mots, j'ai cru pouvoir vaincre Jarvis, j'ai cru que mettre ma vie en jeu pour ça valait le coup d'essayer.
Amélie : Et nous t'y a pensé ?! Si tu n'étais pas revenu ?!
Drakov : Si... Mes papiers sont prêts depuis la première opération.
Elle écarquilla les yeux. Il exposa :
Drakov : Je pensais la subir, ce n'est qu'après que je me suis rendu compte que non, Dyo ne m'avait rien fait, j'ai réellement compris son objectif quand on était dans le temple... D'ailleurs, je suppose qu'on a échoué ?
Amélie : C'est peu de le dire, Jarvis vous a tous mis KO, il a pu ouvrir la porte et libérer l'Alatreon. Point positif, l'Ala l'a buté.
Drakov : Vous l'avez combattu ?
Amélie, souriant gentiment : Fais moi confiance, vu l'état général du groupe, valait mieux pas qu'on esquisse un mauvais mouvement.
Il opina simplement. Amélie lui ajouta qu'il devrait aussi parler avec Larah, puisqu'il avait pas mal de choses à rattraper sur son état à elle aussi.
Enfin, Amélie l'embrassa, lui avouant qu'il lui avait aussi énormément manqué... Il la serra dans ses bras et tous deux sortirent de la chambre, pour reprendre leur vie normale, ils avaient beaucoup à faire et à raconter encore et ce n'était pas peu dire vu la tournure des événements.
sabertiger- Nombre de messages : 1279
Age : 30
Localisation : en train de jouer à je te tiens tu me tiens par la barbichette avec un fatalis
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X-Tag : Sabertiger66
Date d'inscription : 02/04/2010
Re: Le Village et ses alentours
HRP : OH BOY. Ce post m'a pris une décennie et je m'en excuse ! Pour ceux qui ne savent pas, je suis entrée en prépa et ça me prend tout mon temps... donc j'écrivais que très peu... sauf que le post était censé être très long de base. Voilà pourquoi ça a pris autant de temps... Je vais dorénavant vous proposer des musiques à jouer à certains moments pour vous faire partager l'expérience du RP avec moi, qui ne se fait jamais sans musique... Etant donné que j'écris ce HRP après avoir terminé mon post, il est bien sûr normal que certaines parties soient dénuées de musiques car je ne me souviens plus ce qui avait été choisi quand je les ai écrit... je ne les ai malheureusement pas prise en note... ENJOY BOYS.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=DGbechPJKBs&index=6&list=PL_DEh3eSNiEwBxAnt3EhxbfFB1uzPvmv3)
Le volcan déversa une énième fois la rage de la terre dans un tonnerre assourdissant. Le ciel lui-même s'était embrasé à cause de sa colère et un orage terrible s'était formé au-dessus. Et non loin de là se mêlait à cette cacophonie des bruits de marteaux qui ne s'étaient jamais arrêtés depuis des mois. Les hurlements d'un Troverien arrivait même à passer par dessus les bruits infernaux. La terre grondait à quelques mètres de lui et sa seule préoccupation était un de ses "ouvriers" qui s'était effondré, épuisé. Un geyser de lave éclaboussa les parois d'obsidienne et quelques personnes en furent surprises et blessés, des hurlements suivirent. Un homme en habit de Guilde normalement rouge, grisé par les cendres, s'avança sur une plate forme qui surplombait un lac de lave et posa une main ferme sur la barrière. Le visage serré par la douleur grandissante en lui, il regarda le flot de magma et d'un geste de l'autre bras, il ordonna qu'on amorce un énorme gong en deux pièces, dont l'une plongeait dans la lave. Deux esclaves soulevèrent d'énormes marteaux et frappèrent ensemble en même temps, propageant une onde extraordinaire sur la première pièce qui ne tarda pas à la transmettre à celle dessous. La surface du lac se remua alors, mais pas uniquement grâce au son. L'homme recula par prudence à mesure que d'énormes remous se formaient à la surface, bien qu'à quatre mètre de haut, il craignait que quelque chose ne lui soit projeté. Il regarda tendu son supérieur en hauteur et se reposa de nouveau son regard sur la lave.
Un son insupportable vint lui secouer les tympans. Les humains savaient vraiment tout inventé et c'était ce qui l'enrageait. Ils les haïssait du plus profond de son être. Il était tombé à cause d'une poignée d'entre eux, des minables qui avaient réussi à le vaincre une seule fois. C'était la première fois qu'il avait vu son propre sang se répandre au sol ce jour-là... Il aurait du se battre jusqu'à la mort, pourtant quand l'occasion s'est présentée, il a fui comme un lâche et il avait honte. Sa honte était comme un poison qui lui pourrissait ses tripes, il en souffrait, à moins que ce n'était cette blessure à l'estomac qui le tiraillait toujours. Il saura protéger son ventre la prochaine fois, plus aucun doute, mais grâce à l'armure qu'on lui avait donné, plus jamais il n'aura à craindre d'un coup aussi bas. Il ne souhaitait qu'une chose, la guerre. Se relever et se battre de nouveau, faire tomber des châteaux et des citadelles. Retrouver le goût du sang qu'il n'avait pas senti depuis des années. Mais cette fois-ci il n'échouerait pas. Des villes allaient tomber. Il le savait. Il remua les jambes et se propulsa au niveau de la surface, l'air "frais", en tout cas, plus frais que la lave, aurait pu lui agresser les narines mais il était tellement habitué à ce climat que ce n'était plus un problème. Il vit l'arrogant petit humain sur son balcon. Il se croyait peut être en sécurité ? Il fit un effort pour lui donner tort. Il tendit le cou hors de la lave et arriva très vite à l'humain, qu'il dépassa ensuite d'encore quelques mètres en hauteur. Il posa sur lui son regard terrible qui aurait paralysé plus d'un monstre, même dragon ancien. Mais l'homme semblait s'être préparé mentalement car il même s'il tremblait de tout son corps et que la sueur de la chaleur s'était mêlée à celle de la peur, il arriva à ne pas tomber en arrière. Les esclaves aux alentours se cachèrent tous en couinant et pleurant. Il sortit une patte hors de la lave et la plaça sur un rocher alentour pour s'extraire de la lave. Il déploya ses ailes et immédiatement, le volcan rugit en fond. L'humain avait bon s'être préparé, il était tétanisé. Mais soudain sa figure de terreur se mua en une grimace de douleur qui lui fit apparaître d'épaisses dents qui n'étaient plus très bien ordonnées. Il se reprit alors et se remit droit, reprenant un visage dur, mais son opposant avait bien vu son état une seconde avant et il ne fut pas tromper par cette nouvelle allure. Au fond de lui, l'humain n'attendait qu'une chose, en finir. Une voix peu assurée arriva tout de même à sortir de sa bouche :
"Nous avons fini la mâchoire, il va falloir qu'on vous la pose si vous voulez sortir une bonne fois pour toute de cet enfer. "
Il ne détourna pas le regard de l'homme. Mais celui-ci baissa les yeux, comme si on l'y avait forcé. La proposition était intéressante, mais il avait déjà tellement souffert aujourd'hui... Ou était-ce hier ? Le temps n'avait plus eu aucune importance dans sa prison naturelle. Mais on pouvait enfin l'en faire sortir. Il leva le regard de l'homme qui reprit immédiatement son souffle et il tourna la tête vers le supérieur de l'humain, mais celui-ci semblait déjà partir, mais lui, d'une démarche assurée. Il savait que celui-ci ne le craignait pas, il avait peut être déjà eu affaire avec des représentants de son espèce, et il savait sans doute comme il était dangereux de tourner le dos à un être aussi puissant. Il fit racler sa gorge et sa poche de feu s'immola immédiatement mais c'était uniquement pour lui rappeler que ses mâchoires qui avaient été mise à vifs ne supporteraient pas son souffle dévastateur. Le feu dans sa gorge se calma mais resta prêt à se déverser. Il regarda de nouveau le petit homme qu'il surmontait si haut que de sa patte avant, il aurait pu le pousser dans la lave en ouvrant seulement son petit doigt. Un bruit de métal le fit lever ses yeux vers l'énorme pièce d'armure en suspension qui s'approchait de lui, tenu par deux énormes grues. L'humain refit sonner sa petite voix : "Vous pourrez déjà vous envoler demain."
Il sortit alors le reste de son corps de la lave et sans même faire gronder sa voix, la terre trembla et l'orage s'intensifia. Le volcan semblait sur le point d'exploser une bonne fois pour toute. Il baissa les yeux, et alors, il fit entendre sa voix à non plus une seule personne comme il avait chuchoté pendant tant de temps, mais tout le chantier pu entendre la voix du désastre : « Les terres brûleront alors...à l'ombre de mes ailes. »
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=TUIRWql7Vic&index=8&list=PLB272AFA2995316EE )
Talf s'était endormi tranquillement et depuis un moment contre un arbre, il ronflait littéralement depuis quelques heures après avoir passé une nuit d'une dizaine d'heure. Il était environ quatre heure de l'après-midi. Ils avaient voyagé toute la journée d'hier pour rentrer au village. Drakov avait alors été emmené chez lui, suivi évidemment de tout le monde pour expliquer la situation. Le soir, Larah et Talf étaient rentrés raconter toute l'histoire à Neilla qui n'y croyait pas un mot. Puis il fallut prévenir beaucoup de monde et au final, ils s'étaient couchés vers 21 heures... Toute la Guilde de Tenmura demandait des informations depuis l'aube. Ils avaient même frappé à 7 heures du matin et Larah s'était chargée de la première vague, mais Talf avait du aider. Mais il s'était désormais échappé et dormait paisiblement, caché loin de tous les problèmes. La sieste, voilà ce qui lui avait manqué. Pourtant, il était loin de se douter qu'un terrible danger approchait... Il tourna sa tête pour mieux se placer et entendit vaguement une branche craquer mais ce n'était pas assez pour le sortir de son sommeil. Quelqu'un vacilla et se retrouva en cochon pendu, le regardant. Il sentit que quelque chose n'allait pas et il ouvrit un oeil. Il se retrouva en face de Larah, toute souriante. Il hurla cependant, s'attendant évidemment qu'elle lui reproche de faire une sieste, ou de s'être enfui et de la laisser seule face aux autorités, ou bien simplement d'avoir mangé la dernière tartine ce matin. Il voulut s'enfuir mais il était pris au piège, instinctivement, il se cacha derrière ses joues en marmonnant des milliers d'excuses. Mais elle resta avec son sourire qui était sinistre pour lui car il le voyait à l'envers. Elle se balança pour retomber devant lui et elle s'accroupit pour le regarder de plus prêt. Il n'avait alors pas remarqué l'oeil rouge qui brillait.
- N... Nova ? Pitié, pas tapé !
- Haha t'es trop drôle comme personne ! Je me demandais ce que Larah te trouvait alors qu'il y a pleins d'autres belles personnes dans ton village mais je pense que c'est pas mal d'avoir quelqu'un comme toi... !
- Euh... merci ?
-... on se sent immédiatement supérieur !
- Hey ! Larah ne m'aime pas pour ça ! se défendit-il.
- Hahaha t'es vraiment drôle, je le sais, j'ai vu tous ses souvenirs et je dois avouer que t'es rigolo quand tu t'y mets... Mais c'est pas drôle de partir comme ça sans rien dire... fit-elle d'un air plus sérieux et se rapprochant bien plus du comportement de Larah.
- Je... Je suis désolé ! Je voulais tellement dormir peinard !
-... alors que t'as trouvé une super cachette ! Cet arbre est trop bien, regarde !
Elle grimpa de nouveau sous le regard abruti ou ébahi, cela dépend du point de vue, de Talf. Il resta cependant assis sans bouger pendant qu'elle se balançait de branches en branches. Elle sauta au sol au bout d'un moment et se précipita près de Talf. Elle se blottit contre lui et regarda autour d'elle, émerveillée. "C'est génial cet endroit. T'as bien fait de m'y emmener." Il ne savait pas quoi dire alors il la regarda du coin de l'oeil en silence. Elle soupira et ferma ses yeux après s'être bien installée. Ils dormirent alors toute l'après-midi.
Mais il fallait tout de même informer les autres des événements qui s'étaient produits et désormais il ne restait que Tana et AlGieba qui ignoraient tout ce qui s'était passé. Enfin, Larah imaginait que Keil s'en moquait complètement, mais elle était loin de s'imaginer sa réaction quand elle annonça qu'un Alatreon s'était échappé. Ils étaient dans le salon de la maison des deux dragons anciens humanoïdes, AlGieba était parti à la collecte et ignorait que Larah était de retour. Tana s'était levée de sa chaise et Keil avait littéralement gelé la table devant lui :
- C'est pas vrai ! S'écria-t-il. Tana, on décampe d'ici !
- ...On ne peut pas.
- On ne peut pas ? Répéta-t-il.
- On ne PEUT pas, insista-t-elle.
Comme ils se passaient un message seulement entre eux, Larah ne comprit pas, Keil prit son visage dans ses mains et marmonna à plusieurs reprises.
- Que savez-vous de l'Alatreon ? Demanda-t-elle.
- Pas grand chose malheureusement, nous n'avons jamais côtoyé d'être aussi puissant et dangereux. Mais on sait une chose, sur lui...
- S'il a été enfermé, alors c'est qu'il était dangereux, compléta Keil.
- Ces portes ont été fabriqué uniquement pour une seule et bonne raison, reprit Tana.
- Tu le sais très bien, tu as toi même découvert la première porte, enchaîna Keil.
- Keil... Tu étais enfermé derrière une de ces portes, comprit Larah.
Elle se souvint de la découverte de la porte lors de la quête contre Rann, le braconnier assassin et etc. Keil, bien sous sa forme de Keilacta cette fois, avait tenté de tous les tuer. Ce genre de chose arrivait. Maintenant, Larah avait enterré la hache de guerre malgré le comportement du dragon. Donc l'Alatreon avait aussi été enfermé car il avait été jugé de dangereux. Jusque là rien d'anormal, elle avait lu un ou deux rapports sur ce dragon ancien et il lui semblait bien qu'elle en avait tiré qu'il était aussi puissant qu'un fatalis enragé, sauf qu'en plus, il possédait plusieurs affinités élémentaires. Écologiquement, ça n'avait aucun sens qu'un dragon ait autant de pouvoirs, mais c'est bien pour cela qu'on les surnommait les demis dieux. Keil et Tana se prirent dans les bras l'un de l'autre. Larah était persuadée que d'une manière ou une autre, ils étaient en train de communiquer car plusieurs émotions passaient sur leur visage. Elle regarda par la fenêtre le centre de recherche des dragons anciens qui avait envoyé déjà plus de 4 messagers depuis la veille. Elle se tourna vers les deux humanoïdes et pour changer de sujet, elle posa son index et majeur droit sur son oeil droit et leur fit : "Au fait, j'ai quelqu'un à vous présenter. "
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=12dRSfqmfiE&list=PLviYFbvSbcNP9bZOqjjuSiKEA4F8HhwtZ )
Le soir même, AlGieba était revenu avec un sac plus grand que lui de composants. Il se dirigea sans essayer de se faire remarquer vers la maison de Keil et Tana. Il marchait en silence, une capuche sur la tête, perdu dans ses pensées. Il avait étudié les plans de l'arme de Larah sans pouvoir comprendre les indications mais il voyait très bien où cela menait. La chasseuse avait eu de la chance de le rencontrer, à moins que ce ne fut l'inverse. Il lui était infiniment reconnaissant de l'avoir secouru mais il n'y avait pas un jour où il ne pensait pas à sa famille et ses amis toujours entre les mains du Trovérien. Il prit le chemin qui menait hors du village vers la maison de Tana et sentit le vent se lever, portant avec lui une drôle de présence. Il s'arrêta presque, le visage concentré et les sourcils froncés. Il sentait quelque chose d'anodin et il ne savait pas si c'était un bon ou mauvais présage. Il continua de marcher et à mesure qu'il avançait, il entendait les murmures de la terre et ralentissait de plus en plus. Il se retourna doucement, baissant sa capuche et serrant plus les lanières de son sac. Le vent souffla et emporta avec lui le mystère, il vit une silhouette se tenir près de lui. La Lune n'était qu'un croissant et n'éclairait pas assez pour qu'il puisse voir de qui il s'agissait, mais il eut le réflexe de prendre la torche que lui avait prêté Tana, qui s'allumait en un coup de silex. Il paraissait calme de visage mais une peur grandissait en lui à mesure qu'il sentait l'aura autour de la personne. Il fit crisser la pierre et le feu prit immédiatement, il la leva vers la personne et alors qu'il s'apprêtait à reculer, il resta immobile, voyant la lumière danser sur le visage de Larah, qui semblait surprise, mais ce qui était vraiment effrayant pour AlGieba était la pupille rouge qui brillait sans l'aide du feu. Ils restèrent sur place un moment avant que le wyvernien n'éteigne sa torche et vérifie que personne n'avait été alarmé sur le mur de Tenmura, mais aucun garde n'avait bougé.
Ce n'était pas Larah, il le sentait. Tana avait expliqué tout en détail à AlGieba. Le village détruit, le Fatalis, Marys, les Lames, l'Oeil et tout autre détail. Quand elle avait fini de raconter tout, elle crut que le wyverien aurait tout nié et aurait dit que c'était de véritables mensonges, mais lorsqu'elle eut fini, il avait joint ses mains et prié pour la chasseuse. Jamais il n'avait fait face à l'Oeil et aujourd'hui, cette nuit, il avait pour la première fois en face de lui à la fois une femme et un Fatalis. Il sentait son aura maléfique autour de l'oeil mais tout cela semblait s'harmoniser et se calmer par autre chose, par des ondes positives émanant de la couronne qu'elle portait. Il aurait du craindre cette pupille fendue et cette sclérotique noire, corrompue, mais il n'en fut pas un instant effrayé. Elle le suivait des yeux sans rien dire, peut être inquiète de sa réaction, peut être avait-elle peur que comme tous les autres il ait peur et la désigne du doigt comme un monstre, mais ce ne fut pas le cas. Il s'inclina. Une vague énorme de reconnaissance renversa la chasseuse, elle sourit faiblement, émue par le geste du wyverien. Il releva les yeux vers elle et se plongea dans les siens, une rare intensité se dégager des yeux du wyverien, elle ne sut vraiment le déchiffrer mais sur l'instant, elle comprit l'effet que cela pouvait faire si elle était à la place de l'homme qui regardait la pupille rouge.
- Merci, fit-elle en wyvernien.
- Longue vie à la Reine, sourit-il. J'ignorais que vous reviendriez aujourd'hui, je m'excuse platement de ne pas avoir été là pour votre retour... A vrai dire, je suis allé chercher de quoi fabriquer de nouveaux outils pour le travail de votre arme. Avez-vous trouvé un codex ?
- Oui, mais ce n'est pas tout...
- Je le sais déjà. Les animaux ont un comportement étrange depuis trois jours, je sais ce que vous avez déterré. Je crains que... l'on ne puisse rien faire que de s'en remettre au sort.
- Ce n'est pas nous qui l'avons fait sortir de sa cage mais un dénommé Jarvis, un croisé Alatreon, manipulé semble-t-il. La Guilde est au courant mais on ne peut rien faire pour le moment, il va falloir attendre, de toute manière, après tout ce temps, l'Alatreon doit être faible, il va lui falloir du temps pour qu'il s'en remette.
- Espérons que toute cette histoire finisse bien.
Ils savaient tous deux que c'était faux.
"Mais... je suis désolée de vous demander ça comme ça... reprit AlGieba, mais n'a-t-il pas quelque chose de changer chez vous ? C'est comme si j'avais affaire à une nouvelle personne... "
Larah sourit en détournant le regard un instant. "Oui, il se peut que vous ayez vu juste..."
Elle ferma les yeux et inspira à fond, se connectant à un Minuit paresseux qui accepta l'union à conditions qu'elle ne lui en demande pas trop, mais jusque là, ce n'était pas prévu. Nova émergea alors, semblant se réveiller d'un long sommeil. Pourtant, elle était sur-excitée quand elle fut appelée. "Je vais pouvoir parler au wyverien que tu admires tant ?" S'écria-t-elle. Larah, gênée, lui laissa les "commandes" en stipulant qu'elle n'avait aucune relation particulière avec lui. Nova parut déçue sur le coup, mais dès que son esprit se connecta au corps de la chasseuse, elle fut de nouveau heureuse. AlGieba sursauta littéralement. Larah avait toujours été sûre d'une chose c'est que les wyveriens avaient des pouvoirs que les humains n'avaient pas, si ce n'était simplement leurs sens qui étaient bien plus développés que ceux d'humains, et pour AlGieba, elle était persuadée qu'il voyait à peu près les mêmes choses que lorsque Larah utilisait l'Union, des auras autour des choses, des sons que personnes d'autres n'entendaient, des goûts inconnus, des odeurs perdues et des vibrations venant des entrailles de la terre. Il fronça les sourcils, inquiet, Nova secoua la tête, retrouvant peu à peu ses sens.
(musique: https://www.youtube.com/watch?v=QVtvPXVysiE )
S'il y avait bien une chose indescriptible, c'était comment Larah vivait cela. C'était comme si elle était détachée de son propre corps. Là où Minuit la forçait à faire des choses ou qu'elle devait lutter pour faire ses propres mouvements, Nova balayait simplement tout ça. Elle prenait littéralement la place de Larah, elle n'était plus maîtresse de son corps à aucun instant. Elle était certes connectée aux pensées de Nova et celle de Minuit par son intermédiaire, mais en aucun cas elle ne pouvait penser à la place de l'entité. Après, évidemment, le caractère de Nova était basé sur celui de ses deux hôtes, donc la chasseuse n'avait pas vraiment à s'en faire de ses réactions, même si parfois elles étaient surprenantes. C'était comme si un être longtemps endormi avait enfin été réveillé et redécouvrait le monde qu'il avait perdu pendant ce coma.
Autre chose d’étonnement fou, c'est que Larah voyait et sentait les mêmes choses que Nova, alors qu'elle était dans son propre corps qui jusque là n'avait jamais eu l'accès à ces sens. Le Comte aurait bien du mal à expliquer cela et c'était pleinement satisfaisant.
AlGieba tendit la main avant de la retirer, comme s'il craignait quelque chose. Il parla dans la langue ancienne :
- Qui es-tu ? Comment es-tu venu ici ? Es-tu un esprit de la terre ?
- J'aimerai le prétendre, haha ! Je suis Novasylis, la Nouvelle Reine. Esprit de la terre, non, je ne crois pas, mais je peux effectivement la sentir. Je suis née de l'esprit de Larah et de Minuit, à vrai dire, je crois que c'est lorsqu'ils ont atteint une harmonie maximale que je suis réellement née. Ravie de faire ta connaissance, Larah pense beaucoup de bien de toi, alors j'espère que ça sera pareil pour moi !
AlGieba ne bougeait plus, il avait la bouche ouverte et ne disait rien. Nova s'inquiéta vite et lui fit signe pour voir s'il bougeait, mais au moment où elle allait le toucher du bout du doigt, il recula d'un coup et la regarda de haut en bas. Il cligna des yeux et se reprit un peu, il tira ses cheveux en arrière pour dégager les mèches qui lui tombaient devant et se tourna vers la Lune, puis vers Nova, il s'enquit de répondre :
- Je crois que les dieux ont décidé de m'offrir un destin fabuleux.
- Huh ? Qu'est-ce que tu entends par là ?
- Je.. je sers une entité tellement ancienne... Vous avez peut être vu naître le monde et vous êtes là, devant moi, un pauvre wyverien esclave jusqu'à hier et aujourd'hui me voilà dans un conte de fée. (Il s'inclina) Je suis désolé de mon mutisme, je ne réalisais pas ce qu'il se passait.
- Calme-toi, sourit Nova, je ne sais pas ce que tu entends par là mais je t'assure que tout va bien se passer.
- Les autres moines m'avaient dit qu'il existait des êtres tels que vous et il était de notre devoir de les former, c'est pour cela que j'ai voué ma vie à servir la nature et les autres, dans l'espoir qu'un jour je puisse rencontrer une telle entité.
"Je crois qu'il te confond avec une sorte d'esprit de sa culture," comprit Minuit, "Je ne sais pas ce qu'il veut dire en disant que d'autres êtres comme toi existe Nova, mais à ta place, j'en profiterai pour lui soutirer tout ce que tu veux... Il m'a l'air assez dévoué..."
- D'autres êtres ? Il existe d'autres personnes liés à des dragons ? s'enquit de demander Nova, orchestrée par les pensées de Larah qui avait happé dès qu'il avait prononcé ces mots.
- Oui. Les esprits prennent parfois pour avatar un être vivant, comme un felyne, un wyvern, un animal ou même des dragons anciens. Malgré tout le respect que je dois à ces derniers, certains prétendent parfois être des esprits alors qu'ils ne sont que ce qu'ils sont. Parfois, ils se contentent de toucher les êtres et alors, on leur voit pousser des merveilles... (Larah fit immédiatement le lien avec la Rathian rose de qui elle tirait le joyau qu'elle portait sur le front. Elle n'avait jamais senti une aussi grande relation avec un monstre à part Minuit et pour Yann, c'était différent.) Je... Je dois avouer que... je ne me suis jamais attendu à trouver la mémoire du monde dans un humain... La plupart n'a pas le respect pour le vivants. J'ai toujours cherché ces êtres dans des animaux et des wyverns, mais jamais au sein d'une communauté humaine.
"Tu es une sorte d'être divin ? Demanda Larah.
- Non, je ne l'ai jamais perçu comme ça, fit Nova, assez amusée.
- Pourtant c'est ce qu'il prétend, fit Minuit, un peu plus réveillé.
- Ne fais pas comme si tu n'en savais rien non plus le dragon ! Siffla Larah, je suis sûre que tu sais très bien de quoi il parle ! Et n'oublie pas que je le lirai, tôt ou tard, dans ton esprit.
- J'ai hâte, sourit Minuit de toutes ses dents."
- Ton peuple vénère des êtres dont on n'est même pas sûr l'existence ? S'étonna Nova.
- N'est-ce pas le cas des humains aussi ? C'est ce que l'on appelle les dieux, répondit-il avec un calme irréprochable.
- Arh, oui excuse-moi, en plus Larah croit aussi en ce genre de chose donc bon, je ne peux pas vraiment me moquer... Hum... Eh bien, je dois faire quelque chose pour toi ?
- C'est à moi de vous aider à t'accomplir sur le plan astral, il faut que votre esprit arrive à percer sa carapace physique.
"-Ça a l'air excitant ! S'écria Nova.
- Pourquoi je sens que ça va mal finir, marmonna Larah.
- Oh c'est pas vrai, je vais avoir encore moins de contrôle, fit Minuit, pince-sans-rire."
- Et comment on fait ça ? Demanda Nova, tout excitée.
- Il suffit de faire de la méditation et un peu d'entraînement physique. Une fois la nouvelle arme forgée, on commencera ceux là, mais pour la méditation, on peut commencer tout de suite, expliqua AlGieba.
- Il se fait tard, tu ne veux pas te reposer ?
- Eh bien, je pense que cela nous sera utile pour bien dormir ce soir.
- Bon, j'imagine que Talf dort déjà de toute manière, donc ça ne doit pas vraiment déranger Larah.
"Tu es devin en plus de ça ? Sourit Larah."
- Alors nous pourrions nous diriger vers l'orée de la zone de chasse la plus proche, en suivant la rivière. La Lune sera notre guide.
- J'adore l'aventure ! rajouta encore Nova, très heureuse de pouvoir gambader encore un peu.
AlGieba était honoré de pouvoir exercer ses fonctions de moine si loin de chez lui et surtout avec Nova. La "séance" ne put durer trop longtemps car en effet, il se faisait tard, mais ils comptaient dormir à la belle étoile, il faisait encore assez chaud pour. Ils arrivèrent en face d'un étang que Larah reconnut immédiatement et qui frappa amèrement Nova. Elle s'approcha de l'eau et se baissa, posant la main sur le sol. Le wyverien remarqua sa tristesse et demanda ce qu'il se passait. Nova lui expliqua en baissant la tête que c'était l'étang où Crimson et elle avait discuté, une fois, quand lui aussi avait décidé de l'entraîner pour combattre Minuit. Sa mort l'avait gravement touché et elle portait désormais son épée au combat, c'est pour ça qu'elle ne voulait pas qu'on y touche sans être un véritable maître-artisan ou un excellent forgeron comme Jagamore. Le wyverien hocha la tête, comprenant alors qu'il aurait une grande responsabilité de l'arme. Nova s'était assise en tailleur et agitait la surface de l'eau de son index. Il s'assit à côté d'elle pour la réconforter sans cependant la toucher un seul moment.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=J7QhIwQVugo)
- Dans mon peuple, nous croyons que l'esprit des morts est forcément en paix, sinon, ils seraient toujours ici, à terminer leur travail de mortel.
- Je ne sais pas, des souvenirs que j'ai de Larah, c'était quelqu'un de très bien qui m'aurait sans doute considéré comme sa sœur. J'aurai aimé le connaître.
- Parfois, certaines choses qui leur appartenaient peuvent encore manifester des signes de leur ancien propriétaire. Si j'arrive à vous déployer sur le monde astral, vous pourrez voir ce genre de choses. Si ce n'est déjà le cas.
- L'esprit des morts ne devrait-il pas rester dans l'au-delà ?
- Ils doivent, mais parfois, certains messages ont besoin de transcender ces états. La mort et la vie se rejoigne toujours dans un cycle infini. Regardez les arbres, ils vivent, ils meurent, ils renaissent et meurent encore. Il en est de même avec chaque chose. Rien ne vit à jamais, alors il en est de même pour la mort.
- ... Comment peux-tu en être sûr ?
- Eh bien, je ne sais pas, ce sont des croyances, il faut bien s'attacher à quelque chose, ne pas rester figer dans un tel monde.
- Les Dragons anciens sont immortels pourtant, fit remarquer Nova, un sourire en coin.
- Ils vivent dans leur état physique plus longtemps que nous car se sont de puissants êtres, mais un jour où l'autre, ils rendront leur dernier souffle et renaîtront. Mais il ne faut pas oublier que ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît.
- Tu es passionnant comme personne.
- Merci, ça me touche.
- Mais comment tu expliques les étoiles ? Elles sont là depuis la nuit des temps, et elle ne bougent pas vraiment de place si l'on ne considère pas les saisons...
- Hmm, les étoiles sont tout autre chose et c'est quelque chose de très long à raconter, c'est un conte qu'on se transmet de génération en génération, mais je prendrais un jour le temps de vous raconter cela dans l'endroit où il faut le conter.
- Pourquoi pas ici ? Devant un tout petit étang avec la Lune qui cache pas mal leur lumière ? Ça me parait être pas trop mal, ricana Nova, se rendant compte du sérieux d'AlGieba qui sourit suite à sa remarque. Mais soit, alors, un jour, tu m'emmèneras là où il faut et tu raconteras toute l'histoire, même si tu dois rester debout toute la nuit.
- Vos désirs sont des ordres. Peut-on commencer la séance qui s'annonce déjà très courte ?
- Avec plaisir.
- Je vais donc vous expliquez les principes fondamentaux que je vais essayer de vous enseigner. Votre esprit est coincé dans une carapace physique comme je l'ai dit plutôt. Le but de notre enseignement est d'arriver à se libérer de cela et de se projeter au-delà des barrières physiques. Nous cherchons à nous détacher de notre corps mortel. Lorsque nous mourrons, notre esprit revient à la vie une nouvelle fois par la renaissance et oublie tout de sa vie antérieure, c'est l'ignorance qui reprend la main et cause encore la souffrance. L'ignorance est un des poisons de notre vie, il en est de même de l'avidité et de la colère. Ces 3 poisons peuvent être combattu et évité en connaissant les vérités propre à notre enseignement. Les voici : Toute vie implique souffrance, l'origine des souffrances vient du désir et des attachements, la fin des souffrances est possible et le chemin qui y mène est celui du Noble Chemin.
- Comment prendre le Noble Chemin ? Demanda Nova, aspirée par les paroles du wyverien.
- Il faut respecter les huit membres de ce chemin. Il y a la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, le mode de vie juste, l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste. Je vais vous expliquer chacun des huit... La compréhension juste découle de la vision juste, il faut comprendre les vérités dans leur sens physique et morale...
Quand bien même ils avaient prévu que la séance ne dure que très peu de temps, ils restèrent éveillés toute la nuit et Nova absorbait et retenait les paroles avec une telle aisance que Larah pensait que ce trait venait sûrement de Minuit plus que d'elle, malgré que le dragon ait de gros défauts de mémoire, il était sûrement plus en mesure de boire les paroles et de les apprendre. Selon certains wyveriens, les dragons anciens étaient autre fois ami des hommes et s'intéressaient énormément à leurs travaux. Encore une fois, selon une légende, un dragon aurait lu entièrement la bibliothèque d'un des rois et l'aurait aidé pour le restant de sa vie à gouverner sagement. En tout cas, Minuit était loin d'être un bon conseiller et s'il advenait qu'un jour Larah gouverne quoique ce soit, elle n'aurait jamais fait confiance à ce dragon.
Si l'esprit de Nova n'était pas du tout fatigué par une nuit entière d'enseignement spirituel, le corps de Larah commençait à l'être. Il en était de même pour AlGieba qui commençait à avoir du mal à garder les yeux ouverts malgré sa volonté. Alors qu'il laissa Nova méditer sur ses paroles, il s'endormit, submergé par la fatigue de sa collecte et de la nuit passée à faire passer ses préceptes. Nova termina sa méditation avec un sentiment de sagesse plus élevée. Minuit s'en moquait complètement mais Larah avait pris plaisir à entendre et voir toutes ces notions. L'aube se levait sur les arbres et éclairait la vallée où Tenmura se réveillait à peine. La chasseuse pensa alors qu'elle allait devoir tenir la journée entière sans dormir trop longtemps et ça la fatiguait déjà. Nova se leva et se dirigea vers AlGieba.
"Je le réveille ? Demanda-t-elle.
- Peut on enfin envisager de dormir ? s'enquit de demander Minuit.
- Hum, je ne sais pas, répondit Larah. Au cas où tu n'es pas remarqué...
- Il ne m'a pas touchée une seule fois, compléta Nova.
- Bon bah je vois que l'union est toujours pratique, dit la chasseuse en haussant les épaules, convaincue que sur le coup, sa capacité d'analyse ne servait à rien.
- Ne sois pas déçue, fit Nova, sentant les émotions de la chasseuse. C'est normal que j'ai tes atouts et ceux de Minuit, mais surtout les tiens (l'humour était à Larah sans aucun doute).... c'est comme ça que je suis née.
- Certes.
- Les filles, pouvons-nous nous décider et me laisser partir dormir ?
- Ah j'ai une idée ! Firent en cœur les deux autres qui se regardèrent gênées.
- Hum, bah, allez, faisons ça donc... vu qu'on a eu la même idée... commenta Larah. Minuit, tu vas pouvoir aller dormir !
- A la bonne heure ! S'écria-t-il en baillant. Bonne nuit... ou bonne journée, je ne sais plus...
- Nova, hum... bien, à bientôt j'imagine ?
- Je ne suis jamais trop loin Larah, tu le sais. Si tu ne tiens pas la journée, je prendrai la relève, ne t'en fais pas.
- Bien sûr... j'ai bien compris."
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=xM7XhmNBYzU )
Lorsque Minuit s'effaça de l'esprit de Larah, Nova fit de même. Elle se retrouva de nouveau seule avec un AlGieba qui dormait. Si elles avaient pris la décision de se séparer c'était uniquement parce qu'elles avaient compris que le wyverien ne toucherait pas Nova quand elle serait là, mais il avait déjà touché Larah sans être gêné par ses croyances, donc c'était la chasseuse qui allait le ramener au village sur son dos. Parfait, elle était déjà exténuée physiquement et elle allait devoir porter une personne plus grande qu'elle jusqu'au manoir de Keil et Tana. Elle mit AlGieba sur son dos qui était toujours étonnamment léger et commença à le ramener au village.
Les jours passèrent et Nova apprit de mieux en mieux la religion d'AlGieba. Les idéaux en lequel il croyait étaient nobles, elle appréciait énormément la manière dont il considérait la vie, comme un joyau à protéger. Le problème que craignait Larah était qu'un jour où l'autre, ces notions allaient faire face à son métier de chasseuse, et même si elle avait une grande estime pour le vivant, elle se devait de protéger les siens en chassant les monstres qui nuisaient à leurs vies. Nova le savait aussi et lui promit que cela ne nuirait en rien à la chasse car elle comprenait aussi bien la religion d'AlGieba que le besoin de Larah a exercé son métier. Le wyverien ne posa pas son opinion sur le sujet et c'était très bien ainsi. Les séances se succédèrent et avaient lieu en fin d'après-midi, quand Larah avait fini de faire tout ce qu'elle avait à faire. La plupart du temps, elle aidait le poste de recherche des dragons anciens pour trouver l'Alatreon, mais celui-ci était introuvable. Drakov était aussi au centre des priorités et très souvent, avec Talf, ils partaient en quête de collecte de baie soins pour son traitement, ils étaient très inquiets... Mais les deux chasseurs savaient que le colosse s'en remettrait, c'était un dur à cuir ! En parlant de Talf, Larah le trouvait parfois bizarre, comme s'il avait des sauts d'humeur causé par Laft mais il ne s'en rendait pas compte. "Je sais pas, tu dois voir double à cause de ta deuxième personnalité", ricanait-il. Et Larah lui répondait toujours en lui mettant la tête au sol, elle détestait l'idée que Nova était une personnalité, si elle voulait une chose plus que tout au monde, c'est d'avoir un esprit sain, et pour le coup, la reine avait un peu terni cet idéal... Mais tout de même, elle prétendait ne pas être folle et cela faisait beaucoup rire son petit ami. Elle savait pertinemment que c'est ce qu'allait penser le Comte. D'ailleurs, ce dernier se faisait discret selon Elim qui n'avait pas entendu parler de lui depuis un moment. Elim qui s'occupait tous les jours de Ryu qui avait enfin été opéré et se remettait doucement de sa colonne qui avait failli se briser. Larah n'était pas souvent passer le voir car elle avait eu très peur de le voir en chaise roulante, chose qu'elle ne supporterait pas.
Elle laissait parfois Nova se promenait en ville, c'était très amusant de la voir évoluer. Elle était très curieuse et amicale avec tout le monde, mais par obligation, elle gardait son oeil droit caché et prétendait d'être Larah pour les habitants qui ignoraient pas mal de chose sur le Fatalis caché dans sa pupille. Les gens pensaient alors que la jeune femme était dans une joie assez rare et la plupart lui répondait. Elle s'amusait même parfois avec les enfants. Ce qui était complètement suspect car d'habitude, la chasseuse avait du mal à interagir avec les enfants. Rupert qui se promenait (ou s'était encore une fois perdu) sur le port aperçut alors la chasseuse. Il s'arrêta sur place, les sourcils froncés. Il voyait bien ce qu'il voyait. Larah, en train de jouer à chat perché. Avec une gosse de 12 ou 13 ans. Il cligna des yeux et fit le compte des "produits" qu'il avait consommé avant de venir, mais il était clean. Il était tout de même curieux de savoir ce qu'il se passait dans la tête de la jeune femme. Il arriva à leur portée et Larah sautait de poteau en poteau au dessus de l'eau avec une telle agilité que ça en était surprenant. Rupert faillit tomber à l'eau de surprise quand elle arriva vers lui et le toucha de la main qui le repoussa très facilement. "C'est toi le chat !" cria-t-elle. Il resta sur place une seconde puis, sans quitter Larah des yeux, se dirigea vers la petite Lydia et lui toucha le bras en répétant les mots de la chasseuse, puis il sauta aussi sur un poteau et la petite fille regarda les deux chasseurs perchés au dessus de l'eau et un sentiment de défaite la conquit. Elle s'écria "Z'est pas zuzte !" et partit en courant vers le port. Rupert haussa les sourcils et eut un sourire en quoi quand il vit qu'elle souleva son bandeau masquant son oeil :
- Je m'en doutais très chère que le dragon t'avait rendu folle. N'aie crainte, on va rentrer à la maison se détendre sur de douces herbes que j'ai cueilli à l'aube, la rosée du matin encore brillante. (ils avaient pris pour habitude de parler avec un langage à peine plus soutenu quand ils avaient leur petit commerce à faire, mais cela faisait longtemps que Larah ne traînait plus son nez dans ces choses là, au grand damne de Rupert.)
- (Nova eut un petit rire amusé et répondit : ) Mon cher, je prétends être saine d'esprit... mais peut être pas l'esprit dont tu as connaissance.
- Quoi ?
- C'est toi le chat ! Cria-t-elle.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=QOlSpz9kH5c )
Elle fit un bon en arrière impressionnant et se tourna en glissant les pieds, avant de se jeter dans le vide et s'accrocher au premier poteau qui sortait de l'eau pour amarrer les bateaux. Rupert fut pris de surprise mais ne voulait pas se laisser faire. Il sauta à son tour et tenta de la rattraper, mais il fallait avouer qu'elle allait très vite. Elle bondissait de poteau en poteau avec une telle facilité, il n'était pas sûr que de base Larah eut été si agile. Il avait pour réflexe d'activer ses gènes pour s'aider mais il ne put pas. Il s'en mordit les lèvres au moment où il bondit de nouveau vers une barque un peu plus loin où était Nova. Il l'atteignit par chance et par son poids, la barque se pencha en arrière. Nova toujours dessus escalada immédiatement la partie relevée et se retrouva sur le bords avant de bondir vers un bateau amarré. Rupert attendit que sa plate-forme retrouve son équilibre et sauta vers les cordages qui pendaient. Nova était à quelques décimètres. Il tendit le bras pour l'atteindre mais elle sauta à une autre corde qui tomba légèrement. Elle se retrouva pratiquement à la surface de l'eau, toujours accrochée. Elle se mit alors à grimper à la corde. L'ex-croisé fit la moue, c'était assez physique et il avait comme qui dirait "la flemme". Mais il se prit au jeu et monta au bateau. Il arriva sur le pont et vit que Nova était déjà dans les cordages supérieurs et se balançait vers la voile principale. Les pêcheurs se tournèrent vers eux surpris mais les reconnurent vite, ils restèrent à les regarder pendant que Nova reprenait son souffle sur le mat. Ce dernier était escaladé par Rupert à une vitesse assez folle. Il grimpait et grimpait encore, sans s'arrêter. "Il est coriace", ricana Nova. Larah leva les yeux au ciel en voyant qu'elle parlait de Rupert. "Bien sûr qu'il l'est."
L'ex-croisé sauta sur le mat et regarda sa proie se lancer dans le vide, tenant la corde comme une liane qu'elle lâcha quand elle arriva vers le port, effectuant une roulade pour perdre de la vitesse quand elle toucha le sol. Rupert vit une corde qui l'attendait aussi. Il la prit et hésita à la suivre. Il évalua que de toute manière, on ne vivait qu'une fois. Il s'élança dans le vide et fut arrivé plus vite qu'il ne le crut, il lâcha un cri quand il "atterrit" au sol avec fracas. Nova qui avait repris sa course se tourna vers lui et s'approcha immédiatement quand elle vit qu'il ne bougeait plus. Elle se baissa et regarda s'il était blessé mais d'un mouvement circulaire de jambe, il fut debout et poussa celle qui était désormais le chat au sol. Il rigola à gorge déployée, ne voyant pas à quel point ses bras et genoux étaient écorchés. Il se dirigea vers les rues de la ville en courant. Nova se releva d'un culbuté sauté et se mit à sprinter. Rupert courait à une vitesse supérieure à la moyenne et ses blessures ne l'empêchaient pas d'être rapide. Il esquivait les gens avec facilité et même s'il les laissait lui crier dessus après, il se disait que Larah était derrière et les ferait crier de plus belle, donc il n'avait pas besoin de s'excuser. D'ailleurs elle arrivait, et plutôt vite ! Il regarda du coin de l'oeil la chasseuse qui était passée... par les toits ? Les cabanes à l'orée du port était basse car elle servait d’entrepôts. Il dérapa au sol et se jeta vers les ruelles plus hautes qui l'obligeraient à descendre et il vit juste. Elle sauta au sol... son saut dura un certain temps et il avait eu la vive impression qu'elle avait imité un mouvement d'aile avec ses bras, ou alors, elle s'était donné un meilleur équilibre, il ne savait pas. Nova décolla du sol encore plus rapidement. Les gens virent alors une énorme trace de pied au sol, là où elle était passée.
Rupert la vit derrière elle et il se mit à renverser des caisses et autres choses qui lui passaient sous la main. Nova sauta les premiers obstacles puis sur la fin, quand elle fut à seulement deux mètres, elle profita de l'espace minuscule entre les murs pour courir dessus, seulement le temps de poser un pied et d'utiliser un mur pour rebondir sur l'autre. Mais elle put prendre de la hauteur et elle plongea, le bras droit tendu avec au bout, une poignée de fer prête à attraper le malheureux Rupert qui s'écria en la voyant bondir de mur en mur et il sauta au sol dans une esquive magistrale qui la fit passer par dessus. Elle plongea vers le sol et se mit à rouler dans la poussière, mais ce ne fut que très peu de temps, l'ex-croisé se relevant à peine, elle courut vers lui et bondit, le plaquant au sol et le bloquant avec ses genoux. Les deux pantelants, Rupert lâcha un rire assez cassé par sa respiration. Nova se releva et se laissa tomber sur les fesses, reprenant son souffle aussi.
- Haha, tu cours vite, arriva-t-elle à articuler. Et tes cris sont très drôles. "Ahhhh" hahaha !
- Ouais bah c'est clair que courir avec un ninja assassin au trousse, je trouve ça pas drôle ! D'où tu sais faire ça ? Qui t'a appris ? Drakov ? Nah, Amélie ? Possible. Pas Aria, elle soulèverait à peine sa robe pour marcher... Crimson ! Ouais c'est sûrement Crimson !
"Crimson ? Il se fout de moi ? Rugit Minuit dans la tête de Larah. Ça vient de moi ça, Nova a des réflexes de dragon.
- Oui d'ailleurs c'est complètement stupide, intervint Larah, pourquoi agiter les bras alors qu'on a pas d'ailes ?!
- Ah bah ça, fallait choisir d'être maudite par un genpreys si tu voulais sauter partout et paralyser les gens au sol. Trop sensuel à mon goût cette pause.
- Non mais je rêve ! J'ai à peine pensé à cette attaque moi ! Se justifia la chasseuse. Tu joues un peu trop avec ça mon petit Minuit, et tu me le payeras...
- Oh mais je te rappelle que les volontés de Nova sont le fruit de nos pensées, donc j'y peux rien si t'as des tendances, disons....
- Arrêtez tous les deux ! Si vous continuez, ça va faire comme les autres fois, l'Union va s'arrêter, les stoppa Nova.
- C'est pas dommage, reprit Minuit, cette peste m'utilise comme si j'étais un câble qu'on branche et débranche à volonté !
- Un quoi ? s'arrêta Larah.
- Et en plus ça ne sait pas casser le quatrième mur ! s'énerva le dragon.
- Et là, stop ! Je m'amuse bien, ça veut dire que vous aussi, alors faîtes la paix, encore une fois, coupa Nova.
- Pour la millième fois, soupira Minuit. "
- Uh... je dirai pas Crimson, mais c'est vrai qu'il a eu une part des choses... Disons que pour les murs je dirai plutôt Minuit... Ou Larah... oups, j'en ai trop dit, ricana Nova.
- Euh ? Je me disais bien que t'étais pas dans ton état normal... s'étonna Rupert. C'est quoi cette histoire encore ?
Elle lui expliqua à peu près toute l'histoire dans ses grandes lignes et alors que Rupert comprenait, il s'écria : "Ah ouais! Donc Larah a bien plusieurs personnalités ! Comme Talf ! Comme quoi, qui se ressemble s'assemble, heh !" Mais Nova le secoua volontairement car ni Minuit ni Larah ne se considérait de la sorte.
Les jours jours qui suivirent, ils passèrent leurs journées à magouiller quelques coups. Mais rien de bien méchant, ils testaient les aptitudes physiques de l'un et l'autre en lute, parcours et course. Mais privé de ses gènes, l'ancien croisé perdait souvent, mais il gardait la tête haute et pour tout dire, ils s'amusaient vraiment tous les deux. Un jour, Rupert proposa à Nova d'aller fouiner dans les affaires de Maze qui les regardait du haut de son bureau quand ils jouaient sous sa fenêtre et leur criait d'aller ailleurs. "Et puis comme ça, on saura ce qu'il fait, toutes ces journées, enfermé dans un bureau." Nova haussa les épaules, Larah se laissa convaincre par Minuit qui la tentait terriblement. "Nous pourrons voir ce qu'il pense de nous et crois-moi... on risque d'être surpris." La chasseuse se laissa convaincre et Nova hocha la tête en guise de réponse. Rupert se frotta les mains et lui donna rendez vous le soir.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=EnFc7D0ZoCc )
Comme tout bons voleurs, ils décidèrent d'entrer par une fenêtre. Nova regarda s'il n'y avait personne aux alentours pendant que Rupert cherchait une issue. Ils virent rapidement un passage où l'escalade était requise. Soit ils sautaient d'un bâtiment en face qui était moins haut, soit ils devaient passer par le mur où certaines briques dépassaient. Nova regarda le mur d'escalade : ça me parait pas trop mal par ici, en tout cas pour moi." Rupert, s'étirant les jambes : Allez, j'ai pas eu trop l'occasion de bouger ces temps ci mais un petit mur comme celui là me posera pas de problèmes. Nova lui répondit par un petit sourire et s'élança sur le mur, agile comme un chat, grimpant sans difficulté et arrivant bientôt à la première fenêtre, fermée. Ils ne voulaient pas entrer en fracas, donc ils devraient monter jusqu'au deuxième étage, directement dans le bureau de Maze. La fille regarda en bas pour voir si Rupert suivait. Il la vit partir et lui laissa quelques mètre d'avances, ça faisait certes longtemps qu'il ne s'était pas réellement dépensé, mais ses anciens réflexes reprirent rapidement leur place et il la suivit, lui laissant un bon mètre. Quand elle se stoppa, il s'arrêta, tenant sur une prise presque uniquement avec ses bras et notant que, malgré qu'il ait été entraîné, ses bras commençaient à tirer un peu plus que d'habitude. Il lui lança :
"Si ça te tente d'accélérer un peu, j'ai rien contre"
"Ah bah je sais pas, je profitais de la vue."
Rupert nota la pointe d'ironie, sachant qu'il n'y avait qu'un pauvre mur en face d'eux. Nova prit son inspiration et sauta, s'accrochant maladroitement à une prise. Elle appuya ses pieds contre la vitre et reprit l'ascension. Elle débarqua à la fenêtre de Maze après avoir plutôt bien réussit son trajet, n'ayant raté que deux fois certaines prises, envoyant un peu de plâtre sur Rupert. Elle fit un geste de victoire et regarda la fenêtre, fermée.
"Mince, c'est fermé ! C'est un double battant, tu saurais l'ouvrir sans rien casser au possible ?"
Rupert poussa un soupir : Bien sur que ça allait être fermé, cette Guilde avait été partiellement brûlée par des croisés fous, ils allaient pas prendre de risques comme les cambriolages en la rebâtissant. Heureusement, il avait prévu le coup.
"Ouaip, fais moi un peu d'place"
Il monta les quelques mètres restant, soufflant le plâtre sur son visage en reprenant son ascension. Après quelques efforts, il parvint au niveau de la fenêtre, Nova s'étant écartée pour lui faire un peu de place. Il lâcha une main pour tirer deux outils de sa trousse attachée à sa taille. Il en ficha un dans le verrou et manipula doucement l'autre en essayant de crocheter visiblement la fenêtre.
Après deux bonnes minutes à faire ce qu'il pouvait, et réalisant que ce qu'il avait pris pour un verrou était une encoche dans le bois et qu'il n'y en avait pas sur toute la surface de la fenêtre, il râcla doucement sa gorge, rangea minutieusement ses outils et colla une trempe au travers du verre, en recouvrant sa main d'un bandage, ce qui lui évita une vilaine coupure bien malvenue pour le coup.
Le fait était pourtant là, la fenêtre était ouverte, il lâcha, fier de lui :
"Tadaa, on m'appelle pas Magic Fingers pour rien"
"Cool, tu me montreras d'autres tours que tu fais avec tes doigts, hein ?"
Rupert se râcla de plus belle la gorge, toujours aussi gênée de l'innocence que pouvait avoir l'entité. Il lui montra le passage du bras, tout en gardant un sourire gênée, "oui bien sûr, haha..." Elle lui sourit et entra dans le bureau dans un bond silencieux, elle fit le tour de la pièce du regard et en contournant le bureau qui leur fit face, elle s'approcha de la porte à l'autre bout de la pièce et écouta ce qu'il y avait derrière. Elle ferma les yeux pour se concentrer et écouter tous les sons qui parvenaient de l'autre côté. La voie était libre. Elle passa sa main sur la poignée et vit que c'était bien fermé à clef . "Parfait, personne ne viendra nous déranger !"
Nova regarda Rupert entrer, sifflant devant tous les meubles qui contenaient des papiers. Elle se glissa près de lui et demanda : "On commence par quoi ? Nos dossiers ou tous les petits secrets rigolos de la Guilde ?"
Rupert resta pensif quelques instant : Les deux l'intéressaient grandement en vrai.
Il lança : Nos dossiers d'abord, comme ça on pourra "rectifier" ceux des autres ensuite
Ce quoi elle répondit :
- Haha ouais, j'ai trop envie de marquer que Yasmir est une femme !
- Bah... c'est une femme.
- Ha ouais ? Mince, Minuit m'a dit n'importe quoi... (Larah s'apprêta à aller tabasser l'esprit du fatalis pour ça) Bon enfin, euh, voyons... Est-il organisé ?
Elle ouvrit le premier tiroir du bureau et tomba sur deux peintures, une représentant ses enfants, l'autre un wyverien en maillot de bain. Rupert referma le tiroir, en silence, le genre de silence qui voulait tout dire. Ils ouvrirent le deuxième tiroir après une telle découverte, rien ne pourrait les étonner. Ils tombèrent bel et bien sur leurs dossiers. "Ha-ah !" firent-ils en coeur, tirant chacun l'épaisse couche de papiers. Par ordre alphabétique, c'était Drakov qui venait en premier, Nova prit les derniers dossiers pour trouver Larah. Ils arrivèrent finalement à trouver chacun leur papier.
Rupert entama la lecture de son dossier, dans un silence religieux. Il tiqua soudain ;
"Comment ça "Possiblement impliqué dans le narcotrafic régional", je ne vends que des produits de qualité à des clients exigeants, rien de plus !"
Nova était très concentrée. La première chose qui la marqua était qu'elle n'avait pas trouvé le nom de Larah Tian, mais celui d'Eve Talos, qui était possiblement connu par une poignée de gens. " "Pseudonyme : Larah Tian" ?! C'est son nom, bande de voleurs d'identité ! Bon, enfin, ça peut pas être pire... " Elle continua le dossier et vit le mot, tamponné de rouge "Instable".
"- Instable ? Je vois pas pourquoi on dirait ça de nous" sourit Minuit, "Oh tiens regarde, "Dangereux"... ça devient drôle cette histoire. Alors Larah ? Qu'est-ce que cela fait d'être considérée de la sorte par les siens ? Surtout que ça fait plus de 7 ans que tu travailles pour eux maintenant... et ils te voient toujours comme tel. Intéressant, voilà bien les humains.
- Il y a beaucoup d'autres pages, ne désespérons pas, indiqua Nova.
- Ton silence est d'or, Larah, se moqua le dragon."
Mais à mesure où elle tournait les pages, ses sourcils se fronçaient, les différentes quêtes exécutées avaient été détaillé avec beaucoup d'intention, il y avait un fil rouge entre chaque quête, forcément lié à Minuit. Pourquoi Maze avait toujours caché cela ? Nova continua et s'arrêta net quand Minuit et Larah virent tous deux pour la première fois le nom du "Conte".
"Ce n'est pas Comte ? Demanda Nova. Avec un m ?
- Non, répondit Minuit, il y a une raison à pourquoi on l'écrit aussi de la sorte. Marys m'avait dit que c'était parce qu'il était courtier des informations, ils avaient travaillé ensemble et il semblait être toujours capable de prédire la fin de l'histoire de quelqu'un, c'est pour ça qu'on l'a surnommé ainsi, un clin d'oeil à son titre de noblesse.
- Quel genre... de travail ? Demanda timidement Nova qui était pour le coup du côté de Larah qui ignorait totalement de quoi parlait Minuit.
- Ah... On ne te l'a jamais dit, Larah ? Eh bien alors, quel silence. Il faut dire que trouver sa mère dans des affaires aussi sombres que celles dans lesquelles ils étaient coincés... ça ne doit pas être facile à entendre. Assassinats, voles, menaces... Tout le sale boulot que la Guilde refoule. Eh oui fille, ta mère n'était pas une sainte. Peut être la moins bonne de sa lignée..."
Larah restait muette et fermée à eux. Elle fit tourner les pages à Nova qui se concentrait sur les informations sur le Comte ou Conte, à vrai dire, à chaque page son orthographe différente. Mais en fin de compte, les rares informations contenues dans le rapport étaient uniquement les dates de leurs différentes rencontres. "Pensais-tu trouver quelque chose comme son prénom ?" se moqua encore le dragon qui commençait à l'empoisonner réellement. Elle continua de lire à travers Nova puis vint les moments décrivant leur union. Nova s'arrêta alors sur une page et de terribles mots firent leur apparition. "J'ai aujourd'hui désigné l'équipe chargée de s'en occuper si jamais j'en donnais l'ordre. Ils ont tous accepté leur mission sans poser de question, ce dont je les remercie. Le nom de code est "Requiem". C'est ironique, je sais qu'elle adore la musique... Mais elle est devenue trop dangereuse. J'ai désigné une équipe spéciale menée par Muria Vaern, aidée de Keil, Synn et Aria Thomson. Cette dernière étant très hésitante, il ne faut pas trop compter sur elle. Hémildam a refusé d'être impliqué là-dedans, on a du le menacer pour ne pas qu'il révèle tout à sa fille. Je suis désolé de devoir à en arriver là, mais nous ne voulons pas d'un deuxième Crimson..."
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=DGbechPJKBs&index=6&list=PL_DEh3eSNiEwBxAnt3EhxbfFB1uzPvmv3)
Le volcan déversa une énième fois la rage de la terre dans un tonnerre assourdissant. Le ciel lui-même s'était embrasé à cause de sa colère et un orage terrible s'était formé au-dessus. Et non loin de là se mêlait à cette cacophonie des bruits de marteaux qui ne s'étaient jamais arrêtés depuis des mois. Les hurlements d'un Troverien arrivait même à passer par dessus les bruits infernaux. La terre grondait à quelques mètres de lui et sa seule préoccupation était un de ses "ouvriers" qui s'était effondré, épuisé. Un geyser de lave éclaboussa les parois d'obsidienne et quelques personnes en furent surprises et blessés, des hurlements suivirent. Un homme en habit de Guilde normalement rouge, grisé par les cendres, s'avança sur une plate forme qui surplombait un lac de lave et posa une main ferme sur la barrière. Le visage serré par la douleur grandissante en lui, il regarda le flot de magma et d'un geste de l'autre bras, il ordonna qu'on amorce un énorme gong en deux pièces, dont l'une plongeait dans la lave. Deux esclaves soulevèrent d'énormes marteaux et frappèrent ensemble en même temps, propageant une onde extraordinaire sur la première pièce qui ne tarda pas à la transmettre à celle dessous. La surface du lac se remua alors, mais pas uniquement grâce au son. L'homme recula par prudence à mesure que d'énormes remous se formaient à la surface, bien qu'à quatre mètre de haut, il craignait que quelque chose ne lui soit projeté. Il regarda tendu son supérieur en hauteur et se reposa de nouveau son regard sur la lave.
Un son insupportable vint lui secouer les tympans. Les humains savaient vraiment tout inventé et c'était ce qui l'enrageait. Ils les haïssait du plus profond de son être. Il était tombé à cause d'une poignée d'entre eux, des minables qui avaient réussi à le vaincre une seule fois. C'était la première fois qu'il avait vu son propre sang se répandre au sol ce jour-là... Il aurait du se battre jusqu'à la mort, pourtant quand l'occasion s'est présentée, il a fui comme un lâche et il avait honte. Sa honte était comme un poison qui lui pourrissait ses tripes, il en souffrait, à moins que ce n'était cette blessure à l'estomac qui le tiraillait toujours. Il saura protéger son ventre la prochaine fois, plus aucun doute, mais grâce à l'armure qu'on lui avait donné, plus jamais il n'aura à craindre d'un coup aussi bas. Il ne souhaitait qu'une chose, la guerre. Se relever et se battre de nouveau, faire tomber des châteaux et des citadelles. Retrouver le goût du sang qu'il n'avait pas senti depuis des années. Mais cette fois-ci il n'échouerait pas. Des villes allaient tomber. Il le savait. Il remua les jambes et se propulsa au niveau de la surface, l'air "frais", en tout cas, plus frais que la lave, aurait pu lui agresser les narines mais il était tellement habitué à ce climat que ce n'était plus un problème. Il vit l'arrogant petit humain sur son balcon. Il se croyait peut être en sécurité ? Il fit un effort pour lui donner tort. Il tendit le cou hors de la lave et arriva très vite à l'humain, qu'il dépassa ensuite d'encore quelques mètres en hauteur. Il posa sur lui son regard terrible qui aurait paralysé plus d'un monstre, même dragon ancien. Mais l'homme semblait s'être préparé mentalement car il même s'il tremblait de tout son corps et que la sueur de la chaleur s'était mêlée à celle de la peur, il arriva à ne pas tomber en arrière. Les esclaves aux alentours se cachèrent tous en couinant et pleurant. Il sortit une patte hors de la lave et la plaça sur un rocher alentour pour s'extraire de la lave. Il déploya ses ailes et immédiatement, le volcan rugit en fond. L'humain avait bon s'être préparé, il était tétanisé. Mais soudain sa figure de terreur se mua en une grimace de douleur qui lui fit apparaître d'épaisses dents qui n'étaient plus très bien ordonnées. Il se reprit alors et se remit droit, reprenant un visage dur, mais son opposant avait bien vu son état une seconde avant et il ne fut pas tromper par cette nouvelle allure. Au fond de lui, l'humain n'attendait qu'une chose, en finir. Une voix peu assurée arriva tout de même à sortir de sa bouche :
"Nous avons fini la mâchoire, il va falloir qu'on vous la pose si vous voulez sortir une bonne fois pour toute de cet enfer. "
Il ne détourna pas le regard de l'homme. Mais celui-ci baissa les yeux, comme si on l'y avait forcé. La proposition était intéressante, mais il avait déjà tellement souffert aujourd'hui... Ou était-ce hier ? Le temps n'avait plus eu aucune importance dans sa prison naturelle. Mais on pouvait enfin l'en faire sortir. Il leva le regard de l'homme qui reprit immédiatement son souffle et il tourna la tête vers le supérieur de l'humain, mais celui-ci semblait déjà partir, mais lui, d'une démarche assurée. Il savait que celui-ci ne le craignait pas, il avait peut être déjà eu affaire avec des représentants de son espèce, et il savait sans doute comme il était dangereux de tourner le dos à un être aussi puissant. Il fit racler sa gorge et sa poche de feu s'immola immédiatement mais c'était uniquement pour lui rappeler que ses mâchoires qui avaient été mise à vifs ne supporteraient pas son souffle dévastateur. Le feu dans sa gorge se calma mais resta prêt à se déverser. Il regarda de nouveau le petit homme qu'il surmontait si haut que de sa patte avant, il aurait pu le pousser dans la lave en ouvrant seulement son petit doigt. Un bruit de métal le fit lever ses yeux vers l'énorme pièce d'armure en suspension qui s'approchait de lui, tenu par deux énormes grues. L'humain refit sonner sa petite voix : "Vous pourrez déjà vous envoler demain."
Il sortit alors le reste de son corps de la lave et sans même faire gronder sa voix, la terre trembla et l'orage s'intensifia. Le volcan semblait sur le point d'exploser une bonne fois pour toute. Il baissa les yeux, et alors, il fit entendre sa voix à non plus une seule personne comme il avait chuchoté pendant tant de temps, mais tout le chantier pu entendre la voix du désastre : « Les terres brûleront alors...à l'ombre de mes ailes. »
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=TUIRWql7Vic&index=8&list=PLB272AFA2995316EE )
Talf s'était endormi tranquillement et depuis un moment contre un arbre, il ronflait littéralement depuis quelques heures après avoir passé une nuit d'une dizaine d'heure. Il était environ quatre heure de l'après-midi. Ils avaient voyagé toute la journée d'hier pour rentrer au village. Drakov avait alors été emmené chez lui, suivi évidemment de tout le monde pour expliquer la situation. Le soir, Larah et Talf étaient rentrés raconter toute l'histoire à Neilla qui n'y croyait pas un mot. Puis il fallut prévenir beaucoup de monde et au final, ils s'étaient couchés vers 21 heures... Toute la Guilde de Tenmura demandait des informations depuis l'aube. Ils avaient même frappé à 7 heures du matin et Larah s'était chargée de la première vague, mais Talf avait du aider. Mais il s'était désormais échappé et dormait paisiblement, caché loin de tous les problèmes. La sieste, voilà ce qui lui avait manqué. Pourtant, il était loin de se douter qu'un terrible danger approchait... Il tourna sa tête pour mieux se placer et entendit vaguement une branche craquer mais ce n'était pas assez pour le sortir de son sommeil. Quelqu'un vacilla et se retrouva en cochon pendu, le regardant. Il sentit que quelque chose n'allait pas et il ouvrit un oeil. Il se retrouva en face de Larah, toute souriante. Il hurla cependant, s'attendant évidemment qu'elle lui reproche de faire une sieste, ou de s'être enfui et de la laisser seule face aux autorités, ou bien simplement d'avoir mangé la dernière tartine ce matin. Il voulut s'enfuir mais il était pris au piège, instinctivement, il se cacha derrière ses joues en marmonnant des milliers d'excuses. Mais elle resta avec son sourire qui était sinistre pour lui car il le voyait à l'envers. Elle se balança pour retomber devant lui et elle s'accroupit pour le regarder de plus prêt. Il n'avait alors pas remarqué l'oeil rouge qui brillait.
- N... Nova ? Pitié, pas tapé !
- Haha t'es trop drôle comme personne ! Je me demandais ce que Larah te trouvait alors qu'il y a pleins d'autres belles personnes dans ton village mais je pense que c'est pas mal d'avoir quelqu'un comme toi... !
- Euh... merci ?
-... on se sent immédiatement supérieur !
- Hey ! Larah ne m'aime pas pour ça ! se défendit-il.
- Hahaha t'es vraiment drôle, je le sais, j'ai vu tous ses souvenirs et je dois avouer que t'es rigolo quand tu t'y mets... Mais c'est pas drôle de partir comme ça sans rien dire... fit-elle d'un air plus sérieux et se rapprochant bien plus du comportement de Larah.
- Je... Je suis désolé ! Je voulais tellement dormir peinard !
-... alors que t'as trouvé une super cachette ! Cet arbre est trop bien, regarde !
Elle grimpa de nouveau sous le regard abruti ou ébahi, cela dépend du point de vue, de Talf. Il resta cependant assis sans bouger pendant qu'elle se balançait de branches en branches. Elle sauta au sol au bout d'un moment et se précipita près de Talf. Elle se blottit contre lui et regarda autour d'elle, émerveillée. "C'est génial cet endroit. T'as bien fait de m'y emmener." Il ne savait pas quoi dire alors il la regarda du coin de l'oeil en silence. Elle soupira et ferma ses yeux après s'être bien installée. Ils dormirent alors toute l'après-midi.
Mais il fallait tout de même informer les autres des événements qui s'étaient produits et désormais il ne restait que Tana et AlGieba qui ignoraient tout ce qui s'était passé. Enfin, Larah imaginait que Keil s'en moquait complètement, mais elle était loin de s'imaginer sa réaction quand elle annonça qu'un Alatreon s'était échappé. Ils étaient dans le salon de la maison des deux dragons anciens humanoïdes, AlGieba était parti à la collecte et ignorait que Larah était de retour. Tana s'était levée de sa chaise et Keil avait littéralement gelé la table devant lui :
- C'est pas vrai ! S'écria-t-il. Tana, on décampe d'ici !
- ...On ne peut pas.
- On ne peut pas ? Répéta-t-il.
- On ne PEUT pas, insista-t-elle.
Comme ils se passaient un message seulement entre eux, Larah ne comprit pas, Keil prit son visage dans ses mains et marmonna à plusieurs reprises.
- Que savez-vous de l'Alatreon ? Demanda-t-elle.
- Pas grand chose malheureusement, nous n'avons jamais côtoyé d'être aussi puissant et dangereux. Mais on sait une chose, sur lui...
- S'il a été enfermé, alors c'est qu'il était dangereux, compléta Keil.
- Ces portes ont été fabriqué uniquement pour une seule et bonne raison, reprit Tana.
- Tu le sais très bien, tu as toi même découvert la première porte, enchaîna Keil.
- Keil... Tu étais enfermé derrière une de ces portes, comprit Larah.
Elle se souvint de la découverte de la porte lors de la quête contre Rann, le braconnier assassin et etc. Keil, bien sous sa forme de Keilacta cette fois, avait tenté de tous les tuer. Ce genre de chose arrivait. Maintenant, Larah avait enterré la hache de guerre malgré le comportement du dragon. Donc l'Alatreon avait aussi été enfermé car il avait été jugé de dangereux. Jusque là rien d'anormal, elle avait lu un ou deux rapports sur ce dragon ancien et il lui semblait bien qu'elle en avait tiré qu'il était aussi puissant qu'un fatalis enragé, sauf qu'en plus, il possédait plusieurs affinités élémentaires. Écologiquement, ça n'avait aucun sens qu'un dragon ait autant de pouvoirs, mais c'est bien pour cela qu'on les surnommait les demis dieux. Keil et Tana se prirent dans les bras l'un de l'autre. Larah était persuadée que d'une manière ou une autre, ils étaient en train de communiquer car plusieurs émotions passaient sur leur visage. Elle regarda par la fenêtre le centre de recherche des dragons anciens qui avait envoyé déjà plus de 4 messagers depuis la veille. Elle se tourna vers les deux humanoïdes et pour changer de sujet, elle posa son index et majeur droit sur son oeil droit et leur fit : "Au fait, j'ai quelqu'un à vous présenter. "
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=12dRSfqmfiE&list=PLviYFbvSbcNP9bZOqjjuSiKEA4F8HhwtZ )
Le soir même, AlGieba était revenu avec un sac plus grand que lui de composants. Il se dirigea sans essayer de se faire remarquer vers la maison de Keil et Tana. Il marchait en silence, une capuche sur la tête, perdu dans ses pensées. Il avait étudié les plans de l'arme de Larah sans pouvoir comprendre les indications mais il voyait très bien où cela menait. La chasseuse avait eu de la chance de le rencontrer, à moins que ce ne fut l'inverse. Il lui était infiniment reconnaissant de l'avoir secouru mais il n'y avait pas un jour où il ne pensait pas à sa famille et ses amis toujours entre les mains du Trovérien. Il prit le chemin qui menait hors du village vers la maison de Tana et sentit le vent se lever, portant avec lui une drôle de présence. Il s'arrêta presque, le visage concentré et les sourcils froncés. Il sentait quelque chose d'anodin et il ne savait pas si c'était un bon ou mauvais présage. Il continua de marcher et à mesure qu'il avançait, il entendait les murmures de la terre et ralentissait de plus en plus. Il se retourna doucement, baissant sa capuche et serrant plus les lanières de son sac. Le vent souffla et emporta avec lui le mystère, il vit une silhouette se tenir près de lui. La Lune n'était qu'un croissant et n'éclairait pas assez pour qu'il puisse voir de qui il s'agissait, mais il eut le réflexe de prendre la torche que lui avait prêté Tana, qui s'allumait en un coup de silex. Il paraissait calme de visage mais une peur grandissait en lui à mesure qu'il sentait l'aura autour de la personne. Il fit crisser la pierre et le feu prit immédiatement, il la leva vers la personne et alors qu'il s'apprêtait à reculer, il resta immobile, voyant la lumière danser sur le visage de Larah, qui semblait surprise, mais ce qui était vraiment effrayant pour AlGieba était la pupille rouge qui brillait sans l'aide du feu. Ils restèrent sur place un moment avant que le wyvernien n'éteigne sa torche et vérifie que personne n'avait été alarmé sur le mur de Tenmura, mais aucun garde n'avait bougé.
Ce n'était pas Larah, il le sentait. Tana avait expliqué tout en détail à AlGieba. Le village détruit, le Fatalis, Marys, les Lames, l'Oeil et tout autre détail. Quand elle avait fini de raconter tout, elle crut que le wyverien aurait tout nié et aurait dit que c'était de véritables mensonges, mais lorsqu'elle eut fini, il avait joint ses mains et prié pour la chasseuse. Jamais il n'avait fait face à l'Oeil et aujourd'hui, cette nuit, il avait pour la première fois en face de lui à la fois une femme et un Fatalis. Il sentait son aura maléfique autour de l'oeil mais tout cela semblait s'harmoniser et se calmer par autre chose, par des ondes positives émanant de la couronne qu'elle portait. Il aurait du craindre cette pupille fendue et cette sclérotique noire, corrompue, mais il n'en fut pas un instant effrayé. Elle le suivait des yeux sans rien dire, peut être inquiète de sa réaction, peut être avait-elle peur que comme tous les autres il ait peur et la désigne du doigt comme un monstre, mais ce ne fut pas le cas. Il s'inclina. Une vague énorme de reconnaissance renversa la chasseuse, elle sourit faiblement, émue par le geste du wyverien. Il releva les yeux vers elle et se plongea dans les siens, une rare intensité se dégager des yeux du wyverien, elle ne sut vraiment le déchiffrer mais sur l'instant, elle comprit l'effet que cela pouvait faire si elle était à la place de l'homme qui regardait la pupille rouge.
- Merci, fit-elle en wyvernien.
- Longue vie à la Reine, sourit-il. J'ignorais que vous reviendriez aujourd'hui, je m'excuse platement de ne pas avoir été là pour votre retour... A vrai dire, je suis allé chercher de quoi fabriquer de nouveaux outils pour le travail de votre arme. Avez-vous trouvé un codex ?
- Oui, mais ce n'est pas tout...
- Je le sais déjà. Les animaux ont un comportement étrange depuis trois jours, je sais ce que vous avez déterré. Je crains que... l'on ne puisse rien faire que de s'en remettre au sort.
- Ce n'est pas nous qui l'avons fait sortir de sa cage mais un dénommé Jarvis, un croisé Alatreon, manipulé semble-t-il. La Guilde est au courant mais on ne peut rien faire pour le moment, il va falloir attendre, de toute manière, après tout ce temps, l'Alatreon doit être faible, il va lui falloir du temps pour qu'il s'en remette.
- Espérons que toute cette histoire finisse bien.
Ils savaient tous deux que c'était faux.
"Mais... je suis désolée de vous demander ça comme ça... reprit AlGieba, mais n'a-t-il pas quelque chose de changer chez vous ? C'est comme si j'avais affaire à une nouvelle personne... "
Larah sourit en détournant le regard un instant. "Oui, il se peut que vous ayez vu juste..."
Elle ferma les yeux et inspira à fond, se connectant à un Minuit paresseux qui accepta l'union à conditions qu'elle ne lui en demande pas trop, mais jusque là, ce n'était pas prévu. Nova émergea alors, semblant se réveiller d'un long sommeil. Pourtant, elle était sur-excitée quand elle fut appelée. "Je vais pouvoir parler au wyverien que tu admires tant ?" S'écria-t-elle. Larah, gênée, lui laissa les "commandes" en stipulant qu'elle n'avait aucune relation particulière avec lui. Nova parut déçue sur le coup, mais dès que son esprit se connecta au corps de la chasseuse, elle fut de nouveau heureuse. AlGieba sursauta littéralement. Larah avait toujours été sûre d'une chose c'est que les wyveriens avaient des pouvoirs que les humains n'avaient pas, si ce n'était simplement leurs sens qui étaient bien plus développés que ceux d'humains, et pour AlGieba, elle était persuadée qu'il voyait à peu près les mêmes choses que lorsque Larah utilisait l'Union, des auras autour des choses, des sons que personnes d'autres n'entendaient, des goûts inconnus, des odeurs perdues et des vibrations venant des entrailles de la terre. Il fronça les sourcils, inquiet, Nova secoua la tête, retrouvant peu à peu ses sens.
(musique: https://www.youtube.com/watch?v=QVtvPXVysiE )
S'il y avait bien une chose indescriptible, c'était comment Larah vivait cela. C'était comme si elle était détachée de son propre corps. Là où Minuit la forçait à faire des choses ou qu'elle devait lutter pour faire ses propres mouvements, Nova balayait simplement tout ça. Elle prenait littéralement la place de Larah, elle n'était plus maîtresse de son corps à aucun instant. Elle était certes connectée aux pensées de Nova et celle de Minuit par son intermédiaire, mais en aucun cas elle ne pouvait penser à la place de l'entité. Après, évidemment, le caractère de Nova était basé sur celui de ses deux hôtes, donc la chasseuse n'avait pas vraiment à s'en faire de ses réactions, même si parfois elles étaient surprenantes. C'était comme si un être longtemps endormi avait enfin été réveillé et redécouvrait le monde qu'il avait perdu pendant ce coma.
Autre chose d’étonnement fou, c'est que Larah voyait et sentait les mêmes choses que Nova, alors qu'elle était dans son propre corps qui jusque là n'avait jamais eu l'accès à ces sens. Le Comte aurait bien du mal à expliquer cela et c'était pleinement satisfaisant.
AlGieba tendit la main avant de la retirer, comme s'il craignait quelque chose. Il parla dans la langue ancienne :
- Qui es-tu ? Comment es-tu venu ici ? Es-tu un esprit de la terre ?
- J'aimerai le prétendre, haha ! Je suis Novasylis, la Nouvelle Reine. Esprit de la terre, non, je ne crois pas, mais je peux effectivement la sentir. Je suis née de l'esprit de Larah et de Minuit, à vrai dire, je crois que c'est lorsqu'ils ont atteint une harmonie maximale que je suis réellement née. Ravie de faire ta connaissance, Larah pense beaucoup de bien de toi, alors j'espère que ça sera pareil pour moi !
AlGieba ne bougeait plus, il avait la bouche ouverte et ne disait rien. Nova s'inquiéta vite et lui fit signe pour voir s'il bougeait, mais au moment où elle allait le toucher du bout du doigt, il recula d'un coup et la regarda de haut en bas. Il cligna des yeux et se reprit un peu, il tira ses cheveux en arrière pour dégager les mèches qui lui tombaient devant et se tourna vers la Lune, puis vers Nova, il s'enquit de répondre :
- Je crois que les dieux ont décidé de m'offrir un destin fabuleux.
- Huh ? Qu'est-ce que tu entends par là ?
- Je.. je sers une entité tellement ancienne... Vous avez peut être vu naître le monde et vous êtes là, devant moi, un pauvre wyverien esclave jusqu'à hier et aujourd'hui me voilà dans un conte de fée. (Il s'inclina) Je suis désolé de mon mutisme, je ne réalisais pas ce qu'il se passait.
- Calme-toi, sourit Nova, je ne sais pas ce que tu entends par là mais je t'assure que tout va bien se passer.
- Les autres moines m'avaient dit qu'il existait des êtres tels que vous et il était de notre devoir de les former, c'est pour cela que j'ai voué ma vie à servir la nature et les autres, dans l'espoir qu'un jour je puisse rencontrer une telle entité.
"Je crois qu'il te confond avec une sorte d'esprit de sa culture," comprit Minuit, "Je ne sais pas ce qu'il veut dire en disant que d'autres êtres comme toi existe Nova, mais à ta place, j'en profiterai pour lui soutirer tout ce que tu veux... Il m'a l'air assez dévoué..."
- D'autres êtres ? Il existe d'autres personnes liés à des dragons ? s'enquit de demander Nova, orchestrée par les pensées de Larah qui avait happé dès qu'il avait prononcé ces mots.
- Oui. Les esprits prennent parfois pour avatar un être vivant, comme un felyne, un wyvern, un animal ou même des dragons anciens. Malgré tout le respect que je dois à ces derniers, certains prétendent parfois être des esprits alors qu'ils ne sont que ce qu'ils sont. Parfois, ils se contentent de toucher les êtres et alors, on leur voit pousser des merveilles... (Larah fit immédiatement le lien avec la Rathian rose de qui elle tirait le joyau qu'elle portait sur le front. Elle n'avait jamais senti une aussi grande relation avec un monstre à part Minuit et pour Yann, c'était différent.) Je... Je dois avouer que... je ne me suis jamais attendu à trouver la mémoire du monde dans un humain... La plupart n'a pas le respect pour le vivants. J'ai toujours cherché ces êtres dans des animaux et des wyverns, mais jamais au sein d'une communauté humaine.
"Tu es une sorte d'être divin ? Demanda Larah.
- Non, je ne l'ai jamais perçu comme ça, fit Nova, assez amusée.
- Pourtant c'est ce qu'il prétend, fit Minuit, un peu plus réveillé.
- Ne fais pas comme si tu n'en savais rien non plus le dragon ! Siffla Larah, je suis sûre que tu sais très bien de quoi il parle ! Et n'oublie pas que je le lirai, tôt ou tard, dans ton esprit.
- J'ai hâte, sourit Minuit de toutes ses dents."
- Ton peuple vénère des êtres dont on n'est même pas sûr l'existence ? S'étonna Nova.
- N'est-ce pas le cas des humains aussi ? C'est ce que l'on appelle les dieux, répondit-il avec un calme irréprochable.
- Arh, oui excuse-moi, en plus Larah croit aussi en ce genre de chose donc bon, je ne peux pas vraiment me moquer... Hum... Eh bien, je dois faire quelque chose pour toi ?
- C'est à moi de vous aider à t'accomplir sur le plan astral, il faut que votre esprit arrive à percer sa carapace physique.
"-Ça a l'air excitant ! S'écria Nova.
- Pourquoi je sens que ça va mal finir, marmonna Larah.
- Oh c'est pas vrai, je vais avoir encore moins de contrôle, fit Minuit, pince-sans-rire."
- Et comment on fait ça ? Demanda Nova, tout excitée.
- Il suffit de faire de la méditation et un peu d'entraînement physique. Une fois la nouvelle arme forgée, on commencera ceux là, mais pour la méditation, on peut commencer tout de suite, expliqua AlGieba.
- Il se fait tard, tu ne veux pas te reposer ?
- Eh bien, je pense que cela nous sera utile pour bien dormir ce soir.
- Bon, j'imagine que Talf dort déjà de toute manière, donc ça ne doit pas vraiment déranger Larah.
"Tu es devin en plus de ça ? Sourit Larah."
- Alors nous pourrions nous diriger vers l'orée de la zone de chasse la plus proche, en suivant la rivière. La Lune sera notre guide.
- J'adore l'aventure ! rajouta encore Nova, très heureuse de pouvoir gambader encore un peu.
AlGieba était honoré de pouvoir exercer ses fonctions de moine si loin de chez lui et surtout avec Nova. La "séance" ne put durer trop longtemps car en effet, il se faisait tard, mais ils comptaient dormir à la belle étoile, il faisait encore assez chaud pour. Ils arrivèrent en face d'un étang que Larah reconnut immédiatement et qui frappa amèrement Nova. Elle s'approcha de l'eau et se baissa, posant la main sur le sol. Le wyverien remarqua sa tristesse et demanda ce qu'il se passait. Nova lui expliqua en baissant la tête que c'était l'étang où Crimson et elle avait discuté, une fois, quand lui aussi avait décidé de l'entraîner pour combattre Minuit. Sa mort l'avait gravement touché et elle portait désormais son épée au combat, c'est pour ça qu'elle ne voulait pas qu'on y touche sans être un véritable maître-artisan ou un excellent forgeron comme Jagamore. Le wyverien hocha la tête, comprenant alors qu'il aurait une grande responsabilité de l'arme. Nova s'était assise en tailleur et agitait la surface de l'eau de son index. Il s'assit à côté d'elle pour la réconforter sans cependant la toucher un seul moment.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=J7QhIwQVugo)
- Dans mon peuple, nous croyons que l'esprit des morts est forcément en paix, sinon, ils seraient toujours ici, à terminer leur travail de mortel.
- Je ne sais pas, des souvenirs que j'ai de Larah, c'était quelqu'un de très bien qui m'aurait sans doute considéré comme sa sœur. J'aurai aimé le connaître.
- Parfois, certaines choses qui leur appartenaient peuvent encore manifester des signes de leur ancien propriétaire. Si j'arrive à vous déployer sur le monde astral, vous pourrez voir ce genre de choses. Si ce n'est déjà le cas.
- L'esprit des morts ne devrait-il pas rester dans l'au-delà ?
- Ils doivent, mais parfois, certains messages ont besoin de transcender ces états. La mort et la vie se rejoigne toujours dans un cycle infini. Regardez les arbres, ils vivent, ils meurent, ils renaissent et meurent encore. Il en est de même avec chaque chose. Rien ne vit à jamais, alors il en est de même pour la mort.
- ... Comment peux-tu en être sûr ?
- Eh bien, je ne sais pas, ce sont des croyances, il faut bien s'attacher à quelque chose, ne pas rester figer dans un tel monde.
- Les Dragons anciens sont immortels pourtant, fit remarquer Nova, un sourire en coin.
- Ils vivent dans leur état physique plus longtemps que nous car se sont de puissants êtres, mais un jour où l'autre, ils rendront leur dernier souffle et renaîtront. Mais il ne faut pas oublier que ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît.
- Tu es passionnant comme personne.
- Merci, ça me touche.
- Mais comment tu expliques les étoiles ? Elles sont là depuis la nuit des temps, et elle ne bougent pas vraiment de place si l'on ne considère pas les saisons...
- Hmm, les étoiles sont tout autre chose et c'est quelque chose de très long à raconter, c'est un conte qu'on se transmet de génération en génération, mais je prendrais un jour le temps de vous raconter cela dans l'endroit où il faut le conter.
- Pourquoi pas ici ? Devant un tout petit étang avec la Lune qui cache pas mal leur lumière ? Ça me parait être pas trop mal, ricana Nova, se rendant compte du sérieux d'AlGieba qui sourit suite à sa remarque. Mais soit, alors, un jour, tu m'emmèneras là où il faut et tu raconteras toute l'histoire, même si tu dois rester debout toute la nuit.
- Vos désirs sont des ordres. Peut-on commencer la séance qui s'annonce déjà très courte ?
- Avec plaisir.
- Je vais donc vous expliquez les principes fondamentaux que je vais essayer de vous enseigner. Votre esprit est coincé dans une carapace physique comme je l'ai dit plutôt. Le but de notre enseignement est d'arriver à se libérer de cela et de se projeter au-delà des barrières physiques. Nous cherchons à nous détacher de notre corps mortel. Lorsque nous mourrons, notre esprit revient à la vie une nouvelle fois par la renaissance et oublie tout de sa vie antérieure, c'est l'ignorance qui reprend la main et cause encore la souffrance. L'ignorance est un des poisons de notre vie, il en est de même de l'avidité et de la colère. Ces 3 poisons peuvent être combattu et évité en connaissant les vérités propre à notre enseignement. Les voici : Toute vie implique souffrance, l'origine des souffrances vient du désir et des attachements, la fin des souffrances est possible et le chemin qui y mène est celui du Noble Chemin.
- Comment prendre le Noble Chemin ? Demanda Nova, aspirée par les paroles du wyverien.
- Il faut respecter les huit membres de ce chemin. Il y a la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, le mode de vie juste, l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste. Je vais vous expliquer chacun des huit... La compréhension juste découle de la vision juste, il faut comprendre les vérités dans leur sens physique et morale...
Quand bien même ils avaient prévu que la séance ne dure que très peu de temps, ils restèrent éveillés toute la nuit et Nova absorbait et retenait les paroles avec une telle aisance que Larah pensait que ce trait venait sûrement de Minuit plus que d'elle, malgré que le dragon ait de gros défauts de mémoire, il était sûrement plus en mesure de boire les paroles et de les apprendre. Selon certains wyveriens, les dragons anciens étaient autre fois ami des hommes et s'intéressaient énormément à leurs travaux. Encore une fois, selon une légende, un dragon aurait lu entièrement la bibliothèque d'un des rois et l'aurait aidé pour le restant de sa vie à gouverner sagement. En tout cas, Minuit était loin d'être un bon conseiller et s'il advenait qu'un jour Larah gouverne quoique ce soit, elle n'aurait jamais fait confiance à ce dragon.
Si l'esprit de Nova n'était pas du tout fatigué par une nuit entière d'enseignement spirituel, le corps de Larah commençait à l'être. Il en était de même pour AlGieba qui commençait à avoir du mal à garder les yeux ouverts malgré sa volonté. Alors qu'il laissa Nova méditer sur ses paroles, il s'endormit, submergé par la fatigue de sa collecte et de la nuit passée à faire passer ses préceptes. Nova termina sa méditation avec un sentiment de sagesse plus élevée. Minuit s'en moquait complètement mais Larah avait pris plaisir à entendre et voir toutes ces notions. L'aube se levait sur les arbres et éclairait la vallée où Tenmura se réveillait à peine. La chasseuse pensa alors qu'elle allait devoir tenir la journée entière sans dormir trop longtemps et ça la fatiguait déjà. Nova se leva et se dirigea vers AlGieba.
"Je le réveille ? Demanda-t-elle.
- Peut on enfin envisager de dormir ? s'enquit de demander Minuit.
- Hum, je ne sais pas, répondit Larah. Au cas où tu n'es pas remarqué...
- Il ne m'a pas touchée une seule fois, compléta Nova.
- Bon bah je vois que l'union est toujours pratique, dit la chasseuse en haussant les épaules, convaincue que sur le coup, sa capacité d'analyse ne servait à rien.
- Ne sois pas déçue, fit Nova, sentant les émotions de la chasseuse. C'est normal que j'ai tes atouts et ceux de Minuit, mais surtout les tiens (l'humour était à Larah sans aucun doute).... c'est comme ça que je suis née.
- Certes.
- Les filles, pouvons-nous nous décider et me laisser partir dormir ?
- Ah j'ai une idée ! Firent en cœur les deux autres qui se regardèrent gênées.
- Hum, bah, allez, faisons ça donc... vu qu'on a eu la même idée... commenta Larah. Minuit, tu vas pouvoir aller dormir !
- A la bonne heure ! S'écria-t-il en baillant. Bonne nuit... ou bonne journée, je ne sais plus...
- Nova, hum... bien, à bientôt j'imagine ?
- Je ne suis jamais trop loin Larah, tu le sais. Si tu ne tiens pas la journée, je prendrai la relève, ne t'en fais pas.
- Bien sûr... j'ai bien compris."
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=xM7XhmNBYzU )
Lorsque Minuit s'effaça de l'esprit de Larah, Nova fit de même. Elle se retrouva de nouveau seule avec un AlGieba qui dormait. Si elles avaient pris la décision de se séparer c'était uniquement parce qu'elles avaient compris que le wyverien ne toucherait pas Nova quand elle serait là, mais il avait déjà touché Larah sans être gêné par ses croyances, donc c'était la chasseuse qui allait le ramener au village sur son dos. Parfait, elle était déjà exténuée physiquement et elle allait devoir porter une personne plus grande qu'elle jusqu'au manoir de Keil et Tana. Elle mit AlGieba sur son dos qui était toujours étonnamment léger et commença à le ramener au village.
Les jours passèrent et Nova apprit de mieux en mieux la religion d'AlGieba. Les idéaux en lequel il croyait étaient nobles, elle appréciait énormément la manière dont il considérait la vie, comme un joyau à protéger. Le problème que craignait Larah était qu'un jour où l'autre, ces notions allaient faire face à son métier de chasseuse, et même si elle avait une grande estime pour le vivant, elle se devait de protéger les siens en chassant les monstres qui nuisaient à leurs vies. Nova le savait aussi et lui promit que cela ne nuirait en rien à la chasse car elle comprenait aussi bien la religion d'AlGieba que le besoin de Larah a exercé son métier. Le wyverien ne posa pas son opinion sur le sujet et c'était très bien ainsi. Les séances se succédèrent et avaient lieu en fin d'après-midi, quand Larah avait fini de faire tout ce qu'elle avait à faire. La plupart du temps, elle aidait le poste de recherche des dragons anciens pour trouver l'Alatreon, mais celui-ci était introuvable. Drakov était aussi au centre des priorités et très souvent, avec Talf, ils partaient en quête de collecte de baie soins pour son traitement, ils étaient très inquiets... Mais les deux chasseurs savaient que le colosse s'en remettrait, c'était un dur à cuir ! En parlant de Talf, Larah le trouvait parfois bizarre, comme s'il avait des sauts d'humeur causé par Laft mais il ne s'en rendait pas compte. "Je sais pas, tu dois voir double à cause de ta deuxième personnalité", ricanait-il. Et Larah lui répondait toujours en lui mettant la tête au sol, elle détestait l'idée que Nova était une personnalité, si elle voulait une chose plus que tout au monde, c'est d'avoir un esprit sain, et pour le coup, la reine avait un peu terni cet idéal... Mais tout de même, elle prétendait ne pas être folle et cela faisait beaucoup rire son petit ami. Elle savait pertinemment que c'est ce qu'allait penser le Comte. D'ailleurs, ce dernier se faisait discret selon Elim qui n'avait pas entendu parler de lui depuis un moment. Elim qui s'occupait tous les jours de Ryu qui avait enfin été opéré et se remettait doucement de sa colonne qui avait failli se briser. Larah n'était pas souvent passer le voir car elle avait eu très peur de le voir en chaise roulante, chose qu'elle ne supporterait pas.
Elle laissait parfois Nova se promenait en ville, c'était très amusant de la voir évoluer. Elle était très curieuse et amicale avec tout le monde, mais par obligation, elle gardait son oeil droit caché et prétendait d'être Larah pour les habitants qui ignoraient pas mal de chose sur le Fatalis caché dans sa pupille. Les gens pensaient alors que la jeune femme était dans une joie assez rare et la plupart lui répondait. Elle s'amusait même parfois avec les enfants. Ce qui était complètement suspect car d'habitude, la chasseuse avait du mal à interagir avec les enfants. Rupert qui se promenait (ou s'était encore une fois perdu) sur le port aperçut alors la chasseuse. Il s'arrêta sur place, les sourcils froncés. Il voyait bien ce qu'il voyait. Larah, en train de jouer à chat perché. Avec une gosse de 12 ou 13 ans. Il cligna des yeux et fit le compte des "produits" qu'il avait consommé avant de venir, mais il était clean. Il était tout de même curieux de savoir ce qu'il se passait dans la tête de la jeune femme. Il arriva à leur portée et Larah sautait de poteau en poteau au dessus de l'eau avec une telle agilité que ça en était surprenant. Rupert faillit tomber à l'eau de surprise quand elle arriva vers lui et le toucha de la main qui le repoussa très facilement. "C'est toi le chat !" cria-t-elle. Il resta sur place une seconde puis, sans quitter Larah des yeux, se dirigea vers la petite Lydia et lui toucha le bras en répétant les mots de la chasseuse, puis il sauta aussi sur un poteau et la petite fille regarda les deux chasseurs perchés au dessus de l'eau et un sentiment de défaite la conquit. Elle s'écria "Z'est pas zuzte !" et partit en courant vers le port. Rupert haussa les sourcils et eut un sourire en quoi quand il vit qu'elle souleva son bandeau masquant son oeil :
- Je m'en doutais très chère que le dragon t'avait rendu folle. N'aie crainte, on va rentrer à la maison se détendre sur de douces herbes que j'ai cueilli à l'aube, la rosée du matin encore brillante. (ils avaient pris pour habitude de parler avec un langage à peine plus soutenu quand ils avaient leur petit commerce à faire, mais cela faisait longtemps que Larah ne traînait plus son nez dans ces choses là, au grand damne de Rupert.)
- (Nova eut un petit rire amusé et répondit : ) Mon cher, je prétends être saine d'esprit... mais peut être pas l'esprit dont tu as connaissance.
- Quoi ?
- C'est toi le chat ! Cria-t-elle.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=QOlSpz9kH5c )
Elle fit un bon en arrière impressionnant et se tourna en glissant les pieds, avant de se jeter dans le vide et s'accrocher au premier poteau qui sortait de l'eau pour amarrer les bateaux. Rupert fut pris de surprise mais ne voulait pas se laisser faire. Il sauta à son tour et tenta de la rattraper, mais il fallait avouer qu'elle allait très vite. Elle bondissait de poteau en poteau avec une telle facilité, il n'était pas sûr que de base Larah eut été si agile. Il avait pour réflexe d'activer ses gènes pour s'aider mais il ne put pas. Il s'en mordit les lèvres au moment où il bondit de nouveau vers une barque un peu plus loin où était Nova. Il l'atteignit par chance et par son poids, la barque se pencha en arrière. Nova toujours dessus escalada immédiatement la partie relevée et se retrouva sur le bords avant de bondir vers un bateau amarré. Rupert attendit que sa plate-forme retrouve son équilibre et sauta vers les cordages qui pendaient. Nova était à quelques décimètres. Il tendit le bras pour l'atteindre mais elle sauta à une autre corde qui tomba légèrement. Elle se retrouva pratiquement à la surface de l'eau, toujours accrochée. Elle se mit alors à grimper à la corde. L'ex-croisé fit la moue, c'était assez physique et il avait comme qui dirait "la flemme". Mais il se prit au jeu et monta au bateau. Il arriva sur le pont et vit que Nova était déjà dans les cordages supérieurs et se balançait vers la voile principale. Les pêcheurs se tournèrent vers eux surpris mais les reconnurent vite, ils restèrent à les regarder pendant que Nova reprenait son souffle sur le mat. Ce dernier était escaladé par Rupert à une vitesse assez folle. Il grimpait et grimpait encore, sans s'arrêter. "Il est coriace", ricana Nova. Larah leva les yeux au ciel en voyant qu'elle parlait de Rupert. "Bien sûr qu'il l'est."
L'ex-croisé sauta sur le mat et regarda sa proie se lancer dans le vide, tenant la corde comme une liane qu'elle lâcha quand elle arriva vers le port, effectuant une roulade pour perdre de la vitesse quand elle toucha le sol. Rupert vit une corde qui l'attendait aussi. Il la prit et hésita à la suivre. Il évalua que de toute manière, on ne vivait qu'une fois. Il s'élança dans le vide et fut arrivé plus vite qu'il ne le crut, il lâcha un cri quand il "atterrit" au sol avec fracas. Nova qui avait repris sa course se tourna vers lui et s'approcha immédiatement quand elle vit qu'il ne bougeait plus. Elle se baissa et regarda s'il était blessé mais d'un mouvement circulaire de jambe, il fut debout et poussa celle qui était désormais le chat au sol. Il rigola à gorge déployée, ne voyant pas à quel point ses bras et genoux étaient écorchés. Il se dirigea vers les rues de la ville en courant. Nova se releva d'un culbuté sauté et se mit à sprinter. Rupert courait à une vitesse supérieure à la moyenne et ses blessures ne l'empêchaient pas d'être rapide. Il esquivait les gens avec facilité et même s'il les laissait lui crier dessus après, il se disait que Larah était derrière et les ferait crier de plus belle, donc il n'avait pas besoin de s'excuser. D'ailleurs elle arrivait, et plutôt vite ! Il regarda du coin de l'oeil la chasseuse qui était passée... par les toits ? Les cabanes à l'orée du port était basse car elle servait d’entrepôts. Il dérapa au sol et se jeta vers les ruelles plus hautes qui l'obligeraient à descendre et il vit juste. Elle sauta au sol... son saut dura un certain temps et il avait eu la vive impression qu'elle avait imité un mouvement d'aile avec ses bras, ou alors, elle s'était donné un meilleur équilibre, il ne savait pas. Nova décolla du sol encore plus rapidement. Les gens virent alors une énorme trace de pied au sol, là où elle était passée.
Rupert la vit derrière elle et il se mit à renverser des caisses et autres choses qui lui passaient sous la main. Nova sauta les premiers obstacles puis sur la fin, quand elle fut à seulement deux mètres, elle profita de l'espace minuscule entre les murs pour courir dessus, seulement le temps de poser un pied et d'utiliser un mur pour rebondir sur l'autre. Mais elle put prendre de la hauteur et elle plongea, le bras droit tendu avec au bout, une poignée de fer prête à attraper le malheureux Rupert qui s'écria en la voyant bondir de mur en mur et il sauta au sol dans une esquive magistrale qui la fit passer par dessus. Elle plongea vers le sol et se mit à rouler dans la poussière, mais ce ne fut que très peu de temps, l'ex-croisé se relevant à peine, elle courut vers lui et bondit, le plaquant au sol et le bloquant avec ses genoux. Les deux pantelants, Rupert lâcha un rire assez cassé par sa respiration. Nova se releva et se laissa tomber sur les fesses, reprenant son souffle aussi.
- Haha, tu cours vite, arriva-t-elle à articuler. Et tes cris sont très drôles. "Ahhhh" hahaha !
- Ouais bah c'est clair que courir avec un ninja assassin au trousse, je trouve ça pas drôle ! D'où tu sais faire ça ? Qui t'a appris ? Drakov ? Nah, Amélie ? Possible. Pas Aria, elle soulèverait à peine sa robe pour marcher... Crimson ! Ouais c'est sûrement Crimson !
"Crimson ? Il se fout de moi ? Rugit Minuit dans la tête de Larah. Ça vient de moi ça, Nova a des réflexes de dragon.
- Oui d'ailleurs c'est complètement stupide, intervint Larah, pourquoi agiter les bras alors qu'on a pas d'ailes ?!
- Ah bah ça, fallait choisir d'être maudite par un genpreys si tu voulais sauter partout et paralyser les gens au sol. Trop sensuel à mon goût cette pause.
- Non mais je rêve ! J'ai à peine pensé à cette attaque moi ! Se justifia la chasseuse. Tu joues un peu trop avec ça mon petit Minuit, et tu me le payeras...
- Oh mais je te rappelle que les volontés de Nova sont le fruit de nos pensées, donc j'y peux rien si t'as des tendances, disons....
- Arrêtez tous les deux ! Si vous continuez, ça va faire comme les autres fois, l'Union va s'arrêter, les stoppa Nova.
- C'est pas dommage, reprit Minuit, cette peste m'utilise comme si j'étais un câble qu'on branche et débranche à volonté !
- Un quoi ? s'arrêta Larah.
- Et en plus ça ne sait pas casser le quatrième mur ! s'énerva le dragon.
- Et là, stop ! Je m'amuse bien, ça veut dire que vous aussi, alors faîtes la paix, encore une fois, coupa Nova.
- Pour la millième fois, soupira Minuit. "
- Uh... je dirai pas Crimson, mais c'est vrai qu'il a eu une part des choses... Disons que pour les murs je dirai plutôt Minuit... Ou Larah... oups, j'en ai trop dit, ricana Nova.
- Euh ? Je me disais bien que t'étais pas dans ton état normal... s'étonna Rupert. C'est quoi cette histoire encore ?
Elle lui expliqua à peu près toute l'histoire dans ses grandes lignes et alors que Rupert comprenait, il s'écria : "Ah ouais! Donc Larah a bien plusieurs personnalités ! Comme Talf ! Comme quoi, qui se ressemble s'assemble, heh !" Mais Nova le secoua volontairement car ni Minuit ni Larah ne se considérait de la sorte.
Les jours jours qui suivirent, ils passèrent leurs journées à magouiller quelques coups. Mais rien de bien méchant, ils testaient les aptitudes physiques de l'un et l'autre en lute, parcours et course. Mais privé de ses gènes, l'ancien croisé perdait souvent, mais il gardait la tête haute et pour tout dire, ils s'amusaient vraiment tous les deux. Un jour, Rupert proposa à Nova d'aller fouiner dans les affaires de Maze qui les regardait du haut de son bureau quand ils jouaient sous sa fenêtre et leur criait d'aller ailleurs. "Et puis comme ça, on saura ce qu'il fait, toutes ces journées, enfermé dans un bureau." Nova haussa les épaules, Larah se laissa convaincre par Minuit qui la tentait terriblement. "Nous pourrons voir ce qu'il pense de nous et crois-moi... on risque d'être surpris." La chasseuse se laissa convaincre et Nova hocha la tête en guise de réponse. Rupert se frotta les mains et lui donna rendez vous le soir.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=EnFc7D0ZoCc )
Comme tout bons voleurs, ils décidèrent d'entrer par une fenêtre. Nova regarda s'il n'y avait personne aux alentours pendant que Rupert cherchait une issue. Ils virent rapidement un passage où l'escalade était requise. Soit ils sautaient d'un bâtiment en face qui était moins haut, soit ils devaient passer par le mur où certaines briques dépassaient. Nova regarda le mur d'escalade : ça me parait pas trop mal par ici, en tout cas pour moi." Rupert, s'étirant les jambes : Allez, j'ai pas eu trop l'occasion de bouger ces temps ci mais un petit mur comme celui là me posera pas de problèmes. Nova lui répondit par un petit sourire et s'élança sur le mur, agile comme un chat, grimpant sans difficulté et arrivant bientôt à la première fenêtre, fermée. Ils ne voulaient pas entrer en fracas, donc ils devraient monter jusqu'au deuxième étage, directement dans le bureau de Maze. La fille regarda en bas pour voir si Rupert suivait. Il la vit partir et lui laissa quelques mètre d'avances, ça faisait certes longtemps qu'il ne s'était pas réellement dépensé, mais ses anciens réflexes reprirent rapidement leur place et il la suivit, lui laissant un bon mètre. Quand elle se stoppa, il s'arrêta, tenant sur une prise presque uniquement avec ses bras et notant que, malgré qu'il ait été entraîné, ses bras commençaient à tirer un peu plus que d'habitude. Il lui lança :
"Si ça te tente d'accélérer un peu, j'ai rien contre"
"Ah bah je sais pas, je profitais de la vue."
Rupert nota la pointe d'ironie, sachant qu'il n'y avait qu'un pauvre mur en face d'eux. Nova prit son inspiration et sauta, s'accrochant maladroitement à une prise. Elle appuya ses pieds contre la vitre et reprit l'ascension. Elle débarqua à la fenêtre de Maze après avoir plutôt bien réussit son trajet, n'ayant raté que deux fois certaines prises, envoyant un peu de plâtre sur Rupert. Elle fit un geste de victoire et regarda la fenêtre, fermée.
"Mince, c'est fermé ! C'est un double battant, tu saurais l'ouvrir sans rien casser au possible ?"
Rupert poussa un soupir : Bien sur que ça allait être fermé, cette Guilde avait été partiellement brûlée par des croisés fous, ils allaient pas prendre de risques comme les cambriolages en la rebâtissant. Heureusement, il avait prévu le coup.
"Ouaip, fais moi un peu d'place"
Il monta les quelques mètres restant, soufflant le plâtre sur son visage en reprenant son ascension. Après quelques efforts, il parvint au niveau de la fenêtre, Nova s'étant écartée pour lui faire un peu de place. Il lâcha une main pour tirer deux outils de sa trousse attachée à sa taille. Il en ficha un dans le verrou et manipula doucement l'autre en essayant de crocheter visiblement la fenêtre.
Après deux bonnes minutes à faire ce qu'il pouvait, et réalisant que ce qu'il avait pris pour un verrou était une encoche dans le bois et qu'il n'y en avait pas sur toute la surface de la fenêtre, il râcla doucement sa gorge, rangea minutieusement ses outils et colla une trempe au travers du verre, en recouvrant sa main d'un bandage, ce qui lui évita une vilaine coupure bien malvenue pour le coup.
Le fait était pourtant là, la fenêtre était ouverte, il lâcha, fier de lui :
"Tadaa, on m'appelle pas Magic Fingers pour rien"
"Cool, tu me montreras d'autres tours que tu fais avec tes doigts, hein ?"
Rupert se râcla de plus belle la gorge, toujours aussi gênée de l'innocence que pouvait avoir l'entité. Il lui montra le passage du bras, tout en gardant un sourire gênée, "oui bien sûr, haha..." Elle lui sourit et entra dans le bureau dans un bond silencieux, elle fit le tour de la pièce du regard et en contournant le bureau qui leur fit face, elle s'approcha de la porte à l'autre bout de la pièce et écouta ce qu'il y avait derrière. Elle ferma les yeux pour se concentrer et écouter tous les sons qui parvenaient de l'autre côté. La voie était libre. Elle passa sa main sur la poignée et vit que c'était bien fermé à clef . "Parfait, personne ne viendra nous déranger !"
Nova regarda Rupert entrer, sifflant devant tous les meubles qui contenaient des papiers. Elle se glissa près de lui et demanda : "On commence par quoi ? Nos dossiers ou tous les petits secrets rigolos de la Guilde ?"
Rupert resta pensif quelques instant : Les deux l'intéressaient grandement en vrai.
Il lança : Nos dossiers d'abord, comme ça on pourra "rectifier" ceux des autres ensuite
Ce quoi elle répondit :
- Haha ouais, j'ai trop envie de marquer que Yasmir est une femme !
- Bah... c'est une femme.
- Ha ouais ? Mince, Minuit m'a dit n'importe quoi... (Larah s'apprêta à aller tabasser l'esprit du fatalis pour ça) Bon enfin, euh, voyons... Est-il organisé ?
Elle ouvrit le premier tiroir du bureau et tomba sur deux peintures, une représentant ses enfants, l'autre un wyverien en maillot de bain. Rupert referma le tiroir, en silence, le genre de silence qui voulait tout dire. Ils ouvrirent le deuxième tiroir après une telle découverte, rien ne pourrait les étonner. Ils tombèrent bel et bien sur leurs dossiers. "Ha-ah !" firent-ils en coeur, tirant chacun l'épaisse couche de papiers. Par ordre alphabétique, c'était Drakov qui venait en premier, Nova prit les derniers dossiers pour trouver Larah. Ils arrivèrent finalement à trouver chacun leur papier.
Rupert entama la lecture de son dossier, dans un silence religieux. Il tiqua soudain ;
"Comment ça "Possiblement impliqué dans le narcotrafic régional", je ne vends que des produits de qualité à des clients exigeants, rien de plus !"
Nova était très concentrée. La première chose qui la marqua était qu'elle n'avait pas trouvé le nom de Larah Tian, mais celui d'Eve Talos, qui était possiblement connu par une poignée de gens. " "Pseudonyme : Larah Tian" ?! C'est son nom, bande de voleurs d'identité ! Bon, enfin, ça peut pas être pire... " Elle continua le dossier et vit le mot, tamponné de rouge "Instable".
"- Instable ? Je vois pas pourquoi on dirait ça de nous" sourit Minuit, "Oh tiens regarde, "Dangereux"... ça devient drôle cette histoire. Alors Larah ? Qu'est-ce que cela fait d'être considérée de la sorte par les siens ? Surtout que ça fait plus de 7 ans que tu travailles pour eux maintenant... et ils te voient toujours comme tel. Intéressant, voilà bien les humains.
- Il y a beaucoup d'autres pages, ne désespérons pas, indiqua Nova.
- Ton silence est d'or, Larah, se moqua le dragon."
Mais à mesure où elle tournait les pages, ses sourcils se fronçaient, les différentes quêtes exécutées avaient été détaillé avec beaucoup d'intention, il y avait un fil rouge entre chaque quête, forcément lié à Minuit. Pourquoi Maze avait toujours caché cela ? Nova continua et s'arrêta net quand Minuit et Larah virent tous deux pour la première fois le nom du "Conte".
"Ce n'est pas Comte ? Demanda Nova. Avec un m ?
- Non, répondit Minuit, il y a une raison à pourquoi on l'écrit aussi de la sorte. Marys m'avait dit que c'était parce qu'il était courtier des informations, ils avaient travaillé ensemble et il semblait être toujours capable de prédire la fin de l'histoire de quelqu'un, c'est pour ça qu'on l'a surnommé ainsi, un clin d'oeil à son titre de noblesse.
- Quel genre... de travail ? Demanda timidement Nova qui était pour le coup du côté de Larah qui ignorait totalement de quoi parlait Minuit.
- Ah... On ne te l'a jamais dit, Larah ? Eh bien alors, quel silence. Il faut dire que trouver sa mère dans des affaires aussi sombres que celles dans lesquelles ils étaient coincés... ça ne doit pas être facile à entendre. Assassinats, voles, menaces... Tout le sale boulot que la Guilde refoule. Eh oui fille, ta mère n'était pas une sainte. Peut être la moins bonne de sa lignée..."
Larah restait muette et fermée à eux. Elle fit tourner les pages à Nova qui se concentrait sur les informations sur le Comte ou Conte, à vrai dire, à chaque page son orthographe différente. Mais en fin de compte, les rares informations contenues dans le rapport étaient uniquement les dates de leurs différentes rencontres. "Pensais-tu trouver quelque chose comme son prénom ?" se moqua encore le dragon qui commençait à l'empoisonner réellement. Elle continua de lire à travers Nova puis vint les moments décrivant leur union. Nova s'arrêta alors sur une page et de terribles mots firent leur apparition. "J'ai aujourd'hui désigné l'équipe chargée de s'en occuper si jamais j'en donnais l'ordre. Ils ont tous accepté leur mission sans poser de question, ce dont je les remercie. Le nom de code est "Requiem". C'est ironique, je sais qu'elle adore la musique... Mais elle est devenue trop dangereuse. J'ai désigné une équipe spéciale menée par Muria Vaern, aidée de Keil, Synn et Aria Thomson. Cette dernière étant très hésitante, il ne faut pas trop compter sur elle. Hémildam a refusé d'être impliqué là-dedans, on a du le menacer pour ne pas qu'il révèle tout à sa fille. Je suis désolé de devoir à en arriver là, mais nous ne voulons pas d'un deuxième Crimson..."
Re: Le Village et ses alentours
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=i6OtF7daIPM )
Nova lâcha le rapport en même temps que de reculer brutalement, renversant la chaise et beaucoup de papiers qui étaient sur le bureau. Rupert se tourna, alerté, ils entendirent alors du bruit venant d'en bas, sûrement les gardes nocturnes. Rupert s'élança sur Nova qui restait bloquée, regardant le rapport terrible. "Larah Tian se fera alors exécuter en silence." Une crise interne terrible faisait rage, entre Minuit qui brûlait d'envie de réduire l'endroit en cendre et Larah dont la confiance avait été éventré. Rupert voyant qu'elle ne réagissait pas regarda la page qu'elle scrutait, un cri bloqué au fond de sa gorge. Il souleva le papier et lut rapidement, il se leva aussitôt, aussi choqué qu'elle. Il n'avait pas eu le temps de regarder les rapports des autres, mais c'était sûrement la même chose, partout, une équipe qui devait les regarder s'entraîner, les surveiller en quête, toujours là, tapis dans les ombres et étudiant leur style de combat à chacun. Et s'il fallait, si Maze donnait l'ordre, alors on les exécuterait ? Par réflexe qui s'avéra excellent sur le coup, il arracha le tiroir et le jeta dans la pièce, tous les rapports furent éparpillés et personne n'aurait pu dire ce que les deux voleurs cherchaient. Il renversa la bouteille d'encre sur le bureau et regarda la lumière se reflétait dessus à mesure que le liquide noire se répandait au sol. Il tira la manche de Nova qui revint à elle, les deux yeux brillants littéralement dans le noir, une ombre sur le visage, elle tourna ses iris vers lui et il hocha la tête, le regard sombre, une ligne dure formant sa bouche. Il mit sa capuche et entendit les bruits de pas dehors, ils essayaient d'enfoncer la porte. Nova l'imita, la cape sur les épaules. Il sauta de la fenêtre sur le toit adjacent. Elle fit de même. Alors que la porte éclatait derrière eux et que les gardes hurlaient, ils étaient sur les toits, courant sur les tuiles glissantes par l'humidité de la nuit. Leurs vêtements claquant avec le vent, ils sautaient de maisons en maisons, exécutant toujours plus de bonds incroyables. Ils entendirent que les gardes avaient lâché des bullfangos qui les suivait depuis le sol, leur odorat excellent les traçant. Ils se dirigeaient vers les docs, dans l'eau, on ne les retrouverait pas.
Rupert sauta au sol et roula pour amortir sa chute, il vit alors les bullfangos juste là, le chargeant, il se mit à courir et Nova atterrit juste derrière, elle se tourna vers eux et perça leur esprit de son regard. Les animaux se stoppèrent en roulant au sol, puis en prenant leurs jambes à leur cou. Rupert l'appela et elle se remit en chemin après avoir vérifié que les deux poursuivants soient bien partis, mais elle vit surtout que les gardes se firent renverser par leurs propres bêtes. Ils se mirent à hurler et durent les abattre. Nova se retourna vers son ami et courut au bout d'un ponton où elle plongea avec lui dans l'eau gelée et ils s'échappèrent dans la nuit. Minuit ajoutant "Maintenant c'est pour ça qu'on t'appelle Novasilys, la Nouvelle Reine..."
Ils firent brûler leurs capes et capuches sur la berge bien plus loin. Ils en étaient convenus de ne pas en reparler aux autres de si tôt. Même si une discussion avec Maze s'imposait, ils savaient que ça n'aurait pas d'intérêt d'aller lui en parler, il donnerait l'ordre d'exécution et c'était tout. En silence ils écoutèrent le feu qui crépitait et laissèrent leurs activités de filous de côté pour le moment. Il était temps de reprendre l'entraînement en secret pour Nova et Rupert... à ses affaires...
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=HrlJpkmhRlo )
Le lendemain matin, Larah décida d'aller rendre visite à Drakov, toujours à l'hôpital. Rupert lui avait dit que le cher croisé avait été violent de nouveau et qu'Abygaël avait du s'en occuper personnellement. Connaissant l'état de son ami, elle enfila ses gants de chasseuses avant de partir. Elle monta à l'hôpital où sa soeur faisait désormais partie intégrante des infirmières. Elle ne la croisa pas pendant sa visite mais encore une fois, devant la salle de Drakov, des savants se penchaient pour voir, Abygaël se tenait au pas de la porte et les repoussait dès qu'ils essayaient d'entrer. "Les visites sont terminées pour aujourd'hui, allez vous en !" Deux savants hochèrent la tête en même temps et alors qu'ils reculaient doucement, l'un des deux se jeta sur Abygaël qui fut prit de surprise et le stoppa mais le deuxième put alors passer et tous les autres savants se retournèrent. Le père du croisé comprit alors que ça allait être terrible. Larah arriva à quelques mètres et vit l'homme avoir du mal à les repousser, trois en tout passèrent. La chasseuse arriva, tira par le col deux scientifiques un peu trop violent et les tira tellement fort qu'ils lâchèrent des cris surpris alors qu'ils décollaient du sol et furent envoyés voler plus loin. Alors que les autres prirent leurs jambes à leur cou, les trois intrus se penchaient et examiner de près, trop près le croisé qui se réveilla. Et malgré ses liens, il arriva à se tirer assez pour coller un coup de boule monstrueux à celui qui regardait ses dents. L'homme fut assommé, le nez complètement brisé. Ses deux collègues eurent à peine le temps de retirer leurs mains qu'ils faillirent subir un nouvel assaut du croisé. Mais Larah se jeta en plein sur Drakov et l'immobilisa seulement le temps que les gens évacuent la salle. Abygaël arriva en courant et tenta d'aider Larah mais ils furent violemment repousser. Le croisé eut pour réflexe de mordre et le bras de la chasseuse l'accueillit. Il avait bon avoir récupéré la force d'un Apex, ses dents n'étaient pas assez aiguisées pour transpercer la cuirasse de Zodiumbra qui recouvrait l'avant bras de la chasseuse. Elle le maintint comme cela le temps que son père lui injecte de nouveau un sérum à base de baie-soin. Le croisé continuait de mordre mais très vite, il perdit sa rage et tomba encore dans le coma artificiel qu'on lui imposait.
Abygaël se laissa tomber sur son siège et Larah nettoya son avant-bras plein de bave. Elle le rinça à l'eau pendant que le père du croisé lui expliqua qu'il avait de nouveau des pics de violence. "C'est sûrement le virus qui stimule certaines régions du cerveau. Les chasseurs de Val Habar nous ont envoyé un rapport comme quoi l'un des leurs avait été contaminé, il avait tellement soif de combat que le virus s'est soigné en même temps qu'il chasse." Larah opina, ça collait avec les dires de Nieve. "Mais il semble que les monstres Apex... ne s'en guérisse jamais. J'ai peur que mon fils tombe dans le même état." La chasseuse ne dit rien, Minuit semblait être du même avis, il l'avait dit lui même "Si vous pensez le récupérer, attendez-vous à le voir grogner toutes les deux minutes... Il ne sera plus le même." Abygaël soupira "Merci d'être passée en tout cas, j'espère que les scientifiques ont compris maintenant. Ça fait bien une semaine et demie qu'ils sont là à se jeter sur lui. C'est pas le premier accident. Ça va attirer la Guilde à coup sûr, et quand je parle de la Guilde, je ne dis pas Maze et tout ça, je parle surtout de LA Guilde..." Larah repensa au rapport qu'elle avait lu la veille.
- Vous pensez qu'ils vont vouloir tuer Drakov, comprit-elle.
- Oui, j'en suis sûr, mais je ne vais pas les laisser faire. Drakov est malgré tout mon fils et ils ne le toucheront pas avant de me passer sur le corps.
- Et sur le mien.
- Haha, ils n'essaieront rien dans ce cas là, vu comment vous vous débrouillez seulement avec vos poings, je pense qu'ils comprendront qu'avec des armes, ce sera dangereux.
- Il n'y aura pas que moi, Rupert, Amélie, les autres aussi le protégeront, ne vous en faîtes pas.
- Merci, je pense que vous pouvez repartir, il va dormir de nouveau, je vais veiller sur lui.
La chasseuse hocha la tête et prit congé. Elle croisa Amélie en redescendant et elle lui expliqua clairement ce qui s'était passé et la femme eut un regard attristé. Mais elle était satisfaite que Drakov ait calmé ces savants. Elles se séparèrent et Larah attendit d'être assez loin de l'hôpital pour s'unir avec Minuit, lui expliquant la situation. Nova ne tarda pas à apparaître :
"- Si l'on pouvait rester loin de Drakov, ce ne serait pas plus mal, fit remarquer Larah. Le virus est très dangereux, encore heureuse d'avoir eu mes gantelets, on aurait encore eu du mal à s'en sortir.
- Je ne vois pas le mal, continua Minuit, ça me rappelle un peu le bon vieux temps où je prenais possession de ton corps, que je m'enrageais... Ça me manque un peu tout ça.
- (Larah essayant d'ignorer ces paroles se concentra sur Nova) AlGieba est prévenu, il y aura entraînement aujourd'hui, on va aller dans la forêt, comme d'hab, essayons juste de ne pas être suivi, j'ai comme un mauvais pressentiment depuis hier."
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=2ftScS4fLbQ)
AlGieba s'était levé de bonne heure et attendait déjà Larah quand elle arriva, il était assis en tailleur sur un rocher et contemplait le soleil qui se levait, autant dire qu'il était lève-tôt. La chasseuse se glissa près de lui et regarda elle aussi les nuages couvrant une vallée encore endormie, ils virent passer un rathalos au milieu du paysage, il était assez loin pour ne pas poser de problème. La lumière orange réchauffait les alentours alors qu'il faisait froid, suffisamment froid pour que la jeune femme ait sorti les fourrures d'anteka. L'hiver approchait, ça se sentait uniquement en inspirant l'air. Le wyverien, les paupières à moitié close, était toujours immobile. Elle savait qu'il était en train de méditer et ne préféra pas le déranger avant qu'il n'ait fini, de toute manière, elle vit les rayons du soleil montait graduellement vers eux, couvrant leurs pieds, puis leurs jambes, remontant sur le torse pour enfin couvrir tout leur corps. Le soleil était désormais levé. AlGieba inspira profondément et se "réveilla". Il salua la jeune femme qui était restée silencieuse et il la remercia d'être venu. "Quel est le programme ?" s'empressa-t-elle de demander, sachant que Nova avait été particulièrement impatiente la veille pour s'entraîner de nouveau. Il sourit, regardant toujours en face de lui, les plis de sa peau au niveau des yeux lui donnait un air serein, il se tourna et se leva, puis descendit de son rocher pour être au même niveau que Larah. Jamais durant leur entraînement il n'avait été au-dessus d'elle. Toujours au même niveau lorsque c'était possible. "J'aimerai vérifier une chose, je suis persuadé que Nova est capable de débloquer certaine chose chez toi, comme l'agilité par exemple. Pourrais-tu me faire un coup de pied retourné, je te prie ?" La demande étant des plus étrange venant d'un pacifiste, elle recula pour l'exécuter dans le vide. "Non, sur moi." La chasseuse fut surprise de la demande et refusa mais il insista. "Je suis plus résistant que ça." La femme hésita encore mais il lui demanda de nouveau. Elle recula et se mit en position. Elle s'élança et tourna, frappant avec force le wyverien qui s'était protégé derrière ses bras et qui n'avait pas cillé. Larah fut assez surprise. Elle le fut d'autant plus quand il fit une fente vers elle et la frappa de sa paume. Elle recula avec force, pourtant elle n'avait pas eu mal. Il se mit dans une position qui lui rappela les arts martiaux orientaux.
- Je ne comprends pas. Un pacifiste, non ?
- Nous apprenons cet art non pas pour nous battre en premier lieu, mais pour d'autre chose. Cependant je vais vous apprendre comment assouplir vos mouvements. Il existe trois choses fondamentales à maîtriser : les mouvements basiques, ce sont ceux que vous connaissez bien, vigueur, flexibilité et balance, cela permet d'améliorer le corps pour les manœuvres martiales. Puis les mouvements puissants, qui requirent de la méditation interne et externe, ils se manifestent dans huit postures. D'abord, soutenir les mains avec le ciel, puis imiter l'arc et viser l'aigle. D'un seul geste, on stimule ensuite les organes internes. On regarde derrière pour prévenir les maladies. On apaise le cœur en secouant la tête, pour calmer le feu qui est en vous. Puis on saisit ses orteils pour renforcer les reins. Maintenant, on sert les poings pour augmenter la force physique. Et enfin, soulever 7 fois les talons pour traiter la maladie.
- Tout un programme, soupira Larah en le voyant faire chaque mouvement.
- Ensuite, il faut étirer les muscles. Vous savez faire, mais connaissez vous la clef de la santé? Soyez silencieuse, comme le lac qui reflète la Lune, un esprit calme autorise son énergie à se mouvoir dans son corps. Puis il faut être lent, utiliser et rendre ses muscles flexibles. L'extension permet de donner à chaque mouvement son maximum. Et la flexibilité qui permet au sang et à l'énergie de circuler. Allons-y, imiter mes mouvements.
Elle hocha la tête. Elle savait pourquoi il ne demandait pas à Nova de venir. C'est parce qu'il pouvait corriger Larah en la touchant, en lui mettant les bras comme il le fallait et en corrigeant sa posture. Il ne le pouvait chez Nova, la considérant comme un esprit intouchable, il aurait peur de la souiller. C'était ses croyances, la chasseuse n'y pouvait rien, bien que cela l'amuse, elle et Nova, évidemment. Elle passa près de deux heures à acquérir chaque mouvement au maximum. Le wyverien était strict, mais calme et bienveillant, il lui expliquait avec les mots justes ce qui n'allait pas. "Votre énergie négative est bien trop importante dans votre corps, vous devez l'évacuer. Que diriez-vous d'une série d’acrobaties ?"
Larah se mit à rire. "Des acrobaties ?" répéta-t-elle. "Je suis mal connue pour ma gymnastique, j'en ai bien peur. Je sais faire des roulades et sous le stress ou l'adrénaline, en pleins combats, il m'arrive de faire des esquives miraculeuses mais en aucun cas je ne maîtrise quoi que ce soit dans ce domaine." AlGieba hocha la tête et répondit "Comme ça ce sera l'occasion, tenez, je vous montre." Il retira ses souliers malgré le froid matinal. Larah se retrouva honteusement à fixer les pieds du wyverien, elle leva les yeux et voulut se gifler pour avoir eu une réaction aussi puérile. Elle avait esquissé une figure de surprise mêlée de dégoût, sur le moment, elle avait oublié que les wyveriens possédaient aussi cet attribut, en plus des longues oreilles, de leur nez et de leur force surhumaine. Mais AlGieba ne le prit pas mal, au contraire, il sourit. Il leva les bras et les ramena vers lui pour que ses deux paumes se touchent. Puis il se mit en position, la jambe gauche en retrait, le corps tourné vers la droite, il tendit son bras droit, le poing devant et d'un coup, il s'élança et fit une série de figures qui laissèrent Larah assez surprise. Il retomba sur ses pieds et se tourna en hochant la tête.
- A vous maintenant.
- Hum, j'aurai accepté mais je n'ai aucun entraînement pour ça.
- Alors essayons quelque chose. Pourriez vous appeler Nova pour cela ?
- Eh bien, Minuit n'est pas un esprit à appeler tous les quatre matins, et il est très tôt, il ne va pas être d'humeur et l'union ne se fera pas.
- Laissez moi lui parler, je suis sûr qu'il écoutera.
La chasseuse hocha la tête et appela le dragon en fermant les yeux. Elle sentit son esprit et tenta de se connecter, mais il n'était pas comme d'habitude, elle sentait un flot flou d'émotions, des pensées murmurées et un esprit silencieux. Elle tenta de toucher le dragon dans son subconscient et elle vit le ciel défiler à travers son esprit et comprit qu'il était sûrement en train de rêver car à peine ses doigts le touchèrent qu'il remua frénétiquement les lèvres, en murmurant quelque chose. Elle ne voulait pas le réveiller, il serait sûrement grognon, du coup elle décida d'abandonner la manoeuvre mais à peine commença-t-elle à se retirer de son esprit qu'elle vit malgré elle d'autres images venant des rêves du dragon et se retrouva très vite submergée par des images inconnues et dont son esprit ne pouvait pas concevoir. Déjà, au niveau de la vision, le Fatalis voyait le monde différemment, les teintes de couleurs n'étaient pas exactement les mêmes, il pouvait adapter sa vision comme les aigles et il voyait des choses que Larah ne connaissait pas. Elle ferma les yeux pour essayer d'échapper de l'esprit et dut luter pour y arriver.
Elle émergea dans son corps, en nage, se penchant en avant pour respirer. AlGieba se précipita et vint l'accueillir avant qu'elle ne chute. Il lui mit la main à la gorge pour prendre son pouls, mais elle lui prit la main pour lui dire que ce n'était pas nécessaire, le visage en sueur, elle releva la tête et lui expliqua qu'elle avait pénétré l'esprit du dragon au moment où il rêvait.
- Il y a des choses que je ne devrais pas faire... et je crois que c'est une de ces choses.
- Votre oeil... Il saigne !
- Ha non, vraiment ? ça faisait un bail que ça n'était pas ar...
Elle se stoppa, voyant passer au dessus d'elle une énorme masse, lui rappelant la silhouette d'un Yamatsukami, mais AlGieba ne réagissait pas, il lui parlait mais elle ne l'entendait pas, elle voulut le pousser pour le mettre à l’abri mais alors qu'elle voulut décoller du sol, elle perdit connaissance.
Elle battit des paupières et inspira d'un coup, comme si elle avait manqué de suffoquer. Le wyverien était penché au-dessus d'elle, le visage inquiet. Il lui mit la main derrière le dos et l'aida à se redresser. Elle respirait vite, la tête lui faisant un mal de chien, elle comprit vite la situation et demanda immédiatement combien de temps elle était restée inconsciente. "Seulement quelques minutes, j'ai à peine eu le temps de vous coucher et d'aller chercher de l'eau." Larah mit la main à son front et sentit de grosse perle de sueur.
- Eh bien, je pense que je n'essaierai plus jamais de réveiller le dragon par cette méthode. J'étais immergée dans le rêve mais éveillée ici.
- Oui, c'est ce que j'en ai déduis. Cependant, si vous m'avez dit que saigner de l’œil était normal... alors je ne savais pas si c'était aussi le cas pour le nez.
- Le nez ? (elle mit son index et majeur sous ses narines et sentit le liquide chaud. Elle éloigna ses doigts et vit le sang au bout, il semblait bien sombre.) Ah non, ça n'est jamais arrivé ça. J'ignore pourquoi d'ailleurs, le vrai problème était mon œil. Du coup je pense que pour le coup, on évitera l'entraînement avec Minuit aujourd'hui.
- Vraiment ? Je croyais qu'il était là quand votre œil était ouvert.
- Oui c'est le cas.
- Votre œil est ouvert.
« Je n'aime pas trop qu'on me réveille, mais c'était un cauchemar, t'as de la chance", fit le dragon, là, dans son esprit. »
Larah sursauta et physiquement et spirituellement.
"Hum oui, tu as dû comprendre ce qu'il se passait. J'ai aussi compris. Tu veux t'entraîner, c'est cela ? Je pense que ça ne peut pas te faire de mal.
- De bonne humeur, aujourd'hui ? Demanda la chasseuse.
- Disons que je te pardonne, pour ce que tu as reçu en retour, alors que tu ne voulais juste que te rendre plus forte pour affronter le Comte. Je conçois cela.
- Hum, je ne dirai pas de suite affronter le Comte mais...
- Tu ferais mieux de dire ça quand je suis ici. (une aura sombre entoura immédiatement le dragon)
- Bien sûr, répondit-elle en paniquant un peu."
Ils s'unirent pour invoquer Nova qui bailla immédiatement, imitant alors Minuit qui se réveillait à peine. Elle remarqua alors AlGieba. "Super !" s'écria-t-elle, "on continue l'entraînement !" Larah lui rappela qu'elle venait tout juste de perdre connaissance, les pensées fusèrent et l'entité reçut chaque souvenir, elle comprit alors. AlGieba venait de terminer sa phrase que Nova prit le contrôle. Il se releva immédiatement en la lâchant au moment où elle apparut, comme s'il l'avait senti. Il s'excusa quand elle tomba en arrière, mais elle se releva d'un bond. Le wyverien était tout aussi content de la voir qu'elle, mais comme d'habitude, il y avait cette histoire de contact physique qui le bloquait. Nova balaya ses excuses du revers de la main, elle s'en moquait. Il lui expliqua alors qu'il allait recommencer son enchaînement, qu'il demanderait d'abord à Larah de le faire, puis à Nova, mais il voulait absolument que cette dernière soit témoin de toute la scène. Il refit son enchaînement, Nova, très concentrée sur chacun des mouvements, resta très silencieuse après qu'AlGieba ait terminé. Le wyverien lui proposa d'essayer ce que la chasseuse fit, elle arriva à faire les premiers bonds, mais elle se réceptionna très mal à un moment et tomba au sol. Elle se releva en se frottant la tête, mais toujours aussi motivée, elle se releva et réessaya encore.
Et encore.
Et encore.
Tombant au sol à chaque fois, mais toujours plus loin. Une énième fois, elle se retourna et regarda le ciel en grimaçant. Beaucoup de terre et de bleus couvraient son corps. Cette fois-ci, elle resta au sol, au lieu de sauter pour se relever. AlGieba se leva et la rejoignit. Il lui nettoya le visage avec le même tissu depuis le début, qu'il mouillait dans la rivière. « C'était la fois de trop ? » demanda-t-il, concentré sur sa tâche. Larah fit la moue, elle ne dit rien, il lui sourit, « Vous êtes vraiment déterminée à réussir. Je vais vous avouer que je ne pensais pas que vous essaierez autant, je pensais même que vous alliez abandonner rapidement. Je me trompais. » La chasseuse se redressa vaguement sur les coudes et se passa la main dans ses cheveux poussiéreux. Elle sentit alors que ses muscles tiraient déjà, si elle ne faisait rien pour ça, demain elle pouvait être sûre qu'elle ne marcherait pas. Le wyverien qui était accroupi jusqu'alors, se posa par terre et regarda le soleil se coucher. Il était déjà si tard, pensa la chasseuse. Son maître sembla penser la même chose car il le lui fit remarquer.
Il est peut être temps d'arrêter, fit-il, il serait sage de vous étirer et de vous reposer.
Peut être, oui, mais je suis pratiquement sûre qu'il me manque une toute petite chose pour réussir, c'est rageant.
Je comprends, dit-il calmement, mais il faut savoir s'arrêter.
Pourrais-tu le refaire, juste une fois.
Pour moi, il n'y a pas de problème. Mais n'essayez pas de le refaire, n'est-ce pas ?
Juste une fois, rougit-elle, il avait deviné ce qu'elle voulait faire.
Il soupira en se levant et se déplaça vers le bord de la rivière, il se mit parallèle à cette dernière et attendit que Larah se place comme elle le souhaitait. Elle s'accroupit au sol et Minuit, comme s'il était à côté d'elle, observa les mouvements d'AlGieba. Nova, calme, regarda les muscles du wyverien, la chasseuse, elle, se concentra sur le timing. Tout était une question de timing selon elle. Pour le dragon, c'était une histoire d'enchaînement et pour Nova, c'était une combinaison des deux. L'un et l'autre voulait prouver à l'autre qu'il avait faux, et Nova, était là pour montrer qu'à deux, ils voyaient justes. AlGieba s'élança. Minuit s'avança rapidement, fixant de son unique œil les mouvements rapides, les sauts, les tours de poignets. Larah comptait l'écart entre chaque saut, comme si elle cherchait le tempo d'une mélodie. Nova observait tout. Quand AlGieba tournoya encore et arriva au moment où Larah échouait, les trois esprits furent à leur maximum de concentration. Tout semblait se passer au ralentis, AlGieba posa la main au sol, qui souleva si peu de poussière que Minuit comprit qu'il était d'une légèreté sans nom. Il posa sa paume totalement au sol et ses mains se décollèrent aussitôt. La chasseuse avait trouvé le rythme. Il décolla une nouvelle fois de la terre, faisant partir en l'air seulement quelques particules de poussière, Nova comprit en même temps que ses deux compagnons. Minuit et Larah se regardèrent, triomphants, mais détournèrent rapidement le regard, comme s'ils se souvenaient qu'ils n'aimaient pas être d'accord. AlGieba atterrit au sol et se releva, il tira ses cheveux en arrière et se tourna vers Larah. Elle hochait la tête et avec un petit bâton, elle faisait des traits au sol.
- Vous ne comptez pas essayer ?
- Non, je pense que ça ira pour aujourd'hui.
- Eh bien, pour une fois que vous m'écoutez totalement... Qu'en penses Minuit ?
- Je suis très étonnée par l'effort qu'il met dedans, il ne veut pas qu'on parte sans avoir réussi. Mais il sait que mon corps tremble rien qu'à l'idée de nous relancer dans un enchaînement, il est patient. Pour une fois je lui accorde, il est raisonnable et avisé...
- Cette mauvais foi, il faut vous en débarrasser, sinon votre Union ne sera jamais parfait.
- Le fait que Nova existe est une preuve qu'on est déjà bien avancé, je n'ai pas non plus besoin d'être la meilleur amie du Fatalis.
- J'aidu mal à saisir votre point de vue. Parfois, vous acceptez ce dragon pour ce qu'il est et coopérez si facilement, et d'autre fois, vous le rejetez comme la pire des bêtes.
- C'est-à-dire que j'oublie difficilement quand on brûle mon village, et croyez moi, si ça devait arriver encore, je ne lui laisserai même pas la chance de s'échapper. Il a bon faire sa victime, il n'en reste pas moins un tueur.
- Bien sûr. Excusez-moi, je n'avais pas à dire ça.
- C'est rien AlGieba, je vais aller m'étirer et peut être même me baigner si tu me le permets.
Elle priait pour qu'il lui accorde cette faveur, elle priait deux fois plus pour qu'il ne lui trouve pas un rite chamanique qui consisterait à nager à contre-courant. Il hocha la tête et se tourna vers la rivière, d'abord du côté des rapides où la chasseuse se mordit les lèvres de peur, puis il regarda l'amont, très calme, où il y avait de petites criques forts sympathiques. « Bien sûr, mais j'aimerai juste vous aider à vous baigner. » Ne comprenant pas exactement ce que cela signifiait et s'attendant au pire, la chasseuse hocha la tête et regretta immédiatement quand il retira et son pantalon, et sa tunique. Mais il en resta là. Elle fit de même et pensa ensuite à une chose, on était pratiquement dans la saison froide, l'eau allait être... gelée. Et ce fut le cas, elle plongea une jambe dans l'eau, non sans maudire le monde entier en même temps, mais comme d'habitude elle le faisait dans la langue des wyverns et personne ne le comprenait, elle avait oublié qu'AlGieba la parlait très bien et elle s'excusa et dans sa langue, et dans celle des dragons. Elle arriva à se glisser dans l'eau terriblement froide qui ne semblait pas être un problème au wyverien qui se laissa glisser. « Maintenant détendez-vous et couchez-vous sur le dos, je serai là pour vous stabiliser. » Larah comprit qu'elle allait encore avoir droit à une séance étrange de méditation, elle se laissa faire et sentit les mains d'AlGieba dans son dos. Il la frôlait à peine des doigts et cela suffisait à la faire tenir sur place, elle était toujours étonnée par les prouesses de son maître.
« Maintenant, détendez-vous. Vous allez vous concentrer sur votre respiration et aux mouvements de votre cage thoracique. Vous voyez le mouvement qu'elle fait ? D'expansion puis de contraction ? Essayez de faire de même sur les choses autour de vous. Focalisez-vous sur les arbres et plantes autour de nous, puis petit à petit, venez jusqu'à vous. Fermez les yeux, sentez les choses qui vous entourent. »
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=uCVH8RWH2wA)
Elle ferma les paupières et essaya de se remémorer l'environnement autour d'elle. En temps que chasseuse, c'est ce qu'elle faisait toujours, inconsciemment ou non, et elle revit les roseaux, les arbres quelques mètres plus loin, la terre, la fourmilière qu'elle avait failli écraser en venant, les oiseaux qui chantaient en haut des arbres, les feuilles à leur sommet qui bruissaient, puis elle revit de nouveau leur tronc, leur racine, la terre et les rochers qui bordaient l'étang jusqu'à l'eau qui entourait Larah. Elle revoyait AlGieba qui la tenait sans difficulté, puis elle se vit elle même, plongée à demi dans l'eau, sur le dos, les yeux fermés. Elle sentait ses poumons se gorger d'air et de le relâcher. De nouveau, elle refit cela et elle ne sentit rapidement plus l'eau froide, plus les mains d'AlGieba, plus de son, plus d'odeur, plus rien. Il n'y avait qu'elle. Elle ouvrit les yeux et découvrit un nouveau monde. AlGieba n'était plus là et elle flottait sur l'eau. Elle se redressa et regarda autour d'elle. C'était le même endroit, mais tout était différent. Elle comprit que c'était les couleurs qui étaient différentes, comme si on avait couvert chaque chose d'une poussière bleu et de contour blanc. Elle ne put s'empêcher de lâcher un « wow » de surprise, AlGieba l'avait mené à un tout autre niveau de méditation. Elle regarda autour d'elle et vit alors une grande ombre proche d'elle, sur la rive. Pour parler, elle n'eut pas à ouvrir la bouche, ses pensées raisonnèrent comme si elle parlait à haute voix.
- Minuit ?
- Hmm ?
- Pourquoi tu es là ? Je me suis évanouie ou quelque chose comme ça ?
- Non, tu as seulement ouvert les yeux.
- … Je ne cracherai pas sur plus de détails, si tu te lances dans le chamanisme, je pars.
- Tu ne vois plus avec les yeux, tu perçois avec ton esprit.
- Le chamanisme, Minuit, le chamanisme.
- C'est comme ça que je perçois le monde, quand je ne suis pas aveuglé par ma rage.
- Bleu ?
- Non, moi c'est rouge. Ou gris, très peu de nuances de couleurs comparé à toi, c'est la première chose qui m'a surpris quand j'ai regardé par tes yeux la première fois. Beaucoup de couleurs vives, ça m'a fait un choc, j'ai mis du temps à m'en remettre. Mon esprit a eu du mal à assimiler tout ça. - C'était comme découvrir une nouvelle couleur, c'est le genre de chose qui ne doit pas arriver.
- Wow, en effet, je n'y avais pas pensé, on ne voit pas pareil, comme certains felynes qui voient en noir et blanc... je ne m'étais jamais posé la question pour toi. J'avais déjà vu à travers tes yeux, une seule fois seulement, et ça ne m'avait pas touché. Mais actuellement, je suis consciente ?
- Je ne sais pas, le temps est sans importance pour moi. Regarde le ciel, repère toi au soleil, je ne sais pas moi.
J- 'ai l'impression... de ne pas faire partie du monde physique... Mais tu es bien là toi. Comment ça se fait ?
J- 'ai toujours été là. Pas loin.
- Mais tu es là... là ? Ou une projection de mon esprit ?
- Hahaha... qui sait.
Hmph, je t'aurais déjà senti je pense.
- A toi de voir...
- Dis moi, comment ça se fait que toute cette histoire te prenne autant à cœur ?
- Cette histoire ?
- Oui, l’entraînement, AlGieba, tu as l'air d'être... impliqué pour une fois.
- (Il réfléchit) C'est juste que... cet homme, je sens en lui une très grande sagesse. Je pense qu'il est bien plus âgé que toi et.... je lui fais confiance. Je crois qu'il va pouvoir nous aider, pacifiquement. J'insiste là dessus. Il ne sera pas là pour nous faire du mal, il ne veut que ton bien et en ce monde, c'est rare. -
- Je ne te comprends pas Minuit. Tu es si... lunatique.
- Je sais, tu le sais aussi. C'est ce qui arrive quand on essaie d'avoir un caractère humain mais que votre nature de monstre vous rattrape. Je n'y peux rien. Même si je veux être bon, j'amènerai toujours destruction et chaos. C'est ma part dans le monde. C'est la vie d'un Fatalis.
- Ça ne justifiera jamais tout.
- Je sais. Je le sais. Mais ça peut au moins te faire prendre conscience des efforts que je mets pour simplement te parler. Ou rester passif quand je t'observe.
- Pourquoi tout le monde me surveille comme de vrais obsédés...
- Hmph, à vrai dire, il y a de quoi.
- …. Merci ? Je ne sais pas quoi répondre de la part d'un dragon...
- Allez, je pense qu'il est temps pour toi de quitter cette connexion et de retourner vers la réalité physique.
Alors que ça voit s'éteignait, la jeune femme revint à elle même. Dans un énorme mouvement d'inspiration qui failli la faire basculer tout entière dans l'eau si le wyverien ne la tenait pas. Elle se dirigea immédiatement vers le rivage et s'y hissa en pantelant. AlGieba se précipita vers elle alors qu'elle était à quatre patte par terre, le souffle court :
- Qu'est-ce que c'était AlGieba ? J'étais ailleurs. J'étais là, mais pas là à la fois.
- Vous étiez en transe. Rare sont ceux qui y parviennent. Je n'ai que très peu réussi, vous l'avez fait du premier coup, je ne pensais pas... je ne pensais pas que vous y arriveriez.
- Pourquoi je n'arrive pas à respirer ? Pantela-t-elle.
- Parce que votre corps était pratiquement en apnée, il lui faut du temps pour se remettre comme avant. Je suis désolé, vraiment je ne voulais pas...
- Non au contraire... c'était fantastique. Le monde... tout était différent. J'ai senti énormément de chose nouvelle.
Elle se laissa se coucher sur le dos. Le souffle revenant petit à petit. Elle lui expliqua comment la couleur bleu dominait, comment Minuit était là et comment elle avait été en connexion avec chaque chose, chaque parcelle de vie qui était là. « C'était fou. Mais ça me ferait peur de retenter l'expérience. » Le wyverien sourit et partit installer le camp quand elle eut fini d'expliquer. Elle se glissa rapidement dans sa couche et ferma les yeux. Avant de se coucher, elle remercia du fond du cœur le wyverien, qui ne répondit rien mais un sourire.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=_nmwZZPKvyA)
Le lendemain matin, AlGieba se leva avant l'aube, comme d'habitude et se dirigea directement vers le rocher où il méditait la veille. Mais en se levant, il vit la couche de Larah vide. Il se tourna vivement vers la rivière où des traces d'eau 'récentes avaient été laissé. Il les suivit en courant puis se trouva face à la falaise où il méditait. Il vit la jeune femme, debout, face au vent et immobile. Il sentit immédiatement l'aura de Nova. Il se stoppa net. Elle inspira profondément et termina un des gestes que lui avait appris le wyverien. La perfection du mouvement le fit frissonner. Elle leva ensuite ses mains en l'air, se mit en position et s'élança. L'enchaînement partit d'un coup. Enchaînant saut, salto et piqué à une vitesse folle. Elle sauta d'un bond en avant qui acheva la série de sauts périlleux. Elle atterrit par terre, avec une légèreté hors norme, tel que l'avait fait le wyverien la veille. Ce dernier resta bouche bée d'admiration. Il se doutait que ce n'était sûrement pas la première tentative de la journée de Larah, mais il était si fier de l'avoir fait progresser à ce niveau là en un jour. Les capacités d'assimilation de Nova semblaient sans limite. Tout ceci était un test, forçant Minuit et Larah à regarder minutieusement chaque mouvements de son enchaînement pour que Nova puise dans ces nouvelles connaissances. Et cela avait marché. Il courut vers elle quand Larah reprit le contrôle et il la prit dans ses bras et la souleva comme si elle ne pesait rien, il tournait sur place en criant des mots dans sa langue qui semblait exprimer sa joie. Il la reposa au sol et lui prit les bras :
- Vous vous rendez compte ? Novasilys est capable de puiser dans vos connaissances pour comprendre et imiter des choses qu'elle a seulement vu et senti à travers vous ! C'est fantastique, pouvez vous imaginer toues ces choses qu'elle serait capable de faire !
- C'est surprenant je te l'accorde, mais n'oublie pas que l'on a travaillé dur avec Minuit
- Et justement, Nova est le fruit de votre effort. Vous pouvez accomplir des miracles tous les trois, j'en suis sûr ! Il faut de suite passer à l'étape supérieur et....
Larah passa les commandes à Nova et au même moment AlGieba la lâchait. Elle ne savait pas comment il faisait pour ne jamais être en contact avec elle mais il était très fort. « Vite, à la méditation » s'écria-t-elle, « le soleil va bientôt se lever ! » Ils y coururent et passèrent une matinée calme, plongée dans la satisfaction d'avoir réussi quelque chose, pour les deux personnes. L'après-midi resta classique. Malgré la prouesse de Nova le matin, les muscles de Larah n'en restèrent pas pour le moins en forme. De terribles crampes subsistaient et la rendait incapable d'apprendre de nouvelles choses. Ils rentrèrent donc au village pour se reposer chez eux, et surtout pour voir Talf, qui était resté seul. Avec Neilla, ces derniers temps, ils magouillaient quelque chose et ne voulaient pas lui en parler. Elle les soupçonnait d'avoir retrouver la trace de quelqu'un, si ce n'était pas la sœur de Neilla, c'était celle de Luminos. Quand elle rentra chez Neilla, sans frapper évidemment, c'était un peu son habitude ces derniers temps, elle les vit en train de discuter autour d'une carte. Elle leur fit bonjour et sans se presser mais en baissant le ton, ils rangèrent le plan et saluèrent Larah.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=6bC3mZE-y90)
- Un jour, vous allez finir par me dire ce que vous faîtes ?
- Ça va Larah, relax, répondit Neilla. C'est juste que c'est pas tes affaires. Si tu veux on a retrouver la trace de quelqu'un. Et depuis quelques mois, on a monté une enquête. On est remonté aux sources d'une antique race qui utilisait les dragons comme arme de guerre. Les premiers wyveriens s'en souviennent comme de la guerre draconique. Sauf que certain adorateurs de cette antique race existe encore. Ils pensent pouvoir revenir à cette perfection qu'incarnait ces êtres, à savoir, la domination totale des dragons anciens et wyverns ! Sauf que ces humains et wyverns étaient différentes, on pense qu'ils étaient des cas à part physiquement, doté d'une force incroyable, des versions améliorées de nos chasseurs. En retrouvant des archives de la Guilde...
- Et du Comte, qui a laissé tomber son cahier à l'exact moment où on t'a sauvé chez Isaleas, comme pour nous mettre sur la voie...
- Et justement, il ne fait pas parti du coup, mais il appartient lui aussi à cette Organisation. Avec l'aide de Tana et Keil, on a retrouvé des écrits... qui stipulait clairement que malgré l'interdiction formelle de faire des expériences sur les humains... c'était encore le cas. A ton avis, qui veut recréer de supers humains pour combattre facilement les dragons et apparaître comme les sauveurs du monde ?
- Et bien tu ne vas pas le croire, reprit Talf, mais on s'est rendu compte que... Jagamore était le responsable de cette terrible conspiration !
- Attendez, vous voulez dire que la Guilde est pourrie ? Demanda Larah, ignorant la plaisanterie de Talf,
- Oui.
- Mais c'était pas une nouveauté ça.
- Oh zut Larah, moi je suis à part de tout ! S'écria Neilla. Certes je savais que y avait des mics macs, mais là c'est pire que ça !
- C'est une mise en scène, uh ? Se demanda encore la chasseuse aux cheveux bleus.
- Ouais... ouais complètement, avoua banalement Talf.
- Bon... euh... je vais vous laisser en discuter de nouveau alors. Vu que j'ai très bien compris que je ferai pas parti de votre aventure !
- Le prends pas mal, Larah... C'est juste pas tes affaires.
La chasseuse hocha la tête et sortit en fermant la porte calmement, ce qui surprit aussitôt les deux autres qui se lancèrent un regard étonné. Ils pensaient vraiment qu'elle risquait de détruire la porte mais rien de cela. Ils soupirèrent seulement, malgré que Larah soit l'amie de Neilla et bien plus pour Talf, il ne fallait pas l'inquiéter avec ce genre d'histoire. L'archère rangea les plans et demanda à Talf comment cela se passait avec sa compagne :
- Je suis pire que son ombre, il n'y en a que pour elle.
- C'est pas plus mal tu me diras, t'aimerais peut être être à sa place sur une chaise où on te torture ?
- Non, ce n'est pas... Arh, je veux dire, on la traite comme une légende, mais elle ne le supporte pas, j'aimerai partager ce poids avec elle mais je ne peux pas, je suis un type presque lambda moi ! A côté je fais pas grand chose... (sous le regard noir de Neilla, il reprit) Oui je parle même pas de toi, c'est comme si on avait été abandonné... Mais honnêtement... Je ne sais pas ce qu'elle fait encore avec moi. Il y en a pleins dehors qui serait bien mieux que moi. Tout ça à cause de Laft, et de cette histoire... Je passe pour un bon à rien. Elle gère ses problèmes seule, moi je suis incapable de retrouver quelqu'un, je suis sûr que si on lui demandait de l'aide, elle arriverait à trouver Luminos en moins d'une semaine.
- On s'en moque, fit fermement mais calmement Neilla, elle a des contacts, pas nous, regarde jusqu'où on est arrivé. On est à deux doigts de leur tomber dessus. Si tu as réussi à tuer Rhan, je ne doute pas de notre réussite. Regarde ça, j'ai fabriqué des flèches explosives plus sophistiquées que les anciennes. Et pendant que vous chassiez sans moi, je me suis entraînée à la dague, je pense que je suis vraiment très douée désormais... pour l'assassinat.
- On a que deux cibles de confirmées, on n'est pas sûr de devoir tuer plus, ne t'en fais pas.
- Je sais... mais c'est juste que j'ai attendu ce moment depuis toujours, je ne veux pas faillir. Quand tout sera fini... On rentrera chez nous.
…
- Non pardon, bien sûr, ta place est ici. Excuse-moi... C'est juste que...
- Il ne reste plus que des ruines là bas, il faudra trouver autre chose.
- Tu veux quitter Larah ?
- Je ne suis pas assez bon pour elle, je ne suis pas la personne qui lui faut...
- Tu ne vas pas la laisser seule. Non Talf, elle a besoin de toi. Si toi tu pars... qu'est-ce qu'il lui reste ?
- Neilla... On sait tout deux que... je ne vivrai jamais aussi longtemps qu'elle.
- T'en sais rien, je te rappelle que le Comte lui a mis des trucs pas net dans son corps.
- Rah et lui aussi... je sais pas ce qui m'empêche de le trouver et lui tordre le cou !
- Demande à Laft, il va pouvoir t'aider sur le coup.
- Elle est complètement aveugle... ? Elle ne voit pas qu'il joue avec elle ?
- Je ne sais pas, je l'ai rencontré et... Il a l'air d'être quelqu'un de très spécial ? Je ne sais pas comment le décrire, il m'a aidé à retrouver Luminos.
- Quoi ? Tu l'as rencontré ?
- Oui, mais pour ma défense, je ne pensais pas tomber sur lui. Au marché noir, j'ai demandé aux trafiquants le meilleurs vendeurs d'informations... et - ils m'ont conduit à lui sans même réfléchir à quelqu'un de meilleur. Il ne m'a pas reconnu je crois, je ne sais même pas s'il me connaît.
- Crois-moi, il sait qui tu es. Larah m'avait dit qu'il te craignait pour ta vision d'aigle.
- Vraiment ? Je suis flattée pour une fois.
- Il devrait te craindre pour bien plus, sourit Talf.
- Mais personne ne sait à quel point je cache mon jeu, n'est-ce pas... ?
- Non en effet, puissent-ils ne jamais découvrir comment tu te bats réellement.
Nova lâcha le rapport en même temps que de reculer brutalement, renversant la chaise et beaucoup de papiers qui étaient sur le bureau. Rupert se tourna, alerté, ils entendirent alors du bruit venant d'en bas, sûrement les gardes nocturnes. Rupert s'élança sur Nova qui restait bloquée, regardant le rapport terrible. "Larah Tian se fera alors exécuter en silence." Une crise interne terrible faisait rage, entre Minuit qui brûlait d'envie de réduire l'endroit en cendre et Larah dont la confiance avait été éventré. Rupert voyant qu'elle ne réagissait pas regarda la page qu'elle scrutait, un cri bloqué au fond de sa gorge. Il souleva le papier et lut rapidement, il se leva aussitôt, aussi choqué qu'elle. Il n'avait pas eu le temps de regarder les rapports des autres, mais c'était sûrement la même chose, partout, une équipe qui devait les regarder s'entraîner, les surveiller en quête, toujours là, tapis dans les ombres et étudiant leur style de combat à chacun. Et s'il fallait, si Maze donnait l'ordre, alors on les exécuterait ? Par réflexe qui s'avéra excellent sur le coup, il arracha le tiroir et le jeta dans la pièce, tous les rapports furent éparpillés et personne n'aurait pu dire ce que les deux voleurs cherchaient. Il renversa la bouteille d'encre sur le bureau et regarda la lumière se reflétait dessus à mesure que le liquide noire se répandait au sol. Il tira la manche de Nova qui revint à elle, les deux yeux brillants littéralement dans le noir, une ombre sur le visage, elle tourna ses iris vers lui et il hocha la tête, le regard sombre, une ligne dure formant sa bouche. Il mit sa capuche et entendit les bruits de pas dehors, ils essayaient d'enfoncer la porte. Nova l'imita, la cape sur les épaules. Il sauta de la fenêtre sur le toit adjacent. Elle fit de même. Alors que la porte éclatait derrière eux et que les gardes hurlaient, ils étaient sur les toits, courant sur les tuiles glissantes par l'humidité de la nuit. Leurs vêtements claquant avec le vent, ils sautaient de maisons en maisons, exécutant toujours plus de bonds incroyables. Ils entendirent que les gardes avaient lâché des bullfangos qui les suivait depuis le sol, leur odorat excellent les traçant. Ils se dirigeaient vers les docs, dans l'eau, on ne les retrouverait pas.
Rupert sauta au sol et roula pour amortir sa chute, il vit alors les bullfangos juste là, le chargeant, il se mit à courir et Nova atterrit juste derrière, elle se tourna vers eux et perça leur esprit de son regard. Les animaux se stoppèrent en roulant au sol, puis en prenant leurs jambes à leur cou. Rupert l'appela et elle se remit en chemin après avoir vérifié que les deux poursuivants soient bien partis, mais elle vit surtout que les gardes se firent renverser par leurs propres bêtes. Ils se mirent à hurler et durent les abattre. Nova se retourna vers son ami et courut au bout d'un ponton où elle plongea avec lui dans l'eau gelée et ils s'échappèrent dans la nuit. Minuit ajoutant "Maintenant c'est pour ça qu'on t'appelle Novasilys, la Nouvelle Reine..."
Ils firent brûler leurs capes et capuches sur la berge bien plus loin. Ils en étaient convenus de ne pas en reparler aux autres de si tôt. Même si une discussion avec Maze s'imposait, ils savaient que ça n'aurait pas d'intérêt d'aller lui en parler, il donnerait l'ordre d'exécution et c'était tout. En silence ils écoutèrent le feu qui crépitait et laissèrent leurs activités de filous de côté pour le moment. Il était temps de reprendre l'entraînement en secret pour Nova et Rupert... à ses affaires...
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=HrlJpkmhRlo )
Le lendemain matin, Larah décida d'aller rendre visite à Drakov, toujours à l'hôpital. Rupert lui avait dit que le cher croisé avait été violent de nouveau et qu'Abygaël avait du s'en occuper personnellement. Connaissant l'état de son ami, elle enfila ses gants de chasseuses avant de partir. Elle monta à l'hôpital où sa soeur faisait désormais partie intégrante des infirmières. Elle ne la croisa pas pendant sa visite mais encore une fois, devant la salle de Drakov, des savants se penchaient pour voir, Abygaël se tenait au pas de la porte et les repoussait dès qu'ils essayaient d'entrer. "Les visites sont terminées pour aujourd'hui, allez vous en !" Deux savants hochèrent la tête en même temps et alors qu'ils reculaient doucement, l'un des deux se jeta sur Abygaël qui fut prit de surprise et le stoppa mais le deuxième put alors passer et tous les autres savants se retournèrent. Le père du croisé comprit alors que ça allait être terrible. Larah arriva à quelques mètres et vit l'homme avoir du mal à les repousser, trois en tout passèrent. La chasseuse arriva, tira par le col deux scientifiques un peu trop violent et les tira tellement fort qu'ils lâchèrent des cris surpris alors qu'ils décollaient du sol et furent envoyés voler plus loin. Alors que les autres prirent leurs jambes à leur cou, les trois intrus se penchaient et examiner de près, trop près le croisé qui se réveilla. Et malgré ses liens, il arriva à se tirer assez pour coller un coup de boule monstrueux à celui qui regardait ses dents. L'homme fut assommé, le nez complètement brisé. Ses deux collègues eurent à peine le temps de retirer leurs mains qu'ils faillirent subir un nouvel assaut du croisé. Mais Larah se jeta en plein sur Drakov et l'immobilisa seulement le temps que les gens évacuent la salle. Abygaël arriva en courant et tenta d'aider Larah mais ils furent violemment repousser. Le croisé eut pour réflexe de mordre et le bras de la chasseuse l'accueillit. Il avait bon avoir récupéré la force d'un Apex, ses dents n'étaient pas assez aiguisées pour transpercer la cuirasse de Zodiumbra qui recouvrait l'avant bras de la chasseuse. Elle le maintint comme cela le temps que son père lui injecte de nouveau un sérum à base de baie-soin. Le croisé continuait de mordre mais très vite, il perdit sa rage et tomba encore dans le coma artificiel qu'on lui imposait.
Abygaël se laissa tomber sur son siège et Larah nettoya son avant-bras plein de bave. Elle le rinça à l'eau pendant que le père du croisé lui expliqua qu'il avait de nouveau des pics de violence. "C'est sûrement le virus qui stimule certaines régions du cerveau. Les chasseurs de Val Habar nous ont envoyé un rapport comme quoi l'un des leurs avait été contaminé, il avait tellement soif de combat que le virus s'est soigné en même temps qu'il chasse." Larah opina, ça collait avec les dires de Nieve. "Mais il semble que les monstres Apex... ne s'en guérisse jamais. J'ai peur que mon fils tombe dans le même état." La chasseuse ne dit rien, Minuit semblait être du même avis, il l'avait dit lui même "Si vous pensez le récupérer, attendez-vous à le voir grogner toutes les deux minutes... Il ne sera plus le même." Abygaël soupira "Merci d'être passée en tout cas, j'espère que les scientifiques ont compris maintenant. Ça fait bien une semaine et demie qu'ils sont là à se jeter sur lui. C'est pas le premier accident. Ça va attirer la Guilde à coup sûr, et quand je parle de la Guilde, je ne dis pas Maze et tout ça, je parle surtout de LA Guilde..." Larah repensa au rapport qu'elle avait lu la veille.
- Vous pensez qu'ils vont vouloir tuer Drakov, comprit-elle.
- Oui, j'en suis sûr, mais je ne vais pas les laisser faire. Drakov est malgré tout mon fils et ils ne le toucheront pas avant de me passer sur le corps.
- Et sur le mien.
- Haha, ils n'essaieront rien dans ce cas là, vu comment vous vous débrouillez seulement avec vos poings, je pense qu'ils comprendront qu'avec des armes, ce sera dangereux.
- Il n'y aura pas que moi, Rupert, Amélie, les autres aussi le protégeront, ne vous en faîtes pas.
- Merci, je pense que vous pouvez repartir, il va dormir de nouveau, je vais veiller sur lui.
La chasseuse hocha la tête et prit congé. Elle croisa Amélie en redescendant et elle lui expliqua clairement ce qui s'était passé et la femme eut un regard attristé. Mais elle était satisfaite que Drakov ait calmé ces savants. Elles se séparèrent et Larah attendit d'être assez loin de l'hôpital pour s'unir avec Minuit, lui expliquant la situation. Nova ne tarda pas à apparaître :
"- Si l'on pouvait rester loin de Drakov, ce ne serait pas plus mal, fit remarquer Larah. Le virus est très dangereux, encore heureuse d'avoir eu mes gantelets, on aurait encore eu du mal à s'en sortir.
- Je ne vois pas le mal, continua Minuit, ça me rappelle un peu le bon vieux temps où je prenais possession de ton corps, que je m'enrageais... Ça me manque un peu tout ça.
- (Larah essayant d'ignorer ces paroles se concentra sur Nova) AlGieba est prévenu, il y aura entraînement aujourd'hui, on va aller dans la forêt, comme d'hab, essayons juste de ne pas être suivi, j'ai comme un mauvais pressentiment depuis hier."
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=2ftScS4fLbQ)
AlGieba s'était levé de bonne heure et attendait déjà Larah quand elle arriva, il était assis en tailleur sur un rocher et contemplait le soleil qui se levait, autant dire qu'il était lève-tôt. La chasseuse se glissa près de lui et regarda elle aussi les nuages couvrant une vallée encore endormie, ils virent passer un rathalos au milieu du paysage, il était assez loin pour ne pas poser de problème. La lumière orange réchauffait les alentours alors qu'il faisait froid, suffisamment froid pour que la jeune femme ait sorti les fourrures d'anteka. L'hiver approchait, ça se sentait uniquement en inspirant l'air. Le wyverien, les paupières à moitié close, était toujours immobile. Elle savait qu'il était en train de méditer et ne préféra pas le déranger avant qu'il n'ait fini, de toute manière, elle vit les rayons du soleil montait graduellement vers eux, couvrant leurs pieds, puis leurs jambes, remontant sur le torse pour enfin couvrir tout leur corps. Le soleil était désormais levé. AlGieba inspira profondément et se "réveilla". Il salua la jeune femme qui était restée silencieuse et il la remercia d'être venu. "Quel est le programme ?" s'empressa-t-elle de demander, sachant que Nova avait été particulièrement impatiente la veille pour s'entraîner de nouveau. Il sourit, regardant toujours en face de lui, les plis de sa peau au niveau des yeux lui donnait un air serein, il se tourna et se leva, puis descendit de son rocher pour être au même niveau que Larah. Jamais durant leur entraînement il n'avait été au-dessus d'elle. Toujours au même niveau lorsque c'était possible. "J'aimerai vérifier une chose, je suis persuadé que Nova est capable de débloquer certaine chose chez toi, comme l'agilité par exemple. Pourrais-tu me faire un coup de pied retourné, je te prie ?" La demande étant des plus étrange venant d'un pacifiste, elle recula pour l'exécuter dans le vide. "Non, sur moi." La chasseuse fut surprise de la demande et refusa mais il insista. "Je suis plus résistant que ça." La femme hésita encore mais il lui demanda de nouveau. Elle recula et se mit en position. Elle s'élança et tourna, frappant avec force le wyverien qui s'était protégé derrière ses bras et qui n'avait pas cillé. Larah fut assez surprise. Elle le fut d'autant plus quand il fit une fente vers elle et la frappa de sa paume. Elle recula avec force, pourtant elle n'avait pas eu mal. Il se mit dans une position qui lui rappela les arts martiaux orientaux.
- Je ne comprends pas. Un pacifiste, non ?
- Nous apprenons cet art non pas pour nous battre en premier lieu, mais pour d'autre chose. Cependant je vais vous apprendre comment assouplir vos mouvements. Il existe trois choses fondamentales à maîtriser : les mouvements basiques, ce sont ceux que vous connaissez bien, vigueur, flexibilité et balance, cela permet d'améliorer le corps pour les manœuvres martiales. Puis les mouvements puissants, qui requirent de la méditation interne et externe, ils se manifestent dans huit postures. D'abord, soutenir les mains avec le ciel, puis imiter l'arc et viser l'aigle. D'un seul geste, on stimule ensuite les organes internes. On regarde derrière pour prévenir les maladies. On apaise le cœur en secouant la tête, pour calmer le feu qui est en vous. Puis on saisit ses orteils pour renforcer les reins. Maintenant, on sert les poings pour augmenter la force physique. Et enfin, soulever 7 fois les talons pour traiter la maladie.
- Tout un programme, soupira Larah en le voyant faire chaque mouvement.
- Ensuite, il faut étirer les muscles. Vous savez faire, mais connaissez vous la clef de la santé? Soyez silencieuse, comme le lac qui reflète la Lune, un esprit calme autorise son énergie à se mouvoir dans son corps. Puis il faut être lent, utiliser et rendre ses muscles flexibles. L'extension permet de donner à chaque mouvement son maximum. Et la flexibilité qui permet au sang et à l'énergie de circuler. Allons-y, imiter mes mouvements.
Elle hocha la tête. Elle savait pourquoi il ne demandait pas à Nova de venir. C'est parce qu'il pouvait corriger Larah en la touchant, en lui mettant les bras comme il le fallait et en corrigeant sa posture. Il ne le pouvait chez Nova, la considérant comme un esprit intouchable, il aurait peur de la souiller. C'était ses croyances, la chasseuse n'y pouvait rien, bien que cela l'amuse, elle et Nova, évidemment. Elle passa près de deux heures à acquérir chaque mouvement au maximum. Le wyverien était strict, mais calme et bienveillant, il lui expliquait avec les mots justes ce qui n'allait pas. "Votre énergie négative est bien trop importante dans votre corps, vous devez l'évacuer. Que diriez-vous d'une série d’acrobaties ?"
Larah se mit à rire. "Des acrobaties ?" répéta-t-elle. "Je suis mal connue pour ma gymnastique, j'en ai bien peur. Je sais faire des roulades et sous le stress ou l'adrénaline, en pleins combats, il m'arrive de faire des esquives miraculeuses mais en aucun cas je ne maîtrise quoi que ce soit dans ce domaine." AlGieba hocha la tête et répondit "Comme ça ce sera l'occasion, tenez, je vous montre." Il retira ses souliers malgré le froid matinal. Larah se retrouva honteusement à fixer les pieds du wyverien, elle leva les yeux et voulut se gifler pour avoir eu une réaction aussi puérile. Elle avait esquissé une figure de surprise mêlée de dégoût, sur le moment, elle avait oublié que les wyveriens possédaient aussi cet attribut, en plus des longues oreilles, de leur nez et de leur force surhumaine. Mais AlGieba ne le prit pas mal, au contraire, il sourit. Il leva les bras et les ramena vers lui pour que ses deux paumes se touchent. Puis il se mit en position, la jambe gauche en retrait, le corps tourné vers la droite, il tendit son bras droit, le poing devant et d'un coup, il s'élança et fit une série de figures qui laissèrent Larah assez surprise. Il retomba sur ses pieds et se tourna en hochant la tête.
- A vous maintenant.
- Hum, j'aurai accepté mais je n'ai aucun entraînement pour ça.
- Alors essayons quelque chose. Pourriez vous appeler Nova pour cela ?
- Eh bien, Minuit n'est pas un esprit à appeler tous les quatre matins, et il est très tôt, il ne va pas être d'humeur et l'union ne se fera pas.
- Laissez moi lui parler, je suis sûr qu'il écoutera.
La chasseuse hocha la tête et appela le dragon en fermant les yeux. Elle sentit son esprit et tenta de se connecter, mais il n'était pas comme d'habitude, elle sentait un flot flou d'émotions, des pensées murmurées et un esprit silencieux. Elle tenta de toucher le dragon dans son subconscient et elle vit le ciel défiler à travers son esprit et comprit qu'il était sûrement en train de rêver car à peine ses doigts le touchèrent qu'il remua frénétiquement les lèvres, en murmurant quelque chose. Elle ne voulait pas le réveiller, il serait sûrement grognon, du coup elle décida d'abandonner la manoeuvre mais à peine commença-t-elle à se retirer de son esprit qu'elle vit malgré elle d'autres images venant des rêves du dragon et se retrouva très vite submergée par des images inconnues et dont son esprit ne pouvait pas concevoir. Déjà, au niveau de la vision, le Fatalis voyait le monde différemment, les teintes de couleurs n'étaient pas exactement les mêmes, il pouvait adapter sa vision comme les aigles et il voyait des choses que Larah ne connaissait pas. Elle ferma les yeux pour essayer d'échapper de l'esprit et dut luter pour y arriver.
Elle émergea dans son corps, en nage, se penchant en avant pour respirer. AlGieba se précipita et vint l'accueillir avant qu'elle ne chute. Il lui mit la main à la gorge pour prendre son pouls, mais elle lui prit la main pour lui dire que ce n'était pas nécessaire, le visage en sueur, elle releva la tête et lui expliqua qu'elle avait pénétré l'esprit du dragon au moment où il rêvait.
- Il y a des choses que je ne devrais pas faire... et je crois que c'est une de ces choses.
- Votre oeil... Il saigne !
- Ha non, vraiment ? ça faisait un bail que ça n'était pas ar...
Elle se stoppa, voyant passer au dessus d'elle une énorme masse, lui rappelant la silhouette d'un Yamatsukami, mais AlGieba ne réagissait pas, il lui parlait mais elle ne l'entendait pas, elle voulut le pousser pour le mettre à l’abri mais alors qu'elle voulut décoller du sol, elle perdit connaissance.
Elle battit des paupières et inspira d'un coup, comme si elle avait manqué de suffoquer. Le wyverien était penché au-dessus d'elle, le visage inquiet. Il lui mit la main derrière le dos et l'aida à se redresser. Elle respirait vite, la tête lui faisant un mal de chien, elle comprit vite la situation et demanda immédiatement combien de temps elle était restée inconsciente. "Seulement quelques minutes, j'ai à peine eu le temps de vous coucher et d'aller chercher de l'eau." Larah mit la main à son front et sentit de grosse perle de sueur.
- Eh bien, je pense que je n'essaierai plus jamais de réveiller le dragon par cette méthode. J'étais immergée dans le rêve mais éveillée ici.
- Oui, c'est ce que j'en ai déduis. Cependant, si vous m'avez dit que saigner de l’œil était normal... alors je ne savais pas si c'était aussi le cas pour le nez.
- Le nez ? (elle mit son index et majeur sous ses narines et sentit le liquide chaud. Elle éloigna ses doigts et vit le sang au bout, il semblait bien sombre.) Ah non, ça n'est jamais arrivé ça. J'ignore pourquoi d'ailleurs, le vrai problème était mon œil. Du coup je pense que pour le coup, on évitera l'entraînement avec Minuit aujourd'hui.
- Vraiment ? Je croyais qu'il était là quand votre œil était ouvert.
- Oui c'est le cas.
- Votre œil est ouvert.
« Je n'aime pas trop qu'on me réveille, mais c'était un cauchemar, t'as de la chance", fit le dragon, là, dans son esprit. »
Larah sursauta et physiquement et spirituellement.
"Hum oui, tu as dû comprendre ce qu'il se passait. J'ai aussi compris. Tu veux t'entraîner, c'est cela ? Je pense que ça ne peut pas te faire de mal.
- De bonne humeur, aujourd'hui ? Demanda la chasseuse.
- Disons que je te pardonne, pour ce que tu as reçu en retour, alors que tu ne voulais juste que te rendre plus forte pour affronter le Comte. Je conçois cela.
- Hum, je ne dirai pas de suite affronter le Comte mais...
- Tu ferais mieux de dire ça quand je suis ici. (une aura sombre entoura immédiatement le dragon)
- Bien sûr, répondit-elle en paniquant un peu."
Ils s'unirent pour invoquer Nova qui bailla immédiatement, imitant alors Minuit qui se réveillait à peine. Elle remarqua alors AlGieba. "Super !" s'écria-t-elle, "on continue l'entraînement !" Larah lui rappela qu'elle venait tout juste de perdre connaissance, les pensées fusèrent et l'entité reçut chaque souvenir, elle comprit alors. AlGieba venait de terminer sa phrase que Nova prit le contrôle. Il se releva immédiatement en la lâchant au moment où elle apparut, comme s'il l'avait senti. Il s'excusa quand elle tomba en arrière, mais elle se releva d'un bond. Le wyverien était tout aussi content de la voir qu'elle, mais comme d'habitude, il y avait cette histoire de contact physique qui le bloquait. Nova balaya ses excuses du revers de la main, elle s'en moquait. Il lui expliqua alors qu'il allait recommencer son enchaînement, qu'il demanderait d'abord à Larah de le faire, puis à Nova, mais il voulait absolument que cette dernière soit témoin de toute la scène. Il refit son enchaînement, Nova, très concentrée sur chacun des mouvements, resta très silencieuse après qu'AlGieba ait terminé. Le wyverien lui proposa d'essayer ce que la chasseuse fit, elle arriva à faire les premiers bonds, mais elle se réceptionna très mal à un moment et tomba au sol. Elle se releva en se frottant la tête, mais toujours aussi motivée, elle se releva et réessaya encore.
Et encore.
Et encore.
Tombant au sol à chaque fois, mais toujours plus loin. Une énième fois, elle se retourna et regarda le ciel en grimaçant. Beaucoup de terre et de bleus couvraient son corps. Cette fois-ci, elle resta au sol, au lieu de sauter pour se relever. AlGieba se leva et la rejoignit. Il lui nettoya le visage avec le même tissu depuis le début, qu'il mouillait dans la rivière. « C'était la fois de trop ? » demanda-t-il, concentré sur sa tâche. Larah fit la moue, elle ne dit rien, il lui sourit, « Vous êtes vraiment déterminée à réussir. Je vais vous avouer que je ne pensais pas que vous essaierez autant, je pensais même que vous alliez abandonner rapidement. Je me trompais. » La chasseuse se redressa vaguement sur les coudes et se passa la main dans ses cheveux poussiéreux. Elle sentit alors que ses muscles tiraient déjà, si elle ne faisait rien pour ça, demain elle pouvait être sûre qu'elle ne marcherait pas. Le wyverien qui était accroupi jusqu'alors, se posa par terre et regarda le soleil se coucher. Il était déjà si tard, pensa la chasseuse. Son maître sembla penser la même chose car il le lui fit remarquer.
Il est peut être temps d'arrêter, fit-il, il serait sage de vous étirer et de vous reposer.
Peut être, oui, mais je suis pratiquement sûre qu'il me manque une toute petite chose pour réussir, c'est rageant.
Je comprends, dit-il calmement, mais il faut savoir s'arrêter.
Pourrais-tu le refaire, juste une fois.
Pour moi, il n'y a pas de problème. Mais n'essayez pas de le refaire, n'est-ce pas ?
Juste une fois, rougit-elle, il avait deviné ce qu'elle voulait faire.
Il soupira en se levant et se déplaça vers le bord de la rivière, il se mit parallèle à cette dernière et attendit que Larah se place comme elle le souhaitait. Elle s'accroupit au sol et Minuit, comme s'il était à côté d'elle, observa les mouvements d'AlGieba. Nova, calme, regarda les muscles du wyverien, la chasseuse, elle, se concentra sur le timing. Tout était une question de timing selon elle. Pour le dragon, c'était une histoire d'enchaînement et pour Nova, c'était une combinaison des deux. L'un et l'autre voulait prouver à l'autre qu'il avait faux, et Nova, était là pour montrer qu'à deux, ils voyaient justes. AlGieba s'élança. Minuit s'avança rapidement, fixant de son unique œil les mouvements rapides, les sauts, les tours de poignets. Larah comptait l'écart entre chaque saut, comme si elle cherchait le tempo d'une mélodie. Nova observait tout. Quand AlGieba tournoya encore et arriva au moment où Larah échouait, les trois esprits furent à leur maximum de concentration. Tout semblait se passer au ralentis, AlGieba posa la main au sol, qui souleva si peu de poussière que Minuit comprit qu'il était d'une légèreté sans nom. Il posa sa paume totalement au sol et ses mains se décollèrent aussitôt. La chasseuse avait trouvé le rythme. Il décolla une nouvelle fois de la terre, faisant partir en l'air seulement quelques particules de poussière, Nova comprit en même temps que ses deux compagnons. Minuit et Larah se regardèrent, triomphants, mais détournèrent rapidement le regard, comme s'ils se souvenaient qu'ils n'aimaient pas être d'accord. AlGieba atterrit au sol et se releva, il tira ses cheveux en arrière et se tourna vers Larah. Elle hochait la tête et avec un petit bâton, elle faisait des traits au sol.
- Vous ne comptez pas essayer ?
- Non, je pense que ça ira pour aujourd'hui.
- Eh bien, pour une fois que vous m'écoutez totalement... Qu'en penses Minuit ?
- Je suis très étonnée par l'effort qu'il met dedans, il ne veut pas qu'on parte sans avoir réussi. Mais il sait que mon corps tremble rien qu'à l'idée de nous relancer dans un enchaînement, il est patient. Pour une fois je lui accorde, il est raisonnable et avisé...
- Cette mauvais foi, il faut vous en débarrasser, sinon votre Union ne sera jamais parfait.
- Le fait que Nova existe est une preuve qu'on est déjà bien avancé, je n'ai pas non plus besoin d'être la meilleur amie du Fatalis.
- J'aidu mal à saisir votre point de vue. Parfois, vous acceptez ce dragon pour ce qu'il est et coopérez si facilement, et d'autre fois, vous le rejetez comme la pire des bêtes.
- C'est-à-dire que j'oublie difficilement quand on brûle mon village, et croyez moi, si ça devait arriver encore, je ne lui laisserai même pas la chance de s'échapper. Il a bon faire sa victime, il n'en reste pas moins un tueur.
- Bien sûr. Excusez-moi, je n'avais pas à dire ça.
- C'est rien AlGieba, je vais aller m'étirer et peut être même me baigner si tu me le permets.
Elle priait pour qu'il lui accorde cette faveur, elle priait deux fois plus pour qu'il ne lui trouve pas un rite chamanique qui consisterait à nager à contre-courant. Il hocha la tête et se tourna vers la rivière, d'abord du côté des rapides où la chasseuse se mordit les lèvres de peur, puis il regarda l'amont, très calme, où il y avait de petites criques forts sympathiques. « Bien sûr, mais j'aimerai juste vous aider à vous baigner. » Ne comprenant pas exactement ce que cela signifiait et s'attendant au pire, la chasseuse hocha la tête et regretta immédiatement quand il retira et son pantalon, et sa tunique. Mais il en resta là. Elle fit de même et pensa ensuite à une chose, on était pratiquement dans la saison froide, l'eau allait être... gelée. Et ce fut le cas, elle plongea une jambe dans l'eau, non sans maudire le monde entier en même temps, mais comme d'habitude elle le faisait dans la langue des wyverns et personne ne le comprenait, elle avait oublié qu'AlGieba la parlait très bien et elle s'excusa et dans sa langue, et dans celle des dragons. Elle arriva à se glisser dans l'eau terriblement froide qui ne semblait pas être un problème au wyverien qui se laissa glisser. « Maintenant détendez-vous et couchez-vous sur le dos, je serai là pour vous stabiliser. » Larah comprit qu'elle allait encore avoir droit à une séance étrange de méditation, elle se laissa faire et sentit les mains d'AlGieba dans son dos. Il la frôlait à peine des doigts et cela suffisait à la faire tenir sur place, elle était toujours étonnée par les prouesses de son maître.
« Maintenant, détendez-vous. Vous allez vous concentrer sur votre respiration et aux mouvements de votre cage thoracique. Vous voyez le mouvement qu'elle fait ? D'expansion puis de contraction ? Essayez de faire de même sur les choses autour de vous. Focalisez-vous sur les arbres et plantes autour de nous, puis petit à petit, venez jusqu'à vous. Fermez les yeux, sentez les choses qui vous entourent. »
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=uCVH8RWH2wA)
Elle ferma les paupières et essaya de se remémorer l'environnement autour d'elle. En temps que chasseuse, c'est ce qu'elle faisait toujours, inconsciemment ou non, et elle revit les roseaux, les arbres quelques mètres plus loin, la terre, la fourmilière qu'elle avait failli écraser en venant, les oiseaux qui chantaient en haut des arbres, les feuilles à leur sommet qui bruissaient, puis elle revit de nouveau leur tronc, leur racine, la terre et les rochers qui bordaient l'étang jusqu'à l'eau qui entourait Larah. Elle revoyait AlGieba qui la tenait sans difficulté, puis elle se vit elle même, plongée à demi dans l'eau, sur le dos, les yeux fermés. Elle sentait ses poumons se gorger d'air et de le relâcher. De nouveau, elle refit cela et elle ne sentit rapidement plus l'eau froide, plus les mains d'AlGieba, plus de son, plus d'odeur, plus rien. Il n'y avait qu'elle. Elle ouvrit les yeux et découvrit un nouveau monde. AlGieba n'était plus là et elle flottait sur l'eau. Elle se redressa et regarda autour d'elle. C'était le même endroit, mais tout était différent. Elle comprit que c'était les couleurs qui étaient différentes, comme si on avait couvert chaque chose d'une poussière bleu et de contour blanc. Elle ne put s'empêcher de lâcher un « wow » de surprise, AlGieba l'avait mené à un tout autre niveau de méditation. Elle regarda autour d'elle et vit alors une grande ombre proche d'elle, sur la rive. Pour parler, elle n'eut pas à ouvrir la bouche, ses pensées raisonnèrent comme si elle parlait à haute voix.
- Minuit ?
- Hmm ?
- Pourquoi tu es là ? Je me suis évanouie ou quelque chose comme ça ?
- Non, tu as seulement ouvert les yeux.
- … Je ne cracherai pas sur plus de détails, si tu te lances dans le chamanisme, je pars.
- Tu ne vois plus avec les yeux, tu perçois avec ton esprit.
- Le chamanisme, Minuit, le chamanisme.
- C'est comme ça que je perçois le monde, quand je ne suis pas aveuglé par ma rage.
- Bleu ?
- Non, moi c'est rouge. Ou gris, très peu de nuances de couleurs comparé à toi, c'est la première chose qui m'a surpris quand j'ai regardé par tes yeux la première fois. Beaucoup de couleurs vives, ça m'a fait un choc, j'ai mis du temps à m'en remettre. Mon esprit a eu du mal à assimiler tout ça. - C'était comme découvrir une nouvelle couleur, c'est le genre de chose qui ne doit pas arriver.
- Wow, en effet, je n'y avais pas pensé, on ne voit pas pareil, comme certains felynes qui voient en noir et blanc... je ne m'étais jamais posé la question pour toi. J'avais déjà vu à travers tes yeux, une seule fois seulement, et ça ne m'avait pas touché. Mais actuellement, je suis consciente ?
- Je ne sais pas, le temps est sans importance pour moi. Regarde le ciel, repère toi au soleil, je ne sais pas moi.
J- 'ai l'impression... de ne pas faire partie du monde physique... Mais tu es bien là toi. Comment ça se fait ?
J- 'ai toujours été là. Pas loin.
- Mais tu es là... là ? Ou une projection de mon esprit ?
- Hahaha... qui sait.
Hmph, je t'aurais déjà senti je pense.
- A toi de voir...
- Dis moi, comment ça se fait que toute cette histoire te prenne autant à cœur ?
- Cette histoire ?
- Oui, l’entraînement, AlGieba, tu as l'air d'être... impliqué pour une fois.
- (Il réfléchit) C'est juste que... cet homme, je sens en lui une très grande sagesse. Je pense qu'il est bien plus âgé que toi et.... je lui fais confiance. Je crois qu'il va pouvoir nous aider, pacifiquement. J'insiste là dessus. Il ne sera pas là pour nous faire du mal, il ne veut que ton bien et en ce monde, c'est rare. -
- Je ne te comprends pas Minuit. Tu es si... lunatique.
- Je sais, tu le sais aussi. C'est ce qui arrive quand on essaie d'avoir un caractère humain mais que votre nature de monstre vous rattrape. Je n'y peux rien. Même si je veux être bon, j'amènerai toujours destruction et chaos. C'est ma part dans le monde. C'est la vie d'un Fatalis.
- Ça ne justifiera jamais tout.
- Je sais. Je le sais. Mais ça peut au moins te faire prendre conscience des efforts que je mets pour simplement te parler. Ou rester passif quand je t'observe.
- Pourquoi tout le monde me surveille comme de vrais obsédés...
- Hmph, à vrai dire, il y a de quoi.
- …. Merci ? Je ne sais pas quoi répondre de la part d'un dragon...
- Allez, je pense qu'il est temps pour toi de quitter cette connexion et de retourner vers la réalité physique.
Alors que ça voit s'éteignait, la jeune femme revint à elle même. Dans un énorme mouvement d'inspiration qui failli la faire basculer tout entière dans l'eau si le wyverien ne la tenait pas. Elle se dirigea immédiatement vers le rivage et s'y hissa en pantelant. AlGieba se précipita vers elle alors qu'elle était à quatre patte par terre, le souffle court :
- Qu'est-ce que c'était AlGieba ? J'étais ailleurs. J'étais là, mais pas là à la fois.
- Vous étiez en transe. Rare sont ceux qui y parviennent. Je n'ai que très peu réussi, vous l'avez fait du premier coup, je ne pensais pas... je ne pensais pas que vous y arriveriez.
- Pourquoi je n'arrive pas à respirer ? Pantela-t-elle.
- Parce que votre corps était pratiquement en apnée, il lui faut du temps pour se remettre comme avant. Je suis désolé, vraiment je ne voulais pas...
- Non au contraire... c'était fantastique. Le monde... tout était différent. J'ai senti énormément de chose nouvelle.
Elle se laissa se coucher sur le dos. Le souffle revenant petit à petit. Elle lui expliqua comment la couleur bleu dominait, comment Minuit était là et comment elle avait été en connexion avec chaque chose, chaque parcelle de vie qui était là. « C'était fou. Mais ça me ferait peur de retenter l'expérience. » Le wyverien sourit et partit installer le camp quand elle eut fini d'expliquer. Elle se glissa rapidement dans sa couche et ferma les yeux. Avant de se coucher, elle remercia du fond du cœur le wyverien, qui ne répondit rien mais un sourire.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=_nmwZZPKvyA)
Le lendemain matin, AlGieba se leva avant l'aube, comme d'habitude et se dirigea directement vers le rocher où il méditait la veille. Mais en se levant, il vit la couche de Larah vide. Il se tourna vivement vers la rivière où des traces d'eau 'récentes avaient été laissé. Il les suivit en courant puis se trouva face à la falaise où il méditait. Il vit la jeune femme, debout, face au vent et immobile. Il sentit immédiatement l'aura de Nova. Il se stoppa net. Elle inspira profondément et termina un des gestes que lui avait appris le wyverien. La perfection du mouvement le fit frissonner. Elle leva ensuite ses mains en l'air, se mit en position et s'élança. L'enchaînement partit d'un coup. Enchaînant saut, salto et piqué à une vitesse folle. Elle sauta d'un bond en avant qui acheva la série de sauts périlleux. Elle atterrit par terre, avec une légèreté hors norme, tel que l'avait fait le wyverien la veille. Ce dernier resta bouche bée d'admiration. Il se doutait que ce n'était sûrement pas la première tentative de la journée de Larah, mais il était si fier de l'avoir fait progresser à ce niveau là en un jour. Les capacités d'assimilation de Nova semblaient sans limite. Tout ceci était un test, forçant Minuit et Larah à regarder minutieusement chaque mouvements de son enchaînement pour que Nova puise dans ces nouvelles connaissances. Et cela avait marché. Il courut vers elle quand Larah reprit le contrôle et il la prit dans ses bras et la souleva comme si elle ne pesait rien, il tournait sur place en criant des mots dans sa langue qui semblait exprimer sa joie. Il la reposa au sol et lui prit les bras :
- Vous vous rendez compte ? Novasilys est capable de puiser dans vos connaissances pour comprendre et imiter des choses qu'elle a seulement vu et senti à travers vous ! C'est fantastique, pouvez vous imaginer toues ces choses qu'elle serait capable de faire !
- C'est surprenant je te l'accorde, mais n'oublie pas que l'on a travaillé dur avec Minuit
- Et justement, Nova est le fruit de votre effort. Vous pouvez accomplir des miracles tous les trois, j'en suis sûr ! Il faut de suite passer à l'étape supérieur et....
Larah passa les commandes à Nova et au même moment AlGieba la lâchait. Elle ne savait pas comment il faisait pour ne jamais être en contact avec elle mais il était très fort. « Vite, à la méditation » s'écria-t-elle, « le soleil va bientôt se lever ! » Ils y coururent et passèrent une matinée calme, plongée dans la satisfaction d'avoir réussi quelque chose, pour les deux personnes. L'après-midi resta classique. Malgré la prouesse de Nova le matin, les muscles de Larah n'en restèrent pas pour le moins en forme. De terribles crampes subsistaient et la rendait incapable d'apprendre de nouvelles choses. Ils rentrèrent donc au village pour se reposer chez eux, et surtout pour voir Talf, qui était resté seul. Avec Neilla, ces derniers temps, ils magouillaient quelque chose et ne voulaient pas lui en parler. Elle les soupçonnait d'avoir retrouver la trace de quelqu'un, si ce n'était pas la sœur de Neilla, c'était celle de Luminos. Quand elle rentra chez Neilla, sans frapper évidemment, c'était un peu son habitude ces derniers temps, elle les vit en train de discuter autour d'une carte. Elle leur fit bonjour et sans se presser mais en baissant le ton, ils rangèrent le plan et saluèrent Larah.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=6bC3mZE-y90)
- Un jour, vous allez finir par me dire ce que vous faîtes ?
- Ça va Larah, relax, répondit Neilla. C'est juste que c'est pas tes affaires. Si tu veux on a retrouver la trace de quelqu'un. Et depuis quelques mois, on a monté une enquête. On est remonté aux sources d'une antique race qui utilisait les dragons comme arme de guerre. Les premiers wyveriens s'en souviennent comme de la guerre draconique. Sauf que certain adorateurs de cette antique race existe encore. Ils pensent pouvoir revenir à cette perfection qu'incarnait ces êtres, à savoir, la domination totale des dragons anciens et wyverns ! Sauf que ces humains et wyverns étaient différentes, on pense qu'ils étaient des cas à part physiquement, doté d'une force incroyable, des versions améliorées de nos chasseurs. En retrouvant des archives de la Guilde...
- Et du Comte, qui a laissé tomber son cahier à l'exact moment où on t'a sauvé chez Isaleas, comme pour nous mettre sur la voie...
- Et justement, il ne fait pas parti du coup, mais il appartient lui aussi à cette Organisation. Avec l'aide de Tana et Keil, on a retrouvé des écrits... qui stipulait clairement que malgré l'interdiction formelle de faire des expériences sur les humains... c'était encore le cas. A ton avis, qui veut recréer de supers humains pour combattre facilement les dragons et apparaître comme les sauveurs du monde ?
- Et bien tu ne vas pas le croire, reprit Talf, mais on s'est rendu compte que... Jagamore était le responsable de cette terrible conspiration !
- Attendez, vous voulez dire que la Guilde est pourrie ? Demanda Larah, ignorant la plaisanterie de Talf,
- Oui.
- Mais c'était pas une nouveauté ça.
- Oh zut Larah, moi je suis à part de tout ! S'écria Neilla. Certes je savais que y avait des mics macs, mais là c'est pire que ça !
- C'est une mise en scène, uh ? Se demanda encore la chasseuse aux cheveux bleus.
- Ouais... ouais complètement, avoua banalement Talf.
- Bon... euh... je vais vous laisser en discuter de nouveau alors. Vu que j'ai très bien compris que je ferai pas parti de votre aventure !
- Le prends pas mal, Larah... C'est juste pas tes affaires.
La chasseuse hocha la tête et sortit en fermant la porte calmement, ce qui surprit aussitôt les deux autres qui se lancèrent un regard étonné. Ils pensaient vraiment qu'elle risquait de détruire la porte mais rien de cela. Ils soupirèrent seulement, malgré que Larah soit l'amie de Neilla et bien plus pour Talf, il ne fallait pas l'inquiéter avec ce genre d'histoire. L'archère rangea les plans et demanda à Talf comment cela se passait avec sa compagne :
- Je suis pire que son ombre, il n'y en a que pour elle.
- C'est pas plus mal tu me diras, t'aimerais peut être être à sa place sur une chaise où on te torture ?
- Non, ce n'est pas... Arh, je veux dire, on la traite comme une légende, mais elle ne le supporte pas, j'aimerai partager ce poids avec elle mais je ne peux pas, je suis un type presque lambda moi ! A côté je fais pas grand chose... (sous le regard noir de Neilla, il reprit) Oui je parle même pas de toi, c'est comme si on avait été abandonné... Mais honnêtement... Je ne sais pas ce qu'elle fait encore avec moi. Il y en a pleins dehors qui serait bien mieux que moi. Tout ça à cause de Laft, et de cette histoire... Je passe pour un bon à rien. Elle gère ses problèmes seule, moi je suis incapable de retrouver quelqu'un, je suis sûr que si on lui demandait de l'aide, elle arriverait à trouver Luminos en moins d'une semaine.
- On s'en moque, fit fermement mais calmement Neilla, elle a des contacts, pas nous, regarde jusqu'où on est arrivé. On est à deux doigts de leur tomber dessus. Si tu as réussi à tuer Rhan, je ne doute pas de notre réussite. Regarde ça, j'ai fabriqué des flèches explosives plus sophistiquées que les anciennes. Et pendant que vous chassiez sans moi, je me suis entraînée à la dague, je pense que je suis vraiment très douée désormais... pour l'assassinat.
- On a que deux cibles de confirmées, on n'est pas sûr de devoir tuer plus, ne t'en fais pas.
- Je sais... mais c'est juste que j'ai attendu ce moment depuis toujours, je ne veux pas faillir. Quand tout sera fini... On rentrera chez nous.
…
- Non pardon, bien sûr, ta place est ici. Excuse-moi... C'est juste que...
- Il ne reste plus que des ruines là bas, il faudra trouver autre chose.
- Tu veux quitter Larah ?
- Je ne suis pas assez bon pour elle, je ne suis pas la personne qui lui faut...
- Tu ne vas pas la laisser seule. Non Talf, elle a besoin de toi. Si toi tu pars... qu'est-ce qu'il lui reste ?
- Neilla... On sait tout deux que... je ne vivrai jamais aussi longtemps qu'elle.
- T'en sais rien, je te rappelle que le Comte lui a mis des trucs pas net dans son corps.
- Rah et lui aussi... je sais pas ce qui m'empêche de le trouver et lui tordre le cou !
- Demande à Laft, il va pouvoir t'aider sur le coup.
- Elle est complètement aveugle... ? Elle ne voit pas qu'il joue avec elle ?
- Je ne sais pas, je l'ai rencontré et... Il a l'air d'être quelqu'un de très spécial ? Je ne sais pas comment le décrire, il m'a aidé à retrouver Luminos.
- Quoi ? Tu l'as rencontré ?
- Oui, mais pour ma défense, je ne pensais pas tomber sur lui. Au marché noir, j'ai demandé aux trafiquants le meilleurs vendeurs d'informations... et - ils m'ont conduit à lui sans même réfléchir à quelqu'un de meilleur. Il ne m'a pas reconnu je crois, je ne sais même pas s'il me connaît.
- Crois-moi, il sait qui tu es. Larah m'avait dit qu'il te craignait pour ta vision d'aigle.
- Vraiment ? Je suis flattée pour une fois.
- Il devrait te craindre pour bien plus, sourit Talf.
- Mais personne ne sait à quel point je cache mon jeu, n'est-ce pas... ?
- Non en effet, puissent-ils ne jamais découvrir comment tu te bats réellement.
Dernière édition par Yian garuga anonyme le Lun 18 Jan 2016 - 2:10, édité 1 fois
Re: Le Village et ses alentours
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=hwDzbZcUTok )
Larah retourna dans sa maison et y surprit Nieve qui aidait Elim à ranger les courses qu'elle avait faite. Les deux sœurs partageaient le coût des repas, mais selon la jeune femme, plus pour très longtemps. Ryu et elle voulaient partir s'installer vers Jumbo. Larah se doutait que le Comte était derrière pour leur offrir une maison vu qu'il était originaire de ce village. Il œuvrait pour leur sécurité. Ryu ces derniers jours avaient pu sortir du lit. Malheureusement, comme l'avait craint en silence Larah, il était paralysé des jambes... et désormais, il ne chasserait plus jamais. Quand elle avait appris la nouvelle, une partie d'elle s'effondra. Elle avait mordit ses lèvres si fort qu'elle aurait pu se les arracher. C'était son ancien compagnon de chasse, ils avaient vaincu Svarog et à cause d'une grossière erreur, il avait perdu l'usage de ses jambes. Elle s'en voulait énormément. Le Zodiumbra lui avait asséné un coup terrible auquel elle aurait pu survivre mais le chasseur avait fait bouclier, mais à quel prix. C'était noble et un réflexe de sa part... Elim avait été silencieuse depuis. Rien n'était pire que de voir sa petite sœur comme ça. A tous les coups, pensa Larah, elle lui en voulait de l'avoir emmené là bas. Elim ne voulait pas ça, elle voulait fonder une famille dans un foyer confortable et pouvoir rester en paix jusqu'à la fin de ses jours. Le côté aventurier chasseur de Ryu l'avait dépassé, et aujourd'hui, il ne ferait plus rien.
Quand Larah aida sa sœur pour les courses avec le felyne qui s'était tu quand elle était arrivée, Elim n'avait même pas relevé les yeux. Cependant, alors qu'elle terminait de ranger les céréales, la petite sœur se mit à trembler et explosa en pleurs. Nieve recula d'un coup, les oreilles en arrière, il se tourna vers la chasseuse et avec insistance, il lui fit signe de la réconforter. Elle prit sa petite sœur dans ses bras en silence et la serra du mieux qu'elle le put. Elim ne put s'empêcher de pleurer encore et encore, elle entraîna même Larah par terre dans son désespoir. La grande sœur lui frottait le dos et ça commençait à passer. Elim se décolla un peu de l'imposante chasseuse comparée à elle et essuya ses larmes. Elle regarda Larah dans l’œil et s'excusa. Elle s'en voulait énormément de lui mettre cela sur le dos, elle savait que ce n'était pas de sa faute, Ryu avait fait ce qu'il avait cru bon de faire et que sans le Comte, il aurait été mort à l'heure qu'il était. Elle s'essuya les yeux et se releva, se mordant les lèvres. La chasseuse attendit un peu avant de se relever et la reprit dans ses bras une dernière fois.
- Vraiment, je suis désolée.
- C'est rien, fit Larah. Il fallait que ça sorte.
- Oui... Le silence, Larah, je me suis cloîtrée dedans. Ça faisait deux semaines que je ne t'ai pas adressé un mot, et j'avais ça, là, (elle montra son ventre sans en dire plus) qui me détruisait les entrailles. La haine a fait ses racines en moi, et dans le silence, je l'ai laissé grandir. Mais je me suis rendue compte que je cherchais seulement quelqu'un à blâmer. Et toi... toi... (elle eut de nouveau les larmes aux yeux) tu n'as rien dit, tu as accepté que je te juge comme ça...
- C'est rien, j'ai l'habitude.
- Non c'est injuste pour toi. Pourquoi tu m'as laissée faire ?
- Parce que tu en avais besoin.
- T'es une martyre....
- Bof, je ne compte plus le nombre de gens qui m'ont insultée, alors venant de ma sœur, je vais te dire, tu étais celle en qui j'avais le plus d'espoir de pardon.
- Merci... Pour Ryu...
- N'en parlons plus, je pense que ça ira pour toi pour aujourd'hui. Va te reposer avec lui, je gère le reste.
La jeune femme hocha la tête, recoiffant ses cheveux blonds et monta les escaliers en silence. Nieve se tourna vers la chasseuse et hocha la tête de satisfaction et de joie. Elle lui frotta la tête et se tourna vers les couteaux de cuisine. Elle en prit un qui ressemblait plus à un couteau à beurre qu'autre chose et le jeta à Nieve qui l'attrapa en vol, sans surprise. « Alors, tu t'es un peu entraîné pendant mon absence ? » Le felyne ne répondit pas et sauta droit sur la chasseuse. Elle l'esquiva et il atterrit sur le plan de travail, où il balaya l'air de la lame, visant le torse de la jeune femme qui esquiva, sourire aux lèvres. Elle fit une roulade en avant dans la limite de la cuisine et attrapa une casserole avec lequel elle para près de l'intégralité des coups du felyne. « Tu te fais bien plus rapide ! » Nieve ne la remercia pas, il continua son enchaînement et tenta une fente vers le tendon de Larah. Elle sauta en arrière, sur une table, soulevant ses jambes et évitant d'être touchée. Elle évita encore un coup à l'horizontal en se projetant en arrière. Alors que le felyne bondissait sur la table, elle en descendait, et tant qu'il fit dessus, elle tourna son œil un instant sur le côté et revint à son adversaire. Elle tenta de le frapper avec la casserole, qu'il esquiva, et se tourna sur le côté. Nieve se releva et tenta un coup frontal, mais la chasseuse, au dernier moment, se décala et le felyne tomba dans un récipient rempli d'eau. Il fut si surpris que dès que sa tête plongea dans l'eau, il sortit immédiatement d'un bond fulgurant. Larah éclata de rire et lui attrapa de quoi se sécher. « Qu'est-ce qui n'allait pas cette fois ? » lui demanda-t-elle, le felyne ne répondit pas, il ne savait pas quoi répondre. « Tu n'as pas fait attention à ton environnement. Tu aurais pu me piéger, mais tu ne t''es pas concentré sur ce qu'il y avait autour de toi. Moi je l'ai fait. J'ai vu qu'il y avait un chaudron donc je me suis positionnée vers ça et ensuite, quand tu as attaqué de face, il m'a fallu me bouger sur le côté ! » Le felyne hochait la tête en étudiant les paroles de la chasseuse. Il semblait convaincu. Elle sourit et lui tapa dans la main. « ça viendra. Allez, dehors, on a encore pleins de choses à voir sur les wyverns. »
(musique: https://www.youtube.com/watch?v=QTtFC0DryCM)
Hémildam était assis au milieu de son salon, il n'était pas de garde sur la muraille pour une fois et se reposait en lisant un livre sur les techniques de défenses de Dundroma. Il faisait pratiquement nuit, il faisait doux et il pensait même aller se coucher plus tôt que prévu pour pouvoir le lendemain passer la journée avec Elim et Ryu pour les rassurer et les aider à traverser cette épreuve... Et s'il croisait Larah, avec un peu de chance, il lui proposerait de faire la ronde de la muraille pour qu'elle donne son avis sur les défenses. Il était très content de ses capacités d'analyses et de logiques. Elle tenait ça de lui d'une certaine manière, mais elle les avait plus développées et plus affinées, comme sa mère lui avait appris. Il soupira et retira ses lunettes, il se leva et se dirigea vers la cuisine où il but un verre d'eau. Il réfléchit un peu à sa situation et se trouva bien logé et non loin de sa famille, il pouvait être heureux, mais ses filles ne l'étaient pas complètement, elles avaient des problèmes dont il ne pouvait rien. Ce qui le décevait surtout, c'était l'impuissance à laquelle il faisait face à cause de cela. Il ne pouvait pas soigner Ryu pas plus qu'il ne pouvait aider Larah face au Comte. Il s'était rendu à l'évidence : il avait fait son temps. Il posa son verre et retourna dans le salon. Grande fut sa surprise quand il vit ici même, le Comte, lisant la couverture du livre d'Hémildam. Ce dernier ne put s'empêcher de saisir un tisonnier pour se défendre. L'homme à la cape rouge leva les yeux vers lui et soupira. "Vous savez très bien que je ne suis pas là pour me battre." Le chasseur à la retraite ne baissa pas pour autant son arme de rechange. Les traits de son visage cachait une rage millénaire que personne n'aurait soupçonné venant de lui.
- Que faîtes-vous chez moi ? Rugit-il.
- Je suis venu discuter.
- Discuter ? C'est un mot que vous employez souvent mais qui ne correspond pas à la même chose que ce que peut penser votre interlocuteur, n'est-ce pas ? Où est votre acolyte ? Il n'est pas là pour me faire... parler?
- Einon a quelques problèmes ces derniers temps et je lui laisse de quoi se reposer. Je suis seul, ici, sans arme et sans défense. Tout à vous.
Hémildam le regarda de la tête aux pieds pour juger ses paroles. Il ferma ses lèvres en une ligne dure et implacable. Le Comte avait l'air las et fatigué, il tira une chaise et demanda "Je peux ?", comme Hémildam savait que c'était normalement à lui d'offrir la chaise, il s'assit d'abord et lui proposa ensuite de s’asseoir, ce qui énerva quelque peu le Comte quant aux manières de son hôte, mais comme à son habitude, il n'en laissa rien paraître. L'ancien chasseur se pencha en arrière pour attraper une vieille bouteille de rhum qu'il débouchonna avec les dents, ce qui fit soupirer son hôte. Il attrapa deux coupes et en tendit une au Comte qui fit un petit sourire espiègle et sortit lui aussi une bouteille de vin. "Je croyais que vous n'étiez pas armé. Je dois m'attendre à d'autres surprises ?" Le Comte sourit et secoua la tête : "Non voyons, je ne sacrifierai jamais un tel vigneron pour vous." Il attrapa cependant la coupe et se servit lui même.
- Vous avez dit être venu discuter ? Pour quoi donc ?
- C'est à propos de vos filles. Pour Elim, j'ai payé l'intégralité du coût de l'opération de Sovereign, comme vous le savez, n'est plus apte à la chasse et il va rester à jamais paralysé au niveau des jambes.
- Une bien triste nouvelle.
- En effet, mais peut être est-ce là mieux comme cela. Il ne risquera plus sa vie à la chasse désormais. Après tout, il..
- Vous êtes venu pour Larah, n'est-ce pas ? Le coupa l'ancien chasseur.
- Oui. En effet.
- Vous avez intérêt à la laisser tranquille. (Hémildam fut très menaçant dans le ton de sa voix)
- La laisser tranquille ? Répéta le Comte. Sûrement pas. Avez vous vu les tatouages qu'elle a désormais dans le dos ? Peut être pas, il a utilisé une encre spécial, la même que nous connaissons tous les deux...
- Qui ça "il" ?
- Tikky Mittyk. Cette... petite... chose.
- Je ne savais pas pour les tatouages, fit Hémildam, surpris.
- Oui, comme tout un tas d'autre chose. Je me trompe ? Vous l'élevez pour la Guilde... Vous la faîtes vivre au sein de votre communauté, utilisez ses atouts de chasseuse et quand le temps viendra, au moment où elle vous sera trop menaçante car trop puissante... vous voulez lui couper les ailes et la faire tuer dans sa chute ? Et j'imagine évidemment que tout ça sera justifié par une mort sur le lieu de chasse... Quand je pense que vous étiez même jusqu'à aller chercher les Lames et son armure en fatalis pourpre , quitte à en remuer la terre, pour qu'elle combatte à votre place. Quel père indigne vous faîtes.
- Vous n'êtes pas la bonne personne pour me faire la leçon, Comte.
- Vous la préparez pour l'abattoir !
- L'affection que vous lui portez est uniquement liée à sa mère ! S'écria le père.
- Non ! J'ai protégé cette fille comme si c'était la mienne, là où vous avez failli en tant que père, dans l'ombre, j'étais là. Je l'ai faite vivre, je l'ai aidée à s'élever. Vous l'avez abandonnée. Vous n'avez pas été là quand le Fatalis a détruit votre village. Moi oui. J'ai protégé la fille. J'ai fait face, à quel prix. Si je n'avais pas été seul, nous aurions repoussé la bête, nous lui aurions empêcher de maudire Larah. Mais vous étiez trop occupé à pleurer... Vous êtes un lâche.
- Cela ne change ni le passé, ni le présent.
- Au contraire, vous vous défilez, vous êtes incapable de lui parler de tout ce qu'il s'est passé, de sa propre mère ! Vous êtes un menteur.
- Permettez-moi d'en dire de même pour vous, de ce que je vois, elle vous prend en affection, ce qui signifie qu'elle ignore aussi pourquoi Marys vous.... vous... (il ne pouvait finir sa phrase)
- Cela ne justifie rien ! S'écria le Comte, poing sur la table. Je ne ferai pas les mêmes erreurs avec Larah. Je la protégerai.
- Vous ne voyez en elle que le reflet de votre enfant perdu, vous êtes aussi égaré qu'au moment où votre épouse a disparu.
- Taisez-vous Hémildam, vous ne savez rien de tout cela. Vous n'étiez qu'un paysan, comment Marys a pu tomber sous vos charmes ?
- (Le père prit du recul. Il se repoussa au fond de sa chaise et regarda le Comte, à la fois avec mépris et honte de ne pas l'avoir vu plutôt.) Marys... Vous l'aimiez, n'est-ce pas ?
- Marys et moi avions fait de grandes choses, nous avons protégés les nôtres, et vous êtes venus tout détruire. Vous et ce maudit... ce maudit serpent. Mais j'ai aimé ma femme et mon enfant, mais la vie en décida autrement. Larah est peut être la seule personne encore que je vois comme de la famille. Vous n'êtes que son géniteur, vous ne savez pas ce qu'est l'amour paternel.
- Répétez cela ! Hurla Hémildam en renversant sa chaise.
- Oui, Marys et moi étions si proche... qui sait si je ne suis pas le père de l'une des deux.
Hémildam retourna la table et saisit le Comte par sa cape, le souleva et le plaqua contre un meuble où de la vaisselle se brisa au sol. L'ancien chasseur tendit ses muscles comme s'il s'apprêtait à frapper le Comte, qui resta impassible, le regarda de haut en le dévisageant.
- Vous ne savez même pas vous contrôler.
- Ça suffit L... L....!
- Allez-y. Dîtes-le. Dîtes mon nom, souffla le Comte, les yeux embrasés d'un feu émeraude, prêt à riposter et à en juger par l'hésitation de l'ancien chasseur, ce dernier savait que ce serait une fin terrible que d'en faire davantage.
- Je vous maudis, finit par dire le père. Vous et vos projets. Quand Larah découvrira la vérité, elle se chargera de vous comme j'aurai du le faire il y a longtemps... sale démon.
- Je crois que cette insulte n'a pas sa place quand on voit "votre fille".
- Vous savez très bien ce que je veux dire...
- Voilà pourquoi vous ne voulez pas vous charger personnellement de mon cas, vous perdrez, votre honneur, votre famille et votre misérable et égoïste vie. J'espère que le lézard s'occupera de vous d'une manière ou d'une autre, que vous voyez enfin qui est l'ennemi.
- Vous êtes fou. Fou de pouvoir et de... de...
- Quand diable allez-vous finir vos phrases ? (La voix calme et posée du Comte avait toujours eu le don d'irriter Hémildam, mais dans la situation, cela le faisait entrer dans une rage folle.) Vous êtes minable, Hémildam. Je vais m'occuper de Maze. Dîtes à votre fille ce que vous voudrez, vous savez très bien qu'elle a plus confiance en moi qu'en vous maintenant. Malgré qu'elle ne sache pas encore comment me voir, je vous garantis qu'elle me croira moi et pas celui qui a nié son existence jusqu'à quelques années.
D'un simple geste qui surprit le père, le Comte se détacha de l'emprise de son agresseur et ramassa sa bouteille de vin. Il marcha vers la sortie et ne se retourna pas. Il laissa la porte ouverte comme il était entré et disparu dans les ombres de la nuit. Hémildam claqua la porte et ramassa la table qu'il avait fait tombé. Il se laissa tomber sur sa chaise et prit son visage dans ses mains, murmurant de rage et de désespoir, maudissant le Comte de tout son être.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=XWpuA9sHENE)
Talf et Neilla étaient partis à la pêche aux informations encore une fois et Larah décida de retourner s'entraîner avec AlGieba. Cette fois-ci, elle emmenait Nieve avec elle pour qu'il comprenne qu'elle aussi avait une routine journalière et qu'il n'y avait pas de miracle : la maîtrise venait à force de répéter encore et encore les mêmes gestes. Le felyne comprit très vite que ces séances d'entraînement étaient secrètes et non conventionnelles : en effet, la chasseuse ne déclarait pas ses expéditions. Si elle chassait quelque chose, elle serait dans l'illégalité. Mais elle s'en moquait pas mal depuis qu'elle avait découvert un contrat d'assassinat sur sa tête qu'elle n'aurait jamais soupçonné venant de Maze. Le wyverien n'était pas au courant, il n'était pas nécessaire qu'il en sache trop. Le mieux était qu'elle le lui en dise le moins. Si jamais il se faisait attraper par la Guilde pour une quelconque raison, ils comprendraient vite qu'ils ne tireront rien de lui. Ils arrivèrent à l'orée de la clairière habituelle et posèrent leurs affaires. AlGieba expliqua alors ce qu'il souhaitait lui faire apprendre aujourd'hui :
- Je crois que dans votre langue, on appelle ça le... salto arrière ? C'est bien quand on se projette en arrière et qu'on retombe sur ses pattes ?
- En effet, répondit-elle, mais euh... pourquoi faire ? C'est un mouvement qui va rarement me servir à la chasse, voire pas du tout. J'ai une armure normalement.
- Justement. Je veux que vous arriviez à vous mouvoir quelque soit ce que vous portez.
- Non attendez, vous savez combien ça pèse une armure ?
- J'en ai une petite idée en effet.
- Et si en plus je tiens dans chaque main une arme ? Ou si j'ai mon épée lourde ?
-Faîtes moi confiance s'il vous plaît.
- Bien sûr, pardon, s'excusa Larah. Nieve, tu vas y avoir droit aussi pour le coup.
Le felyne hocha la tête et écouta les explications du wyverien. « C'est une question de force, de souplesse et de détermination. Je ne doute d'aucun de ces caractères chez vous. Alors en fait, il faut commencer comme cela, regardez bien. » Il se mit en position, genoux légèrement courbés, corps gainé, il se projeta en arrière avec force. Et retomba sur ses pieds, avec légèreté, comme d'habitude. « Je vais me tuer. » conclut Larah en le voyant faire. Nieve essaya et tomba sur le dos, mais de sa hauteur, il ne se fit pas trop mal. Il se releva d'un bond et réessaya. La chasseuse le regarda faire, puis croisa le regard d'AlGieba. Il lui fit signe d'essayer mais elle ne le sentait pas du tout. Elle se mit en position comme il l'était, plia les genoux et se lança en arrière. Elle n'arriva pas à se tourner comme elle l'eut souhaité et tomba au sol... avec lourdeur, à l'inverse de son maître. « Vous allez bien ? » lui demanda-t-il. Larah se laissa tourner sur le dos et toucha sa lèvre, elle s'était en effet blessée et saignait. Le wyverien pâlit brusquement et sortit immédiatement de quoi lui nettoyer la petite coupure.
Ils reprirent tranquillement en commençant avec des culbutes, puis des exercices d'équilibre. AlGieba refit la démonstration, sous les deux yeux de Larah et de Minuit combinés.
« - Hmm... fit le dragon. Ça m'a l'air bien compliqué.
- Regarde, il place ses jambes comme s'il voulait faire une roulade.
- Oui mais il est en l'air.
- Je crois que c'est le but du salto, merci.
- Ça me rappelle les rathians...
- Tu crois que...
- Qu'il essaie de secrètement t'apprendre des mouvements de combat, oui.
- Mais il est pacifiste.
- Et alors ? Il peut savoir se battre. Mieux vaut être un guerrier dans un jardin qu'un jardinier dans la guerre.
- C'est profond. Venant de toi, c'est surprenant.
- La ferme. »
- Larah, pourriez vous appeler Yann je vous prie ?
- Hum, je ne sais pas s'il sera disposé à venir, c'est un peu à l'improviste là...
- Essayez quand même, je vous prie.
La chasseuse s'approcha de la chute d'eau qui surplombait la vallée et souffla fort dans son sifflet en forme de wyvern. Elle attendit un moment avant de recommencer. Au bout de quelques minutes, elle entendit l'écho d'un hurlement strident. Nieve se mit sur ses gardes et baissa les oreilles, main sur son arme. AlGieba lui murmura des mots dans une langue inconnue à Larah et le felyne regarda le wyverien dans les yeux, choqué par la langue qu'il venait d'employer. Il lui répondit alors et AlGieba hocha la tête. Nieve regarda rapidement sa maîtresse, puis il revint à son interlocuteur et lui murmura quelques mots, puis quand la chasseuse écouta plus, ils s'arrêtèrent de parler. Elle fronça les sourcils mais ne dit rien, elle se tourna vers l'ombre qui approchait et un battement d'aile la fit s'écarter de la zone où voulut se poser Yann. Le Garuga se mit droit sur ses pattes arrière et la salua d'un rugissement qui ne l'assourdissait plus depuis longtemps, mais ce n'était pas le cas de ses deux compagnons qui se bouchèrent les oreilles quand le rugissement strident les atteignit. Yann frotta sa tête dans les mains de Larah qui lui caressa le bec en retour. « Désolée de t'avoir fait venir à l'improviste, comme ça, on aurait besoin de toi apparemment. » Le wyvern leva la tête et regarda le wyverien qu'il reconnut. « Il est toujours là ? » La chasseuse hocha la tête et lui murmura à l'oreille qu'il pouvait leur faire confiance, à mesure qu'elle le lui confirma, la queue du wyvern se balança de moins en moins vite. Il s'approcha du felyne et le regarda. Nieve resta digne mais on voyait clairement qu'il avait peur. Il ouvra le bec pour voir comment réagirait le felyne mais celui-ci ne bougea pas. « Il est brave. » fit le garuga en se retournant vers Larah. Il revint se placer à côté d'elle, mettant sa tête sous sa main pour qu'elle le caresse et elle demanda alors :
- Et maintenant qu'il est là, que fait-on ?
- Eh bien, il va pouvoir vous montrer lui-même ce qu'il faut faire.
- Que veut-il dire ?
- Tu pourrais faire un backflip ?
- C'est quand je me lance en arrière ? Demanda-t-il, la voix rauque.
- Oui, c'est ça, attends, laisse moi me placer. Et pas la peine de grogner si j'utilise l’œil, il va falloir t'y faire.
Le Garuga grogna quand même et attendit que la jeune femme se place comme il faut pour qu'il fasse deux pas en arrière et se projette, la queue raclant très largement le sol, ravageant les quelques plantes qui poussaient là. Il retomba ensuite lourdement, montrant toute la force qu'il possédait. Nieve recula d'un coup et AlGieba pleura intérieurement les quelques plantes disparues. « Quel frimeur » maugréa Minuit que Larah fit taire d'un regard noir. Le dragon siffla et montra les dents monstrueuses que cachaient ses lèvres et ça fit quelque peu reculer la chasseuse. Le wyvern se secoua quand AlGieba le félicita pour sa performance, il n'avait fait que ce qu'il savait faire, rien de plus.
« - Je ne sais pas trop ce que tu en penses, fit Larah à Minuit, mais clairement, un wyvern n'a rien à voir avec un humain.
- Peut être que si tu fais deux pas en arrière avant de sauter, ça peut marcher.
- Non mais ça encore, je veux bien mais je ne possède pas de queue pour m'équilibrer ! Ni d'ailes, ni rien.
- Tu as des bras, essaie de trouver l'équilibre avec.
- C'est facile de dire ça quand on a deux bras, deux ailes et deux pattes arrière.
- J'essaie d'aider.
- Pardon. Il y a peut être quelque chose à faire, en effet.
- J'aimerai absolument chevaucher Yann, explosa Nova, qui apparut.
- Mais ça serait inutile pour l'entraînement, expliqua Minuit.
- C'est vrai que ça fait longtemps qu'on a pas fait un tour.... murmura Larah.
- On en a pas besoin ! S'écria Minuit, la voix plus forte que les deux autres qui acceptèrent la sentence du dragon. Bon sang, il essaie de nous former au combat et je suis sûr que peu de gens maîtrise ce mouvement. Ça pourrait nous servir énormément s'il faut prendre quelqu'un par surprise.
- Poussez vous tous, je m'y colle ! S'écria Nova, très enthousiaste. »
L'aura de Nova se fit sentir et Yann sauta sur place quand il la sentit. Il regarda la femme d'un autre œil. Nieve sembla aussi troublé, il regarda autour de lui comme si on attendait quelque chose de lui. Nova se mit en place sous le regard inquiet d'Algieba qui avait les bras croisés. Elle fit deux pas en arrière et sauta. Pendant un instant, Larah et Minuit étaient persuadés qu'elle venait de le faire du premier coup, mais alors que sa tête était en perpendiculaire avec l'axe du sol, elle n'arriva pas à basculer plus et s'écrasa au sol. Dans un « Oh ! » collectif, elle se releva en tenant son nez. Heureusement elle n'avait rien mais sa fierté en prit un coup. « Je recommence ! » s'écria-t-elle et elle ne réussit toujours pas. Larah reprit les commandes pour éviter le massacre de l'entité et les espoirs d'AlGieba qui fermait les yeux à chaque fois qu'elle tombait. Yann refit la démonstration avec le wyverien et le felyne s'était assis dans un coin, ne voulant pas prendre part au désastre.
L'après-midi passa à une vitesse folle et Larah ne maîtrisait toujours pas le salto arrière. Elle s'énerva contre un arbre dont elle brisa les écorces avec ses poings, petit tour appris grâce à Tana. Puis comme elle sentait l'esprit écologique d'AlGieba dans son dos, elle arrêta et tourna en rond. Cherchant ce qu'elle n'avait pas compris. Le Garuga s'était roulé en boule et avait discuté pendant tout ce temps avec les deux compagnons de la chasseuse. Nieve était très surpris de voir un garuga, il n'en avait jamais vu et pensait qu'ils étaient tous des bêtes très nerveuses et dangereuses. Il était impressionné par les blessures de guerre que portait fièrement Yann. Si seulement il ne les avait pas gagné en assassinant les parents de Talf, songea la jeune femme. C'est pour ça que son compagnon n'avait jamais supporté le wyvern, aussi sympathique qu'il puisse l'être. Alors que le soleil commençait à se coucher, Nieve, qui sembla se réveiller soudainement expliqua qu'il voulait rentrer au village avant la nuit. La chasseuse savait exactement qu'il ne serait jamais rentré avant que le soleil ne disparaisse mais le laissa partir quand même. Elle se doutait de quelque chose, mais après tout, le felyne ne lui voulait aucun mal. AlGieba proposa à Larah de rentrer mais elle voulait passer la nuit ici, sachant pertinemment que Talf ne serait pas rentré et qu'elle ne pourrait profiter de lui. Yann décida de s'en aller aussi, il avait trop longtemps quitter le nid et les petits n'étaient toujours pas capable de se débrouiller seul expliqua-t-il. « Ils font maintenant ma taille Yann, ils doivent savoir rester seul et ne pas paniquer ! » Mais le Garuga n'écouta pas les explications de la chasseuse et s'en alla. AlGieba haussa les épaules. Peut être avaient-ils parlaient de ça pendant qu'elle tapait sur un arbre, du coup elle s'en voulait d'avoir fait la brute juste par rage de ne pas réussir à faire quelque chose. Elle avait retiré son diadème pendant l'entraînement et c'était peut être pour ça qu'elle n'avait pas gardé son calme. Minuit était silencieux depuis deux heures, il semblait être à moitié là, ce qui résulta aussi d'une Nova à moitié là, vu que si les deux esprits n'étaient pas complet, elle n'apparaissait pas vraiment.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=X2AblN6C85Q)
AlGieba proposa à la chasseuse une nouvelle séance de méditation qu'elle accepta avec joie, elle partit enfiler sa couronne, persuadée que cela décuplerait les effets de cette ouverture spirituelle. Elle se faufila dans l'eau, le wyverien la tenant encore, mais cette fois-ci, il ferma les yeux en même temps qu'elle et instinctivement, ils synchronisèrent leur respiration. Très rapidement, ils se détachèrent du monde physique et contemplaient ce qui les entouraient à leur manière. Pour Larah, c'était encore sa mémoire qui travaillait, refaisant le décor vaguement, mais dont elle percevait précisément certains aspects. Elle inspira une nouvelle fois et sentit la connexion se faire avec Minuit, fluide, douce. Le dragon s'ouvrit à elle. En sentant le calme de l'esprit de la femme, il comprit qu'elle méditait. Il calma ses pensées qui semblaient un peu alarmées, comme s'il craignait quelque chose, ou ce qui pouvait être affilé à du stress du point de vue du dragon. La jeune femme n'y prêta pas attention, elle était si bien qu'elle voulait rester comme ça pour toujours. Mais elle sentait le regard de Minuit sur elle et elle demanda alors au bout d'un certain moment une question qui lui trottait dans la tête :
- Quand tu disais que tu étais toujours là... Tu voulais dire proche comment... ?
- Physiquement ?
- Oui.
- Eh bien... Comme quelqu'un de tout prêt.
- Mais tu fais bien 10 mètres de haut, je t'aurais vu, non ?
- Ne pas me voir ne signifie pas que je ne suis pas là.
- Non ça je te l'accorde. Mais quand même, comment serais-tu capable de te cacher aussi facilement ?
- La terre, le ciel, les sous-terrain. Il y a pleins de moyens.
- D'après les légendes, les Fatalis font trembler la terre et déchire les cieux, si je me souviens bien de la symphonie...
- Oui en effet, je pourrais le faire. Mais ce n'est pas quelque chose de nécessaire et tout le temps obligatoire. Regarde, un Kushala Daora s'entoure de la tempête quand il en a envie, mais il peut très bien profiter du soleil pour changer de peau, sans que forcément, les éléments soient déchaînés parce que c'est un dragon ancien qui contrôle les vents. Tu comprends ?
- Je crois oui, mais dans ce cas, comment tu fais pour... invoquer le ciel noir ? Avec des nuages inquiétants etc ?
- Je ne sais pas, c'est comme si les éléments me répondaient.
- Une minute, ta présence est bien plus imposante que la dernière fois... Quand tu disais être prêt... tu voulais dire à quelle... à quelle distance ? S'inquiéta Larah.
- Comme... ça.
Alors qu'il termina sa phrase, son ombre prit forme et il se dressa devant elle. Larah revint à elle même immédiatement et vit le dragon se dresser à quelques mètres seulement. AlGieba étouffa un cri de terreur, ne s'attendant sûrement pas à voir un Fatalis aussi proche d'eux. Minuit posa son œil valide sur la jeune femme qui dut se remettre debout sans se noyer tellement elle était surprise. Le retour à la réalité avait été si violent que pendant un instant, elle était restée aveugle. Le wyverien lui prit immédiatement le bras droit sans poser la question de savoir si c'était Nova ou Larah qui contrôlait le corps. Il voulut la tirer pour s'enfuir, loin, mais elle résista.
- Je suis là. Depuis le début.
- Comment.... ? S'étouffait Larah.
- Ne remets pas en cause tes talents de chasseuse. J'ai toujours été excellent pour me cacher.
- Tu... tu fais 25 mètres de long ! Comment as-tu pu... m'échapper ?
- Sous terre. J'étais sous terre. Ma présence a été étouffé par la roche.
- (AlGieba, dans la langue antique, s'écria) Il faut partir immédiatement ! On va se faire tuer sinon ! C'est.... C'est un Fatalis !
- Du calme, wyverien, répondit le dragon dans la même langue. Tu as en face de toi le deuxième instrument de musique qui compose Novasylis. Qui aurait pu croire qu'une symphonie pouvait se faire qu'à deux ?
- Algieba, reprit Larah dont la voix avait pris une tournure inquiétante. C'est Minuit, je sais, moi aussi je suis extrêmement surprise. Mais tu n'as pas à avoir peur...
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=QVtvPXVysiE )
Elle s'approcha du dragon, comme si elle était hypnotisée. Il baissa le museau à sa hauteur et posait un regard inquisiteur sur le wyverien qui était terrorisé. A mesure qu'elle approchait sa main de Minuit, elle avait le bras tremblant et une aura extrêmement étrange se dégageait entre les deux, comme si quelque chose tentait de faire une connexion physique entre les deux, et cette chose, cette entité, c'était Nova. Quand la peau de la jeune femme entra en contact avec les écailles rappeuses, le lien fut complet. Larah sentit une décharge foudroyante de la tête au pied, comme le dragon à en juger par le mouvement soudain de ses lèvres. AlGieba, toujours choqué et bleu de peur, arriva tout de même à lever le bras vers les deux êtres, sentant évidemment la présence de l'entité. Il murmura « Novasilys ? » Minuit et Larah levèrent leur regard en même temps vers le wyverien et d'une seule voix ils murmurèrent
« Et duo fiunt unum. »
Larah retourna dans sa maison et y surprit Nieve qui aidait Elim à ranger les courses qu'elle avait faite. Les deux sœurs partageaient le coût des repas, mais selon la jeune femme, plus pour très longtemps. Ryu et elle voulaient partir s'installer vers Jumbo. Larah se doutait que le Comte était derrière pour leur offrir une maison vu qu'il était originaire de ce village. Il œuvrait pour leur sécurité. Ryu ces derniers jours avaient pu sortir du lit. Malheureusement, comme l'avait craint en silence Larah, il était paralysé des jambes... et désormais, il ne chasserait plus jamais. Quand elle avait appris la nouvelle, une partie d'elle s'effondra. Elle avait mordit ses lèvres si fort qu'elle aurait pu se les arracher. C'était son ancien compagnon de chasse, ils avaient vaincu Svarog et à cause d'une grossière erreur, il avait perdu l'usage de ses jambes. Elle s'en voulait énormément. Le Zodiumbra lui avait asséné un coup terrible auquel elle aurait pu survivre mais le chasseur avait fait bouclier, mais à quel prix. C'était noble et un réflexe de sa part... Elim avait été silencieuse depuis. Rien n'était pire que de voir sa petite sœur comme ça. A tous les coups, pensa Larah, elle lui en voulait de l'avoir emmené là bas. Elim ne voulait pas ça, elle voulait fonder une famille dans un foyer confortable et pouvoir rester en paix jusqu'à la fin de ses jours. Le côté aventurier chasseur de Ryu l'avait dépassé, et aujourd'hui, il ne ferait plus rien.
Quand Larah aida sa sœur pour les courses avec le felyne qui s'était tu quand elle était arrivée, Elim n'avait même pas relevé les yeux. Cependant, alors qu'elle terminait de ranger les céréales, la petite sœur se mit à trembler et explosa en pleurs. Nieve recula d'un coup, les oreilles en arrière, il se tourna vers la chasseuse et avec insistance, il lui fit signe de la réconforter. Elle prit sa petite sœur dans ses bras en silence et la serra du mieux qu'elle le put. Elim ne put s'empêcher de pleurer encore et encore, elle entraîna même Larah par terre dans son désespoir. La grande sœur lui frottait le dos et ça commençait à passer. Elim se décolla un peu de l'imposante chasseuse comparée à elle et essuya ses larmes. Elle regarda Larah dans l’œil et s'excusa. Elle s'en voulait énormément de lui mettre cela sur le dos, elle savait que ce n'était pas de sa faute, Ryu avait fait ce qu'il avait cru bon de faire et que sans le Comte, il aurait été mort à l'heure qu'il était. Elle s'essuya les yeux et se releva, se mordant les lèvres. La chasseuse attendit un peu avant de se relever et la reprit dans ses bras une dernière fois.
- Vraiment, je suis désolée.
- C'est rien, fit Larah. Il fallait que ça sorte.
- Oui... Le silence, Larah, je me suis cloîtrée dedans. Ça faisait deux semaines que je ne t'ai pas adressé un mot, et j'avais ça, là, (elle montra son ventre sans en dire plus) qui me détruisait les entrailles. La haine a fait ses racines en moi, et dans le silence, je l'ai laissé grandir. Mais je me suis rendue compte que je cherchais seulement quelqu'un à blâmer. Et toi... toi... (elle eut de nouveau les larmes aux yeux) tu n'as rien dit, tu as accepté que je te juge comme ça...
- C'est rien, j'ai l'habitude.
- Non c'est injuste pour toi. Pourquoi tu m'as laissée faire ?
- Parce que tu en avais besoin.
- T'es une martyre....
- Bof, je ne compte plus le nombre de gens qui m'ont insultée, alors venant de ma sœur, je vais te dire, tu étais celle en qui j'avais le plus d'espoir de pardon.
- Merci... Pour Ryu...
- N'en parlons plus, je pense que ça ira pour toi pour aujourd'hui. Va te reposer avec lui, je gère le reste.
La jeune femme hocha la tête, recoiffant ses cheveux blonds et monta les escaliers en silence. Nieve se tourna vers la chasseuse et hocha la tête de satisfaction et de joie. Elle lui frotta la tête et se tourna vers les couteaux de cuisine. Elle en prit un qui ressemblait plus à un couteau à beurre qu'autre chose et le jeta à Nieve qui l'attrapa en vol, sans surprise. « Alors, tu t'es un peu entraîné pendant mon absence ? » Le felyne ne répondit pas et sauta droit sur la chasseuse. Elle l'esquiva et il atterrit sur le plan de travail, où il balaya l'air de la lame, visant le torse de la jeune femme qui esquiva, sourire aux lèvres. Elle fit une roulade en avant dans la limite de la cuisine et attrapa une casserole avec lequel elle para près de l'intégralité des coups du felyne. « Tu te fais bien plus rapide ! » Nieve ne la remercia pas, il continua son enchaînement et tenta une fente vers le tendon de Larah. Elle sauta en arrière, sur une table, soulevant ses jambes et évitant d'être touchée. Elle évita encore un coup à l'horizontal en se projetant en arrière. Alors que le felyne bondissait sur la table, elle en descendait, et tant qu'il fit dessus, elle tourna son œil un instant sur le côté et revint à son adversaire. Elle tenta de le frapper avec la casserole, qu'il esquiva, et se tourna sur le côté. Nieve se releva et tenta un coup frontal, mais la chasseuse, au dernier moment, se décala et le felyne tomba dans un récipient rempli d'eau. Il fut si surpris que dès que sa tête plongea dans l'eau, il sortit immédiatement d'un bond fulgurant. Larah éclata de rire et lui attrapa de quoi se sécher. « Qu'est-ce qui n'allait pas cette fois ? » lui demanda-t-elle, le felyne ne répondit pas, il ne savait pas quoi répondre. « Tu n'as pas fait attention à ton environnement. Tu aurais pu me piéger, mais tu ne t''es pas concentré sur ce qu'il y avait autour de toi. Moi je l'ai fait. J'ai vu qu'il y avait un chaudron donc je me suis positionnée vers ça et ensuite, quand tu as attaqué de face, il m'a fallu me bouger sur le côté ! » Le felyne hochait la tête en étudiant les paroles de la chasseuse. Il semblait convaincu. Elle sourit et lui tapa dans la main. « ça viendra. Allez, dehors, on a encore pleins de choses à voir sur les wyverns. »
(musique: https://www.youtube.com/watch?v=QTtFC0DryCM)
Hémildam était assis au milieu de son salon, il n'était pas de garde sur la muraille pour une fois et se reposait en lisant un livre sur les techniques de défenses de Dundroma. Il faisait pratiquement nuit, il faisait doux et il pensait même aller se coucher plus tôt que prévu pour pouvoir le lendemain passer la journée avec Elim et Ryu pour les rassurer et les aider à traverser cette épreuve... Et s'il croisait Larah, avec un peu de chance, il lui proposerait de faire la ronde de la muraille pour qu'elle donne son avis sur les défenses. Il était très content de ses capacités d'analyses et de logiques. Elle tenait ça de lui d'une certaine manière, mais elle les avait plus développées et plus affinées, comme sa mère lui avait appris. Il soupira et retira ses lunettes, il se leva et se dirigea vers la cuisine où il but un verre d'eau. Il réfléchit un peu à sa situation et se trouva bien logé et non loin de sa famille, il pouvait être heureux, mais ses filles ne l'étaient pas complètement, elles avaient des problèmes dont il ne pouvait rien. Ce qui le décevait surtout, c'était l'impuissance à laquelle il faisait face à cause de cela. Il ne pouvait pas soigner Ryu pas plus qu'il ne pouvait aider Larah face au Comte. Il s'était rendu à l'évidence : il avait fait son temps. Il posa son verre et retourna dans le salon. Grande fut sa surprise quand il vit ici même, le Comte, lisant la couverture du livre d'Hémildam. Ce dernier ne put s'empêcher de saisir un tisonnier pour se défendre. L'homme à la cape rouge leva les yeux vers lui et soupira. "Vous savez très bien que je ne suis pas là pour me battre." Le chasseur à la retraite ne baissa pas pour autant son arme de rechange. Les traits de son visage cachait une rage millénaire que personne n'aurait soupçonné venant de lui.
- Que faîtes-vous chez moi ? Rugit-il.
- Je suis venu discuter.
- Discuter ? C'est un mot que vous employez souvent mais qui ne correspond pas à la même chose que ce que peut penser votre interlocuteur, n'est-ce pas ? Où est votre acolyte ? Il n'est pas là pour me faire... parler?
- Einon a quelques problèmes ces derniers temps et je lui laisse de quoi se reposer. Je suis seul, ici, sans arme et sans défense. Tout à vous.
Hémildam le regarda de la tête aux pieds pour juger ses paroles. Il ferma ses lèvres en une ligne dure et implacable. Le Comte avait l'air las et fatigué, il tira une chaise et demanda "Je peux ?", comme Hémildam savait que c'était normalement à lui d'offrir la chaise, il s'assit d'abord et lui proposa ensuite de s’asseoir, ce qui énerva quelque peu le Comte quant aux manières de son hôte, mais comme à son habitude, il n'en laissa rien paraître. L'ancien chasseur se pencha en arrière pour attraper une vieille bouteille de rhum qu'il débouchonna avec les dents, ce qui fit soupirer son hôte. Il attrapa deux coupes et en tendit une au Comte qui fit un petit sourire espiègle et sortit lui aussi une bouteille de vin. "Je croyais que vous n'étiez pas armé. Je dois m'attendre à d'autres surprises ?" Le Comte sourit et secoua la tête : "Non voyons, je ne sacrifierai jamais un tel vigneron pour vous." Il attrapa cependant la coupe et se servit lui même.
- Vous avez dit être venu discuter ? Pour quoi donc ?
- C'est à propos de vos filles. Pour Elim, j'ai payé l'intégralité du coût de l'opération de Sovereign, comme vous le savez, n'est plus apte à la chasse et il va rester à jamais paralysé au niveau des jambes.
- Une bien triste nouvelle.
- En effet, mais peut être est-ce là mieux comme cela. Il ne risquera plus sa vie à la chasse désormais. Après tout, il..
- Vous êtes venu pour Larah, n'est-ce pas ? Le coupa l'ancien chasseur.
- Oui. En effet.
- Vous avez intérêt à la laisser tranquille. (Hémildam fut très menaçant dans le ton de sa voix)
- La laisser tranquille ? Répéta le Comte. Sûrement pas. Avez vous vu les tatouages qu'elle a désormais dans le dos ? Peut être pas, il a utilisé une encre spécial, la même que nous connaissons tous les deux...
- Qui ça "il" ?
- Tikky Mittyk. Cette... petite... chose.
- Je ne savais pas pour les tatouages, fit Hémildam, surpris.
- Oui, comme tout un tas d'autre chose. Je me trompe ? Vous l'élevez pour la Guilde... Vous la faîtes vivre au sein de votre communauté, utilisez ses atouts de chasseuse et quand le temps viendra, au moment où elle vous sera trop menaçante car trop puissante... vous voulez lui couper les ailes et la faire tuer dans sa chute ? Et j'imagine évidemment que tout ça sera justifié par une mort sur le lieu de chasse... Quand je pense que vous étiez même jusqu'à aller chercher les Lames et son armure en fatalis pourpre , quitte à en remuer la terre, pour qu'elle combatte à votre place. Quel père indigne vous faîtes.
- Vous n'êtes pas la bonne personne pour me faire la leçon, Comte.
- Vous la préparez pour l'abattoir !
- L'affection que vous lui portez est uniquement liée à sa mère ! S'écria le père.
- Non ! J'ai protégé cette fille comme si c'était la mienne, là où vous avez failli en tant que père, dans l'ombre, j'étais là. Je l'ai faite vivre, je l'ai aidée à s'élever. Vous l'avez abandonnée. Vous n'avez pas été là quand le Fatalis a détruit votre village. Moi oui. J'ai protégé la fille. J'ai fait face, à quel prix. Si je n'avais pas été seul, nous aurions repoussé la bête, nous lui aurions empêcher de maudire Larah. Mais vous étiez trop occupé à pleurer... Vous êtes un lâche.
- Cela ne change ni le passé, ni le présent.
- Au contraire, vous vous défilez, vous êtes incapable de lui parler de tout ce qu'il s'est passé, de sa propre mère ! Vous êtes un menteur.
- Permettez-moi d'en dire de même pour vous, de ce que je vois, elle vous prend en affection, ce qui signifie qu'elle ignore aussi pourquoi Marys vous.... vous... (il ne pouvait finir sa phrase)
- Cela ne justifie rien ! S'écria le Comte, poing sur la table. Je ne ferai pas les mêmes erreurs avec Larah. Je la protégerai.
- Vous ne voyez en elle que le reflet de votre enfant perdu, vous êtes aussi égaré qu'au moment où votre épouse a disparu.
- Taisez-vous Hémildam, vous ne savez rien de tout cela. Vous n'étiez qu'un paysan, comment Marys a pu tomber sous vos charmes ?
- (Le père prit du recul. Il se repoussa au fond de sa chaise et regarda le Comte, à la fois avec mépris et honte de ne pas l'avoir vu plutôt.) Marys... Vous l'aimiez, n'est-ce pas ?
- Marys et moi avions fait de grandes choses, nous avons protégés les nôtres, et vous êtes venus tout détruire. Vous et ce maudit... ce maudit serpent. Mais j'ai aimé ma femme et mon enfant, mais la vie en décida autrement. Larah est peut être la seule personne encore que je vois comme de la famille. Vous n'êtes que son géniteur, vous ne savez pas ce qu'est l'amour paternel.
- Répétez cela ! Hurla Hémildam en renversant sa chaise.
- Oui, Marys et moi étions si proche... qui sait si je ne suis pas le père de l'une des deux.
Hémildam retourna la table et saisit le Comte par sa cape, le souleva et le plaqua contre un meuble où de la vaisselle se brisa au sol. L'ancien chasseur tendit ses muscles comme s'il s'apprêtait à frapper le Comte, qui resta impassible, le regarda de haut en le dévisageant.
- Vous ne savez même pas vous contrôler.
- Ça suffit L... L....!
- Allez-y. Dîtes-le. Dîtes mon nom, souffla le Comte, les yeux embrasés d'un feu émeraude, prêt à riposter et à en juger par l'hésitation de l'ancien chasseur, ce dernier savait que ce serait une fin terrible que d'en faire davantage.
- Je vous maudis, finit par dire le père. Vous et vos projets. Quand Larah découvrira la vérité, elle se chargera de vous comme j'aurai du le faire il y a longtemps... sale démon.
- Je crois que cette insulte n'a pas sa place quand on voit "votre fille".
- Vous savez très bien ce que je veux dire...
- Voilà pourquoi vous ne voulez pas vous charger personnellement de mon cas, vous perdrez, votre honneur, votre famille et votre misérable et égoïste vie. J'espère que le lézard s'occupera de vous d'une manière ou d'une autre, que vous voyez enfin qui est l'ennemi.
- Vous êtes fou. Fou de pouvoir et de... de...
- Quand diable allez-vous finir vos phrases ? (La voix calme et posée du Comte avait toujours eu le don d'irriter Hémildam, mais dans la situation, cela le faisait entrer dans une rage folle.) Vous êtes minable, Hémildam. Je vais m'occuper de Maze. Dîtes à votre fille ce que vous voudrez, vous savez très bien qu'elle a plus confiance en moi qu'en vous maintenant. Malgré qu'elle ne sache pas encore comment me voir, je vous garantis qu'elle me croira moi et pas celui qui a nié son existence jusqu'à quelques années.
D'un simple geste qui surprit le père, le Comte se détacha de l'emprise de son agresseur et ramassa sa bouteille de vin. Il marcha vers la sortie et ne se retourna pas. Il laissa la porte ouverte comme il était entré et disparu dans les ombres de la nuit. Hémildam claqua la porte et ramassa la table qu'il avait fait tombé. Il se laissa tomber sur sa chaise et prit son visage dans ses mains, murmurant de rage et de désespoir, maudissant le Comte de tout son être.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=XWpuA9sHENE)
Talf et Neilla étaient partis à la pêche aux informations encore une fois et Larah décida de retourner s'entraîner avec AlGieba. Cette fois-ci, elle emmenait Nieve avec elle pour qu'il comprenne qu'elle aussi avait une routine journalière et qu'il n'y avait pas de miracle : la maîtrise venait à force de répéter encore et encore les mêmes gestes. Le felyne comprit très vite que ces séances d'entraînement étaient secrètes et non conventionnelles : en effet, la chasseuse ne déclarait pas ses expéditions. Si elle chassait quelque chose, elle serait dans l'illégalité. Mais elle s'en moquait pas mal depuis qu'elle avait découvert un contrat d'assassinat sur sa tête qu'elle n'aurait jamais soupçonné venant de Maze. Le wyverien n'était pas au courant, il n'était pas nécessaire qu'il en sache trop. Le mieux était qu'elle le lui en dise le moins. Si jamais il se faisait attraper par la Guilde pour une quelconque raison, ils comprendraient vite qu'ils ne tireront rien de lui. Ils arrivèrent à l'orée de la clairière habituelle et posèrent leurs affaires. AlGieba expliqua alors ce qu'il souhaitait lui faire apprendre aujourd'hui :
- Je crois que dans votre langue, on appelle ça le... salto arrière ? C'est bien quand on se projette en arrière et qu'on retombe sur ses pattes ?
- En effet, répondit-elle, mais euh... pourquoi faire ? C'est un mouvement qui va rarement me servir à la chasse, voire pas du tout. J'ai une armure normalement.
- Justement. Je veux que vous arriviez à vous mouvoir quelque soit ce que vous portez.
- Non attendez, vous savez combien ça pèse une armure ?
- J'en ai une petite idée en effet.
- Et si en plus je tiens dans chaque main une arme ? Ou si j'ai mon épée lourde ?
-Faîtes moi confiance s'il vous plaît.
- Bien sûr, pardon, s'excusa Larah. Nieve, tu vas y avoir droit aussi pour le coup.
Le felyne hocha la tête et écouta les explications du wyverien. « C'est une question de force, de souplesse et de détermination. Je ne doute d'aucun de ces caractères chez vous. Alors en fait, il faut commencer comme cela, regardez bien. » Il se mit en position, genoux légèrement courbés, corps gainé, il se projeta en arrière avec force. Et retomba sur ses pieds, avec légèreté, comme d'habitude. « Je vais me tuer. » conclut Larah en le voyant faire. Nieve essaya et tomba sur le dos, mais de sa hauteur, il ne se fit pas trop mal. Il se releva d'un bond et réessaya. La chasseuse le regarda faire, puis croisa le regard d'AlGieba. Il lui fit signe d'essayer mais elle ne le sentait pas du tout. Elle se mit en position comme il l'était, plia les genoux et se lança en arrière. Elle n'arriva pas à se tourner comme elle l'eut souhaité et tomba au sol... avec lourdeur, à l'inverse de son maître. « Vous allez bien ? » lui demanda-t-il. Larah se laissa tourner sur le dos et toucha sa lèvre, elle s'était en effet blessée et saignait. Le wyverien pâlit brusquement et sortit immédiatement de quoi lui nettoyer la petite coupure.
Ils reprirent tranquillement en commençant avec des culbutes, puis des exercices d'équilibre. AlGieba refit la démonstration, sous les deux yeux de Larah et de Minuit combinés.
« - Hmm... fit le dragon. Ça m'a l'air bien compliqué.
- Regarde, il place ses jambes comme s'il voulait faire une roulade.
- Oui mais il est en l'air.
- Je crois que c'est le but du salto, merci.
- Ça me rappelle les rathians...
- Tu crois que...
- Qu'il essaie de secrètement t'apprendre des mouvements de combat, oui.
- Mais il est pacifiste.
- Et alors ? Il peut savoir se battre. Mieux vaut être un guerrier dans un jardin qu'un jardinier dans la guerre.
- C'est profond. Venant de toi, c'est surprenant.
- La ferme. »
- Larah, pourriez vous appeler Yann je vous prie ?
- Hum, je ne sais pas s'il sera disposé à venir, c'est un peu à l'improviste là...
- Essayez quand même, je vous prie.
La chasseuse s'approcha de la chute d'eau qui surplombait la vallée et souffla fort dans son sifflet en forme de wyvern. Elle attendit un moment avant de recommencer. Au bout de quelques minutes, elle entendit l'écho d'un hurlement strident. Nieve se mit sur ses gardes et baissa les oreilles, main sur son arme. AlGieba lui murmura des mots dans une langue inconnue à Larah et le felyne regarda le wyverien dans les yeux, choqué par la langue qu'il venait d'employer. Il lui répondit alors et AlGieba hocha la tête. Nieve regarda rapidement sa maîtresse, puis il revint à son interlocuteur et lui murmura quelques mots, puis quand la chasseuse écouta plus, ils s'arrêtèrent de parler. Elle fronça les sourcils mais ne dit rien, elle se tourna vers l'ombre qui approchait et un battement d'aile la fit s'écarter de la zone où voulut se poser Yann. Le Garuga se mit droit sur ses pattes arrière et la salua d'un rugissement qui ne l'assourdissait plus depuis longtemps, mais ce n'était pas le cas de ses deux compagnons qui se bouchèrent les oreilles quand le rugissement strident les atteignit. Yann frotta sa tête dans les mains de Larah qui lui caressa le bec en retour. « Désolée de t'avoir fait venir à l'improviste, comme ça, on aurait besoin de toi apparemment. » Le wyvern leva la tête et regarda le wyverien qu'il reconnut. « Il est toujours là ? » La chasseuse hocha la tête et lui murmura à l'oreille qu'il pouvait leur faire confiance, à mesure qu'elle le lui confirma, la queue du wyvern se balança de moins en moins vite. Il s'approcha du felyne et le regarda. Nieve resta digne mais on voyait clairement qu'il avait peur. Il ouvra le bec pour voir comment réagirait le felyne mais celui-ci ne bougea pas. « Il est brave. » fit le garuga en se retournant vers Larah. Il revint se placer à côté d'elle, mettant sa tête sous sa main pour qu'elle le caresse et elle demanda alors :
- Et maintenant qu'il est là, que fait-on ?
- Eh bien, il va pouvoir vous montrer lui-même ce qu'il faut faire.
- Que veut-il dire ?
- Tu pourrais faire un backflip ?
- C'est quand je me lance en arrière ? Demanda-t-il, la voix rauque.
- Oui, c'est ça, attends, laisse moi me placer. Et pas la peine de grogner si j'utilise l’œil, il va falloir t'y faire.
Le Garuga grogna quand même et attendit que la jeune femme se place comme il faut pour qu'il fasse deux pas en arrière et se projette, la queue raclant très largement le sol, ravageant les quelques plantes qui poussaient là. Il retomba ensuite lourdement, montrant toute la force qu'il possédait. Nieve recula d'un coup et AlGieba pleura intérieurement les quelques plantes disparues. « Quel frimeur » maugréa Minuit que Larah fit taire d'un regard noir. Le dragon siffla et montra les dents monstrueuses que cachaient ses lèvres et ça fit quelque peu reculer la chasseuse. Le wyvern se secoua quand AlGieba le félicita pour sa performance, il n'avait fait que ce qu'il savait faire, rien de plus.
« - Je ne sais pas trop ce que tu en penses, fit Larah à Minuit, mais clairement, un wyvern n'a rien à voir avec un humain.
- Peut être que si tu fais deux pas en arrière avant de sauter, ça peut marcher.
- Non mais ça encore, je veux bien mais je ne possède pas de queue pour m'équilibrer ! Ni d'ailes, ni rien.
- Tu as des bras, essaie de trouver l'équilibre avec.
- C'est facile de dire ça quand on a deux bras, deux ailes et deux pattes arrière.
- J'essaie d'aider.
- Pardon. Il y a peut être quelque chose à faire, en effet.
- J'aimerai absolument chevaucher Yann, explosa Nova, qui apparut.
- Mais ça serait inutile pour l'entraînement, expliqua Minuit.
- C'est vrai que ça fait longtemps qu'on a pas fait un tour.... murmura Larah.
- On en a pas besoin ! S'écria Minuit, la voix plus forte que les deux autres qui acceptèrent la sentence du dragon. Bon sang, il essaie de nous former au combat et je suis sûr que peu de gens maîtrise ce mouvement. Ça pourrait nous servir énormément s'il faut prendre quelqu'un par surprise.
- Poussez vous tous, je m'y colle ! S'écria Nova, très enthousiaste. »
L'aura de Nova se fit sentir et Yann sauta sur place quand il la sentit. Il regarda la femme d'un autre œil. Nieve sembla aussi troublé, il regarda autour de lui comme si on attendait quelque chose de lui. Nova se mit en place sous le regard inquiet d'Algieba qui avait les bras croisés. Elle fit deux pas en arrière et sauta. Pendant un instant, Larah et Minuit étaient persuadés qu'elle venait de le faire du premier coup, mais alors que sa tête était en perpendiculaire avec l'axe du sol, elle n'arriva pas à basculer plus et s'écrasa au sol. Dans un « Oh ! » collectif, elle se releva en tenant son nez. Heureusement elle n'avait rien mais sa fierté en prit un coup. « Je recommence ! » s'écria-t-elle et elle ne réussit toujours pas. Larah reprit les commandes pour éviter le massacre de l'entité et les espoirs d'AlGieba qui fermait les yeux à chaque fois qu'elle tombait. Yann refit la démonstration avec le wyverien et le felyne s'était assis dans un coin, ne voulant pas prendre part au désastre.
L'après-midi passa à une vitesse folle et Larah ne maîtrisait toujours pas le salto arrière. Elle s'énerva contre un arbre dont elle brisa les écorces avec ses poings, petit tour appris grâce à Tana. Puis comme elle sentait l'esprit écologique d'AlGieba dans son dos, elle arrêta et tourna en rond. Cherchant ce qu'elle n'avait pas compris. Le Garuga s'était roulé en boule et avait discuté pendant tout ce temps avec les deux compagnons de la chasseuse. Nieve était très surpris de voir un garuga, il n'en avait jamais vu et pensait qu'ils étaient tous des bêtes très nerveuses et dangereuses. Il était impressionné par les blessures de guerre que portait fièrement Yann. Si seulement il ne les avait pas gagné en assassinant les parents de Talf, songea la jeune femme. C'est pour ça que son compagnon n'avait jamais supporté le wyvern, aussi sympathique qu'il puisse l'être. Alors que le soleil commençait à se coucher, Nieve, qui sembla se réveiller soudainement expliqua qu'il voulait rentrer au village avant la nuit. La chasseuse savait exactement qu'il ne serait jamais rentré avant que le soleil ne disparaisse mais le laissa partir quand même. Elle se doutait de quelque chose, mais après tout, le felyne ne lui voulait aucun mal. AlGieba proposa à Larah de rentrer mais elle voulait passer la nuit ici, sachant pertinemment que Talf ne serait pas rentré et qu'elle ne pourrait profiter de lui. Yann décida de s'en aller aussi, il avait trop longtemps quitter le nid et les petits n'étaient toujours pas capable de se débrouiller seul expliqua-t-il. « Ils font maintenant ma taille Yann, ils doivent savoir rester seul et ne pas paniquer ! » Mais le Garuga n'écouta pas les explications de la chasseuse et s'en alla. AlGieba haussa les épaules. Peut être avaient-ils parlaient de ça pendant qu'elle tapait sur un arbre, du coup elle s'en voulait d'avoir fait la brute juste par rage de ne pas réussir à faire quelque chose. Elle avait retiré son diadème pendant l'entraînement et c'était peut être pour ça qu'elle n'avait pas gardé son calme. Minuit était silencieux depuis deux heures, il semblait être à moitié là, ce qui résulta aussi d'une Nova à moitié là, vu que si les deux esprits n'étaient pas complet, elle n'apparaissait pas vraiment.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=X2AblN6C85Q)
AlGieba proposa à la chasseuse une nouvelle séance de méditation qu'elle accepta avec joie, elle partit enfiler sa couronne, persuadée que cela décuplerait les effets de cette ouverture spirituelle. Elle se faufila dans l'eau, le wyverien la tenant encore, mais cette fois-ci, il ferma les yeux en même temps qu'elle et instinctivement, ils synchronisèrent leur respiration. Très rapidement, ils se détachèrent du monde physique et contemplaient ce qui les entouraient à leur manière. Pour Larah, c'était encore sa mémoire qui travaillait, refaisant le décor vaguement, mais dont elle percevait précisément certains aspects. Elle inspira une nouvelle fois et sentit la connexion se faire avec Minuit, fluide, douce. Le dragon s'ouvrit à elle. En sentant le calme de l'esprit de la femme, il comprit qu'elle méditait. Il calma ses pensées qui semblaient un peu alarmées, comme s'il craignait quelque chose, ou ce qui pouvait être affilé à du stress du point de vue du dragon. La jeune femme n'y prêta pas attention, elle était si bien qu'elle voulait rester comme ça pour toujours. Mais elle sentait le regard de Minuit sur elle et elle demanda alors au bout d'un certain moment une question qui lui trottait dans la tête :
- Quand tu disais que tu étais toujours là... Tu voulais dire proche comment... ?
- Physiquement ?
- Oui.
- Eh bien... Comme quelqu'un de tout prêt.
- Mais tu fais bien 10 mètres de haut, je t'aurais vu, non ?
- Ne pas me voir ne signifie pas que je ne suis pas là.
- Non ça je te l'accorde. Mais quand même, comment serais-tu capable de te cacher aussi facilement ?
- La terre, le ciel, les sous-terrain. Il y a pleins de moyens.
- D'après les légendes, les Fatalis font trembler la terre et déchire les cieux, si je me souviens bien de la symphonie...
- Oui en effet, je pourrais le faire. Mais ce n'est pas quelque chose de nécessaire et tout le temps obligatoire. Regarde, un Kushala Daora s'entoure de la tempête quand il en a envie, mais il peut très bien profiter du soleil pour changer de peau, sans que forcément, les éléments soient déchaînés parce que c'est un dragon ancien qui contrôle les vents. Tu comprends ?
- Je crois oui, mais dans ce cas, comment tu fais pour... invoquer le ciel noir ? Avec des nuages inquiétants etc ?
- Je ne sais pas, c'est comme si les éléments me répondaient.
- Une minute, ta présence est bien plus imposante que la dernière fois... Quand tu disais être prêt... tu voulais dire à quelle... à quelle distance ? S'inquiéta Larah.
- Comme... ça.
Alors qu'il termina sa phrase, son ombre prit forme et il se dressa devant elle. Larah revint à elle même immédiatement et vit le dragon se dresser à quelques mètres seulement. AlGieba étouffa un cri de terreur, ne s'attendant sûrement pas à voir un Fatalis aussi proche d'eux. Minuit posa son œil valide sur la jeune femme qui dut se remettre debout sans se noyer tellement elle était surprise. Le retour à la réalité avait été si violent que pendant un instant, elle était restée aveugle. Le wyverien lui prit immédiatement le bras droit sans poser la question de savoir si c'était Nova ou Larah qui contrôlait le corps. Il voulut la tirer pour s'enfuir, loin, mais elle résista.
- Je suis là. Depuis le début.
- Comment.... ? S'étouffait Larah.
- Ne remets pas en cause tes talents de chasseuse. J'ai toujours été excellent pour me cacher.
- Tu... tu fais 25 mètres de long ! Comment as-tu pu... m'échapper ?
- Sous terre. J'étais sous terre. Ma présence a été étouffé par la roche.
- (AlGieba, dans la langue antique, s'écria) Il faut partir immédiatement ! On va se faire tuer sinon ! C'est.... C'est un Fatalis !
- Du calme, wyverien, répondit le dragon dans la même langue. Tu as en face de toi le deuxième instrument de musique qui compose Novasylis. Qui aurait pu croire qu'une symphonie pouvait se faire qu'à deux ?
- Algieba, reprit Larah dont la voix avait pris une tournure inquiétante. C'est Minuit, je sais, moi aussi je suis extrêmement surprise. Mais tu n'as pas à avoir peur...
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=QVtvPXVysiE )
Elle s'approcha du dragon, comme si elle était hypnotisée. Il baissa le museau à sa hauteur et posait un regard inquisiteur sur le wyverien qui était terrorisé. A mesure qu'elle approchait sa main de Minuit, elle avait le bras tremblant et une aura extrêmement étrange se dégageait entre les deux, comme si quelque chose tentait de faire une connexion physique entre les deux, et cette chose, cette entité, c'était Nova. Quand la peau de la jeune femme entra en contact avec les écailles rappeuses, le lien fut complet. Larah sentit une décharge foudroyante de la tête au pied, comme le dragon à en juger par le mouvement soudain de ses lèvres. AlGieba, toujours choqué et bleu de peur, arriva tout de même à lever le bras vers les deux êtres, sentant évidemment la présence de l'entité. Il murmura « Novasilys ? » Minuit et Larah levèrent leur regard en même temps vers le wyverien et d'une seule voix ils murmurèrent
« Et duo fiunt unum. »
Re: Le Village et ses alentours
AlGieba sentit un éclair dans sa colonne vertébrale, un frisson indescriptible. Larah caressa le museau du dragon qui fit frémir ses écailles.
- Enfin nous nous rencontrons de nouveau... commença le dragon.
- N'ayez crainte, nous ne vous ferons aucun mal, termina Larah.
- Il était simplement temps que nous nous revoyons. Alors je vous ai surpris pendant votre méditation. Comment aurai-je pu faire autrement sans vous inciter à fuir ?
- C'est pour cela que toute l'après-midi, il était absent, continua la chasseuse.
- En effet, et pour le coup, vous ne vous y attendiez pas. La lune se lève bientôt mais elle ne sera pas assez forte pour me révéler entièrement à la nuit, expliqua Minuit.
- Larah, je croyais que vous craigniez le dragon, vous êtes allée vers lui immédiatement, je ne comprends pas.
- C'est Nova qui nous a réuni, répondirent-ils en cœur. Vous le savez très bien, mais vous vouliez nous l'entendre dire, n'est-ce pas ?
- Oui... C'est vrai, je voulais savoir si tout était vrai. Et il semble bien que ça soit le cas. Minuit, l'envergure de vos ailes est tout simplement incroyable. J'ai visité des milliers d'horizons, vu d'incroyables créatures et je crois que vous êtes l'être dont les ailes sont les plus grandes de ces cieux.
- Et vous êtes peut être l'un des seuls humanoïdes aussi âgé que j'ai pu croiser.
- Comment ça ? Demanda la chasseuse.
- Il est bien plus vieux que ce qu'il ne laisse le voir. On voit dans ses yeux qu'il a vécu bien plus de printemps que n'importe lequel des tiens, s'adressa Minuit à Larah. Je suis à même de me demander s'il n'est pas aussi âgé que moi.
- Vous avez bon avoir dit à Larah que vous n'étiez pas si vieux, intervint AlGieba, le fait que vous ayez vécu dans les souterrains de ce monde me fait penser que vous êtes bien plus âgé que ça, vous aussi. Le temps n'a guère d'importance quand on n'a rien pour nous dire qu'il passe, vrai ?
- Les étoiles ne me sont familières que depuis peu, oui, opina le dragon en fermant à demi les yeux, suspicieux. Mais tout est relatif. Pour Larah, ce sont des décennies, pour moi, ce n'était que l'ombre d'un temps.
- Pourquoi êtes-vous venu nous trouver ?
- Pour voir Larah. Et vous même. Vérifier que vous êtes bien celui que je vois à travers son œil.
AlGieba avala sa salive, intimidé. La chasseuse les avait écouté sans dire de mot, comme si elle était à moitié là. Il était persuadé que derrière le regard brillant causé par l'Union, Nova était derrière et leur parlait en même temps. Il ne pouvait le savoir, l'aura de Larah et de Minuit était bien trop imposante pour être certains que là où s'enlaçait les deux énergies, celle de Nova était là. Quelle coïncidence que Nieve et Yann soient partis au bon moment. La chasseuse leur avait-elle dit de partir inconsciemment, sans savoir que le dragon viendrait ? Il ne savait pas, et de toute manière, c'était peut être mieux ainsi. La jeune femme décolla sa main du museau de Minuit avec difficulté, comme si elle était aimantée à lui. Elle battit des paupières comme si elle reprenait connaissance et se rendit compte de la situation. Reculant d'un coup elle regarda le dragon de haut en bas. « Une minute... tu as pris de la masse, enfin... » Le dragon lui répondit que si c'était lui qui avait dit ça, elle l'aurait giflé. Il se contenta alors de la faire tomber avec sa queue et ouvrit grand les ailes quand elle se releva pour se battre. « Tu voulais voler tout à l'heure. » Larah s'arrêta dans sa charge et baissa les bras. « Oui en effet, mais je voulais monter Yann, pas toi, je ne connais pas ton dos, je ne sais pas comment me placer. » Le dragon émit un grognement ennuyé.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=cx06VKCP8z0)
- Monte. Et lui aussi s'il le veut.
- Je n'en vaux pas la peine.
- Vous n'en valez pas la peine ou vous ne voulez pas monter un Fatalis ? (AlGieba baissa les yeux, honteux d'avoir menti à un dragon ancien) C'est bien ce qu'il me semblait. Toi par contre, tu n'y échappes pas.
- Et attends une minute, j'ai peut être mon mot à dire, on ne va pas le laisser là...
- Vous feriez mieux de faire ce qu'il vous dit, objecta AlGieba, je vous regarderai d'ici. Je doute que vous partiez sans moi.
- En effet. Il faut qu'on parle toi et moi. (Il se tourna entièrement vers Larah)
- On peut très bien le faire par la pensée, et tu le sais... aah !
Il colla sa tête au sol, collant presque son œil rouge à côté du visage de Larah. Cette dernière voulut partir mais il ne lui laissait pas franchement le choix. Elle grimpa entre ses cornes et tenta de trouver comment se placer. Elle cligna des yeux le temps d'un instant et vit la silhouette dorée des souvenirs de Minuit apparaître et se placer à un endroit bien précis pour profiter de deux écailles légèrement décollées, et y placer ses pieds... Sauf que la jeune chasseuse voyait très bien que si le dragon décollait, elle allait tomber. Sauf que par analyse, elle comprit que l'équilibre allait être la clef de ce petit jeu, surtout quand elle voyait toute les articulations du dragon, il allait remuer en volant. Elle toussota pour lui faire comprendre que ça allait être compliqué, il lui grogna dessus et se leva sans crier gare, projetant Larah sur les fesses, devant s'accrocher aux deux écailles qu'elle avait remarqué. « Attends, attends, attends ! » criait-elle. Mais le dragon ne l'écoutait pas, il se dirigea vers la cascade pour se jeter du haut de la falaise et s'envoler. La chasseuse se lança sur une des cornes de Minuit et s'y agrippa solidement, sa vie en dépendait sur le coup. Le fatalis se tourna rapidement vers AlGieba, qui assistait en silence à la scène, craignant qu'il n'arrive quelque chose à sa protégée. Sans prévenir, le dragon se laissa tomber dans le vide, sous les hurlements de Larah. Il ouvrit ses ailes et ils prirent immédiatement de l'altitude. Elle lui tapa dessus avec la main, lui criant de redescendre. « Silence ! » rugit-il, « tu as besoin de t'entraîner à me monter. » La jeune femme arriva, par dessus sa terreur, à lui demander pourquoi. Il répondit : « Si jamais on se fait attaquer et qu'il faut s'enfuir, tu sauras me monter. Regarde autour de toi, il doit bien y avoir un endroit où tu peux te mettre sans tomber. » Elle regarda la peau du monstre et lut ses pensées.
- Tu veux... que je me lève ? Sur ta tête ? En plein vol ?
- Eh bien quoi ? Le wyverien te fait faire des tours de passe passe au bord d'une falaise et tu refuses d'essayer de te mettre debout sur ma tête ? Moi qui t'accompagne depuis tout ce temps ?
- Tu es jaloux... ?
- Certainement pas ! Allez, debout. Sinon je commence à faire des spirales et ça ne va pas te plaire...
Larah voulait bien essayer, mais elle n'avait aucune idée de comment se lever, il volait vraiment vite. Elle regarda derrière elle et vit les articulations des ailes faire remuer le dos du dragon. Elle vit aussi comment elle pourrait se déplacer sur le dragon, encore une fois, grâce à la silhouette dorée qui se mit à courir et disparut quand elle cligna de nouveau des yeux. Elle tenta de mettre ses pieds sur le crâne du dragon, elle se laissa glisser légèrement et se mit à quatre pattes, les mains solidement accrochées aux deux écailles. « Ce sont tes pieds que tu dois mettre là. » Elle secoua la tête, c'était de la folie. Elle n'avait jamais eu peur du vide mais le dragon exagérait là, ils étaient en plein vol. Même sur Yann elle n'avait jamais eu l'audace de faire ça. Elle se laissa échapper un petit rire. « Je te rattraperai si tu tombes. » fit le dragon. Elle tenta de se redresser mais le vent la calma immédiatement. Elle regarda devant elle, le ciel nocturne étendait son voile à l'horizon. Ils allaient tout droit, donc il n'y avait rien à craindre des manœuvres du Fatalis. Elle réessaya de se lever. Cette fois-ci, elle arriva à tendre les bras et mettre une jambe en place. Elle reprit une bourrasque en plein visage, mais ne se laissa pas abattre cette fois. Elle tendit l'autre jambe et essaya de décoller ses mains. Elle arriva à en lever une, l'autre se leva d'elle même quand le vent souffla de nouveau et la projeta en arrière. Elle se retrouva debout, les pieds bloqués contre les écailles, comme avait dit le dragon. Elle se penchait de gauche à droite, cherchant son équilibre de ses bras. Elle arriva à se stabiliser et les bras tendus, le corps contracté, elle regarda devant elle. Le museau du dragon pointait droit vers le Nord, comme elle le voyait avec les étoiles.
- C'est beau, mais ce n'est pas une première pour moi, tu sais ? Yann a été avant toi.
- Je m'en moque, j'avais simplement besoin qu'il fasse nuit pour ne pas me faire voir.
- Comment pourrait-on manquer un dragon de vingt mètres d'envergure ? Fit-elle en exagérant.
- Il me semble pourtant que j'ai réussi à te surprendre...
- Certes mais c'était vraiment spécial. Eh doucement ! Je tiens à peine debout !
- Il va falloir t'y faire. On fait un tour pour aller chercher le wyverien et je vous dépose au village...
- Il n'y a assez de place que pour moi sur ta tête !
- Qui a dit qu'il serait sur ma tête ?
Il vira de bord et Larah perdit l'équilibre, elle se raccrocha à la corne immédiatement et laissa s'échapper des injures quand le dragon piqua vers le sol et remonta pour prendre de la vitesse. Ils revinrent sur la falaise en quelques minutes et AlGieba s'écarta pour que Minuit se pose. Le wyverien et la chasseuse s'attendaient à ce qu'il tombe violemment pour se montrer fort, mais il atterrit si légèrement que la poussière du sol ne se souleva que très peu. Il pencha la tête et Larah tomba depuis ses cornes au sol. Elle l'insulta une nouvelle fois et se releva, gelée. « Il veut nous ramener au village. Il insiste beaucoup. Il te prendra entre ses griffes... enfin ses pattes... tu n'as rien à craindre. » Le wyverien secoua quand même sa tête. Le Fatalis gronda doucement mais suffisamment fort pour que le sol tremble. AlGieba s'excusa poliment mais il refusait catégoriquement d'entrer en contact avec le dragon. Ce dernier se tourna en montrant les dents et s'éloigna de quelques pas quand la chasseuse, grâce à l'Union, lui fit comprendre qu'elle voulait parler au wyverien. Il se coucha au sol, la queue remuant la surface d'eau de la rivière. Larah se tourna vers son compagnon et lui demanda aussitôt :
- Mais... je ne vais pas te laisser tout seul...
- Ne vous en faîtes pas pour moi, je resterai la nuit ici et j'irai cueillir quelques plantes dans la zone, je n'ai pas de problème pour rentrer seul.
- Je ne laisserai pas quelqu'un sans défense. Surtout dans une zone où des prédateurs peuvent traîner, on a vu un rathalos.
- La présence du Fatalis va les dissuader de passer par ici. Je n'ai rien à craindre.
- (Larah secoua la tête et s'approcha de lui) Tiens. Prends-le. (Elle lui tendit son couteau de dépeçage, en os de Bracchiodon). Garde-le, s'il te plaît.
- Je ne... Je ne sais pas me servir de ça.
- C'est un couteau en Bracchiodon. C'est l'un des matériaux les plus résistants que je possède, je ne m'en sépare jamais normalement, elle met toujours utile en cas de besoin mais... je ne veux pas te savoir sans défense, vraiment. Accroche le à ta ceinture, ne t'en sers pas si tu n'en as pas besoin, mais je suis persuadée qu'il peut faire fuir certains monstres.
AlGieba hésita puis tendit la main pour le prendre, mais il s'arrêta en sentant la présence de Nova. Cette dernière passa son index et son majeur sur la lame, avant de faire tourner la pointe vers elle, tendant ainsi le pommeau au wyverien, surpris. Il prit le couteau et regarda Nova qui lui fit un clin d'oeil. Puis elle se tourna vers Minuit, laissant de nouveau la place à Larah qui cria « Sois prudent ! » à AlGieba avant d'essayer de remonter sur le Fatalis qui leva trop tôt la tête et laissa la chasseuse suspendue au dessus du vide. Après une petite dispute entre le dragon et la chasseuse, ils arrivèrent à faire tenir la jeune femme et Minuit se tourna de nouveau vers la cascade pour s'envoler. Il marcha vers le précipice, croisant le regard d'AlGieba, qui semblait non pas effrayé par le Fatalis mais inquiet pour sa protégée. Le dragon souleva rapidement sa lèvre supérieure mais le wyverien ne lâcha pas son regard. Minuit ouvrit ses ailes, Larah sentit que son cœur allait encore risquer une attaque, et il se lança dans le vide avec la jeune femme qui ne put s'empêcher de lâcher un cri, ennuyant le dragon et faisant douter AlGieba sur la sécurité de la chasseuse.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=A2IKgEWHZzc )
Pendant le vol, la chasseuse tenta de se remettre debout à plusieurs reprises, ne tenant que quelques dizaines de seconde à chaque fois. C'était très dur et physique et honnêtement, elle était déjà exténuée. Elle arriva à s'asseoir sans trop prendre de risque, en tailleur, se tenant aux écailles qui dépassaient. Le dragon volait plus doucement pour qu'elle se tienne plus facilement. Elle regardait les ailes qui ne battaient presque jamais l'air. Il planait littéralement, comme s'il glissait dans les cieux. Assez timidement, elle demanda au Fatalis pourquoi il tenait tant que ça à la ramener. Minuit resta silencieux puis elle sentit son soupir. Il voulait aborder le sujet, mais ne savait pas trop comment. Elle le sentit et lui donna la force de commencer.
- L'Alatréon... que vous avez libéré.
- Que Jarvis a libéré, le corrigea-t-elle.
- Peu importe, vous ne l'avez pas arrêté. Donc je disais, cet Alatréon a un nom. Il se nomme Mordecaï. C'est une très, très vieille chose. Mais elle n'en reste pas moins l'un des dragons les plus puissants que j'ai eu à rencontrer.
- Pfft... Mordecaï ? Comme « Mort des cailles ? » Hahaha !
- Ou comme Mort d'écailles.
- Hahahaha ! Qui l'a nommé ainsi ?
- Peu importe. Concentre toi sur le plus important. Tu connais des choses sur les Alatréons ?
- Ils ont l'air physiquement très puissant. En voyant l'épaisseur de la queue, j'ai compris qu'il y avait beaucoup de muscles là dessous. Ses griffes ont l'air terriblement puissantes, il a découpé Jarvis... en un instant. Et ses cornes frontales... ça ne m'inspire rien de bon.
- Combien d'éléments penses-tu qu'il maîtrise ?
- Les écailles m'ont suggéré qu'il venait du volcan. Alors le feu de sûr. Et si c'est un dragon ancien aussi puissant que ce que tu me dis, il maîtrise sûrement l'élément dragon.
- C'est tout ?
- C'est déjà bien !
- Tu le sous-estimes. Cette espèce de créature possède une affinité élémentaire... dans toutes les catégories possibles. Feu, dragon, foudre et glace. Il n'utilise pas l'eau à l'état liquide, mais c'est tout comme.
- Quoi ?! S'étrangla la chasseuse. Mais comment c'est possible ? Il doit être terriblement instable !
- C'est pour cela qu'il n'utilise toujours qu'une paire d'élément à la fois. Selon s'il vole, ou s'il est au sol. Crois moi, je ne dirai pas que sa puissance de feu dépasse la mienne, mais je pense très clairement que la foudre et la glace sont aussi... mortels. Il pourrait décimer un Lao Shan en quelques minutes.
- Par les esprits...
- Exactement. Je n'ai vu que deux créatures capable de tenir tête à un Alatreon... La première est l'Akantor car il est aussi brutal et résistant que le dragon, ce qui lui laisse une chance de rivaliser. L'autre est le Guran Mirauso.
- Hmm... je ne crois pas connaître cette créature.
- Vous l'avez peut être traduit autrement dans votre langue. C'est une très, très, très grande créature. Crois moi, des choses de cette taille et aussi puissante, tu devrais les craindre rien qu'en entendant leur nom.
- Grande comment ? Comme un Lao Shan ?
- Bien sûr que non ! Le Guran Mirauso est plus petit.
- Bah alors... je devrai craindre plus le Lao Shan dans ce cas...
- Ce sont des montagnes qui bougent, de gros lézards, presque inoffensif. Ils détruisent des villes humaines par mégarde. Oh quoique, le géant des Enfers aussi... juste en clignant des yeux, huhuhu.
- Ok, soit, j'ai toujours su qu'il y avait des dieux sur cette terre, mais revenons-en à... M... Mor... Mordecaï.
- Je ne sais pas quoi te dire de plus.
- Tu es un Fatalis, tu pourrais le vaincre, non ?
Il y eut un très, très long silence, gênant. Le dragon resta complètement immobile, perdant de l'altitude. Larah tapa dans ses mains pour qu'il reprenne un peu d'altitude. Elle repéra les montagnes de Tenmura et comprit que depuis tout à l'heure, Minuit tournait autour, il ne voulait pas que la discussion se termine, pourtant, elle semblait bien finie. Il soupira profondément et reprit :
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=KGHA9oO1Ybg)
- Ecoute Larah, j'ai bon être un Fatalis, je ne suis pas un bon combattant, du moins, pas aussi bon que Mordecaï ou Svarog que tu as rencontré.
- Mais... tu as détruit des villages... à plusieurs reprises.
- Oui parce que je sais comment marche les humains, leurs défenses, leurs armes, je sais combattre les humains. Les wyverns aussi. Mais certains dragons anciens peuvent me tenir tête. Non je ne parle pas de Kushala Daora, ni de Chameleos. J'en crains certains, comme les Lunastras, même si souvent elles me fuient. Ces choses là sont bien trop féroce et n'abandonne jamais. Je me suis frottée à plusieurs d'entre elles et même si j'ai toujours gagné, je me rappellerai toujours de leur force et agressivité. Mais bon, j'étais jeune, je pense que maintenant, j'aurai largement le dessus.
- Minuit, j'ai vu ta puissance de feu. Tu peux tenir tête à n'importe quel monstre si tu es plus ingénieux qu'eux. Si tu arrives à feindre et ruser...
- Il suffirait d'un coup assez bien placé pour me faire perdre définitivement l'avantage que je pourrais avoir face à un Alatréon.
- Par tous les dieux existant, arrête de douter de toi, c'est pas une poche de flamme que tu as dans la gorge, c'est un brasier du feu de l'enfer ! Tu es capable de le canaliser en une colonne de flammes mais aussi le faire exploser ! Je suis même pratiquement sûre que tu serais capable de générer de la poisse !
- Cette substance explosive ? Je ne crois pas. Je n'ai jamais vu aucun des miens l'utiliser.
- Et l'élément dragon ? Tu dois en avoir pleins les veines !
- (Minuit ferma soudainement son esprit à la jeune femme, voulant sûrement cacher quelque chose) Ce n'est pas important. C'est un pouvoir bien trop instable. J'ai vu des amis à moi succomber de leur propre pouvoir, leur corps se disloquant à mesure que l'élément leur dévorait leurs membres, leur peau, leurs griffes, leurs yeux...
- Pourtant, certains dragons anciens y survivent.
- Parce qu'ils ne vivent que de haine ou de sentiments très puissants, qui leur permet de canaliser leur sentiment en une énergie destructrice.
- C'est possible.
- Crois moi, tu ignores tout de ce quoi sont capables les créatures de ce monde.
Il descendit en atmosphère et se posa près de la berge du lac de Tenmura. Larah considéra qu'il était impossible de la traverser d'ici et que le détour lui vaudrait des heures de marches jusqu'au
prochain pont. Mais le Fatalis ne semblait pas vouloir s'arrêter là, il se posa doucement puis se coucha, utilisant sa queue pour effacer ses traces, comme la chasseuse l'avait appris à Yann. Il se laissa plonger dans l'eau, mais laissant juste le haut de son crâne dépasser, avec ses narines et Larah. Il traversa le lac en quelques mouvements et s'approcha même du port mais la jeune femme lui envoya un signal, c'était bien trop dangereux ! Il ne l'écouta pas et s'approcha d'un pont où la faible lumière d'une torche brillait. Il n'y avait heureusement personne, en même temps, il était peut être minuit, voir plus tard. Elle attrapa le bois et se hissa, vérifiant encore qu'il n'y ait personne et elle se tourna rapidement vers le dragon qui après lui avoir envoyé un message mental qu'elle ne perçut pas de suite, s'immergea totalement. Elle suivit des yeux les vibrations de la surface de l'eau, si elle ne savait pas qu'il était en dessous, elle n'aurait jamais pu deviner qu'un Fatalis nageait.
(musique en boucle si besoin: https://www.youtube.com/watch?v=ONFXU8V183k he is coming...)
Larah rentra chez elle vitesse grand V. Elle se cachait dans l'ombre quand des gardes patrouillaient, depuis que Nova et Rupert s'étaient introduits dans les locaux de Maze. Elle arriva chez elle sans aucun problème, avec une discrétion digne des meilleurs voleurs. Elle posa la main sur la poignée de sa porte et sentit que le verrou n'était pas en place. Etrange, ce n'était pas l'habitude d'Elim d'oublier de le mettre. Nieve n'était sûrement pas encore là. Elle ouvrit doucement et vit la maison telle qu'elle l'avait laissé. Elle soupira, peut être était-elle un peu trop paranoïaque. Elle ferma cependant derrière elle et quand elle se tourna vers son salon, elle ne put s'empêcher de lâcher un cri, rapidement étouffé par une main qui surgit si vite qu'elle en fut surprise. Puis d'un mouvement de défense, elle tordit le bras de la personne et mit instinctivement la main à son couteau de dépeçage... mais il n'était pas là. Elle repensa à AlGieba et pesta, mais la personne se délivra et d'un pas rapide sur le côté, il se laissa apparaître à la lumière. Cape rouge, épaulières aiguillées, les yeux émeraudes, pas de doute sur la personne, c'était bien le Comte. « Que faîtes vous chez moi ? A cette heure-ci ? » s'écria-t-elle, indignée, surprise et en colère. Il lui fit signe de baisser d'un ton, Elim et Ryu dormant à l'étage. Mais cela n'empêchait pas la fureur de la chasseuse qui s'en voulait tellement à l'heure qu'il était d'avoir cédé son couteau. Mais ce n'était pas un problème, elle connaissait sa maison, le terrain, c'était le sien. Il souleva sa cape, montrant qu'il était désarmé, même si Larah n'avait jamais été au courant de quelques armes qu'il pourrait porter. Il tira simplement de son dos sa bouteille de vin et montra les deux coupes qu'il avait déjà disposé sur la table. Elle ne le quitta pas de yeux et en soupirant longuement, elle tira une chaise et prit place. Il fit de même en ouvrant la bouteille et servant le vin dans les coupes :
- Je suis venu voir Sovereign, pour savoir comment se porter ses jambes.
- Il ne les a plus, je sais. Enfin... il ne peut plus les utiliser.
- Peut être un jour aura-t-il un espoir de remarcher, mais j'en doute honnêtement. (il y eut un silence) Je pensais vous voir également, mais j'ignorais que vous étiez de balade nocturne... Et à l'odeur... Il y a eu du wyvern.
- Je vous remercie pour cette remarque... je ne comptais pas accueillir qui que ce soit.
- Je m'en doute, ne vous en faites pas. Et en plus vous avez volé (Larah passa une main dans ses cheveux complètement en bataille et se les tira vers l'arrière) à dos de wyvern... ou de dragon ? (il y eut un autre silence où la chasseuse garda un visage impassible. Il se mit à rire.) Peu importe, n'est-ce pas ?
- Vous le saurez tôt ou tard, j'imagine.
- Je ne peux rien vous cacher.
- Que voulez-vous dans ce cas ?
- Je préfère discuter avec vous que de lire des rapports sur un papier... ça manque... de chaleur, si vous voyez ce que je veux dire. Et je ne peux pas contempler votre visage sur du papier.
Larah le fixa longuement, se demandant s'il était au courant pour Nova, pour Minuit et AlGieba et leur petit entraînement « secret ». Il souriait, elle ne pouvait dire si c'était parce qu'il était de bonne humeur ou heureux de la voir, mais en tout cas, elle savait que c'était sincère. Il leva sa coupe et elle fit de même, imbibant ses lèvres de l'alcool. Si elle n'avait jamais eu beaucoup de préférence pour le vin, elle se fit surprendre par le goût sucré et non déplaisant. Sûrement une qualité rare. Le Comte reprit :
- Cela fait déjà un moment que vous êtes en arrêt. Vous comptez repartir à la chasse ?
- Pas sans Drakov.
- Ah oui, le croisé. Un humain Apex. Je ne pensais pas voir ça possible, j'imagine que l'on doit remercier les gènes pour cela. Mais j'ai bien peur que cela ne signifie... une vie bien plus courte.
- N'avançons rien pour le moment.
- Non en effet, mais il n'est toujours pas remis. Vous allez vraiment attendre ?
- Absolument. Je ne pars plus sans lui, on s'entend trop bien pour laisser passer un tel potentiel de chasse. Notre coordination ne se retrouvera pas ailleurs. Comme pour Talf.
- Talf ? Vous voulez dire le petit cachottier qui fouille un petit peu trop dans les dossiers de l'Organisation ? Vous pourriez lui dire que ça devient dur de couvrir ses traces ? Il n'est pas très doué pour ça, contrairement à l'archère... des mains lestes et un pas léger. Une véritable voleuse.
- De quoi parlez-vous ?
- Évidemment, je me doutais qu'ils ne vous ont rien dit. Ils mènent une petite enquête depuis plusieurs mois et j'avoue que je les ai aidé. Pourquoi ? Ce Luminos empiète trop sur mon territoire et en tant que Comte, je me dois de protéger mon domaine.
- Luminos ?
- Depuis combien de temps avez vous eu une conversation raisonnable sur les fréquentations de votre compagnon ?
- Attendez, expliquez vous.
- Moi ? Je n'en sais pas plus que ça ! S'apitoya le Comte en exagérant, puis il reprit son sérieux. Vous savez ce que c'est Larah, je suis un courtier de l'information. Et j'ai toujours appris à respecter une seule règle : Tout a un prix.
- Que voulez-vous contre ce que vous savez ?
Il eut un sourire en coin en même temps que de lever un sourcil. Elle comprit que la question pouvait s'avérer ambiguë et elle rougit un peu en détournant les yeux. Il se pencha sur la table, gardant son sourire, car même s'il ricanait presque à cause d'une blague involontaire, elle vit dans ses yeux une lueur qu'elle retrouvait très souvent, celle d'un homme avide d'en savoir plus... Il la regarda droit dans les yeux et répondit : « Vous en êtes sûre ? Ce que je sais... contre ce que je veux ? » Elle déglutit et réfléchit. Talf et Neilla ne voulaient pas lui en parler. Ils avaient peut être une raison. Le Comte ne savait peut être pas certaine chose. Comme Nova. Peut être qu'il vaudrait mieux la garder secrète. Car à moins de percevoir les auras comme AlGieba par exemple ou d'être vraiment à côté pour percevoir le ton de voix qui changeait, personne ne pouvait soupçonner l'existence de l'entité. Comment le savait-elle ? Nova avait déjà interagit avec des gens sans que ces derniers se doutent de qui c'était, ils l'avaient tous traité comme si c'était Larah. Cependant les animaux et felynes sentaient très bien qu'il y avait un changement. Aussi bien que le Comte la connaisse, elle était persuadée que les informations qu'il possédait sur Nova étaient incomplètes. Il aurait sûrement eu vent du nom. Mais pas de la personne. Mais Talf et Neilla se mettaient certainement en danger en fouillant ou volant l'Organisation, tout de même responsable des AGI et en lien direct avec les croisés. C'étaient des types peu recommandables, bien que peu nombreux. Nerveusement, elle faisait jouer ses doigts sur sa coupe et remuait la jambe. Son invité l'avait remarqué et ne lâchait pas ce regard. Le silence s'éternisa quand finalement, il prit sa coupe et but. La chasseuse remua la tête alors et répondit enfin :
- Non. Je ne veux pas savoir au final.
- Je comprends votre choix, mais n'oubliez pas, vous ne savez pas où sont vos amis et encore moins dans quelle voie ils se sont empêtrés... Mais je respecte votre décision. S'il le faut, je serai toujours là... pour vous.
Elle tourna les yeux vers lui. Il était sincère. Larah mit sa main devant la bouche puis se rappelant qu'il connaissait sûrement la signification de chacun de ses gestes, elle se leva et lui tourna le dos, les bras croisés. Il se leva également la rejoignant et lui mettant la main sur l'épaule, il la fit se tourner vers lui, mais elle fuyait son regard. « Allons, allons, pas besoin d'avoir honte », reprit-il, « C'est dans l'ordre des choses. Pour ce qui est de la bouteille, je vous la laisse. Par contre, serait-il possible de savoir deux ou trois petites choses sur la quête que vous avez dernièrement... échouée ? » La chasseuse sentit quelque chose se réveillait en elle, comme si Nova avait été appelé sans que ni Minuit, ni elle ne le veuille. C'était les yeux du Comte qui l'avait perturbée. Elle dut lutter intérieurement pour ne pas que l'Union se fasse de la main de Nova, jamais ce n'était arrivé à auparavant. Il vit qu'elle cachait quelque chose, il plissa légèrement les yeux, un éclair intrigué passant sur son iris émeraude. Il haussa un sourcil et prit la main de la jeune femme. « Vous tremblez ? » Le cœur de Larah se mit à battre très fort, elle déglutit, mais à peine l'homme avait pris la main droite, Nova avait forcé encore plus sur le lien qui unissait les trois esprits. « Que se passe-t-il ? C'est Minuit qui essaie d'entrer en Union ? » demanda le noble. La chasseuse se ressaisit immédiatement, sautant sur l'occasion pour pardonner son comportement. Elle hocha la tête mais alors, à sa surprise, le Comte approcha sa bouche de son oreille et lui chuchota : « Alors laissez le se joindre à nous. »
Elle eut une syncope. Il la rattrapa alors qu'elle tombait sur le côté, délicatement, il s'agenouilla pour mieux la tenir. Il mit sa main à son front et la sentit brûlante. Il prit son pouls mais alors qu'il posa ses doigts gantés sur la peau de la jeune femme,elle lui prit la main, un œil ouvert puis l'autre.. pourtant, le Comte ne sentit pas la présence de Minuit. Elle sourit légèrement et redressa à peine, juste pour pouvoir parler : « Doucement, le virtuose, je ne voudrais pas qu'il y ait ce genre d’ambiguïté entre nous. » Il tendit l'oreille, entendant très clairement un changement de ton, une voix plus cristalline.
- Êtes-vous prêt à entendre une symphonie de nouveautés ? Reprit-elle.
- Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce qu'il se passe, avoua le Comte.
- L'ignorance est une mauvaise note pour vous, n'est-ce pas ?
- Un peu comme un violon désaccordé, je vous l'accorde, sans mauvais jeu de mots.
- Parfois un mystère mineur n'est-il pas plus excitant que la clef de la vérité ?
- Hmm, j'avoue que ça ajoute un peu de rythme... continua le noble, amusé. La partition est incomplète pour moi mais vous me donnez l'armature... sans vous en rendre compte.
- Le seul bémol, c'est que vous ne comprenez pas pourquoi Minuit n'est pas là... a capella.
- Obligato, répondit-il simplement. Il est forcément quelque part.
- Vous n'êtes pas très loin de comprendre. Mais je crois que tout cela ne plaira pas à notre pianiste...
- Comment ça ?
- Vous vous souvenez ? Tout a un prix.
- (Le Comte se mit à sourire) Bien entendu. Je n'ai pas beaucoup d'argent sur moi.
- Ça peut s'arranger...
Larah reprit connaissance et se redressa complètement, elle essaya de se lever mais tomba à quatre pattes. Le Comte ne comprit pas ce qui se passait et accourut à elle. Il lui mit la main sous le bras et l'aida à se relever. « Qu'est-ce qu'il se passe ? Qui était-ce ? » La chasseuse ne savait pas de quoi il parlait, elle avait été inconsciente. Il prit son pouls, très fort, et l'aida à s'asseoir, puis il s'accroupit près d'elle, observant chaque mouvement de la jeune femme. Elle mit la main à son front et comprit immédiatement ce qu'il venait de se passer quand elle sentit la présence de Nova se retirer totalement. Elle leva les yeux vers le Comte. Il lui avait parlé. Mais enfin qu'était-il passé dans l'esprit de Nova pour interagir avec cet homme ? Mais ce n'était pas ça le plus inquiétant... c'était que Nova ait prit le contrôle. Nova était toujours apparue grâce à l'Union de Minuit et de Larah, enfin, depuis qu'elle avait fait son apparition, c'était comme ça. Or, Minuit n'était pas là, elle ne sentait pas son esprit. S'il avait été là, le Comte aurait sûrement subi une attaque, mais il n'y avait aucune trace de lutte. Nova avait intervenu, seule. Le regard insistant de l'homme lui sonna l'alerte, il fallait qu'elle dise quelque chose, vite. Une explication fausse, une excuse... mais rien ne lui venait, son esprit était en bazar... Elle déglutit et comprit que le Comte tentait de comprendre tout ce qui venait d'arriver, il en étudiait chaque détail, chaque mot qui avait été prononcé. Elle voyait dans ses yeux que sa machine intellectuelle tournait à plein régime. « Je crois que le mieux est que je parte me reposer. » souffla-t-elle finalement. Une ombre passa sur le visage du noble. Il se leva et lui tendit la main : « Je vous raccompagne dans votre chambre ? » Elle secoua la tête et mit toute la force qui lui restait pour se mettre debout et marcher. Elle se tourna vers lui et lui demanda de fermer la porte en sortant et de glisser les clefs sous la porte. Il la regarda longuement marcher de dos, puis laissant échapper un sourire, il ferma les yeux et haussa les épaules. « Ce n'est qu'une question de temps, mademoiselle Tian, et le temps, ce ne sera qu'une demi mesure cette fois. » La chasseuse se glaça complètement, comme si elle venait de revoir toute la scène avec Nova. Il se retourna, marcha et ferma la porte derrière lui. La seule mélodie qu'entendit Larah fut le cliquetis de son armure dans la nuit.
- Enfin nous nous rencontrons de nouveau... commença le dragon.
- N'ayez crainte, nous ne vous ferons aucun mal, termina Larah.
- Il était simplement temps que nous nous revoyons. Alors je vous ai surpris pendant votre méditation. Comment aurai-je pu faire autrement sans vous inciter à fuir ?
- C'est pour cela que toute l'après-midi, il était absent, continua la chasseuse.
- En effet, et pour le coup, vous ne vous y attendiez pas. La lune se lève bientôt mais elle ne sera pas assez forte pour me révéler entièrement à la nuit, expliqua Minuit.
- Larah, je croyais que vous craigniez le dragon, vous êtes allée vers lui immédiatement, je ne comprends pas.
- C'est Nova qui nous a réuni, répondirent-ils en cœur. Vous le savez très bien, mais vous vouliez nous l'entendre dire, n'est-ce pas ?
- Oui... C'est vrai, je voulais savoir si tout était vrai. Et il semble bien que ça soit le cas. Minuit, l'envergure de vos ailes est tout simplement incroyable. J'ai visité des milliers d'horizons, vu d'incroyables créatures et je crois que vous êtes l'être dont les ailes sont les plus grandes de ces cieux.
- Et vous êtes peut être l'un des seuls humanoïdes aussi âgé que j'ai pu croiser.
- Comment ça ? Demanda la chasseuse.
- Il est bien plus vieux que ce qu'il ne laisse le voir. On voit dans ses yeux qu'il a vécu bien plus de printemps que n'importe lequel des tiens, s'adressa Minuit à Larah. Je suis à même de me demander s'il n'est pas aussi âgé que moi.
- Vous avez bon avoir dit à Larah que vous n'étiez pas si vieux, intervint AlGieba, le fait que vous ayez vécu dans les souterrains de ce monde me fait penser que vous êtes bien plus âgé que ça, vous aussi. Le temps n'a guère d'importance quand on n'a rien pour nous dire qu'il passe, vrai ?
- Les étoiles ne me sont familières que depuis peu, oui, opina le dragon en fermant à demi les yeux, suspicieux. Mais tout est relatif. Pour Larah, ce sont des décennies, pour moi, ce n'était que l'ombre d'un temps.
- Pourquoi êtes-vous venu nous trouver ?
- Pour voir Larah. Et vous même. Vérifier que vous êtes bien celui que je vois à travers son œil.
AlGieba avala sa salive, intimidé. La chasseuse les avait écouté sans dire de mot, comme si elle était à moitié là. Il était persuadé que derrière le regard brillant causé par l'Union, Nova était derrière et leur parlait en même temps. Il ne pouvait le savoir, l'aura de Larah et de Minuit était bien trop imposante pour être certains que là où s'enlaçait les deux énergies, celle de Nova était là. Quelle coïncidence que Nieve et Yann soient partis au bon moment. La chasseuse leur avait-elle dit de partir inconsciemment, sans savoir que le dragon viendrait ? Il ne savait pas, et de toute manière, c'était peut être mieux ainsi. La jeune femme décolla sa main du museau de Minuit avec difficulté, comme si elle était aimantée à lui. Elle battit des paupières comme si elle reprenait connaissance et se rendit compte de la situation. Reculant d'un coup elle regarda le dragon de haut en bas. « Une minute... tu as pris de la masse, enfin... » Le dragon lui répondit que si c'était lui qui avait dit ça, elle l'aurait giflé. Il se contenta alors de la faire tomber avec sa queue et ouvrit grand les ailes quand elle se releva pour se battre. « Tu voulais voler tout à l'heure. » Larah s'arrêta dans sa charge et baissa les bras. « Oui en effet, mais je voulais monter Yann, pas toi, je ne connais pas ton dos, je ne sais pas comment me placer. » Le dragon émit un grognement ennuyé.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=cx06VKCP8z0)
- Monte. Et lui aussi s'il le veut.
- Je n'en vaux pas la peine.
- Vous n'en valez pas la peine ou vous ne voulez pas monter un Fatalis ? (AlGieba baissa les yeux, honteux d'avoir menti à un dragon ancien) C'est bien ce qu'il me semblait. Toi par contre, tu n'y échappes pas.
- Et attends une minute, j'ai peut être mon mot à dire, on ne va pas le laisser là...
- Vous feriez mieux de faire ce qu'il vous dit, objecta AlGieba, je vous regarderai d'ici. Je doute que vous partiez sans moi.
- En effet. Il faut qu'on parle toi et moi. (Il se tourna entièrement vers Larah)
- On peut très bien le faire par la pensée, et tu le sais... aah !
Il colla sa tête au sol, collant presque son œil rouge à côté du visage de Larah. Cette dernière voulut partir mais il ne lui laissait pas franchement le choix. Elle grimpa entre ses cornes et tenta de trouver comment se placer. Elle cligna des yeux le temps d'un instant et vit la silhouette dorée des souvenirs de Minuit apparaître et se placer à un endroit bien précis pour profiter de deux écailles légèrement décollées, et y placer ses pieds... Sauf que la jeune chasseuse voyait très bien que si le dragon décollait, elle allait tomber. Sauf que par analyse, elle comprit que l'équilibre allait être la clef de ce petit jeu, surtout quand elle voyait toute les articulations du dragon, il allait remuer en volant. Elle toussota pour lui faire comprendre que ça allait être compliqué, il lui grogna dessus et se leva sans crier gare, projetant Larah sur les fesses, devant s'accrocher aux deux écailles qu'elle avait remarqué. « Attends, attends, attends ! » criait-elle. Mais le dragon ne l'écoutait pas, il se dirigea vers la cascade pour se jeter du haut de la falaise et s'envoler. La chasseuse se lança sur une des cornes de Minuit et s'y agrippa solidement, sa vie en dépendait sur le coup. Le fatalis se tourna rapidement vers AlGieba, qui assistait en silence à la scène, craignant qu'il n'arrive quelque chose à sa protégée. Sans prévenir, le dragon se laissa tomber dans le vide, sous les hurlements de Larah. Il ouvrit ses ailes et ils prirent immédiatement de l'altitude. Elle lui tapa dessus avec la main, lui criant de redescendre. « Silence ! » rugit-il, « tu as besoin de t'entraîner à me monter. » La jeune femme arriva, par dessus sa terreur, à lui demander pourquoi. Il répondit : « Si jamais on se fait attaquer et qu'il faut s'enfuir, tu sauras me monter. Regarde autour de toi, il doit bien y avoir un endroit où tu peux te mettre sans tomber. » Elle regarda la peau du monstre et lut ses pensées.
- Tu veux... que je me lève ? Sur ta tête ? En plein vol ?
- Eh bien quoi ? Le wyverien te fait faire des tours de passe passe au bord d'une falaise et tu refuses d'essayer de te mettre debout sur ma tête ? Moi qui t'accompagne depuis tout ce temps ?
- Tu es jaloux... ?
- Certainement pas ! Allez, debout. Sinon je commence à faire des spirales et ça ne va pas te plaire...
Larah voulait bien essayer, mais elle n'avait aucune idée de comment se lever, il volait vraiment vite. Elle regarda derrière elle et vit les articulations des ailes faire remuer le dos du dragon. Elle vit aussi comment elle pourrait se déplacer sur le dragon, encore une fois, grâce à la silhouette dorée qui se mit à courir et disparut quand elle cligna de nouveau des yeux. Elle tenta de mettre ses pieds sur le crâne du dragon, elle se laissa glisser légèrement et se mit à quatre pattes, les mains solidement accrochées aux deux écailles. « Ce sont tes pieds que tu dois mettre là. » Elle secoua la tête, c'était de la folie. Elle n'avait jamais eu peur du vide mais le dragon exagérait là, ils étaient en plein vol. Même sur Yann elle n'avait jamais eu l'audace de faire ça. Elle se laissa échapper un petit rire. « Je te rattraperai si tu tombes. » fit le dragon. Elle tenta de se redresser mais le vent la calma immédiatement. Elle regarda devant elle, le ciel nocturne étendait son voile à l'horizon. Ils allaient tout droit, donc il n'y avait rien à craindre des manœuvres du Fatalis. Elle réessaya de se lever. Cette fois-ci, elle arriva à tendre les bras et mettre une jambe en place. Elle reprit une bourrasque en plein visage, mais ne se laissa pas abattre cette fois. Elle tendit l'autre jambe et essaya de décoller ses mains. Elle arriva à en lever une, l'autre se leva d'elle même quand le vent souffla de nouveau et la projeta en arrière. Elle se retrouva debout, les pieds bloqués contre les écailles, comme avait dit le dragon. Elle se penchait de gauche à droite, cherchant son équilibre de ses bras. Elle arriva à se stabiliser et les bras tendus, le corps contracté, elle regarda devant elle. Le museau du dragon pointait droit vers le Nord, comme elle le voyait avec les étoiles.
- C'est beau, mais ce n'est pas une première pour moi, tu sais ? Yann a été avant toi.
- Je m'en moque, j'avais simplement besoin qu'il fasse nuit pour ne pas me faire voir.
- Comment pourrait-on manquer un dragon de vingt mètres d'envergure ? Fit-elle en exagérant.
- Il me semble pourtant que j'ai réussi à te surprendre...
- Certes mais c'était vraiment spécial. Eh doucement ! Je tiens à peine debout !
- Il va falloir t'y faire. On fait un tour pour aller chercher le wyverien et je vous dépose au village...
- Il n'y a assez de place que pour moi sur ta tête !
- Qui a dit qu'il serait sur ma tête ?
Il vira de bord et Larah perdit l'équilibre, elle se raccrocha à la corne immédiatement et laissa s'échapper des injures quand le dragon piqua vers le sol et remonta pour prendre de la vitesse. Ils revinrent sur la falaise en quelques minutes et AlGieba s'écarta pour que Minuit se pose. Le wyverien et la chasseuse s'attendaient à ce qu'il tombe violemment pour se montrer fort, mais il atterrit si légèrement que la poussière du sol ne se souleva que très peu. Il pencha la tête et Larah tomba depuis ses cornes au sol. Elle l'insulta une nouvelle fois et se releva, gelée. « Il veut nous ramener au village. Il insiste beaucoup. Il te prendra entre ses griffes... enfin ses pattes... tu n'as rien à craindre. » Le wyverien secoua quand même sa tête. Le Fatalis gronda doucement mais suffisamment fort pour que le sol tremble. AlGieba s'excusa poliment mais il refusait catégoriquement d'entrer en contact avec le dragon. Ce dernier se tourna en montrant les dents et s'éloigna de quelques pas quand la chasseuse, grâce à l'Union, lui fit comprendre qu'elle voulait parler au wyverien. Il se coucha au sol, la queue remuant la surface d'eau de la rivière. Larah se tourna vers son compagnon et lui demanda aussitôt :
- Mais... je ne vais pas te laisser tout seul...
- Ne vous en faîtes pas pour moi, je resterai la nuit ici et j'irai cueillir quelques plantes dans la zone, je n'ai pas de problème pour rentrer seul.
- Je ne laisserai pas quelqu'un sans défense. Surtout dans une zone où des prédateurs peuvent traîner, on a vu un rathalos.
- La présence du Fatalis va les dissuader de passer par ici. Je n'ai rien à craindre.
- (Larah secoua la tête et s'approcha de lui) Tiens. Prends-le. (Elle lui tendit son couteau de dépeçage, en os de Bracchiodon). Garde-le, s'il te plaît.
- Je ne... Je ne sais pas me servir de ça.
- C'est un couteau en Bracchiodon. C'est l'un des matériaux les plus résistants que je possède, je ne m'en sépare jamais normalement, elle met toujours utile en cas de besoin mais... je ne veux pas te savoir sans défense, vraiment. Accroche le à ta ceinture, ne t'en sers pas si tu n'en as pas besoin, mais je suis persuadée qu'il peut faire fuir certains monstres.
AlGieba hésita puis tendit la main pour le prendre, mais il s'arrêta en sentant la présence de Nova. Cette dernière passa son index et son majeur sur la lame, avant de faire tourner la pointe vers elle, tendant ainsi le pommeau au wyverien, surpris. Il prit le couteau et regarda Nova qui lui fit un clin d'oeil. Puis elle se tourna vers Minuit, laissant de nouveau la place à Larah qui cria « Sois prudent ! » à AlGieba avant d'essayer de remonter sur le Fatalis qui leva trop tôt la tête et laissa la chasseuse suspendue au dessus du vide. Après une petite dispute entre le dragon et la chasseuse, ils arrivèrent à faire tenir la jeune femme et Minuit se tourna de nouveau vers la cascade pour s'envoler. Il marcha vers le précipice, croisant le regard d'AlGieba, qui semblait non pas effrayé par le Fatalis mais inquiet pour sa protégée. Le dragon souleva rapidement sa lèvre supérieure mais le wyverien ne lâcha pas son regard. Minuit ouvrit ses ailes, Larah sentit que son cœur allait encore risquer une attaque, et il se lança dans le vide avec la jeune femme qui ne put s'empêcher de lâcher un cri, ennuyant le dragon et faisant douter AlGieba sur la sécurité de la chasseuse.
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=A2IKgEWHZzc )
Pendant le vol, la chasseuse tenta de se remettre debout à plusieurs reprises, ne tenant que quelques dizaines de seconde à chaque fois. C'était très dur et physique et honnêtement, elle était déjà exténuée. Elle arriva à s'asseoir sans trop prendre de risque, en tailleur, se tenant aux écailles qui dépassaient. Le dragon volait plus doucement pour qu'elle se tienne plus facilement. Elle regardait les ailes qui ne battaient presque jamais l'air. Il planait littéralement, comme s'il glissait dans les cieux. Assez timidement, elle demanda au Fatalis pourquoi il tenait tant que ça à la ramener. Minuit resta silencieux puis elle sentit son soupir. Il voulait aborder le sujet, mais ne savait pas trop comment. Elle le sentit et lui donna la force de commencer.
- L'Alatréon... que vous avez libéré.
- Que Jarvis a libéré, le corrigea-t-elle.
- Peu importe, vous ne l'avez pas arrêté. Donc je disais, cet Alatréon a un nom. Il se nomme Mordecaï. C'est une très, très vieille chose. Mais elle n'en reste pas moins l'un des dragons les plus puissants que j'ai eu à rencontrer.
- Pfft... Mordecaï ? Comme « Mort des cailles ? » Hahaha !
- Ou comme Mort d'écailles.
- Hahahaha ! Qui l'a nommé ainsi ?
- Peu importe. Concentre toi sur le plus important. Tu connais des choses sur les Alatréons ?
- Ils ont l'air physiquement très puissant. En voyant l'épaisseur de la queue, j'ai compris qu'il y avait beaucoup de muscles là dessous. Ses griffes ont l'air terriblement puissantes, il a découpé Jarvis... en un instant. Et ses cornes frontales... ça ne m'inspire rien de bon.
- Combien d'éléments penses-tu qu'il maîtrise ?
- Les écailles m'ont suggéré qu'il venait du volcan. Alors le feu de sûr. Et si c'est un dragon ancien aussi puissant que ce que tu me dis, il maîtrise sûrement l'élément dragon.
- C'est tout ?
- C'est déjà bien !
- Tu le sous-estimes. Cette espèce de créature possède une affinité élémentaire... dans toutes les catégories possibles. Feu, dragon, foudre et glace. Il n'utilise pas l'eau à l'état liquide, mais c'est tout comme.
- Quoi ?! S'étrangla la chasseuse. Mais comment c'est possible ? Il doit être terriblement instable !
- C'est pour cela qu'il n'utilise toujours qu'une paire d'élément à la fois. Selon s'il vole, ou s'il est au sol. Crois moi, je ne dirai pas que sa puissance de feu dépasse la mienne, mais je pense très clairement que la foudre et la glace sont aussi... mortels. Il pourrait décimer un Lao Shan en quelques minutes.
- Par les esprits...
- Exactement. Je n'ai vu que deux créatures capable de tenir tête à un Alatreon... La première est l'Akantor car il est aussi brutal et résistant que le dragon, ce qui lui laisse une chance de rivaliser. L'autre est le Guran Mirauso.
- Hmm... je ne crois pas connaître cette créature.
- Vous l'avez peut être traduit autrement dans votre langue. C'est une très, très, très grande créature. Crois moi, des choses de cette taille et aussi puissante, tu devrais les craindre rien qu'en entendant leur nom.
- Grande comment ? Comme un Lao Shan ?
- Bien sûr que non ! Le Guran Mirauso est plus petit.
- Bah alors... je devrai craindre plus le Lao Shan dans ce cas...
- Ce sont des montagnes qui bougent, de gros lézards, presque inoffensif. Ils détruisent des villes humaines par mégarde. Oh quoique, le géant des Enfers aussi... juste en clignant des yeux, huhuhu.
- Ok, soit, j'ai toujours su qu'il y avait des dieux sur cette terre, mais revenons-en à... M... Mor... Mordecaï.
- Je ne sais pas quoi te dire de plus.
- Tu es un Fatalis, tu pourrais le vaincre, non ?
Il y eut un très, très long silence, gênant. Le dragon resta complètement immobile, perdant de l'altitude. Larah tapa dans ses mains pour qu'il reprenne un peu d'altitude. Elle repéra les montagnes de Tenmura et comprit que depuis tout à l'heure, Minuit tournait autour, il ne voulait pas que la discussion se termine, pourtant, elle semblait bien finie. Il soupira profondément et reprit :
(musique : https://www.youtube.com/watch?v=KGHA9oO1Ybg)
- Ecoute Larah, j'ai bon être un Fatalis, je ne suis pas un bon combattant, du moins, pas aussi bon que Mordecaï ou Svarog que tu as rencontré.
- Mais... tu as détruit des villages... à plusieurs reprises.
- Oui parce que je sais comment marche les humains, leurs défenses, leurs armes, je sais combattre les humains. Les wyverns aussi. Mais certains dragons anciens peuvent me tenir tête. Non je ne parle pas de Kushala Daora, ni de Chameleos. J'en crains certains, comme les Lunastras, même si souvent elles me fuient. Ces choses là sont bien trop féroce et n'abandonne jamais. Je me suis frottée à plusieurs d'entre elles et même si j'ai toujours gagné, je me rappellerai toujours de leur force et agressivité. Mais bon, j'étais jeune, je pense que maintenant, j'aurai largement le dessus.
- Minuit, j'ai vu ta puissance de feu. Tu peux tenir tête à n'importe quel monstre si tu es plus ingénieux qu'eux. Si tu arrives à feindre et ruser...
- Il suffirait d'un coup assez bien placé pour me faire perdre définitivement l'avantage que je pourrais avoir face à un Alatréon.
- Par tous les dieux existant, arrête de douter de toi, c'est pas une poche de flamme que tu as dans la gorge, c'est un brasier du feu de l'enfer ! Tu es capable de le canaliser en une colonne de flammes mais aussi le faire exploser ! Je suis même pratiquement sûre que tu serais capable de générer de la poisse !
- Cette substance explosive ? Je ne crois pas. Je n'ai jamais vu aucun des miens l'utiliser.
- Et l'élément dragon ? Tu dois en avoir pleins les veines !
- (Minuit ferma soudainement son esprit à la jeune femme, voulant sûrement cacher quelque chose) Ce n'est pas important. C'est un pouvoir bien trop instable. J'ai vu des amis à moi succomber de leur propre pouvoir, leur corps se disloquant à mesure que l'élément leur dévorait leurs membres, leur peau, leurs griffes, leurs yeux...
- Pourtant, certains dragons anciens y survivent.
- Parce qu'ils ne vivent que de haine ou de sentiments très puissants, qui leur permet de canaliser leur sentiment en une énergie destructrice.
- C'est possible.
- Crois moi, tu ignores tout de ce quoi sont capables les créatures de ce monde.
Il descendit en atmosphère et se posa près de la berge du lac de Tenmura. Larah considéra qu'il était impossible de la traverser d'ici et que le détour lui vaudrait des heures de marches jusqu'au
prochain pont. Mais le Fatalis ne semblait pas vouloir s'arrêter là, il se posa doucement puis se coucha, utilisant sa queue pour effacer ses traces, comme la chasseuse l'avait appris à Yann. Il se laissa plonger dans l'eau, mais laissant juste le haut de son crâne dépasser, avec ses narines et Larah. Il traversa le lac en quelques mouvements et s'approcha même du port mais la jeune femme lui envoya un signal, c'était bien trop dangereux ! Il ne l'écouta pas et s'approcha d'un pont où la faible lumière d'une torche brillait. Il n'y avait heureusement personne, en même temps, il était peut être minuit, voir plus tard. Elle attrapa le bois et se hissa, vérifiant encore qu'il n'y ait personne et elle se tourna rapidement vers le dragon qui après lui avoir envoyé un message mental qu'elle ne perçut pas de suite, s'immergea totalement. Elle suivit des yeux les vibrations de la surface de l'eau, si elle ne savait pas qu'il était en dessous, elle n'aurait jamais pu deviner qu'un Fatalis nageait.
(musique en boucle si besoin: https://www.youtube.com/watch?v=ONFXU8V183k he is coming...)
Larah rentra chez elle vitesse grand V. Elle se cachait dans l'ombre quand des gardes patrouillaient, depuis que Nova et Rupert s'étaient introduits dans les locaux de Maze. Elle arriva chez elle sans aucun problème, avec une discrétion digne des meilleurs voleurs. Elle posa la main sur la poignée de sa porte et sentit que le verrou n'était pas en place. Etrange, ce n'était pas l'habitude d'Elim d'oublier de le mettre. Nieve n'était sûrement pas encore là. Elle ouvrit doucement et vit la maison telle qu'elle l'avait laissé. Elle soupira, peut être était-elle un peu trop paranoïaque. Elle ferma cependant derrière elle et quand elle se tourna vers son salon, elle ne put s'empêcher de lâcher un cri, rapidement étouffé par une main qui surgit si vite qu'elle en fut surprise. Puis d'un mouvement de défense, elle tordit le bras de la personne et mit instinctivement la main à son couteau de dépeçage... mais il n'était pas là. Elle repensa à AlGieba et pesta, mais la personne se délivra et d'un pas rapide sur le côté, il se laissa apparaître à la lumière. Cape rouge, épaulières aiguillées, les yeux émeraudes, pas de doute sur la personne, c'était bien le Comte. « Que faîtes vous chez moi ? A cette heure-ci ? » s'écria-t-elle, indignée, surprise et en colère. Il lui fit signe de baisser d'un ton, Elim et Ryu dormant à l'étage. Mais cela n'empêchait pas la fureur de la chasseuse qui s'en voulait tellement à l'heure qu'il était d'avoir cédé son couteau. Mais ce n'était pas un problème, elle connaissait sa maison, le terrain, c'était le sien. Il souleva sa cape, montrant qu'il était désarmé, même si Larah n'avait jamais été au courant de quelques armes qu'il pourrait porter. Il tira simplement de son dos sa bouteille de vin et montra les deux coupes qu'il avait déjà disposé sur la table. Elle ne le quitta pas de yeux et en soupirant longuement, elle tira une chaise et prit place. Il fit de même en ouvrant la bouteille et servant le vin dans les coupes :
- Je suis venu voir Sovereign, pour savoir comment se porter ses jambes.
- Il ne les a plus, je sais. Enfin... il ne peut plus les utiliser.
- Peut être un jour aura-t-il un espoir de remarcher, mais j'en doute honnêtement. (il y eut un silence) Je pensais vous voir également, mais j'ignorais que vous étiez de balade nocturne... Et à l'odeur... Il y a eu du wyvern.
- Je vous remercie pour cette remarque... je ne comptais pas accueillir qui que ce soit.
- Je m'en doute, ne vous en faites pas. Et en plus vous avez volé (Larah passa une main dans ses cheveux complètement en bataille et se les tira vers l'arrière) à dos de wyvern... ou de dragon ? (il y eut un autre silence où la chasseuse garda un visage impassible. Il se mit à rire.) Peu importe, n'est-ce pas ?
- Vous le saurez tôt ou tard, j'imagine.
- Je ne peux rien vous cacher.
- Que voulez-vous dans ce cas ?
- Je préfère discuter avec vous que de lire des rapports sur un papier... ça manque... de chaleur, si vous voyez ce que je veux dire. Et je ne peux pas contempler votre visage sur du papier.
Larah le fixa longuement, se demandant s'il était au courant pour Nova, pour Minuit et AlGieba et leur petit entraînement « secret ». Il souriait, elle ne pouvait dire si c'était parce qu'il était de bonne humeur ou heureux de la voir, mais en tout cas, elle savait que c'était sincère. Il leva sa coupe et elle fit de même, imbibant ses lèvres de l'alcool. Si elle n'avait jamais eu beaucoup de préférence pour le vin, elle se fit surprendre par le goût sucré et non déplaisant. Sûrement une qualité rare. Le Comte reprit :
- Cela fait déjà un moment que vous êtes en arrêt. Vous comptez repartir à la chasse ?
- Pas sans Drakov.
- Ah oui, le croisé. Un humain Apex. Je ne pensais pas voir ça possible, j'imagine que l'on doit remercier les gènes pour cela. Mais j'ai bien peur que cela ne signifie... une vie bien plus courte.
- N'avançons rien pour le moment.
- Non en effet, mais il n'est toujours pas remis. Vous allez vraiment attendre ?
- Absolument. Je ne pars plus sans lui, on s'entend trop bien pour laisser passer un tel potentiel de chasse. Notre coordination ne se retrouvera pas ailleurs. Comme pour Talf.
- Talf ? Vous voulez dire le petit cachottier qui fouille un petit peu trop dans les dossiers de l'Organisation ? Vous pourriez lui dire que ça devient dur de couvrir ses traces ? Il n'est pas très doué pour ça, contrairement à l'archère... des mains lestes et un pas léger. Une véritable voleuse.
- De quoi parlez-vous ?
- Évidemment, je me doutais qu'ils ne vous ont rien dit. Ils mènent une petite enquête depuis plusieurs mois et j'avoue que je les ai aidé. Pourquoi ? Ce Luminos empiète trop sur mon territoire et en tant que Comte, je me dois de protéger mon domaine.
- Luminos ?
- Depuis combien de temps avez vous eu une conversation raisonnable sur les fréquentations de votre compagnon ?
- Attendez, expliquez vous.
- Moi ? Je n'en sais pas plus que ça ! S'apitoya le Comte en exagérant, puis il reprit son sérieux. Vous savez ce que c'est Larah, je suis un courtier de l'information. Et j'ai toujours appris à respecter une seule règle : Tout a un prix.
- Que voulez-vous contre ce que vous savez ?
Il eut un sourire en coin en même temps que de lever un sourcil. Elle comprit que la question pouvait s'avérer ambiguë et elle rougit un peu en détournant les yeux. Il se pencha sur la table, gardant son sourire, car même s'il ricanait presque à cause d'une blague involontaire, elle vit dans ses yeux une lueur qu'elle retrouvait très souvent, celle d'un homme avide d'en savoir plus... Il la regarda droit dans les yeux et répondit : « Vous en êtes sûre ? Ce que je sais... contre ce que je veux ? » Elle déglutit et réfléchit. Talf et Neilla ne voulaient pas lui en parler. Ils avaient peut être une raison. Le Comte ne savait peut être pas certaine chose. Comme Nova. Peut être qu'il vaudrait mieux la garder secrète. Car à moins de percevoir les auras comme AlGieba par exemple ou d'être vraiment à côté pour percevoir le ton de voix qui changeait, personne ne pouvait soupçonner l'existence de l'entité. Comment le savait-elle ? Nova avait déjà interagit avec des gens sans que ces derniers se doutent de qui c'était, ils l'avaient tous traité comme si c'était Larah. Cependant les animaux et felynes sentaient très bien qu'il y avait un changement. Aussi bien que le Comte la connaisse, elle était persuadée que les informations qu'il possédait sur Nova étaient incomplètes. Il aurait sûrement eu vent du nom. Mais pas de la personne. Mais Talf et Neilla se mettaient certainement en danger en fouillant ou volant l'Organisation, tout de même responsable des AGI et en lien direct avec les croisés. C'étaient des types peu recommandables, bien que peu nombreux. Nerveusement, elle faisait jouer ses doigts sur sa coupe et remuait la jambe. Son invité l'avait remarqué et ne lâchait pas ce regard. Le silence s'éternisa quand finalement, il prit sa coupe et but. La chasseuse remua la tête alors et répondit enfin :
- Non. Je ne veux pas savoir au final.
- Je comprends votre choix, mais n'oubliez pas, vous ne savez pas où sont vos amis et encore moins dans quelle voie ils se sont empêtrés... Mais je respecte votre décision. S'il le faut, je serai toujours là... pour vous.
Elle tourna les yeux vers lui. Il était sincère. Larah mit sa main devant la bouche puis se rappelant qu'il connaissait sûrement la signification de chacun de ses gestes, elle se leva et lui tourna le dos, les bras croisés. Il se leva également la rejoignant et lui mettant la main sur l'épaule, il la fit se tourner vers lui, mais elle fuyait son regard. « Allons, allons, pas besoin d'avoir honte », reprit-il, « C'est dans l'ordre des choses. Pour ce qui est de la bouteille, je vous la laisse. Par contre, serait-il possible de savoir deux ou trois petites choses sur la quête que vous avez dernièrement... échouée ? » La chasseuse sentit quelque chose se réveillait en elle, comme si Nova avait été appelé sans que ni Minuit, ni elle ne le veuille. C'était les yeux du Comte qui l'avait perturbée. Elle dut lutter intérieurement pour ne pas que l'Union se fasse de la main de Nova, jamais ce n'était arrivé à auparavant. Il vit qu'elle cachait quelque chose, il plissa légèrement les yeux, un éclair intrigué passant sur son iris émeraude. Il haussa un sourcil et prit la main de la jeune femme. « Vous tremblez ? » Le cœur de Larah se mit à battre très fort, elle déglutit, mais à peine l'homme avait pris la main droite, Nova avait forcé encore plus sur le lien qui unissait les trois esprits. « Que se passe-t-il ? C'est Minuit qui essaie d'entrer en Union ? » demanda le noble. La chasseuse se ressaisit immédiatement, sautant sur l'occasion pour pardonner son comportement. Elle hocha la tête mais alors, à sa surprise, le Comte approcha sa bouche de son oreille et lui chuchota : « Alors laissez le se joindre à nous. »
Elle eut une syncope. Il la rattrapa alors qu'elle tombait sur le côté, délicatement, il s'agenouilla pour mieux la tenir. Il mit sa main à son front et la sentit brûlante. Il prit son pouls mais alors qu'il posa ses doigts gantés sur la peau de la jeune femme,elle lui prit la main, un œil ouvert puis l'autre.. pourtant, le Comte ne sentit pas la présence de Minuit. Elle sourit légèrement et redressa à peine, juste pour pouvoir parler : « Doucement, le virtuose, je ne voudrais pas qu'il y ait ce genre d’ambiguïté entre nous. » Il tendit l'oreille, entendant très clairement un changement de ton, une voix plus cristalline.
- Êtes-vous prêt à entendre une symphonie de nouveautés ? Reprit-elle.
- Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce qu'il se passe, avoua le Comte.
- L'ignorance est une mauvaise note pour vous, n'est-ce pas ?
- Un peu comme un violon désaccordé, je vous l'accorde, sans mauvais jeu de mots.
- Parfois un mystère mineur n'est-il pas plus excitant que la clef de la vérité ?
- Hmm, j'avoue que ça ajoute un peu de rythme... continua le noble, amusé. La partition est incomplète pour moi mais vous me donnez l'armature... sans vous en rendre compte.
- Le seul bémol, c'est que vous ne comprenez pas pourquoi Minuit n'est pas là... a capella.
- Obligato, répondit-il simplement. Il est forcément quelque part.
- Vous n'êtes pas très loin de comprendre. Mais je crois que tout cela ne plaira pas à notre pianiste...
- Comment ça ?
- Vous vous souvenez ? Tout a un prix.
- (Le Comte se mit à sourire) Bien entendu. Je n'ai pas beaucoup d'argent sur moi.
- Ça peut s'arranger...
Larah reprit connaissance et se redressa complètement, elle essaya de se lever mais tomba à quatre pattes. Le Comte ne comprit pas ce qui se passait et accourut à elle. Il lui mit la main sous le bras et l'aida à se relever. « Qu'est-ce qu'il se passe ? Qui était-ce ? » La chasseuse ne savait pas de quoi il parlait, elle avait été inconsciente. Il prit son pouls, très fort, et l'aida à s'asseoir, puis il s'accroupit près d'elle, observant chaque mouvement de la jeune femme. Elle mit la main à son front et comprit immédiatement ce qu'il venait de se passer quand elle sentit la présence de Nova se retirer totalement. Elle leva les yeux vers le Comte. Il lui avait parlé. Mais enfin qu'était-il passé dans l'esprit de Nova pour interagir avec cet homme ? Mais ce n'était pas ça le plus inquiétant... c'était que Nova ait prit le contrôle. Nova était toujours apparue grâce à l'Union de Minuit et de Larah, enfin, depuis qu'elle avait fait son apparition, c'était comme ça. Or, Minuit n'était pas là, elle ne sentait pas son esprit. S'il avait été là, le Comte aurait sûrement subi une attaque, mais il n'y avait aucune trace de lutte. Nova avait intervenu, seule. Le regard insistant de l'homme lui sonna l'alerte, il fallait qu'elle dise quelque chose, vite. Une explication fausse, une excuse... mais rien ne lui venait, son esprit était en bazar... Elle déglutit et comprit que le Comte tentait de comprendre tout ce qui venait d'arriver, il en étudiait chaque détail, chaque mot qui avait été prononcé. Elle voyait dans ses yeux que sa machine intellectuelle tournait à plein régime. « Je crois que le mieux est que je parte me reposer. » souffla-t-elle finalement. Une ombre passa sur le visage du noble. Il se leva et lui tendit la main : « Je vous raccompagne dans votre chambre ? » Elle secoua la tête et mit toute la force qui lui restait pour se mettre debout et marcher. Elle se tourna vers lui et lui demanda de fermer la porte en sortant et de glisser les clefs sous la porte. Il la regarda longuement marcher de dos, puis laissant échapper un sourire, il ferma les yeux et haussa les épaules. « Ce n'est qu'une question de temps, mademoiselle Tian, et le temps, ce ne sera qu'une demi mesure cette fois. » La chasseuse se glaça complètement, comme si elle venait de revoir toute la scène avec Nova. Il se retourna, marcha et ferma la porte derrière lui. La seule mélodie qu'entendit Larah fut le cliquetis de son armure dans la nuit.
Re: Le Village et ses alentours
Et bien, il fut un temps où ce forum était plein de vie, je suis triste de voir à quel point il est devenu vide maintenant... En tout cas bravo je vois que tu as posté un message récemment sur le forum, et tu continues ton histoire que tu avais commencé il y a siiiii longtemps. Je m'en souviens comme si c'était hier, non c'est pas vrai quand même :p. Alala ça me manque cet univers :'(, tellement de bon moment passé ici. En tout cas j'ai posté ce petit message du mec trop nostalgique ici en espérant qu'au moins toi tu verras ce message :p, je sais plus trop qui traîne par ici . Sinon si j'y pense je relirai ton histoire :p
dracostef- Nombre de messages : 1791
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Re: Le Village et ses alentours
HRP 1 : Post important de la part d'YgA, enjouaillez
HRP : à l'heure où j'écris ce message (19/2/16) je sais que ce post va me prendre beaucoup de temps. Il est le tournant majeur de ce RP, vous pouvez faire attention à certains détails, car ils seront dans la continuité de ce que j'écrirai sur cette histoire-ci. Je vais l'écrire en collaboration direct avec Saber, c'est à dire, en direct sur skype, avec chacun nos propres réactions. On pourrait dire que ça ressemble à ce qui se fait d'habitude... mais détrompez-vous ! C'est totalement différent. Je n'ai qu'une chose à dire, accrochez-vous à vos slips si vous en avez un (sinon je ne vous juge pas, mais quand même, damn) et laissez-vous porter !
- Talf, j'ai besoin d'aide là ! Cria Larah à travers la maison.
- J'arrive, j'en ai pour deux secondes !
- J'ai besoin de toi immédiatement, s'il te plaît !
Il accourut dans le salon pour voir sa compagne, le dos voûté par l'énorme meuble qu'elle portait. Il lâcha un glapissement de terreur en voyant dans quelle situation elle était. Il arriva pour l'aider et à deux, ils soulevèrent l'étagère et la sortirent dehors, là où attendait déjà depuis quelques jours une caravane, tirée par deux aptonoths couverts de fourrure d'anteka. Le froid s'était installé et la neige avec, sauf que le caravanier ne venait pas du coin et n'avait pas de monture approprié pour le climat de Tenmura. Il fit de la place sur un des chariots et aida les chasseurs à monter le meuble. Larah se laissa tomber dans une chaise qui était aussi là. "C'est bien pire que la chasse au deviljho..." Talf ricana et lui jeta un coussin à la figure : Souffle mortel ! cria-t-il. La chasseuse retira doucement l’édredon, le regard de braise. L'homme déglutit et se mit à courir. Nova s'élança hors du chariot et se jeta sur ses traces. Il glissa sur le verglas et se réceptionna, courant à travers les calèches qui attendaient là. Nova glissa aussi mais dû attendre de se stabiliser, laissant quelques secondes de plus à Talf, elle se remit à courir. Il lui lança deux ou trois bricoles qu'elle attrapa avec la main droite, gauche puis avec les dents. Larah félicita Minuit pour ce mouvement, il grogna légèrement, disant que ce n'était rien. Nova reposa les objets doucement, puis approcha d'une roulotte, dont la porte avait été ouverte.
Elle entra et vit une multitude de vêtement, sûrement la garde-robe de l'un des caravaniers. Elle était pleine de robes, de costumes, de masques et de multiples accessoires qui rappelaient le bal. Nova savait que Talf était là, elle regarda autour d'elle, tendant l'oreille. Quelques pas plus tard, quelque chose attira son œil et elle vit un mannequin, habillé d'habit de noble, rouge, qui rappelait sans en douter des habits de la Guilde, avec le chapeau, surmonté d'une gigantesque plume de Qurupéco. Classique, aurait-on pu penser, mais c'était le masque qui attira son regard. Il était finement travaillé, magnifique, il couvrait la totalité du visage, d'un blanc pur avec seulement quelques stries noires qui partaient des yeux et tranchaient le visage, descendant vers la bouche, dont un énigmatique sourire était inscrit dessus. Le masque était effrayant à cause de ce sourire et de ce qu'il cachait. Elle remarqua alors qu'il avait une autre face, derrière, elle tourna autour du mannequin pour voir l'autre visage, mais fut rapidement handicapée par le manque de lumière. Elle vit seulement les contours de la partie droite du visage, elle vit des cornes frontales, enroulées par les mêmes stries noires, mais cette fois-ci, l'énigmatique sourire avait fait place à de grandes dents, monstrueuses, celle d'un terrible prédateur. Mais le masque était fracturé, comme si quelqu'un avait frappé dessus et une partie était tombée... à moins que ce n'était fait exprès, pour révéler en partie le visage du porteur, car la partie gauche semblait bien avoir était taillée pour donner cet effet. Elle leva les doigts vers le masque mais entendit un bruit derrière elle, elle se tourna en vitesse et fit face à un énorme monstre terrifiant, bossu, aux doigts crochus et aux longues dents, pointant vers le ciel, des cornes gigantesques perçant les nuages. Elle cria et par réflexe, devant la bête qui grognait, décrocha un coup de poing dans la face du monstre. Talf s'envola presque, le nez en sang, avant de tomber par terre en gargouillant. Nova s'en rendit compte et se précipita sur le chasseur qui ne se remettait pas de son coup, il tenait son nez entre les mains et gigotait de gauche à droite, en proie à une douleur non négligeable. Nova s'excusa près d'une centaine de fois en l'aidant à se relever, elle lui expliqua qu'elle avait cru que c'était un monstre et le fit sortir dehors, mais alors qu'ils se dirigeaient vers la porte, l'homme qui possédait cette collection entra en même temps et lâcha un cri en voyant les deux individus, la chasseuse cacha immédiatement son œil, ne sachant pas si c'était ça qui avait déclenché le cri. Il était accompagné d'un felyne noir de jais, qui semblait aussi surpris mais plutôt en colère de voir quelqu'un porter ces costumes. L'homme toussota et se remit droit, il avait une fine moustache, les cheveux noirs légèrement bouclés, des yeux marrons très sombre, un habit qui était à l'image de ses costumes, fantastiquement énigmatique, composé de beaucoup de pièces de couleurs différentes, il se présenta :
- Mes excuses, chasseurs, je suis Fagotto, propriétaire de cette caravane ! Voici mon felyne Behemoth, il m'aide à monter ces magnifiques costumes ! Excusez ma réaction, je ne pensais pas voir quelqu'un ici... surtout... portant mes costumes... Sont-ils à votre goût ?
- Euh... Oui monsieur, répondit Nova, cachant le nez de Talf de sa main, ils sont effrayants ! Puis-je savoir pourquoi ils sont destinés ?
- Mais bien évidemment mademoiselle ! Nous sommes en route pour Dundorma, l'amphithéâtre ! Nous sommes une troupe très connu, vous ne devez pas aller très souvent au théâtre ! Il faut dire, une si petite ville ne doit pas accueillir d'enceinte assez grande pour accueillir une diva.
- Il y a une diva? S'écria Nova.
- Oui, elle voyage avec nous, mais elle ne sort jamais de là, si vous voulez, vous pourriez la rencontrer, ne serait-ce que quelques instants. Elle est assez timide, mais très sage.
- A condition que vous rangiez ces costumes, demanda le felyne, l'air un peu ennuyé.
- J'ai toujours rêvé de rencontrer une Diva ! S'écria Nova, au bord de l'hystérie, choquée, Larah se rendit compte que c'était Minuit qui était très excité.
- Hey, une minute, votre troupe là... elle doit pas jouer une pièce avec une lunastra et téostra? Demanda Talf.
- Si c'est exact ! Monsieur est connaisseur?
- Non, j'ai juste vu les masque là-bas.
- Oh, fit le chef de la troupe, un peu déçu. Peut être que vous devriez venir voir cette pièce, qu'en pensez-vous ? Vous m'avez l'air fort sympathique !
- Et qu'est-ce qu'on donne en échange ? Demanda Talf, soupçonnant un échange pas très équivalent.
- Oh, eh bien... votre âme !
Il y eut un silence gênant, le felyne ne put s'empêcher de ricaner.
- Je plaisante voyons ! Pour la pièce, je crains de devoir vous faire payer la place... malheureusement, je ne peux pas vous donner des sièges comme cela, ce sont les règles de Dundorma, depuis l'incident chez eux, ils veulent renforcer la sécurité et tout le monde est tracé dès l'entrée dans la ville. J'ai bien peur cependant que la note soit un peu salée, à vrai dire, il ne me reste que quelques places... Malgré que cela est lieu dans quelques mois. Nous sommes très demandés !
- Hmph, je m'en doutais, soupira Talf, sortant de sa poche sa pauvre bourse, déjà presque vide, ça fera combien ?
- 50 000 zennies.
- Comment ? J'ai mal entendu.
- 50 000 zennies, répéta le felyne.
- Combien ?! Rugit Laft.
- C'est pour nous deux ? s'exclama Nova.
- Non, c'est à l'unité.
- Mais ça fait... (Talf compta vaguement dans sa tête) 100 000 zennies !
- Monsieur sait compter, sourit Behemoth.
- En effet, mais je vous accorderai à coup sûr les places sur les estrades !
- Mais ça veut dire que les places devant... combien coûtent-elles ?! Continua le chasseur.
- Oh, et bien, cela varie entre 100 000 et 200 000 zennies.
- Mais grand ciel ce sont les riches de tout Gardemine qui viennent chez vous, c'est pas possible, 100 000 zennies pour deux places sur les côtés en plus ! Mais à ce prix là j'espère que le chant de la Diva rend immortel !
- Calme toi Laft. Monsieur, ce serait avec plaisir, mais je ne crois pas avoir autant d'argent à vous donner, expliqua calmement mais non sans déception Nova.
- Je comprends, malgré que vous gagniez votre vie, vous devez entretenir votre équipement... bah... je ne peux pas vous en vouloir, sachez juste que si vous changez d'avis, je vous prendrai en priorité ces places !
- Merci bien monsieur. Où peut-on voir la Diva ? Demanda tout de même Nova, calmant Talf en lui caressant le dos, tandis qu'il s'en rongeait encore les doigts.
- Eh bien, suivez-moi, je vais vous y mener !
Ils hochèrent la tête et se mirent à marcher à travers les différentes caravanes. Ils savaient qu'Elim et Ryu n'allaient pas leur en vouloir d'avoir laissé le déménagement quelques minutes, après tout, cela faisait depuis le matin qu'ils montaient les meubles et leurs affaires dans le chariot qu'ils allaient emprunter pour la route. Évidemment, ils s'en chargeaient car Ryu était... infirme à présent et Elim avait déjà du mal à soulever plusieurs draps, alors des meubles... Larah et Talf avaient fait du bon boulot, même si leurs lombaires étaient sacrément courbaturés à présent. Fagotto s'arrêta et Talf se cogna contre lui, relançant son saignement de nez. L'entrée de la roulotte était juste là. Talf et Nova se regardèrent puis se tournèrent vers Fagotto, mais il avait disparu. Le chasseur haussa les épaules et monta les marches qui menaient à la porte, il posa la main sur la poignée et un frisson le traversa. Il se tourna vers Nova qui pencha la tête sur le côté, lui demandant si quelque chose n'allait pas. Il secoua la tête et dit : « Attends, y a un truc bizarre là, pourquoi on est tout seul ? Pourquoi ils veulent bien qu'on voit la Diva ? C'est pas genre une super star ? Elle doit bien être protégée ou un truc du genre. » La chasseuse hocha la tête, elle posa la main sur sa cuisse, où était caché son couteau de dépeçage qu'elle avait récupéré après qu'AlGieba soit rentré au village, sain et sauf, comme prévu. « Non, mais pas la peine non plus de sortir le couteau ! » l'interrompit Talf, « je trouve ça juste bizarre... » Il pressa la poignée et ouvrit la porte. Il sentit l'odeur d'un encens immédiatement, il passa la tête dans la pièce et regarda autour de lui, une étrange atmosphère régnait ici, des rideaux couleur ocre laissaient passer quelques rayons de soleil tandis que de multiples coussins rouges étaient posés, ça et là, sur des canapés brodés avec du fil d'or. Le chasseur siffla en les voyant. Il remarqua aussi tous les miroirs dans la pièce. Il vit alors qu'on pouvait voir tous les recoins de la pièce juste en jetant un coup d'oeil sur l'un d'eux. Il vit aussi qu'on pouvait voir dehors, avec des miroirs extérieurs. Il entra totalement, demandant s'il y avait quelqu'un. Nova fit de même, regardant autour d'elle, émerveillée par les miroirs. Même si Larah y trouvait quelque chose d'inquiétant, Minuit trouvait ça ingénieux.
Hého ? Il y a quelqu'un ? Demanda Talf à nouveau.
Je crois qu'il n'y a personne, peut être qu'on devrait sortir !
Hey, attends, moi je veux bien la voir cette bonne femme ! T'imagines ? 100 000 zennies pour l'entendre chanter, je suis sûre que c'est une sorcière, ou quelque chose du genre, elle doit envoûter les gens et les forcer à payer !
Dois-je comprendre que vous êtes les deux chasseurs ?
Talf fut foudroyé sur place. La voix venu tout droit du fond de la carriole l'avait complètement fait frissonner. https://www.youtube.com/watch?v=3zUBBuqumbQ
Les deux personnes regardèrent, surpris, apparaître celle que l'on nommait la Diva. Elle avait la peau sombre mais des cheveux d'un blond étincelant, des oreilles pointus, car c'était une wyverienne, ses lèvres étaient blanches et finement tracées, sur son front brillait un diadème ornée d'une pierre bleue qui aurait pu être un cristal pur travaillé par les meilleurs artisans du monde. Elle posa ses yeux, calme, sur Nova qui déglutit tellement la Diva imposait une force, juste en étant là, seulement sa présence. Peut être qu'elle aussi sentit l'aura de Nova car elle eut un mouvement des paupières, comme si elle cherchait à savoir qui il y avait en face... Elle montra aux chasseurs deux coussins et les invita à s’asseoir. Elle se posa à genou sur l'un d'eux et regarda l'un après l'autre ses invités, sans dire de mot, dans un silence cérémonial. Enfin, elle leva le bras et pointa Talf qui se bloqua sur place, effrayé de bouger. "Vous êtes Talf, n'est-ce pas ?" Il hocha doucement la tête. "Où Laft ?" Autant Talf était déjà immobilisé sur la place, autant Larah fut immédiatement en alerte et tendit tous les muscles de son corps. Comment pouvait-elle être au courant pour ça ? Nova la rassura, si c'était une wyverienne, elle n'était pas violente ou dangereuse, elle lui rappela qu'ils avaient certains aspects mystiques et immédiatement, l'image d'AlGieba apparut. Nova détendit ses muscles et plissa les paupières, auscultant chaque trait de la Diva qui se tourna finalement vers elle. "Et vous... Vous êtes Larah Tian. Enfin, c'est ce que je pensais depuis les miroirs, mais maintenant que je vous ai en face, je ne sais pas non plus." Elle sourit en regardant le couple, mystérieusement, elle rangea ses mains dans ses manches et les regarda l'un après l'autre. "C'est amusant, n'est-ce pas ?" Commença-t-elle. "Vous êtes tous les deux... Ou plutôt... Tous les 5..." Minuit se mit d'accord avec Larah au final, c'était loin d'être rassurant. "Des êtres partageant un corps... mais dont l'âme se reflète à travers plusieurs esprits... tel le prisme qui découpe la lumière de ses parois de verre." Talf ne tenait pas plus en place que Minuit et Larah, Nova, quand à elle, restait impassible. "Bien sûr, ça vous fait peur que je sois au courant, n'est-ce pas ?" Sans réfléchir, le chasseur hocha la tête.
- Rassurez vous, je ne vous veux aucun mal, je crois cependant que l'un d'entre vous est menaçant à mon égard. Laft, calmez-vous je vous prie.
- Alors là, même pas en rêve, sorcière. Je vais te dire ce qu'il se passe actuellement. Soit c'est l'autre pimbêche qui me joue un tour, fit-il en désignant Larah, soit c'est que tu lis dans les cœurs des gens et j'y crois pas une seule seconde à ces conneries. (La chasseuse toussota, pas la peine de s'énerver) Non, toi tu te tais, déjà que tu me voles tout mon prestige, tu crois que je vais t'obéir en plus de ça ? Tu te prends pour qui, une Reine ? t'es que dalle, fille, t'as peut être une couronne, mais t'es aussi royale que mes fesses sont du poulets. (Il se leva) D'ailleurs je vais te dire deux mots, si tu crois que toi et Talf, ça marchera, tu te mets le doigt dans l’œil, je vais tout faire, t'entends ? Tout faire pour que vous deux, dans moins de quelques mois, ce sera terminé. (Le regard inquisiteur de Nova se posa sur lui, il le sentit et grogna) Alors quoi, ta troisième personnalité va me faire la leçon ? Allez, c'est ça, énerve-toi. Allez Minuit, tu vas pas me dire que tu te fais contrôler par une gamine de rien du tout ? Je te rappelle que t'es un Fatalis et tu lui obéis ?
- Je crois que tu t'énerves uniquement parce que tu es seul, répondit Nova, la voix posée.
- Seul ? Moi ? Seul ? Répéta-t-il. Mais j'ai Talf, tu m'entends ? Et j'ai Neilla, et crois moi, elle et moi, on va s'en payer une bonne tranche ! Si c'est pas déjà le cas depuis quelques jours.
La fureur de Larah se brisa totalement sur le manteau de calme de Nova. Minuit l'entourait de ses ailes, lui aussi silencieux, il expliqua que c'était ce que voulait Laft, il fallait montrer que eux trois étaient unis et savaient être stoïque, quelque soit ce qui les attendait. Il regarda la jeune femme en prendre conscience et elle aussi tenta de rester calme, comme eux, Nova gagna en force. Laft vit que cela ne mena à rien, il serra les dents mais ne s'arrêta pas à ça.
- Elle a toujours eu un faible pour moi !
- Je sais.
- Je ne vais pas m'arrêter là, elle et moi, on va briser ton minable petit couple.
- Non, tu ne le feras pas, car même elle t'a abandonnée.
- La ferme !
- Tu as déjà essayé de la tuer, tu crois vraiment qu'elle va rejoindre tes côtés ?
- T'en sais rien ! Elle a changé !
- Nous n'en doutons pas, cependant, nous sommes sûrs d'une chose, tu es seul.
- Bah, peu m'importe ! Dans quelques lunes, ce corps m'appartiendra à moi et moi uniquement. J'aurai effacé la présence de Talf pour TOUJOURS ! Et tu le sais, hein ? Tu as vu qu'à la dernière quête, j'étais déjà maître et que là actuellement aussi.
"Comment voulez-vous que je reste calme face à ça ? Il menace de tuer mon petit ami, paniqua Larah.
- ...
- Et vous ne doutez même pas de sa capacité à le faire, n'est-ce pas ?
Nova ne souffla mot, Minuit nia entendre quelque chose.
- Faîtes quelque chose, réagissez !"
Nova regarda Larah effrayée. Elle la prit dans ses bras, la queue de Minuit les entourant comme pour les protéger. La chasseuse n'y croyait pas, elle les regarda fixer avec insistance la Diva, qui depuis le début, aurait pu être confondue avec une statut, car elle n'avait pas bouger d'un pouce. Elle regardait Laft se lever, faire de grands gestes, montrer qu'il était énervé, faire sa petite crise... Puis d'un coup, brisant le silence, elle se mit à rire aux éclats. Laft se tourna vers elle, montrant les dents et serrant les poings. Nova resta figée. La Diva se leva et était presque aussi grande que Laft, se tenue lui donnait encore plus d'envergure, elle regarda le jeune homme qui s'apprêtait à la repousser, mais ne le fit pas. Cependant, il tendit le bras pour la frapper et Nova se redressa aussitôt, sur ses appuis, prêt à bondir s'il osait lever la main sur la wyverienne. Mais cette dernière balaya de la main le geste de Nova qui en fut un peu surprise, mais pas moins à l’affût. "Quittez cette pièce, mademoiselle Tian." Nova se mit droite et inspirant profondément, regarda dans les yeux la Diva qui lui rendit le regard, la faisant comprendre qu'elle gérait la situation. Un long silence s'en suivit, ni Laft, ni la Diva ne bougèrent tandis que Nova quittait la roulotte, elle ferma la porte et Larah demanda immédiatement :
"- On fait quoi maintenant ? Si vous ne voulez pas régler le problème, appelez au moins les gardes !
- Il ne fera rien, affirma Minuit.
- Comment en es-tu si sûr ? C'est Laft, il est monstrueux !
- Peut être, mais il n'ira pas jusqu'à frapper la Diva, crois-moi.
- AlGieba, il faut le trouver, c'est lui qui l'a mise au courant, coupa Nova.
- Ah ? Comment tu peux le savoir ?
- Je ne doute pas qu'elle connaissait ton nom, mais elle m'a clairement parlée, et même si elle a senti ma présence, rien ne dit qu'elle aurait pu savoir pour Minuit, c'est une intuition.
- Mais elle est juste, marqua Minuit. Elle n'aurait pas pu savoir non plus pour Laft et elle a bien dit "Tous les 5"... Allons trouver le wyverien pour qu'il s'explique."
Larah prit le contrôle et partit à reculons, surveillant les bruits venant de la roulotte. Elle se mit à courir finalement, pour trouver le wyverien.
Laft faisait face à la Diva et ils n'avaient pas bougé, regardant grâce aux miroirs Larah discuter intérieurement pendant une mince seconde et partir. La wyverienne sourit à Laft quand celui-ci demanda si c'était bon, s'il pouvait la frapper. Elle lui fit signe qu'il pouvait mais il ne le fit pas, il baissa le bras. "C'était de la comédie, j'avais vraiment envie de faire face à Nova." La Diva hocha la tête, elle avait compris depuis le début.
https://www.youtube.com/watch?v=vP3gwTD891w
- Par contre ça n'explique pas pourquoi je n'arrive vraiment pas à vous détester. Ce qu'elle a dit là...
- ... c'est vrai, termina la Diva.
- Non, ça n'a rien à voir, je m'en tape complètement d'avoir des amis ou quoi...
- Vraiment ? Vous semblez pourtant apprécier le fait d'avoir un rival... qui plus est, elle semble être la moitié de Talf.
- Tss, j'ai pas eu mon mot à dire dedans... enfin si... Plutôt ma lance. Haha, elle ne l'avait pas raté celle là.
- Vous l'avez volontairement blessée ?
- Bien sûr, et j'aurai recommencé encore et encore, si ce corps n'était pas aussi faible.
- Vous êtes un psychopathe.
- Vraiment chérie, tu ne m'apprends rien de nouveau.
- C'est la vue du sang qui vous fait agir comme ça ? On a recensé de nombreux chasseurs qui après avoir tué plusieurs créatures ou avoir vu leurs camarades se faire blesser ou tuer, devenaient fous. Je ne serai pas étonnée que cela soit votre cas.
- Non. Je suis un trait bien particulier de Talf, son vrai visage, mais comme il n'a jamais réussi à l'accepter...
- Vous êtes devenu deux.
- Ouais, exactement... Deux âmes pour un même corps, c'est normal que ça soit le bazar toujours... Toujours le bazar, et Larah qui essaie de s'en mêler...
- Haha. C'est amusant.
- Quoi donc ?
- Que vous deux, Larah et toi, avez plusieurs voix dans vos têtes.
- Je t'arrête de suite, je te l'ai dit, je suis pas schizophrène, j'ai conscience qu'on est deux, je ne suis pas atteint de paranoïa excessive et on n'est pas complètement tarés non plus.
- Pareil pour Larah, sauf qu'elle, elle a au moins la trace physique du Fatalis. Les Shoguns ne font plus partie de votre existence.
- Attends, comment tu en sais autant ?
La Diva lui sourit, il se renfrogna et se mit en garde, il détestait ce genre de chose, la magie, l'occulte, tout ce qui lui échappait, que ça existe ou non, il en avait horreur, tout avait une explication logique, et elle n'allait surtout pas lui faire croire qu'elle avait lu dans ses pensées ou dans sa main. Il essaya de reprendre le contrôle de la situation :
- Bah peu importe, répondit-il, c'est quoi le but de cette discussion ? Me dire qu'au fond je suis gentil ? Balivernes.
- Non, ce n'est pas ça. Simplement que le corps d'une personne ne peut contenir qu'une âme. Votre corps est divisé en deux par la personnalité de chacun.
- C'est pourquoi il dépérit et pourquoi l'AGI n'agit que sur un seul des deux bras.
Low apparut, de derrière le rideau, la Diva baissa la tête en fermant les yeux devant Laft qui se sentait trahi de ne pas l'avoir vu plus tôt.
- C'est une blague ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je suis de garde avec caravane, c'est moi qui vais la protéger le temps qu'elle voyage. Je savais que tu viendrais avec Larah, c'est pourquoi j'ai préparé ton arrivée. Enfin, je m'attendais à Talf, non à toi.
- (Laft se mit à rire) Ouais, j'imagine, c'est marrant ça, personne ne voit que c'est moi qui ait de plus en plus le contrôle ? Vous êtes aveugle tous ? Talf a abandonné la vie. Il sait qu'un moment fatidique viendra. Il sait que je suis plus fort que lui, il n'essaie même plus de lutter. Il dit que c'était comme si son étoile l'avait abandonné, et il n'a pas tort, les Dieux sont morts, on entend plus parler d'eux.
- Quoique tu prévois de faire...
- T'inquiète mon vieux, tu pourras essayer de me stopper si tu le souhaites, mais je te préviens, je me laisserai pas tuer par toi. On verra plus tard pour mes plans, je suis même pas sûr d'en avoir un, ce que je sais, c'est que je ne me laisserai plus marcher dessus par les autres, je vais prouver au monde ce qu'est un vrai Shogun et s'il faut pour cela que je tue une légende, j'ai aucun problème avec ça.
- Neilla et toi avez découvert des choses à propos de ton AGI...
- Oui, pas mal de truc on dirait bien, elle et son adrénaline, moi et mon anomalie... Bref, on va bien s'amuser dans les mois à venir.
- Fais attention Laft, Luminos ne se laissera pas faire.
- Parce que tu crois que c'est de lui que je parlais ?
Il y eut un silence, la Diva défia du regard le chasseur qui ricana, elle lui répondit simplement :
- Vous ne savez pas à qui vous vous frotter, vous n'imaginez pas le pouvoir de l'âme. Talf, quelque soit la raison de votre abandon, ne laissez pas un tel être vous dominer, ne le laissez pas garder un corps physique, il causera plus de mal que quiconque et votre vie, à ce moment là, pourra être qualifiée d'"inutile" car vous aurez laisser échapper un mal bien dangereux plutôt que de voir que la vie a de nombreuses facettes qui sauront vous rendre heureux. N'oubliez pas pour qui vous vous battez, n'oubliez pas d'où vous venez, de comment vous y êtes arrivé et de qui vous a accompagné pendant tout ce temps. Si vous abandonnez, de quoi se souviendront-ils ?
- De la lavette que j'étais, répondit Talf, reprenant le contrôle.
- Non, je ne crois pas. Vous ne devez pas perdre ce combat, s'il vous reste une chose à faire dans ce monde, c'est bien cela.
- Vous croyez en moi ?
- Vous pensez que je suis la seule ?
Talf ne répondit rien, il inspira profondément et détourna le regard. "Tu ne peux pas les abandonner", ajouta Low. "Tu n'as pas le droit." Le chasseur se tourna en silence, la Diva se leva mais Low lui posa la main sur l'épaule, elle se rassit et le regarda ouvrir la porte. "Ça faisait longtemps que j'avais prévu de mourir." Lança le chasseur. "Je n'y peux rien, c'est l'AGI. Je ne peux pas garantir que je vais gagner" Il regarda la poignée de la porte puis le ciel à travers le battant, "Par contre, je peux dire que je l'aimerai jusqu'à mon dernier souffle." Il sortit et ferma la porte derrière lui. Low posa son index et pouce contre ses yeux, la Diva regarda tristement le sol. "Il n'y a plus rien à faire", souffla-t-elle finalement. "Il a déjà accepté son destin". Low se reprit et soupira profondément. Il croisa les bras et regarda la Diva. "Je sais qui va pouvoir le convaincre de continuer à vivre."
Larah marcha vers la maison de Keil quand elle vit AlGieba déjà là, adossé contre le mur, s'attachant une plume à une de ses nattes, malgré que désormais, quelques habitants connaissaient le wyverien, ce qui ne plaisait pas vraiment à la chasseuse, il se cachait sous une capuche et un poncho. Cette dernière chose offerte par Tana qui s'ennuyait un soir et lui avait fabriqué. Il vint la saluer mais elle lui prit le bras et l'emmena hors de vue de quiconque... il retira sa capuche, un peu inquiet. Larah voulait lui expliquer clairement et doucement le problème, mais Nova explosa toute seule : "Tu connais la Diva ?!" Le wyverien avait comme à son habitude, lâchait la jeune femme avant que l'entité prenne le dessus. Il leva les mains, en souriant, faisant l'innocent devant le regard noir de Larah et les mâchoires serrées par le Fatalis. Il s'expliqua :
- Hum... euh... Oui. Je euh... je la connais de mon village... elle venait parfois.... chanter. Oui... euh... vous l'avez rencontré ?
- Tu as intérêt à expliquer clairement comment elle est au courant de tout, grogna Minuit à travers Larah.
- Je vais vous expliquer...
- Mais enfin AlGieba, tu sais très bien que moins les gens en savent, mieux je me porte ! Le... Le Comte, tu te souviens ? Il peut les acheter tous très facilement !
- Il n'achètera pas la Diva, elle n'a qu'une parole et m'a promis qu'elle ne dirait rien à personne, et je pense que vous ne doutez pas du tout de la parole d'un wyverien.
- Non, surtout pas, reprit Minuit, comme quoi on croyait que tu allais la boucler toi aussi !
- Ça va Minuit, reprit Nova en calmant les deux esprits. Ce n'est pas très prudent en effet. Pourquoi lui avoir parlé de nous ? Je sais qu'on te fascine...
- C'est Low qui est venu me trouver, il m'a parlé de Talf.
- Comment il te connaît ?
- Keil...
- Eh bien, eh bien, encore un sur la liste, grogna Minuit.
- Je n'ai pas vraiment eu le choix.
- Il t'a menacé ?
- Non, en fait, je trouvais ça très intéressant. Il avait raison sur un point, Talf et Larah, vous êtes complémentaire. Quand il m'a dit à propos de Talf, j'ai de suite imaginé en parler avec la Diva, car je savais que vous iriez la voir, au moins vous Larah, pour la musique et...
- A propos de Talf ?
- Oui, et de sa dégénérescence, fit tristement AlGieba Low m'a dit que...
- De sa quoi ? Souffla la jeune femme.
https://www.youtube.com/watch?v=mKRItdkES-M
AlGieba vit dans le regard de la jeune femme de nombreuses choses, de la peur, de la colère, des questions qui se soulevaient et une revue en détails de toutes les conversations, combats, mouvements et mots qu'avaient pu faire ou prononcer Talf. Il lui posa les mains sur les épaules, tentant d'étouffer la panique de la chasseuse, il prononça des mots qu'elle n'entendit pas. Elle se dégagea d'un mouvement que le wyverien n'arriva ni à anticiper, ni à comprendre, elle sortit de son étreinte avec une facilité déconcertante et se mit à marcher vite, regardant le sol, puis à courir en comprenant beaucoup de choses. Elle avait été tellement occupé ces derniers temps, tellement égoïste, à gérer ses problèmes sans se soucier de ceux de son compagnon. AlGieba l'appela à plusieurs reprises. Il se se mit à courir à sa poursuite, Nova fit se retourner Larah une seconde pour que le wyverien voit le regard de l'entité, triste mais lui faisant comprendre qu'il n'y avait rien à faire. Ce regard transperça AlGieba qui s'arrêta net, en haletant, il se mit les mains au visage, essuyant la sueur qui perlait sur son front. Il aperçut du coin de l’œil Low, Keil et Tana, qui attendaient là.
Larah sauta par-dessus les barils qui traînaient à cause de la caravane, esquiva trois felynes avec des pas de danse et glissa au sol, tournant en même temps à gauche, vers sa maison. Nieve qui transportait des paniers jeta le sien en la voyant dévaler à toute vitesse. Il se mit à la suivre et c'était bien le seul capable d'une telle prouesse. La chasseuse s'arrêta, reprenant son souffle, voyant à quelques dizaines de mètres la chevelure de Talf qui disparaissait dans une descente. Elle sentit son poumon droit percé par un point de côté monstrueux mais ne s'arrêta pas. Elle l'appela une fois, deux fois, elle trébucha mais se releva, sans se rendre compte qu'un caillou avait égratigné la peau de son bras droit. Un picotement dans l’œil droit essaya de la rappeler à l'ordre mais elle l'ignora. Elle rattrapa finalement le chasseur qui marchait sans la regarder. Elle tenta de lui attraper le bras mais elle n'y arriva pas. Elle l'appela de nouveau mais il ne répondit pas. Elle s'arrêta pour reprendre sérieusement son souffle, elle venait vraiment de travers toute la ville en courant et sautant. "Talf, nom d'un chien !" Il s'arrêta et se tourna lentement vers elle. "C'est à Talf que je veux parler, pas à toi." Laft cracha et se retourna de nouveau pour marcher. Elle le rattrapa et lui posa la main sur le bras mais il se dégagea. "Arrête-toi !" L'homme s'exécuta et la regarda, l'air mauvais :
- Quoi ? Tu veux pas me parler à moi ? Il t'entend très bien aussi quand je suis là.
- Fous le camp, ça ne te regarde pas.
- Olah, tu ne me parles pas sur ce ton. (Il lui envoya un coup de poing qu'elle esquiva sans problème, vraiment ennuyée) Ah, je savais que tu l'éviterais... je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai fait ça, mais c'est marrant de voir qu'à chaque fois que je te fais ce coup, tu me sors une esquive différente.
- Talf sérieusement, reprends le contrôle !
- (Laft soupira, puis il leva les yeux au ciel et laissa le contrôle à Talf qui baissa immédiatement les yeux) Hey Larah...
- Tu... Tu... (elle n'avait non seulement pas préparé ses mots mais ne savait pas non plus par où commencer, elle laissa s'échapper un cri et reprit : ) T'es sérieux là ?!
- J'ai rien dit encore !
- Justement, tu attendais quoi ? De mourir ? S'écria-t-elle.
Il y eut un silence, Nieve arriva et s'arrêta de suite, reculant un peu et se faisant tout petit. Talf regarda ses chaussures, cherchant à se protéger de la fureur montante de Larah. Il inspira profondément et ne daigna pas lever son regard. La chasseuse, à son habitude, lui aurait crier dessus, mais elle n'en fit rien, elle baissa ses épaules dans un signe de désespoir et se mit la main aux yeux.
-Tu mourrais depuis tout ce temps... et tu ne m'as rien dit... Tu voulais que je le découvre le jour même...?
- Tu avais beaucoup de problèmes, je ne voulais pas t'ennuyer avec ça.
- M'ennuyer ? répéta-t-elle. Avec ta mort ? Mais... (elle leva les bras au ciel) Mais c'est une plaisanterie ?
- Larah, je pensais que tu t'en doutais, je pensais que tu le savais mais que tu préférais l'ignorer... Faire comme si de rien n'était. Comme les croisés, on meurt, on est des prototypes, le corps humain ne supporte pas ça, on est pas fait pour vivre dans ce monde... on aurait même jamais du y naître.
- Mais tu entends ce que tu dis ? Vous méritez tous la vie !
- On est des bêtes de laboratoire, notre existence n'est pas propre... Je pensais que les croisés t'avaient dit que eux aussi, leurs jours étaient comptés.
- Drakov aussi ? (Larah était au bord des larmes, elle tenta de se reprendre) vous êtes tous en train de mourir sous mes yeux et vous ne me dîtes rien ? Mais qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi vous me laissez dans l'ignorance ? La ... la mort ! Je le crois pas...
- Personne ne voulait t'inquiéter. Le temps passe trop vite, on ne voulait pas que tu t'inquiètes encore plus... Je voulais que tu le saches le plus tard possible, plus on retardait cette annonce, mieux tu te serais portée, imagine si on te l'avait dit depuis le départ, tu aurais compté chaque minute, chaque seconde qui passait avant que le glas ne sonne. Tu aurais été malheureuse. Et ce n'est pas ce que je souhaitais. Dès que j'ai tué Rhan, j'ai compris que même si c'était mon ennemi, j'avais tué un homme et que j'avais le sang d'innocent sur les mains... J'ai compris qu'au point où j'en étais, la mort d'un homme ou plus ne changerait rien, j'étais déjà mauvais à cause de Laft, je justifiais mes actes à cause de lui, mais j'ai fait des choses impardonnables et ma vie en payera le prix. Je n'ai pas choisi de mourir, il semble que ça soit mon destin. On ne peut changer un homme.
https://www.youtube.com/watch?v=QqZqxr44f1Q
- Tout le monde a le droit à une seconde chance ! S'écria-t-elle. Il n'y a pas d'exception à cette règle.
- Je te pris de comprendre. S'il te plait.
- Non ! Non, tu n'as pas le droit de mourir parce que tu as rendu justice !
- Ma justice ou celle de Rhan, de Luminos, de Neilla, de toi, elle dépend de la personne qui emploie le mot ! C'est relatif, comme le temps, le temps passait avec toi m'a donné l'impression d'avoir déjà vécu une éternité sur cette terre.
- Arrête avec ces bêtises, tu n'es pas encore mort !
- Ce n'est qu'une question de temps... dans les prochains mois je...
- Les prochains mois ? Mais pourquoi tout se rapporte aux prochains mois ? Pourquoi personne ne se concentre sur le présent ! On est là... ensemble... On peut profiter de la vie !
- Je ne voulais pas que tu termines ta vie avec moi, quelque soit mon sort, je ne suis pas fait pour toi. (Elle releva les yeux vers lui, pleins de larmes, c'était la première fois de sa vie qu'il ne trouvait pas le regard du Fatalis complètement effrayant, même lui semblait touché par le chagrin de la femme) Je... Je ne suis pas l'homme qu'il te faut... Reiga m'a dit que les AGI ne pouvaient pas avoir d'enfants. Je ne veux surtout pas que tu en sois privée... Je veux que tu es une descendance, c'est dans ton sang, une petite fille... une Marys, une Larah, je m'en moque... C'est ta lignée, et avec moi, elle disparaîtra.
- C'est complètement stupide ! Je ne sais même pas si moi aussi je peux en avoir ! (Elle se mit à pleurer) C'est injuste ce que tu m'infliges...
- C'est pour ça que je ne voulais rien te dire !
HRP : à l'heure où j'écris ce message (19/2/16) je sais que ce post va me prendre beaucoup de temps. Il est le tournant majeur de ce RP, vous pouvez faire attention à certains détails, car ils seront dans la continuité de ce que j'écrirai sur cette histoire-ci. Je vais l'écrire en collaboration direct avec Saber, c'est à dire, en direct sur skype, avec chacun nos propres réactions. On pourrait dire que ça ressemble à ce qui se fait d'habitude... mais détrompez-vous ! C'est totalement différent. Je n'ai qu'une chose à dire, accrochez-vous à vos slips si vous en avez un (sinon je ne vous juge pas, mais quand même, damn) et laissez-vous porter !
- Talf, j'ai besoin d'aide là ! Cria Larah à travers la maison.
- J'arrive, j'en ai pour deux secondes !
- J'ai besoin de toi immédiatement, s'il te plaît !
Il accourut dans le salon pour voir sa compagne, le dos voûté par l'énorme meuble qu'elle portait. Il lâcha un glapissement de terreur en voyant dans quelle situation elle était. Il arriva pour l'aider et à deux, ils soulevèrent l'étagère et la sortirent dehors, là où attendait déjà depuis quelques jours une caravane, tirée par deux aptonoths couverts de fourrure d'anteka. Le froid s'était installé et la neige avec, sauf que le caravanier ne venait pas du coin et n'avait pas de monture approprié pour le climat de Tenmura. Il fit de la place sur un des chariots et aida les chasseurs à monter le meuble. Larah se laissa tomber dans une chaise qui était aussi là. "C'est bien pire que la chasse au deviljho..." Talf ricana et lui jeta un coussin à la figure : Souffle mortel ! cria-t-il. La chasseuse retira doucement l’édredon, le regard de braise. L'homme déglutit et se mit à courir. Nova s'élança hors du chariot et se jeta sur ses traces. Il glissa sur le verglas et se réceptionna, courant à travers les calèches qui attendaient là. Nova glissa aussi mais dû attendre de se stabiliser, laissant quelques secondes de plus à Talf, elle se remit à courir. Il lui lança deux ou trois bricoles qu'elle attrapa avec la main droite, gauche puis avec les dents. Larah félicita Minuit pour ce mouvement, il grogna légèrement, disant que ce n'était rien. Nova reposa les objets doucement, puis approcha d'une roulotte, dont la porte avait été ouverte.
Elle entra et vit une multitude de vêtement, sûrement la garde-robe de l'un des caravaniers. Elle était pleine de robes, de costumes, de masques et de multiples accessoires qui rappelaient le bal. Nova savait que Talf était là, elle regarda autour d'elle, tendant l'oreille. Quelques pas plus tard, quelque chose attira son œil et elle vit un mannequin, habillé d'habit de noble, rouge, qui rappelait sans en douter des habits de la Guilde, avec le chapeau, surmonté d'une gigantesque plume de Qurupéco. Classique, aurait-on pu penser, mais c'était le masque qui attira son regard. Il était finement travaillé, magnifique, il couvrait la totalité du visage, d'un blanc pur avec seulement quelques stries noires qui partaient des yeux et tranchaient le visage, descendant vers la bouche, dont un énigmatique sourire était inscrit dessus. Le masque était effrayant à cause de ce sourire et de ce qu'il cachait. Elle remarqua alors qu'il avait une autre face, derrière, elle tourna autour du mannequin pour voir l'autre visage, mais fut rapidement handicapée par le manque de lumière. Elle vit seulement les contours de la partie droite du visage, elle vit des cornes frontales, enroulées par les mêmes stries noires, mais cette fois-ci, l'énigmatique sourire avait fait place à de grandes dents, monstrueuses, celle d'un terrible prédateur. Mais le masque était fracturé, comme si quelqu'un avait frappé dessus et une partie était tombée... à moins que ce n'était fait exprès, pour révéler en partie le visage du porteur, car la partie gauche semblait bien avoir était taillée pour donner cet effet. Elle leva les doigts vers le masque mais entendit un bruit derrière elle, elle se tourna en vitesse et fit face à un énorme monstre terrifiant, bossu, aux doigts crochus et aux longues dents, pointant vers le ciel, des cornes gigantesques perçant les nuages. Elle cria et par réflexe, devant la bête qui grognait, décrocha un coup de poing dans la face du monstre. Talf s'envola presque, le nez en sang, avant de tomber par terre en gargouillant. Nova s'en rendit compte et se précipita sur le chasseur qui ne se remettait pas de son coup, il tenait son nez entre les mains et gigotait de gauche à droite, en proie à une douleur non négligeable. Nova s'excusa près d'une centaine de fois en l'aidant à se relever, elle lui expliqua qu'elle avait cru que c'était un monstre et le fit sortir dehors, mais alors qu'ils se dirigeaient vers la porte, l'homme qui possédait cette collection entra en même temps et lâcha un cri en voyant les deux individus, la chasseuse cacha immédiatement son œil, ne sachant pas si c'était ça qui avait déclenché le cri. Il était accompagné d'un felyne noir de jais, qui semblait aussi surpris mais plutôt en colère de voir quelqu'un porter ces costumes. L'homme toussota et se remit droit, il avait une fine moustache, les cheveux noirs légèrement bouclés, des yeux marrons très sombre, un habit qui était à l'image de ses costumes, fantastiquement énigmatique, composé de beaucoup de pièces de couleurs différentes, il se présenta :
- Mes excuses, chasseurs, je suis Fagotto, propriétaire de cette caravane ! Voici mon felyne Behemoth, il m'aide à monter ces magnifiques costumes ! Excusez ma réaction, je ne pensais pas voir quelqu'un ici... surtout... portant mes costumes... Sont-ils à votre goût ?
- Euh... Oui monsieur, répondit Nova, cachant le nez de Talf de sa main, ils sont effrayants ! Puis-je savoir pourquoi ils sont destinés ?
- Mais bien évidemment mademoiselle ! Nous sommes en route pour Dundorma, l'amphithéâtre ! Nous sommes une troupe très connu, vous ne devez pas aller très souvent au théâtre ! Il faut dire, une si petite ville ne doit pas accueillir d'enceinte assez grande pour accueillir une diva.
- Il y a une diva? S'écria Nova.
- Oui, elle voyage avec nous, mais elle ne sort jamais de là, si vous voulez, vous pourriez la rencontrer, ne serait-ce que quelques instants. Elle est assez timide, mais très sage.
- A condition que vous rangiez ces costumes, demanda le felyne, l'air un peu ennuyé.
- J'ai toujours rêvé de rencontrer une Diva ! S'écria Nova, au bord de l'hystérie, choquée, Larah se rendit compte que c'était Minuit qui était très excité.
- Hey, une minute, votre troupe là... elle doit pas jouer une pièce avec une lunastra et téostra? Demanda Talf.
- Si c'est exact ! Monsieur est connaisseur?
- Non, j'ai juste vu les masque là-bas.
- Oh, fit le chef de la troupe, un peu déçu. Peut être que vous devriez venir voir cette pièce, qu'en pensez-vous ? Vous m'avez l'air fort sympathique !
- Et qu'est-ce qu'on donne en échange ? Demanda Talf, soupçonnant un échange pas très équivalent.
- Oh, eh bien... votre âme !
Il y eut un silence gênant, le felyne ne put s'empêcher de ricaner.
- Je plaisante voyons ! Pour la pièce, je crains de devoir vous faire payer la place... malheureusement, je ne peux pas vous donner des sièges comme cela, ce sont les règles de Dundorma, depuis l'incident chez eux, ils veulent renforcer la sécurité et tout le monde est tracé dès l'entrée dans la ville. J'ai bien peur cependant que la note soit un peu salée, à vrai dire, il ne me reste que quelques places... Malgré que cela est lieu dans quelques mois. Nous sommes très demandés !
- Hmph, je m'en doutais, soupira Talf, sortant de sa poche sa pauvre bourse, déjà presque vide, ça fera combien ?
- 50 000 zennies.
- Comment ? J'ai mal entendu.
- 50 000 zennies, répéta le felyne.
- Combien ?! Rugit Laft.
- C'est pour nous deux ? s'exclama Nova.
- Non, c'est à l'unité.
- Mais ça fait... (Talf compta vaguement dans sa tête) 100 000 zennies !
- Monsieur sait compter, sourit Behemoth.
- En effet, mais je vous accorderai à coup sûr les places sur les estrades !
- Mais ça veut dire que les places devant... combien coûtent-elles ?! Continua le chasseur.
- Oh, et bien, cela varie entre 100 000 et 200 000 zennies.
- Mais grand ciel ce sont les riches de tout Gardemine qui viennent chez vous, c'est pas possible, 100 000 zennies pour deux places sur les côtés en plus ! Mais à ce prix là j'espère que le chant de la Diva rend immortel !
- Calme toi Laft. Monsieur, ce serait avec plaisir, mais je ne crois pas avoir autant d'argent à vous donner, expliqua calmement mais non sans déception Nova.
- Je comprends, malgré que vous gagniez votre vie, vous devez entretenir votre équipement... bah... je ne peux pas vous en vouloir, sachez juste que si vous changez d'avis, je vous prendrai en priorité ces places !
- Merci bien monsieur. Où peut-on voir la Diva ? Demanda tout de même Nova, calmant Talf en lui caressant le dos, tandis qu'il s'en rongeait encore les doigts.
- Eh bien, suivez-moi, je vais vous y mener !
Ils hochèrent la tête et se mirent à marcher à travers les différentes caravanes. Ils savaient qu'Elim et Ryu n'allaient pas leur en vouloir d'avoir laissé le déménagement quelques minutes, après tout, cela faisait depuis le matin qu'ils montaient les meubles et leurs affaires dans le chariot qu'ils allaient emprunter pour la route. Évidemment, ils s'en chargeaient car Ryu était... infirme à présent et Elim avait déjà du mal à soulever plusieurs draps, alors des meubles... Larah et Talf avaient fait du bon boulot, même si leurs lombaires étaient sacrément courbaturés à présent. Fagotto s'arrêta et Talf se cogna contre lui, relançant son saignement de nez. L'entrée de la roulotte était juste là. Talf et Nova se regardèrent puis se tournèrent vers Fagotto, mais il avait disparu. Le chasseur haussa les épaules et monta les marches qui menaient à la porte, il posa la main sur la poignée et un frisson le traversa. Il se tourna vers Nova qui pencha la tête sur le côté, lui demandant si quelque chose n'allait pas. Il secoua la tête et dit : « Attends, y a un truc bizarre là, pourquoi on est tout seul ? Pourquoi ils veulent bien qu'on voit la Diva ? C'est pas genre une super star ? Elle doit bien être protégée ou un truc du genre. » La chasseuse hocha la tête, elle posa la main sur sa cuisse, où était caché son couteau de dépeçage qu'elle avait récupéré après qu'AlGieba soit rentré au village, sain et sauf, comme prévu. « Non, mais pas la peine non plus de sortir le couteau ! » l'interrompit Talf, « je trouve ça juste bizarre... » Il pressa la poignée et ouvrit la porte. Il sentit l'odeur d'un encens immédiatement, il passa la tête dans la pièce et regarda autour de lui, une étrange atmosphère régnait ici, des rideaux couleur ocre laissaient passer quelques rayons de soleil tandis que de multiples coussins rouges étaient posés, ça et là, sur des canapés brodés avec du fil d'or. Le chasseur siffla en les voyant. Il remarqua aussi tous les miroirs dans la pièce. Il vit alors qu'on pouvait voir tous les recoins de la pièce juste en jetant un coup d'oeil sur l'un d'eux. Il vit aussi qu'on pouvait voir dehors, avec des miroirs extérieurs. Il entra totalement, demandant s'il y avait quelqu'un. Nova fit de même, regardant autour d'elle, émerveillée par les miroirs. Même si Larah y trouvait quelque chose d'inquiétant, Minuit trouvait ça ingénieux.
Hého ? Il y a quelqu'un ? Demanda Talf à nouveau.
Je crois qu'il n'y a personne, peut être qu'on devrait sortir !
Hey, attends, moi je veux bien la voir cette bonne femme ! T'imagines ? 100 000 zennies pour l'entendre chanter, je suis sûre que c'est une sorcière, ou quelque chose du genre, elle doit envoûter les gens et les forcer à payer !
Dois-je comprendre que vous êtes les deux chasseurs ?
Talf fut foudroyé sur place. La voix venu tout droit du fond de la carriole l'avait complètement fait frissonner. https://www.youtube.com/watch?v=3zUBBuqumbQ
Les deux personnes regardèrent, surpris, apparaître celle que l'on nommait la Diva. Elle avait la peau sombre mais des cheveux d'un blond étincelant, des oreilles pointus, car c'était une wyverienne, ses lèvres étaient blanches et finement tracées, sur son front brillait un diadème ornée d'une pierre bleue qui aurait pu être un cristal pur travaillé par les meilleurs artisans du monde. Elle posa ses yeux, calme, sur Nova qui déglutit tellement la Diva imposait une force, juste en étant là, seulement sa présence. Peut être qu'elle aussi sentit l'aura de Nova car elle eut un mouvement des paupières, comme si elle cherchait à savoir qui il y avait en face... Elle montra aux chasseurs deux coussins et les invita à s’asseoir. Elle se posa à genou sur l'un d'eux et regarda l'un après l'autre ses invités, sans dire de mot, dans un silence cérémonial. Enfin, elle leva le bras et pointa Talf qui se bloqua sur place, effrayé de bouger. "Vous êtes Talf, n'est-ce pas ?" Il hocha doucement la tête. "Où Laft ?" Autant Talf était déjà immobilisé sur la place, autant Larah fut immédiatement en alerte et tendit tous les muscles de son corps. Comment pouvait-elle être au courant pour ça ? Nova la rassura, si c'était une wyverienne, elle n'était pas violente ou dangereuse, elle lui rappela qu'ils avaient certains aspects mystiques et immédiatement, l'image d'AlGieba apparut. Nova détendit ses muscles et plissa les paupières, auscultant chaque trait de la Diva qui se tourna finalement vers elle. "Et vous... Vous êtes Larah Tian. Enfin, c'est ce que je pensais depuis les miroirs, mais maintenant que je vous ai en face, je ne sais pas non plus." Elle sourit en regardant le couple, mystérieusement, elle rangea ses mains dans ses manches et les regarda l'un après l'autre. "C'est amusant, n'est-ce pas ?" Commença-t-elle. "Vous êtes tous les deux... Ou plutôt... Tous les 5..." Minuit se mit d'accord avec Larah au final, c'était loin d'être rassurant. "Des êtres partageant un corps... mais dont l'âme se reflète à travers plusieurs esprits... tel le prisme qui découpe la lumière de ses parois de verre." Talf ne tenait pas plus en place que Minuit et Larah, Nova, quand à elle, restait impassible. "Bien sûr, ça vous fait peur que je sois au courant, n'est-ce pas ?" Sans réfléchir, le chasseur hocha la tête.
- Rassurez vous, je ne vous veux aucun mal, je crois cependant que l'un d'entre vous est menaçant à mon égard. Laft, calmez-vous je vous prie.
- Alors là, même pas en rêve, sorcière. Je vais te dire ce qu'il se passe actuellement. Soit c'est l'autre pimbêche qui me joue un tour, fit-il en désignant Larah, soit c'est que tu lis dans les cœurs des gens et j'y crois pas une seule seconde à ces conneries. (La chasseuse toussota, pas la peine de s'énerver) Non, toi tu te tais, déjà que tu me voles tout mon prestige, tu crois que je vais t'obéir en plus de ça ? Tu te prends pour qui, une Reine ? t'es que dalle, fille, t'as peut être une couronne, mais t'es aussi royale que mes fesses sont du poulets. (Il se leva) D'ailleurs je vais te dire deux mots, si tu crois que toi et Talf, ça marchera, tu te mets le doigt dans l’œil, je vais tout faire, t'entends ? Tout faire pour que vous deux, dans moins de quelques mois, ce sera terminé. (Le regard inquisiteur de Nova se posa sur lui, il le sentit et grogna) Alors quoi, ta troisième personnalité va me faire la leçon ? Allez, c'est ça, énerve-toi. Allez Minuit, tu vas pas me dire que tu te fais contrôler par une gamine de rien du tout ? Je te rappelle que t'es un Fatalis et tu lui obéis ?
- Je crois que tu t'énerves uniquement parce que tu es seul, répondit Nova, la voix posée.
- Seul ? Moi ? Seul ? Répéta-t-il. Mais j'ai Talf, tu m'entends ? Et j'ai Neilla, et crois moi, elle et moi, on va s'en payer une bonne tranche ! Si c'est pas déjà le cas depuis quelques jours.
La fureur de Larah se brisa totalement sur le manteau de calme de Nova. Minuit l'entourait de ses ailes, lui aussi silencieux, il expliqua que c'était ce que voulait Laft, il fallait montrer que eux trois étaient unis et savaient être stoïque, quelque soit ce qui les attendait. Il regarda la jeune femme en prendre conscience et elle aussi tenta de rester calme, comme eux, Nova gagna en force. Laft vit que cela ne mena à rien, il serra les dents mais ne s'arrêta pas à ça.
- Elle a toujours eu un faible pour moi !
- Je sais.
- Je ne vais pas m'arrêter là, elle et moi, on va briser ton minable petit couple.
- Non, tu ne le feras pas, car même elle t'a abandonnée.
- La ferme !
- Tu as déjà essayé de la tuer, tu crois vraiment qu'elle va rejoindre tes côtés ?
- T'en sais rien ! Elle a changé !
- Nous n'en doutons pas, cependant, nous sommes sûrs d'une chose, tu es seul.
- Bah, peu m'importe ! Dans quelques lunes, ce corps m'appartiendra à moi et moi uniquement. J'aurai effacé la présence de Talf pour TOUJOURS ! Et tu le sais, hein ? Tu as vu qu'à la dernière quête, j'étais déjà maître et que là actuellement aussi.
"Comment voulez-vous que je reste calme face à ça ? Il menace de tuer mon petit ami, paniqua Larah.
- ...
- Et vous ne doutez même pas de sa capacité à le faire, n'est-ce pas ?
Nova ne souffla mot, Minuit nia entendre quelque chose.
- Faîtes quelque chose, réagissez !"
Nova regarda Larah effrayée. Elle la prit dans ses bras, la queue de Minuit les entourant comme pour les protéger. La chasseuse n'y croyait pas, elle les regarda fixer avec insistance la Diva, qui depuis le début, aurait pu être confondue avec une statut, car elle n'avait pas bouger d'un pouce. Elle regardait Laft se lever, faire de grands gestes, montrer qu'il était énervé, faire sa petite crise... Puis d'un coup, brisant le silence, elle se mit à rire aux éclats. Laft se tourna vers elle, montrant les dents et serrant les poings. Nova resta figée. La Diva se leva et était presque aussi grande que Laft, se tenue lui donnait encore plus d'envergure, elle regarda le jeune homme qui s'apprêtait à la repousser, mais ne le fit pas. Cependant, il tendit le bras pour la frapper et Nova se redressa aussitôt, sur ses appuis, prêt à bondir s'il osait lever la main sur la wyverienne. Mais cette dernière balaya de la main le geste de Nova qui en fut un peu surprise, mais pas moins à l’affût. "Quittez cette pièce, mademoiselle Tian." Nova se mit droite et inspirant profondément, regarda dans les yeux la Diva qui lui rendit le regard, la faisant comprendre qu'elle gérait la situation. Un long silence s'en suivit, ni Laft, ni la Diva ne bougèrent tandis que Nova quittait la roulotte, elle ferma la porte et Larah demanda immédiatement :
"- On fait quoi maintenant ? Si vous ne voulez pas régler le problème, appelez au moins les gardes !
- Il ne fera rien, affirma Minuit.
- Comment en es-tu si sûr ? C'est Laft, il est monstrueux !
- Peut être, mais il n'ira pas jusqu'à frapper la Diva, crois-moi.
- AlGieba, il faut le trouver, c'est lui qui l'a mise au courant, coupa Nova.
- Ah ? Comment tu peux le savoir ?
- Je ne doute pas qu'elle connaissait ton nom, mais elle m'a clairement parlée, et même si elle a senti ma présence, rien ne dit qu'elle aurait pu savoir pour Minuit, c'est une intuition.
- Mais elle est juste, marqua Minuit. Elle n'aurait pas pu savoir non plus pour Laft et elle a bien dit "Tous les 5"... Allons trouver le wyverien pour qu'il s'explique."
Larah prit le contrôle et partit à reculons, surveillant les bruits venant de la roulotte. Elle se mit à courir finalement, pour trouver le wyverien.
Laft faisait face à la Diva et ils n'avaient pas bougé, regardant grâce aux miroirs Larah discuter intérieurement pendant une mince seconde et partir. La wyverienne sourit à Laft quand celui-ci demanda si c'était bon, s'il pouvait la frapper. Elle lui fit signe qu'il pouvait mais il ne le fit pas, il baissa le bras. "C'était de la comédie, j'avais vraiment envie de faire face à Nova." La Diva hocha la tête, elle avait compris depuis le début.
https://www.youtube.com/watch?v=vP3gwTD891w
- Par contre ça n'explique pas pourquoi je n'arrive vraiment pas à vous détester. Ce qu'elle a dit là...
- ... c'est vrai, termina la Diva.
- Non, ça n'a rien à voir, je m'en tape complètement d'avoir des amis ou quoi...
- Vraiment ? Vous semblez pourtant apprécier le fait d'avoir un rival... qui plus est, elle semble être la moitié de Talf.
- Tss, j'ai pas eu mon mot à dire dedans... enfin si... Plutôt ma lance. Haha, elle ne l'avait pas raté celle là.
- Vous l'avez volontairement blessée ?
- Bien sûr, et j'aurai recommencé encore et encore, si ce corps n'était pas aussi faible.
- Vous êtes un psychopathe.
- Vraiment chérie, tu ne m'apprends rien de nouveau.
- C'est la vue du sang qui vous fait agir comme ça ? On a recensé de nombreux chasseurs qui après avoir tué plusieurs créatures ou avoir vu leurs camarades se faire blesser ou tuer, devenaient fous. Je ne serai pas étonnée que cela soit votre cas.
- Non. Je suis un trait bien particulier de Talf, son vrai visage, mais comme il n'a jamais réussi à l'accepter...
- Vous êtes devenu deux.
- Ouais, exactement... Deux âmes pour un même corps, c'est normal que ça soit le bazar toujours... Toujours le bazar, et Larah qui essaie de s'en mêler...
- Haha. C'est amusant.
- Quoi donc ?
- Que vous deux, Larah et toi, avez plusieurs voix dans vos têtes.
- Je t'arrête de suite, je te l'ai dit, je suis pas schizophrène, j'ai conscience qu'on est deux, je ne suis pas atteint de paranoïa excessive et on n'est pas complètement tarés non plus.
- Pareil pour Larah, sauf qu'elle, elle a au moins la trace physique du Fatalis. Les Shoguns ne font plus partie de votre existence.
- Attends, comment tu en sais autant ?
La Diva lui sourit, il se renfrogna et se mit en garde, il détestait ce genre de chose, la magie, l'occulte, tout ce qui lui échappait, que ça existe ou non, il en avait horreur, tout avait une explication logique, et elle n'allait surtout pas lui faire croire qu'elle avait lu dans ses pensées ou dans sa main. Il essaya de reprendre le contrôle de la situation :
- Bah peu importe, répondit-il, c'est quoi le but de cette discussion ? Me dire qu'au fond je suis gentil ? Balivernes.
- Non, ce n'est pas ça. Simplement que le corps d'une personne ne peut contenir qu'une âme. Votre corps est divisé en deux par la personnalité de chacun.
- C'est pourquoi il dépérit et pourquoi l'AGI n'agit que sur un seul des deux bras.
Low apparut, de derrière le rideau, la Diva baissa la tête en fermant les yeux devant Laft qui se sentait trahi de ne pas l'avoir vu plus tôt.
- C'est une blague ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je suis de garde avec caravane, c'est moi qui vais la protéger le temps qu'elle voyage. Je savais que tu viendrais avec Larah, c'est pourquoi j'ai préparé ton arrivée. Enfin, je m'attendais à Talf, non à toi.
- (Laft se mit à rire) Ouais, j'imagine, c'est marrant ça, personne ne voit que c'est moi qui ait de plus en plus le contrôle ? Vous êtes aveugle tous ? Talf a abandonné la vie. Il sait qu'un moment fatidique viendra. Il sait que je suis plus fort que lui, il n'essaie même plus de lutter. Il dit que c'était comme si son étoile l'avait abandonné, et il n'a pas tort, les Dieux sont morts, on entend plus parler d'eux.
- Quoique tu prévois de faire...
- T'inquiète mon vieux, tu pourras essayer de me stopper si tu le souhaites, mais je te préviens, je me laisserai pas tuer par toi. On verra plus tard pour mes plans, je suis même pas sûr d'en avoir un, ce que je sais, c'est que je ne me laisserai plus marcher dessus par les autres, je vais prouver au monde ce qu'est un vrai Shogun et s'il faut pour cela que je tue une légende, j'ai aucun problème avec ça.
- Neilla et toi avez découvert des choses à propos de ton AGI...
- Oui, pas mal de truc on dirait bien, elle et son adrénaline, moi et mon anomalie... Bref, on va bien s'amuser dans les mois à venir.
- Fais attention Laft, Luminos ne se laissera pas faire.
- Parce que tu crois que c'est de lui que je parlais ?
Il y eut un silence, la Diva défia du regard le chasseur qui ricana, elle lui répondit simplement :
- Vous ne savez pas à qui vous vous frotter, vous n'imaginez pas le pouvoir de l'âme. Talf, quelque soit la raison de votre abandon, ne laissez pas un tel être vous dominer, ne le laissez pas garder un corps physique, il causera plus de mal que quiconque et votre vie, à ce moment là, pourra être qualifiée d'"inutile" car vous aurez laisser échapper un mal bien dangereux plutôt que de voir que la vie a de nombreuses facettes qui sauront vous rendre heureux. N'oubliez pas pour qui vous vous battez, n'oubliez pas d'où vous venez, de comment vous y êtes arrivé et de qui vous a accompagné pendant tout ce temps. Si vous abandonnez, de quoi se souviendront-ils ?
- De la lavette que j'étais, répondit Talf, reprenant le contrôle.
- Non, je ne crois pas. Vous ne devez pas perdre ce combat, s'il vous reste une chose à faire dans ce monde, c'est bien cela.
- Vous croyez en moi ?
- Vous pensez que je suis la seule ?
Talf ne répondit rien, il inspira profondément et détourna le regard. "Tu ne peux pas les abandonner", ajouta Low. "Tu n'as pas le droit." Le chasseur se tourna en silence, la Diva se leva mais Low lui posa la main sur l'épaule, elle se rassit et le regarda ouvrir la porte. "Ça faisait longtemps que j'avais prévu de mourir." Lança le chasseur. "Je n'y peux rien, c'est l'AGI. Je ne peux pas garantir que je vais gagner" Il regarda la poignée de la porte puis le ciel à travers le battant, "Par contre, je peux dire que je l'aimerai jusqu'à mon dernier souffle." Il sortit et ferma la porte derrière lui. Low posa son index et pouce contre ses yeux, la Diva regarda tristement le sol. "Il n'y a plus rien à faire", souffla-t-elle finalement. "Il a déjà accepté son destin". Low se reprit et soupira profondément. Il croisa les bras et regarda la Diva. "Je sais qui va pouvoir le convaincre de continuer à vivre."
Larah marcha vers la maison de Keil quand elle vit AlGieba déjà là, adossé contre le mur, s'attachant une plume à une de ses nattes, malgré que désormais, quelques habitants connaissaient le wyverien, ce qui ne plaisait pas vraiment à la chasseuse, il se cachait sous une capuche et un poncho. Cette dernière chose offerte par Tana qui s'ennuyait un soir et lui avait fabriqué. Il vint la saluer mais elle lui prit le bras et l'emmena hors de vue de quiconque... il retira sa capuche, un peu inquiet. Larah voulait lui expliquer clairement et doucement le problème, mais Nova explosa toute seule : "Tu connais la Diva ?!" Le wyverien avait comme à son habitude, lâchait la jeune femme avant que l'entité prenne le dessus. Il leva les mains, en souriant, faisant l'innocent devant le regard noir de Larah et les mâchoires serrées par le Fatalis. Il s'expliqua :
- Hum... euh... Oui. Je euh... je la connais de mon village... elle venait parfois.... chanter. Oui... euh... vous l'avez rencontré ?
- Tu as intérêt à expliquer clairement comment elle est au courant de tout, grogna Minuit à travers Larah.
- Je vais vous expliquer...
- Mais enfin AlGieba, tu sais très bien que moins les gens en savent, mieux je me porte ! Le... Le Comte, tu te souviens ? Il peut les acheter tous très facilement !
- Il n'achètera pas la Diva, elle n'a qu'une parole et m'a promis qu'elle ne dirait rien à personne, et je pense que vous ne doutez pas du tout de la parole d'un wyverien.
- Non, surtout pas, reprit Minuit, comme quoi on croyait que tu allais la boucler toi aussi !
- Ça va Minuit, reprit Nova en calmant les deux esprits. Ce n'est pas très prudent en effet. Pourquoi lui avoir parlé de nous ? Je sais qu'on te fascine...
- C'est Low qui est venu me trouver, il m'a parlé de Talf.
- Comment il te connaît ?
- Keil...
- Eh bien, eh bien, encore un sur la liste, grogna Minuit.
- Je n'ai pas vraiment eu le choix.
- Il t'a menacé ?
- Non, en fait, je trouvais ça très intéressant. Il avait raison sur un point, Talf et Larah, vous êtes complémentaire. Quand il m'a dit à propos de Talf, j'ai de suite imaginé en parler avec la Diva, car je savais que vous iriez la voir, au moins vous Larah, pour la musique et...
- A propos de Talf ?
- Oui, et de sa dégénérescence, fit tristement AlGieba Low m'a dit que...
- De sa quoi ? Souffla la jeune femme.
https://www.youtube.com/watch?v=mKRItdkES-M
AlGieba vit dans le regard de la jeune femme de nombreuses choses, de la peur, de la colère, des questions qui se soulevaient et une revue en détails de toutes les conversations, combats, mouvements et mots qu'avaient pu faire ou prononcer Talf. Il lui posa les mains sur les épaules, tentant d'étouffer la panique de la chasseuse, il prononça des mots qu'elle n'entendit pas. Elle se dégagea d'un mouvement que le wyverien n'arriva ni à anticiper, ni à comprendre, elle sortit de son étreinte avec une facilité déconcertante et se mit à marcher vite, regardant le sol, puis à courir en comprenant beaucoup de choses. Elle avait été tellement occupé ces derniers temps, tellement égoïste, à gérer ses problèmes sans se soucier de ceux de son compagnon. AlGieba l'appela à plusieurs reprises. Il se se mit à courir à sa poursuite, Nova fit se retourner Larah une seconde pour que le wyverien voit le regard de l'entité, triste mais lui faisant comprendre qu'il n'y avait rien à faire. Ce regard transperça AlGieba qui s'arrêta net, en haletant, il se mit les mains au visage, essuyant la sueur qui perlait sur son front. Il aperçut du coin de l’œil Low, Keil et Tana, qui attendaient là.
Larah sauta par-dessus les barils qui traînaient à cause de la caravane, esquiva trois felynes avec des pas de danse et glissa au sol, tournant en même temps à gauche, vers sa maison. Nieve qui transportait des paniers jeta le sien en la voyant dévaler à toute vitesse. Il se mit à la suivre et c'était bien le seul capable d'une telle prouesse. La chasseuse s'arrêta, reprenant son souffle, voyant à quelques dizaines de mètres la chevelure de Talf qui disparaissait dans une descente. Elle sentit son poumon droit percé par un point de côté monstrueux mais ne s'arrêta pas. Elle l'appela une fois, deux fois, elle trébucha mais se releva, sans se rendre compte qu'un caillou avait égratigné la peau de son bras droit. Un picotement dans l’œil droit essaya de la rappeler à l'ordre mais elle l'ignora. Elle rattrapa finalement le chasseur qui marchait sans la regarder. Elle tenta de lui attraper le bras mais elle n'y arriva pas. Elle l'appela de nouveau mais il ne répondit pas. Elle s'arrêta pour reprendre sérieusement son souffle, elle venait vraiment de travers toute la ville en courant et sautant. "Talf, nom d'un chien !" Il s'arrêta et se tourna lentement vers elle. "C'est à Talf que je veux parler, pas à toi." Laft cracha et se retourna de nouveau pour marcher. Elle le rattrapa et lui posa la main sur le bras mais il se dégagea. "Arrête-toi !" L'homme s'exécuta et la regarda, l'air mauvais :
- Quoi ? Tu veux pas me parler à moi ? Il t'entend très bien aussi quand je suis là.
- Fous le camp, ça ne te regarde pas.
- Olah, tu ne me parles pas sur ce ton. (Il lui envoya un coup de poing qu'elle esquiva sans problème, vraiment ennuyée) Ah, je savais que tu l'éviterais... je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai fait ça, mais c'est marrant de voir qu'à chaque fois que je te fais ce coup, tu me sors une esquive différente.
- Talf sérieusement, reprends le contrôle !
- (Laft soupira, puis il leva les yeux au ciel et laissa le contrôle à Talf qui baissa immédiatement les yeux) Hey Larah...
- Tu... Tu... (elle n'avait non seulement pas préparé ses mots mais ne savait pas non plus par où commencer, elle laissa s'échapper un cri et reprit : ) T'es sérieux là ?!
- J'ai rien dit encore !
- Justement, tu attendais quoi ? De mourir ? S'écria-t-elle.
Il y eut un silence, Nieve arriva et s'arrêta de suite, reculant un peu et se faisant tout petit. Talf regarda ses chaussures, cherchant à se protéger de la fureur montante de Larah. Il inspira profondément et ne daigna pas lever son regard. La chasseuse, à son habitude, lui aurait crier dessus, mais elle n'en fit rien, elle baissa ses épaules dans un signe de désespoir et se mit la main aux yeux.
-Tu mourrais depuis tout ce temps... et tu ne m'as rien dit... Tu voulais que je le découvre le jour même...?
- Tu avais beaucoup de problèmes, je ne voulais pas t'ennuyer avec ça.
- M'ennuyer ? répéta-t-elle. Avec ta mort ? Mais... (elle leva les bras au ciel) Mais c'est une plaisanterie ?
- Larah, je pensais que tu t'en doutais, je pensais que tu le savais mais que tu préférais l'ignorer... Faire comme si de rien n'était. Comme les croisés, on meurt, on est des prototypes, le corps humain ne supporte pas ça, on est pas fait pour vivre dans ce monde... on aurait même jamais du y naître.
- Mais tu entends ce que tu dis ? Vous méritez tous la vie !
- On est des bêtes de laboratoire, notre existence n'est pas propre... Je pensais que les croisés t'avaient dit que eux aussi, leurs jours étaient comptés.
- Drakov aussi ? (Larah était au bord des larmes, elle tenta de se reprendre) vous êtes tous en train de mourir sous mes yeux et vous ne me dîtes rien ? Mais qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi vous me laissez dans l'ignorance ? La ... la mort ! Je le crois pas...
- Personne ne voulait t'inquiéter. Le temps passe trop vite, on ne voulait pas que tu t'inquiètes encore plus... Je voulais que tu le saches le plus tard possible, plus on retardait cette annonce, mieux tu te serais portée, imagine si on te l'avait dit depuis le départ, tu aurais compté chaque minute, chaque seconde qui passait avant que le glas ne sonne. Tu aurais été malheureuse. Et ce n'est pas ce que je souhaitais. Dès que j'ai tué Rhan, j'ai compris que même si c'était mon ennemi, j'avais tué un homme et que j'avais le sang d'innocent sur les mains... J'ai compris qu'au point où j'en étais, la mort d'un homme ou plus ne changerait rien, j'étais déjà mauvais à cause de Laft, je justifiais mes actes à cause de lui, mais j'ai fait des choses impardonnables et ma vie en payera le prix. Je n'ai pas choisi de mourir, il semble que ça soit mon destin. On ne peut changer un homme.
https://www.youtube.com/watch?v=QqZqxr44f1Q
- Tout le monde a le droit à une seconde chance ! S'écria-t-elle. Il n'y a pas d'exception à cette règle.
- Je te pris de comprendre. S'il te plait.
- Non ! Non, tu n'as pas le droit de mourir parce que tu as rendu justice !
- Ma justice ou celle de Rhan, de Luminos, de Neilla, de toi, elle dépend de la personne qui emploie le mot ! C'est relatif, comme le temps, le temps passait avec toi m'a donné l'impression d'avoir déjà vécu une éternité sur cette terre.
- Arrête avec ces bêtises, tu n'es pas encore mort !
- Ce n'est qu'une question de temps... dans les prochains mois je...
- Les prochains mois ? Mais pourquoi tout se rapporte aux prochains mois ? Pourquoi personne ne se concentre sur le présent ! On est là... ensemble... On peut profiter de la vie !
- Je ne voulais pas que tu termines ta vie avec moi, quelque soit mon sort, je ne suis pas fait pour toi. (Elle releva les yeux vers lui, pleins de larmes, c'était la première fois de sa vie qu'il ne trouvait pas le regard du Fatalis complètement effrayant, même lui semblait touché par le chagrin de la femme) Je... Je ne suis pas l'homme qu'il te faut... Reiga m'a dit que les AGI ne pouvaient pas avoir d'enfants. Je ne veux surtout pas que tu en sois privée... Je veux que tu es une descendance, c'est dans ton sang, une petite fille... une Marys, une Larah, je m'en moque... C'est ta lignée, et avec moi, elle disparaîtra.
- C'est complètement stupide ! Je ne sais même pas si moi aussi je peux en avoir ! (Elle se mit à pleurer) C'est injuste ce que tu m'infliges...
- C'est pour ça que je ne voulais rien te dire !
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Re: Le Village et ses alentours
- Mais je ne veux pas que tu meures !
- Mais moi non plus, je veux être avec toi ! Mais les choses se déroulent autrement... (il marqua une pause) Je n'ai pas choisi de vivre dans un voile de ténèbres, mais j'ai choisi de le déchirer avec toi... Ensemble. (il la regarda pleurer, il la tira vers lui) Tu vois, c'est pour ça, c'est pour ça que je voulais rien dire... Je ne voulais pas te voir pleurer, je déteste ça...
- Pourquoi on ne peut pas avoir une vie simple ?! Hurla-t-elle. C'est comme si on se jouait de nous... C'est ça, hein ? Vous voulez que je devienne... DINGUE ?
Talf sentit une étrange émotion dans son dos. La terreur. La vraie terreur, surtout quand celle venait de sa petite amie. Certes il disait la craindre parce qu'elle avait un caractère bien trempé, un fatalis en elle, mais là, il était sûr que non, ce n'était pas Minuit qui parlait, que ses mouvements étaient bien à elle et qu'elle était réellement terrifiante. C'était comme si le tonnerre venait de gronder. Nieve baissa les oreilles d'instinct. Il recula, la main sur la garde de son arme.
- Vous trouvez ça amusant de me mettre de côté... de me laisser dans l'ignorance jusqu'au jour où je découvre la vérité ? Vous trouvez ça drôle ?!
- Larah, chérie, honnêtement, c-calme toi...
- Non ! (sa voix ressemblait plus à un rugissement qu'autre chose, elle attrapa son couteau de dépeçage à sa jambe) Vous ne comprenez pas que vos petits secrets en bataille sont une véritable plaie qui me tiraille ?! Vous pensez que je n'ai pas d'émotion ? Que je peux vivre sans ressentir des choses ? Vous vous trompez ! Rugit-elle, lançant son couteau droit sur Talf. (La lame passa à une vingtaine de centimètres de lui mais ses cheveux furent remuer par le couteau qui se planta contre une des roulottes, fracturant le bois, en plus de le transpercer. Larah se rendit compte de sa rage et regarda sa main droite, tremblante. C'était elle qui venait de faire ça ? Elle recula d'un pas et regarda son compagnon, qui n'osait pas bouger.) Je... je suis désolée... (il y eut un silence, Talf se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras sans qu'elle ne bouge). On est maudit, Talf, maudit... (elle se calma un peu et tenta de réfléchir) Combien de temps.... il te reste ?
- Moins de deux mois avant que l'AGI ne commence sérieusement à affecter mon corps...
- Et moi qui batifolait pendant ce temps, m'entraînant sans toi...
- Je ne t'en veux pas, j'étais occupé moi aussi, je voulais que Neilla puisse accomplir sa quête elle aussi, je l'y ai aidé et...
- Je sais, le Comte m'a dit de te dire que tu ne savais pas être discret...
- Quoi ? Quand l'as-tu vu ?
- Plusieurs fois déjà, la dernière remontait à quelques jours... Je crois qu'il n'est pas la crapule que j'imaginais...
- Larah, il t'a torturée...
- Il a fait bien d'autres choses en retour. Je ne sais pas trop quoi penser de lui... par contre je suis d'accord sur un point, la discrétion et toi, ça fait quatre, surtout le soir, quand t'essayais de rentrer doucement, je t'ai entendu à chaque fois te cogner au même meuble...
- Euh ouais... j'ai un bleu éternel à la cuisse maintenant. Désolé si je t'ai réveillée ces nuits-là.
- C'est pas grave, je dors toujours mieux quand t'es là, donc j'étais contente de savoir que tu rentrais.
- Tu savais pour notre enquête ?
- Très récemment seulement, je pensais que tu faisais des sorties entre garçons, avec Rupert... Vu que lui aussi il traîne souvent dehors tard le soir... (elle toussota) vers la Guilde... (elle toussota encore) avec une certaine voleuse.
- C'est vous qui êtes entrés par effraction dans le bureau de Maze ?
- Eh... c'est possible... c'était peut être Nova, qui sait ?
- Vous êtes irrécupérables ! ... Mais moi j'ai essayé et pas réussi... les gardes m'avaient repoussé à plusieurs reprises, même ivres, mais Neilla avait déjà mis les pieds dedans. C'est pour ça que la fenêtre était toujours ouverte, elle avait cassé le mécanisme.
- Je dois la remercier alors ?
- Ouais. Vous avez découvert des trucs ?
- Oh, bah, pas grand chose, à part que Rupert est à jamais marqué par les autorités et que moi, une bande de gens très sympathiques veulent m'éliminer si jamais je dérape.
- Oh.
- Tu crois que j'ai dérapé ?
- Non, c'est rien, il fallait que ça sorte...
- Tu trembles ?
- C'est l'émotion...
Ils restèrent comme ça un moment, Nieve les regardait de sa cachette et soupira, voyant qu'il n'y avait plus de danger. AlGieba arriva aussi, en silence, la capuche sur la tête, il regarda le felyne qui lui sourit. Le wyverien lui répondit lui aussi par un sourire, un faible sourire. Même si Larah et Talf s'étaient "réconciliés", cela n'empêchait pas le sort fatidique d'arriver. Il salua leur force, la Diva avait raison sur un point, ils étaient complémentaires. AlGieba les regarda encore un peu avant de faire demi-tour, Tana et Keil dans son dos qui lui firent signes de les suivre. Ils avaient bientôt terminé la traduction des plans de l'arme grâce au codex. Ils attendaient le feu vert de Larah pour qu'ils mettent en œuvre, avec Jagamore, la confection de la nouvelle arme. Ils avaient déjà trouvé comment l'appeler et savaient déjà comment elle allait marcher. Keil portait un gros sac d'outils, Tana les plans et AlGieba ramassa un autre sac, avec des composants. Il se mit en route quand il entendit la voix de la chasseuse l'appeler. Il se retourna et la regarda arriver, Talf lui tenait la main, il se demandait qui était le wyverien, surtout sous la capuche. "C'est bon, vous avez fini la traduction ?" AlGieba hocha la tête. Il lui montra du doigt Tana qui relisait les plans une dernière fois. "Vous voulez mon arme ?" demanda la chasseuse, et alors qu'il lui répondit d'un hochement de tête, elle se tourna pour aller la chercher, laissant Talf et AlGieba ensemble, seuls, sans qu'ils ne se connaissent plus que ça. Evidemment Larah lui avait déjà parlé de son compagnon, mais le wyverien ne l'avait jamais rencontré. Il toussota, Talf se présenta et AlGieba aussi, une poignée de main s'échangea et le lancier sentit une sacré force dans les muscles du wyverien. "Sacré poigne", lui dit-il, en relevant les yeux vers lui, il distingua les oreilles pointues à travers la capuche et les cheveux longs de son interlocuteur. Il fut à moitié surpris que sa compagne fréquente des wyveriens et il ne sentit aucune menace dans sa voix quand celui-ci répondit "Merci, je m'entretiens !" Même quand il lui avait serré la main, il n'y avait pas eu de volonté d'humilier comme le font certains hommes en serrant fort leur "adversaire potentiel". Il y eut un silence gênant entre les deux, où ils en se regardèrent pas et Larah arriva enfin, son arme en main, ce qui aurait fait un peu peur à des gens lambda de voir se déplacer une jeune femme avec une terrifiante arme de chasse... Elle la donna à AlGieba qui la souleva avec facilité. Il regarda l'épée et fut assez surpris de la conception de l'arme. Il vit qu'il y avait une lame imbriquée dans une autre. Il comprit que les plans étaient fait pour cette épée et précisément celle-ci.
https://www.youtube.com/watch?v=DpknxKrcLDk&ebc=ANyPxKpmWqbAMskV8JzcfW4Me3B8gF3qiQ_KaCpd1OLdC9cIvpvVZehypmtg_t8hFphQSfqqWtLFRS8TQVhrGAbdD9WGbibycA
Coup du destin ou non, ça tombait à pic. Ils se dirigèrent tous ensemble vers la forge, pendant le chemin, Talf demanda à sa compagne qui était cet homme et elle lui expliqua brièvement son histoire, comment elle l'avait trouvé en patrouillant par dessus le volcan et comment il les avait entraîné, elle, Nova et Minuit. Le lancier opina en le regardant avec plus d'attention. "Il n'a pas l'air méchant, c'est rassurant, il est costaud le gaillard." Larah lui expliqua qu'il ne pourrait pas faire de mal à un konchu, aussi ennuyeuse soit la bête. Tana et Keil s'arrêtèrent et toquèrent chez Jagamore, qui répondit seulement après quelques secondes, hurlant d'entrer. "Il est saoul ?" demanda Tana à son mari qui lui répondit par un soupir ennuyé et un grognement. Elle se tourna vers la bande et leur demandèrent s'il voulait assister à la fabrication de l'arme. Keil défonça la porte pendant que les autres répondirent avec un hochement de tête, Nieve curieux de voir comment ils allaient séparer les deux armes désormais ensemble. Jagamore les attendait à l'intérieur, une bouteille à la main, et Larah aurait put la reconnaître si seulement elle y avait fait plus attention. Keil attrapa le forgeron par le col et le secoua violemment pour qu'il se réveille, après quoi il lui passa ses mains gelées sur le visage, qui eurent pour effet de faire hurler l'homme qui se releva immédiatement. Tana déplaça les objets qui obstruaient le four et la forge. AlGieba se dirigea vers le feu et d'un geste fluide, il le ralluma. Nieve et Talf en furent extrêmement" surpris. Jagamore mit son tablier de forgeron. Keil posa la lame sur une table et avec Tana, le forgeron et AlGieba, il se pencha dessus. La lame de Marys brillait faiblement de son éclat rouge dans le noir. "Il faut couper autour, ici et là" montra Tana, "c'est à dire au niveau du tranchant de l'épée de Marys, sans perdre le tranchant. Ca signifie creuser dans l’obsidienne. Jagamore, tu as tes nouveaux outils ?" Le forgeron répondit, sortant une énorme boîte et la posa près de lui, il ouvrit les multiples verrous et quand il souleva le caisson, de nombreux outils rayonnèrent d'un éclat argenté. AlGieba en saisit un délicatement et le regarda avec précision. "C'est..." commença-t-il. "De l'Ukanlos", répondit le forgeron, "La Guilde me les a livré dès qu'ils ont su pour le niveau de nos chasseurs. Ils savent que maintenant, des outils en Uragaan ne suffisent plus pour creuser les composants de monstres..." Il désigna Larah. "Ton armure en Zodiumbra aurait été bien plus simple à fabriquer si je les avais eu avant. En tout cas, ça va déjà être bien plus simple à attaquer. On va devoir creuser un coup dans l'obsidienne, sur toute la longueur pour préparer la future trempe de l'arme. Si on se réfère au plan, on va devoir faire passer de nombreux petits crans qui vont servir à faire tenir l'arme. Heureusement, j'ai eu un stage de fabrication de nouveaux prototypes d'armes récemment. On va devoir s'amuser avec les mécanismes de la morpho-hache et de la volto-hache. Ouais, on va bien s'amuser les gars. Donc on va déjà commencer par extraire l'épée de Marys, ça me fait de la peine de faire ça, j'avais mis du temps, mais du coup je sais où il y a un défaut." Larah ouvrit de grands yeux, pour le prix qu'elle avait payé, l'arme possédait un défaut ?
Jagamore sourit et lança un marteau et un pilon à AlGieba. Tana posa ses mains sur la lame et se concentra, en fermant les yeux, Keil s'appuya sur l'arme et posa la main sur la lame de Marys, il eut des picotements immédiatement mais ne lâcha rien. Sa femme inspira profondément, des vibrations soudaines firent trembler les quelques outils présents sur la table. Elle rouvrit les yeux au bout de quelques secondes. "Ok, j'ai localisé le début de la lame, AlGieba, prenez le côté droit, Jagamore la gauche, je vais vous guider." Ils se mirent en position et commencèrent à creuser la lame. Cela prit du temps, pour s'occuper, Talf attrapait tout ce qui passait et regardait avec curiosité les différentes pièces de ferraille qui traînaient çà et là. Larah regardait son arme se faire disséquer. Non seulement on touchait à l'épée de Crimson mais à celle de sa mère. Pourtant, avec enthousiasme elle avait accepté de suivre les plans. D'après Tana, on allait lui offrir une arme extrêmement souple et versatile, qui correspondait bien à la technique de chasse de la jeune femme, avec d'un côté, une possibilité de transformer l'arme pour la rendre plus brutale, qui correspondait au style de Minuit, et de l'autre, séparer deux morceaux pour gagner en agilité et rapidité, comme Larah. "Et pour Nova ?" Avait demandé la chasseuse. Mais Tana n'avait pas su répondre, et pour cause, personne ne savait comment se battait l'entité, si elle se battait, mais elle n'en doutait pas. Elle était issue de l'esprit d'une chasseuse chevronnée et d'un Fatalis, le combat, elle devait savoir ce que c'était.
Enfin, au bout de quelques heures où Talf et Nieve étaient montés à l'étage pour faire une sieste, malgré leur participation inexistante dans la confection de l'arme, Tana arrêta Jagamore et AlGieba. "Le coeur de l'arme est là. AlGieba, vous allez creuser, Keil... tu protèges la lame." Il acquiesça et posa ses paumes contre l'arme rouge. Il prit une grande inspiration et se relâcha, du gel recouvra l'arme de Marys avec difficulté. "Vous allez devoir frapper à l'exact endroit que je vais vous désigner", expliqua Tana, "il n'y aura pas d'autre essai, c'est maintenant ou l'arme est fichue. On va devoir frapper tous les trois, de concert." Le wyverien hocha la tête, un calme olympien le parcourant. Larah se pencha sur l'épée, voyant que la glace recouvrait dans un sarcophage l'épée de Marys. Tana parcourut des doigts l'obsidienne et s'arrêta. Elle écarta son index et son majeur de sa main droite. La main gauche était en l'air, attendant de frapper. AlGieba leva son bras gauche, tenant le marteau et préparant le clou. Il allait devoir viser entre les doigts de la femme et taper sur le clou. En moins d'une seconde. "Tenez vous prêts !" Jagamore transpirant, arrêta d'alimenter le feu, il regarda le wyverien tendu. "Maintenant !" Tana envoya une onde dans l'arme, Keil consolida sa glace au maximum et AlGieba amorça son coup, très rapide, très souple, très puissant. Il visa exactement comme prévu, entre les deux doigts fin de Tana qui ferma les yeux par réflexe et aussi par contrainte. Le choc fut brutal, l'arme se céda en deux. La glace explosa et Tana retira sa main immédiatement, les deux doigts déboîtés par le coup. Elle lâcha un hurlement qu'elle arrêta rapidement. Elle regarda ses deux doigts tordus et tremblant. Keil lui prit le bras mais elle lui fit signe qu'elle s'en sortait. Elle se concentra et utilisa son propre pouvoir pour remettre les os en place. Elle ne put étouffer la douleur cette fois-ci et Jagamore lança à AlGieba deux barres en métal et du bandage pour bloquer les doigts. Elle se laissa faire en regardant l'arme, transpirant autant que ses compagnons. La lame de Crimson était séparée en deux parties : Une partie uniquement constituée d'obsidienne, plus petite que l'autre partie, qui était elle, faîtes à moitié de l'arme de Marys et de la roche noire. "Ouf, la Lame aurait pu se briser mille fois. Félicitations, le plus dur est fait. Maintenant, il va falloir préparer la trempe et monter les engrenages. Qui s'y collent ?" Demanda Jagamore. AlGieba se porta volontaire pour les engrenages, Keil pour préparer la trempe et Tana était autorisée à faire une pause. Jagamore aiderait le wyverien dans le montage. Il alla chercher de quoi faire tout ça.
Larah posa la main sur l'arme de sa mère, elle sentait toujours un étrange lien entre l'arme et son corps, comme si ce n'était qu'une élongation de son bras. Tana, tremblante encore, s'approcha de l'arme et regarda elle aussi l'épée rouge. "C'est une très belle arme, tout de même, c'est dommage qu'elle ne soit pas assez solide pour combattre des monstres plus puissants, c'est pour ça qu'on lui donne un autre corps avec l'obsidienne, les deux s'équilibrent, le tranchant reste très dangereux et la lame est très solide. Elle perd un peu de sa souplesse, mais je ne crois pas qu'une rapière soit très utile dans la chasse aux monstres." La chasseuse acquiesça, voyant mal quelqu'un se battre avec une arme souple contre une cuirasse plus dure que de la pierre. C'était le danger des sabres et rapières, leur puissance était incontestable, mais une lame aurait vite fait de se briser sur une cuirasses de monstre, que ce soit sous pression d'une parade, ou d'un simple coup mal orienté.
Vint enfin le moment de la trempe. La partie cruciale dans la forge d'une lame. Les deux parties de l'arme étaient depuis un moment dans les braises et attendaient d'être sorties pour finaliser leur conception. Jagamore avait refait une lame pour supporter la partie uniquement en obsidienne et pouvoir utiliser les mécanismes de l'arme. Pour cela, il avait utilisé des composants Escarah pour protéger le métal, un mélange d'acier et de pierre lave pour résister à la chaleur et fondus ensemble, et les attaques de l'élément dragon sur la lame. La peau qui recouvrirait le métal se chargerait d'absorber les chocs, la lame serait ainsi très solide, mais perdrait énormément en souplesse. Elle serait aussi assez lourde, mais pour cela, Jagamore avait extrait au maximum d'obsidienne pour l'alléger et l'avait raccourcie. La partie principale de l'arme, à savoir l'épée droite pour Larah, serait plus légère, malgré la présence de l'arme de Marys et d'une part en obsidienne, le matériau qui composait l'épée de la mère de la chasseuse était véritablement une oeuvre d'art, on ne sentait pratiquement pas son poids. Cependant, les mécanismes risquaient d'alourdir l'ensemble, mais ce n'était pas grave, la jeune femme pourrait toujours la soulever et se battre sans problème, tout était calculé. Le wyverien termina le montage des engrenages grâce au codex et aux documents décryptés. Il se leva pour aller aider Keil à maintenir le feu pendant que Jagamore attendait l'exact moment où retirer la lame du feu. Larah s'approcha du bain de refroidissement et mit la main dans l'eau, gelée pour l'occasion grâce au soin de Keil. Le choc thermique allait déterminer si la lame était prête ou non. Dans le cas contraire, elle se briserait. Le forgeron transpirait déjà. Il inspira profondément et jeta un coup d'oeil au wyverien qui était prêt en hochant la tête. Il se prépara à sortir l'arme du feu mais Nova s'écria : "Attendez ! Il faut faire quelque chose avant." Jagamore regarda la lame, puis elle à plusieurs reprises, calculant à toute vitesse. "Y a pas le temps !" Rugit-il, "La lame va se briser !" Mais Nova ne s'arrêta pas, elle prit son couteau de dépeçage, découvrit son bras droit, dont les deux cicatrices violettes étaient toujours là et sous le regard apeuré des autres, qui ne comprenaient pas et ne pouvaient quitter leur poste, elle ouvrit une plaie dans son index. Jagamore ne réfléchit pas, "C'est déjà trop tard !" rugit-il alors qu'il sortait l'arme hors du feu et la plongea immédiatement dans le bain. Le sang de Nova coula dans l'eau alors que celle-ci se mit à bouillir sous la chaleur terrible de la lame.
Elle prononça des paroles que personne n'entendit à cause du bruit de vapeur. Elle regarda calmement son sang se mêler avec l'eau et la lame. AlGieba la regarda dans les yeux, elle les releva pour les plonger dans les siens à son tour, il sentit un petit frisson le parcourir alors qu'un faible sourire s'afficha sur le visage de Larah. Il regarda Tana, qui comprit ce qu'avait fait l'entité. Keil sembla le comprendre aussi car il ouvrit la bouche, les dents apparentes mais traduisant non pas du dégoût ou de la rage, mais plutôt de la crainte, ce qui était rare chez lui. Jagamore ne chercha pas à comprendre et attendit que la lame soit prête, il pensait déjà qu'elle était fichue car elle était restée quelques secondes de trop en enfer. Il la sortit de l'eau et la regarda. "Elle...", commença-t-il en fronçant les sourcils. Il releva la lame aux yeux de tous et tandis que Nova souriait à pleines dents, les autres étaient sidérés. "Elle est parfaite."
Il la posa sur l'enclume et regarda de plus près son arme. Pour être sûr qu'elle soit parfaite, il la prit par la garde et frappa son enclume qui se trancha en deux. Keil siffla. Les autres soupirèrent de soulagement, il n'y avait pas besoin de la refaire. Jagamore rit de plaisir et regarda son arme à la lumière, il fronça les sourcils et la regarda de plus près. "Attendez... Mais... P... Pourquoi est-elle devenue rouge ?" Demanda -t-il. "Elle a fini de refroidir là pourtant, non ?" AlGieba se leva à son tour et rejoignit le forgeron, il lui prit l'arme des mains avec une pince et se tourna vers Nova, qui cacha alors son sourire et les défia tous du regard. Tana se leva aussi, elle ramassa les engrenages avec son pouvoir et les rassembla pour attirer l'attention ailleurs. "Bon, passons au montage." Jagamore secoua la tête, il était trop fatigué et ne se voyait pas travailler dessus davantage. "Tu ne comptes chasser dans les prochains jours, gamine ?" Nova secoua la tête. Larah voulait attendre que Drakov se réveille. Mais pour cela, il fallait aller voir à l'hôpital s'il allait mieux. Cela faisait un moment qu'elle n'y était pas allée, Abygaël lui avait dit que ce n'était pas la peine, qu'il s'occupait de tout et avec le déménagement, elle n'y avait pas prêté plus attention que ça. Les autres acceptèrent de disposer et Keil et Tana s'en allèrent se reposer. AlGieba resta dans la forge et regarda Jagamore se poser sur son tas de ferraille et reprendre sa bouteille. Talf et Nieve descendirent après avoir entendu le bazar causé par le forgeron. Ils virent l'arme sur la table et sifflèrent. Ils n'avaient aucune idée de si c'était une belle pièce ou pas mais s'en moquèrent. "On peut rentrer à la maison ?" Demanda Talf en soupirant, même s'il n'avait rien fait de l'après midi. Nieve hocha la tête lui aussi, il était prêt à s'entraîner. "Non", répondit Larah, "on va chercher Drakov."
Drakov était pensif, sa nouvelle condition lui laissait un arrière goût étrange, une impression qu'il avait peu ressenti auparavant.
Il était en train de comater dans son lit quand on toqua à la porte
Un médecin passa doucement le visage au travers de la porte. Il constata l'état de Drakov et referma la porte, la seconde d'après, celle-ci se rouvrit. Larah y entra, accompagnée de Talf qui jetait des regards craintifs au croisé. Lui aussi avait eu le droit à un coup de table, que Laft avait certes brisé au vol, mais il avait eu mal au bras pendant une semaine. Et tout le monde craignait plus ou moins le croisé. Même Larah, en sa présence, elle devait couper le lien avec Minuit et Nova, ce qui la rendait vulnérable se disait-elle. Mais cette fois-ci, Drakov semblait bien plus calme. Elle leva la main pour capter son attention et lui fit un "Salut !" plein de bonne humeur, voyant qu'il avait l'air déjà d'aller mieux.
Il opina simplement, il avait encore des difficultés à émettre autre chose que des grognements.
Elle s'approcha et attrapa une chaise... qui était en bon état, il fallait l'avouer, c'était étonnant. Talf s'appuya contre le mur, de loin, mais près à bondir... ou fuir, ça dépendait de la situation. "Comment tu te sens ? ça fait un moment que t'es là, on va finir par trouver des chasseurs plus doués que nous, tu sais ?"
Il parla, d'un voix affreusement rauque : Eh. Qu'ils essayent, ça me fera pas de mal un peu de repos.
Larah sourit et se pencha au-dessus de lui, regardant les différents bleus qui avaient disparus à la surface de son visage et de ses bras. Elle pointa du doigt une vague tache et fit : Ah, celui là c'était moi, désolée, mais ça va, tu cicatrises drôlement vite. Heureusement qu'Amélie ne me voit pas te mettre ces droites...Il soupira : ça vaut mieux pour elle qu'elle ne me voit pas dans cet état du tout ouais. Tu t'es pas trop abîmé le poing ?
Larah posa sa main sur l'autre. C'est vrai qu'elle avait eu l'impression de frapper un tronc d'arbre à plusieurs reprises. Des fois le choc lui était remonté jusque dans la clavicule. "Oui, à propos de ça, tu vas devoir payer pas mal de tables et chaises... je m'en suis servi pour me défendre des fois, hahaha, enfin, qu'importe, tu sais pour combien de temps tu en as ?"
Il haussa les épaules : Quelques semaines, tout au plus. Pourquoi, l'autre saleté d'Alatreon se pointe ?
Elle agita nerveusement la jambe. "Il y a quelques temps, je suis passé au dessus d'un volcan avec Yann, jusque là, rien d'anormal... mais on a vu un chantier... de guerre. Je ne sais pas ce qu'il se prépare, mais j'ai l'impression que l'Alatréon n'est pas la seule menace." Talf regarda ailleurs, il savait lui aussi qu'il y avait d'autres faits inquiétants. L'Organisation avait été très active. La chasseuse mit sa mèche derrière son oreille, révélant son œil fermé, elle reprit : D'ailleurs, tu ne le sais pas, mais... Cet Alatréon... il a un nom. C'est du lourd."
Il soupira : Tu sais, à partir du moment ou cette bestiole qui avait été enfermée et a manipulé une personne extérieure pour sortir, je commence à me douter que c'est plus qu'un dragon random.
Il ajouta ensuite, pensif : Qui plus est, parait qu'elle avait de jolies balafres sur la gueule
Larah balaya tout ça de sa main et prit le visage de Drakov, l'air grave.
"Il s'appelle...."
Talf se tendit, raide, il écouta avec peur.
"C'est pire que Minuit...."
Il tenta "Géranium ?"
"Nah... Mais;.. Drakov, un peu de sérieux ! Il s'appelle.... M.... Mor.... MORDECAI" s'écria-t-elle au point que Drakov voulut se boucher les oreilles.
Il se retint de rire mais ajouta : Tu t'appellera bientôt contaminée si tu te recule pas trop aussi, le virus parcourt toujours mon corps.
Elle se balança en arrière, elle avait déjà senti des picotements au bout des doigts, elle aurait le droit à des baies soins en sortant, elle le savait. "Oui, d'ailleurs, j'espère que tu m'en veux pas... Si je t'ai laissé cassé les dents de deux trois curieux... j'ai aucun remord de m'être servi de toi !"
Il lança : Tant que tu m'as pas fait tuer qui que ce soit. Les savants devraient savoir qu'il faut pas m'approcher, j'me suis déjà tiré d'un centre de détention à six ans, alors maintenant...
"Tu pourrais te tirer de là ? Ou te préfères rester sous traitement, comme une larve ?" se moqua-t-elle.
Il répondit, ironique sur la dernière partie : Dans l'intérêt de tous les gens du village, je vais rester ici et éviter de déclencher une épidémie. Mais merci de la comparaison, c'est flatteur
Elle lui sourit, les canines ressortant étrangement. "Nova crève d'envie de te regarder de plus près, j'ai juste pas envie que ça fasse devenir Minuit fou... c'est dommage. Faudrait que je te raconte tout ça... mais peut être pas tout de suite, c'est trop long."
Ils discutèrent encore quelques minutes, puis Drakov devait de nouveau se reposer et prendre son traitement. Larah le laissa seul et après que Talf lui ait fait un check.
Le lancier se précipita à la poursuite de Larah qui dévalait les escaliers vitesse grand V, sûrement à cause de Nova, comprit Talf. Il arriva à la rattraper et comme à son habitude, l'entité avait envie de courir partout. Elle fit une roue avant et se laissa rattraper par le jeune homme qui marchait, sachant pertinemment qu'elle l'attendait. Elle leva les sourcils avec un sourire en coin qui le fit sourire à son tour. « On fait la course ? » Talf se mit à rire. « Non. » La réponse fut brutale pour Nova qui changea de visage immédiatement, Larah ria intérieurement, il était normal qu'il ait refusé, il détestait courir et Nova avait tellement d'énergie à revendre qu'elle aurait fait trois fois le tour du village que Talf n'aurait pas fait cent mètres. Minuit soupira, frustré de ne pas pouvoir lui aussi se défouler. « -Tu n'as qu'à aller voler si tu veux te dégourdir les pattes.
- Ha, c'est amusant, surtout quand toute la Guilde est mobilisée pour scruter le ciel à la recherche d'un Alatreon.
- Ce n'est pas mon problème ça, tu n'as qu'à aller prendre ton courage à deux mains et assumer ton statut de Fatalis.
- Si tu savais, ricana-t-il dans les ombres. »
Neilla croisa leur route, justement, elle avait l'air de les chercher. Elle leur fit signe de la suivre et ils allèrent tous chez elle. Laft se jeta dans le canapé, prenant toute la place, et laissa les filles se prendre des chaises. L'archère déballa deux grands rouleaux de parchemins et leva ses yeux verts vers l'autre chasseuse. Cette dernière se pencha au-dessus et vit que l'un d'eux était une carte du volcan, avec les différentes expéditions menées, pour trouver des minerais et installer des campements. La zone de chasse apparaissait clairement, les zones interdites car trop dangereuses aussi. Et sur l'une d'une, il y avait une croix.
- J'ai trouvé ça dans l'observatoire. La Guilde est au courant qu'il se passe des trucs là-bas, mais apparemment, personne ne veut aller voir, expliqua l'archère.
- Alors ça y est, je fais partie de vos petites magouilles maintenant ? Demanda Larah en regardant Neilla, puis Laft qui bailla.
- En fait, j'ai besoin de toi. Tu as vu un chantier, n'est-ce pas ? Tu as même ramener un wyverien. (La chasseuse leva les yeux, Nova aux aguets) Oui, je l'ai croisé plusieurs fois déjà dans mes... sorties nocturnes. Peu importe. Je n'irai pas là bas non plus. Par contre, d'après ce que j'ai compris, tu as vu des armes de guerre, ou de grandes infrastructures de défense...
- Comment le sais-tu ? S'étonna Larah, Nova de plus en plus alerte.
- Maze a tout consigné dans un rapport. Que j'ai lu. En toute discrétion. Il reporte toujours tout dans son petit journal qu'il ramène chez lui et moi, je sais crocheter des portes et me glisser chez les gens pour fouiller dans leurs petits secrets.
- Tu as changé, se glaça Larah.
- Les gens changent, en effet, coupa-t-elle brutalement. Je voulais te voir aussi pour ça, vu que tu as Yann sous la main, l'anatomie de certains wyverns t'est familière. Alors voilà, je voulais savoir... penses-tu qu'on puisse enfiler une armure à une bête ? Car j'ai de nombreuses sources qui m'indiquent... que c'est ce qu'essaie de faire ce chantier...
Larah réfléchit quelques instants, remettant en place non seulement ce qu'elle savait des wyverns, mais aussi de comprendre ce qu'essayait de lui dire Neilla. Elle s'empressa de répondre :
- Théoriquement, donner une armure à une créature qui a déjà une cuirasse naturelle est stupide, à moins que ça ne soit pour couvrir d'éventuelles faiblesses, dans ce cas là, ça va alourdir la bête... Si elle peut voler, elle sera très ralentie. Certains mouvements seraient encore plus dur à exécuter. Et je ne parle pas des charges... Ou alors, ce serait une créature vraiment robuste, quelque chose de très puissant...
- Comme un dragon ancien ?
- Tu penses qu'ils veulent équiper l'Alatreon ?
- Si ce n'est pas lui, je ne vois pas qui d'autre. Jarvis avait des contacts derrière lui, non ?
- Je ne sais pas. Drakov et Amélie seront bien mieux placés que moi pour répondre.
- Merde, je n'avance pas... Il y a des monstres nouveaux recensés ces derniers temps ?
- Ça n'arrête pas, répondit Larah. Ils ont même réussi à se faire voler un épieu... va savoir comment cela est possible.
- OK, je te remercie. Je vais vous laisser à vos occupations dans ce cas.
Neilla remballa les deux parchemins. Elle les rangea dans un tube en bambou qu'elle fit glisser à côté de son carquois. Nova ne put s'empêcher de glisser un « Sois prudente » avant que l'archère ne parte. Elle s'arrêta sur le seuil de la porte, surprise, pivota pour voir la chasseuse et la remercia silencieusement. Elle disparut de nouveau. Nova et Laft se regardèrent, il haussa les épaules, elle leva les sourcils.
Drakov s’affala lourdement sur le dos, fixant le ciel de ses yeux devenus rouges vifs. Il lâcha un profond soupir, l’herbe sous son torse nu lui faisait le plus grand bien, il fixa le bleu du ciel et se perdit à contempler les nuages… C’était curieux… Depuis combien de temps n’avait-il pas fait une telle chose ? Bah, pas vraiment le temps d’y penser… De toute façon il était soulagé, bien plus calme désormais.
C’était un souci avec cette mutation. Une envie de tuer incontrôlable, qui surgissait et se faisait de plus en plus pressante chaque jour. Il était sorti et parti en montagne, seul, histoire de se calmer, vêtu d’une simple armure en cuir qui protégeait relativement mal son corps.
Il avait délibérément suivi leurs traces, il savait qu’un petit groupe de preys rôdait dans les environs, il comptait donc satisfaire ses pulsions meurtrières sur eux. Ce choix c’était imposé à lui après qu’il se soit stoppé le matin même, la main à mi-chemin de la gorge d’Amélie qui dormait encore à ses côtés.
Le chasseur exhala, il était satisfait, enfin pas vraiment, il avait tué certes, et les deux dizaines de Giapreys morts aux os, mâchoires et muscles brisés derrière lui en témoignaient, de même que son corps couvert de leur sang pourpre. Lui n’avait pas saigné. L’armure de cuir avait littéralement été déchiquetée par les griffes des Wyverns aviaires, mais sa peau, elle, avait supporté les coups excessivement bien. Et les quelques éraflures dont il avait hérité avaient déjà disparu, de même que, et ça l’étonna, cette coupure que lui avait infligée le Giadrome qui menait ce pack.
L’estafilade sur son avant bras s’était effectivement refermé rapidement, bien plus qu’elle ne l’aurait dû en réalité. Il mit ça sur sa nouvellement tombée mutation, encore une fois. Il ne s’étonnait plus de rien récemment, c’était étrange, comme si une autre partie de lui savait, intérieurement, que tout ça était normal…
Il ferma les yeux et inspira un grand coup : Il savait aussi qu’il avait été suivi, peut être ces types auraient pu berner un chasseur lambda, mais pas lui, il les entendait, avec aise, le suivre, les branches craquer à leur passage, les frottements de leurs armures de cuir, les cliquetis légers de leurs dagues. Il savait pourquoi ils étaient là et esquissa un sourire. Finalement, il aurait peut être le droit de tuer une ou deux personnes impunément.
Les trois hommes entrèrent dans la petite clairière à l’herbe gelée, qui craquait sous les pas des hommes, faiblement, il ne faisait pas encore assez froid pour que la gelée imprègne totalement les tiges…
Il rouvrit ses deux yeux rouges et sourit, calmement, sachant pertinemment qu’ils n’avaient pas la moindre chance. Il se redressa calmement, utilisant seulement ses abdominaux pour se faire, se donnant intentionnellement un air plus effrayant de cette façon. Il lança :
Drakov : Trois ? Seulement ?
Le premier homme ricana : Je ne sais pas pour quoi tu t’es pris exactement, mais vu ton état, tu ne ne posera pas le moindre souci, pas vrai les gars.
Il nota soudain, les deux corps allongés à ses côtés, un caillou fiché dans un cratère dans leur crânes respectifs. Drakov exposa : Tu n’as même pas entendu les pierres partir, hein ?
Il frissonna, comme jamais il n’avait frissonné… On les avait envoyé retrouver ce type et le ramener mort, c’était quoi au juste cette chose ?!
Il fit demi-tour rapidement et s’élança à toute allure dans la forêt. Drakov soupira : Cette petite rencontre venait de confirmer ce qu’il pensait, il avait assez de force pour bazarder des petits projectiles comme un fusil. Ce qui voulait donc dire qu’il serait capable de lancer une munition de baliste comme une javeline si le besoin s’en faisait ressentir. Et ça c’était bon pour lui.
Il termina de se relever et constata : Il s’était foulé une cheville lors du combat contre les preys, il n’en était désormais plus rien… Il régénérait donc ses blessures bien plus vite, comme un monstre Apex à vrai dire… Il sourit, il allait avoir du boulot s’il voulait rattraper ce fuyard. Cependant, le cri qui s’éleva de la forêt le dissuada de poursuivre plus avant.
L’homme, après avoir déambulé un moment s’était empêtré dans une des racines sinueuses des conifères du coin et s’était misérablement vautré dans les aiguilles et les pierres dispersées au sol. Il avait sciemment ignoré sa douleur puis noté la botte façonnée avec attention dans les écailles blanches pures d’un dragon qui entra dans son champ de vision à sa gauche. Il s’y cramponna, reconnaissant son propriétaire : Sire ! Sire ! Il… Il a tué mes !
Il ne termina pas sa phrase, la lame bleutée irradiant d’une énergie étrange se ficha dans son thorax, lui arrachant un hurlement de douleur qui se termina par un râle d’agonie, l’élément Lumière dans la lame l’ayant terrassé sur le coup. L’homme se remit en marche vers la clairière.
Drakov, lui, s’affairait à donner quelques coups de griffe de prey dans les corps des hommes, histoire qu’on croie qu’ils s’étaient entretués avec eux. Même si pour le coup, les enfoncements dans leurs fronts n’avaient aucune explication rationnelle réelle… Bah ! D’ici deux jours les corps auront été bouffés par la faune locale, c’est pas comme si ça comptait.
Il entendit soudain l’homme entrer, lui portait une armure complète mais ne semblait pas marcher nerveusement comme les autres, il était même plutôt sur de lui on eut dit. L’homme entra, et Drakov comprit, il portait une armure complète, blanche pure ornée de cristaux bleus. Les plaques qui composaient la cuirasse thoracique étaient à peine plus sombres et les rainures bleues qui parcouraient l’armure lui donnaient un air vivant. Il avala difficilement sa salive : Il avait beau avoir tué pas mal de monstres, là il savait que peu importe d’où provenait cette armure… Ce mec avait tué quelque chose qu’il n’aurait même pas pu approcher sans en pâtir sévèrement.
L’homme lança : Je vois… En effet, nous t’avons peut être un peu sous estimé.
Drakov fut rapidement en garde, exhalant une buée de condensation noirâtre… Le Virus pulsait dans son corps, le rendant plus fort, il comptait sur ça pour affaiblir son adversaire également. Ce dernier retira simplement son casque, laissant voir une face qui lui était bien plus que familière et pour cause, c’était quasiment trait pour trait la sienne !
L’homme lança, ses deux yeux bleu métalliques fichés dans ceux rouges, légèrement luisants, de Drakov : Je vois… Cette tendance au sadisme sera probablement épurée après une ou deux générations. Quoi qu’elle puisse être utile au demeurant.
Drakov, toujours en garde, pesta : On peut savoir qui t’es au juste ?
L’autre éclata d’un rire franc : Mon dieu, j’en oublie mes manières ! Mon nom est Cerys Asgard. Je suis le premier fils de la lignée de Asgard.
Drakov resta calme un moment, il demanda : Et tu me veux ?
Cerys répondit, du tac au tac : Je suis venu te chercher sur ordre de père et mère, cher frère.
Drakov écarquilla les yeux un instant : Doit y avoir erreur, je suis le fils de…
Cerys, le coupant : Le bâtard illégitime d’Adam Asgard. C’est pourquoi nous t’avons confié à ce bouseux d’Abygaël Eccnelias. Mais il semble qu’il t’ait « égaré » en chemin.
Ses muscles se tendirent, il était prêt à lui bondit dessus. Cerys poursuivit : Tu vois, c’est assez complexe de supprimer les tendances vicieuses dans le genre humain, or, un leader parfait, un leader idéal de l’espèce humaine se doit d’être exempt de toute faiblesse, que ce soit face au sexe, à l’argent ou, dans ton cas, à la violence. Mais tu possède quelque chose qui, malgré que tu soit un bâtard illégitime, pourrait nous servir à nous, les Asgard.
Drakov grogna : Et j’suis supposé avaler tout ça bien gentiment ?
Cerys répondit simplement : Réfléchis un peu à ce que je te propose petit frère. Notre famille tient les rênes, dirige et choisit la direction dans laquelle se déplace ce monde.
Drakov allait répondre, mais Cerys rit à gorge déployée : Tu allais me parler de notre bon vieux Roi Minegarde hein ? Oh oui ce vieux croûton gâteux aimerait bien le diriger ce monde, tout comme les wyverniens, que l’on a écartés de la régence il a de cela des siècles déjà. Laisse-moi te le dire plus clairement petit frère.
L’homme fut sur lui en un instant et lui colla une droite, qui lui fit perdre deux pas et le sonna. Il se reprit, faisant face à un Cerys qui souriait : Nous sommes des leaders nés, toi comme moi, nés après un processus de sélection long et rigoureux. Le fruit d’un eugénisme qui ne sélectionne que l’élite. N’as tu jamais trouvé ça étrange que tu comprenne les choses aussi bien et vite ? Que ta force soit aussi aberrante par rapport à la moyenne ? Que tes sens soient aussi fins et développés ?
Drakov pesta : C’est parce qu’on m’a croisé avec un Tigrex ça.
Cerys, faisant non de la tête : Non cher petit frère, c’est pour une toute autre raison, ces « gènes » n’étaient qu’une entrave, un graffiti fait le monuments d’évolution que tu es. Toi comme moi, nous sommes à des millénaires, que dis-je, des millions d’années de n’importe lequel de ces cafards. Toi comme moi, nous sommes nés pour régner et perdurer. Et j’entends bien à ce que notre descendance poursuive encore cette voie !
Drakov resta pensif un instant, c’était un véritable tourbillon dans sa tête mais seule une phrase parvint à passer ses lèvres : Des preuves ?
Oui, il réclamait des preuves. Certes, l’autre était un peu trop mégalomane à son goût… Mais si ce qu’il disait était vrai, il se devait d’en apprendre plus sur eux. Plus sur cette famille, sur les Asgard, ses soi-disant parents.
Cerys soupira et lança : Une tâche de naissance, sur la cuisse gauche. Et une cicatrice sur le hanche droite. Tu la cache bien, mais tu ne me trompera pas, j’étais là quand tu te l’ai faite. Tu ne t’en souviens probablement pas, c’était il y a si longtemps, mais pourtant, c’est bien quand mère à essayé d’éteindre ton existence que cela est arrivé. Un coup de poignard, directement dans tes reins, si père n’était pas intervenu, tu serai mort. Qui plus est… (il montra sa face du doigt) Je pense, sans me tromper, que ceci est assez équivoque, non ?
Drakov pesta : Laisse-moi du temps pour réfléchir à tout ça. J’ai besoin de m’assurer que tu n’es pas juste un racontar ou que tu n’a pas abusé d’un moyen quelconque pour me duper.
Cerys : Soit, si en plus de ça, ma force égale à la tienne et nos façons de bouger similaires ne t’ont pas convaincues, je ne sais pas ce qu’il te faut.
Il lui bazarda une lame encore au fourreau, la seconde arme qu’il portait sur son dos. Il exposa : Le temps cependant, tu n’en dispose que d’une quantité limitée. Ce petit joujou devrait te permettre de défendre ta peau efficacement.
Drakov tira la lame de son fourreau fait de petites écailles azures et de métal violacé. Il écarquilla les yeux. La lame pulsait d’une énergie sinistre… Il avait une sensation étrange rien qu’en la tenant… Elle était pourtant simple, en apparence… Une lame simple, avec un tranchant et un côté plat, deux bons mètres de lame, la taille standard d’un katana, une couleur azurée uniforme qui formait un gradient du clair vers l’obscur en allant de la lame à la garde. L’apex nota également les runes gravées sur le bord de la lame, du wyvernien, ces dernières pulsaient de bleu turquoise, de noir et de blanc. La garde de la lame était, elle, stylisée pour représenter une paire d’iales de dragon replier, la poignée symbolisant le cou et la garde était stylisée pour représenter la face d’un dragon qu’il ne connaissait que très bien : Une paire de mâchoires puissantes, trois cornes sertissant chaque côté du crâne et une sur le front, réduite à une simple aspérité mais bien visible ici. Dans les mâchoires était sertie une pierre bleue qui semblait refléter les étoiles, malgré qu’on eut été en plein jour.
Drakov lança : Hey… Cette arme, elle est en Altarius non ?
Cerys opina : Avec une gemme céleste incrustée dans le garde. Un symbole de la famille en somme. On appelle celle là Astrale, elle te reviens, j’ai déjà la mienne.
Drakov lança : Pourquoi me laisser ça ?
Cerys ricana : C’est pas tes petits joujous qui réussiront à taillader le cuir de cet Alatreon. Mais je serai toi, je me hâterai, ces bestioles volent vite et il n’était pas si loin du village la dernière fois qu’on l’a aperçu.
Drakov tiqua : Que ?! La Guilde ne l’a jamais vu !
Cerys : Nous sommes autrement plus riches que la Guilde petit frère. Sur ce.
Il remit son heaume et s’éloigna, sans un bruit, effaçant purement et simplement sa présence. Drakov pesta et regarda Astrale… Ouais, il aurait bien besoin de ça pour tuer Mordecai… Et toute autre personne qui se dresserait sur son chemin à partir de maintenant.
Il la remit au fourreau et partit vers le village. Il fut stoppé à l’orée du village par le toussotement familier de Larah : Joli lame que t’as là. Tu nous l’avait cachée ?
Il grogna : C’est pas le moment.
Elle sortit et lança : Oh, parce qu’en plus du fait que tu vas probablement mourir, tu comptais aussi nous cacher une arme en Altarius ?
Drakov la souleva par le col et la fiche contre un arbre, d’une main, avec une force qui incita Minuit à prendre le relais. Il nota le changement de couleur d’oeil et lança : Larah… Nan, je dois parler à Minuit… Ou peut-être Nova, à vrai dire je m’en lustre complet. Je vais être clair. Ne vous mêlez plus de mes affaires… On est d’accord ?
Larah, ayant cédé place à Minuit : Ou sinon quoi ? Tu vas peut être tenter de nous tuer comme ces types dans la forêt ?
Drakov, avec un sourire carnassier : Ne me tente pas… J’en suis capable.
Il comprit soudainement : Oui, il l’était, il ne plaisantait pas et qui plus est, s’il décidait de faire du mal à Larah, il était parfaitement capable d’attaquer Elim, Ryu ou Hémildam pour la blesser en premier lieu. Minuit soupira : T’as du bol que Nova la garde occupée dans notre esprit et qu’elle n’ait pas entendu ce que tu viens de dire… Elle serait déçue.
Il le fixa, ses yeux rouges brillant d’une rage que ni la chasseuse, ni le Fatalis au travers de cette dernière, n’avaient connus : Comme si j’en avais quelque chose à faire.
Minuit s’agrippa au poignet qui le maintenait au-dessus du sol et, d’un pivot éclair, cogna dans la tempe de Drakov avec le tibia de Larah. L’apex lâcha prise et il put faire en sorte que le corps de la chasseuse se rattrape au sol aisément. Drakov pesta, se massant sa tempe douloureuse : Merde… ça fait longtemps que j’avais pas senti un coup comme ça… J’ai tendance à oublier avec tout tes caprices que t’es un putain de Dragon Ancien quand même…
Minuit, grognant : Et toi t’es devenu un putain de monstre.
Il avait mal à la jambe, il n’en laissa rien paraître. Larah reprit le contrôle de force, visiblement Nova ne l’avait pas assez occupée : Bordel mais y se passe quoi là ?!
Drakov fit demi-tour et repartit vers le village : Rien. Et dans ton intérêt comme dans le mien, oublions cette rencontre, y a des corps dans les bois et des gens pourraient se demander ce que deux chasseurs foutaient en ce jour dans la forêt.
Elle fronça les sourcils et il ricana : Pas de ça avec moi, ça marche peut être avec Talf, mais je susi différent.
Elle lâcha un « hum » et s’éloigna, il faudrait qu’elle demande ce que signifiait tout ce cirque à Minuit et de toute façon il avait raison. Mieux valait qu’on les trouve pas près de cadavres encore chauds, manquerait plus que ça sur leur dossier… Mais cette lame l’inquiétait, elle devrait probablement en parler à Tana, car Minuit avait tremblé, elle en était sûre, en la voyant.
Quelques heures plus tard et surtout après s’être débarbouillé du sang sec sur sa peau, Drakov s’installa dans sa chambre face à l’arme, posée sur le râtelier aux côtés de ses katanas modifiés.
Il avait instinctivement compris que ce gradient bleu sur la lame était aussi dû à une utilisation poussée d’écailles Altarius… Mais il semblait que le métal qui en avait été imprégné était déjà exceptionnel à la base… Il se rappela soudain et siffla : Du Mithril… Bordel, on lui avait donné un truc qui valait au bas mot un million de zennis ! Et cette gemme sur le pommeau en valait au minimum autant…
La maison était vide, c’est pour ça qu’il s’était permis un tel luxe d’observation. Il rangea l’arme dans une caisse qu’il camoufla sous le lit, les autres n’avaient pas besoin de savoir pour ça… Et si quelqu’un s’avérait trop curieux… Et bien il avait toujours une arme couverte de poison Xeijin à disposition, il était bon de rappeler aux gens que ce poison était à la fois incapacitant pour les croisés et mortel pour les humains…
Il s’endormit, un sourire radieux aux lèvres, satisfait…
- Mais moi non plus, je veux être avec toi ! Mais les choses se déroulent autrement... (il marqua une pause) Je n'ai pas choisi de vivre dans un voile de ténèbres, mais j'ai choisi de le déchirer avec toi... Ensemble. (il la regarda pleurer, il la tira vers lui) Tu vois, c'est pour ça, c'est pour ça que je voulais rien dire... Je ne voulais pas te voir pleurer, je déteste ça...
- Pourquoi on ne peut pas avoir une vie simple ?! Hurla-t-elle. C'est comme si on se jouait de nous... C'est ça, hein ? Vous voulez que je devienne... DINGUE ?
Talf sentit une étrange émotion dans son dos. La terreur. La vraie terreur, surtout quand celle venait de sa petite amie. Certes il disait la craindre parce qu'elle avait un caractère bien trempé, un fatalis en elle, mais là, il était sûr que non, ce n'était pas Minuit qui parlait, que ses mouvements étaient bien à elle et qu'elle était réellement terrifiante. C'était comme si le tonnerre venait de gronder. Nieve baissa les oreilles d'instinct. Il recula, la main sur la garde de son arme.
- Vous trouvez ça amusant de me mettre de côté... de me laisser dans l'ignorance jusqu'au jour où je découvre la vérité ? Vous trouvez ça drôle ?!
- Larah, chérie, honnêtement, c-calme toi...
- Non ! (sa voix ressemblait plus à un rugissement qu'autre chose, elle attrapa son couteau de dépeçage à sa jambe) Vous ne comprenez pas que vos petits secrets en bataille sont une véritable plaie qui me tiraille ?! Vous pensez que je n'ai pas d'émotion ? Que je peux vivre sans ressentir des choses ? Vous vous trompez ! Rugit-elle, lançant son couteau droit sur Talf. (La lame passa à une vingtaine de centimètres de lui mais ses cheveux furent remuer par le couteau qui se planta contre une des roulottes, fracturant le bois, en plus de le transpercer. Larah se rendit compte de sa rage et regarda sa main droite, tremblante. C'était elle qui venait de faire ça ? Elle recula d'un pas et regarda son compagnon, qui n'osait pas bouger.) Je... je suis désolée... (il y eut un silence, Talf se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras sans qu'elle ne bouge). On est maudit, Talf, maudit... (elle se calma un peu et tenta de réfléchir) Combien de temps.... il te reste ?
- Moins de deux mois avant que l'AGI ne commence sérieusement à affecter mon corps...
- Et moi qui batifolait pendant ce temps, m'entraînant sans toi...
- Je ne t'en veux pas, j'étais occupé moi aussi, je voulais que Neilla puisse accomplir sa quête elle aussi, je l'y ai aidé et...
- Je sais, le Comte m'a dit de te dire que tu ne savais pas être discret...
- Quoi ? Quand l'as-tu vu ?
- Plusieurs fois déjà, la dernière remontait à quelques jours... Je crois qu'il n'est pas la crapule que j'imaginais...
- Larah, il t'a torturée...
- Il a fait bien d'autres choses en retour. Je ne sais pas trop quoi penser de lui... par contre je suis d'accord sur un point, la discrétion et toi, ça fait quatre, surtout le soir, quand t'essayais de rentrer doucement, je t'ai entendu à chaque fois te cogner au même meuble...
- Euh ouais... j'ai un bleu éternel à la cuisse maintenant. Désolé si je t'ai réveillée ces nuits-là.
- C'est pas grave, je dors toujours mieux quand t'es là, donc j'étais contente de savoir que tu rentrais.
- Tu savais pour notre enquête ?
- Très récemment seulement, je pensais que tu faisais des sorties entre garçons, avec Rupert... Vu que lui aussi il traîne souvent dehors tard le soir... (elle toussota) vers la Guilde... (elle toussota encore) avec une certaine voleuse.
- C'est vous qui êtes entrés par effraction dans le bureau de Maze ?
- Eh... c'est possible... c'était peut être Nova, qui sait ?
- Vous êtes irrécupérables ! ... Mais moi j'ai essayé et pas réussi... les gardes m'avaient repoussé à plusieurs reprises, même ivres, mais Neilla avait déjà mis les pieds dedans. C'est pour ça que la fenêtre était toujours ouverte, elle avait cassé le mécanisme.
- Je dois la remercier alors ?
- Ouais. Vous avez découvert des trucs ?
- Oh, bah, pas grand chose, à part que Rupert est à jamais marqué par les autorités et que moi, une bande de gens très sympathiques veulent m'éliminer si jamais je dérape.
- Oh.
- Tu crois que j'ai dérapé ?
- Non, c'est rien, il fallait que ça sorte...
- Tu trembles ?
- C'est l'émotion...
Ils restèrent comme ça un moment, Nieve les regardait de sa cachette et soupira, voyant qu'il n'y avait plus de danger. AlGieba arriva aussi, en silence, la capuche sur la tête, il regarda le felyne qui lui sourit. Le wyverien lui répondit lui aussi par un sourire, un faible sourire. Même si Larah et Talf s'étaient "réconciliés", cela n'empêchait pas le sort fatidique d'arriver. Il salua leur force, la Diva avait raison sur un point, ils étaient complémentaires. AlGieba les regarda encore un peu avant de faire demi-tour, Tana et Keil dans son dos qui lui firent signes de les suivre. Ils avaient bientôt terminé la traduction des plans de l'arme grâce au codex. Ils attendaient le feu vert de Larah pour qu'ils mettent en œuvre, avec Jagamore, la confection de la nouvelle arme. Ils avaient déjà trouvé comment l'appeler et savaient déjà comment elle allait marcher. Keil portait un gros sac d'outils, Tana les plans et AlGieba ramassa un autre sac, avec des composants. Il se mit en route quand il entendit la voix de la chasseuse l'appeler. Il se retourna et la regarda arriver, Talf lui tenait la main, il se demandait qui était le wyverien, surtout sous la capuche. "C'est bon, vous avez fini la traduction ?" AlGieba hocha la tête. Il lui montra du doigt Tana qui relisait les plans une dernière fois. "Vous voulez mon arme ?" demanda la chasseuse, et alors qu'il lui répondit d'un hochement de tête, elle se tourna pour aller la chercher, laissant Talf et AlGieba ensemble, seuls, sans qu'ils ne se connaissent plus que ça. Evidemment Larah lui avait déjà parlé de son compagnon, mais le wyverien ne l'avait jamais rencontré. Il toussota, Talf se présenta et AlGieba aussi, une poignée de main s'échangea et le lancier sentit une sacré force dans les muscles du wyverien. "Sacré poigne", lui dit-il, en relevant les yeux vers lui, il distingua les oreilles pointues à travers la capuche et les cheveux longs de son interlocuteur. Il fut à moitié surpris que sa compagne fréquente des wyveriens et il ne sentit aucune menace dans sa voix quand celui-ci répondit "Merci, je m'entretiens !" Même quand il lui avait serré la main, il n'y avait pas eu de volonté d'humilier comme le font certains hommes en serrant fort leur "adversaire potentiel". Il y eut un silence gênant entre les deux, où ils en se regardèrent pas et Larah arriva enfin, son arme en main, ce qui aurait fait un peu peur à des gens lambda de voir se déplacer une jeune femme avec une terrifiante arme de chasse... Elle la donna à AlGieba qui la souleva avec facilité. Il regarda l'épée et fut assez surpris de la conception de l'arme. Il vit qu'il y avait une lame imbriquée dans une autre. Il comprit que les plans étaient fait pour cette épée et précisément celle-ci.
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Coup du destin ou non, ça tombait à pic. Ils se dirigèrent tous ensemble vers la forge, pendant le chemin, Talf demanda à sa compagne qui était cet homme et elle lui expliqua brièvement son histoire, comment elle l'avait trouvé en patrouillant par dessus le volcan et comment il les avait entraîné, elle, Nova et Minuit. Le lancier opina en le regardant avec plus d'attention. "Il n'a pas l'air méchant, c'est rassurant, il est costaud le gaillard." Larah lui expliqua qu'il ne pourrait pas faire de mal à un konchu, aussi ennuyeuse soit la bête. Tana et Keil s'arrêtèrent et toquèrent chez Jagamore, qui répondit seulement après quelques secondes, hurlant d'entrer. "Il est saoul ?" demanda Tana à son mari qui lui répondit par un soupir ennuyé et un grognement. Elle se tourna vers la bande et leur demandèrent s'il voulait assister à la fabrication de l'arme. Keil défonça la porte pendant que les autres répondirent avec un hochement de tête, Nieve curieux de voir comment ils allaient séparer les deux armes désormais ensemble. Jagamore les attendait à l'intérieur, une bouteille à la main, et Larah aurait put la reconnaître si seulement elle y avait fait plus attention. Keil attrapa le forgeron par le col et le secoua violemment pour qu'il se réveille, après quoi il lui passa ses mains gelées sur le visage, qui eurent pour effet de faire hurler l'homme qui se releva immédiatement. Tana déplaça les objets qui obstruaient le four et la forge. AlGieba se dirigea vers le feu et d'un geste fluide, il le ralluma. Nieve et Talf en furent extrêmement" surpris. Jagamore mit son tablier de forgeron. Keil posa la lame sur une table et avec Tana, le forgeron et AlGieba, il se pencha dessus. La lame de Marys brillait faiblement de son éclat rouge dans le noir. "Il faut couper autour, ici et là" montra Tana, "c'est à dire au niveau du tranchant de l'épée de Marys, sans perdre le tranchant. Ca signifie creuser dans l’obsidienne. Jagamore, tu as tes nouveaux outils ?" Le forgeron répondit, sortant une énorme boîte et la posa près de lui, il ouvrit les multiples verrous et quand il souleva le caisson, de nombreux outils rayonnèrent d'un éclat argenté. AlGieba en saisit un délicatement et le regarda avec précision. "C'est..." commença-t-il. "De l'Ukanlos", répondit le forgeron, "La Guilde me les a livré dès qu'ils ont su pour le niveau de nos chasseurs. Ils savent que maintenant, des outils en Uragaan ne suffisent plus pour creuser les composants de monstres..." Il désigna Larah. "Ton armure en Zodiumbra aurait été bien plus simple à fabriquer si je les avais eu avant. En tout cas, ça va déjà être bien plus simple à attaquer. On va devoir creuser un coup dans l'obsidienne, sur toute la longueur pour préparer la future trempe de l'arme. Si on se réfère au plan, on va devoir faire passer de nombreux petits crans qui vont servir à faire tenir l'arme. Heureusement, j'ai eu un stage de fabrication de nouveaux prototypes d'armes récemment. On va devoir s'amuser avec les mécanismes de la morpho-hache et de la volto-hache. Ouais, on va bien s'amuser les gars. Donc on va déjà commencer par extraire l'épée de Marys, ça me fait de la peine de faire ça, j'avais mis du temps, mais du coup je sais où il y a un défaut." Larah ouvrit de grands yeux, pour le prix qu'elle avait payé, l'arme possédait un défaut ?
Jagamore sourit et lança un marteau et un pilon à AlGieba. Tana posa ses mains sur la lame et se concentra, en fermant les yeux, Keil s'appuya sur l'arme et posa la main sur la lame de Marys, il eut des picotements immédiatement mais ne lâcha rien. Sa femme inspira profondément, des vibrations soudaines firent trembler les quelques outils présents sur la table. Elle rouvrit les yeux au bout de quelques secondes. "Ok, j'ai localisé le début de la lame, AlGieba, prenez le côté droit, Jagamore la gauche, je vais vous guider." Ils se mirent en position et commencèrent à creuser la lame. Cela prit du temps, pour s'occuper, Talf attrapait tout ce qui passait et regardait avec curiosité les différentes pièces de ferraille qui traînaient çà et là. Larah regardait son arme se faire disséquer. Non seulement on touchait à l'épée de Crimson mais à celle de sa mère. Pourtant, avec enthousiasme elle avait accepté de suivre les plans. D'après Tana, on allait lui offrir une arme extrêmement souple et versatile, qui correspondait bien à la technique de chasse de la jeune femme, avec d'un côté, une possibilité de transformer l'arme pour la rendre plus brutale, qui correspondait au style de Minuit, et de l'autre, séparer deux morceaux pour gagner en agilité et rapidité, comme Larah. "Et pour Nova ?" Avait demandé la chasseuse. Mais Tana n'avait pas su répondre, et pour cause, personne ne savait comment se battait l'entité, si elle se battait, mais elle n'en doutait pas. Elle était issue de l'esprit d'une chasseuse chevronnée et d'un Fatalis, le combat, elle devait savoir ce que c'était.
Enfin, au bout de quelques heures où Talf et Nieve étaient montés à l'étage pour faire une sieste, malgré leur participation inexistante dans la confection de l'arme, Tana arrêta Jagamore et AlGieba. "Le coeur de l'arme est là. AlGieba, vous allez creuser, Keil... tu protèges la lame." Il acquiesça et posa ses paumes contre l'arme rouge. Il prit une grande inspiration et se relâcha, du gel recouvra l'arme de Marys avec difficulté. "Vous allez devoir frapper à l'exact endroit que je vais vous désigner", expliqua Tana, "il n'y aura pas d'autre essai, c'est maintenant ou l'arme est fichue. On va devoir frapper tous les trois, de concert." Le wyverien hocha la tête, un calme olympien le parcourant. Larah se pencha sur l'épée, voyant que la glace recouvrait dans un sarcophage l'épée de Marys. Tana parcourut des doigts l'obsidienne et s'arrêta. Elle écarta son index et son majeur de sa main droite. La main gauche était en l'air, attendant de frapper. AlGieba leva son bras gauche, tenant le marteau et préparant le clou. Il allait devoir viser entre les doigts de la femme et taper sur le clou. En moins d'une seconde. "Tenez vous prêts !" Jagamore transpirant, arrêta d'alimenter le feu, il regarda le wyverien tendu. "Maintenant !" Tana envoya une onde dans l'arme, Keil consolida sa glace au maximum et AlGieba amorça son coup, très rapide, très souple, très puissant. Il visa exactement comme prévu, entre les deux doigts fin de Tana qui ferma les yeux par réflexe et aussi par contrainte. Le choc fut brutal, l'arme se céda en deux. La glace explosa et Tana retira sa main immédiatement, les deux doigts déboîtés par le coup. Elle lâcha un hurlement qu'elle arrêta rapidement. Elle regarda ses deux doigts tordus et tremblant. Keil lui prit le bras mais elle lui fit signe qu'elle s'en sortait. Elle se concentra et utilisa son propre pouvoir pour remettre les os en place. Elle ne put étouffer la douleur cette fois-ci et Jagamore lança à AlGieba deux barres en métal et du bandage pour bloquer les doigts. Elle se laissa faire en regardant l'arme, transpirant autant que ses compagnons. La lame de Crimson était séparée en deux parties : Une partie uniquement constituée d'obsidienne, plus petite que l'autre partie, qui était elle, faîtes à moitié de l'arme de Marys et de la roche noire. "Ouf, la Lame aurait pu se briser mille fois. Félicitations, le plus dur est fait. Maintenant, il va falloir préparer la trempe et monter les engrenages. Qui s'y collent ?" Demanda Jagamore. AlGieba se porta volontaire pour les engrenages, Keil pour préparer la trempe et Tana était autorisée à faire une pause. Jagamore aiderait le wyverien dans le montage. Il alla chercher de quoi faire tout ça.
Larah posa la main sur l'arme de sa mère, elle sentait toujours un étrange lien entre l'arme et son corps, comme si ce n'était qu'une élongation de son bras. Tana, tremblante encore, s'approcha de l'arme et regarda elle aussi l'épée rouge. "C'est une très belle arme, tout de même, c'est dommage qu'elle ne soit pas assez solide pour combattre des monstres plus puissants, c'est pour ça qu'on lui donne un autre corps avec l'obsidienne, les deux s'équilibrent, le tranchant reste très dangereux et la lame est très solide. Elle perd un peu de sa souplesse, mais je ne crois pas qu'une rapière soit très utile dans la chasse aux monstres." La chasseuse acquiesça, voyant mal quelqu'un se battre avec une arme souple contre une cuirasse plus dure que de la pierre. C'était le danger des sabres et rapières, leur puissance était incontestable, mais une lame aurait vite fait de se briser sur une cuirasses de monstre, que ce soit sous pression d'une parade, ou d'un simple coup mal orienté.
Vint enfin le moment de la trempe. La partie cruciale dans la forge d'une lame. Les deux parties de l'arme étaient depuis un moment dans les braises et attendaient d'être sorties pour finaliser leur conception. Jagamore avait refait une lame pour supporter la partie uniquement en obsidienne et pouvoir utiliser les mécanismes de l'arme. Pour cela, il avait utilisé des composants Escarah pour protéger le métal, un mélange d'acier et de pierre lave pour résister à la chaleur et fondus ensemble, et les attaques de l'élément dragon sur la lame. La peau qui recouvrirait le métal se chargerait d'absorber les chocs, la lame serait ainsi très solide, mais perdrait énormément en souplesse. Elle serait aussi assez lourde, mais pour cela, Jagamore avait extrait au maximum d'obsidienne pour l'alléger et l'avait raccourcie. La partie principale de l'arme, à savoir l'épée droite pour Larah, serait plus légère, malgré la présence de l'arme de Marys et d'une part en obsidienne, le matériau qui composait l'épée de la mère de la chasseuse était véritablement une oeuvre d'art, on ne sentait pratiquement pas son poids. Cependant, les mécanismes risquaient d'alourdir l'ensemble, mais ce n'était pas grave, la jeune femme pourrait toujours la soulever et se battre sans problème, tout était calculé. Le wyverien termina le montage des engrenages grâce au codex et aux documents décryptés. Il se leva pour aller aider Keil à maintenir le feu pendant que Jagamore attendait l'exact moment où retirer la lame du feu. Larah s'approcha du bain de refroidissement et mit la main dans l'eau, gelée pour l'occasion grâce au soin de Keil. Le choc thermique allait déterminer si la lame était prête ou non. Dans le cas contraire, elle se briserait. Le forgeron transpirait déjà. Il inspira profondément et jeta un coup d'oeil au wyverien qui était prêt en hochant la tête. Il se prépara à sortir l'arme du feu mais Nova s'écria : "Attendez ! Il faut faire quelque chose avant." Jagamore regarda la lame, puis elle à plusieurs reprises, calculant à toute vitesse. "Y a pas le temps !" Rugit-il, "La lame va se briser !" Mais Nova ne s'arrêta pas, elle prit son couteau de dépeçage, découvrit son bras droit, dont les deux cicatrices violettes étaient toujours là et sous le regard apeuré des autres, qui ne comprenaient pas et ne pouvaient quitter leur poste, elle ouvrit une plaie dans son index. Jagamore ne réfléchit pas, "C'est déjà trop tard !" rugit-il alors qu'il sortait l'arme hors du feu et la plongea immédiatement dans le bain. Le sang de Nova coula dans l'eau alors que celle-ci se mit à bouillir sous la chaleur terrible de la lame.
Elle prononça des paroles que personne n'entendit à cause du bruit de vapeur. Elle regarda calmement son sang se mêler avec l'eau et la lame. AlGieba la regarda dans les yeux, elle les releva pour les plonger dans les siens à son tour, il sentit un petit frisson le parcourir alors qu'un faible sourire s'afficha sur le visage de Larah. Il regarda Tana, qui comprit ce qu'avait fait l'entité. Keil sembla le comprendre aussi car il ouvrit la bouche, les dents apparentes mais traduisant non pas du dégoût ou de la rage, mais plutôt de la crainte, ce qui était rare chez lui. Jagamore ne chercha pas à comprendre et attendit que la lame soit prête, il pensait déjà qu'elle était fichue car elle était restée quelques secondes de trop en enfer. Il la sortit de l'eau et la regarda. "Elle...", commença-t-il en fronçant les sourcils. Il releva la lame aux yeux de tous et tandis que Nova souriait à pleines dents, les autres étaient sidérés. "Elle est parfaite."
Il la posa sur l'enclume et regarda de plus près son arme. Pour être sûr qu'elle soit parfaite, il la prit par la garde et frappa son enclume qui se trancha en deux. Keil siffla. Les autres soupirèrent de soulagement, il n'y avait pas besoin de la refaire. Jagamore rit de plaisir et regarda son arme à la lumière, il fronça les sourcils et la regarda de plus près. "Attendez... Mais... P... Pourquoi est-elle devenue rouge ?" Demanda -t-il. "Elle a fini de refroidir là pourtant, non ?" AlGieba se leva à son tour et rejoignit le forgeron, il lui prit l'arme des mains avec une pince et se tourna vers Nova, qui cacha alors son sourire et les défia tous du regard. Tana se leva aussi, elle ramassa les engrenages avec son pouvoir et les rassembla pour attirer l'attention ailleurs. "Bon, passons au montage." Jagamore secoua la tête, il était trop fatigué et ne se voyait pas travailler dessus davantage. "Tu ne comptes chasser dans les prochains jours, gamine ?" Nova secoua la tête. Larah voulait attendre que Drakov se réveille. Mais pour cela, il fallait aller voir à l'hôpital s'il allait mieux. Cela faisait un moment qu'elle n'y était pas allée, Abygaël lui avait dit que ce n'était pas la peine, qu'il s'occupait de tout et avec le déménagement, elle n'y avait pas prêté plus attention que ça. Les autres acceptèrent de disposer et Keil et Tana s'en allèrent se reposer. AlGieba resta dans la forge et regarda Jagamore se poser sur son tas de ferraille et reprendre sa bouteille. Talf et Nieve descendirent après avoir entendu le bazar causé par le forgeron. Ils virent l'arme sur la table et sifflèrent. Ils n'avaient aucune idée de si c'était une belle pièce ou pas mais s'en moquèrent. "On peut rentrer à la maison ?" Demanda Talf en soupirant, même s'il n'avait rien fait de l'après midi. Nieve hocha la tête lui aussi, il était prêt à s'entraîner. "Non", répondit Larah, "on va chercher Drakov."
Drakov était pensif, sa nouvelle condition lui laissait un arrière goût étrange, une impression qu'il avait peu ressenti auparavant.
Il était en train de comater dans son lit quand on toqua à la porte
Un médecin passa doucement le visage au travers de la porte. Il constata l'état de Drakov et referma la porte, la seconde d'après, celle-ci se rouvrit. Larah y entra, accompagnée de Talf qui jetait des regards craintifs au croisé. Lui aussi avait eu le droit à un coup de table, que Laft avait certes brisé au vol, mais il avait eu mal au bras pendant une semaine. Et tout le monde craignait plus ou moins le croisé. Même Larah, en sa présence, elle devait couper le lien avec Minuit et Nova, ce qui la rendait vulnérable se disait-elle. Mais cette fois-ci, Drakov semblait bien plus calme. Elle leva la main pour capter son attention et lui fit un "Salut !" plein de bonne humeur, voyant qu'il avait l'air déjà d'aller mieux.
Il opina simplement, il avait encore des difficultés à émettre autre chose que des grognements.
Elle s'approcha et attrapa une chaise... qui était en bon état, il fallait l'avouer, c'était étonnant. Talf s'appuya contre le mur, de loin, mais près à bondir... ou fuir, ça dépendait de la situation. "Comment tu te sens ? ça fait un moment que t'es là, on va finir par trouver des chasseurs plus doués que nous, tu sais ?"
Il parla, d'un voix affreusement rauque : Eh. Qu'ils essayent, ça me fera pas de mal un peu de repos.
Larah sourit et se pencha au-dessus de lui, regardant les différents bleus qui avaient disparus à la surface de son visage et de ses bras. Elle pointa du doigt une vague tache et fit : Ah, celui là c'était moi, désolée, mais ça va, tu cicatrises drôlement vite. Heureusement qu'Amélie ne me voit pas te mettre ces droites...Il soupira : ça vaut mieux pour elle qu'elle ne me voit pas dans cet état du tout ouais. Tu t'es pas trop abîmé le poing ?
Larah posa sa main sur l'autre. C'est vrai qu'elle avait eu l'impression de frapper un tronc d'arbre à plusieurs reprises. Des fois le choc lui était remonté jusque dans la clavicule. "Oui, à propos de ça, tu vas devoir payer pas mal de tables et chaises... je m'en suis servi pour me défendre des fois, hahaha, enfin, qu'importe, tu sais pour combien de temps tu en as ?"
Il haussa les épaules : Quelques semaines, tout au plus. Pourquoi, l'autre saleté d'Alatreon se pointe ?
Elle agita nerveusement la jambe. "Il y a quelques temps, je suis passé au dessus d'un volcan avec Yann, jusque là, rien d'anormal... mais on a vu un chantier... de guerre. Je ne sais pas ce qu'il se prépare, mais j'ai l'impression que l'Alatréon n'est pas la seule menace." Talf regarda ailleurs, il savait lui aussi qu'il y avait d'autres faits inquiétants. L'Organisation avait été très active. La chasseuse mit sa mèche derrière son oreille, révélant son œil fermé, elle reprit : D'ailleurs, tu ne le sais pas, mais... Cet Alatréon... il a un nom. C'est du lourd."
Il soupira : Tu sais, à partir du moment ou cette bestiole qui avait été enfermée et a manipulé une personne extérieure pour sortir, je commence à me douter que c'est plus qu'un dragon random.
Il ajouta ensuite, pensif : Qui plus est, parait qu'elle avait de jolies balafres sur la gueule
Larah balaya tout ça de sa main et prit le visage de Drakov, l'air grave.
"Il s'appelle...."
Talf se tendit, raide, il écouta avec peur.
"C'est pire que Minuit...."
Il tenta "Géranium ?"
"Nah... Mais;.. Drakov, un peu de sérieux ! Il s'appelle.... M.... Mor.... MORDECAI" s'écria-t-elle au point que Drakov voulut se boucher les oreilles.
Il se retint de rire mais ajouta : Tu t'appellera bientôt contaminée si tu te recule pas trop aussi, le virus parcourt toujours mon corps.
Elle se balança en arrière, elle avait déjà senti des picotements au bout des doigts, elle aurait le droit à des baies soins en sortant, elle le savait. "Oui, d'ailleurs, j'espère que tu m'en veux pas... Si je t'ai laissé cassé les dents de deux trois curieux... j'ai aucun remord de m'être servi de toi !"
Il lança : Tant que tu m'as pas fait tuer qui que ce soit. Les savants devraient savoir qu'il faut pas m'approcher, j'me suis déjà tiré d'un centre de détention à six ans, alors maintenant...
"Tu pourrais te tirer de là ? Ou te préfères rester sous traitement, comme une larve ?" se moqua-t-elle.
Il répondit, ironique sur la dernière partie : Dans l'intérêt de tous les gens du village, je vais rester ici et éviter de déclencher une épidémie. Mais merci de la comparaison, c'est flatteur
Elle lui sourit, les canines ressortant étrangement. "Nova crève d'envie de te regarder de plus près, j'ai juste pas envie que ça fasse devenir Minuit fou... c'est dommage. Faudrait que je te raconte tout ça... mais peut être pas tout de suite, c'est trop long."
Ils discutèrent encore quelques minutes, puis Drakov devait de nouveau se reposer et prendre son traitement. Larah le laissa seul et après que Talf lui ait fait un check.
Le lancier se précipita à la poursuite de Larah qui dévalait les escaliers vitesse grand V, sûrement à cause de Nova, comprit Talf. Il arriva à la rattraper et comme à son habitude, l'entité avait envie de courir partout. Elle fit une roue avant et se laissa rattraper par le jeune homme qui marchait, sachant pertinemment qu'elle l'attendait. Elle leva les sourcils avec un sourire en coin qui le fit sourire à son tour. « On fait la course ? » Talf se mit à rire. « Non. » La réponse fut brutale pour Nova qui changea de visage immédiatement, Larah ria intérieurement, il était normal qu'il ait refusé, il détestait courir et Nova avait tellement d'énergie à revendre qu'elle aurait fait trois fois le tour du village que Talf n'aurait pas fait cent mètres. Minuit soupira, frustré de ne pas pouvoir lui aussi se défouler. « -Tu n'as qu'à aller voler si tu veux te dégourdir les pattes.
- Ha, c'est amusant, surtout quand toute la Guilde est mobilisée pour scruter le ciel à la recherche d'un Alatreon.
- Ce n'est pas mon problème ça, tu n'as qu'à aller prendre ton courage à deux mains et assumer ton statut de Fatalis.
- Si tu savais, ricana-t-il dans les ombres. »
Neilla croisa leur route, justement, elle avait l'air de les chercher. Elle leur fit signe de la suivre et ils allèrent tous chez elle. Laft se jeta dans le canapé, prenant toute la place, et laissa les filles se prendre des chaises. L'archère déballa deux grands rouleaux de parchemins et leva ses yeux verts vers l'autre chasseuse. Cette dernière se pencha au-dessus et vit que l'un d'eux était une carte du volcan, avec les différentes expéditions menées, pour trouver des minerais et installer des campements. La zone de chasse apparaissait clairement, les zones interdites car trop dangereuses aussi. Et sur l'une d'une, il y avait une croix.
- J'ai trouvé ça dans l'observatoire. La Guilde est au courant qu'il se passe des trucs là-bas, mais apparemment, personne ne veut aller voir, expliqua l'archère.
- Alors ça y est, je fais partie de vos petites magouilles maintenant ? Demanda Larah en regardant Neilla, puis Laft qui bailla.
- En fait, j'ai besoin de toi. Tu as vu un chantier, n'est-ce pas ? Tu as même ramener un wyverien. (La chasseuse leva les yeux, Nova aux aguets) Oui, je l'ai croisé plusieurs fois déjà dans mes... sorties nocturnes. Peu importe. Je n'irai pas là bas non plus. Par contre, d'après ce que j'ai compris, tu as vu des armes de guerre, ou de grandes infrastructures de défense...
- Comment le sais-tu ? S'étonna Larah, Nova de plus en plus alerte.
- Maze a tout consigné dans un rapport. Que j'ai lu. En toute discrétion. Il reporte toujours tout dans son petit journal qu'il ramène chez lui et moi, je sais crocheter des portes et me glisser chez les gens pour fouiller dans leurs petits secrets.
- Tu as changé, se glaça Larah.
- Les gens changent, en effet, coupa-t-elle brutalement. Je voulais te voir aussi pour ça, vu que tu as Yann sous la main, l'anatomie de certains wyverns t'est familière. Alors voilà, je voulais savoir... penses-tu qu'on puisse enfiler une armure à une bête ? Car j'ai de nombreuses sources qui m'indiquent... que c'est ce qu'essaie de faire ce chantier...
Larah réfléchit quelques instants, remettant en place non seulement ce qu'elle savait des wyverns, mais aussi de comprendre ce qu'essayait de lui dire Neilla. Elle s'empressa de répondre :
- Théoriquement, donner une armure à une créature qui a déjà une cuirasse naturelle est stupide, à moins que ça ne soit pour couvrir d'éventuelles faiblesses, dans ce cas là, ça va alourdir la bête... Si elle peut voler, elle sera très ralentie. Certains mouvements seraient encore plus dur à exécuter. Et je ne parle pas des charges... Ou alors, ce serait une créature vraiment robuste, quelque chose de très puissant...
- Comme un dragon ancien ?
- Tu penses qu'ils veulent équiper l'Alatreon ?
- Si ce n'est pas lui, je ne vois pas qui d'autre. Jarvis avait des contacts derrière lui, non ?
- Je ne sais pas. Drakov et Amélie seront bien mieux placés que moi pour répondre.
- Merde, je n'avance pas... Il y a des monstres nouveaux recensés ces derniers temps ?
- Ça n'arrête pas, répondit Larah. Ils ont même réussi à se faire voler un épieu... va savoir comment cela est possible.
- OK, je te remercie. Je vais vous laisser à vos occupations dans ce cas.
Neilla remballa les deux parchemins. Elle les rangea dans un tube en bambou qu'elle fit glisser à côté de son carquois. Nova ne put s'empêcher de glisser un « Sois prudente » avant que l'archère ne parte. Elle s'arrêta sur le seuil de la porte, surprise, pivota pour voir la chasseuse et la remercia silencieusement. Elle disparut de nouveau. Nova et Laft se regardèrent, il haussa les épaules, elle leva les sourcils.
Drakov s’affala lourdement sur le dos, fixant le ciel de ses yeux devenus rouges vifs. Il lâcha un profond soupir, l’herbe sous son torse nu lui faisait le plus grand bien, il fixa le bleu du ciel et se perdit à contempler les nuages… C’était curieux… Depuis combien de temps n’avait-il pas fait une telle chose ? Bah, pas vraiment le temps d’y penser… De toute façon il était soulagé, bien plus calme désormais.
C’était un souci avec cette mutation. Une envie de tuer incontrôlable, qui surgissait et se faisait de plus en plus pressante chaque jour. Il était sorti et parti en montagne, seul, histoire de se calmer, vêtu d’une simple armure en cuir qui protégeait relativement mal son corps.
Il avait délibérément suivi leurs traces, il savait qu’un petit groupe de preys rôdait dans les environs, il comptait donc satisfaire ses pulsions meurtrières sur eux. Ce choix c’était imposé à lui après qu’il se soit stoppé le matin même, la main à mi-chemin de la gorge d’Amélie qui dormait encore à ses côtés.
Le chasseur exhala, il était satisfait, enfin pas vraiment, il avait tué certes, et les deux dizaines de Giapreys morts aux os, mâchoires et muscles brisés derrière lui en témoignaient, de même que son corps couvert de leur sang pourpre. Lui n’avait pas saigné. L’armure de cuir avait littéralement été déchiquetée par les griffes des Wyverns aviaires, mais sa peau, elle, avait supporté les coups excessivement bien. Et les quelques éraflures dont il avait hérité avaient déjà disparu, de même que, et ça l’étonna, cette coupure que lui avait infligée le Giadrome qui menait ce pack.
L’estafilade sur son avant bras s’était effectivement refermé rapidement, bien plus qu’elle ne l’aurait dû en réalité. Il mit ça sur sa nouvellement tombée mutation, encore une fois. Il ne s’étonnait plus de rien récemment, c’était étrange, comme si une autre partie de lui savait, intérieurement, que tout ça était normal…
Il ferma les yeux et inspira un grand coup : Il savait aussi qu’il avait été suivi, peut être ces types auraient pu berner un chasseur lambda, mais pas lui, il les entendait, avec aise, le suivre, les branches craquer à leur passage, les frottements de leurs armures de cuir, les cliquetis légers de leurs dagues. Il savait pourquoi ils étaient là et esquissa un sourire. Finalement, il aurait peut être le droit de tuer une ou deux personnes impunément.
Les trois hommes entrèrent dans la petite clairière à l’herbe gelée, qui craquait sous les pas des hommes, faiblement, il ne faisait pas encore assez froid pour que la gelée imprègne totalement les tiges…
Il rouvrit ses deux yeux rouges et sourit, calmement, sachant pertinemment qu’ils n’avaient pas la moindre chance. Il se redressa calmement, utilisant seulement ses abdominaux pour se faire, se donnant intentionnellement un air plus effrayant de cette façon. Il lança :
Drakov : Trois ? Seulement ?
Le premier homme ricana : Je ne sais pas pour quoi tu t’es pris exactement, mais vu ton état, tu ne ne posera pas le moindre souci, pas vrai les gars.
Il nota soudain, les deux corps allongés à ses côtés, un caillou fiché dans un cratère dans leur crânes respectifs. Drakov exposa : Tu n’as même pas entendu les pierres partir, hein ?
Il frissonna, comme jamais il n’avait frissonné… On les avait envoyé retrouver ce type et le ramener mort, c’était quoi au juste cette chose ?!
Il fit demi-tour rapidement et s’élança à toute allure dans la forêt. Drakov soupira : Cette petite rencontre venait de confirmer ce qu’il pensait, il avait assez de force pour bazarder des petits projectiles comme un fusil. Ce qui voulait donc dire qu’il serait capable de lancer une munition de baliste comme une javeline si le besoin s’en faisait ressentir. Et ça c’était bon pour lui.
Il termina de se relever et constata : Il s’était foulé une cheville lors du combat contre les preys, il n’en était désormais plus rien… Il régénérait donc ses blessures bien plus vite, comme un monstre Apex à vrai dire… Il sourit, il allait avoir du boulot s’il voulait rattraper ce fuyard. Cependant, le cri qui s’éleva de la forêt le dissuada de poursuivre plus avant.
L’homme, après avoir déambulé un moment s’était empêtré dans une des racines sinueuses des conifères du coin et s’était misérablement vautré dans les aiguilles et les pierres dispersées au sol. Il avait sciemment ignoré sa douleur puis noté la botte façonnée avec attention dans les écailles blanches pures d’un dragon qui entra dans son champ de vision à sa gauche. Il s’y cramponna, reconnaissant son propriétaire : Sire ! Sire ! Il… Il a tué mes !
Il ne termina pas sa phrase, la lame bleutée irradiant d’une énergie étrange se ficha dans son thorax, lui arrachant un hurlement de douleur qui se termina par un râle d’agonie, l’élément Lumière dans la lame l’ayant terrassé sur le coup. L’homme se remit en marche vers la clairière.
Drakov, lui, s’affairait à donner quelques coups de griffe de prey dans les corps des hommes, histoire qu’on croie qu’ils s’étaient entretués avec eux. Même si pour le coup, les enfoncements dans leurs fronts n’avaient aucune explication rationnelle réelle… Bah ! D’ici deux jours les corps auront été bouffés par la faune locale, c’est pas comme si ça comptait.
Il entendit soudain l’homme entrer, lui portait une armure complète mais ne semblait pas marcher nerveusement comme les autres, il était même plutôt sur de lui on eut dit. L’homme entra, et Drakov comprit, il portait une armure complète, blanche pure ornée de cristaux bleus. Les plaques qui composaient la cuirasse thoracique étaient à peine plus sombres et les rainures bleues qui parcouraient l’armure lui donnaient un air vivant. Il avala difficilement sa salive : Il avait beau avoir tué pas mal de monstres, là il savait que peu importe d’où provenait cette armure… Ce mec avait tué quelque chose qu’il n’aurait même pas pu approcher sans en pâtir sévèrement.
L’homme lança : Je vois… En effet, nous t’avons peut être un peu sous estimé.
Drakov fut rapidement en garde, exhalant une buée de condensation noirâtre… Le Virus pulsait dans son corps, le rendant plus fort, il comptait sur ça pour affaiblir son adversaire également. Ce dernier retira simplement son casque, laissant voir une face qui lui était bien plus que familière et pour cause, c’était quasiment trait pour trait la sienne !
L’homme lança, ses deux yeux bleu métalliques fichés dans ceux rouges, légèrement luisants, de Drakov : Je vois… Cette tendance au sadisme sera probablement épurée après une ou deux générations. Quoi qu’elle puisse être utile au demeurant.
Drakov, toujours en garde, pesta : On peut savoir qui t’es au juste ?
L’autre éclata d’un rire franc : Mon dieu, j’en oublie mes manières ! Mon nom est Cerys Asgard. Je suis le premier fils de la lignée de Asgard.
Drakov resta calme un moment, il demanda : Et tu me veux ?
Cerys répondit, du tac au tac : Je suis venu te chercher sur ordre de père et mère, cher frère.
Drakov écarquilla les yeux un instant : Doit y avoir erreur, je suis le fils de…
Cerys, le coupant : Le bâtard illégitime d’Adam Asgard. C’est pourquoi nous t’avons confié à ce bouseux d’Abygaël Eccnelias. Mais il semble qu’il t’ait « égaré » en chemin.
Ses muscles se tendirent, il était prêt à lui bondit dessus. Cerys poursuivit : Tu vois, c’est assez complexe de supprimer les tendances vicieuses dans le genre humain, or, un leader parfait, un leader idéal de l’espèce humaine se doit d’être exempt de toute faiblesse, que ce soit face au sexe, à l’argent ou, dans ton cas, à la violence. Mais tu possède quelque chose qui, malgré que tu soit un bâtard illégitime, pourrait nous servir à nous, les Asgard.
Drakov grogna : Et j’suis supposé avaler tout ça bien gentiment ?
Cerys répondit simplement : Réfléchis un peu à ce que je te propose petit frère. Notre famille tient les rênes, dirige et choisit la direction dans laquelle se déplace ce monde.
Drakov allait répondre, mais Cerys rit à gorge déployée : Tu allais me parler de notre bon vieux Roi Minegarde hein ? Oh oui ce vieux croûton gâteux aimerait bien le diriger ce monde, tout comme les wyverniens, que l’on a écartés de la régence il a de cela des siècles déjà. Laisse-moi te le dire plus clairement petit frère.
L’homme fut sur lui en un instant et lui colla une droite, qui lui fit perdre deux pas et le sonna. Il se reprit, faisant face à un Cerys qui souriait : Nous sommes des leaders nés, toi comme moi, nés après un processus de sélection long et rigoureux. Le fruit d’un eugénisme qui ne sélectionne que l’élite. N’as tu jamais trouvé ça étrange que tu comprenne les choses aussi bien et vite ? Que ta force soit aussi aberrante par rapport à la moyenne ? Que tes sens soient aussi fins et développés ?
Drakov pesta : C’est parce qu’on m’a croisé avec un Tigrex ça.
Cerys, faisant non de la tête : Non cher petit frère, c’est pour une toute autre raison, ces « gènes » n’étaient qu’une entrave, un graffiti fait le monuments d’évolution que tu es. Toi comme moi, nous sommes à des millénaires, que dis-je, des millions d’années de n’importe lequel de ces cafards. Toi comme moi, nous sommes nés pour régner et perdurer. Et j’entends bien à ce que notre descendance poursuive encore cette voie !
Drakov resta pensif un instant, c’était un véritable tourbillon dans sa tête mais seule une phrase parvint à passer ses lèvres : Des preuves ?
Oui, il réclamait des preuves. Certes, l’autre était un peu trop mégalomane à son goût… Mais si ce qu’il disait était vrai, il se devait d’en apprendre plus sur eux. Plus sur cette famille, sur les Asgard, ses soi-disant parents.
Cerys soupira et lança : Une tâche de naissance, sur la cuisse gauche. Et une cicatrice sur le hanche droite. Tu la cache bien, mais tu ne me trompera pas, j’étais là quand tu te l’ai faite. Tu ne t’en souviens probablement pas, c’était il y a si longtemps, mais pourtant, c’est bien quand mère à essayé d’éteindre ton existence que cela est arrivé. Un coup de poignard, directement dans tes reins, si père n’était pas intervenu, tu serai mort. Qui plus est… (il montra sa face du doigt) Je pense, sans me tromper, que ceci est assez équivoque, non ?
Drakov pesta : Laisse-moi du temps pour réfléchir à tout ça. J’ai besoin de m’assurer que tu n’es pas juste un racontar ou que tu n’a pas abusé d’un moyen quelconque pour me duper.
Cerys : Soit, si en plus de ça, ma force égale à la tienne et nos façons de bouger similaires ne t’ont pas convaincues, je ne sais pas ce qu’il te faut.
Il lui bazarda une lame encore au fourreau, la seconde arme qu’il portait sur son dos. Il exposa : Le temps cependant, tu n’en dispose que d’une quantité limitée. Ce petit joujou devrait te permettre de défendre ta peau efficacement.
Drakov tira la lame de son fourreau fait de petites écailles azures et de métal violacé. Il écarquilla les yeux. La lame pulsait d’une énergie sinistre… Il avait une sensation étrange rien qu’en la tenant… Elle était pourtant simple, en apparence… Une lame simple, avec un tranchant et un côté plat, deux bons mètres de lame, la taille standard d’un katana, une couleur azurée uniforme qui formait un gradient du clair vers l’obscur en allant de la lame à la garde. L’apex nota également les runes gravées sur le bord de la lame, du wyvernien, ces dernières pulsaient de bleu turquoise, de noir et de blanc. La garde de la lame était, elle, stylisée pour représenter une paire d’iales de dragon replier, la poignée symbolisant le cou et la garde était stylisée pour représenter la face d’un dragon qu’il ne connaissait que très bien : Une paire de mâchoires puissantes, trois cornes sertissant chaque côté du crâne et une sur le front, réduite à une simple aspérité mais bien visible ici. Dans les mâchoires était sertie une pierre bleue qui semblait refléter les étoiles, malgré qu’on eut été en plein jour.
Drakov lança : Hey… Cette arme, elle est en Altarius non ?
Cerys opina : Avec une gemme céleste incrustée dans le garde. Un symbole de la famille en somme. On appelle celle là Astrale, elle te reviens, j’ai déjà la mienne.
Drakov lança : Pourquoi me laisser ça ?
Cerys ricana : C’est pas tes petits joujous qui réussiront à taillader le cuir de cet Alatreon. Mais je serai toi, je me hâterai, ces bestioles volent vite et il n’était pas si loin du village la dernière fois qu’on l’a aperçu.
Drakov tiqua : Que ?! La Guilde ne l’a jamais vu !
Cerys : Nous sommes autrement plus riches que la Guilde petit frère. Sur ce.
Il remit son heaume et s’éloigna, sans un bruit, effaçant purement et simplement sa présence. Drakov pesta et regarda Astrale… Ouais, il aurait bien besoin de ça pour tuer Mordecai… Et toute autre personne qui se dresserait sur son chemin à partir de maintenant.
Il la remit au fourreau et partit vers le village. Il fut stoppé à l’orée du village par le toussotement familier de Larah : Joli lame que t’as là. Tu nous l’avait cachée ?
Il grogna : C’est pas le moment.
Elle sortit et lança : Oh, parce qu’en plus du fait que tu vas probablement mourir, tu comptais aussi nous cacher une arme en Altarius ?
Drakov la souleva par le col et la fiche contre un arbre, d’une main, avec une force qui incita Minuit à prendre le relais. Il nota le changement de couleur d’oeil et lança : Larah… Nan, je dois parler à Minuit… Ou peut-être Nova, à vrai dire je m’en lustre complet. Je vais être clair. Ne vous mêlez plus de mes affaires… On est d’accord ?
Larah, ayant cédé place à Minuit : Ou sinon quoi ? Tu vas peut être tenter de nous tuer comme ces types dans la forêt ?
Drakov, avec un sourire carnassier : Ne me tente pas… J’en suis capable.
Il comprit soudainement : Oui, il l’était, il ne plaisantait pas et qui plus est, s’il décidait de faire du mal à Larah, il était parfaitement capable d’attaquer Elim, Ryu ou Hémildam pour la blesser en premier lieu. Minuit soupira : T’as du bol que Nova la garde occupée dans notre esprit et qu’elle n’ait pas entendu ce que tu viens de dire… Elle serait déçue.
Il le fixa, ses yeux rouges brillant d’une rage que ni la chasseuse, ni le Fatalis au travers de cette dernière, n’avaient connus : Comme si j’en avais quelque chose à faire.
Minuit s’agrippa au poignet qui le maintenait au-dessus du sol et, d’un pivot éclair, cogna dans la tempe de Drakov avec le tibia de Larah. L’apex lâcha prise et il put faire en sorte que le corps de la chasseuse se rattrape au sol aisément. Drakov pesta, se massant sa tempe douloureuse : Merde… ça fait longtemps que j’avais pas senti un coup comme ça… J’ai tendance à oublier avec tout tes caprices que t’es un putain de Dragon Ancien quand même…
Minuit, grognant : Et toi t’es devenu un putain de monstre.
Il avait mal à la jambe, il n’en laissa rien paraître. Larah reprit le contrôle de force, visiblement Nova ne l’avait pas assez occupée : Bordel mais y se passe quoi là ?!
Drakov fit demi-tour et repartit vers le village : Rien. Et dans ton intérêt comme dans le mien, oublions cette rencontre, y a des corps dans les bois et des gens pourraient se demander ce que deux chasseurs foutaient en ce jour dans la forêt.
Elle fronça les sourcils et il ricana : Pas de ça avec moi, ça marche peut être avec Talf, mais je susi différent.
Elle lâcha un « hum » et s’éloigna, il faudrait qu’elle demande ce que signifiait tout ce cirque à Minuit et de toute façon il avait raison. Mieux valait qu’on les trouve pas près de cadavres encore chauds, manquerait plus que ça sur leur dossier… Mais cette lame l’inquiétait, elle devrait probablement en parler à Tana, car Minuit avait tremblé, elle en était sûre, en la voyant.
Quelques heures plus tard et surtout après s’être débarbouillé du sang sec sur sa peau, Drakov s’installa dans sa chambre face à l’arme, posée sur le râtelier aux côtés de ses katanas modifiés.
Il avait instinctivement compris que ce gradient bleu sur la lame était aussi dû à une utilisation poussée d’écailles Altarius… Mais il semblait que le métal qui en avait été imprégné était déjà exceptionnel à la base… Il se rappela soudain et siffla : Du Mithril… Bordel, on lui avait donné un truc qui valait au bas mot un million de zennis ! Et cette gemme sur le pommeau en valait au minimum autant…
La maison était vide, c’est pour ça qu’il s’était permis un tel luxe d’observation. Il rangea l’arme dans une caisse qu’il camoufla sous le lit, les autres n’avaient pas besoin de savoir pour ça… Et si quelqu’un s’avérait trop curieux… Et bien il avait toujours une arme couverte de poison Xeijin à disposition, il était bon de rappeler aux gens que ce poison était à la fois incapacitant pour les croisés et mortel pour les humains…
Il s’endormit, un sourire radieux aux lèvres, satisfait…
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Re: Le Village et ses alentours
Larah se retrouva seule, avec les deux autres entités dans sa tête. Elle regarda autour d'elle. "Une seconde, Drakov était là, non ?" Elle regarda au sol la trace d'un pas glissé. Elle comprit rapidement qu'il s'était passé quelque chose. Elle se tourna vers Minuit et Nova qui tachaient de se faire minuscules.
"- On peut t'expliquer... Commença Minuit.
- Drakov nous a attaqué ! Drakov nous a attaqué ! Paniqua Nova.
- Nova ! j'avais trouvé un truc là ! Lui cria dessus le Fatalis. Il est Apex, faut le comprendre.
- Comprendre quoi ? J'ai bien entendu ? Il a tué des gens !
- Ah oui, c'est un détail, c'est pas très important...
- Pas très important ? Répéta la chasseuse. Il a pris la vie à des gens ! Que ce soit des bandits ou non, je ne trouve pas que c'est un détail !
- Dans le premier cas, ils n'ont eu que ce qu'il méritait, expliqua Minuit, dans le second cas... eh bien quoi ? Drakov est un prédateur ! Il a des tendances meurtrières à cause du virus, ce n'est pas vraiment de sa faute.
- Et puis au moins, il ne nous a pas étripé, nota Nova.
- Il n'y a que moi qui ait des pensées rationnelles ? Cria Larah. S'il s'en prend à des gens maintenant, il peut s'en prendre à n'importe qui ! Nous on peut se défendre, mais les gens du village, à part les trois chasseurs qui traînent et qui ne sont clairement pas au niveau pour lui tenir tête... Il est dangereux.
- Et tu veux lancer une opération "Requiem" ? Sourit Minuit de toutes ses dents.
- Toi la ferme. Nova, ne mens pas, je sais qu'au combat, tu vas me dépasser catégoriquement. Tu saurais tenir tête à un humain croisé Apex ?
- Euh... Eh bien oui je suppose.
- Ça se terminera en match nul, supposa le dragon. Par contre si je m'y mêle...
- Visiblement tu ne lui as pas fait peur... se moqua Nova.
- C'est ça, continuez de vous moquer de moi tous, un jour où l'autre, vous le regretterez.
- Bon bon bon. Soit. Peut être qu'on devrait prévenir Amélie au moins... Qui sait ce dont il est capable ?
- Il avait une belle arme, fit Nova, rêveuse.
- Une belle arme ? Minuit.
- Oui ?
- Tu as pris le contrôle de mon corps.
- Hmm hmm.
- Et toi Nova, tu m'as distrait.
- Je danse bien, n'est-ce pas ?
- Vous auriez pu au moins ne pas me couper la vue !
- Et voir ton ami essayer de te menacer ? Demanda Minuit, non sûrement pas. T'es déjà assez secouée comme ça, tu n'as pas besoin de plus. J'ai déjà l'impression que ton esprit va se briser d'une seconde à l'autre, alors comprends bien mes précautions."
Larah siffla pour faire comme si elle n'entendait pas les paroles du dragon et se retourna vers le village, où elle avança férocement vers la forge. Jagamore dormait, il avait laissé une note à la chasseuse, sachant qu'elle viendrait. Il l'avait mise au sommet de son échoppe, comme pour la défier de venir la chercher. « Non mais c'est une blague, n'est-ce pas ? » explosa la chasseuse. « Nova, tu t'en occupes ! » Sans se faire prier, l'entité prit le contrôle et se mit à escalader le mur très facilement, elle se balança sur un lampadaire attaché à la forge et atteignit l'enveloppe. Elle vit que le papier était également signé par Tana, qui avait sûrement du le mettre ici pour s'amuser. Elle ouvrit et découvrit la note. Elle s'attendait à un prix exorbitant, mais ce n'était pas le cas du tout. Jagamore expliquait à travers ses lignes que ce n'était qu'un prototype et que l'arme pouvait s'enrayer, c'est pour ça qu'il ne prendrait pas le risque de la faire payer, si quelque chose arrivait, il en serait responsable. Du coup les frais étaient gratuits. Excellent, au moins une bonne nouvelle, pensa la chasseuse. « Cependant l'arme ne sera pas disponible avant... Deux semaines ?! » lut-elle à haute voix. Ce qui lui laissait sous la main... ses deux sabres. Certes ils étaient taillés pour du rang supérieur mais jamais de la vie pour du rang G. Ils pourraient rebondir à chaque coup, ou pire, se briser. « Bon, on va attendre dans ce cas, on n'est pas pressé » fit Nova, un peu déçue de ne pas pouvoir tester l'arme. Il y eut un silence et seulement le bruit du vent. Larah regarda le ciel bleu puis elle repensa à ce qu'elle avait prévu de sa journée. « Je vais passer la journée avec Talf et...
- OK, s'empressa de répondre Minuit, pas d'union pour aujourd'hui !
- Pourquoi ? Demanda innocemment Nova.
- Tu préférais ne pas savoir, lui répondit le dragon.
- Bref, merci de votre compréhension, sourit Larah en repoussant les questions incessantes de Nova. Minuit, tu t'occupes de toi s'il te plait ? J'ai l'impression que ça fait des jours que t'as pas mangé tellement ton estomac me vrille les oreilles.
- Oh ça... sourit-il, j'ai... un peu les crocs en ce moment, mais ne t'en fais pas, je sais quoi faire.
- Bon tant mieux, et dis-moi, j'ai remarqué un truc chez toi récemment. (le dragon se stoppa net, comme s'il avait peur qu'elle n'ait découvert quelque chose) Tu as pris du poids, non ?
- Ah oui, ça, euh, j'ai fait comme tu m'as dit... remise en forme... au cas où.
- J'aimerai bien qu'on retente le vol. Avec Nova ce sera le pied.
- Pas de problème, chérie, quand tu veux.... Quand tu veux. »
Son esprit s'évapora. Larah se retrouva seule dans sa tête. Elle se demandait ce que cachait le dragon, il était vraiment très fort pour fermer ses pensées. C'est d'ailleurs ce qui faisait que l'union s'interrompait plus ou moins de temps en temps... Elle espérait juste qu'il n'y avait rien de grave. Mais que demander de la part d'un Fatalis... Heureusement pour elle, c'était le seul qu'elle connaissait.
https://www.youtube.com/watch?v=lZN1mO3zkHI
…
Le vent soufflait désespérément le drapeau de la Guilde, rouge, déchiré par l'épreuve qu'il avait vécu.
Un poids si lourd pesait sur son bras. Son dos était bloqué à cause des débris. Ses pieds touchaient bel et bien le sol, et c'était les seuls à posséder ce privilège. Ce qui était sûrement une poutre lui rentrait dans les côtes. Son armure était là pour protéger son abdomen si douloureux.
Une inspiration.
La connexion se fit, comme une corde que l'on tend d'un coup. L'éveil était si brutal. Une terrible douleur parcourait chacun de ses membres, de ses muscles. Le sang coulait, elle le sentait, du coin de sa bouche ou au niveau de son bras. Sa main gauche ne répondait plus. Elle tenta de bouger son index droit, mais une douleur foudroya tout le bras. Elle avait du mal à respirer. Non seulement la poutre lui appuyait sur le ventre, mais en plus l'empêchait de respirer correctement. Elle avait du manquer d'air pendant longtemps car elle avait perdu la vue. Un voile flou se dressait devant ses yeux. Elle entendit un vague son, mais comprit que cela ne venait pas de l'extérieur, mais de sa tête, dans sa tête. Quelque chose l'appelait.
Elle prit une grande inspiration suivie de nombreuses saccadées. La douleur empêchait ses poumons de marcher correctement. Ses yeux se plissèrent à mesure qu'elle essayait d'évaluer les dégâts et surtout, comment se sortir de son piège. Elle tira sur son bras gauche et un son atroce retentit la faisant respirer encore plus vite et souffrir davantage. Sa vue revenait progressivement. La voix dans sa tête retentit encore. Son bras droit venait de bouger nerveusement et elle comprit qu'il n'était pas complètement coincé. Elle tourna légèrement la tête, ne pouvant pas plus à cause de son casque et vit rapidement une énorme barre métallique sur son bras droit, mais rien d'insurmontable, elle pouvait essayer de le glisser hors des débris. Elle se concentra sur son membre plutôt que sa respiration qui pourrait bientôt la faire s'évanouir de nouveau. Quand elle tira de nouveau et comprit qu'il faudrait un grand coup pour sortir sa main. Elle plissa les paupières, inspirant de plus en plus lentement pour ne pas céder à la panique fulgurante qui la parcourait à chaque inspiration. Elle stoppa sa respiration, ferma les lèvres et regarda son bras. Elle ferma alors ses yeux et tira d'un coup sec. La barre métallique résista et cela lui arracha un gémissement. Elle n'abandonna pas et tira une nouvelle fois et dégagea son bras au prix d'un mouvement de l'épaule gauche qui faillit la faire vaciller dans les ténèbres. Elle posa sa main droite contre la poutre qui lui enfonçait les côtes et souffla pour oxygéner son cerveau et voir plus clair.
« Larah... »
La jeune femme sursauta et elle sentit des débris dans son dos tomber. Elle comprit que c'était sûrement sa porte de sortie. Elle inspira profondément et testa ses appuis au sol qui étaient bons. Sa tête ne pouvait pas être redressée plus. Des sanglots s'échappèrent rapidement mais elle les maîtrisa.
« Larah ! »
Cette fois-ci elle entendit clairement la voix cristalline de Nova. Mais tout était sombre dans son esprit et elle ne perçut que les yeux de l'entité, qui semblait sur le point de céder à la panique elle aussi. Les écailles de Minuit ne tardèrent pas à siffler et la jeune femme, sans voix, regarda le dragon s'approcher l'entourer de ses ailes pour prendre le contrôle. Il inspira profondément à travers la chasseuse et plaça sa main droite entre ses côtes et la poutre. Il tira à travers le bras droit de la chasseuse de toutes ses forces et sentit que l'énorme obstacle céder un petit peu et la colonne de Larah se redresser. Dans un nouvel effort, il fit faire à Larah un mouvement de recul qui dégagea et son torse et sa tête, hors des débris. La chasseuse reprit le contrôle total et inspira si fort que ses poumons se gonflèrent complètement. La cage thoracique encore affaiblie lui rappela l'état de ses côtes. Elle voulait se lever mais son bras gauche était encore coincé et quand elle fit un mouvement sur le côté pour le tirer, un bruit déchirant retentit et la fit tomber en arrière. Elle perdit de nouveau la vue. Nova fit son possible pour la maintenir consciente et ce fut une véritable labeur tellement la douleur était puissante. Larah se tourna vers son bras en hoquetant. Sa main tremblante balaya quelques débris qui lui tombèrent aux pieds. Elle inspira profondément et grâce à la force de Minuit, poussa le rocher qui la gardait prisonnier. Elle tira avec violence son bras avant que le rocher ne retombe. Un hurlement accompagna le geste. La jeune femme voulut s'aider de ses deux bras pour se relever mais elle comprit rapidement que le bras gauche ne répondait pas.
Elle toucha le bout de sa main gauche avec la droite sans regarder car son cou aussi l'empêchait de bouger tellement il était douloureux et elle sentit son poing fermé sur une poignée d'arme. Elle fit un effort désagréable pour regarder et elle vit son bras, pendant dans le vide, la main refermée sur un sabre brisé à un tiers de la lame. Rapidement, elle comprit où était l'autre moitié... Elle tata son épaule de sa main et horrifiée, elle sentit le bout de métal qui avait traversé l'armure...
https://www.youtube.com/watch?v=MRYwrT0Y3HA
Pire.
Il avait traversé l'os.
Nova comprit que c'est ce qui empêchait le bras de répondre. Larah mit la main dessus. Minuit se précipita sur elle pour lui dire de ne pas le faire. La chasseuse se prépara mentalement, pleurant en prévision de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Elle referma ses doigts sur le morceau de métal et en inspirant, elle tira dessus mais il resta coincé, du sang gicla alors que la lame s'était décollée de la chair. Mais l'os restait impassible. Elle inspira profondément...et tira d'un coup sec.
Le hurlement retentit jusqu'aux montagnes de Tenmura.
Le bout de métal se tenait dans sa main qui tremblait comme une brindille, dégoulinant de sang frais ou brillant du sang séché. Elle le lâcha et il rebondit au sol en cliquetant. Ses larmes coulaient sur ses joues tâchées de sang, son souffle frémissait à chaque inspiration d'une rapidité incroyable. Mais son bras ne répondait toujours pas. L'armure avait été également enfoncée avec la lame. Mais le pire, c'est qu'elle sentait dans sa chair de petits débris coupant. Et dans l'os... il restait un morceau de la lame, sûrement touchant le nerf, ce qui l'empêchait de bouger. Elle ferma les yeux et prit de grandes inspirations. Elle plongea ses doigts griffus dorés dans sa chair et chercha à tâtons les petits morceaux. Elle en retira certains mais les plus profonds la tiraillaient, et plus elle enfonçait ses doigts dans sa chair, plus elle n'était plus capable de penser, ni de sentir quoi que ce soit. Des bruits de sussions, de sang qui giclait était tout ce qui retentissait dans le silence des ruines. Elle toucha du bout du doigt celui en contact avec le nerf et elle hurla de nouveau tandis qu'une décharge lui traversa tout le corps. Nova arriva à l'empêcher de continuer la terrible boucherie. Son bras gauche, pendant, la main fermée sur une arme brisée était un poids mort désormais. Minuit sentit quelque au bout des doigts et lui souffla qu'il n'était pas perdu.
Elle fit deux pas en avant et tomba à genoux, utilisant son bras droit pour ne pas tomber plus bas, elle se redressa et mit la main à ses côtes, l'armure n'avait pas été enfoncée, elle avait joué son rôle et absorbé les chocs... mais de quoi ? Larah n'avait aucun souvenir de ce qu'il s'était passé. Alors que son sang gouttait du bas de son casque, elle vit que le sol était recouvert d'une poussière blanche qui lui fit penser à la couleur de la neige, quand elle était sale. Elle posa sa main gantelet dessus et rapprocha ses doigts de sa paume. Tous ses mouvements étaient si lents... ça lui prit une éternité de soulever la main vers elle et de l'ouvrir. Des cendres s'échappèrent avec le vent et se reposèrent plus loin, se mélangeant avec les autres. Le sol était couvert de cendre. Partout. Un voile gris recouvrait chaque chose, plante, débris... corps... Larah ne tiltait pas. Elle tâcha de se remettre debout et regarda autour d'elle. Des ruines. Seulement des ruines. A quelques mètres d'elle, il y avait une tour de bois écrasée au sol. En temps normal, elle l'aurait reconnu, la tour d'observation des wyverns, mais tout était si flou dans sa tête. « Par les esprits... » souffla Nova qui reconnut la Guilde, ravagée, comme si quelque chose s'était couché dessus et l'avait écrasé. La chasseuse était muette, et dans sa tête, et dans le monde physique. Elle n'entendait que Nova et Minuit qui grognait d'inquiétude, de surprise, de peur... Elle marcha vers le drapeau qui flottait encore dans les airs. Elle le regarda mais rien ne la marqua. Elle suivit la barre de métal des yeux et regarda par terre. Des traces de sang. Reculant pour voir où elle menait, un fragment de sa mémoire lui revint, comme un coup en plein visage. Un flash. Une explosion. C'était tout. Ce mal de crâne nouveau la fit se plaindre en gémissant. La chasseuse tourna la tête vers un cratère à une dizaine de mètres d'elle.
https://youtu.be/zg5QMysuSYg?t=38s
Le cor de chasse avait sonné. C'était le cor d'alerte général. Tous les villageois se mirent à paniquer. Le ciel s'était obscurci soudainement. Larah avait accouru à sa fenêtre et elle avait vu au pied de sa porte un des gardes de la Guilde lui hurler de se mettre en armure. Prise de panique, elle rentra dans sa chambre, Talf sur le lit, affichant un visage de panique également. Il lui lança ses habits et tous deux bondirent, le lancier se précipita chez lui pour son armure, la jeune femme s'élança sur son garde-armure. Elle l'enfila vitesse grand V et regarda au dernier moment le casque, mais un hurlement dehors la fit partir sans. Ses sabres dans leur fourreau, elle sauta par-dessus la barrière de sa maison et accourut à la première baliste de la muraille la plus proche. Là, un garde était déjà en train de viser le ciel. Larah attrapa des jumelles et regarda dans la même direction. Le ciel était devenu rouge sang, d'épais nuages faisaient gronder un tonnerre anormal. Elle ne voyait rien. Puis c'est là que tout commença. Un hurlement lointain qui les balaya telle une onde de choc souleva les tuiles des maisons. Le rugissement qui avait fait trembler les dieux il y a des millénaires.
« L'Alatréon » souffla-t-elle. « Gardez vos positions, préparez-vous à tirer ! » ordonna-t-elle aux gardes déjà tétanisés. « Vous en bas, faîtes évacuer la population, allez ! » Elle sauta en bas et accourut à la porte principale qu'ils étaient en train de fermer. Mais ce n'était pas ça le plus important ! Il volait. Ils étaient en train de piéger les habitants ! Elle leur fit signe d'arrêter mais ils ne l'écoutèrent pas. Puis Hémildam leur hurla de lâcher les portes et de les ouvrir en grand. Ils hésitèrent, puis s'exécutèrent. Hémildam avait étudié les défenses de Tenmura pendant son temps libre. Il regarda sa fille dans les yeux et elle hocha la tête. « Occupe-toi des défenses. Je l'intercepterai s'il pose le pied à terre. » Son père hocha la tête et cria de nouveaux ordres. Où était Drakov ? Amélie, Rupert, Talf ? Où étaient les chasseurs ? Elle se mit à les chercher en criant leur nom. Techniquement, son armure dorée était absolument visible, même malgré la panique général. Les gens essayaient de sauver leurs biens. Elle comprit que c'était une perte de temps. Elle bondit sur un piédestal et leur hurla d'abandonner tout, d'aider les plus faibles et de s'échapper à tout prix. La chasseuse avait gardé ses jumelles, le ciel était en proie à un cataclysme sans précédent, mais il ne fallait pas qu'elle perde sa proie des yeux... Ou plutôt... Leur prédateur.
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Larah se tourna vers la Guilde en ruine. Comment tout cela avait pu être détruit si vite ? Sa mémoire ne revenait pas. Le vent souleva des cendres qui lui passèrent entre les pieds. Elle vit à une poignée de mètres un corps, étalé au sol, la peau complètement brûlée, la personne était méconnaissable, mais sa bouche était bloquée dans un cri terrible. L'odeur du corps lui vint rapidement et elle s'empêcha de vomir. De un car elle pourrait s'étouffer dans son propre masque, de deux, elle n'avait pas envie de voir sa gorge se remplir de bile brûlante car elle sentait que son estomac était vide... peut être l'avait-elle déjà vidé... pendant l'attaque.
Talf était là, il avait repéré la chasseuse de loin et avait pris ses armes et son énorme bouclier. Ils se regardèrent pendant quelques secondes sans échanger de mots. La peur de l'avant combat était là, présente, tapis au plus profond d'eux. La foudre déchira le ciel. Minuit l'avait prévenu. Dans les airs, l'Alatréon maitrisait la foudre et la glace. Mais elle marqua un temps d'arrêt en regardant l'espèce de cyclone se former autour de l'astre solaire. Un anneau noir de nuage l'entourait et tournoyait, emportant avec lui les autres dans une marée rouge sang. La foudre parcourait l'ensemble, si bien, qu'en tout point, on pouvait voir des éclairs. Le vent se mit à souffler extrêmement fort, soulevant poussière et drapeaux. Larah regarda le cyclone se former. Elle se tourna ensuite vers Talf qui ne comprenait pas. La jeune femme regarda de nouveau puis se tourna vers son compagnon, le visage marqué par la peur : « Ce sont les Fatalis qui produisent de tels phénomènes. » Le lancier n'avait jamais vu l’œuvre des Fatalis. Mais ils savaient que sa compagne si, deux fois. Il tenta de se rassurer, mais peut être que c'était encore pire : « C'est un Alatréon, on ne sait rien d'eux, peut être qu'ils font la même chose que les Fatalis... » Ce qui signifiait qu'ils étaient aussi puissant qu'eux... voire pire car s'ils pouvaient faire que le ciel s'effondre en plus de leur terrifiant pouvoir... Alors il n'y avait plus d'espoir et tous deux le savaient. Larah repéra AlGieba dans la foule. Elle l'appela et celui-ci portait sur son dos un énorme paquet. « Je vais sauver l'arme » expliqua-t-il. « Et mener les gens en sécurité... Vers le port. » Larah sauta de son piédestal et lui cria : « Sûrement pas ! Vous serez trop facile à viser. Fuyez par l'Ouest en direction des montagnes et cachez vous dans les grottes. » Elle lui donna son couteau de dépeçage, leurs mains restèrent en contact pendant quelques secondes où ils ne se lâchèrent pas des yeux. AlGieba était terrifié. Qui allait se dresser devant le dragon élémentaire ? Le pire cauchemar de leur civilisation ? C'était eux. Ses lèvres tremblaient. Les yeux de Larah ne mentaient pas non plus, elle savait qu'ils ne feraient que gagner du temps. Il la prit dans ses bras et lui souffla « Sois prudente. » Mais elle savait que ce ne serait pas possible. Lui aussi.
Talf se retourna quand une main se posa sur son épaule, Neilla le fit pivoter et lui fit un signe de la tête. Il regarda ensuite sa compagne qui elle ne quittait pas des yeux le wyverien qui faisait signe aux gens de le suivre. Le lancier agrippa le bras de la chasseuse pour capter son attention et il lui dit rapidement sans qu'elle ne comprenne bien : « Neilla et moi avons vous une brèche dans la défense » mentit-il. « On va la combler. Fais attention à toi. Je serai à la baliste. » Il voulut partir mais elle ne le lâcha pas « Reste avec moi. J'ai peur. » Il la regarda dans les yeux, voyant vraiment la terreur qui n'avait pas l'habitude de se refléter dans l'oeil bleu. Il s'humecta les lèvres et réfléchit. Neilla n'arriverait jamais à quitter la ville sans lui. Pas depuis qu'on la surveillait. Il lui avait promis comme ultime aide de trouver Sakura et il s'avérait que justement, elle était sur les routes, non loin de Tenmura. Est-ce que l'attaque du dragon était une coïncidence ? Il ne savait pas. Il savait que Larah et Drakov, possédant de nouveaux pouvoirs tous deux, pouvaient bien tenir tête à l'Alatréon... Au moins une dizaine de minutes. Et Talf reviendrait en renfort avec un Laft plus déterminé que jamais. Il souffla. Puis il sauta au visage de Larah pour l'embrasser, lui serrant les joues de ses mains protectrices. « Je te promets que je reviens. J'en ai pas pour longtemps. On va le faire atterrir. Tu sais que je suis doué à la baliste. Tiens toi prête et surtout, fais fuir le plus de monde. » Elle lui caressa la main en hochant la tête et se tourna vers la Guilde. Maze l'attendait sûrement.
Pourquoi était-elle la seule qui se tenait au milieu de ces ruines ? Où étaient passés tous les gens ? Elle poussa du bout du pied un morceau de bois et sentit immédiatement une douleur dans sa jambe. Voilà quelque chose de nouveau. Elle laissa échapper un gémissement bruyant. Elle tomba par terre et regarda son tibia droit. La panique la reprit quand elle vit que l'armure avait été ratatiné par ce qui était des crocs ou des griffes... laissant à l'air libre l'os dépourvu de chair. L'entaille faisait bien dix centimètres mais la simple vue de la couleur ocre sous les traces de sang lui fit tourner de l’œil. Elle se reprit et attrapa un des drapeaux par terre et sans regarder ce qu'il cachait, elle entoura sa jambe et sentant le tissu se frotter à l'os, elle souffla de plus en plus vite et fort. Sa main tremblante n'arrivait pas à faire un nœud. Elle ferma les yeux et tira fort sur le tissu la faisant crier de nouveau. Elle prit le bout du tissa et le coinça dans l'armure ouverte. Les mailles du tissus se coincèrent dans le métal arraché. Larah resta là quelques dizaines de secondes, à reprendre son souffle et arrêter ses sanglots, elle utilisa son bras coincé comme pivot et se mit en face de la Guilde. Elle vit alors le bras d'une des quêtatrices dépasser de là où elle avait prit le drapeau. Un nouveau flash lui revint.
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« Maze ! » hurla-t-elle. Un rugissement suivit immédiatement et un éclair monstrueux s'abattit sur l'une des tours de défense, la réduisant en cendre et faisant s'abattre les débris sur les voies de sortie. La panique fut encore pire. « Larah ! Où est votre casque ? » Rugit Maze au-dessus des cris et du bruit. « Pas le temps pour ça », répondit-elle. « Il faut faire fuir les gens. » Le chef de la Guilde hocha la tête et lui fit signe de le suivre à l'intérieur de la Guilde. Là, c'était la panique. Les gens couraient dans tous les sens avec des parchemins, envoyant des faucons dans toutes les directions pour appeler de l'aide, cherchant un moyen de tuer un monstre millénaire... et ceux qui prenaient le nécessaire pour fuir. Les chasseurs menaient de petits groupes. Quand Larah passa le pas de la porte, plusieurs se précipitèrent sur elle en lui implorant de les escorter, elle les repoussa du bras et suivit Maze dans ses appartements.
- Ça devait arriver un jour, fit-il en sortant une arme de son coffre, il regarda la lame et se retourna vers le chasseuse. Où est votre épée ?
- En réparation, malheureusement.
- Vos sabres là...
- Ils ne feront pas l'affaire. Mais je vous jure que je me battrais jusqu'à mon dernier souffle.
- Alors prouvez-le.
Il attrapa autre chose dans son coffre et le jeta à Larah. Elle regarda rapidement ce que c'était et d'un mouvement sec vers l'avant, déplia un arc magnifique, à quatre cordes, fabriqué avec de fines cornes grises, qui auraient pu être celle d'une diablos noire, mais elle n'était pas formelle là-dessus et honnêtement ce n'était pas le moment. Il attrapa le carquois et lui passa sur l'épaule. Il y avait des flèches noires, incroyablement solides, dentelées pour certaines, de véritables lances pour les autres. « J'espère pour vous que vous savez vous en servir. Faîtes atterrir cette bête et empêchez-la de brûler les bâtiments. Il faut que le plus d'habitants s'en aillent. Vous en dernier. » Il lui parlait vraiment mal, elle ignorait si c'était parce qu'ils avaient eu des différents, parce qu'il la considérait comme un être dangereux ou seulement parce qu'il était de son devoir de la remuer pour ne pas qu'elle cède à la panique elle-aussi. « Où est l'Apex ? On va avoir besoin de gros bras si vous échouez. » La chasseuse passa l'arc sur son épaule, rangea mieux le carquois dans le bas de son dos et d'un coup de pied terrible, elle ouvrit la fenêtre du bureau de Maze. Il la regarda, légèrement surpris. « Fermez mieux la prochaine fois. » Répondit-elle avant de passer par la fenêtre et sauter sur le toit en face. Il se précipita alors à la vitre et la regarda courir sur le toit.
Il fallait absolument bien se placer. Sans être trop visible, mais trop loin pour tirer. La chasseuse avait tiré à l'arc à ses dix ans. Très peu utilisé depuis, elle allait devoir se débrouiller avec une arme qu'elle soupçonnait interdite conventionnellement. Elle tâta les cordes des doigts et se demander sérieusement comment elle allait pouvoir décocher une flèche. Ce n'était pas un arc qu'elle possédait, c'était une véritable baliste. Elle se positionna en posant un genou à terre et prit une flèche. L'Alatréon avait disparu dans les nuages, elle se concentra sur le ciel, essayant d'éviter les cris, les bruits incessants, la panique générale... Comme elle ne vit rien, Larah regarda autour d'elle et d'où elle était, elle voyait la plupart du village. Elle vit les sentinelles qui se tenaient près à tirer à chaque baliste. Il y en avait 15 en tout, pour tout le village. Ils possédaient aussi 6 canons... et c'était tout. Personne n'aurait pensé qu'un jour, un Alatréon attaquerait le village. En s'humectant les lèvres, elle chercha des yeux Talf et Neilla. Mais ils n'étaient pas là.
Neilla regarda derrière elle quand elle entendit le second rugissement. Talf se braqua et se retourna vers le village qui était déjà à des centaines de mètres. Il repensa à Larah et se mit à ralentir. L'archère s'arrêta et lui posa la main sur le torse, il se retourna immédiatement vers elle et la regarda dans les yeux. « Ecoute. Faut que t'ailles les aider, tu peux pas les laisser comme ça. Je m'en moque de ta promesse. Ils vont mourir sans toi... sans ton bouclier pour les protéger. Je vais m'en sortir. Je vais la retrouver. Et quand tout sera fini, je reviendrai. » Talf s'humecta les lèvres et souffla profondément. Il posa ses yeux sur le bras de la femme et continua de descendre jusqu'à la dague noire, cachée dans son fourreau, qui attendait seulement de servir à tuer. Il la prit dans ses bras et lui demanda d'être prudente. Elle hocha la tête et lui posa un baiser sur la joue. Neilla avait les larmes aux yeux. Ils allaient affronter un dragon ancien légendaire... elle ne savait même pas si elle les reverrait vivants.. mais elle savait que sa place n'était pas là. Ses armes ne suffiraient pas à attaquer ne serait-ce que les plus faibles écailles du monstre et elle n'aurait jamais le courage de s'élancer au corps à corps à la dague. « On se reverra, n'est-ce pas ? » Talf avala sa salive et arriva à grimacer un pauvre sourire. Elle se mordit les lèvres et le prit dans ses bras. « Je vous en prie... ne mourez pas. J'ai encore des chasses à faire avec vous... » Il hocha la tête, les larmes aux yeux. Puis un coup de tonnerre détruisit une partie de la muraille. Les cris se firent entendre de là où ils étaient. « Bats-toi pour elle. » C'était les derniers mots qu'il entendit avant de se précipiter vers le village.
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Mordecaï se montra enfin, dans toute sa splendeur. Ses écailles brillaient sauvagement et des traits oranges parcouraient son corps. Comme il était dans les airs, ses écailles avaient plutôt une teinte bleues, mais il restait très lumineux, comme s'il sortait tout droit d'un volcan. Il passait de nuages en nuages, jouant avec le temps instable. Il piqua enfin en direction du village en rugissant et dirigea une chaînes d'éclairs sur la porte principale de la ville dans une flambée d'étincelles et de flammes qui s'en libérèrent. Des gens furent ensevelis sous les gravats s'ils n'avaient pas été frappé par la foudre dévastatrice et mortelle. La panique fut encore pire. Larah encocha sa flèche et visa le monstre qui remontait lentement vers le ciel. Il évaluait les défenses humaines. Des tirs de balistes firent échos à sa flèche qui fendit le ciel et seulement ce dernier. Le dragon était bien trop rapide. Il frappa encore en lançant une bourrasque de vent glacé sur une tour. Les gardes qui y étaient postés se mirent à hurler à mesure que le froid leur dévorait la peau. Il faisait réellement une démonstration de force. La chasseuse serra les dents de rage et reprit une flèche. Elle la décocha immédiatement après et le dragon n'eut même pas à l'esquiver. Il fit un vol parabolique vers le centre du village et ravagea une rue entière de sa foudre. « Mettez-le à terre ! » Rugit Maze à une baliste. Larah prit deux flèches cette fois-ci et en prit une ses dents. Elle se concentra de nouveau pour tirer et lâcha la corde quand le monstre passa à une trentaine de mètre d'elle. Elle rata encore, en pestant et en l'insultant. Il remonta vers le ciel et chargea ses perce-ciels en foudre, cela produisit un énorme flash dans le ciel qui fit peur à de nombreux gardes et soldats, mais à la chasseuse. Les flammes dévoraient déjà certaines rues. Elle inspira profondément et changea de tactique. Elle entendit parallèlement un rugissement qui fut sûrement celui de Drakov. Sans y prêter plus attention, elle prit dans sa poche de chasse une bombe de fumée et la jeta à une dizaine de mètres d'elle. L'Alatréon se mit à voler en cercle, revenant petit à petit vers les habitants. Il repérait les grands attroupements et se mit à les viser. Il piqua vers l'un d'eux en rugissant et lâcha de nouveau sa foudre ravageur et alors qu'il remontait sous le cri des gens qu'il venait d'assassiner, il vit la fumée venir du toit de Larah. Il s'y précipita immédiatement, la foudre encore palpitante sur ses cornes. Elle le visait. Il le vit assez rapidement et dériva de quelques mètres avant que la première flèche ne soit décochée et alors qu'il pensait avoir esquivé l'essentiel, il vit deux nouvelles flèches traverser la fumée. Elle avait roulé sur le côté, prenant en passant ses nouveaux projectiles et les avait armés en un clin d'oeil. Les javelots fendirent l'air et la fumée et atteignirent leur cible. Elles ricochèrent. Il passa à quelques mètres de Larah et remonta brutalement, chargeant tout son corps de foudre. La chasseuse n'avait pas bougé, ne croyant pas que ses flèches avaient pu ricocher. Elle regarda les dizaines de morts qui s'étendaient déjà là, sous ses yeux. Elle baissa la tête et reprit de nouvelles flèches en main.
Il l'avait à peine entraperçu dans les nuages quand le cor avait retenti, mais c'était suffisant, largement suffisant pour comprendre. Cerys avait raison, ces saloperies volent vite et sont agiles, et pas qu'un peu.
Drakov sauta littéralement hors de son lit et s'équipa en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, mettant Astrale sur son dos, ainsi que l'arme imbue de poison Xeijin. Un poison était toujours un poison, ça ralentirait au moins l'autre saloperie si elle venait à tomber.
Il surprit Yasmir et Amélie, toutes deux aux aguets. Il leur lança : Prenez le gamin et tirez vous dans la montagne. Mordecai est juste aux portes du village.
Par chance, sa maison était assez reculée dans le village et proche de la sortie vers les montagnes, ce qui rendrait l'évacuation de ses proches plus simple.
Sans qu'un mot de plus ait à être ajouté, Yasmir fusa chercher le fils de feu, son frère et un sac de première nécessité toujours prêt au cas où. Amélie resta là un moment, hésitante, il lui lança : Non. J'ai perdu Alix, je ne te perdrai pas toi, ni aucun d'entre vous, dusse-je stopper ses attaques avec mon corps.
Elle opina simplement et partit aider Yasmir, Ethan et Rupert furent sur le pieds de guerre en quelques instants également, le second nota Astrale, ce que les autres n'avaient pas fait, il ne posa pas de questions, pas en voyant l'autre arme. Il avait suivi les changements chez son ami et savait parfaitement qu'il risquait relativement gros en demandant quoi que ce soit relatif à cette lame bleue.
Ils sortirent en trombe, passant par une petite porte, c'est-à-dire un pan de mur que Drakov démolit dans l'arrière de la maison, afin que leur fuite soit couverte et par les arbres et par les habitations.
Il leur indiqua : Direction nord-nord-ouest, des petites cavernes, enfoncez vous profondément dedans, il ne doit pas vous sentir. Il bazarda son arme modifiée Lao-Shan Lung/Kirin à Rupert : Tu es en charge, je comptes sur toi pour t'occuper de toute menace, ne sortez de là que quand ce sera le silence complet.
Le chasseur opina et ils partirent, non sans une certaine précipitation, vers les montagnes, alors que l'Alatreon avait débuté ses ravages.
Drakov fusa droit vers les lieux du combat, Astrale en main, les pulsations de l'arme semblant littéralement résonner avec la rage qui bouillonnait en lui.
Il poussa un rugissement, féroce, ses yeux luisant férocement dans la brume noir qui exsuda de tout son corps. Il nota Larah et son arc, postée sur un toit environnant : pas avec un petit lance pierre comme celui là qu'elle abattrait un Alatreon, l'arc était certes de bonne qualité, mais quand même, c'était une des premières leçon qu'on apprenait à un chasseur, ne pas chercher à tuer plus gros qu'un Los avec un arc, elle espérait quoi au juste là ?
Il nota soudain les balistes et sourit, peut-être que cette stratégie n'était pas si mauvaise après tout. Il s'élança, avant de tomber sur Maze, furibond « Enfin ! Vous avez pris votre temps ! »
Le regard noir qu'il lui lança calma immédiatement les ardeurs du chef de la Guilde et, pendant ne serai-ce qu'une seconde, Drakov considéra lui passer son arme Xeijin dans le torse, après tout, un cadavre de plus, un cadavre de moins, après le passage d'un Alatreon on en était plus à ça près.
Il se ressaisit, et écouta les dires du chef : « On a besoin de vous sur les murs, il faut le faire tomber !
-Plus facile à dire qu'à faire. Pesta Drakov. Si vous aviez des pointes de baliste en métaux autres que de la Malachite, ça percerait déjà plus son cuir… A condition que ça touche, ce qui est pas gagné non plus.
-Parce que vous êtes un expert en Alatreon maintenant ? Répliqua Maze, du tac au tac. »
Drakov ne répondit pas et réprima une nouvelle pulsion, impliquant une fusion de la tête et du fondement du chef de la guilde.
Maze termina : Prenez une baliste et abattez le.
-Pas réellement besoin d'une baliste dans mon cas, juste de quelques munitions. »
Il ne comprit pas, Drakov empoigna une munition de baliste qui était posée non loin et se mit en position de lancer, le dragon fit un piquet, les balistes sur le mur tirèrent, il lança de concert, une javeline qui partit avec une vitesse quasi similaire à celle des armes de siège, mais qui manqua sa cible. Drakov lança : J'ai peut être besoin d'un peu de pratique, mais je pourrais l'atteindre d'ici deux ou trois jets tout au plus. J'ai juste besoin des munitions.
Maze opina, comprenant de suite qu'il n'avait plus affaire au chasseur déjà monstrueux qu'était le croisé Tigrex, mais à bien pire, un tueur froid et méthodique plutôt.
« Tian ! » Rugit Maze alors que Mordecaï effectuait un nouveau piquet, détruisant un nouveau bâtiment de sa foudre ravageuse. « Vous avez me le mettre à terre, oui ?! » Larah sauta sur un toit adjacent et glissa sur les tuiles avant de se réceptionner sur un balcon, pour être à quelques mètres du Chef de la Guilde. Il lui jeta un javelot de baliste. « Vous dormez ou quoi ? Vous savez combien de personnes sont déjà mortes ? Et combien vont encore mourir ? Bougez vous ! » Elle ravala ses paroles et tenta de contrôler sa colère. Mais Maze en rajouta une couche. « Vous êtes peut être la meilleure chasseuse de ce village. Mais vous êtes la dernière en qui j'ai confiance. » Elle brisa le balcon de bois d'un coup de pied et remonta sur les toits d'un bond félin que le chef fut ravi de voir. « A la bonne heure. » Souffla-t-il.
« - Minuit ! Nova ! A moi !
- Qu'est-ce qu'il se passe ? S'écria Minuit en découvrant le ciel qu'il connaissait bien à travers les yeux de Larah.
- L'Alatréon, siffla Nova en voyant le dragon voler juste au-dessus de Larah qui lui décocha deux flèches d'un coup qui rebondirent sur son armure.
- Putain ! Cracha-t-elle sans s'en empêcher. Ses flèches valent que dalle. (Elle regarda son javelot) Minuit, au galop, allez ! »
Elle se mit à courir vers une tour de guet qui était encore debout mais tremblait terriblement sous les chocs incessants que produisaient l'Alatréon en s'acharnant sur la ville. Nova l'aida à bondir tout en haut et elle passa par la fenêtre d'observation où un garde tétanisait sous son bureau, claquait des dents en pleurant. Elle le souleva et lui ordonna de s'enfuir, il n'attendit même pas de savoir plus de choses, il attrapa son sac et s'élança dehors tandis qu'une vague de chaleur d'une explosion souffla la tour. Larah attrapa une corde et sortit de la tour avant qu'elle ne s'effondre. Elle se jeta sur le toit en face et en roulant, elle se releva. Elle attacha la corde à la javeline et regarda l'Alatréon. « Minuit, appelle-le, allez ! » Il emplit ses poumons et jeta une insulte millénaire dans la langue antique. Mordecaï vira de bord immédiatement et convergea vers sa position. Elle décocha sa flèche sur le toit en face d'elle, c'est à dire la Guilde, juste au dessus de Maze qui regarda la corde se tendre immédiatement. Il se jeta dessus et attacha les chaines de la baliste à cette même corde. Il ordonna à ses hommes d'attraper une extrémité et de se tenir prêts. Elle se mit à courir avec l'autre morceau de la corde et le jeta à d'autres hommes, accompagnés de Drakov, qui avaient compris les intentions de la chasseuse, la saisirent et se mirent en position. Mordecaï vola, la foudre déchainée par ses ailes détruisaient le toit où se tenait Larah qui se mit à courir dans la position perpendiculaire à la corde. Le dragon ouvrit grand ses mâchoires et se prépara à la happer mais elle bondit au sol, à plus de 5 mètres de haut, vers les rues. Elle roula au sol et se tourna immédiatement vers le dragon ancien qui se prit la corde dans en plein torse. La corde se tendit immédiatement et arracha le morceau de mur de la Guilde mais les hommes de Maze tinrent bon comme ils le purent. Suffisamment longtemps pour que l'Alatréon s'empêtre dedans et chute. Il s'écrasa contre un bâtiment et s'enfonça dans les fondations mêmes. Le chef de la Guilde se releva et regarda la chasseuse en contrebas, abasourdie que l'idée ait marché. Il jeta un regard à l'Apex qui s'élança immédiatement dans leur direction.
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Le dragon se redressa rapidement, puis il s'ébroua, ça faisait bien quelques millénaires qu'on ne l'avait pas abusé de la sorte, dans un sens, ça l'énervait au plus haut point.
Mordecai se dressa sur ses pattes arrières et poussa un rugissement sauvage et féroce. Puis il s'écrasa sur le sol avec lourdeur, ses écailles virant subitement à une teinte gris cendré, le bleu turquoise disparaissant peu à peu de leur surface. Les humains voulaient se battre au sol ? Soit, ils seraient servis.
Drakov rejoignit Larah, une munition de baliste encore à la main et lui lança : Joli tir.
Elle opina simplement, notant Astrale sur son dos : c'était donc ça cette nouvelle arme ? Attends, l'autre à côté c'était l'arme Xeijin ? Pourquoi il portait ça spécifiquement maintenant ?
Il répondit, ayant vu où son regard portait et devinant ses interrogations : Je prends des précautions. Et ce poison est puissant, rien ne dit qu'il ne fonctionnerai pas sur Mordecai.
Elle opina mais frémit en même temps, soliloquant dans son esprit : Sur les humains en tout cas, elle est outrageusement efficace.
Le dragon se dressa et rugit, un petit groupe chasseurs zélés prit les devants, quatre jeunes gens, peu expérimentés à en juger par leurs armes et armures, qui étaient de milieu de rang inférieur. Drakov leur hurla dessus : Le chargez pas abrutis ! C'est pas parce qu'il vole pas qu'il est pas dangereux !
Ils ne comprirent leur erreur que quand l'immense masse de Mordecai leur arriva droit dessus, imbue d'éclairs noirs bordés de rouge. C'était évident qu'il allait passer en mode sol après y avoir été ramené de force et il le resterait tant qu'il ne pourrait pas redécoller tranquillement. Ce qui voulait dire qu'à partir de maintenant, il allait utiliser le feu et le Dragon, pas la meilleure des nouvelles.
Les quatre chasseurs furent balayés par deux coups de perce-ciel, portés avec une force et une véhémence telle que deux d'entre eux furent découpés net par les cornes tranchantes de l'Alatreon.
Terminant son attaque, Mordecai poussa un rugissement féroce, faisant crépiter des éclairs noir et rouges tout autour de lui.
Drakov ricana : Si tu pense me faire peur mon vieux…
Il arma le jet et tira, le dragon n'attendait pas plus qu'une bravade, il reçut un véritable trait de baliste qui se ficha difficilement dans le cuir de son plastron ventral, l'ayant forcé à se redresser vivement pour éviter de perdre un œil. Mordecai brisa le trait d'un coup de patte et montra les crocs, il n'avait pas aimé qu'on le force ainsi à esquiver une blessure, qui plus est, il se rappelait bien de ces deux humains là, à la tête des autres, qui eux avaient été effrayés par la facilité avec laquelle quatre chasseurs avaient été taillés en pièces.
"- On peut t'expliquer... Commença Minuit.
- Drakov nous a attaqué ! Drakov nous a attaqué ! Paniqua Nova.
- Nova ! j'avais trouvé un truc là ! Lui cria dessus le Fatalis. Il est Apex, faut le comprendre.
- Comprendre quoi ? J'ai bien entendu ? Il a tué des gens !
- Ah oui, c'est un détail, c'est pas très important...
- Pas très important ? Répéta la chasseuse. Il a pris la vie à des gens ! Que ce soit des bandits ou non, je ne trouve pas que c'est un détail !
- Dans le premier cas, ils n'ont eu que ce qu'il méritait, expliqua Minuit, dans le second cas... eh bien quoi ? Drakov est un prédateur ! Il a des tendances meurtrières à cause du virus, ce n'est pas vraiment de sa faute.
- Et puis au moins, il ne nous a pas étripé, nota Nova.
- Il n'y a que moi qui ait des pensées rationnelles ? Cria Larah. S'il s'en prend à des gens maintenant, il peut s'en prendre à n'importe qui ! Nous on peut se défendre, mais les gens du village, à part les trois chasseurs qui traînent et qui ne sont clairement pas au niveau pour lui tenir tête... Il est dangereux.
- Et tu veux lancer une opération "Requiem" ? Sourit Minuit de toutes ses dents.
- Toi la ferme. Nova, ne mens pas, je sais qu'au combat, tu vas me dépasser catégoriquement. Tu saurais tenir tête à un humain croisé Apex ?
- Euh... Eh bien oui je suppose.
- Ça se terminera en match nul, supposa le dragon. Par contre si je m'y mêle...
- Visiblement tu ne lui as pas fait peur... se moqua Nova.
- C'est ça, continuez de vous moquer de moi tous, un jour où l'autre, vous le regretterez.
- Bon bon bon. Soit. Peut être qu'on devrait prévenir Amélie au moins... Qui sait ce dont il est capable ?
- Il avait une belle arme, fit Nova, rêveuse.
- Une belle arme ? Minuit.
- Oui ?
- Tu as pris le contrôle de mon corps.
- Hmm hmm.
- Et toi Nova, tu m'as distrait.
- Je danse bien, n'est-ce pas ?
- Vous auriez pu au moins ne pas me couper la vue !
- Et voir ton ami essayer de te menacer ? Demanda Minuit, non sûrement pas. T'es déjà assez secouée comme ça, tu n'as pas besoin de plus. J'ai déjà l'impression que ton esprit va se briser d'une seconde à l'autre, alors comprends bien mes précautions."
Larah siffla pour faire comme si elle n'entendait pas les paroles du dragon et se retourna vers le village, où elle avança férocement vers la forge. Jagamore dormait, il avait laissé une note à la chasseuse, sachant qu'elle viendrait. Il l'avait mise au sommet de son échoppe, comme pour la défier de venir la chercher. « Non mais c'est une blague, n'est-ce pas ? » explosa la chasseuse. « Nova, tu t'en occupes ! » Sans se faire prier, l'entité prit le contrôle et se mit à escalader le mur très facilement, elle se balança sur un lampadaire attaché à la forge et atteignit l'enveloppe. Elle vit que le papier était également signé par Tana, qui avait sûrement du le mettre ici pour s'amuser. Elle ouvrit et découvrit la note. Elle s'attendait à un prix exorbitant, mais ce n'était pas le cas du tout. Jagamore expliquait à travers ses lignes que ce n'était qu'un prototype et que l'arme pouvait s'enrayer, c'est pour ça qu'il ne prendrait pas le risque de la faire payer, si quelque chose arrivait, il en serait responsable. Du coup les frais étaient gratuits. Excellent, au moins une bonne nouvelle, pensa la chasseuse. « Cependant l'arme ne sera pas disponible avant... Deux semaines ?! » lut-elle à haute voix. Ce qui lui laissait sous la main... ses deux sabres. Certes ils étaient taillés pour du rang supérieur mais jamais de la vie pour du rang G. Ils pourraient rebondir à chaque coup, ou pire, se briser. « Bon, on va attendre dans ce cas, on n'est pas pressé » fit Nova, un peu déçue de ne pas pouvoir tester l'arme. Il y eut un silence et seulement le bruit du vent. Larah regarda le ciel bleu puis elle repensa à ce qu'elle avait prévu de sa journée. « Je vais passer la journée avec Talf et...
- OK, s'empressa de répondre Minuit, pas d'union pour aujourd'hui !
- Pourquoi ? Demanda innocemment Nova.
- Tu préférais ne pas savoir, lui répondit le dragon.
- Bref, merci de votre compréhension, sourit Larah en repoussant les questions incessantes de Nova. Minuit, tu t'occupes de toi s'il te plait ? J'ai l'impression que ça fait des jours que t'as pas mangé tellement ton estomac me vrille les oreilles.
- Oh ça... sourit-il, j'ai... un peu les crocs en ce moment, mais ne t'en fais pas, je sais quoi faire.
- Bon tant mieux, et dis-moi, j'ai remarqué un truc chez toi récemment. (le dragon se stoppa net, comme s'il avait peur qu'elle n'ait découvert quelque chose) Tu as pris du poids, non ?
- Ah oui, ça, euh, j'ai fait comme tu m'as dit... remise en forme... au cas où.
- J'aimerai bien qu'on retente le vol. Avec Nova ce sera le pied.
- Pas de problème, chérie, quand tu veux.... Quand tu veux. »
Son esprit s'évapora. Larah se retrouva seule dans sa tête. Elle se demandait ce que cachait le dragon, il était vraiment très fort pour fermer ses pensées. C'est d'ailleurs ce qui faisait que l'union s'interrompait plus ou moins de temps en temps... Elle espérait juste qu'il n'y avait rien de grave. Mais que demander de la part d'un Fatalis... Heureusement pour elle, c'était le seul qu'elle connaissait.
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…
Le vent soufflait désespérément le drapeau de la Guilde, rouge, déchiré par l'épreuve qu'il avait vécu.
Un poids si lourd pesait sur son bras. Son dos était bloqué à cause des débris. Ses pieds touchaient bel et bien le sol, et c'était les seuls à posséder ce privilège. Ce qui était sûrement une poutre lui rentrait dans les côtes. Son armure était là pour protéger son abdomen si douloureux.
Une inspiration.
La connexion se fit, comme une corde que l'on tend d'un coup. L'éveil était si brutal. Une terrible douleur parcourait chacun de ses membres, de ses muscles. Le sang coulait, elle le sentait, du coin de sa bouche ou au niveau de son bras. Sa main gauche ne répondait plus. Elle tenta de bouger son index droit, mais une douleur foudroya tout le bras. Elle avait du mal à respirer. Non seulement la poutre lui appuyait sur le ventre, mais en plus l'empêchait de respirer correctement. Elle avait du manquer d'air pendant longtemps car elle avait perdu la vue. Un voile flou se dressait devant ses yeux. Elle entendit un vague son, mais comprit que cela ne venait pas de l'extérieur, mais de sa tête, dans sa tête. Quelque chose l'appelait.
Elle prit une grande inspiration suivie de nombreuses saccadées. La douleur empêchait ses poumons de marcher correctement. Ses yeux se plissèrent à mesure qu'elle essayait d'évaluer les dégâts et surtout, comment se sortir de son piège. Elle tira sur son bras gauche et un son atroce retentit la faisant respirer encore plus vite et souffrir davantage. Sa vue revenait progressivement. La voix dans sa tête retentit encore. Son bras droit venait de bouger nerveusement et elle comprit qu'il n'était pas complètement coincé. Elle tourna légèrement la tête, ne pouvant pas plus à cause de son casque et vit rapidement une énorme barre métallique sur son bras droit, mais rien d'insurmontable, elle pouvait essayer de le glisser hors des débris. Elle se concentra sur son membre plutôt que sa respiration qui pourrait bientôt la faire s'évanouir de nouveau. Quand elle tira de nouveau et comprit qu'il faudrait un grand coup pour sortir sa main. Elle plissa les paupières, inspirant de plus en plus lentement pour ne pas céder à la panique fulgurante qui la parcourait à chaque inspiration. Elle stoppa sa respiration, ferma les lèvres et regarda son bras. Elle ferma alors ses yeux et tira d'un coup sec. La barre métallique résista et cela lui arracha un gémissement. Elle n'abandonna pas et tira une nouvelle fois et dégagea son bras au prix d'un mouvement de l'épaule gauche qui faillit la faire vaciller dans les ténèbres. Elle posa sa main droite contre la poutre qui lui enfonçait les côtes et souffla pour oxygéner son cerveau et voir plus clair.
« Larah... »
La jeune femme sursauta et elle sentit des débris dans son dos tomber. Elle comprit que c'était sûrement sa porte de sortie. Elle inspira profondément et testa ses appuis au sol qui étaient bons. Sa tête ne pouvait pas être redressée plus. Des sanglots s'échappèrent rapidement mais elle les maîtrisa.
« Larah ! »
Cette fois-ci elle entendit clairement la voix cristalline de Nova. Mais tout était sombre dans son esprit et elle ne perçut que les yeux de l'entité, qui semblait sur le point de céder à la panique elle aussi. Les écailles de Minuit ne tardèrent pas à siffler et la jeune femme, sans voix, regarda le dragon s'approcher l'entourer de ses ailes pour prendre le contrôle. Il inspira profondément à travers la chasseuse et plaça sa main droite entre ses côtes et la poutre. Il tira à travers le bras droit de la chasseuse de toutes ses forces et sentit que l'énorme obstacle céder un petit peu et la colonne de Larah se redresser. Dans un nouvel effort, il fit faire à Larah un mouvement de recul qui dégagea et son torse et sa tête, hors des débris. La chasseuse reprit le contrôle total et inspira si fort que ses poumons se gonflèrent complètement. La cage thoracique encore affaiblie lui rappela l'état de ses côtes. Elle voulait se lever mais son bras gauche était encore coincé et quand elle fit un mouvement sur le côté pour le tirer, un bruit déchirant retentit et la fit tomber en arrière. Elle perdit de nouveau la vue. Nova fit son possible pour la maintenir consciente et ce fut une véritable labeur tellement la douleur était puissante. Larah se tourna vers son bras en hoquetant. Sa main tremblante balaya quelques débris qui lui tombèrent aux pieds. Elle inspira profondément et grâce à la force de Minuit, poussa le rocher qui la gardait prisonnier. Elle tira avec violence son bras avant que le rocher ne retombe. Un hurlement accompagna le geste. La jeune femme voulut s'aider de ses deux bras pour se relever mais elle comprit rapidement que le bras gauche ne répondait pas.
Elle toucha le bout de sa main gauche avec la droite sans regarder car son cou aussi l'empêchait de bouger tellement il était douloureux et elle sentit son poing fermé sur une poignée d'arme. Elle fit un effort désagréable pour regarder et elle vit son bras, pendant dans le vide, la main refermée sur un sabre brisé à un tiers de la lame. Rapidement, elle comprit où était l'autre moitié... Elle tata son épaule de sa main et horrifiée, elle sentit le bout de métal qui avait traversé l'armure...
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Pire.
Il avait traversé l'os.
Nova comprit que c'est ce qui empêchait le bras de répondre. Larah mit la main dessus. Minuit se précipita sur elle pour lui dire de ne pas le faire. La chasseuse se prépara mentalement, pleurant en prévision de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Elle referma ses doigts sur le morceau de métal et en inspirant, elle tira dessus mais il resta coincé, du sang gicla alors que la lame s'était décollée de la chair. Mais l'os restait impassible. Elle inspira profondément...et tira d'un coup sec.
Le hurlement retentit jusqu'aux montagnes de Tenmura.
Le bout de métal se tenait dans sa main qui tremblait comme une brindille, dégoulinant de sang frais ou brillant du sang séché. Elle le lâcha et il rebondit au sol en cliquetant. Ses larmes coulaient sur ses joues tâchées de sang, son souffle frémissait à chaque inspiration d'une rapidité incroyable. Mais son bras ne répondait toujours pas. L'armure avait été également enfoncée avec la lame. Mais le pire, c'est qu'elle sentait dans sa chair de petits débris coupant. Et dans l'os... il restait un morceau de la lame, sûrement touchant le nerf, ce qui l'empêchait de bouger. Elle ferma les yeux et prit de grandes inspirations. Elle plongea ses doigts griffus dorés dans sa chair et chercha à tâtons les petits morceaux. Elle en retira certains mais les plus profonds la tiraillaient, et plus elle enfonçait ses doigts dans sa chair, plus elle n'était plus capable de penser, ni de sentir quoi que ce soit. Des bruits de sussions, de sang qui giclait était tout ce qui retentissait dans le silence des ruines. Elle toucha du bout du doigt celui en contact avec le nerf et elle hurla de nouveau tandis qu'une décharge lui traversa tout le corps. Nova arriva à l'empêcher de continuer la terrible boucherie. Son bras gauche, pendant, la main fermée sur une arme brisée était un poids mort désormais. Minuit sentit quelque au bout des doigts et lui souffla qu'il n'était pas perdu.
Elle fit deux pas en avant et tomba à genoux, utilisant son bras droit pour ne pas tomber plus bas, elle se redressa et mit la main à ses côtes, l'armure n'avait pas été enfoncée, elle avait joué son rôle et absorbé les chocs... mais de quoi ? Larah n'avait aucun souvenir de ce qu'il s'était passé. Alors que son sang gouttait du bas de son casque, elle vit que le sol était recouvert d'une poussière blanche qui lui fit penser à la couleur de la neige, quand elle était sale. Elle posa sa main gantelet dessus et rapprocha ses doigts de sa paume. Tous ses mouvements étaient si lents... ça lui prit une éternité de soulever la main vers elle et de l'ouvrir. Des cendres s'échappèrent avec le vent et se reposèrent plus loin, se mélangeant avec les autres. Le sol était couvert de cendre. Partout. Un voile gris recouvrait chaque chose, plante, débris... corps... Larah ne tiltait pas. Elle tâcha de se remettre debout et regarda autour d'elle. Des ruines. Seulement des ruines. A quelques mètres d'elle, il y avait une tour de bois écrasée au sol. En temps normal, elle l'aurait reconnu, la tour d'observation des wyverns, mais tout était si flou dans sa tête. « Par les esprits... » souffla Nova qui reconnut la Guilde, ravagée, comme si quelque chose s'était couché dessus et l'avait écrasé. La chasseuse était muette, et dans sa tête, et dans le monde physique. Elle n'entendait que Nova et Minuit qui grognait d'inquiétude, de surprise, de peur... Elle marcha vers le drapeau qui flottait encore dans les airs. Elle le regarda mais rien ne la marqua. Elle suivit la barre de métal des yeux et regarda par terre. Des traces de sang. Reculant pour voir où elle menait, un fragment de sa mémoire lui revint, comme un coup en plein visage. Un flash. Une explosion. C'était tout. Ce mal de crâne nouveau la fit se plaindre en gémissant. La chasseuse tourna la tête vers un cratère à une dizaine de mètres d'elle.
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Le cor de chasse avait sonné. C'était le cor d'alerte général. Tous les villageois se mirent à paniquer. Le ciel s'était obscurci soudainement. Larah avait accouru à sa fenêtre et elle avait vu au pied de sa porte un des gardes de la Guilde lui hurler de se mettre en armure. Prise de panique, elle rentra dans sa chambre, Talf sur le lit, affichant un visage de panique également. Il lui lança ses habits et tous deux bondirent, le lancier se précipita chez lui pour son armure, la jeune femme s'élança sur son garde-armure. Elle l'enfila vitesse grand V et regarda au dernier moment le casque, mais un hurlement dehors la fit partir sans. Ses sabres dans leur fourreau, elle sauta par-dessus la barrière de sa maison et accourut à la première baliste de la muraille la plus proche. Là, un garde était déjà en train de viser le ciel. Larah attrapa des jumelles et regarda dans la même direction. Le ciel était devenu rouge sang, d'épais nuages faisaient gronder un tonnerre anormal. Elle ne voyait rien. Puis c'est là que tout commença. Un hurlement lointain qui les balaya telle une onde de choc souleva les tuiles des maisons. Le rugissement qui avait fait trembler les dieux il y a des millénaires.
« L'Alatréon » souffla-t-elle. « Gardez vos positions, préparez-vous à tirer ! » ordonna-t-elle aux gardes déjà tétanisés. « Vous en bas, faîtes évacuer la population, allez ! » Elle sauta en bas et accourut à la porte principale qu'ils étaient en train de fermer. Mais ce n'était pas ça le plus important ! Il volait. Ils étaient en train de piéger les habitants ! Elle leur fit signe d'arrêter mais ils ne l'écoutèrent pas. Puis Hémildam leur hurla de lâcher les portes et de les ouvrir en grand. Ils hésitèrent, puis s'exécutèrent. Hémildam avait étudié les défenses de Tenmura pendant son temps libre. Il regarda sa fille dans les yeux et elle hocha la tête. « Occupe-toi des défenses. Je l'intercepterai s'il pose le pied à terre. » Son père hocha la tête et cria de nouveaux ordres. Où était Drakov ? Amélie, Rupert, Talf ? Où étaient les chasseurs ? Elle se mit à les chercher en criant leur nom. Techniquement, son armure dorée était absolument visible, même malgré la panique général. Les gens essayaient de sauver leurs biens. Elle comprit que c'était une perte de temps. Elle bondit sur un piédestal et leur hurla d'abandonner tout, d'aider les plus faibles et de s'échapper à tout prix. La chasseuse avait gardé ses jumelles, le ciel était en proie à un cataclysme sans précédent, mais il ne fallait pas qu'elle perde sa proie des yeux... Ou plutôt... Leur prédateur.
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Larah se tourna vers la Guilde en ruine. Comment tout cela avait pu être détruit si vite ? Sa mémoire ne revenait pas. Le vent souleva des cendres qui lui passèrent entre les pieds. Elle vit à une poignée de mètres un corps, étalé au sol, la peau complètement brûlée, la personne était méconnaissable, mais sa bouche était bloquée dans un cri terrible. L'odeur du corps lui vint rapidement et elle s'empêcha de vomir. De un car elle pourrait s'étouffer dans son propre masque, de deux, elle n'avait pas envie de voir sa gorge se remplir de bile brûlante car elle sentait que son estomac était vide... peut être l'avait-elle déjà vidé... pendant l'attaque.
Talf était là, il avait repéré la chasseuse de loin et avait pris ses armes et son énorme bouclier. Ils se regardèrent pendant quelques secondes sans échanger de mots. La peur de l'avant combat était là, présente, tapis au plus profond d'eux. La foudre déchira le ciel. Minuit l'avait prévenu. Dans les airs, l'Alatréon maitrisait la foudre et la glace. Mais elle marqua un temps d'arrêt en regardant l'espèce de cyclone se former autour de l'astre solaire. Un anneau noir de nuage l'entourait et tournoyait, emportant avec lui les autres dans une marée rouge sang. La foudre parcourait l'ensemble, si bien, qu'en tout point, on pouvait voir des éclairs. Le vent se mit à souffler extrêmement fort, soulevant poussière et drapeaux. Larah regarda le cyclone se former. Elle se tourna ensuite vers Talf qui ne comprenait pas. La jeune femme regarda de nouveau puis se tourna vers son compagnon, le visage marqué par la peur : « Ce sont les Fatalis qui produisent de tels phénomènes. » Le lancier n'avait jamais vu l’œuvre des Fatalis. Mais ils savaient que sa compagne si, deux fois. Il tenta de se rassurer, mais peut être que c'était encore pire : « C'est un Alatréon, on ne sait rien d'eux, peut être qu'ils font la même chose que les Fatalis... » Ce qui signifiait qu'ils étaient aussi puissant qu'eux... voire pire car s'ils pouvaient faire que le ciel s'effondre en plus de leur terrifiant pouvoir... Alors il n'y avait plus d'espoir et tous deux le savaient. Larah repéra AlGieba dans la foule. Elle l'appela et celui-ci portait sur son dos un énorme paquet. « Je vais sauver l'arme » expliqua-t-il. « Et mener les gens en sécurité... Vers le port. » Larah sauta de son piédestal et lui cria : « Sûrement pas ! Vous serez trop facile à viser. Fuyez par l'Ouest en direction des montagnes et cachez vous dans les grottes. » Elle lui donna son couteau de dépeçage, leurs mains restèrent en contact pendant quelques secondes où ils ne se lâchèrent pas des yeux. AlGieba était terrifié. Qui allait se dresser devant le dragon élémentaire ? Le pire cauchemar de leur civilisation ? C'était eux. Ses lèvres tremblaient. Les yeux de Larah ne mentaient pas non plus, elle savait qu'ils ne feraient que gagner du temps. Il la prit dans ses bras et lui souffla « Sois prudente. » Mais elle savait que ce ne serait pas possible. Lui aussi.
Talf se retourna quand une main se posa sur son épaule, Neilla le fit pivoter et lui fit un signe de la tête. Il regarda ensuite sa compagne qui elle ne quittait pas des yeux le wyverien qui faisait signe aux gens de le suivre. Le lancier agrippa le bras de la chasseuse pour capter son attention et il lui dit rapidement sans qu'elle ne comprenne bien : « Neilla et moi avons vous une brèche dans la défense » mentit-il. « On va la combler. Fais attention à toi. Je serai à la baliste. » Il voulut partir mais elle ne le lâcha pas « Reste avec moi. J'ai peur. » Il la regarda dans les yeux, voyant vraiment la terreur qui n'avait pas l'habitude de se refléter dans l'oeil bleu. Il s'humecta les lèvres et réfléchit. Neilla n'arriverait jamais à quitter la ville sans lui. Pas depuis qu'on la surveillait. Il lui avait promis comme ultime aide de trouver Sakura et il s'avérait que justement, elle était sur les routes, non loin de Tenmura. Est-ce que l'attaque du dragon était une coïncidence ? Il ne savait pas. Il savait que Larah et Drakov, possédant de nouveaux pouvoirs tous deux, pouvaient bien tenir tête à l'Alatréon... Au moins une dizaine de minutes. Et Talf reviendrait en renfort avec un Laft plus déterminé que jamais. Il souffla. Puis il sauta au visage de Larah pour l'embrasser, lui serrant les joues de ses mains protectrices. « Je te promets que je reviens. J'en ai pas pour longtemps. On va le faire atterrir. Tu sais que je suis doué à la baliste. Tiens toi prête et surtout, fais fuir le plus de monde. » Elle lui caressa la main en hochant la tête et se tourna vers la Guilde. Maze l'attendait sûrement.
Pourquoi était-elle la seule qui se tenait au milieu de ces ruines ? Où étaient passés tous les gens ? Elle poussa du bout du pied un morceau de bois et sentit immédiatement une douleur dans sa jambe. Voilà quelque chose de nouveau. Elle laissa échapper un gémissement bruyant. Elle tomba par terre et regarda son tibia droit. La panique la reprit quand elle vit que l'armure avait été ratatiné par ce qui était des crocs ou des griffes... laissant à l'air libre l'os dépourvu de chair. L'entaille faisait bien dix centimètres mais la simple vue de la couleur ocre sous les traces de sang lui fit tourner de l’œil. Elle se reprit et attrapa un des drapeaux par terre et sans regarder ce qu'il cachait, elle entoura sa jambe et sentant le tissu se frotter à l'os, elle souffla de plus en plus vite et fort. Sa main tremblante n'arrivait pas à faire un nœud. Elle ferma les yeux et tira fort sur le tissu la faisant crier de nouveau. Elle prit le bout du tissa et le coinça dans l'armure ouverte. Les mailles du tissus se coincèrent dans le métal arraché. Larah resta là quelques dizaines de secondes, à reprendre son souffle et arrêter ses sanglots, elle utilisa son bras coincé comme pivot et se mit en face de la Guilde. Elle vit alors le bras d'une des quêtatrices dépasser de là où elle avait prit le drapeau. Un nouveau flash lui revint.
https://www.youtube.com/watch?v=NFrcmJQencc
« Maze ! » hurla-t-elle. Un rugissement suivit immédiatement et un éclair monstrueux s'abattit sur l'une des tours de défense, la réduisant en cendre et faisant s'abattre les débris sur les voies de sortie. La panique fut encore pire. « Larah ! Où est votre casque ? » Rugit Maze au-dessus des cris et du bruit. « Pas le temps pour ça », répondit-elle. « Il faut faire fuir les gens. » Le chef de la Guilde hocha la tête et lui fit signe de le suivre à l'intérieur de la Guilde. Là, c'était la panique. Les gens couraient dans tous les sens avec des parchemins, envoyant des faucons dans toutes les directions pour appeler de l'aide, cherchant un moyen de tuer un monstre millénaire... et ceux qui prenaient le nécessaire pour fuir. Les chasseurs menaient de petits groupes. Quand Larah passa le pas de la porte, plusieurs se précipitèrent sur elle en lui implorant de les escorter, elle les repoussa du bras et suivit Maze dans ses appartements.
- Ça devait arriver un jour, fit-il en sortant une arme de son coffre, il regarda la lame et se retourna vers le chasseuse. Où est votre épée ?
- En réparation, malheureusement.
- Vos sabres là...
- Ils ne feront pas l'affaire. Mais je vous jure que je me battrais jusqu'à mon dernier souffle.
- Alors prouvez-le.
Il attrapa autre chose dans son coffre et le jeta à Larah. Elle regarda rapidement ce que c'était et d'un mouvement sec vers l'avant, déplia un arc magnifique, à quatre cordes, fabriqué avec de fines cornes grises, qui auraient pu être celle d'une diablos noire, mais elle n'était pas formelle là-dessus et honnêtement ce n'était pas le moment. Il attrapa le carquois et lui passa sur l'épaule. Il y avait des flèches noires, incroyablement solides, dentelées pour certaines, de véritables lances pour les autres. « J'espère pour vous que vous savez vous en servir. Faîtes atterrir cette bête et empêchez-la de brûler les bâtiments. Il faut que le plus d'habitants s'en aillent. Vous en dernier. » Il lui parlait vraiment mal, elle ignorait si c'était parce qu'ils avaient eu des différents, parce qu'il la considérait comme un être dangereux ou seulement parce qu'il était de son devoir de la remuer pour ne pas qu'elle cède à la panique elle-aussi. « Où est l'Apex ? On va avoir besoin de gros bras si vous échouez. » La chasseuse passa l'arc sur son épaule, rangea mieux le carquois dans le bas de son dos et d'un coup de pied terrible, elle ouvrit la fenêtre du bureau de Maze. Il la regarda, légèrement surpris. « Fermez mieux la prochaine fois. » Répondit-elle avant de passer par la fenêtre et sauter sur le toit en face. Il se précipita alors à la vitre et la regarda courir sur le toit.
Il fallait absolument bien se placer. Sans être trop visible, mais trop loin pour tirer. La chasseuse avait tiré à l'arc à ses dix ans. Très peu utilisé depuis, elle allait devoir se débrouiller avec une arme qu'elle soupçonnait interdite conventionnellement. Elle tâta les cordes des doigts et se demander sérieusement comment elle allait pouvoir décocher une flèche. Ce n'était pas un arc qu'elle possédait, c'était une véritable baliste. Elle se positionna en posant un genou à terre et prit une flèche. L'Alatréon avait disparu dans les nuages, elle se concentra sur le ciel, essayant d'éviter les cris, les bruits incessants, la panique générale... Comme elle ne vit rien, Larah regarda autour d'elle et d'où elle était, elle voyait la plupart du village. Elle vit les sentinelles qui se tenaient près à tirer à chaque baliste. Il y en avait 15 en tout, pour tout le village. Ils possédaient aussi 6 canons... et c'était tout. Personne n'aurait pensé qu'un jour, un Alatréon attaquerait le village. En s'humectant les lèvres, elle chercha des yeux Talf et Neilla. Mais ils n'étaient pas là.
Neilla regarda derrière elle quand elle entendit le second rugissement. Talf se braqua et se retourna vers le village qui était déjà à des centaines de mètres. Il repensa à Larah et se mit à ralentir. L'archère s'arrêta et lui posa la main sur le torse, il se retourna immédiatement vers elle et la regarda dans les yeux. « Ecoute. Faut que t'ailles les aider, tu peux pas les laisser comme ça. Je m'en moque de ta promesse. Ils vont mourir sans toi... sans ton bouclier pour les protéger. Je vais m'en sortir. Je vais la retrouver. Et quand tout sera fini, je reviendrai. » Talf s'humecta les lèvres et souffla profondément. Il posa ses yeux sur le bras de la femme et continua de descendre jusqu'à la dague noire, cachée dans son fourreau, qui attendait seulement de servir à tuer. Il la prit dans ses bras et lui demanda d'être prudente. Elle hocha la tête et lui posa un baiser sur la joue. Neilla avait les larmes aux yeux. Ils allaient affronter un dragon ancien légendaire... elle ne savait même pas si elle les reverrait vivants.. mais elle savait que sa place n'était pas là. Ses armes ne suffiraient pas à attaquer ne serait-ce que les plus faibles écailles du monstre et elle n'aurait jamais le courage de s'élancer au corps à corps à la dague. « On se reverra, n'est-ce pas ? » Talf avala sa salive et arriva à grimacer un pauvre sourire. Elle se mordit les lèvres et le prit dans ses bras. « Je vous en prie... ne mourez pas. J'ai encore des chasses à faire avec vous... » Il hocha la tête, les larmes aux yeux. Puis un coup de tonnerre détruisit une partie de la muraille. Les cris se firent entendre de là où ils étaient. « Bats-toi pour elle. » C'était les derniers mots qu'il entendit avant de se précipiter vers le village.
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Mordecaï se montra enfin, dans toute sa splendeur. Ses écailles brillaient sauvagement et des traits oranges parcouraient son corps. Comme il était dans les airs, ses écailles avaient plutôt une teinte bleues, mais il restait très lumineux, comme s'il sortait tout droit d'un volcan. Il passait de nuages en nuages, jouant avec le temps instable. Il piqua enfin en direction du village en rugissant et dirigea une chaînes d'éclairs sur la porte principale de la ville dans une flambée d'étincelles et de flammes qui s'en libérèrent. Des gens furent ensevelis sous les gravats s'ils n'avaient pas été frappé par la foudre dévastatrice et mortelle. La panique fut encore pire. Larah encocha sa flèche et visa le monstre qui remontait lentement vers le ciel. Il évaluait les défenses humaines. Des tirs de balistes firent échos à sa flèche qui fendit le ciel et seulement ce dernier. Le dragon était bien trop rapide. Il frappa encore en lançant une bourrasque de vent glacé sur une tour. Les gardes qui y étaient postés se mirent à hurler à mesure que le froid leur dévorait la peau. Il faisait réellement une démonstration de force. La chasseuse serra les dents de rage et reprit une flèche. Elle la décocha immédiatement après et le dragon n'eut même pas à l'esquiver. Il fit un vol parabolique vers le centre du village et ravagea une rue entière de sa foudre. « Mettez-le à terre ! » Rugit Maze à une baliste. Larah prit deux flèches cette fois-ci et en prit une ses dents. Elle se concentra de nouveau pour tirer et lâcha la corde quand le monstre passa à une trentaine de mètre d'elle. Elle rata encore, en pestant et en l'insultant. Il remonta vers le ciel et chargea ses perce-ciels en foudre, cela produisit un énorme flash dans le ciel qui fit peur à de nombreux gardes et soldats, mais à la chasseuse. Les flammes dévoraient déjà certaines rues. Elle inspira profondément et changea de tactique. Elle entendit parallèlement un rugissement qui fut sûrement celui de Drakov. Sans y prêter plus attention, elle prit dans sa poche de chasse une bombe de fumée et la jeta à une dizaine de mètres d'elle. L'Alatréon se mit à voler en cercle, revenant petit à petit vers les habitants. Il repérait les grands attroupements et se mit à les viser. Il piqua vers l'un d'eux en rugissant et lâcha de nouveau sa foudre ravageur et alors qu'il remontait sous le cri des gens qu'il venait d'assassiner, il vit la fumée venir du toit de Larah. Il s'y précipita immédiatement, la foudre encore palpitante sur ses cornes. Elle le visait. Il le vit assez rapidement et dériva de quelques mètres avant que la première flèche ne soit décochée et alors qu'il pensait avoir esquivé l'essentiel, il vit deux nouvelles flèches traverser la fumée. Elle avait roulé sur le côté, prenant en passant ses nouveaux projectiles et les avait armés en un clin d'oeil. Les javelots fendirent l'air et la fumée et atteignirent leur cible. Elles ricochèrent. Il passa à quelques mètres de Larah et remonta brutalement, chargeant tout son corps de foudre. La chasseuse n'avait pas bougé, ne croyant pas que ses flèches avaient pu ricocher. Elle regarda les dizaines de morts qui s'étendaient déjà là, sous ses yeux. Elle baissa la tête et reprit de nouvelles flèches en main.
Il l'avait à peine entraperçu dans les nuages quand le cor avait retenti, mais c'était suffisant, largement suffisant pour comprendre. Cerys avait raison, ces saloperies volent vite et sont agiles, et pas qu'un peu.
Drakov sauta littéralement hors de son lit et s'équipa en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, mettant Astrale sur son dos, ainsi que l'arme imbue de poison Xeijin. Un poison était toujours un poison, ça ralentirait au moins l'autre saloperie si elle venait à tomber.
Il surprit Yasmir et Amélie, toutes deux aux aguets. Il leur lança : Prenez le gamin et tirez vous dans la montagne. Mordecai est juste aux portes du village.
Par chance, sa maison était assez reculée dans le village et proche de la sortie vers les montagnes, ce qui rendrait l'évacuation de ses proches plus simple.
Sans qu'un mot de plus ait à être ajouté, Yasmir fusa chercher le fils de feu, son frère et un sac de première nécessité toujours prêt au cas où. Amélie resta là un moment, hésitante, il lui lança : Non. J'ai perdu Alix, je ne te perdrai pas toi, ni aucun d'entre vous, dusse-je stopper ses attaques avec mon corps.
Elle opina simplement et partit aider Yasmir, Ethan et Rupert furent sur le pieds de guerre en quelques instants également, le second nota Astrale, ce que les autres n'avaient pas fait, il ne posa pas de questions, pas en voyant l'autre arme. Il avait suivi les changements chez son ami et savait parfaitement qu'il risquait relativement gros en demandant quoi que ce soit relatif à cette lame bleue.
Ils sortirent en trombe, passant par une petite porte, c'est-à-dire un pan de mur que Drakov démolit dans l'arrière de la maison, afin que leur fuite soit couverte et par les arbres et par les habitations.
Il leur indiqua : Direction nord-nord-ouest, des petites cavernes, enfoncez vous profondément dedans, il ne doit pas vous sentir. Il bazarda son arme modifiée Lao-Shan Lung/Kirin à Rupert : Tu es en charge, je comptes sur toi pour t'occuper de toute menace, ne sortez de là que quand ce sera le silence complet.
Le chasseur opina et ils partirent, non sans une certaine précipitation, vers les montagnes, alors que l'Alatreon avait débuté ses ravages.
Drakov fusa droit vers les lieux du combat, Astrale en main, les pulsations de l'arme semblant littéralement résonner avec la rage qui bouillonnait en lui.
Il poussa un rugissement, féroce, ses yeux luisant férocement dans la brume noir qui exsuda de tout son corps. Il nota Larah et son arc, postée sur un toit environnant : pas avec un petit lance pierre comme celui là qu'elle abattrait un Alatreon, l'arc était certes de bonne qualité, mais quand même, c'était une des premières leçon qu'on apprenait à un chasseur, ne pas chercher à tuer plus gros qu'un Los avec un arc, elle espérait quoi au juste là ?
Il nota soudain les balistes et sourit, peut-être que cette stratégie n'était pas si mauvaise après tout. Il s'élança, avant de tomber sur Maze, furibond « Enfin ! Vous avez pris votre temps ! »
Le regard noir qu'il lui lança calma immédiatement les ardeurs du chef de la Guilde et, pendant ne serai-ce qu'une seconde, Drakov considéra lui passer son arme Xeijin dans le torse, après tout, un cadavre de plus, un cadavre de moins, après le passage d'un Alatreon on en était plus à ça près.
Il se ressaisit, et écouta les dires du chef : « On a besoin de vous sur les murs, il faut le faire tomber !
-Plus facile à dire qu'à faire. Pesta Drakov. Si vous aviez des pointes de baliste en métaux autres que de la Malachite, ça percerait déjà plus son cuir… A condition que ça touche, ce qui est pas gagné non plus.
-Parce que vous êtes un expert en Alatreon maintenant ? Répliqua Maze, du tac au tac. »
Drakov ne répondit pas et réprima une nouvelle pulsion, impliquant une fusion de la tête et du fondement du chef de la guilde.
Maze termina : Prenez une baliste et abattez le.
-Pas réellement besoin d'une baliste dans mon cas, juste de quelques munitions. »
Il ne comprit pas, Drakov empoigna une munition de baliste qui était posée non loin et se mit en position de lancer, le dragon fit un piquet, les balistes sur le mur tirèrent, il lança de concert, une javeline qui partit avec une vitesse quasi similaire à celle des armes de siège, mais qui manqua sa cible. Drakov lança : J'ai peut être besoin d'un peu de pratique, mais je pourrais l'atteindre d'ici deux ou trois jets tout au plus. J'ai juste besoin des munitions.
Maze opina, comprenant de suite qu'il n'avait plus affaire au chasseur déjà monstrueux qu'était le croisé Tigrex, mais à bien pire, un tueur froid et méthodique plutôt.
« Tian ! » Rugit Maze alors que Mordecaï effectuait un nouveau piquet, détruisant un nouveau bâtiment de sa foudre ravageuse. « Vous avez me le mettre à terre, oui ?! » Larah sauta sur un toit adjacent et glissa sur les tuiles avant de se réceptionner sur un balcon, pour être à quelques mètres du Chef de la Guilde. Il lui jeta un javelot de baliste. « Vous dormez ou quoi ? Vous savez combien de personnes sont déjà mortes ? Et combien vont encore mourir ? Bougez vous ! » Elle ravala ses paroles et tenta de contrôler sa colère. Mais Maze en rajouta une couche. « Vous êtes peut être la meilleure chasseuse de ce village. Mais vous êtes la dernière en qui j'ai confiance. » Elle brisa le balcon de bois d'un coup de pied et remonta sur les toits d'un bond félin que le chef fut ravi de voir. « A la bonne heure. » Souffla-t-il.
« - Minuit ! Nova ! A moi !
- Qu'est-ce qu'il se passe ? S'écria Minuit en découvrant le ciel qu'il connaissait bien à travers les yeux de Larah.
- L'Alatréon, siffla Nova en voyant le dragon voler juste au-dessus de Larah qui lui décocha deux flèches d'un coup qui rebondirent sur son armure.
- Putain ! Cracha-t-elle sans s'en empêcher. Ses flèches valent que dalle. (Elle regarda son javelot) Minuit, au galop, allez ! »
Elle se mit à courir vers une tour de guet qui était encore debout mais tremblait terriblement sous les chocs incessants que produisaient l'Alatréon en s'acharnant sur la ville. Nova l'aida à bondir tout en haut et elle passa par la fenêtre d'observation où un garde tétanisait sous son bureau, claquait des dents en pleurant. Elle le souleva et lui ordonna de s'enfuir, il n'attendit même pas de savoir plus de choses, il attrapa son sac et s'élança dehors tandis qu'une vague de chaleur d'une explosion souffla la tour. Larah attrapa une corde et sortit de la tour avant qu'elle ne s'effondre. Elle se jeta sur le toit en face et en roulant, elle se releva. Elle attacha la corde à la javeline et regarda l'Alatréon. « Minuit, appelle-le, allez ! » Il emplit ses poumons et jeta une insulte millénaire dans la langue antique. Mordecaï vira de bord immédiatement et convergea vers sa position. Elle décocha sa flèche sur le toit en face d'elle, c'est à dire la Guilde, juste au dessus de Maze qui regarda la corde se tendre immédiatement. Il se jeta dessus et attacha les chaines de la baliste à cette même corde. Il ordonna à ses hommes d'attraper une extrémité et de se tenir prêts. Elle se mit à courir avec l'autre morceau de la corde et le jeta à d'autres hommes, accompagnés de Drakov, qui avaient compris les intentions de la chasseuse, la saisirent et se mirent en position. Mordecaï vola, la foudre déchainée par ses ailes détruisaient le toit où se tenait Larah qui se mit à courir dans la position perpendiculaire à la corde. Le dragon ouvrit grand ses mâchoires et se prépara à la happer mais elle bondit au sol, à plus de 5 mètres de haut, vers les rues. Elle roula au sol et se tourna immédiatement vers le dragon ancien qui se prit la corde dans en plein torse. La corde se tendit immédiatement et arracha le morceau de mur de la Guilde mais les hommes de Maze tinrent bon comme ils le purent. Suffisamment longtemps pour que l'Alatréon s'empêtre dedans et chute. Il s'écrasa contre un bâtiment et s'enfonça dans les fondations mêmes. Le chef de la Guilde se releva et regarda la chasseuse en contrebas, abasourdie que l'idée ait marché. Il jeta un regard à l'Apex qui s'élança immédiatement dans leur direction.
https://www.youtube.com/watch?v=2CnWAIi80ZE
Le dragon se redressa rapidement, puis il s'ébroua, ça faisait bien quelques millénaires qu'on ne l'avait pas abusé de la sorte, dans un sens, ça l'énervait au plus haut point.
Mordecai se dressa sur ses pattes arrières et poussa un rugissement sauvage et féroce. Puis il s'écrasa sur le sol avec lourdeur, ses écailles virant subitement à une teinte gris cendré, le bleu turquoise disparaissant peu à peu de leur surface. Les humains voulaient se battre au sol ? Soit, ils seraient servis.
Drakov rejoignit Larah, une munition de baliste encore à la main et lui lança : Joli tir.
Elle opina simplement, notant Astrale sur son dos : c'était donc ça cette nouvelle arme ? Attends, l'autre à côté c'était l'arme Xeijin ? Pourquoi il portait ça spécifiquement maintenant ?
Il répondit, ayant vu où son regard portait et devinant ses interrogations : Je prends des précautions. Et ce poison est puissant, rien ne dit qu'il ne fonctionnerai pas sur Mordecai.
Elle opina mais frémit en même temps, soliloquant dans son esprit : Sur les humains en tout cas, elle est outrageusement efficace.
Le dragon se dressa et rugit, un petit groupe chasseurs zélés prit les devants, quatre jeunes gens, peu expérimentés à en juger par leurs armes et armures, qui étaient de milieu de rang inférieur. Drakov leur hurla dessus : Le chargez pas abrutis ! C'est pas parce qu'il vole pas qu'il est pas dangereux !
Ils ne comprirent leur erreur que quand l'immense masse de Mordecai leur arriva droit dessus, imbue d'éclairs noirs bordés de rouge. C'était évident qu'il allait passer en mode sol après y avoir été ramené de force et il le resterait tant qu'il ne pourrait pas redécoller tranquillement. Ce qui voulait dire qu'à partir de maintenant, il allait utiliser le feu et le Dragon, pas la meilleure des nouvelles.
Les quatre chasseurs furent balayés par deux coups de perce-ciel, portés avec une force et une véhémence telle que deux d'entre eux furent découpés net par les cornes tranchantes de l'Alatreon.
Terminant son attaque, Mordecai poussa un rugissement féroce, faisant crépiter des éclairs noir et rouges tout autour de lui.
Drakov ricana : Si tu pense me faire peur mon vieux…
Il arma le jet et tira, le dragon n'attendait pas plus qu'une bravade, il reçut un véritable trait de baliste qui se ficha difficilement dans le cuir de son plastron ventral, l'ayant forcé à se redresser vivement pour éviter de perdre un œil. Mordecai brisa le trait d'un coup de patte et montra les crocs, il n'avait pas aimé qu'on le force ainsi à esquiver une blessure, qui plus est, il se rappelait bien de ces deux humains là, à la tête des autres, qui eux avaient été effrayés par la facilité avec laquelle quatre chasseurs avaient été taillés en pièces.
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Re: Le Village et ses alentours
Drakov lança : Si vous voulez fuir ou vous planquer c'est maintenant, il va se concentrer sur Larah et moi.
Elle opina simplement et tira ses lames, il tira Astrale, se mettant en garde et tentant de refréner le myste noir s'échappant de son corps, il ne fallait pas que Larah soit touchée par ça, ça lui provoquerait un affaiblissement malvenu.
Drakov et Larah s'élancèrent, seuls les quelques vétérans présents suivirent, les autres jeunes chasseurs préférant repartir sur leurs positions, derrière les balistes et canons qui restaient.
Leur combat s'annonçait difficile. Mordecai se reprit rapidement et tira une boule de feu qui leur fusa dessus, ils l'esquivèrent sans difficulté, mais ne prévirent pas l'effet desdites flammes, ne les ayant jamais vues à l’œuvre auapravant, seule Larah eut le temps d'entendre un vague : « Non ! Abrutie esquive plus loin ! » de la part du dragon habitant son corps.
La boule explosa au milieu du groupe, générant une petit tornade de flamme qui ne dura qu'un instant, un instant suffisant pour tous les envoyer rouler. Leurs armures étaient suffisamment costaudes pour tenir une telle attaque, excepté pour ce chasseur, qui portait un set fait de lingots de métaux. La chaleur extrême des flammes le transforma en un braséro ardent de métal chauffé à blanc. Ses hurlements remplirent l'air, mais ils se noyaient dans les cris de la panique…
Drakov, contrairement à Larah, ne lui prêta pas ne serai-ce qu'un dixième de seconde d'attention et fusa droit vers Mordecai, couvrant la distance qui les séparait en quelques instants.
La Calamité noire tenta de l'écraser au sol d'un revers de sa patte imbue de Dragon, mais le chasseur esquiva d'un bond en arrière, le gratifiant d'un revers d'Astrale dans la patte, le sang coula, peu, certes, car le cuir millénaire de l'Alatreon était dur comme du béton, mais ça suffit à remotiver le chasseur, oui, il pouvait s'occuper de ça, seul s'il le fallait, il viendrait à bout de Mordecai.
Le Dragon, lui aussi, nota la blessure, puis l'arme et comprit, les Altarius étaient bien évidemment une des seules espèces capable de le remettre à sa place, normal qu'une arme forgée dans le corps de l'un d'eux soit capable de l'entailler, il faudrait donc qu'il tue cet humain là en priorité… Ou a défaut, qu'il brise son arme.
Il fit un bond en arrière d'un battement d'aile combiné à une pulsion de ses quatre pattes et chargea droit devant en contrant le mouvement d'un autre battement, plus féroce celui-là, de ses ailes. Drakov eut fort à faire pour esquiver une telle attaque et se retrouva plaqué à un mur, le museau de Mordecai à un mètre à peine de lui. Le Dragon ancien le fixa de ses yeux verts froids et tenta de l'écraser dans le mur d'un revers de cornes. Larah intervint, tailladant le cou, plus mou, de l'Alatreon… Elle regretta à cet instant ne pas avoir eu plus puissant, les sabres étaient de bonnes armes, certes, mais pas assez, pas assez pour faire plus que des estafilades dans le cou du monstre là ou sa véritable arme aurait pu potentiellement ouvrir une artère et mettre un terme à ce combat.
Drakov, lui, esquiva l'attaque de Mordecai en sautant, haut, à deux bons mètres du sol au-dessus des perce-ciel, qui défoncèrent le mur sans aucun souci. Il tomba lourdement, Astrale pointée vers le sol, l'arme se ficha dans la peau de la mâchoire de l'Alatreon, pas une blessure gênante en soit, mais elle passa aussi entre deux crocs, ce qui permit aux chasseur d'abuser de sa force monumentale pour faire levier et faire sauter une des dents affreusement pointues du Dragon, qui en mugit de douleur et l'éjecta d'un mouvement brusque de tête. Il revint vers lui d'un coup de perce-ciel, cherchant à le taillader. Il manqua de peu, Drakov roulant sous le corps du dragon pour y trouver un abri provisoire. Étonnement, c'était là une des zones les plus sures quand on affrontait un Alatreon, du moins c'est ce qu'il avait semblé comprendre à Drakov, qui trouvait de plus en plus de points communs entre un Teostra et Mordecai.
Larah fit un bond en arrière, entendant l'air siffler au passage des deux massifs perce-ciel. Mordecai la fixait, il était évident que sa prochaine cible, c'était elle et elle comprenait, en affrontant le regard écrasant du Dragon, pourquoi Minuit l'avait autant mise en garde… Cette créature, elle était au moins aussi pernicieuse et dangereuse qu'un Fatalis… Il fallait absolument qu'elle la stoppe, pour le bien du village tout entier…
Larah regarda autour d'elle avec lenteur. Elle n'avait pas remarqué que le sol était complètement calciné. Elle marcha droit vers un des derniers murs qui tenaient encore debout et tomba presque dessus à cause de sa jambe. Son casque cogna contre la pierre dans un bruit métallique, mais c'était tout. Elle utilisa son bras valide pour se décoller de la surface et passa la main sur l'énorme marque noire qui souillait la pierre blanche. Comment la construction avait survécu à une attaque venant d'un Alatréon ? La chasseuse n'avait aucune réponse. Mais elle se souvenait juste du combat qui avait été d'une difficulté incroyable. Jamais elle n'avait du mettre son potentiel de guerrier plus en avant que ce jour-là. Jamais elle ne souhaitait que cela se reproduise et pourtant...
https://www.youtube.com/watch?v=KldXwy9Y2P0
L'Alatréon cracha une gerbe de flamme qui se mit à tournoyer et disparaître dans le vent. Il rugit quand il vit qu'il n'avait touché personne, il rugit davantage quand il reçut un tir de baliste dans le flanc, venant d'une des tours, très probablement celle dans laquelle Synn était posté d'après les brefs souvenirs du meeting de Larah. Il fit un cercle avec ses cornes et en grognant, il forma un pic de glace gigantesque autour de la baliste et le lâcha sur les gens en-dessous. Ils n'eurent même pas le temps de crier. « Les perce-ciel ! » Rugit Minuit. « Il faut absolument qu'ils tombent ! Ses pouvoirs... » Pas la peine de finir, la chasseuse avait déjà compris. Elle plongea devant elle avec ses lames qui rencontrèrent rapidement le cuir très résistant. Des étincelles brillaient à chaque coup, consciente que ses lames étaient censées rebondir, elle continua de frapper. Il fallait qu'elle passe en archidémon au plus vite pour pouvoir renforcer ses lames. L'archidémon était une technique très poussée qui permettait de renforcer encore plus la démonisation des lames en envoyant des pulsations d'énergie dans les épées. En quelques sortes, les Lames étaient la version supérieure de l'archidémon, mais elles avaient un prix bien plus élevé. La démonisation était accessible à tous, mais certains prétendaient que cela affectait le corps... en outre, ils avaient raison, cela vidait véritablement l'énergie de l'utilisateur... C'est pour cela que la plupart utilisait des mégas-jus pour se tenir en forme. Larah passait au-dessus de ça par expérience. Elle tenait plus que la moyenne grâce à l'utilisation des Lames, mais malheureusement, elle n'arrivait pas à y accéder, elle ignorait pourquoi et pour le moment, elle ne se concentra pas dessus.
Le dragon se retourna en claquant des dents pour la cueillir mais elle l'esquiva, laissant une fenêtre à Drakov qui lui lança une javeline dans la nuque qui ne traversa pas la peau, mais endommagea les écailles à la surface. L'Alatréon rugit et lui cracha une sphère de feu fulgurante. Larah ne crut pas à ce qu'elle vit : Drakov poussa un des chasseurs pour éviter le feu, laissant ce dernier à une mort certaine. L'Apex roula sur le côté et tira son arme avant de foncer vers son adversaire, tous deux rugissant. La chasseuse les regarda se battre et se tourna vers le cadavre de plus. Elle vit l'un des canons que personne n'utilisait et comprit immédiatement que certains avaient pris la fuite. Elle fit une rapide estimation des gens restant et il se trouva qu'ils n'étaient plus qu'une petite quinzaine. Dont une dizaine aux balistes. D'un geste de la main, elle montra le canon mais la plupart restèrent à leur poste, comprenant que ce canon était bien trop exposé. Minuit pesta contre eux mais au moment où Larah se dirigea vers le dragon, elle entendit un « Je m'en occupe ! » Mais elle aurait autant préféré ne pas avoir insisté... Hémildam sauta au-dessus d'une muraille et se jeta sur l'arme. Il se tourna et tenta de traîner une caisse remplie de boulet mais évidemment, il échoua. Minuit à travers Larah utilisa son bras droit pour tirer et tous deux, ils réussirent à la mener jusqu'aux pieds du canon.
- Ne te sens pas obligé de faire ça, lui dit-elle très clairement quand il chargea un boulet.
- Pas question que ma fille se batte seule. Je ne fuirai pas, pas cette fois.
- Papa, c'est au-dessus de nous ce qu'il se passe. Promets-moi que tu vas t'enfuir si cela devient trop dangereux et surtout...
- Non, pas deux fois, la dernière fois que je t'ai abandonné pour morte, j'ai... je ne le referai pas.
Larah regarda le regard déterminé de son père et baissa les yeux. Ce qui signifiait que soit ils repoussaient le dragon, car il lui paraissait impossible de le tuer, soit son père et des centaines d'autres personnes mourraient. Un vent violent souffla dans ses cheveux alors que le canon tira. Le son n'avait plus d'importance alors qu'elle se rendait compte de l'importance de ses actions. Le temps de cette réflexion aurait pu lui être fatale mais le son revint et elle entendit juste au-dessus d'elle un crissement familier. Un réflexe surhumain la fit pousser son père de son bras droit bien plus puissant que l'autre mais pas assez rapide pour éviter elle-même le pic de glace qui se formait au-dessus d'elle, l'espace d'un instant, elle vit sa mort arriver quand Talf la plaqua à son tour au sol, d'un coup qui lui coupa le souffle. La glace s'écrasa contre le sol, le lancier se redressa et regarda sa compagne qui bataillait pour respirer. Il lui avait vraiment fait un placage d'urgence, il n'avait pas eu le choix. Il lui mit la main au visage en s'excusant mais elle se redressa à son tour et lui pardonna immédiatement, elle l'avait échappé belle et son père aussi qui se releva en secouant la tête, il n'arrivait pas à réaliser que c'était l'extension seule du bras de Larah qui l'avait projeter aussi loin. Il jeta un coup d’œil au canon complètement réduit en cendre et il frappa du poing contre le sol.
https://www.youtube.com/watch?v=l99uLeEVqp8
Talf saisit son bouclier et la taille de Larah qu'il plaqua contre lui et la protégea de son bouclier avant qu'une boule de feu n'explose à quelques décimètres d'eux. Il aspira la plupart du choc et son armure s'occupa de la chaleur, de même pour sa compagne. Hémildam ne ressentit pas non plus le souffle grâce à son armure en rathalos. Il se releva pour aider les jeunes chasseurs à se redresser avant que Mordecaï ne leur tombe dessus en rugissant. Talf poussa Larah au sol et prépara son bouclier pour le choc. Il anticipa le coup et utilisa ses deux mains pour se protéger. Le corps du dragon martela avec violence son énorme rempart et il tâcha de ne pas tomber, aidait par Hémildam dans le dos, ils tinrent bon et arrivèrent à laisser passer le monstre sur le côté, sans qu'ils aient subis de dégâts. Larah secoua la tête et se mit la main au visage, deux fois sauvées, c'était trop. Elle reprit ses armes et se redressa, elle vit la queue de l'Alatréon fusait vers elle mais elle l'esquiva d'un mouvement sur le côté et tenta de l'entailler, puis elle évita le coup de patte et enfin le corps du dragon. Elle souffla après l'effort et se lança à l'assaut du cuir. Mordecaï se dégagea presque instantanément d'un bond en avant et rugit en direction du nouvel arrivant. Talf sentit que c'était après lui qu'on en avait et s'éloigna en reculant. Il sauta au sol pour éviter la charge chargé de l'élément dragon et se releva, lance en main, avec lequel il piqua les flancs du dragon avant de faire un pas de côté pour se mettre à l'abri et continuer de frapper. Larah bondit également sur le monstre, armes démonisées et frappa en tournoyant. Elle vit ses lames s'entourer d'une aura violette dans un flash rouge et sourit, l'archidémon était passé. Drakov rugit si fort qu'on aurait pu croire qu'un Tigrex s'invitait également à la fête et il trancha dans les ailes de Mordecaï qui souffla violemment et prit son envol en tournoyant, ses écailles passant en bleu. Il rugit et fit tomber de la foudre au milieu des chasseurs qui se séparèrent, il piqua ensuite et vola en rase-motte, déchirant de ses pattes ce qui se trouvaient en-dessous. Talf vit qu'il décrivait un arc de cercle et il se mit à courir vers une charrette renversée. Larah le regarda faire en stressant, il prenait de gros risques... Il dégaina son arme en courant et fonça tête baissée vers le tremplin... Hémildam esquiva le dragon et vit ensuite voler dans les airs également le lancier... Il n'en croyait pas ses yeux, comme la plupart des autres. Talf renversa l'Alatréon avec fracas et bondit sur son dos. Drakov allait se jeter sur Mordecaï mais celui-ci se releva en feulant et se débattit en l'air.
A la suite de quelques secondes de combat, le dragon plongea vers le sol pour se débarrasser du lancier et tous d'eux s'écrasèrent au sol. L'Alatréon secoua le museau en grognant alors que la terre s'était incrustée dans ses narines et entre ses dents et Talf roula sur le côté, sonné. Larah accourut à lui et le fit se relever. Laft prit la relève et la repoussa, lance en main. Il avait comprit que frapper avec ses gants seraient inutiles. Il chargea le dragon ancien sans attendre et se fit repousser comme Drakov quand le monstre balaya l'air de sa queue. Hémildam s'élança, sa lame barbaroi frottant le sol dans une avalanche d'étincelles qu'il abattit contre le torse du dragon et rebondit immédiatement. Il ne perdit pas espoir et réessaya mais ce fut un nouvel échec. Il crispa les mâchoires et para le coup de pattes que lui donna Mordecaï. « Va-t-en l'ancien, je n'ai pas besoin d'un cure dent pour le moment. » maugréa-t-il.
Mordecai souffla et chargea de nouveau, se couvrant des éclairs noirs bordés de rouge caractéristiques de sa charge. Les vétérans bondirent en arrière, dans le groupe, Muria, qui l'avait gratifié de plusieurs coups de fouet, manqua de se faire dessus mais par dessus tout, l'un d'eux, un peu plus lent, fut balayé par les pattes puissantes du monstre, qui était un véritable bulldozer. Le chasseur se redressa péniblement, grimaçant de douleur et une peur toujours gravée dans son visage.
Mordecai se retourna vers le groupe, il avait certes perdu de vue le porteur d'Astrale, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'il ne devait pas composer avec cette petite peste qui copinait avec Minuit.
Il eut sa petite idée sur la méthode à aborder et décolla subitement, les reflets sur ses écailles virant au bleu. Il poussa un rugissement féroce et des éclairs bombardèrent la zone, il n'était pas bien haut, tout au plus perché à deux mètres du sol, faisant du sur place. Les chasseurs esquivèrent comme ils purent, ceux ayant déjà eu affaire à des Kirin en tirèrent un avantage certain, cette attaque se comportant de la même façon. Le Dragon ancien enchaîna ensuite en exhalant un froid digne du véritable Cocyte face à lui, cristallisant des stalactites de glace imposantes en l'air.
Les chasseurs qui comprirent en blêmirent, le dragon cessa son souffle et les stalactites tombèrent, il ne visait personne en particulier, il cherchait juste à les annihiler tous, en une attaque pure et dure.
Mordecai poussa un rugissement triomphant, voyant un, puis deux chasseurs se faire broyer littéralement par les blocs de glace qu'il faisait choir sur eux.
https://www.youtube.com/watch?v=TmccPPaRb3w
Le Dragon allait repartir d'un battement d'ailes quand une myriade de pointes de givre et de gravats le bombarda, le forçant à se poser au sol et repasser en mode sol, pour lâcher une véritable tempête de flammes et de dragon autour de lui.
Il se redressa de toute sa splendeur. Il ne craignait pas les chasseurs, il leur faudrait un petit moment pour sortir de l'océan de glace qu'il leur avait fait tomber dessus. Il vit les deux personnes, fichées sur un toit, qui lui avaient tenu tête et ricana :
« Oh, donc l'erreur de la nature et le petit lézard magnétique vont tenter quelque chose ? Je pensais que vous fuiriez à mon approche.
-On ne te laissera pas détruire et empiéter sur notre territoire Mordecai ! Ton temps est révolu ! Pesta Tana.
-Votre territoire ? Ricana Mordecai. Une terre ou les humains ne vous craignent même pas ? Une terre ou vos propres existences sont en sursis ? Et vous appelez ça VOTRE territoire ? J'étais plus libre dans ma prison que vous ne l'êtes ici. »
Les deux dragons grognèrent au travers de leurs hôtes, il ricana à son tour :
« Oh ? Je vous aurai vexé ? Allez, cessons ces imbécillité et rejoignez-moi, vous auriez pu les prévenir au bas mot une heure avant que j'arrive et vous ne l'avez pas fait, en soit c'est un aveu, non ?
-Jamais ! Va te faire mettre ! Rugit Keil, ne commentant cependant pas la seconde partie du discours de Mordecai. »
Ce dernier soupira longuement, exhalant quelques flammes au passage, il paraissait un peu déçu, ce qui était étrange. Il leur lança :
« Si vous préférez prendre part avec les humains sachez que vous le regretterez, amèrement, je peux passer outre l'impolitesse dont vous et Minuit faites preuve en me menaçant au travers de vos hôtes, mais prendre part pour les cafards rampants qu'ils sont, ça jamais. »
Il était clairement menaçant sur la fin de sa phrase, la glace dans laquelle il avait empêtré les vétérans fondit en un instant, sous l'influence de Keil. Qui lui lança un regard noir. Mordecai inspira un grand coup, prêt à leur faire regretter leur impertinence d'une boule de feu bien placée, mais Drakov sauta de la fenêtre du bâtiment sur lequel les deux dragons se tenaient, brandissant Astrale qu'il abattit sur le torse du Dragon ancien, bien exposé dans cette position. La lame taillada la cicatrice de Mordecai, laissant échapper un jet de sang épais et pourpre du dragon, qui mugit de douleur. La coupure était relativement profonde, grâce au fait que les écailles soit moins épaisses ici, mais ce n'était pas suffisant pour l'handicaper lourdement. Il dégagea Drakov d'un revers de patte couverte de Dragon, l'envoyant rouler dans la poussière plusieurs mètres plus loin.
L'Apex toussa du sang et avala directement une méga potion, se remettant sur pieds, il avait attendu cette opportunité, pas question de la laisser passer même s'il devait prendre un coup au passage.
Les autres vétérans revinrent à la charge, il suivit, notant Larah au milieu de ces derniers, ses deux sabres à la main.
Mordecai rugit sauvagement, Keil et Tana se mirent aux côtés de Drakov, tous les deux équipés d'armes de glaces faites sur l'instant pas Keil. Tana lança :
« Jolie arme… On ne trouve pas ça très facilement, tu sais ?
-Je sais parfaitement ça, merci. »
Elle nota le côté graveleux de sa voix, ses yeux rouges luisant et le léger miasme noir autour de lui, il semblait qu'il ne soit pas d'humeur à discuter, mais plutôt à trancher du lard d'Alatreon et ça tombait bien, elle aussi…
Hémildam esquiva une sphère de feu explosive et se retourna vers Maze qui tirait à la baliste depuis un moment, mais il courait presque à court de munitions. Un de ses soldats lui apporta son arbalète lourde qu'il déploya près de la baliste, lui permettant un recul et une visée optimal. Il tira à plusieurs reprises des balles explosives sur le dragon qui ne semblait pas le moins du monde gêné par les projectiles. Le chasseur à la retraite se remit en marche et s'avança vers le dragon qui balayait les attaques des autres. Sa combativité et sa férocité était incomparable, l'Alatréon ne semblait jamais se fatiguer et pas à un moment faiblir. Drakov perça la carapace d'une de ses pattes mais le dragon le fit priva de ses actions en lui assénant un coup de flanc monstrueux. Il fut projeté dans des caisses qui ne résistèrent pas à son poids mais amortir son impact. Larah en profita pour l'attaquer sur le côté mais il se retourna et tenta de l'éventrer de ses perce-ciel. Elle les évita mais fut obligée de prendre un coup d'épaule. Elle tomba au sol avec fracas et tenta de se relever en grognant.
Talf darda encore une fois le corps du monstre mais dut se protéger derrière son bouclier pendant une dizaine de secondes qui lui parurent interminables, pendant lequel son ennemi griffait et mordait son rempart. Hémildam sentit le désespoir le submerger alors qu'il tenta de une nouvelle attaque qui rebondit et qui n'attira même pas l'attention du dragon. Tana et Keil bondirent sur le dos du monstre mais celui-ci se redressa en arrière et fit tomber l'homme, qui fut écraser par la queue du dragon, il cracha une gerbe de sang très inquiétante mais s'en sortit avec l'aide de sa compagne qui abandonna le dos du monstre pour le sauver. Elle le souleva et le projeta plus loin, lui évitant de se faire éviscérer vif par les griffes du dragon, cependant, ce dernier lui saisit le bras et la balança plus loin. Il rugit de triomphe et se tourna vers le chasseur qui possédait Astrale qui se relevait à peine. Maze lui tira une balle à fragmentation de niveau 3 qui explosa sur tout son dos. Il tourna légèrement la tête mais pas assez pour le faire changer de cible. Il fit monter le feu à ses babines pour calciner l'Apex qui lui fit face et lui hurla d'envoyer la sauce pour esquiver au dernier moment, mais la lame d'Hémildam tomba sur la queue du monstre et se coinça entre deux carapaces.
Mordecaï se bloqua alors, sentant qu'on pouvait lui tirer bien plus que quelques écailles sur ce coup. Drakov saisit l'occasion et le chargea brutalement en lui donnant un coup monstrueux dans le flanc. Le dragon ancien se cabra de douleur et tomba légèrement sur le côté, Hémildam le suivit malgré lui dans son mouvement, entraîné par la masse. Il tenta de retirer son arme mais il était trop tard, la queue du dragon lui échappa et son arme avec. Il pesta et évita un coup de corne en sautant sur le côté. Il se redressa et regarda autour de lui, Larah s'était jetée sur la queue du monstre quand elle avait vu comment il avait tenté de la protéger. Mordecaï faisait de violents gestes qui martelaient le sol. Hémildam ne vit que trop bien ce qui allait se passer. Le sol trembla et déstabilisa Larah. Elle eut un geste minuscule, imperceptible pour quiconque se tenait à côté, qui montra que son équilibre avait disparu et qu'elle était vulnérable au plus au point. Mais Mordecaï était un Alatréon. Ses yeux perçants n'eurent pas besoin de regarder deux fois la chasseuse. Il arma son souffle de feu et alors que sa gorge s'illumina d'orange, Larah ne put reprendre ses appuis et vit le brasier lui arriver dessus.
Une balle à fragmentation de niveau 3, dont le pouvoir de Tana s'était appliquée en plus, fit cette fois-ci bouger l'énorme masse et lui faire manquer son tir. Le dragon cracha sa boule de feu qui explosa à une dizaine de mètres de là, détruisant un autre poste de baliste et projeta deux hommes à terre. Larah fut balayée au sol par le souffle de la fragmentation et y resta. Hémildam se mit à courir vers sa fille alors que Mordecaï feulait pour se remettre du coup qu'il avait pris dans le cou. Il secoua la chasseuse pour qu'elle se relève mais elle ne bougea pas. Il la fit basculer sur le dos et vit qu'elle ne respirait plus.
Quelle erreur avait-t-elle fait en y repensant. Larah regarda le flanc de son armure qui avait été brisé pour qu'elle puisse respirer de nouveau, pour une fois, ce n'était pas un monstre qui avait brisé son armure mais bien son père. Elle regarda les débris et repensa à la scène. La préparation d'un chasseur était primordiale et jamais auparavant elle n'avait eu de problème avec son armure pendant une chasse à cause d'une erreur quand elle l'avait enfilé. En effet, en y repensant, quand le cor avait retenti, la chasseuse n'avait pas hésité à mettre son armure le plus rapidement possible, serrant bien trop vite sa tassette et sa cotte de maille à son armure, ce qui avait causé une mauvaise capacité de mouvement des plaquettes supérieures et donc une cage thoracique bien trop comprimée. Quand l'explosion la projeta au sol, les plaquettes se bloquèrent et l'empêchèrent de respirer. C'est à ce moment là qu'elle perdit connaissance.
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Hémildam comprit que l'armure était en cause. Il tâta du doigt les côtés et sentit les plaquettes, il tira dessus mais elles ne bougèrent pas. Il prit son couteau de dépeçage et entreprit avec le pommeau de casser l'une des boucles qui retenaient la cotte de maille comprimée. Il frappa plusieurs fois et l'une d'elle céda. Il ne s'arrêta pas là. Il fallait relancer le cœur de la chasseuse. Il savait qu'avec l'armure, il mettrait trop de temps à la retirer et lui appliquer un massage cardiaque directement, il prit alors la décision de frapper directement contre l'armure. Mais évidemment, elle était faîte pour se protéger des coups, aussi, Hémildam s'y connaissait bien en défense et savait que pour éviter que la poitrine féminine ne puissent être compressées, en cas d'urgence, certaines armures étaient dotées d'une pièce qui pouvaient être retirée. Comme l'armure de Larah était une armure hybride entre lourde et légère, il fallait penser à l'éventualité que certaines pièces fassent pression sur d'autres, ainsi, l'armure en Zodiumbra était capable de se débarrasser de certaines pièces massives pour faciliter les mouvements. Il décrocha alors la pièce centrale et retira celle qui protégeait la poitrine. Il ne la jeta pas au loin car il fallait pouvoir la remettre pour le combat. Il commença le massage cardiaque. « Allez Larah ! » cria-t-il. Il s'arrêta un instant le temps de vérifier que l'Alatréon était bien occupé mais celui-ci ne tarderait pas à remarquer dans quelle posture ils étaient et s'attaquerait immédiatement à eux. Il reprit le massage, le souffle entrecoupé par la panique. « Larah me lâche pas maintenant et pas pour ça ! » Il donna un dernier coup et la chasseuse reprit connaissance dans une énorme inspiration sifflante. Elle toussa violemment en se tournant sur le côté. Mordecaï se tourna à ce moment. Maze hurla à Hémildam de dégager mais il remit la pièce d'armure et souleva sa fille en si peu de temps que s'en fut impressionnant. Talf chargea le dragon de nouveau pour le renverser mais n'y parvint pas complètement. Il arriva simplement à monter sur son dos et avec son couteau de dépeçage, il s'attaqua au dos du monstre qui feulait mais chargeait en direction des proies faciles. Tana bondit vers eux et courut vers Hémildam qui était devant lui. Elle prépara son pouvoir pour les repousser au dernier moment. « Il arrive... » souffla Larah à son père qui ne pouvait pas le voir, mais elle si. Le vieux chasseur serra les dents et lui chuchota « Je suis fier de toi. » Son mouvement de jambes lança un message à Tana qui comprit alors qu'il était trop tard pour lui. Il se retourna vers le dragon et une énorme griffe lui passa dessus. Larah hurla en voyant le sang et l'armure voler en éclat. Elle et son père tombèrent alors que le dragon tentait d'arracher l'arme de sa queue mais Drakov le pourchassait et Talf ne cessait de le harceler. Tana arriva trop tard. Elle glissa au sol et se mit à côté de Larah qui tenait le bras de son père et ne le lâchait pas :
- Non ! Papa ! Papa... Je ne pourrais pas...
- Je suis désolé, Larah.
- Je ne vais pas pouvoir... je suis... Je suis trop paniquée, je fais trop d'erreurs...
- Tu ne connais pas le monstre... c'est.. pour ça... Ne t'en veux pas... tu es la meilleure...
- Papa... !
- Après tout... tu es une Tian...
- Non ! Hurla-t-elle alors que la main de son père glissa de son visage jusqu'au sol.
Tana tenta de la soulever pour s'enfuir mais la chasseuse lui résista et regarda son père en pleurant. « Il faut partir, Talf vient de le renverser mais ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne se redresse et t'abatte ! » La chasseuse posa sa tête contre le torse de son père, secouée par des sanglots. Elle serra les dents en respirant fort, prête à venger son père. Les impulsions vengeresse qu'elle envoyait à Minuit réveillèrent en lui une sauvagerie lointaine et il était prêt à en découdre également. Elle se releva en saisissant ses armes mais le dragon se releva et repoussa Talf qui tomba au sol en roulant au même moment. La colère s'atténua immédiatement, mais sûrement pour une courte période. Elle ne voulait pas non plus perdre son petit ami. Elle s'élança vers lui mais le dragon semblait penser à autre chose.
Mordecai rugit une énième fois et décolla du sol, battant furieusement des ailes et faisant tomber la foudre sur toute la zone. Cette fois, il devait impérativement décoller, la bataille ici traînait en longueur et l'autre n'allait pas tarder à débarquer de toute façon, il ne serait réellement en sécurité qu'en l'air.
Il prit de la hauteur mais on lui bondit dessus, avec force. Drakov avait pris plusieurs appuis et bondit sur un toit, puis sur un encore plus haut, celui d'une maison à deux étages. Il prit appui dessus et sauta sur le flanc de Mordecai, lui fichant Astrale dans une des plaies ouvertes lors du combat. Le monstre rugit de douleur et fut déstabilisé, suffisamment pour qu'il perde peu à peu le contrôle sur ses ailes et filer de manière erratique s'écraser dans une partie reculée du village, non sans démolir la maison sur laquelle le chasseur avait prit appui au passage, manquant d'ensevelir les vétérans…
Larah fixa la zone d'impact… Mordecai venait de s'écraser en plein sur la maison de Drakov semblait-il… Elle serra les poings, espérant de toutes ses forces que personne ne soit encore là quand le Dragon s'était écrasé. Les vétérans restant, Larah et les deux possédés échangèrent un regard entendu, ils devaient se hâter là-bas, Drakov ne tiendrait pas seul contre Mordecai, pas plus de quelques minutes en tout cas.
Talf se releva en secouant la tête et regarda la maison. « Merde... Il faut aider Drakov... Quoiqu'il va s'en sortir, je dois m'assurer que les gens du port ne parte pas... Ils seraient une cible bien trop facile. Larah, je suis … désolé pour ton père. » Elle détourna les yeux et mit sa main à ses yeux en soufflant. Le lancier la prit dans ses bras et tâcha de l'encourager à continuer. Il entendit des bruits de gravas et se remit en garde. Il saisit son bouclier et se tourna vers sa compagne : « Prends dix secondes pour souffler et rejoins-moi juste après. » Muria s'avança vers la chasseuse et hocha la tête à Talf. « On reste avec elle. » L'épéiste releva la tête en entendant la voix de la vétéran. Elle se méfiait d'elle, malgré la situation, après tout, elle avait été la première à signer l'opération Requiem, et visiblement, aujourd'hui, Larah était particulièrement capable de perdre les pédales... La chasseuse lorgna Muria du coin de l'oeil mais elle n'avait pas terminé son deuil. Nova apparut, elle avait été secoué et n'avait plus été en phase quand Hémildam était mort. Elle tenta de rassurer la jeune femme mais celle-ci ne répondait pas. L'entité se tourna vers Minuit qui faisait énormément de bruit, tâchant de calmer les pulsions qui le hantaient, il bavait énormément et soufflait très fort. Ses lèvres étaient secouées de spasmes et ses crocs luisaient à intermittence dans le noir. La jeune femme tourna légèrement le regard vers lui et ses yeux brillèrent d'une lueur déterminée. Au diable l'opération Requiem pensa-t-elle.
https://www.youtube.com/watch?v=6IipcFnFDBA
Larah suivit les vétérans de près. Évidemment, Low n'était pas là, il était en mission d'escorte, ce qui allait terriblement affaiblir le quatuor car ils avaient l'habitude de travailler à quatre. De plus, Keil était en pleine possession du corps de son hôte et ne lui laissa pas d'autres choix. Tana déblaya le chemin et laissa aux chasseurs la chance de marcher sans se prendre les pieds dans tout ce qui traînait. D'un coup, la femme s'arrêta, les yeux brillant d'un violet anormal, elle se mit à inhaler avec force l'air quand Keil également devint blanc comme un linge. Muria avança sans se retourner mais Larah s'arrêta, elle leur mit la main à l'épaule et les regarda avec étonnement. Keil serra le bras de sa compagne et ils se regardèrent dans les yeux, échangeant des paroles silencieuses. Muria se tourna et revint sur ses pas avec Synn. « Allez, dépêchez-vous, il faut absolument... » Larah leva les yeux vers le ciel et hurla « ATTENTION ! ».
Un son aiguë lui vrillait les oreilles alors qu'ils furent chacun projetés dans une direction différente de l'espace. Elle roula sur le sol avant de s'arrêter brutalement, stoppée par son armure. Elle n'entendait plus rien et tenta de se relever, mais elle était complètement assommée. Du sang coulait déjà de sa tempe tandis que l'odeur de chair brûlée montait dans les airs. La pluie d'étincelles se remit à tomber. Elle leva la tête avec difficulté et regarda autour d'elle. Tana se levait juste, le bras droit en sang et la moitié de la face brûlée, un de ses yeux avaient été perdu. Mais non loin, il y avait Keil, dont la glace fondait sur ses bras, un énorme débris lui avait ouvert la jambe et il tentait de la soigner avec sa glace. Mais le plus terrifiant et qui tordit les boyaux de Larah fut quand elle vit Muria, penchée au-dessus de son frère et qui lui criait dessus. Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle était en colère ou en pleurs, elle n'entendait rien. Puis elle y vit un peu clair et compris que le chasseur n'était pas enseveli dans la terre... mais qui lui manquait bien ses jambes. La chasseuse se redressa sur le côté et vomit une partie du contenu de son estomac. La main à sa bouche, terrifiée, elle tourna la tête tremblante pour vérifier qu'elle avait bien vu et elle s'empêcha de nouveau de vomir. Muria ne voulait pas le lâcher et pourtant il était déjà mort. Elle le secouait sans cesse. Tana courut et la coucha au sol puis la tira pour éviter les nouvelles boules de feu qui tombaient du ciel.
https://www.youtube.com/watch?v=KGHA9oO1Ybg
Des boules de feu.
Qui tombaient du ciel.
Elle opina simplement et tira ses lames, il tira Astrale, se mettant en garde et tentant de refréner le myste noir s'échappant de son corps, il ne fallait pas que Larah soit touchée par ça, ça lui provoquerait un affaiblissement malvenu.
Drakov et Larah s'élancèrent, seuls les quelques vétérans présents suivirent, les autres jeunes chasseurs préférant repartir sur leurs positions, derrière les balistes et canons qui restaient.
Leur combat s'annonçait difficile. Mordecai se reprit rapidement et tira une boule de feu qui leur fusa dessus, ils l'esquivèrent sans difficulté, mais ne prévirent pas l'effet desdites flammes, ne les ayant jamais vues à l’œuvre auapravant, seule Larah eut le temps d'entendre un vague : « Non ! Abrutie esquive plus loin ! » de la part du dragon habitant son corps.
La boule explosa au milieu du groupe, générant une petit tornade de flamme qui ne dura qu'un instant, un instant suffisant pour tous les envoyer rouler. Leurs armures étaient suffisamment costaudes pour tenir une telle attaque, excepté pour ce chasseur, qui portait un set fait de lingots de métaux. La chaleur extrême des flammes le transforma en un braséro ardent de métal chauffé à blanc. Ses hurlements remplirent l'air, mais ils se noyaient dans les cris de la panique…
Drakov, contrairement à Larah, ne lui prêta pas ne serai-ce qu'un dixième de seconde d'attention et fusa droit vers Mordecai, couvrant la distance qui les séparait en quelques instants.
La Calamité noire tenta de l'écraser au sol d'un revers de sa patte imbue de Dragon, mais le chasseur esquiva d'un bond en arrière, le gratifiant d'un revers d'Astrale dans la patte, le sang coula, peu, certes, car le cuir millénaire de l'Alatreon était dur comme du béton, mais ça suffit à remotiver le chasseur, oui, il pouvait s'occuper de ça, seul s'il le fallait, il viendrait à bout de Mordecai.
Le Dragon, lui aussi, nota la blessure, puis l'arme et comprit, les Altarius étaient bien évidemment une des seules espèces capable de le remettre à sa place, normal qu'une arme forgée dans le corps de l'un d'eux soit capable de l'entailler, il faudrait donc qu'il tue cet humain là en priorité… Ou a défaut, qu'il brise son arme.
Il fit un bond en arrière d'un battement d'aile combiné à une pulsion de ses quatre pattes et chargea droit devant en contrant le mouvement d'un autre battement, plus féroce celui-là, de ses ailes. Drakov eut fort à faire pour esquiver une telle attaque et se retrouva plaqué à un mur, le museau de Mordecai à un mètre à peine de lui. Le Dragon ancien le fixa de ses yeux verts froids et tenta de l'écraser dans le mur d'un revers de cornes. Larah intervint, tailladant le cou, plus mou, de l'Alatreon… Elle regretta à cet instant ne pas avoir eu plus puissant, les sabres étaient de bonnes armes, certes, mais pas assez, pas assez pour faire plus que des estafilades dans le cou du monstre là ou sa véritable arme aurait pu potentiellement ouvrir une artère et mettre un terme à ce combat.
Drakov, lui, esquiva l'attaque de Mordecai en sautant, haut, à deux bons mètres du sol au-dessus des perce-ciel, qui défoncèrent le mur sans aucun souci. Il tomba lourdement, Astrale pointée vers le sol, l'arme se ficha dans la peau de la mâchoire de l'Alatreon, pas une blessure gênante en soit, mais elle passa aussi entre deux crocs, ce qui permit aux chasseur d'abuser de sa force monumentale pour faire levier et faire sauter une des dents affreusement pointues du Dragon, qui en mugit de douleur et l'éjecta d'un mouvement brusque de tête. Il revint vers lui d'un coup de perce-ciel, cherchant à le taillader. Il manqua de peu, Drakov roulant sous le corps du dragon pour y trouver un abri provisoire. Étonnement, c'était là une des zones les plus sures quand on affrontait un Alatreon, du moins c'est ce qu'il avait semblé comprendre à Drakov, qui trouvait de plus en plus de points communs entre un Teostra et Mordecai.
Larah fit un bond en arrière, entendant l'air siffler au passage des deux massifs perce-ciel. Mordecai la fixait, il était évident que sa prochaine cible, c'était elle et elle comprenait, en affrontant le regard écrasant du Dragon, pourquoi Minuit l'avait autant mise en garde… Cette créature, elle était au moins aussi pernicieuse et dangereuse qu'un Fatalis… Il fallait absolument qu'elle la stoppe, pour le bien du village tout entier…
Larah regarda autour d'elle avec lenteur. Elle n'avait pas remarqué que le sol était complètement calciné. Elle marcha droit vers un des derniers murs qui tenaient encore debout et tomba presque dessus à cause de sa jambe. Son casque cogna contre la pierre dans un bruit métallique, mais c'était tout. Elle utilisa son bras valide pour se décoller de la surface et passa la main sur l'énorme marque noire qui souillait la pierre blanche. Comment la construction avait survécu à une attaque venant d'un Alatréon ? La chasseuse n'avait aucune réponse. Mais elle se souvenait juste du combat qui avait été d'une difficulté incroyable. Jamais elle n'avait du mettre son potentiel de guerrier plus en avant que ce jour-là. Jamais elle ne souhaitait que cela se reproduise et pourtant...
https://www.youtube.com/watch?v=KldXwy9Y2P0
L'Alatréon cracha une gerbe de flamme qui se mit à tournoyer et disparaître dans le vent. Il rugit quand il vit qu'il n'avait touché personne, il rugit davantage quand il reçut un tir de baliste dans le flanc, venant d'une des tours, très probablement celle dans laquelle Synn était posté d'après les brefs souvenirs du meeting de Larah. Il fit un cercle avec ses cornes et en grognant, il forma un pic de glace gigantesque autour de la baliste et le lâcha sur les gens en-dessous. Ils n'eurent même pas le temps de crier. « Les perce-ciel ! » Rugit Minuit. « Il faut absolument qu'ils tombent ! Ses pouvoirs... » Pas la peine de finir, la chasseuse avait déjà compris. Elle plongea devant elle avec ses lames qui rencontrèrent rapidement le cuir très résistant. Des étincelles brillaient à chaque coup, consciente que ses lames étaient censées rebondir, elle continua de frapper. Il fallait qu'elle passe en archidémon au plus vite pour pouvoir renforcer ses lames. L'archidémon était une technique très poussée qui permettait de renforcer encore plus la démonisation des lames en envoyant des pulsations d'énergie dans les épées. En quelques sortes, les Lames étaient la version supérieure de l'archidémon, mais elles avaient un prix bien plus élevé. La démonisation était accessible à tous, mais certains prétendaient que cela affectait le corps... en outre, ils avaient raison, cela vidait véritablement l'énergie de l'utilisateur... C'est pour cela que la plupart utilisait des mégas-jus pour se tenir en forme. Larah passait au-dessus de ça par expérience. Elle tenait plus que la moyenne grâce à l'utilisation des Lames, mais malheureusement, elle n'arrivait pas à y accéder, elle ignorait pourquoi et pour le moment, elle ne se concentra pas dessus.
Le dragon se retourna en claquant des dents pour la cueillir mais elle l'esquiva, laissant une fenêtre à Drakov qui lui lança une javeline dans la nuque qui ne traversa pas la peau, mais endommagea les écailles à la surface. L'Alatréon rugit et lui cracha une sphère de feu fulgurante. Larah ne crut pas à ce qu'elle vit : Drakov poussa un des chasseurs pour éviter le feu, laissant ce dernier à une mort certaine. L'Apex roula sur le côté et tira son arme avant de foncer vers son adversaire, tous deux rugissant. La chasseuse les regarda se battre et se tourna vers le cadavre de plus. Elle vit l'un des canons que personne n'utilisait et comprit immédiatement que certains avaient pris la fuite. Elle fit une rapide estimation des gens restant et il se trouva qu'ils n'étaient plus qu'une petite quinzaine. Dont une dizaine aux balistes. D'un geste de la main, elle montra le canon mais la plupart restèrent à leur poste, comprenant que ce canon était bien trop exposé. Minuit pesta contre eux mais au moment où Larah se dirigea vers le dragon, elle entendit un « Je m'en occupe ! » Mais elle aurait autant préféré ne pas avoir insisté... Hémildam sauta au-dessus d'une muraille et se jeta sur l'arme. Il se tourna et tenta de traîner une caisse remplie de boulet mais évidemment, il échoua. Minuit à travers Larah utilisa son bras droit pour tirer et tous deux, ils réussirent à la mener jusqu'aux pieds du canon.
- Ne te sens pas obligé de faire ça, lui dit-elle très clairement quand il chargea un boulet.
- Pas question que ma fille se batte seule. Je ne fuirai pas, pas cette fois.
- Papa, c'est au-dessus de nous ce qu'il se passe. Promets-moi que tu vas t'enfuir si cela devient trop dangereux et surtout...
- Non, pas deux fois, la dernière fois que je t'ai abandonné pour morte, j'ai... je ne le referai pas.
Larah regarda le regard déterminé de son père et baissa les yeux. Ce qui signifiait que soit ils repoussaient le dragon, car il lui paraissait impossible de le tuer, soit son père et des centaines d'autres personnes mourraient. Un vent violent souffla dans ses cheveux alors que le canon tira. Le son n'avait plus d'importance alors qu'elle se rendait compte de l'importance de ses actions. Le temps de cette réflexion aurait pu lui être fatale mais le son revint et elle entendit juste au-dessus d'elle un crissement familier. Un réflexe surhumain la fit pousser son père de son bras droit bien plus puissant que l'autre mais pas assez rapide pour éviter elle-même le pic de glace qui se formait au-dessus d'elle, l'espace d'un instant, elle vit sa mort arriver quand Talf la plaqua à son tour au sol, d'un coup qui lui coupa le souffle. La glace s'écrasa contre le sol, le lancier se redressa et regarda sa compagne qui bataillait pour respirer. Il lui avait vraiment fait un placage d'urgence, il n'avait pas eu le choix. Il lui mit la main au visage en s'excusant mais elle se redressa à son tour et lui pardonna immédiatement, elle l'avait échappé belle et son père aussi qui se releva en secouant la tête, il n'arrivait pas à réaliser que c'était l'extension seule du bras de Larah qui l'avait projeter aussi loin. Il jeta un coup d’œil au canon complètement réduit en cendre et il frappa du poing contre le sol.
https://www.youtube.com/watch?v=l99uLeEVqp8
Talf saisit son bouclier et la taille de Larah qu'il plaqua contre lui et la protégea de son bouclier avant qu'une boule de feu n'explose à quelques décimètres d'eux. Il aspira la plupart du choc et son armure s'occupa de la chaleur, de même pour sa compagne. Hémildam ne ressentit pas non plus le souffle grâce à son armure en rathalos. Il se releva pour aider les jeunes chasseurs à se redresser avant que Mordecaï ne leur tombe dessus en rugissant. Talf poussa Larah au sol et prépara son bouclier pour le choc. Il anticipa le coup et utilisa ses deux mains pour se protéger. Le corps du dragon martela avec violence son énorme rempart et il tâcha de ne pas tomber, aidait par Hémildam dans le dos, ils tinrent bon et arrivèrent à laisser passer le monstre sur le côté, sans qu'ils aient subis de dégâts. Larah secoua la tête et se mit la main au visage, deux fois sauvées, c'était trop. Elle reprit ses armes et se redressa, elle vit la queue de l'Alatréon fusait vers elle mais elle l'esquiva d'un mouvement sur le côté et tenta de l'entailler, puis elle évita le coup de patte et enfin le corps du dragon. Elle souffla après l'effort et se lança à l'assaut du cuir. Mordecaï se dégagea presque instantanément d'un bond en avant et rugit en direction du nouvel arrivant. Talf sentit que c'était après lui qu'on en avait et s'éloigna en reculant. Il sauta au sol pour éviter la charge chargé de l'élément dragon et se releva, lance en main, avec lequel il piqua les flancs du dragon avant de faire un pas de côté pour se mettre à l'abri et continuer de frapper. Larah bondit également sur le monstre, armes démonisées et frappa en tournoyant. Elle vit ses lames s'entourer d'une aura violette dans un flash rouge et sourit, l'archidémon était passé. Drakov rugit si fort qu'on aurait pu croire qu'un Tigrex s'invitait également à la fête et il trancha dans les ailes de Mordecaï qui souffla violemment et prit son envol en tournoyant, ses écailles passant en bleu. Il rugit et fit tomber de la foudre au milieu des chasseurs qui se séparèrent, il piqua ensuite et vola en rase-motte, déchirant de ses pattes ce qui se trouvaient en-dessous. Talf vit qu'il décrivait un arc de cercle et il se mit à courir vers une charrette renversée. Larah le regarda faire en stressant, il prenait de gros risques... Il dégaina son arme en courant et fonça tête baissée vers le tremplin... Hémildam esquiva le dragon et vit ensuite voler dans les airs également le lancier... Il n'en croyait pas ses yeux, comme la plupart des autres. Talf renversa l'Alatréon avec fracas et bondit sur son dos. Drakov allait se jeter sur Mordecaï mais celui-ci se releva en feulant et se débattit en l'air.
A la suite de quelques secondes de combat, le dragon plongea vers le sol pour se débarrasser du lancier et tous d'eux s'écrasèrent au sol. L'Alatréon secoua le museau en grognant alors que la terre s'était incrustée dans ses narines et entre ses dents et Talf roula sur le côté, sonné. Larah accourut à lui et le fit se relever. Laft prit la relève et la repoussa, lance en main. Il avait comprit que frapper avec ses gants seraient inutiles. Il chargea le dragon ancien sans attendre et se fit repousser comme Drakov quand le monstre balaya l'air de sa queue. Hémildam s'élança, sa lame barbaroi frottant le sol dans une avalanche d'étincelles qu'il abattit contre le torse du dragon et rebondit immédiatement. Il ne perdit pas espoir et réessaya mais ce fut un nouvel échec. Il crispa les mâchoires et para le coup de pattes que lui donna Mordecaï. « Va-t-en l'ancien, je n'ai pas besoin d'un cure dent pour le moment. » maugréa-t-il.
Mordecai souffla et chargea de nouveau, se couvrant des éclairs noirs bordés de rouge caractéristiques de sa charge. Les vétérans bondirent en arrière, dans le groupe, Muria, qui l'avait gratifié de plusieurs coups de fouet, manqua de se faire dessus mais par dessus tout, l'un d'eux, un peu plus lent, fut balayé par les pattes puissantes du monstre, qui était un véritable bulldozer. Le chasseur se redressa péniblement, grimaçant de douleur et une peur toujours gravée dans son visage.
Mordecai se retourna vers le groupe, il avait certes perdu de vue le porteur d'Astrale, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'il ne devait pas composer avec cette petite peste qui copinait avec Minuit.
Il eut sa petite idée sur la méthode à aborder et décolla subitement, les reflets sur ses écailles virant au bleu. Il poussa un rugissement féroce et des éclairs bombardèrent la zone, il n'était pas bien haut, tout au plus perché à deux mètres du sol, faisant du sur place. Les chasseurs esquivèrent comme ils purent, ceux ayant déjà eu affaire à des Kirin en tirèrent un avantage certain, cette attaque se comportant de la même façon. Le Dragon ancien enchaîna ensuite en exhalant un froid digne du véritable Cocyte face à lui, cristallisant des stalactites de glace imposantes en l'air.
Les chasseurs qui comprirent en blêmirent, le dragon cessa son souffle et les stalactites tombèrent, il ne visait personne en particulier, il cherchait juste à les annihiler tous, en une attaque pure et dure.
Mordecai poussa un rugissement triomphant, voyant un, puis deux chasseurs se faire broyer littéralement par les blocs de glace qu'il faisait choir sur eux.
https://www.youtube.com/watch?v=TmccPPaRb3w
Le Dragon allait repartir d'un battement d'ailes quand une myriade de pointes de givre et de gravats le bombarda, le forçant à se poser au sol et repasser en mode sol, pour lâcher une véritable tempête de flammes et de dragon autour de lui.
Il se redressa de toute sa splendeur. Il ne craignait pas les chasseurs, il leur faudrait un petit moment pour sortir de l'océan de glace qu'il leur avait fait tomber dessus. Il vit les deux personnes, fichées sur un toit, qui lui avaient tenu tête et ricana :
« Oh, donc l'erreur de la nature et le petit lézard magnétique vont tenter quelque chose ? Je pensais que vous fuiriez à mon approche.
-On ne te laissera pas détruire et empiéter sur notre territoire Mordecai ! Ton temps est révolu ! Pesta Tana.
-Votre territoire ? Ricana Mordecai. Une terre ou les humains ne vous craignent même pas ? Une terre ou vos propres existences sont en sursis ? Et vous appelez ça VOTRE territoire ? J'étais plus libre dans ma prison que vous ne l'êtes ici. »
Les deux dragons grognèrent au travers de leurs hôtes, il ricana à son tour :
« Oh ? Je vous aurai vexé ? Allez, cessons ces imbécillité et rejoignez-moi, vous auriez pu les prévenir au bas mot une heure avant que j'arrive et vous ne l'avez pas fait, en soit c'est un aveu, non ?
-Jamais ! Va te faire mettre ! Rugit Keil, ne commentant cependant pas la seconde partie du discours de Mordecai. »
Ce dernier soupira longuement, exhalant quelques flammes au passage, il paraissait un peu déçu, ce qui était étrange. Il leur lança :
« Si vous préférez prendre part avec les humains sachez que vous le regretterez, amèrement, je peux passer outre l'impolitesse dont vous et Minuit faites preuve en me menaçant au travers de vos hôtes, mais prendre part pour les cafards rampants qu'ils sont, ça jamais. »
Il était clairement menaçant sur la fin de sa phrase, la glace dans laquelle il avait empêtré les vétérans fondit en un instant, sous l'influence de Keil. Qui lui lança un regard noir. Mordecai inspira un grand coup, prêt à leur faire regretter leur impertinence d'une boule de feu bien placée, mais Drakov sauta de la fenêtre du bâtiment sur lequel les deux dragons se tenaient, brandissant Astrale qu'il abattit sur le torse du Dragon ancien, bien exposé dans cette position. La lame taillada la cicatrice de Mordecai, laissant échapper un jet de sang épais et pourpre du dragon, qui mugit de douleur. La coupure était relativement profonde, grâce au fait que les écailles soit moins épaisses ici, mais ce n'était pas suffisant pour l'handicaper lourdement. Il dégagea Drakov d'un revers de patte couverte de Dragon, l'envoyant rouler dans la poussière plusieurs mètres plus loin.
L'Apex toussa du sang et avala directement une méga potion, se remettant sur pieds, il avait attendu cette opportunité, pas question de la laisser passer même s'il devait prendre un coup au passage.
Les autres vétérans revinrent à la charge, il suivit, notant Larah au milieu de ces derniers, ses deux sabres à la main.
Mordecai rugit sauvagement, Keil et Tana se mirent aux côtés de Drakov, tous les deux équipés d'armes de glaces faites sur l'instant pas Keil. Tana lança :
« Jolie arme… On ne trouve pas ça très facilement, tu sais ?
-Je sais parfaitement ça, merci. »
Elle nota le côté graveleux de sa voix, ses yeux rouges luisant et le léger miasme noir autour de lui, il semblait qu'il ne soit pas d'humeur à discuter, mais plutôt à trancher du lard d'Alatreon et ça tombait bien, elle aussi…
Hémildam esquiva une sphère de feu explosive et se retourna vers Maze qui tirait à la baliste depuis un moment, mais il courait presque à court de munitions. Un de ses soldats lui apporta son arbalète lourde qu'il déploya près de la baliste, lui permettant un recul et une visée optimal. Il tira à plusieurs reprises des balles explosives sur le dragon qui ne semblait pas le moins du monde gêné par les projectiles. Le chasseur à la retraite se remit en marche et s'avança vers le dragon qui balayait les attaques des autres. Sa combativité et sa férocité était incomparable, l'Alatréon ne semblait jamais se fatiguer et pas à un moment faiblir. Drakov perça la carapace d'une de ses pattes mais le dragon le fit priva de ses actions en lui assénant un coup de flanc monstrueux. Il fut projeté dans des caisses qui ne résistèrent pas à son poids mais amortir son impact. Larah en profita pour l'attaquer sur le côté mais il se retourna et tenta de l'éventrer de ses perce-ciel. Elle les évita mais fut obligée de prendre un coup d'épaule. Elle tomba au sol avec fracas et tenta de se relever en grognant.
Talf darda encore une fois le corps du monstre mais dut se protéger derrière son bouclier pendant une dizaine de secondes qui lui parurent interminables, pendant lequel son ennemi griffait et mordait son rempart. Hémildam sentit le désespoir le submerger alors qu'il tenta de une nouvelle attaque qui rebondit et qui n'attira même pas l'attention du dragon. Tana et Keil bondirent sur le dos du monstre mais celui-ci se redressa en arrière et fit tomber l'homme, qui fut écraser par la queue du dragon, il cracha une gerbe de sang très inquiétante mais s'en sortit avec l'aide de sa compagne qui abandonna le dos du monstre pour le sauver. Elle le souleva et le projeta plus loin, lui évitant de se faire éviscérer vif par les griffes du dragon, cependant, ce dernier lui saisit le bras et la balança plus loin. Il rugit de triomphe et se tourna vers le chasseur qui possédait Astrale qui se relevait à peine. Maze lui tira une balle à fragmentation de niveau 3 qui explosa sur tout son dos. Il tourna légèrement la tête mais pas assez pour le faire changer de cible. Il fit monter le feu à ses babines pour calciner l'Apex qui lui fit face et lui hurla d'envoyer la sauce pour esquiver au dernier moment, mais la lame d'Hémildam tomba sur la queue du monstre et se coinça entre deux carapaces.
Mordecaï se bloqua alors, sentant qu'on pouvait lui tirer bien plus que quelques écailles sur ce coup. Drakov saisit l'occasion et le chargea brutalement en lui donnant un coup monstrueux dans le flanc. Le dragon ancien se cabra de douleur et tomba légèrement sur le côté, Hémildam le suivit malgré lui dans son mouvement, entraîné par la masse. Il tenta de retirer son arme mais il était trop tard, la queue du dragon lui échappa et son arme avec. Il pesta et évita un coup de corne en sautant sur le côté. Il se redressa et regarda autour de lui, Larah s'était jetée sur la queue du monstre quand elle avait vu comment il avait tenté de la protéger. Mordecaï faisait de violents gestes qui martelaient le sol. Hémildam ne vit que trop bien ce qui allait se passer. Le sol trembla et déstabilisa Larah. Elle eut un geste minuscule, imperceptible pour quiconque se tenait à côté, qui montra que son équilibre avait disparu et qu'elle était vulnérable au plus au point. Mais Mordecaï était un Alatréon. Ses yeux perçants n'eurent pas besoin de regarder deux fois la chasseuse. Il arma son souffle de feu et alors que sa gorge s'illumina d'orange, Larah ne put reprendre ses appuis et vit le brasier lui arriver dessus.
Une balle à fragmentation de niveau 3, dont le pouvoir de Tana s'était appliquée en plus, fit cette fois-ci bouger l'énorme masse et lui faire manquer son tir. Le dragon cracha sa boule de feu qui explosa à une dizaine de mètres de là, détruisant un autre poste de baliste et projeta deux hommes à terre. Larah fut balayée au sol par le souffle de la fragmentation et y resta. Hémildam se mit à courir vers sa fille alors que Mordecaï feulait pour se remettre du coup qu'il avait pris dans le cou. Il secoua la chasseuse pour qu'elle se relève mais elle ne bougea pas. Il la fit basculer sur le dos et vit qu'elle ne respirait plus.
Quelle erreur avait-t-elle fait en y repensant. Larah regarda le flanc de son armure qui avait été brisé pour qu'elle puisse respirer de nouveau, pour une fois, ce n'était pas un monstre qui avait brisé son armure mais bien son père. Elle regarda les débris et repensa à la scène. La préparation d'un chasseur était primordiale et jamais auparavant elle n'avait eu de problème avec son armure pendant une chasse à cause d'une erreur quand elle l'avait enfilé. En effet, en y repensant, quand le cor avait retenti, la chasseuse n'avait pas hésité à mettre son armure le plus rapidement possible, serrant bien trop vite sa tassette et sa cotte de maille à son armure, ce qui avait causé une mauvaise capacité de mouvement des plaquettes supérieures et donc une cage thoracique bien trop comprimée. Quand l'explosion la projeta au sol, les plaquettes se bloquèrent et l'empêchèrent de respirer. C'est à ce moment là qu'elle perdit connaissance.
https://www.youtube.com/watch?v=gBXEG7Ql-Nk
Hémildam comprit que l'armure était en cause. Il tâta du doigt les côtés et sentit les plaquettes, il tira dessus mais elles ne bougèrent pas. Il prit son couteau de dépeçage et entreprit avec le pommeau de casser l'une des boucles qui retenaient la cotte de maille comprimée. Il frappa plusieurs fois et l'une d'elle céda. Il ne s'arrêta pas là. Il fallait relancer le cœur de la chasseuse. Il savait qu'avec l'armure, il mettrait trop de temps à la retirer et lui appliquer un massage cardiaque directement, il prit alors la décision de frapper directement contre l'armure. Mais évidemment, elle était faîte pour se protéger des coups, aussi, Hémildam s'y connaissait bien en défense et savait que pour éviter que la poitrine féminine ne puissent être compressées, en cas d'urgence, certaines armures étaient dotées d'une pièce qui pouvaient être retirée. Comme l'armure de Larah était une armure hybride entre lourde et légère, il fallait penser à l'éventualité que certaines pièces fassent pression sur d'autres, ainsi, l'armure en Zodiumbra était capable de se débarrasser de certaines pièces massives pour faciliter les mouvements. Il décrocha alors la pièce centrale et retira celle qui protégeait la poitrine. Il ne la jeta pas au loin car il fallait pouvoir la remettre pour le combat. Il commença le massage cardiaque. « Allez Larah ! » cria-t-il. Il s'arrêta un instant le temps de vérifier que l'Alatréon était bien occupé mais celui-ci ne tarderait pas à remarquer dans quelle posture ils étaient et s'attaquerait immédiatement à eux. Il reprit le massage, le souffle entrecoupé par la panique. « Larah me lâche pas maintenant et pas pour ça ! » Il donna un dernier coup et la chasseuse reprit connaissance dans une énorme inspiration sifflante. Elle toussa violemment en se tournant sur le côté. Mordecaï se tourna à ce moment. Maze hurla à Hémildam de dégager mais il remit la pièce d'armure et souleva sa fille en si peu de temps que s'en fut impressionnant. Talf chargea le dragon de nouveau pour le renverser mais n'y parvint pas complètement. Il arriva simplement à monter sur son dos et avec son couteau de dépeçage, il s'attaqua au dos du monstre qui feulait mais chargeait en direction des proies faciles. Tana bondit vers eux et courut vers Hémildam qui était devant lui. Elle prépara son pouvoir pour les repousser au dernier moment. « Il arrive... » souffla Larah à son père qui ne pouvait pas le voir, mais elle si. Le vieux chasseur serra les dents et lui chuchota « Je suis fier de toi. » Son mouvement de jambes lança un message à Tana qui comprit alors qu'il était trop tard pour lui. Il se retourna vers le dragon et une énorme griffe lui passa dessus. Larah hurla en voyant le sang et l'armure voler en éclat. Elle et son père tombèrent alors que le dragon tentait d'arracher l'arme de sa queue mais Drakov le pourchassait et Talf ne cessait de le harceler. Tana arriva trop tard. Elle glissa au sol et se mit à côté de Larah qui tenait le bras de son père et ne le lâchait pas :
- Non ! Papa ! Papa... Je ne pourrais pas...
- Je suis désolé, Larah.
- Je ne vais pas pouvoir... je suis... Je suis trop paniquée, je fais trop d'erreurs...
- Tu ne connais pas le monstre... c'est.. pour ça... Ne t'en veux pas... tu es la meilleure...
- Papa... !
- Après tout... tu es une Tian...
- Non ! Hurla-t-elle alors que la main de son père glissa de son visage jusqu'au sol.
Tana tenta de la soulever pour s'enfuir mais la chasseuse lui résista et regarda son père en pleurant. « Il faut partir, Talf vient de le renverser mais ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne se redresse et t'abatte ! » La chasseuse posa sa tête contre le torse de son père, secouée par des sanglots. Elle serra les dents en respirant fort, prête à venger son père. Les impulsions vengeresse qu'elle envoyait à Minuit réveillèrent en lui une sauvagerie lointaine et il était prêt à en découdre également. Elle se releva en saisissant ses armes mais le dragon se releva et repoussa Talf qui tomba au sol en roulant au même moment. La colère s'atténua immédiatement, mais sûrement pour une courte période. Elle ne voulait pas non plus perdre son petit ami. Elle s'élança vers lui mais le dragon semblait penser à autre chose.
Mordecai rugit une énième fois et décolla du sol, battant furieusement des ailes et faisant tomber la foudre sur toute la zone. Cette fois, il devait impérativement décoller, la bataille ici traînait en longueur et l'autre n'allait pas tarder à débarquer de toute façon, il ne serait réellement en sécurité qu'en l'air.
Il prit de la hauteur mais on lui bondit dessus, avec force. Drakov avait pris plusieurs appuis et bondit sur un toit, puis sur un encore plus haut, celui d'une maison à deux étages. Il prit appui dessus et sauta sur le flanc de Mordecai, lui fichant Astrale dans une des plaies ouvertes lors du combat. Le monstre rugit de douleur et fut déstabilisé, suffisamment pour qu'il perde peu à peu le contrôle sur ses ailes et filer de manière erratique s'écraser dans une partie reculée du village, non sans démolir la maison sur laquelle le chasseur avait prit appui au passage, manquant d'ensevelir les vétérans…
Larah fixa la zone d'impact… Mordecai venait de s'écraser en plein sur la maison de Drakov semblait-il… Elle serra les poings, espérant de toutes ses forces que personne ne soit encore là quand le Dragon s'était écrasé. Les vétérans restant, Larah et les deux possédés échangèrent un regard entendu, ils devaient se hâter là-bas, Drakov ne tiendrait pas seul contre Mordecai, pas plus de quelques minutes en tout cas.
Talf se releva en secouant la tête et regarda la maison. « Merde... Il faut aider Drakov... Quoiqu'il va s'en sortir, je dois m'assurer que les gens du port ne parte pas... Ils seraient une cible bien trop facile. Larah, je suis … désolé pour ton père. » Elle détourna les yeux et mit sa main à ses yeux en soufflant. Le lancier la prit dans ses bras et tâcha de l'encourager à continuer. Il entendit des bruits de gravas et se remit en garde. Il saisit son bouclier et se tourna vers sa compagne : « Prends dix secondes pour souffler et rejoins-moi juste après. » Muria s'avança vers la chasseuse et hocha la tête à Talf. « On reste avec elle. » L'épéiste releva la tête en entendant la voix de la vétéran. Elle se méfiait d'elle, malgré la situation, après tout, elle avait été la première à signer l'opération Requiem, et visiblement, aujourd'hui, Larah était particulièrement capable de perdre les pédales... La chasseuse lorgna Muria du coin de l'oeil mais elle n'avait pas terminé son deuil. Nova apparut, elle avait été secoué et n'avait plus été en phase quand Hémildam était mort. Elle tenta de rassurer la jeune femme mais celle-ci ne répondait pas. L'entité se tourna vers Minuit qui faisait énormément de bruit, tâchant de calmer les pulsions qui le hantaient, il bavait énormément et soufflait très fort. Ses lèvres étaient secouées de spasmes et ses crocs luisaient à intermittence dans le noir. La jeune femme tourna légèrement le regard vers lui et ses yeux brillèrent d'une lueur déterminée. Au diable l'opération Requiem pensa-t-elle.
https://www.youtube.com/watch?v=6IipcFnFDBA
Larah suivit les vétérans de près. Évidemment, Low n'était pas là, il était en mission d'escorte, ce qui allait terriblement affaiblir le quatuor car ils avaient l'habitude de travailler à quatre. De plus, Keil était en pleine possession du corps de son hôte et ne lui laissa pas d'autres choix. Tana déblaya le chemin et laissa aux chasseurs la chance de marcher sans se prendre les pieds dans tout ce qui traînait. D'un coup, la femme s'arrêta, les yeux brillant d'un violet anormal, elle se mit à inhaler avec force l'air quand Keil également devint blanc comme un linge. Muria avança sans se retourner mais Larah s'arrêta, elle leur mit la main à l'épaule et les regarda avec étonnement. Keil serra le bras de sa compagne et ils se regardèrent dans les yeux, échangeant des paroles silencieuses. Muria se tourna et revint sur ses pas avec Synn. « Allez, dépêchez-vous, il faut absolument... » Larah leva les yeux vers le ciel et hurla « ATTENTION ! ».
Un son aiguë lui vrillait les oreilles alors qu'ils furent chacun projetés dans une direction différente de l'espace. Elle roula sur le sol avant de s'arrêter brutalement, stoppée par son armure. Elle n'entendait plus rien et tenta de se relever, mais elle était complètement assommée. Du sang coulait déjà de sa tempe tandis que l'odeur de chair brûlée montait dans les airs. La pluie d'étincelles se remit à tomber. Elle leva la tête avec difficulté et regarda autour d'elle. Tana se levait juste, le bras droit en sang et la moitié de la face brûlée, un de ses yeux avaient été perdu. Mais non loin, il y avait Keil, dont la glace fondait sur ses bras, un énorme débris lui avait ouvert la jambe et il tentait de la soigner avec sa glace. Mais le plus terrifiant et qui tordit les boyaux de Larah fut quand elle vit Muria, penchée au-dessus de son frère et qui lui criait dessus. Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle était en colère ou en pleurs, elle n'entendait rien. Puis elle y vit un peu clair et compris que le chasseur n'était pas enseveli dans la terre... mais qui lui manquait bien ses jambes. La chasseuse se redressa sur le côté et vomit une partie du contenu de son estomac. La main à sa bouche, terrifiée, elle tourna la tête tremblante pour vérifier qu'elle avait bien vu et elle s'empêcha de nouveau de vomir. Muria ne voulait pas le lâcher et pourtant il était déjà mort. Elle le secouait sans cesse. Tana courut et la coucha au sol puis la tira pour éviter les nouvelles boules de feu qui tombaient du ciel.
https://www.youtube.com/watch?v=KGHA9oO1Ybg
Des boules de feu.
Qui tombaient du ciel.
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Re: Le Village et ses alentours
Ce n'était pas l'oeuvre de Mordecaï. Larah sentit les vertèbres de son dos se raidir et ses muscles se contracter. Elle n'osait pas lever les yeux. Pas vers le ciel. Pas vers cette tempête qu'elle avait reconnu dès le début et qui était bien la signature des Fatalis. Non. Pas après tout ce temps, elle refusait d'y croire. Le son revint à ses oreilles mais elle l'ignora.
Les cris des gens ne cessaient pas tandis que la plupart brûlaient ou hurlaient à l'agonie. Leur sang se répandant entre les pierres et ruisselant entre les pavés des rues. Une véritable pluie de feu s'abattait sur Tenmura. Le ciel s'effondrait sur la ville tandis qu'elle était en proie aux flammes. Talf arriva sur le pont principal du port et regarda les bateaux, dégoulinant de gens, qui fuyaient par les rivières. Ohms et Kot guidaient deux bateaux différents et ordonnaient aux autres rafiots de ne pas rester grouper. Le Lancier leur hurla de se jeter à l'eau quand il entendit derrière lui le grondement des ailes de la destruction. Il leur fit signe de partir quand une rivière de flammes se déversa sur eux. Une véritable cascade orange qui enflamma le lac même, tandis qu'il vit alors ce qui l'avait causé. Ce n'était pas Mordecaï. Ce n'était pas l'Alatréon. C'était un deuxième dragon ancien. Gigantesque ombre qui se cachait malgré sa taille dans la vapeur d'eau et qui dévia vers le centre du village. Talf n'eut le temps que de voir le bout de la queue qui fendait l'eau en deux et remuait les cadavres des habitants carbonisés qui remontaient à la surface...
Elle se força à ne pas entendre. A ne pas voir les murs se coucher par le souffle d'un atterrissage monstrueux. A ne pas sentir l'odeur familière et inoubliable du soufre... Du brasier infernal qui leur servait de poche à feu... Du goût du sang dans sa bouche... Et de son épée dans sa main. Elle tremblait à en tomber par terre.
Talf comprit que le village était perdu. Il tomba à genou devant la mer de feu qui s'étendait devant lui et mit ses mains à ses oreilles pour étouffer les hurlements de ceux qui se noyaient ou des navires qui tentaient d'échapper à l'enfer.
Larah glissa ses doigts jusqu'à ses yeux ouverts au possible tandis qu'ils suivaient du regard une étrange forme qui se dessinait hors des flammes et de la fumée. Du sang se faufila entre ses genoux, provenant de l'endroit où elle regardait...
Le lancier tremblait si violemment qu'il avait des spasmes. Il tâchait tant bien que mal de respirer mais il s'étouffait dans sa propre torpeur. Alors qu'il pensait ne plus pouvoir respirer, il l'entendit. Le rugissement, la signature de leur fin.
https://www.youtube.com/watch?v=UE5DTnKhgV0
L'épéiste voulut laisser échapper un hurlement mais l'air ne se faufila pas jusqu'à ses poumons pour ensuite être recraché quand elle entendit le rugissement qui se faufilait jusque dans son sommeil le plus profond. Sa bouche traça un cri de terreur silencieuse alors qu'elle voyait la silhouette de son pire cauchemars prendre forme.
https://www.youtube.com/watch?v=_qgqOOGBMLk
Ses ailes furent la première chose à apparaître. Immenses, couvrant le ciel de leur longueur, elles étaient d'un rouge sombre mais dont les veines qui parcouraient la membrane et striaient la chair d'un orange brillant. Au niveau de l'articulation, la concentration en faisceau était telle que les ailes brillaient même dans le noir et à travers la fumée. Une lance gigantesque perça le ciel et brillait également comme les entrailles de la terre, mais elle n'était pas la seule, parmi les trois autres qui sortirent de la fumée, elle était la plus grande. L'une d'elle était brisée mais semblait avoir repoussée étrangement... Une patte balaya la poussière du sol et fit trembler la terre. Larah tomba en arrière et recula sans quitter des yeux l'énorme masse. La queue du monstre fouetta l'air en dispersant enfin toutes la poussières, les cendres et les particules en suspension dans l'air. La chasseuse secouait la tête pour chasser cette image qu'elle voyait. Une corne frontale déchira l'atmosphère et remplaça le soleil caché par les nuages embrasés. Elle reconnut alors la cicatrice énorme qui partait de la tempe et descendait jusqu'à la mâchoire inférieure garnie de dents démesurément grandes. De la fumée noire sortait de la gueule monstrueuse et elle vit enfin les petits yeux argentés percer l'écran de fumée qui s'en allait en vitesse devant la grandeur du dragon. Son corps brillait également, comme déchiré par le pouvoir qu'il contenait. Mais c'est là que c'était le plus surprenant. Une armure d'un alliage inconnu protégeait le plastron de la bête... Là où la chair avait été meurtris il y a plusieurs années de ça. Là où les flèches de Rann s'étaient plantées, où l'épée de Ryu avait déchiré et le marteau de Moly broyé. De gigantesque pièces de métal s'étendaient sur sa gorge, là où Larah lui avait infligé une grave blessure qui l'avait empêché de cracher du feu sans que le fluide inflammable ne coule à l'air libre et ne brûle également sur sa peau. Il possédait également au niveau de la mâchoire que lui avait déboîté Moly deux pièces qui pointaient vers la chasseuse, comme pour pouvoir racler le sol quand il chargerait. Sa gueule ne semblait plus pouvoir se fermer correctement, laissant toujours paraître au grand jour ses énormes crocs. Une armure de plus sur un cuirassé géant. Et le mot était juste. Il atteignait une taille démesurée pour un Fatalis ordinaire. Comme si son séjour dans la forge souterraine du volcan l'avait fait grandir...
Svarog, la Fossoyeur des cieux, comme l'avait appelé l'ancien de Kokoto, se tenait là. Le hurlement silencieux de Larah ne put prendre fin. Les questions auraient pu se bousculer dans sa tête mais seulement une seule chose avait pris place dans son esprit, avait balayé Minuit et Nova d'un coup. C'était la terreur. La véritable peur qui l'avait complètement dévorée et la retenait prisonnière. Le Fatalis s'avança encore et baissa les yeux vers la chasseuse. A chaque pas, la terre tremblait et avec elle, la chasseuse. Cette dernière arriva enfin à produire un cri et hurla, mais sa voix était rapidement submergée par le souffle du dragon très bruyant. Il fit frémir toutes les écailles de son corps et grogna, dévoilant ses énormes crocs. Il rugit à l'attention de la chasseuse et souffla du soufre par les narines. Il leva le cou pour que sa gorge soit moins enfouie sous les plaques d'alliages et de sa voix terrible, il susurra :
- Après tout ce temps... à dormir dans les entrailles de la terre... Je te retrouve enfin, Chevaucheuse des Tempêtes.
- C'est... C'est impossible... sanglota la chasseuse sans y croire.
- Et pourtant... Tu pensais m'avoir enterré à jamais... mais mon tombeau fut le flambeau de ma renaissance. Ton village tout entier va payer. Non... Vous payerez tous... Insignifiants insectes, vous pensiez vraiment être les maîtres de la Nature ? Que savez-vous du monde ? Vous pensez que vous avez l'avantage de la pensée mais c'est une erreur, vos instincts ont été étranglé par votre orgueil... Ainsi vous auriez du comprendre que jamais vous ne pouviez abattre un Fatalis à vous quatre seuls. Même une armée ne m'aurait pas fait succomber. Vous êtes faibles. Et aujourd'hui, vous pleurerez vos morts au lieu de vous battre, et demain...
Le Fatalis marqua une pause. Il approcha son museau de la chasseuse qui reculait comme s'il s'agissait de la pire des maladies, à moins que ça ne soit pire... Elle tourna la tête quand les dents ne furent qu'à quelques centimètres d'elle et elle ferma les yeux, comme si cela la protégerait, elle pleurait sans s'en cacher quand elle reconnut l'haleine de soufre près de son village. « Non. » souffla le dragon en tournant légèrement la tête. Il avait entendu des gens qui étaient enfermés dans leur maison et n'osaient pas sortir à une centaine de mètres de là, chose qu'aucun humain n'aurait perçu.
« Il n'y aura pas de lendemain. »
https://www.youtube.com/watch?v=x6lNThxUP94
Larah regarda sa gorge s'illuminer et vit la marée de flammes se déverser sur les maisons, emportant avec elle les personnes prisonnières. Le Fatalis tourna et rugit vers le ciel, les météores pleuvaient déjà mais les nuages lui répondirent en déversant un orage cataclysmique. Une pluie de cendre s'abattait désormais sur le village. Il vomissait des flammes à n'en plus finir sur les habitations, emportant des trentaines de personnes à chaque souffle. Les pertes étaient inimaginables. Maze regarda son village brûler. Il lâcha son arme et ses munitions dans un geste d'abandon. Talf regarda autour de lui le feu et les cendres, la rivière en proie aux flammes. Muria ne lâchait pas des yeux le cadavre de son frère tandis que Tana, tétanisée, voyait le corps du Fatalis se déplacer entre les habitations et ravager tout sur son passage avec une telle aisance. Keil laissa le monstre passer à côté de lui sans bouger. AlGieba se retourna soudain, il vit au loin le village dévoré par le feu. Il tomba à genou, les mains jointes pour prier, mais il comprit qu'à l'instant présent, aucun dieu n'entendrait sa voix... Il n'y avait que l'Alatréon et le Fatalis. Et à eux deux, ils avaient fait fuir les dieux. Minuit sentit au loin le pouvoir des deux dragons anciens et s'arrêta dans son vol. Il piqua droit au sol et se posa au-dessus d'une vallée et leva le museau vers le ciel. Il sentit les éléments se déchaîner à des kilomètres de là. Il regarda vers le bas et vit une migration de monstres qui fuyaient à toute vitesse le lieu de combat. Il aurait pu rugir pour les mettre en déroute mais à l'instant présent, il ne prit même pas la peine de le faire. Il ferma ses yeux et tentait de se connecter avec la chasseuse. Il respirait encore, ce qui signifiait que la fille était encore en vie, mais il était impossible de joindre leurs esprits. Il secoua la tête pour se remettre en route et vit à une centaine de mètres de là un oiseau. A vrai dire, il n'aurait jamais fait attention à ces volatiles, mais celui-ci portait un objet brillant... Il reconnut immédiatement le faucon et décida de le laisser porter son message. Après tout, toute aide était la bienvenue, même de la part de ses ennemis.
La Guilde avait été alertée par les agissements des deux titans, mais jamais il n'y aurait quelqu'un pour les aider à temps. Le Chef de la Guilde regardait, les yeux vides, la silhouette du Fatalis qui se dirigeait droit vers lui, des flammes sortant des coins de sa bouche. Il tourna la tête vers son arme et encore vers le dragon. Les yeux argentés qui le fixaient le fit réagir. Il fit trembler ses lèvres puis fit résonner sa voix à l'attention du monstre qui le dévisageait et le défiait. « C'est mon village que tu veux ? » Rugit-il. « Tu devras d'abord passer sur mon corps fumant, sale enfoiré de merde ! » Il se ressaisit et attrapa son arme et ses munitions. Puis il considéra mieux l'option de son épée en lavasioth. Ses balles ne traverseraient jamais la cuirasse, mais il pouvait essayer de la faire sauter. Il sauta du balcon et attendit que le Fatalis arrive. Il avait donné des ordres à ses hommes et il priait pour qu'ils les exécute. Il fallait occuper le monstre. Le temps que son fils fasse son devoir. Svarog posa sa patte au sol et leva la tête :
- Tu es le Chef du village ?
- De la Guilde.
- Peu m'importe, tu mourras de toute manière. Mordecaï a condamné la plupart des sorties avec sa foudre, j'espère que tu es conscient que tu ne sauveras plus personne (l'homme déglutit, il avait raison). Je suis Svarog et j'apporte la désolation depuis les terres embrasées.
- Super, moi j'apporte de grosses blessures avec mon épée, répondit Maze se prenant au jeu, si c'en était un.
- Je vais écraser ton village avec tellement de violence qu'il ne restera plus que de la poussière et personne ne se souviendra de toi, de ta Guilde ou même de vos chasseurs. J'ai déjà fait s'évaporer votre motivation en même temps que votre ruisseau. J'ai immolé vos défenses et tout ce qu'il va vous rester, ce sont vos larmes pour pleurer.
- J'espère que tu aimes bien le sel, parce que j'en suis assaisonné et je ne vais pas hésiter à le partager sur tes blessures que je rouvrirais si nécessaire, après tout, la Rathian est une reine qui n'abandonne pas et elle reviendra te voler dans les écailles qu'elle t'avait déjà arraché.
- Tu l'appelles Reine mais elle s'est seulement coiffée d'un anneau, mes cornes sont une couronne qui brillent tel un halo. N'appelle pas ton ange gardien, mon auréole de feu l'a déjà brûlé. Tu restes fier alors que tes sujets s'enflamment, il serait peut être temps pour toi de faire demi-tour.
- Des griffes, des crocs, un souffle de feu et des ailes qui sèment la désolation... wow, comment même avec tout ça, tu as réussi à perdre face à 4 humains ? Et il me semble qu'ils n'ont pas eu trop de mal à te faire tomber... Seulement quelques heures alors que tu as quelques siècles déjà.
- Si elle est seule à se tenir encore debout, où sont les autres ? Ils jouent entre eux avec leurs épées dans la grange ? Je les ai brisé physiquement, l'un d'eux est devenu fou, l'autre s'est suicidé et le dernier, je l'ignore, mais vu ses camarades, je suppose que c'est pareil. Ils ont peut être réussi à me repousser quelques années, mais j'ai abrégé leur vie sans même avoir été là pour les éviscérer. Il en sera de même pour le peu qui fuira, ils ne vivront plus que jamais... Dans la peur.
- Alors je vais leur laisser le temps de se bouger les fesses pour pouvoir entendre qu'un jour, moi Maze, je me suis battu et j'aurai arraché les écailles du cul terreux d'un dragon.
- A tes souhaits ! Rugit le dragon avant de lui foncer dessus.
La chasseuse se posa au sol en réfléchissant. Elle ne se souvenait pas de la suite des événements. A partir de quand a-t-elle réussi à se ressaisir ? Car oui, elle en avait déduit qu'elle s'était battu car elle possédait de graves blessures qui ne s'étaient pas faites toutes seules. Elle regarda sa main encore valide qui tremblait, même immobile et se leva avec. Elle marcha quelques dizaines de mètres, boitant terriblement, tanguant à chaque pas, elle s'arrêta soudainement, non pas parce qu'elle était incapable de continuer, même si c'était possible, elle frémit en sentant ses muscles atrophiés. Elle tenta de faire un pas de plus car elle voyait un objet dépasser à quelques pas de là. Elle se donna une impulsion qui la fit lui lâcher un hurlement et elle tomba dans les cendres. Elle se mit à ramper pour pouvoir approcher l'objet. Elle mit la main dessus et tenta de le dégager, mais c'était impossible. Cependant, elle reconnut l'épée de Maze. Mais si l'arme était là, le Chef ne devait pas être loin, mort ou non. Le vent souffla sur la plaine déserte des ruines. Soulevant la poussière et redonnant une atmosphère comme il y avait eu la veille. Elle se tourna pour regarder et les souvenirs lui revint.
https://www.youtube.com/watch?v=cHGCE3UWKy0
Ses cheveux traînaient dans la poussière et les cendres. Les cris des gens hantaient son esprit, elle se tenait la tête pour éviter de tomber mais la terreur était bien trop dure à supporter. Des larmes roulaient sur ses joues, qu'elles soient de sang venant de l’œil droit ou simplement de son œil gauche. Ses mains tremblaient. Il était impossible pour elle de se ressaisir. Son village brûlait, exactement comme quand Minuit avait attaqué. Elle revivait exactement le même traumatisme sauf que cette fois-ci, c'était un Fatalis revenu d'entre les morts qui s'en occupaient. Une tour s'effondra non loin d'elle et elle tourna la tête pour voir un garde tomber et alors qu'il tenta de se relever, un énorme rondin le transperça. Il agita le bras vers elle et mourut quelques secondes plus tard. Elle détourna le regard mais ce fut seulement pour rencontrer une horreur de plus. Un bras dépasser des décombres, une toute petite main, innocente, la peau blanche et les doigts crispés sur une poupée qui avait à peine le tissu brûlé. Larah recula et vomit de nouveau. Elle ne s'était jamais remise de la destruction de son village et si elle survivait, elle ne pourrait plus jamais être la même. Les horreurs étaient omniprésentes, la chasseuse tourna la tête avec une telle lenteur que ses yeux s'imprégnaient de tout ce qu'ils voyaient. Elle entendit le rugissement de Svarog et peu de temps après, celui de Mordecaï. Ses mains se joignirent contre son visage et alors qu'elle pensait être au fond du trou, elle entendit deux personnes passer à côté d'elle et crier « L'hôpital est tombé. Et tous ceux dedans avec. » Ils ne l'avaient pas vu malheureusement, ils auraient pu l'aider, mais elle resta là, les genoux au sol, ses cheveux se couvrant de cendre... Inconsciemment, elle entendit des bruits de pas rapide et inégaux venir vers elle à toute vitesse. Une armure qui cliquetait, une arme qui traînait au sol, pendant un instant, elle crut entendre Hémildam et son épée... Nieve bondit dans les airs, le casque de sa maîtresse dans les mains, la grande écaille rose brillante sous le ciel cataclysmique pourpre.
https://www.youtube.com/watch?v=94n3p5ziADs
Il lui enfonça le casque sur la tête, la couronne entrant en contact avec la peau de la chasseuse qui se concentra de nouveau dans un grand flash nerveux. Elle lâcha un cri alors que ses synapses se reconnectaient et son esprit se mettaient en phase avec celui de Minuit. Elle tomba en avant mais se bloqua avec ses bras. Elle serra les dents et prit une respiration saccadée, telle une créature enragée. Ses doigts craquèrent dans ses poings et elle releva le menton, regardant devant elle et la mer de désolation qui s'étendait droit devant elle. En se redressant, la chasseuse sentit son corps s'emplir d'une énergie nouvelle et malsaine. Nova et Minuit réapparurent dans sa tête, tous deux inquiets, mais le dragon bavait de haine et de rage. Il n'avait pas réussi à calmer les impulsions meurtrières qu'il avait reçu plus tôt. L'entité s'élança vers Larah qui regardait devant elle, la colère montante. « Nous n'étions plus en phase. » La jeune femme hocha la tête. « Remercions Nieve pour nous avoir remis la tête sur les épaules. » Larah tourna le regard vers le felyne qui avait l'air d'en avoir également trop vu. Il ne disait mot mais son visage montrait qu'il avait parcouru tout le village à sa recherche pour pouvoir lui remettre son casque. Il savait que la couronne était à l'origine de beaucoup de choses. Elle lui posa la main sur la tête :
- Fuis le village, c'est un ordre. (les émotions de Larah lui revenait petit à petit) Tu ne feras pas le poids face au Fatalis et sera un obstacle pour Drakov.
- Mais... et vous...
- Je vais m'en sortir.
- Venez avec moi, j'ai trouvé une sortie.
- Emmène le plus de gens avec toi.
- Je ne peux pas vous laisser vous battre... pas seule.
- Maze et les autres se battent encore, n'est-ce pas ?
Le felyne eut une mouvement de lèvre triste. « N'est-ce pas ? » répéta-t-elle. Il baissa le regard et les oreilles. Elle déglutit et sentit la peur revenir. Nova prit le dessus pour lui laisser le temps d'absorber la nouvelle.
- Où était-il la dernière fois que tu l'as vu ?
- La Guilde... c'était là qu'il était.
- D'accord. Nous nous en chargeons... alors.... merci Nieve.
- Mais... maîtresse... personne ne peut vaincre ce monstre... pas même vous.
Le felyne pleurait désormais mais tentait de le cacher. Nova fit deux pas et s'arrêta. Elle baissa la tête et se tourna vers son petit compagnon de chasse, ses lèvres remuèrent faiblement et laissèrent échapper un « Je sais. » Puis elle se mit à avancer. Nieve mit ses pattes à ses yeux et se ressaisit. « Attendez, regardez-moi. » Elle se tourna vers lui et il remua la tête, comme pour s'excuser de quelques choses. Elle entendit le bruit d'un rechargement, elle se tourna soudainement et reçu une balle en plein dans le ventre, elle en tomba par terre. Nova mit un bras à terre et se releva, utilisant l'autre pour appuyer sur la blessure. C'était comme si on lui avait donné un coup de poing, l'armure avait tout absorbé, mais quelque chose l'avait piqué et elle l'avait bien senti. Elle arracha la balle et vit au bout une petite seringue vide. La chasseuse regarda en face d'elle et vit le fils de Maze, Tom, qui tremblait de tout son corps en voyant la femme se relever et briser la balle dans sa main. « Je suis désolé... » balbutia-t-il. « Mon père m'a dit... m'a dit de le faire... » Larah avait observé la balle une seconde et c'était tourné vers Minuit qui raclait le sol en grognant, l'air inquiète, elle se tourna immédiatement vers Nova : « On a quelques secondes avant de littéralement exploser. » L'entité ne comprit pas exactement ce que cela signifiait puis elle lut les pensées de la chasseuse et fut d'autant plus inquiète. « Tr... Très bien. Alors autant ne pas rester près de ces deux-là » fit-elle en montrant Nieve et Tom. Larah dépassa le jeune homme tétanisé, elle s'arrêta et le regarda à travers son casque, il vit l’œil rouge qui brûlait déjà. Il se mit à sangloter et quand elle fut à quelques mètres, il tira de nouveau, dans sa jambe cette fois. Elle s'arrêta net en étouffant la douleur par un gémissement. Elle retira la balle et la jeta au loin. Nieve attrapa le garçon par la jambe et ils se mirent à courir.
Svarog marchait à travers les décombres à la recherche de sa cible. Où était-elle passé ? Il renifla bruyamment l'air et leva les crocs quand il sentit la présence de Minuit non loin de là. Au lieu de faire le tour de la maison qui les séparait, il passa à travers comme s'il ne s'agissait de rien d'autre qu'un château de sable et fit face à la chasseuse, les armes en main. Il sourit littéralement, ce rictus sardonique qui avait hanté les rêves de la chasseuse, les lames de métal sur les côté le rendirent encore plus terrifiant. Il se mit à rire, c'était bien la pire des choses :
https://www.youtube.com/watch?v=MRYwrT0Y3HA
- Que vois-je ? Une troisième voix ? Vous êtes donc encore plus fous que je ne le pensais... Je t'attendais cependant... ou plutôt... je vous attendais. Votre Chef de Guilde s'est bien battu... il a tenu près de 10 secondes avant que je ne l'envoie six pieds sous terre. J'espère que tu tiendras plus longtemps que ça, Reine Foudroyante... Et qui es-tu, troisième créature pitoyable ?
- Je suis Novasilys. Je n'ai pas besoin de te traduire je pense. J'ai entendu parler de toi... Il me semble que l'on t'a déjà vaincu. Mais comme je le sais si bien, il n'y a pas de mort, pas de vie, le temps ne t'affecte pas. C'est pour cela que tu es revenu. Car c'est le cas pour les humains et tu veux donc te venger avant qu'elle ne meurt de sa bonne mort. Mille ans, ou un battement de paupière, c'est pareil pour toi, n'est-ce pas ? Minuit vit tous les jours, toi tu as dormi pendant 7 longues années, mais ça t'a paru court, n'est-ce pas ? Si c'est le cas, alors dis toi que nous allons te faire du mal... en 7 pulsations...
- Le hasard fait si bien les choses, n'est-ce pas ? 7 me semble être un chiffre assez misérable... 7 secondes pour te vaincre, 7 minutes pour brûler le village et 7 heures pour que les premiers secours arrivent. Mais tu as tort. Ces années ont été une éternité de souffrance, de haine et de frustration. Je n'attendais qu'une chose, c'était de revenir. Et me revoilà. Tes armes ne feront pas le poids contre moi.
- C'est vrai, opina Nova en regardant les armes de Larah. Ce ne sont pas les Lames qui t'ont vaincu.
- Tu n'as aucune chance, abandonne ! Rugit-il en montrant les dents et levant la queue pour se préparer à bouger.
- Mais Larah ne m'avait pas en sa possession, tu te souviens ? (sa voix monta crescendo) Et elle n'avait pas non plus le sang du démon dans les veines !
https://www.youtube.com/watch?v=lJ8NY9_i45M
Drakov lâcha un grognement sauvage quand il se heurta au murs de bois et de ciment de sa propre bâtisse, être poussé par un colosse comme Mordecai dans lesdits murs fut une expérience que son corps d'Apex lui permit d'endurer, mais pas quelque chose qu'il qualifierait d'excessivement plaisant.
Une bonne moitié de la bâtisse s'effondra sous l'impact, le chasseur et le colossal dragon s'effondrèrent de concert dans un nuage de poussière qui s'éleva sur plusieurs mètres. Il ne restait plus de la bâtisse qu'une moitié de la salle commune et quelques chambres.
Le Dragon Ancien se redressa, puis il s'ébroua, envoyant rouler quelques gravats qui restaient encore sur son corps et chercha du regard sa cible, cet impudent qui avait osé lui sauter sur le dos. Il rugit :
« HUMAIN ! Montre toi ! Affronte moi au lieu de te reposer sur tes petits tours de passe-passe ! »
Une réponse lui parvint, semblant venir de partout à la fois
« Me montrer ? Tu sous estime un peu le genre humain Dragon… »
Le Dragon frissonna, de façon imperceptible, c'était bien l'une des rares fois ou il ressentait cette sensation viscérale écœurante, cette impression d'avoir les boyaux qui se tordent… Oui, Mordecai, pour la cinquième fois depuis sa naissance, éprouvait une peur instinctive, tout son corps lui hurlait de fuir, de s'éloigner de ces créatures qui, il y a cinq minutes à peine, tremblaient face à lui…
Il poussa un rugissement féroce, battant de ses puissantes ailes pour finir de dégager la poussière soulevée par leur crash.
Il ne voyait toujours pas l'humain. Ce dernier, retiré dans une des chambres à l'étage, fixait la scène plus loin, celle de l'arrivée de Svarog, impitoyable et terrifiant, un dragon fait de lave et d'acier qui venait de s'écraser en plein dans le centre de Tenmura. Heureusement pour lui, le hasard avait fait que sa demeure, située plus haut sur la pente de la montagne, n'avait pas à être inquiétée par l'attaque du Fatalis. Il soupira : Bien, il devrait donc gérer Mordecai lui-même, vu que les gens de la ville allaient avoir un autre dragon à gérer.
Drakov empoigna fermement ses deux sabres et déposa une petite bombe devant la porte, il alluma la mèche et sauta à l'étage inférieur par le mur détruit. L'explosion envoya la porte voler, attirant Mordecai qui déchargea une boule de feu féroce droit dessus, faisant exploser un pan de mur restant.
Ironiquement, c'est cette position tête basse que prennent les Alatreon en tirant leurs boules de feu qui le mit à portée de l'assaut de Drakov, qui déboula de la chambre du dessous, ses deux sabres en main. En un instant, enveloppé de fumée noire, il fondit sur le dragon, le gratifiant d'un double coup circulaire qui manqua de crever un œil à Mordecai, mais fut porté avec une force suffisante pour le faire rugir de douleur. Astrale et la lame enduite de poison Xeijin faisaient des miracles ensemble, la première ouvrant des plaies que la seconde emplissait de poison.
Mordecai se redressa en hurlant de douleur, mais ne manqua pas sa chance de frapper, d'un revers de sa patte gauche, il envoya l'Apex rouler devant lui et posa sur lui ses deux yeux flamboyant :
« Je vais t'oblitérer ! »
Un crachat enflammé jaillit de ses mâchoires, explosant droit sur l'Apex, ou du moins sur l'endroit où il aurait du se tenir. Il pesta quand sa boule de feu exposa seulement une plaque de ciment. Drakov ricana, le ciment absorbant bien l'attaque, il n'eut à retenir que le choc, ce qui était bien dans ses moyens. Il avait certes senti le coup de patte, mais dénué d'élément, ce dernier ne représentait pas un obstacle qui était insurmontable, pas pour lui en tout cas.
Le Dragon rugit et s'élança, Drakov bondit sur le côté et se remit en position, prêt à bondir, les muscles de ses jambes tendus. Il fusa droit vers sa cible, dansant en passant entrer ses pattes quand il ficha ses perce-ciel dans le mur. Les entailles se multiplièrent, l'Alatreon retira rapidement ses cornes du mur et poussa un rugissement, s'envolant brièvement pour dégager le chasseur de sous lui d'un coup de queue. Drakov glissa dessous d'un mouvement fluide. Il fixa la créature, qui rugit, faisant pleuvoir une nuée d'éclairs tout autour de lui.
Drakov esquiva au possible, mais il fut frappé par un puis deux éclairs, qui l'envoyèrent rouler au sol, fumant et crépitant. L'armure en Eliostra n'offrait qu'une maigre protection face à la foudre et, malgré son corps d'Apex renforcé au possible, il avait subi des dommages conséquents. Il se redressa en tremblotant, son corps et ses muscles encore secoués de spasmes. Il avala rapidement une méga potion, histoire d'oublier un peu cette douleur mais ça n'aida que peu.
Le Dragon Ancien montra ses crocs, il semblait sourire de satisfaction. Drakov fit un vif moulinet de ses armes, prêt à s'élancer de nouveau malgré un corps qui chancelait.
C'est alors qu'elle retentit, une détonation puissante. Aucun des deux combattants n'y prêta plus attention que ça, jusqu'à l'instant ou l'impact se fit ressentir sur Mordecai. En plein dans le cou, une munition tirée avec une force tonitruante, une balle qui, faute de percer son cuir, lui imposa une rotation forcée et le fit vriller sur lui-même avant de s'écraser lourdement au sol.
Drakov se souvint alors : Gharith, ce mec avait bien un fusil surdimensionné, pas de doute quand au fait que ce soit cette arme qui ait servi, cependant qui avait pu s'en servir ? C'était pas une arme connue pour sa précision, ni pour sa facilité d'usage alors la tirer avec une telle précision et d'aussi loin… Il y réfléchit et sourit : Il en connaissait quelques uns qui étaient capable de telles prouesses en effet…
https://www.youtube.com/watch?v=_T6oBCiIWeY
Plus haut sur la montagne, Aria souffla de soulagement et laissa pendre ses jumelles à son cou :
« Parfait ! Tu l'as eu ! »
Milly soupira longuement et, aidée par Rupert, Yasmir et Ethan, ils lâchèrent le large fusil encore fumant, qui éjecta une douille massive.
Elle lança :
« L'arme est encore en état, faut qu'on la laisse refroidir et qu'on la recharge, on lâche rien ! »
Ils opinèrent simplement, alors que la tireuse avait visé, guidée par Aria, les trois autres avaient aidé à encaisser le recul en utilisant leur force surclassant celle des humains. La commandante de la Guilde hocha de la tête envers Amélie, qui se tenait aux côtés d'Aria, le sabre Kirin/Lao-Shan en main. Amélie dut serrer le manche de l'arme avec force, pour se retenir de se jeter dans la mêlée avec son concubin.
Aria remit les jumelles à ses yeux, plus aptes à voir de très loin que ceux des autres, et elle lança :
« Il a fait une sacré vrille, mais il semble indemne.
-Tire dans ma piaule, une explosive. »
Tous se tournèrent vers lui, il exposa :
« Ma piaule n'a pas été ouverte, j'en suis certain, elle est sous des conditions un peu différente d'oxygénation pour les plantes que j'y fait pousser. Une munition bien placée pourra générer une grosse déflagration bien grasse. »
Ils opinèrent, ils devraient toutefois attendre que le fusil, providence à laquelle ils avaient pensé en fuyant, refroidisse. Qui plus est, celui-ci étant un prototype, pas sûr qu'il leur permette de tirer autant qu'il l'auraient souhaité.
Mordecai s'ébroua au sol en sentant de nouveau les deux lames le percuter, avec force. Il se redressa promptement et s'ébroua, avant de recevoir un coup croisé dans le torse qui le fit rugir de douleur. Il poussa un feulement sauvage en reculant. Il reporta ses yeux vers cet humain, embué de brume noire, qui ricana :
« Oh, alors cette vieille cicatrice n'est pas là que pour le show ? »
Il grogna, vrai que cette vieille plaie lui faisait encore mal et que le coup qu'avait porté l'humain lui avait fait tout aussi mal, il sentait même le sang, mêlé du visqueux poison Xeijin, s'écouler sur son torse jusqu'à son plastron. Le dragon montra les crocs, il était encore en mode vol, il devrait effectuer un passage en mode sol s'il voulait se battre à plein potentiel à terre, ce qui s'annonçait difficile vu que l'humain avait son point faible, qui plus est, un décollage n'était pas envisageable, sous peine de reprendre une de ces horribles balles.
https://www.youtube.com/watch?v=ljocB4rPieU (ou https://www.youtube.com/watch?v=5QqCf0zDlMY c'est selon)
Mordecai n'était pas au courant du très long temps de rechargement de l'arme et Garith et c'était un avantage certain pour Drakov, en témoignait le fait qu'il ne s'était pas encore envolé de nouveau, malgré son mode vol.
Drakov ricana :
« C'est parti, voyons ce que tu vaux sans aucun élément pour t'aider ! »
Le Dragon Ancien rugit en réponse et abattit ses griffes là où l'humain se trouvait. Ce dernier esquiva, d'un bond habile et, prenant un appui sur ses jambes, bondit droit vers le torse du monstre, le long duquel il laissa une traînée sanguinolente et crépitant d'énergie lumineuse. L'Alatreon rugit, mais il contre-attaqua aussitôt d'un revers de perce-ciel, que Drakov eut un mal fou à esquiver. L'attaque l'envoya rouler au sol, encore une fois, rien d'insurmontable, tout au plus une côte cassée qui se ressouderait dans l'heure.
Le chasseur bondit, encore une fois, fusant droit vers le monstre, lui portant un coup circulaire dans sa cicatrice qui lui arracha un hurlement sauvage. Le dragon fit un bond et arrière et claqua sèchement des mâchoires, visant à arracher un bras à cet humain. Ce dernier esquiva d'un bond en arrière et frappa de nouveau, d'un coup circulaire, qui entailla le museau de l'Alatreon et envoya un de ses crocs saillants voler. Le Dragon se redressa sur ses pattes arrières et recula, toisant l'humain, la gueule en sang. Drakov lui lança :
« On commence à peine mon gros.
-Ne te surestimes pas humain ! »
Il rugit, faisant pleuvoir les éclairs face à lui. Drakov esquiva au mieux, il voyait que la bête paniquait un peu plus que tout à l'heure, ses éclairs frappant de façon moins erratique et plus centrée sur lui, ce qui les rendait bien plus simple à esquiver. Il fut légèrement brûlé par l'un d'eux cependant, mais rien de comparable au bombardement qu'il avait subi auparavant. Il ricana :
« C'est toi qui nous sous-estime le lézard, retourne dans l'époque révolue dont tu proviens ! »
Drakov s'élança droit vers l'Alatreon, qui rugit et fit surgir du sol de multiples icebergs, des pointes acérées de glace et de multiples éclats de givre coupant, dans le but de stopper la charge furibonde de l'humain.
Drakov esquiva au mieux, mais il fut repoussé en arrière par l'éruption d'un iceberg sous ses pieds. Il roula sur le dos : Encore une côte qui venait de casser, ça commençait à en faire un sacré paquet mine de rien et pourtant, rien que par la force ahurissante de son corps d'Apex, il courait et brandissait ses armes sans même ressentir les effets de ces fractures.
Le chasseur sentit soudain une forme familière sous sa main et ricana : Son râtelier… Il était juste sous lui, ce qui voulait dire que ses sabres en Rathalos Azur/Eliostra et Zanatharus y étaient aussi. Il rengaina ses armes et sourit au Dragon, qui poussa un rugissement tonitruant en réponse. Il tira vivement les deux sabres de plus et les attacha d'un mouvement fluide à sa taille. Il tira celui de feu et Astrale, chargeant en réponse à un Alatreon qui faisait de même.
Drakov esquiva les perce ciel et le crâne du dragon d'un léger bon de côté, qui le laissa dans le sillage du monstre, mais lui permit de taillader le plastron de la créature et son ventre mou, le faisant rugir de douleur.
Il se retourna vivement, pour constater l'écran de fumée qui avait été largué par la chasseur après son attaque. Mordecai grogna et battit violemment des ailes, le corps incliné légèrement vers le bas au niveau de la tête. Une erreur de plus qui lui valut de prendre un coup croisé des lames de Drakov en plein dans ses perce-ciel, qui craquèrent et se fendirent légèrement à l'impact des lames du chasseur. Il frappa vivement d'un coup de patte avant, qui envoya rouler l'humain droit dans les débris. L'Alatreon rugit :
« Qu'est-tu au juste ? Tu n'es pas humain, aucun humain ne pourrait se relever après avoir encaissé autant mes attaques.
-Je suis pourtant un humain. Répondit Drakov, en se redressant d'un bond. Mais pas n'importe lequel d'entre eux. Je suis un Apex. Né pour régner et dominer. Le pinacle de l'évolution humaine ! »
Le Dragon se dressa sur ses pattes arrières et poussa un rugissement qui fit vibrer l'air, ses écailles passèrent à une teinte magma, montrant son passage en mode sol. Il lança, sinistre :
« Alors combattons en tant que pinacles de nos évolutions respectives. »
Il s'entoura de sa sinistre aura et chargea, droit devant lui. Drakov bondit et passa sous la rambarde de l'étage, visant à utiliser ce dernier comme un obstacle à la charge de Mordecai. Bien qu'elle le ralentisse, ladite rambarde fonctionna moins bien qu'il ne l'espérait, elle céda sans trop résister au passage du Dragon Ancien, qui fusait, perce-ciel en avant.
Une nouvelle détonation résonna et ce fut cette fois-ci l'enfer, une déflagration colossale enveloppa les ruines de la bâtisse dans des flammes qui dévoraient tout. Le Dragon, prit dans le souffle de l'explosion, fut catapulté sur l'autre pan du mur et bombardé de gravats qui agirent comme les plombs d'une munition de fusil, le perforant dans la membrane fragile de ses ailes. Il meugla de douleur. Drakov, lui, fut catapulté dans les gravats et manqua de perdre connaissance, il eut cependant le réflexe de se couvrir derrière une plaque de ciment, qui absorba fort bien les débris volants. Il soupira fortement, l'air lui brûlait les poumons tellement il était chaud… A quoi ils jouaient au juste ? Ils cherchaient à le tuer avec Mordecai ou quoi ?
Fort heureusement pour lui, son armure en Eliostra l'avait protégé des dommages potentiels causés par le feu, mais le choc l'avait quand même sévèrement secoué. Il rengaina son sabre Rathalos et avala l'entièreté d'une potion max, grimaçant face au goût outrageusement amer de la préparation.
Il tira son arme Zanatharus et, bondit, esquivant une attaque écrasante de l'Alatreon, qui semblait à peine avoir subi de dommages de l'attaque, si l'on exceptait cette fondation en fer fichée dans son épaule.
Il ricana :
« Bien joué. Sérieusement. Si j'étais resté en mode vol cette attaque aurait bien pu m'être fatale. »
Drakov pesta : A quelques secondes près, il aurait pu abréger cette bataille…
D'un vif moulinet de ses armes, il s'apprêta à refaire face à la créature, quand, soudainement, un autre adversaire se joignit à la danse, collant un puissant coup d'un katana épais, cisaillé dans un matériau qui le faisait ressembler à du magma incandescent.
La personne ayant rejoint ce combat n'était autre que le père de Drakov, ou du moins son père adoptif, Abygaël Eccnelias. L'homme, du haut de ses deux mètres dix, portait comme à son habitude des gantelets et des jambières en Ukanlos et uniquement cela, même si l'on pouvait deviner qu'il portait également un de ces piercing spécifiques, emplis de drogues métaboliques, un piercing fine lame semblait-t-il.
Le patriarche des Eccnelias ricana :
« Ne pense pas que j'allais te laisser t'occuper de lui seul.
-J'aurai préféré, ça m'aurait évité d'avoir à calmer le virus. Répliqua Drakov.
-Ne t'en préoccupe pas. Répondit vivement le guerrier, tapotant une poche pleine de baies soin à sa taille. »
https://www.youtube.com/watch?v=axhtmPLpOrg
Drakov opina simplement et sourit à pleine dents, Mordecai, remis de l'impact de cette arme qui avait fendu son cuir aisément et l'avait fait feuler de douleur, le visa d'un coup de perce-ciel. Abygaël esquiva d'un gracieux bond en arrière.
Drakov écarquilla les yeux, c'était un coup que même lui aurait eu du mal à esquiver, comment son père avait-il pu le faire ?
Mordecai grogna de nouveau, la lame d'Abygaël avait de nouveau fendu l'air, lui entaillant la face. Il s'enveloppa d'aura Dragon et chargea droit vers Abygaël. Ce dernier, encaissant les décharges de Dragon qu'impliquait sa contre-attaque, fit simplement quelques pas, avec un calme olympien, et taillada le plastron et le ventre du monstre quand ce dernier lui passa au-dessus. L'Alatreon glissa au sol pour stopper sa charge et rugit droit vers Abygaël, qui ne cilla pas et le fixa, avec un regard vide et effrayant, bien plus que ne l'était l'existence de Drakov pour le dragon.
Drakov lui même était terrifié, jamais il n'avait vu son « paternel » devenir sérieux semblai-il… Mais là encore, il s'agissait bien d'un homme qui avait vaincu à lui seul deux Ukanlos dans une montagne et repoussé un Teostra en solo, il n'y avait aucune espèce de doute possible quand à ses performances.
Il rengaina sa lame un instant, le tranchant de cette dernière semblait même couper des tranches d'air quand il avait fusé sur les pattes de l'Alatreon. Abygaël tira de nouveau sa lame, qui semblait chargée d'une énergie nouvelle, c'était l'un des styles enseignés dans les nouvelles écoles de chasseurs, la Fonguentaille, ou comment augmenter le tranchant d'un katana en relâchant un puissant coup.
Le commandant lança à son fils, qui n'avait toujours pas bougé :
« Magne toi et agis, il va bien finir par te remarquer, même si tu reste planté là comme un piquet. »
Drakov se reprit et s'élança, c'est vrai qu'ils n'avaient pas une minute à perdre.
Tous les deux fondirent sur le Dragon Ancien qui cracha une boule de feu droit sur le paternel Eccnelias. L'attaque fit mouche, ou du moins il sembla au monstre, car l'homme avait prit un puissant appui sur le sol et bondit en arrière, n'écopant que d'une légère brûlure sur la jambe qui avait servi d'appui.
Drakov, lui, passa sous la nuque de l'Alatreon, d'une puissante attaque circulaire, lui cisailla de nouvelles entailles qui s'ouvrirent largement sur son torse. Le Dragon feula de douleur et décolla, passant en mode vol et le dégageant d'un violent coup de queue qui l'envoya rouler aux côtés de son paternel.
Il souffla avec force un froid digne du Cocyte, cristallisant de l'air au-dessus d'eux. Tous les deux se séparèrent rapidement esquivant de peu les premières stalactites. Ces dernières chutèrent cependant sans réellement discontinuer visant à qui Drakov à qui Abygaël, les forçant ainsi à esquiver en permanence.
Mordecai nota aussi, que malgré qu'il se soit envolé et exposé au soutien de Drakov, aucune balle ne l'avait ramené au sol, ce qui était en soit une bonne chose, cependant, ses ailes fragilisées ne le soutiendraient pas indéfiniment et il aurait bientôt besoin de se poser, s'il désirait avoir assez de stamina pour fuir.
Il rugit une nouvelle fois, faisant déferler des éclairs sur les chasseurs, Abygaël esquiva en minimisant ses efforts, ne recevant que des brûlures et des coups de jus légers après ses quelques pas. Drakov, lui, roula au mieux mais reçut au bas mot trois éclairs. Sa stamina aussi commençait à manquer.
Il avala une potion max, sa dernière, et pesta, ces attaques en mode vol n'étaient pas de bonne augure, qui plus est Mordecai devait avoir compris maintenant que le fusil de Gharith ne tirerait pas instantanément et qu'il avait un temps de refroidissement.
Contre toute attente du chasseur cependant, le dragon se posa, avant de charger en rase motte, envoyant une série d'éclairs frapper le sol derrière lui. Il visait à les faucher tous les deux avec ses ailes, faute de quoi les éclairs feraient leur travail.
https://www.youtube.com/watch?v=DramaemEP9c
Un regard entendu fut tout ce qui était nécessaire, Drakov et Abygaël fusèrent de concert vers la face du Dragon Ancien et abattirent leurs lames de concert, Astrale et la lame en Akantor/Fatalis Pourpre d'Abygaël déchaînèrent leurs puissances respectives dans la face d'un Alatreon qui n'en demandait pas temps. Un des perce-ciel céda et décolla, pour se ficher dans le sol. Le dragon, lui, roula en arrière et se redressa, ivre de rage.
Il décolla en poussant un mugissement féroce, faisant pleuvoir des éclairs et des stalactites gigantesque depuis les cieux avec une férocité ahurissante. La fureur de l'attaque les força à esquiver tous les deux, ne les épargnant pas à la moindre erreur, un éclair par-ci, une coupure glacée par là. Ils durent bien vite se réfugier sous les restes des balcons, afin d'éviter au mieux la fureur de l'Alatreon.
Cependant, ce fut cette dernière qui l'empêcha d'entendre la troisième détonation. Un tir d'une violence inouïe, qui toucha de nouveau le Dragon Ancien, en plein torse cette fois-ci.
Il vrilla de nouveau en l'air et s'écrasa lourdement, ce qui le laissa à portée de Drakov et Abygaël, qui fusèrent droit vers lui et lui firent tâter de leurs sabres respectifs. Les lames tailladèrent sévèrement le torse de l'Alatreon et son perce-ciel restant.
La bête changea subitement de couleur pour passer en mode sol, ils bondirent en arrière, recevant toutefois les éclairs noirs de l'aura de Dragon qu'il fit rugir autour de lui.
Mordecai se redressa, titubant légèrement, il pesta :
« Les humains semblent avoir bien grandi depuis que j'ai été enfermé… Mais ne vous réjouissez pas trop vite. Même si vous me tuez, il reste encore Svarog et qui sait combien d'autres dragons pourraient encore intervenir.
-Alors on les butera tous. Votre temps est révolu, je te l'ai déjà dit le lézard. Railla Drakov. »
Mordecai déploya ses ailes, envoyant une onde de choc qui fit vaciller les deux chasseurs. Il lança :
« Je vais me retirer. Je pense en avoir fait assez ici. »
La créature déploya ses ailes et, avant que toute contre-attaque ne puisse être portée, il décolla et disparut, n'était plus qu'un point à l'horizon.
Les cris des gens ne cessaient pas tandis que la plupart brûlaient ou hurlaient à l'agonie. Leur sang se répandant entre les pierres et ruisselant entre les pavés des rues. Une véritable pluie de feu s'abattait sur Tenmura. Le ciel s'effondrait sur la ville tandis qu'elle était en proie aux flammes. Talf arriva sur le pont principal du port et regarda les bateaux, dégoulinant de gens, qui fuyaient par les rivières. Ohms et Kot guidaient deux bateaux différents et ordonnaient aux autres rafiots de ne pas rester grouper. Le Lancier leur hurla de se jeter à l'eau quand il entendit derrière lui le grondement des ailes de la destruction. Il leur fit signe de partir quand une rivière de flammes se déversa sur eux. Une véritable cascade orange qui enflamma le lac même, tandis qu'il vit alors ce qui l'avait causé. Ce n'était pas Mordecaï. Ce n'était pas l'Alatréon. C'était un deuxième dragon ancien. Gigantesque ombre qui se cachait malgré sa taille dans la vapeur d'eau et qui dévia vers le centre du village. Talf n'eut le temps que de voir le bout de la queue qui fendait l'eau en deux et remuait les cadavres des habitants carbonisés qui remontaient à la surface...
Elle se força à ne pas entendre. A ne pas voir les murs se coucher par le souffle d'un atterrissage monstrueux. A ne pas sentir l'odeur familière et inoubliable du soufre... Du brasier infernal qui leur servait de poche à feu... Du goût du sang dans sa bouche... Et de son épée dans sa main. Elle tremblait à en tomber par terre.
Talf comprit que le village était perdu. Il tomba à genou devant la mer de feu qui s'étendait devant lui et mit ses mains à ses oreilles pour étouffer les hurlements de ceux qui se noyaient ou des navires qui tentaient d'échapper à l'enfer.
Larah glissa ses doigts jusqu'à ses yeux ouverts au possible tandis qu'ils suivaient du regard une étrange forme qui se dessinait hors des flammes et de la fumée. Du sang se faufila entre ses genoux, provenant de l'endroit où elle regardait...
Le lancier tremblait si violemment qu'il avait des spasmes. Il tâchait tant bien que mal de respirer mais il s'étouffait dans sa propre torpeur. Alors qu'il pensait ne plus pouvoir respirer, il l'entendit. Le rugissement, la signature de leur fin.
https://www.youtube.com/watch?v=UE5DTnKhgV0
L'épéiste voulut laisser échapper un hurlement mais l'air ne se faufila pas jusqu'à ses poumons pour ensuite être recraché quand elle entendit le rugissement qui se faufilait jusque dans son sommeil le plus profond. Sa bouche traça un cri de terreur silencieuse alors qu'elle voyait la silhouette de son pire cauchemars prendre forme.
https://www.youtube.com/watch?v=_qgqOOGBMLk
Ses ailes furent la première chose à apparaître. Immenses, couvrant le ciel de leur longueur, elles étaient d'un rouge sombre mais dont les veines qui parcouraient la membrane et striaient la chair d'un orange brillant. Au niveau de l'articulation, la concentration en faisceau était telle que les ailes brillaient même dans le noir et à travers la fumée. Une lance gigantesque perça le ciel et brillait également comme les entrailles de la terre, mais elle n'était pas la seule, parmi les trois autres qui sortirent de la fumée, elle était la plus grande. L'une d'elle était brisée mais semblait avoir repoussée étrangement... Une patte balaya la poussière du sol et fit trembler la terre. Larah tomba en arrière et recula sans quitter des yeux l'énorme masse. La queue du monstre fouetta l'air en dispersant enfin toutes la poussières, les cendres et les particules en suspension dans l'air. La chasseuse secouait la tête pour chasser cette image qu'elle voyait. Une corne frontale déchira l'atmosphère et remplaça le soleil caché par les nuages embrasés. Elle reconnut alors la cicatrice énorme qui partait de la tempe et descendait jusqu'à la mâchoire inférieure garnie de dents démesurément grandes. De la fumée noire sortait de la gueule monstrueuse et elle vit enfin les petits yeux argentés percer l'écran de fumée qui s'en allait en vitesse devant la grandeur du dragon. Son corps brillait également, comme déchiré par le pouvoir qu'il contenait. Mais c'est là que c'était le plus surprenant. Une armure d'un alliage inconnu protégeait le plastron de la bête... Là où la chair avait été meurtris il y a plusieurs années de ça. Là où les flèches de Rann s'étaient plantées, où l'épée de Ryu avait déchiré et le marteau de Moly broyé. De gigantesque pièces de métal s'étendaient sur sa gorge, là où Larah lui avait infligé une grave blessure qui l'avait empêché de cracher du feu sans que le fluide inflammable ne coule à l'air libre et ne brûle également sur sa peau. Il possédait également au niveau de la mâchoire que lui avait déboîté Moly deux pièces qui pointaient vers la chasseuse, comme pour pouvoir racler le sol quand il chargerait. Sa gueule ne semblait plus pouvoir se fermer correctement, laissant toujours paraître au grand jour ses énormes crocs. Une armure de plus sur un cuirassé géant. Et le mot était juste. Il atteignait une taille démesurée pour un Fatalis ordinaire. Comme si son séjour dans la forge souterraine du volcan l'avait fait grandir...
Svarog, la Fossoyeur des cieux, comme l'avait appelé l'ancien de Kokoto, se tenait là. Le hurlement silencieux de Larah ne put prendre fin. Les questions auraient pu se bousculer dans sa tête mais seulement une seule chose avait pris place dans son esprit, avait balayé Minuit et Nova d'un coup. C'était la terreur. La véritable peur qui l'avait complètement dévorée et la retenait prisonnière. Le Fatalis s'avança encore et baissa les yeux vers la chasseuse. A chaque pas, la terre tremblait et avec elle, la chasseuse. Cette dernière arriva enfin à produire un cri et hurla, mais sa voix était rapidement submergée par le souffle du dragon très bruyant. Il fit frémir toutes les écailles de son corps et grogna, dévoilant ses énormes crocs. Il rugit à l'attention de la chasseuse et souffla du soufre par les narines. Il leva le cou pour que sa gorge soit moins enfouie sous les plaques d'alliages et de sa voix terrible, il susurra :
- Après tout ce temps... à dormir dans les entrailles de la terre... Je te retrouve enfin, Chevaucheuse des Tempêtes.
- C'est... C'est impossible... sanglota la chasseuse sans y croire.
- Et pourtant... Tu pensais m'avoir enterré à jamais... mais mon tombeau fut le flambeau de ma renaissance. Ton village tout entier va payer. Non... Vous payerez tous... Insignifiants insectes, vous pensiez vraiment être les maîtres de la Nature ? Que savez-vous du monde ? Vous pensez que vous avez l'avantage de la pensée mais c'est une erreur, vos instincts ont été étranglé par votre orgueil... Ainsi vous auriez du comprendre que jamais vous ne pouviez abattre un Fatalis à vous quatre seuls. Même une armée ne m'aurait pas fait succomber. Vous êtes faibles. Et aujourd'hui, vous pleurerez vos morts au lieu de vous battre, et demain...
Le Fatalis marqua une pause. Il approcha son museau de la chasseuse qui reculait comme s'il s'agissait de la pire des maladies, à moins que ça ne soit pire... Elle tourna la tête quand les dents ne furent qu'à quelques centimètres d'elle et elle ferma les yeux, comme si cela la protégerait, elle pleurait sans s'en cacher quand elle reconnut l'haleine de soufre près de son village. « Non. » souffla le dragon en tournant légèrement la tête. Il avait entendu des gens qui étaient enfermés dans leur maison et n'osaient pas sortir à une centaine de mètres de là, chose qu'aucun humain n'aurait perçu.
« Il n'y aura pas de lendemain. »
https://www.youtube.com/watch?v=x6lNThxUP94
Larah regarda sa gorge s'illuminer et vit la marée de flammes se déverser sur les maisons, emportant avec elle les personnes prisonnières. Le Fatalis tourna et rugit vers le ciel, les météores pleuvaient déjà mais les nuages lui répondirent en déversant un orage cataclysmique. Une pluie de cendre s'abattait désormais sur le village. Il vomissait des flammes à n'en plus finir sur les habitations, emportant des trentaines de personnes à chaque souffle. Les pertes étaient inimaginables. Maze regarda son village brûler. Il lâcha son arme et ses munitions dans un geste d'abandon. Talf regarda autour de lui le feu et les cendres, la rivière en proie aux flammes. Muria ne lâchait pas des yeux le cadavre de son frère tandis que Tana, tétanisée, voyait le corps du Fatalis se déplacer entre les habitations et ravager tout sur son passage avec une telle aisance. Keil laissa le monstre passer à côté de lui sans bouger. AlGieba se retourna soudain, il vit au loin le village dévoré par le feu. Il tomba à genou, les mains jointes pour prier, mais il comprit qu'à l'instant présent, aucun dieu n'entendrait sa voix... Il n'y avait que l'Alatréon et le Fatalis. Et à eux deux, ils avaient fait fuir les dieux. Minuit sentit au loin le pouvoir des deux dragons anciens et s'arrêta dans son vol. Il piqua droit au sol et se posa au-dessus d'une vallée et leva le museau vers le ciel. Il sentit les éléments se déchaîner à des kilomètres de là. Il regarda vers le bas et vit une migration de monstres qui fuyaient à toute vitesse le lieu de combat. Il aurait pu rugir pour les mettre en déroute mais à l'instant présent, il ne prit même pas la peine de le faire. Il ferma ses yeux et tentait de se connecter avec la chasseuse. Il respirait encore, ce qui signifiait que la fille était encore en vie, mais il était impossible de joindre leurs esprits. Il secoua la tête pour se remettre en route et vit à une centaine de mètres de là un oiseau. A vrai dire, il n'aurait jamais fait attention à ces volatiles, mais celui-ci portait un objet brillant... Il reconnut immédiatement le faucon et décida de le laisser porter son message. Après tout, toute aide était la bienvenue, même de la part de ses ennemis.
La Guilde avait été alertée par les agissements des deux titans, mais jamais il n'y aurait quelqu'un pour les aider à temps. Le Chef de la Guilde regardait, les yeux vides, la silhouette du Fatalis qui se dirigeait droit vers lui, des flammes sortant des coins de sa bouche. Il tourna la tête vers son arme et encore vers le dragon. Les yeux argentés qui le fixaient le fit réagir. Il fit trembler ses lèvres puis fit résonner sa voix à l'attention du monstre qui le dévisageait et le défiait. « C'est mon village que tu veux ? » Rugit-il. « Tu devras d'abord passer sur mon corps fumant, sale enfoiré de merde ! » Il se ressaisit et attrapa son arme et ses munitions. Puis il considéra mieux l'option de son épée en lavasioth. Ses balles ne traverseraient jamais la cuirasse, mais il pouvait essayer de la faire sauter. Il sauta du balcon et attendit que le Fatalis arrive. Il avait donné des ordres à ses hommes et il priait pour qu'ils les exécute. Il fallait occuper le monstre. Le temps que son fils fasse son devoir. Svarog posa sa patte au sol et leva la tête :
- Tu es le Chef du village ?
- De la Guilde.
- Peu m'importe, tu mourras de toute manière. Mordecaï a condamné la plupart des sorties avec sa foudre, j'espère que tu es conscient que tu ne sauveras plus personne (l'homme déglutit, il avait raison). Je suis Svarog et j'apporte la désolation depuis les terres embrasées.
- Super, moi j'apporte de grosses blessures avec mon épée, répondit Maze se prenant au jeu, si c'en était un.
- Je vais écraser ton village avec tellement de violence qu'il ne restera plus que de la poussière et personne ne se souviendra de toi, de ta Guilde ou même de vos chasseurs. J'ai déjà fait s'évaporer votre motivation en même temps que votre ruisseau. J'ai immolé vos défenses et tout ce qu'il va vous rester, ce sont vos larmes pour pleurer.
- J'espère que tu aimes bien le sel, parce que j'en suis assaisonné et je ne vais pas hésiter à le partager sur tes blessures que je rouvrirais si nécessaire, après tout, la Rathian est une reine qui n'abandonne pas et elle reviendra te voler dans les écailles qu'elle t'avait déjà arraché.
- Tu l'appelles Reine mais elle s'est seulement coiffée d'un anneau, mes cornes sont une couronne qui brillent tel un halo. N'appelle pas ton ange gardien, mon auréole de feu l'a déjà brûlé. Tu restes fier alors que tes sujets s'enflamment, il serait peut être temps pour toi de faire demi-tour.
- Des griffes, des crocs, un souffle de feu et des ailes qui sèment la désolation... wow, comment même avec tout ça, tu as réussi à perdre face à 4 humains ? Et il me semble qu'ils n'ont pas eu trop de mal à te faire tomber... Seulement quelques heures alors que tu as quelques siècles déjà.
- Si elle est seule à se tenir encore debout, où sont les autres ? Ils jouent entre eux avec leurs épées dans la grange ? Je les ai brisé physiquement, l'un d'eux est devenu fou, l'autre s'est suicidé et le dernier, je l'ignore, mais vu ses camarades, je suppose que c'est pareil. Ils ont peut être réussi à me repousser quelques années, mais j'ai abrégé leur vie sans même avoir été là pour les éviscérer. Il en sera de même pour le peu qui fuira, ils ne vivront plus que jamais... Dans la peur.
- Alors je vais leur laisser le temps de se bouger les fesses pour pouvoir entendre qu'un jour, moi Maze, je me suis battu et j'aurai arraché les écailles du cul terreux d'un dragon.
- A tes souhaits ! Rugit le dragon avant de lui foncer dessus.
La chasseuse se posa au sol en réfléchissant. Elle ne se souvenait pas de la suite des événements. A partir de quand a-t-elle réussi à se ressaisir ? Car oui, elle en avait déduit qu'elle s'était battu car elle possédait de graves blessures qui ne s'étaient pas faites toutes seules. Elle regarda sa main encore valide qui tremblait, même immobile et se leva avec. Elle marcha quelques dizaines de mètres, boitant terriblement, tanguant à chaque pas, elle s'arrêta soudainement, non pas parce qu'elle était incapable de continuer, même si c'était possible, elle frémit en sentant ses muscles atrophiés. Elle tenta de faire un pas de plus car elle voyait un objet dépasser à quelques pas de là. Elle se donna une impulsion qui la fit lui lâcher un hurlement et elle tomba dans les cendres. Elle se mit à ramper pour pouvoir approcher l'objet. Elle mit la main dessus et tenta de le dégager, mais c'était impossible. Cependant, elle reconnut l'épée de Maze. Mais si l'arme était là, le Chef ne devait pas être loin, mort ou non. Le vent souffla sur la plaine déserte des ruines. Soulevant la poussière et redonnant une atmosphère comme il y avait eu la veille. Elle se tourna pour regarder et les souvenirs lui revint.
https://www.youtube.com/watch?v=cHGCE3UWKy0
Ses cheveux traînaient dans la poussière et les cendres. Les cris des gens hantaient son esprit, elle se tenait la tête pour éviter de tomber mais la terreur était bien trop dure à supporter. Des larmes roulaient sur ses joues, qu'elles soient de sang venant de l’œil droit ou simplement de son œil gauche. Ses mains tremblaient. Il était impossible pour elle de se ressaisir. Son village brûlait, exactement comme quand Minuit avait attaqué. Elle revivait exactement le même traumatisme sauf que cette fois-ci, c'était un Fatalis revenu d'entre les morts qui s'en occupaient. Une tour s'effondra non loin d'elle et elle tourna la tête pour voir un garde tomber et alors qu'il tenta de se relever, un énorme rondin le transperça. Il agita le bras vers elle et mourut quelques secondes plus tard. Elle détourna le regard mais ce fut seulement pour rencontrer une horreur de plus. Un bras dépasser des décombres, une toute petite main, innocente, la peau blanche et les doigts crispés sur une poupée qui avait à peine le tissu brûlé. Larah recula et vomit de nouveau. Elle ne s'était jamais remise de la destruction de son village et si elle survivait, elle ne pourrait plus jamais être la même. Les horreurs étaient omniprésentes, la chasseuse tourna la tête avec une telle lenteur que ses yeux s'imprégnaient de tout ce qu'ils voyaient. Elle entendit le rugissement de Svarog et peu de temps après, celui de Mordecaï. Ses mains se joignirent contre son visage et alors qu'elle pensait être au fond du trou, elle entendit deux personnes passer à côté d'elle et crier « L'hôpital est tombé. Et tous ceux dedans avec. » Ils ne l'avaient pas vu malheureusement, ils auraient pu l'aider, mais elle resta là, les genoux au sol, ses cheveux se couvrant de cendre... Inconsciemment, elle entendit des bruits de pas rapide et inégaux venir vers elle à toute vitesse. Une armure qui cliquetait, une arme qui traînait au sol, pendant un instant, elle crut entendre Hémildam et son épée... Nieve bondit dans les airs, le casque de sa maîtresse dans les mains, la grande écaille rose brillante sous le ciel cataclysmique pourpre.
https://www.youtube.com/watch?v=94n3p5ziADs
Il lui enfonça le casque sur la tête, la couronne entrant en contact avec la peau de la chasseuse qui se concentra de nouveau dans un grand flash nerveux. Elle lâcha un cri alors que ses synapses se reconnectaient et son esprit se mettaient en phase avec celui de Minuit. Elle tomba en avant mais se bloqua avec ses bras. Elle serra les dents et prit une respiration saccadée, telle une créature enragée. Ses doigts craquèrent dans ses poings et elle releva le menton, regardant devant elle et la mer de désolation qui s'étendait droit devant elle. En se redressant, la chasseuse sentit son corps s'emplir d'une énergie nouvelle et malsaine. Nova et Minuit réapparurent dans sa tête, tous deux inquiets, mais le dragon bavait de haine et de rage. Il n'avait pas réussi à calmer les impulsions meurtrières qu'il avait reçu plus tôt. L'entité s'élança vers Larah qui regardait devant elle, la colère montante. « Nous n'étions plus en phase. » La jeune femme hocha la tête. « Remercions Nieve pour nous avoir remis la tête sur les épaules. » Larah tourna le regard vers le felyne qui avait l'air d'en avoir également trop vu. Il ne disait mot mais son visage montrait qu'il avait parcouru tout le village à sa recherche pour pouvoir lui remettre son casque. Il savait que la couronne était à l'origine de beaucoup de choses. Elle lui posa la main sur la tête :
- Fuis le village, c'est un ordre. (les émotions de Larah lui revenait petit à petit) Tu ne feras pas le poids face au Fatalis et sera un obstacle pour Drakov.
- Mais... et vous...
- Je vais m'en sortir.
- Venez avec moi, j'ai trouvé une sortie.
- Emmène le plus de gens avec toi.
- Je ne peux pas vous laisser vous battre... pas seule.
- Maze et les autres se battent encore, n'est-ce pas ?
Le felyne eut une mouvement de lèvre triste. « N'est-ce pas ? » répéta-t-elle. Il baissa le regard et les oreilles. Elle déglutit et sentit la peur revenir. Nova prit le dessus pour lui laisser le temps d'absorber la nouvelle.
- Où était-il la dernière fois que tu l'as vu ?
- La Guilde... c'était là qu'il était.
- D'accord. Nous nous en chargeons... alors.... merci Nieve.
- Mais... maîtresse... personne ne peut vaincre ce monstre... pas même vous.
Le felyne pleurait désormais mais tentait de le cacher. Nova fit deux pas et s'arrêta. Elle baissa la tête et se tourna vers son petit compagnon de chasse, ses lèvres remuèrent faiblement et laissèrent échapper un « Je sais. » Puis elle se mit à avancer. Nieve mit ses pattes à ses yeux et se ressaisit. « Attendez, regardez-moi. » Elle se tourna vers lui et il remua la tête, comme pour s'excuser de quelques choses. Elle entendit le bruit d'un rechargement, elle se tourna soudainement et reçu une balle en plein dans le ventre, elle en tomba par terre. Nova mit un bras à terre et se releva, utilisant l'autre pour appuyer sur la blessure. C'était comme si on lui avait donné un coup de poing, l'armure avait tout absorbé, mais quelque chose l'avait piqué et elle l'avait bien senti. Elle arracha la balle et vit au bout une petite seringue vide. La chasseuse regarda en face d'elle et vit le fils de Maze, Tom, qui tremblait de tout son corps en voyant la femme se relever et briser la balle dans sa main. « Je suis désolé... » balbutia-t-il. « Mon père m'a dit... m'a dit de le faire... » Larah avait observé la balle une seconde et c'était tourné vers Minuit qui raclait le sol en grognant, l'air inquiète, elle se tourna immédiatement vers Nova : « On a quelques secondes avant de littéralement exploser. » L'entité ne comprit pas exactement ce que cela signifiait puis elle lut les pensées de la chasseuse et fut d'autant plus inquiète. « Tr... Très bien. Alors autant ne pas rester près de ces deux-là » fit-elle en montrant Nieve et Tom. Larah dépassa le jeune homme tétanisé, elle s'arrêta et le regarda à travers son casque, il vit l’œil rouge qui brûlait déjà. Il se mit à sangloter et quand elle fut à quelques mètres, il tira de nouveau, dans sa jambe cette fois. Elle s'arrêta net en étouffant la douleur par un gémissement. Elle retira la balle et la jeta au loin. Nieve attrapa le garçon par la jambe et ils se mirent à courir.
Svarog marchait à travers les décombres à la recherche de sa cible. Où était-elle passé ? Il renifla bruyamment l'air et leva les crocs quand il sentit la présence de Minuit non loin de là. Au lieu de faire le tour de la maison qui les séparait, il passa à travers comme s'il ne s'agissait de rien d'autre qu'un château de sable et fit face à la chasseuse, les armes en main. Il sourit littéralement, ce rictus sardonique qui avait hanté les rêves de la chasseuse, les lames de métal sur les côté le rendirent encore plus terrifiant. Il se mit à rire, c'était bien la pire des choses :
https://www.youtube.com/watch?v=MRYwrT0Y3HA
- Que vois-je ? Une troisième voix ? Vous êtes donc encore plus fous que je ne le pensais... Je t'attendais cependant... ou plutôt... je vous attendais. Votre Chef de Guilde s'est bien battu... il a tenu près de 10 secondes avant que je ne l'envoie six pieds sous terre. J'espère que tu tiendras plus longtemps que ça, Reine Foudroyante... Et qui es-tu, troisième créature pitoyable ?
- Je suis Novasilys. Je n'ai pas besoin de te traduire je pense. J'ai entendu parler de toi... Il me semble que l'on t'a déjà vaincu. Mais comme je le sais si bien, il n'y a pas de mort, pas de vie, le temps ne t'affecte pas. C'est pour cela que tu es revenu. Car c'est le cas pour les humains et tu veux donc te venger avant qu'elle ne meurt de sa bonne mort. Mille ans, ou un battement de paupière, c'est pareil pour toi, n'est-ce pas ? Minuit vit tous les jours, toi tu as dormi pendant 7 longues années, mais ça t'a paru court, n'est-ce pas ? Si c'est le cas, alors dis toi que nous allons te faire du mal... en 7 pulsations...
- Le hasard fait si bien les choses, n'est-ce pas ? 7 me semble être un chiffre assez misérable... 7 secondes pour te vaincre, 7 minutes pour brûler le village et 7 heures pour que les premiers secours arrivent. Mais tu as tort. Ces années ont été une éternité de souffrance, de haine et de frustration. Je n'attendais qu'une chose, c'était de revenir. Et me revoilà. Tes armes ne feront pas le poids contre moi.
- C'est vrai, opina Nova en regardant les armes de Larah. Ce ne sont pas les Lames qui t'ont vaincu.
- Tu n'as aucune chance, abandonne ! Rugit-il en montrant les dents et levant la queue pour se préparer à bouger.
- Mais Larah ne m'avait pas en sa possession, tu te souviens ? (sa voix monta crescendo) Et elle n'avait pas non plus le sang du démon dans les veines !
https://www.youtube.com/watch?v=lJ8NY9_i45M
Drakov lâcha un grognement sauvage quand il se heurta au murs de bois et de ciment de sa propre bâtisse, être poussé par un colosse comme Mordecai dans lesdits murs fut une expérience que son corps d'Apex lui permit d'endurer, mais pas quelque chose qu'il qualifierait d'excessivement plaisant.
Une bonne moitié de la bâtisse s'effondra sous l'impact, le chasseur et le colossal dragon s'effondrèrent de concert dans un nuage de poussière qui s'éleva sur plusieurs mètres. Il ne restait plus de la bâtisse qu'une moitié de la salle commune et quelques chambres.
Le Dragon Ancien se redressa, puis il s'ébroua, envoyant rouler quelques gravats qui restaient encore sur son corps et chercha du regard sa cible, cet impudent qui avait osé lui sauter sur le dos. Il rugit :
« HUMAIN ! Montre toi ! Affronte moi au lieu de te reposer sur tes petits tours de passe-passe ! »
Une réponse lui parvint, semblant venir de partout à la fois
« Me montrer ? Tu sous estime un peu le genre humain Dragon… »
Le Dragon frissonna, de façon imperceptible, c'était bien l'une des rares fois ou il ressentait cette sensation viscérale écœurante, cette impression d'avoir les boyaux qui se tordent… Oui, Mordecai, pour la cinquième fois depuis sa naissance, éprouvait une peur instinctive, tout son corps lui hurlait de fuir, de s'éloigner de ces créatures qui, il y a cinq minutes à peine, tremblaient face à lui…
Il poussa un rugissement féroce, battant de ses puissantes ailes pour finir de dégager la poussière soulevée par leur crash.
Il ne voyait toujours pas l'humain. Ce dernier, retiré dans une des chambres à l'étage, fixait la scène plus loin, celle de l'arrivée de Svarog, impitoyable et terrifiant, un dragon fait de lave et d'acier qui venait de s'écraser en plein dans le centre de Tenmura. Heureusement pour lui, le hasard avait fait que sa demeure, située plus haut sur la pente de la montagne, n'avait pas à être inquiétée par l'attaque du Fatalis. Il soupira : Bien, il devrait donc gérer Mordecai lui-même, vu que les gens de la ville allaient avoir un autre dragon à gérer.
Drakov empoigna fermement ses deux sabres et déposa une petite bombe devant la porte, il alluma la mèche et sauta à l'étage inférieur par le mur détruit. L'explosion envoya la porte voler, attirant Mordecai qui déchargea une boule de feu féroce droit dessus, faisant exploser un pan de mur restant.
Ironiquement, c'est cette position tête basse que prennent les Alatreon en tirant leurs boules de feu qui le mit à portée de l'assaut de Drakov, qui déboula de la chambre du dessous, ses deux sabres en main. En un instant, enveloppé de fumée noire, il fondit sur le dragon, le gratifiant d'un double coup circulaire qui manqua de crever un œil à Mordecai, mais fut porté avec une force suffisante pour le faire rugir de douleur. Astrale et la lame enduite de poison Xeijin faisaient des miracles ensemble, la première ouvrant des plaies que la seconde emplissait de poison.
Mordecai se redressa en hurlant de douleur, mais ne manqua pas sa chance de frapper, d'un revers de sa patte gauche, il envoya l'Apex rouler devant lui et posa sur lui ses deux yeux flamboyant :
« Je vais t'oblitérer ! »
Un crachat enflammé jaillit de ses mâchoires, explosant droit sur l'Apex, ou du moins sur l'endroit où il aurait du se tenir. Il pesta quand sa boule de feu exposa seulement une plaque de ciment. Drakov ricana, le ciment absorbant bien l'attaque, il n'eut à retenir que le choc, ce qui était bien dans ses moyens. Il avait certes senti le coup de patte, mais dénué d'élément, ce dernier ne représentait pas un obstacle qui était insurmontable, pas pour lui en tout cas.
Le Dragon rugit et s'élança, Drakov bondit sur le côté et se remit en position, prêt à bondir, les muscles de ses jambes tendus. Il fusa droit vers sa cible, dansant en passant entrer ses pattes quand il ficha ses perce-ciel dans le mur. Les entailles se multiplièrent, l'Alatreon retira rapidement ses cornes du mur et poussa un rugissement, s'envolant brièvement pour dégager le chasseur de sous lui d'un coup de queue. Drakov glissa dessous d'un mouvement fluide. Il fixa la créature, qui rugit, faisant pleuvoir une nuée d'éclairs tout autour de lui.
Drakov esquiva au possible, mais il fut frappé par un puis deux éclairs, qui l'envoyèrent rouler au sol, fumant et crépitant. L'armure en Eliostra n'offrait qu'une maigre protection face à la foudre et, malgré son corps d'Apex renforcé au possible, il avait subi des dommages conséquents. Il se redressa en tremblotant, son corps et ses muscles encore secoués de spasmes. Il avala rapidement une méga potion, histoire d'oublier un peu cette douleur mais ça n'aida que peu.
Le Dragon Ancien montra ses crocs, il semblait sourire de satisfaction. Drakov fit un vif moulinet de ses armes, prêt à s'élancer de nouveau malgré un corps qui chancelait.
C'est alors qu'elle retentit, une détonation puissante. Aucun des deux combattants n'y prêta plus attention que ça, jusqu'à l'instant ou l'impact se fit ressentir sur Mordecai. En plein dans le cou, une munition tirée avec une force tonitruante, une balle qui, faute de percer son cuir, lui imposa une rotation forcée et le fit vriller sur lui-même avant de s'écraser lourdement au sol.
Drakov se souvint alors : Gharith, ce mec avait bien un fusil surdimensionné, pas de doute quand au fait que ce soit cette arme qui ait servi, cependant qui avait pu s'en servir ? C'était pas une arme connue pour sa précision, ni pour sa facilité d'usage alors la tirer avec une telle précision et d'aussi loin… Il y réfléchit et sourit : Il en connaissait quelques uns qui étaient capable de telles prouesses en effet…
https://www.youtube.com/watch?v=_T6oBCiIWeY
Plus haut sur la montagne, Aria souffla de soulagement et laissa pendre ses jumelles à son cou :
« Parfait ! Tu l'as eu ! »
Milly soupira longuement et, aidée par Rupert, Yasmir et Ethan, ils lâchèrent le large fusil encore fumant, qui éjecta une douille massive.
Elle lança :
« L'arme est encore en état, faut qu'on la laisse refroidir et qu'on la recharge, on lâche rien ! »
Ils opinèrent simplement, alors que la tireuse avait visé, guidée par Aria, les trois autres avaient aidé à encaisser le recul en utilisant leur force surclassant celle des humains. La commandante de la Guilde hocha de la tête envers Amélie, qui se tenait aux côtés d'Aria, le sabre Kirin/Lao-Shan en main. Amélie dut serrer le manche de l'arme avec force, pour se retenir de se jeter dans la mêlée avec son concubin.
Aria remit les jumelles à ses yeux, plus aptes à voir de très loin que ceux des autres, et elle lança :
« Il a fait une sacré vrille, mais il semble indemne.
-Tire dans ma piaule, une explosive. »
Tous se tournèrent vers lui, il exposa :
« Ma piaule n'a pas été ouverte, j'en suis certain, elle est sous des conditions un peu différente d'oxygénation pour les plantes que j'y fait pousser. Une munition bien placée pourra générer une grosse déflagration bien grasse. »
Ils opinèrent, ils devraient toutefois attendre que le fusil, providence à laquelle ils avaient pensé en fuyant, refroidisse. Qui plus est, celui-ci étant un prototype, pas sûr qu'il leur permette de tirer autant qu'il l'auraient souhaité.
Mordecai s'ébroua au sol en sentant de nouveau les deux lames le percuter, avec force. Il se redressa promptement et s'ébroua, avant de recevoir un coup croisé dans le torse qui le fit rugir de douleur. Il poussa un feulement sauvage en reculant. Il reporta ses yeux vers cet humain, embué de brume noire, qui ricana :
« Oh, alors cette vieille cicatrice n'est pas là que pour le show ? »
Il grogna, vrai que cette vieille plaie lui faisait encore mal et que le coup qu'avait porté l'humain lui avait fait tout aussi mal, il sentait même le sang, mêlé du visqueux poison Xeijin, s'écouler sur son torse jusqu'à son plastron. Le dragon montra les crocs, il était encore en mode vol, il devrait effectuer un passage en mode sol s'il voulait se battre à plein potentiel à terre, ce qui s'annonçait difficile vu que l'humain avait son point faible, qui plus est, un décollage n'était pas envisageable, sous peine de reprendre une de ces horribles balles.
https://www.youtube.com/watch?v=ljocB4rPieU (ou https://www.youtube.com/watch?v=5QqCf0zDlMY c'est selon)
Mordecai n'était pas au courant du très long temps de rechargement de l'arme et Garith et c'était un avantage certain pour Drakov, en témoignait le fait qu'il ne s'était pas encore envolé de nouveau, malgré son mode vol.
Drakov ricana :
« C'est parti, voyons ce que tu vaux sans aucun élément pour t'aider ! »
Le Dragon Ancien rugit en réponse et abattit ses griffes là où l'humain se trouvait. Ce dernier esquiva, d'un bond habile et, prenant un appui sur ses jambes, bondit droit vers le torse du monstre, le long duquel il laissa une traînée sanguinolente et crépitant d'énergie lumineuse. L'Alatreon rugit, mais il contre-attaqua aussitôt d'un revers de perce-ciel, que Drakov eut un mal fou à esquiver. L'attaque l'envoya rouler au sol, encore une fois, rien d'insurmontable, tout au plus une côte cassée qui se ressouderait dans l'heure.
Le chasseur bondit, encore une fois, fusant droit vers le monstre, lui portant un coup circulaire dans sa cicatrice qui lui arracha un hurlement sauvage. Le dragon fit un bond et arrière et claqua sèchement des mâchoires, visant à arracher un bras à cet humain. Ce dernier esquiva d'un bond en arrière et frappa de nouveau, d'un coup circulaire, qui entailla le museau de l'Alatreon et envoya un de ses crocs saillants voler. Le Dragon se redressa sur ses pattes arrières et recula, toisant l'humain, la gueule en sang. Drakov lui lança :
« On commence à peine mon gros.
-Ne te surestimes pas humain ! »
Il rugit, faisant pleuvoir les éclairs face à lui. Drakov esquiva au mieux, il voyait que la bête paniquait un peu plus que tout à l'heure, ses éclairs frappant de façon moins erratique et plus centrée sur lui, ce qui les rendait bien plus simple à esquiver. Il fut légèrement brûlé par l'un d'eux cependant, mais rien de comparable au bombardement qu'il avait subi auparavant. Il ricana :
« C'est toi qui nous sous-estime le lézard, retourne dans l'époque révolue dont tu proviens ! »
Drakov s'élança droit vers l'Alatreon, qui rugit et fit surgir du sol de multiples icebergs, des pointes acérées de glace et de multiples éclats de givre coupant, dans le but de stopper la charge furibonde de l'humain.
Drakov esquiva au mieux, mais il fut repoussé en arrière par l'éruption d'un iceberg sous ses pieds. Il roula sur le dos : Encore une côte qui venait de casser, ça commençait à en faire un sacré paquet mine de rien et pourtant, rien que par la force ahurissante de son corps d'Apex, il courait et brandissait ses armes sans même ressentir les effets de ces fractures.
Le chasseur sentit soudain une forme familière sous sa main et ricana : Son râtelier… Il était juste sous lui, ce qui voulait dire que ses sabres en Rathalos Azur/Eliostra et Zanatharus y étaient aussi. Il rengaina ses armes et sourit au Dragon, qui poussa un rugissement tonitruant en réponse. Il tira vivement les deux sabres de plus et les attacha d'un mouvement fluide à sa taille. Il tira celui de feu et Astrale, chargeant en réponse à un Alatreon qui faisait de même.
Drakov esquiva les perce ciel et le crâne du dragon d'un léger bon de côté, qui le laissa dans le sillage du monstre, mais lui permit de taillader le plastron de la créature et son ventre mou, le faisant rugir de douleur.
Il se retourna vivement, pour constater l'écran de fumée qui avait été largué par la chasseur après son attaque. Mordecai grogna et battit violemment des ailes, le corps incliné légèrement vers le bas au niveau de la tête. Une erreur de plus qui lui valut de prendre un coup croisé des lames de Drakov en plein dans ses perce-ciel, qui craquèrent et se fendirent légèrement à l'impact des lames du chasseur. Il frappa vivement d'un coup de patte avant, qui envoya rouler l'humain droit dans les débris. L'Alatreon rugit :
« Qu'est-tu au juste ? Tu n'es pas humain, aucun humain ne pourrait se relever après avoir encaissé autant mes attaques.
-Je suis pourtant un humain. Répondit Drakov, en se redressant d'un bond. Mais pas n'importe lequel d'entre eux. Je suis un Apex. Né pour régner et dominer. Le pinacle de l'évolution humaine ! »
Le Dragon se dressa sur ses pattes arrières et poussa un rugissement qui fit vibrer l'air, ses écailles passèrent à une teinte magma, montrant son passage en mode sol. Il lança, sinistre :
« Alors combattons en tant que pinacles de nos évolutions respectives. »
Il s'entoura de sa sinistre aura et chargea, droit devant lui. Drakov bondit et passa sous la rambarde de l'étage, visant à utiliser ce dernier comme un obstacle à la charge de Mordecai. Bien qu'elle le ralentisse, ladite rambarde fonctionna moins bien qu'il ne l'espérait, elle céda sans trop résister au passage du Dragon Ancien, qui fusait, perce-ciel en avant.
Une nouvelle détonation résonna et ce fut cette fois-ci l'enfer, une déflagration colossale enveloppa les ruines de la bâtisse dans des flammes qui dévoraient tout. Le Dragon, prit dans le souffle de l'explosion, fut catapulté sur l'autre pan du mur et bombardé de gravats qui agirent comme les plombs d'une munition de fusil, le perforant dans la membrane fragile de ses ailes. Il meugla de douleur. Drakov, lui, fut catapulté dans les gravats et manqua de perdre connaissance, il eut cependant le réflexe de se couvrir derrière une plaque de ciment, qui absorba fort bien les débris volants. Il soupira fortement, l'air lui brûlait les poumons tellement il était chaud… A quoi ils jouaient au juste ? Ils cherchaient à le tuer avec Mordecai ou quoi ?
Fort heureusement pour lui, son armure en Eliostra l'avait protégé des dommages potentiels causés par le feu, mais le choc l'avait quand même sévèrement secoué. Il rengaina son sabre Rathalos et avala l'entièreté d'une potion max, grimaçant face au goût outrageusement amer de la préparation.
Il tira son arme Zanatharus et, bondit, esquivant une attaque écrasante de l'Alatreon, qui semblait à peine avoir subi de dommages de l'attaque, si l'on exceptait cette fondation en fer fichée dans son épaule.
Il ricana :
« Bien joué. Sérieusement. Si j'étais resté en mode vol cette attaque aurait bien pu m'être fatale. »
Drakov pesta : A quelques secondes près, il aurait pu abréger cette bataille…
D'un vif moulinet de ses armes, il s'apprêta à refaire face à la créature, quand, soudainement, un autre adversaire se joignit à la danse, collant un puissant coup d'un katana épais, cisaillé dans un matériau qui le faisait ressembler à du magma incandescent.
La personne ayant rejoint ce combat n'était autre que le père de Drakov, ou du moins son père adoptif, Abygaël Eccnelias. L'homme, du haut de ses deux mètres dix, portait comme à son habitude des gantelets et des jambières en Ukanlos et uniquement cela, même si l'on pouvait deviner qu'il portait également un de ces piercing spécifiques, emplis de drogues métaboliques, un piercing fine lame semblait-t-il.
Le patriarche des Eccnelias ricana :
« Ne pense pas que j'allais te laisser t'occuper de lui seul.
-J'aurai préféré, ça m'aurait évité d'avoir à calmer le virus. Répliqua Drakov.
-Ne t'en préoccupe pas. Répondit vivement le guerrier, tapotant une poche pleine de baies soin à sa taille. »
https://www.youtube.com/watch?v=axhtmPLpOrg
Drakov opina simplement et sourit à pleine dents, Mordecai, remis de l'impact de cette arme qui avait fendu son cuir aisément et l'avait fait feuler de douleur, le visa d'un coup de perce-ciel. Abygaël esquiva d'un gracieux bond en arrière.
Drakov écarquilla les yeux, c'était un coup que même lui aurait eu du mal à esquiver, comment son père avait-il pu le faire ?
Mordecai grogna de nouveau, la lame d'Abygaël avait de nouveau fendu l'air, lui entaillant la face. Il s'enveloppa d'aura Dragon et chargea droit vers Abygaël. Ce dernier, encaissant les décharges de Dragon qu'impliquait sa contre-attaque, fit simplement quelques pas, avec un calme olympien, et taillada le plastron et le ventre du monstre quand ce dernier lui passa au-dessus. L'Alatreon glissa au sol pour stopper sa charge et rugit droit vers Abygaël, qui ne cilla pas et le fixa, avec un regard vide et effrayant, bien plus que ne l'était l'existence de Drakov pour le dragon.
Drakov lui même était terrifié, jamais il n'avait vu son « paternel » devenir sérieux semblai-il… Mais là encore, il s'agissait bien d'un homme qui avait vaincu à lui seul deux Ukanlos dans une montagne et repoussé un Teostra en solo, il n'y avait aucune espèce de doute possible quand à ses performances.
Il rengaina sa lame un instant, le tranchant de cette dernière semblait même couper des tranches d'air quand il avait fusé sur les pattes de l'Alatreon. Abygaël tira de nouveau sa lame, qui semblait chargée d'une énergie nouvelle, c'était l'un des styles enseignés dans les nouvelles écoles de chasseurs, la Fonguentaille, ou comment augmenter le tranchant d'un katana en relâchant un puissant coup.
Le commandant lança à son fils, qui n'avait toujours pas bougé :
« Magne toi et agis, il va bien finir par te remarquer, même si tu reste planté là comme un piquet. »
Drakov se reprit et s'élança, c'est vrai qu'ils n'avaient pas une minute à perdre.
Tous les deux fondirent sur le Dragon Ancien qui cracha une boule de feu droit sur le paternel Eccnelias. L'attaque fit mouche, ou du moins il sembla au monstre, car l'homme avait prit un puissant appui sur le sol et bondit en arrière, n'écopant que d'une légère brûlure sur la jambe qui avait servi d'appui.
Drakov, lui, passa sous la nuque de l'Alatreon, d'une puissante attaque circulaire, lui cisailla de nouvelles entailles qui s'ouvrirent largement sur son torse. Le Dragon feula de douleur et décolla, passant en mode vol et le dégageant d'un violent coup de queue qui l'envoya rouler aux côtés de son paternel.
Il souffla avec force un froid digne du Cocyte, cristallisant de l'air au-dessus d'eux. Tous les deux se séparèrent rapidement esquivant de peu les premières stalactites. Ces dernières chutèrent cependant sans réellement discontinuer visant à qui Drakov à qui Abygaël, les forçant ainsi à esquiver en permanence.
Mordecai nota aussi, que malgré qu'il se soit envolé et exposé au soutien de Drakov, aucune balle ne l'avait ramené au sol, ce qui était en soit une bonne chose, cependant, ses ailes fragilisées ne le soutiendraient pas indéfiniment et il aurait bientôt besoin de se poser, s'il désirait avoir assez de stamina pour fuir.
Il rugit une nouvelle fois, faisant déferler des éclairs sur les chasseurs, Abygaël esquiva en minimisant ses efforts, ne recevant que des brûlures et des coups de jus légers après ses quelques pas. Drakov, lui, roula au mieux mais reçut au bas mot trois éclairs. Sa stamina aussi commençait à manquer.
Il avala une potion max, sa dernière, et pesta, ces attaques en mode vol n'étaient pas de bonne augure, qui plus est Mordecai devait avoir compris maintenant que le fusil de Gharith ne tirerait pas instantanément et qu'il avait un temps de refroidissement.
Contre toute attente du chasseur cependant, le dragon se posa, avant de charger en rase motte, envoyant une série d'éclairs frapper le sol derrière lui. Il visait à les faucher tous les deux avec ses ailes, faute de quoi les éclairs feraient leur travail.
https://www.youtube.com/watch?v=DramaemEP9c
Un regard entendu fut tout ce qui était nécessaire, Drakov et Abygaël fusèrent de concert vers la face du Dragon Ancien et abattirent leurs lames de concert, Astrale et la lame en Akantor/Fatalis Pourpre d'Abygaël déchaînèrent leurs puissances respectives dans la face d'un Alatreon qui n'en demandait pas temps. Un des perce-ciel céda et décolla, pour se ficher dans le sol. Le dragon, lui, roula en arrière et se redressa, ivre de rage.
Il décolla en poussant un mugissement féroce, faisant pleuvoir des éclairs et des stalactites gigantesque depuis les cieux avec une férocité ahurissante. La fureur de l'attaque les força à esquiver tous les deux, ne les épargnant pas à la moindre erreur, un éclair par-ci, une coupure glacée par là. Ils durent bien vite se réfugier sous les restes des balcons, afin d'éviter au mieux la fureur de l'Alatreon.
Cependant, ce fut cette dernière qui l'empêcha d'entendre la troisième détonation. Un tir d'une violence inouïe, qui toucha de nouveau le Dragon Ancien, en plein torse cette fois-ci.
Il vrilla de nouveau en l'air et s'écrasa lourdement, ce qui le laissa à portée de Drakov et Abygaël, qui fusèrent droit vers lui et lui firent tâter de leurs sabres respectifs. Les lames tailladèrent sévèrement le torse de l'Alatreon et son perce-ciel restant.
La bête changea subitement de couleur pour passer en mode sol, ils bondirent en arrière, recevant toutefois les éclairs noirs de l'aura de Dragon qu'il fit rugir autour de lui.
Mordecai se redressa, titubant légèrement, il pesta :
« Les humains semblent avoir bien grandi depuis que j'ai été enfermé… Mais ne vous réjouissez pas trop vite. Même si vous me tuez, il reste encore Svarog et qui sait combien d'autres dragons pourraient encore intervenir.
-Alors on les butera tous. Votre temps est révolu, je te l'ai déjà dit le lézard. Railla Drakov. »
Mordecai déploya ses ailes, envoyant une onde de choc qui fit vaciller les deux chasseurs. Il lança :
« Je vais me retirer. Je pense en avoir fait assez ici. »
La créature déploya ses ailes et, avant que toute contre-attaque ne puisse être portée, il décolla et disparut, n'était plus qu'un point à l'horizon.
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Re: Le Village et ses alentours
https://www.youtube.com/watch?v=zjCwAJHL-84
Svarog rugit avec force, couchant au sol un des murs qui étaient encore debout, Nova baissa la tête et se protégea de l'onde sonore, elle sentit la drogue du démon couler dans ses veines et le mégas jus dans son cœur, ce qui lui permis de faire face car aucun mortel n'aurait pu résister à un tel cri. Larah tenta de contrôler sa peur mais même la haine et la colère ne prenait pas le dessus. Ce Fatalis était une évolution d'un pourpre. Les légendes en parlaient comme si c'était l'incarnation même du mal, un démon, le diable, peu importait, c'était bien devant elle le Fatalis pourpre des contes. L'être semi-divin. Si Mordecaï était l'incarnation même de la Nature indomptable et instable, alors Svarog était bien la fin des temps. Sa venue annonçait une nouvelle ère, comme il y a 7 ans. Comment pouvait-on faire face à un tel démon ? D'un geste sec des mains, Nova activa la démonisation qui brilla d'une incroyable force. Elle s'élança sur le dragon qui fit de même et elle esquiva la première volée de crocs. Elle glissa au sol pour éviter la patte avant et se releva en faisant une fente pour atteindre la peau de la bête. Comme prévu, les lames crissèrent sur les écailles. Elle évita la queue du monstre et frappa trois coups avant de bondir en arrière pour éviter de nouveau l'énorme masse qui lui revenait dessus. Larah repérait les plaques d'armures supplémentaires. Le Fatalis se leva sur ses pattes arrière et se tourna violemment. Nova dut esquiver en se jetant au sol mais elle se releva en un clin d’œil. Les énormes lames qui bordaient les mâchoires du monstre avaient bien raclés le sol, comme prévu. La chasseuse bondit en l'air et tournoya pour que ses lames caressent avec force les plaques d'armures qui firent une pluie d'étincelles sous chaque impact. Elle lança un rapide regard et ne vit même pas la trace de ses armes sur l'alliage. Le rire de Svarog résonna sous ses plaques et il tenta de l'écraser en se laissant tomber de toute sa masse. En faisant une série de bonds en arrière, Nova esquiva le corps qui fissura les dalles sous son poids. Il se mit à quatre pattes et montra les dents, sa gorge devint incandescente et d'un mouvement du cou, il relâcha devant lui une marrée de flammes. En se jetant au sol, l'humaine put éviter de finir calciner. Même à travers son armure, elle ressentit la chaleur incroyable que dégageait ce brasier. Heureusement pour elle, la seule fourrure qui ornait son armure était purement décorative et aux niveaux des épaulières, cela dit, les linges pourpres qui ornaient son armure crépitèrent. Elle se roula sur le côté sur 3 mètres pour se sécuriser et prévenir d'un incendie dans son dos.
Svarog ne lui laissa aucun répit. Il fit racler les lames sous ses mâchoires au sol en soulevant terre, pierre et dalles, tout sur son passage se souleva et ce qui n'était pas détruit par les lames étaient écraser par le crâne massif. Il fonça droit sur Nova qui se releva d'un bond instinctif et se mit à courir droit devant elle, là où les débris ne l'empêchaient pas d'avancer. Le dragon la chargeait et détruisait ce qui avait été des obstacles pour la jeune femme. Elle mit instinctivement les bras au niveau de sa tête pour protéger cette dernière des jets de pierre qui étaient expulsées sous les impacts des cornes de métal. Il glissa au sol pour se freiner et fit racler sa gorge avec violence, l'illuminant de lumière orange venant de ses organes et il cracha une boule de feu que Nova entendit arriver, elle sauta contre un mur qu'elle escalada d'une enjambée et bondit alors que le projectile toucha la pierre. Le souffle la propulsa encore plus loin et elle se réceptionna d'une roulade avant de se relever et de se tourner vers le dragon qui serpenta entre les décombres. Il se releva quand il arriva à son niveau et montra les dents avec violence. Nova respirait avec force, combattant et la peur de Larah et la rage de Minuit. « On arrivera pas à se concentrer tous les trois si vous ne gérez pas vos émotions ! » S'écria l'entité à ses deux acolytes. Mais Minuit feulait encore plus en claquant ses mâchoires. « Larah, c'est toi qui l'a mis dans cet état, alors maintenant, tu assumes ! » La jeune femme regarda l'entité s'énerver contre elle et regarda le dragon. « La peur ne nous fera certainement pas gagner. Reprends-toi ! Tu l'as déjà battu une fois. » La chasseuse ferma les yeux à contre-cœur et soupira en comprimant la terreur dans sa tête : « D'accord, j'ai peut être un plan. De toute manière, ce n'est pas comme si on avait quelque chose à perdre. » L'entité fut de toute ouïe.
Laft traversait les rues en flammes. Il entendit Mordecaï rugir mais ce n'était pas Drakov qu'il voulait aider, même s'il savait que son ami courait un grand danger, il y avait une chose plus forte que l'amitié fraternel qu'il partageait avec le croisé, c'était l'amour avec sa compagne. Oui, malgré tout, Laft et Talf partageait le même corps mais Laft ne pouvait pas vaincre l'amour que portait Talf à Larah. Il suivait alors l'instinct du lancier qui était de la retrouver en priorité. Il vit alors la boule de poils blanche, Nieve, qu'il attrapa pratiquement au vol. « Où est-elle ? » s'écria-t-il alors que le felyne se débattait. « Vers la Guilde, elle retient le Fatalis. Il reste encore du monde à évacuer et... » Le chasseur le posa au sol et se remit à courir. Il entendit une explosion non loin de lui. Il s'y dirigea en priant que ce ne fut pas un météore qui s'était écrasé mais bien le Fatalis qui avait tiré une boule de feu. Laft escalada un mur qui menaçait de s'effondrer pour prendre de la hauteur et n'eut pas trop de mal à repérer les ailes gigantesques qui se dressaient au-dessus des toits. Le rugissement du dragon le fit déglutir de peur mais si Svarog était là, c'était bien que Larah était en vie. Une poussée d'espoir le fit se diriger vers le titan. Il sauta au sol et se remit à courir.
Nova sauta au sol pour éviter les crocs du monstre. Elle se redressa en faisant tournoyer ses lames qui crissèrent contre l'armure étrange. Des étincelles tombèrent en pluie sur elle et elle avait toujours l'impression que l'alliage était impénétrable. Svarog releva la tête et essaya de planter ses cornes contre la femme qui roula sur le côté pour les éviter. Il s'était bloqué lui-même mais cela ne semblait même pas l'inquiéter, il défiait de son œil argenté la chasseuse pour qu'elle l'attaque frontalement, ce qu'elle évidemment ne ferait pas, sachant bien évidemment que c'était un piège. Nova s'élança en tournoyant tel un cyclone contre les pattes avant dénuées d'armure et s'attaqua à la peau. Pour une fois et ce fut avec plaisir qu'elle vit du sang. Et du sang, c'est tout ce qu'elle avait besoin. Un fin filet du liquide rouge s'écoula d'une petite plaie qui n'aurait jamais menacé le monstre, c'était si insignifiant qu'il ne le remarqua même pas. Larah eut un petit coup de stress, ne sachant pas si cela suffirait au rituel. Nova sourit : « Œil pour œil... » Elle esquiva le corps du dragon qui sortait ses cornes du sol en rugissant. Il tenta de la découper en deux en la mordant, mais une riposte violente et fulgurante fut la seule chose que ses dents rencontrèrent. Il recula de surprise, sentant couler entre ses lèvres son propre sang. Il suivit du regard les sabres de la jeune femme qui les ramena à elle et les croisa près de sa poitrine.
https://www.youtube.com/watch?v=Gw_o7XUX3fg
« Sang pour sang. »
Une flamme violette embrasa avec violence les armes. Le Fatalis vit également une onde se propager de la garde jusqu'au bout des armes. Nova venait de transformer ses sabres en Lames. Svarog siffla de colère alors qu'il se souvint de la douleur que lui avait infligé de telles armes. Il rugit mais cela n'arrêta pas la chasseuse qui souffla « Première pulsation. » Le dragon ne lui laissa même pas le temps de bouger, il fondit sur elle mais elle esquiva sur le côté et riposta encore. La lame crissa contre ses écailles, ne les traversant même pas, mais il sentit une désagréable sensation causée par les attributs décuplés des deux armes. Il se laissa tomber au sol et il renversa la chasseuse, l'empêchant seulement d'enchaîner de nouveaux coups. Elle avait seulement posé le genou au sol et se releva pour le frapper encore. D'un mouvement d'aile, il se dégagea et tomba lourdement au sol en grognant. A travers les yeux de Nova, Larah vit quelque chose d'intéressant. « Il est très lourd. » L'entité ne la questionna pas plus sur sa remarque, elle avait compris en même temps qu'elle. L'armure devait être très épaisse et également très pesante, ce qui empêchait sûrement au dragon les longs vols et ce qui expliquait également pourquoi Mordecaï était arrivé avant Svarog. Car il semblait bien que les deux dragons soient acolytes. Elle ignorait que c'était possible pour de grands dragons tels qu'eux deux, comme quoi, les humains n'étaient pas les seuls à coopérer devant une menace, et apparemment, pour une fois, cela semblait être eux, la menace.
Svarog cracha une gerbe de flammes en direction de la chasseuse qui courut vers lui pour l'éviter. Elle activa la deuxième pulsation en même temps qu'elle fendait sur sa cible. Le métal crissa encore sur l'armure tandis que le Fatalis ne semblait plus si ouvert à se faire attaquer. Il donna un coup de patte juste devant lui qui souleva une motte de terre non négligeable et qui retomba en pluie sur la chasseuse. Elle se protégea les yeux mais ce fut suffisant pour que le dragon l'attaque à son tour. Il lui donna un coup avec son autre patte et elle roula au sol sur quelques mètres, sans pour autant lâcher ses sabres. La chasseuse souleva la tête fut prise de torpeur quand le Fatalis s'apprêtait à l'atomiser avec une boule de feu. Elle tenta de rouler au sol mais le dragon relâcha la pression sur ses mâchoires et la sphère de feu illumina le sol. Larah baissa la tête en approche du choc mais elle entendit seulement une explosion près d'elle, puis quelque chose tomber. Elle souleva la tête et à travers son casque, elle vit Talf se relever, le bouclier fumant et complètement roussi. Il attrapa immédiatement une potion de sa poche pour remédier à la douleur dans son bras. Il la but d'une traite et la jeta au loin, puis il jeta un regard à la chasseuse qui se relevait en silence. Ça faisait trop de fois qu'elle se faisait sauver. Le Fatalis regarda un à un les chasseurs. Il gronda et s'éclaircit la gorge :
- Alors comme ça, tu souhaites également mourir ce soir ? Fit-il en menaçant le lancier.
- Il y a pas mal de temps de ça, on avait conclu un marché, elle et moi, commença-t-il à raconter. On avait une grosse quête, un truc incroyable. Une attaque de dragons anciens, dirigeant une horde de raptors. Un truc digne des pires bouquins écrits par des adolescents un peu trop rêveur. J'ai signé. Je me suis dit que cela me permettrait de me faire un nom, parce que je n'en ai pas, tu vois. Et j'avais cette fille avec qui j'avais déjà accompli quelques quêtes. On était devenu vraiment proche, on était même déjà ensemble je crois. A un moment, j'ai pris un coup terrible qui a failli me laisser pour mort. Je me rappelle, j'étais incapable de me relever. Elle a saisi ses armes et elle s'est battue, seule, face à une Lunastra et un Kushala. D'accord, pas pendant longtemps, mais seule. J'ai toujours trouvé cet acte incroyable et j'ai compris ce jour-là que ce n'est pas moi qui me ferait un nom, c'était elle. Moi j'étais son acolyte, le gars qu'on nomme pas, le bras droit de la futur légende. Mais je suis également devenu son garde-fou. Tu vois ses armes, je m'étais juré qu'elle n'aurait plus jamais à les utiliser, mais je vois qu'aujourd'hui c'est encore le cas. Seule, encore, face à un monstre absolument immortel et invincible, mais cette fois-ci, je ne la laisserai pas seule avec moi dans les vapes, non...
- Le monologue du héros est-il terminé ? Grimaça le Fatalis et alors que le lancier leva le bras pour dire que non, il les sépara d'une boule de feu. Parce que je n'en ai rien à faire !
Il les chargea et passa entre les deux. « Ce soir... » commença Talf en regardant Nova. « C'est jusqu'à la mort, s'il le faut. » Il dégaina son arme et se mit en position.
Talf. Comment avait-t-elle pu l'oublier ? Larah regarda dans le vide pendant un long moment, de honte, elle baissa les yeux vers ses pieds, mais il n'y avait personne ici pour la juger, elle était la seule à naviguer sur les marées de la honte. Le vent fut la seule réponse à son silence, comme pour lui faire remarquer que tout le monde ici était mort. Elle regarda les cendres et en ramassa une poignée qu'elle lâcha dans le vent. Les morts ne peuvent plus prononcer leur jugement de toute manière.
Le Fatalis racla le sol de ses puissantes mâchoires et en dégagea un énorme bloc qu'il fit rouler en direction de la chasseuse qui avait accédé à la seconde pulsation. Talf chargea sur le côté et frappa à plusieurs reprises, mais sa lance crissaient contre les écailles si solides du dragon. Il serra les dents quand il sentit de la résistance au bout de sa lance. Il fit un pas de côté pour éviter la patte arrière qui venait sur lui. Il frappa encore puis dut se cacher derrière son bouclier pour ne pas se faire mordre. Il s'enfonça dans le sol sous le choc avec le museau. Il faillit tomber mais Nova bondit pour l'aider et dans une véritable danse, elle enchaîna le dragon qui ne semblait pas plus gêné que ça par la chasseuse. Il recula cependant pour prendre de l'élan et s'envoler. Il ne monta pas bien haut mais cela lui suffit pour se projeter en piqué sur les deux chasseurs qui se jetèrent au sol sous l'énorme choc qui fit trembler la terre. Ils roulèrent tous les deux avec fracas, malgré leur armure intégrale, ils l'avaient senti passé. Talf se releva avec difficulté, regardant la transpiration couler de son casque jusqu'au sol. Il se dit qu'il pouvait peut être développer des branchies tellement il y avait d'eau là-dedans. Nova se laissa rouler sur le dos où elle laissa échapper un râle de douleur. « Tout va bien ? » s'inquiéta Talf mais il sentit l'aura des lames qui animait Nova et il se tourna vers Svarog qui se relevait avec difficulté, ses pattes plantées dans le sol l'empêchaient de bouger et l'armure qu'il portait ne l'aidait pas. Il rugit et souleva la terre comme une simple table qu'on aurait fait basculer sous la colère. Le lancier se releva et se remit en position, il vit du coin de l’œil sa compagne encaisser la furie de ses armes. C'est comme si elle combattait quelque chose à l'intérieur d'elle, c'était extrêmement inquiétant et perturbant comme vision de la voir se tordre vers l'avant. Il pourrait très bien s'attendre à se qu'elle se transforme en un petit fatalis, il n'en serait même pas choqué. Enfin si, peut être un peu, mais il lui semblait voir l'ombre d'un voile quand elle combattait, comme si les tissus qui servaient de décoration se transformaient en ailes quand elle combattait. Il dut penser à autre chose quand Svarog cracha une gerbe de feu vers lui. D'un cri peu viril, il esquiva en se jetant par terre. Il se releva et vit le dragon lui foncer dessus mais il s'arrêta en chemin pour se tourner vers l'armure flamboyante de Larah qui lui attirait l’œil. Ce devait être provocant pour lui, toute cette lumière, venant non pas de ses écailles mais de celles d'une armure humaine. Talf ricana et se mit en charge quand le dragon avait pris une seconde pour s'arrêter. Il rugit et s'élança comme un fou vers sa « proie ». Sa lance rebondit avec tant de violence qu'il fut projeté en arrière.
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Le choc fut dur. Il rebondit plusieurs fois au sol. La lance avait tout simplement était incapable de traverser ne serait-ce que la surface de l'armure du dragon qui s'était reculé pour éviter les Lames de Larah et qui avait du coup modifié la cible de base du lancier : la peau sous les pattes. Laft prit le relais et dut être d'une vigilance et d'une précision extrême quand l'énorme queue du dragon s'écrasa au sol. Sur quoi il continua de la faire racler le sol pour emporter le chasseur dépourvu de son arme et seulement armé de son bouclier. Ce dernier fut bien utile car Laft se tourna et se protégea derrière quand la queue fut à quelques pas de lui. Il fut encore une fois projeté et roula au sol. Il chercha de ses yeux sa lance mais ne la vit pas, par contre, il vit la gueule du Fatalis qui s'ouvrit pour le manger. Il ne paniqua pas, il posa son bras gauche sur le droit et d'un mouvement sec, il excita la foudre contenu dans les poches sous ses gants et il le sentit dans son corps. Chose assez souvent oubliée, Laft possédait bel et bien des poings de foudre, certes, de composants supérieurs et non G, mais il les avait modifié pour ressentir lui même un jus quand il les utilisait. Non pas pour se paralyser, mais pour exciter les muscles et le cerveau. Reiga lui en avait parlé pendant ses longues années de recherches, un choc électrique peut révéler d'intéressante capacité au niveau du cerveau. Contrôlé pour ne pas que cela face sauter le cœur, cela pouvait devenir très ingénieux. Mais le but de Laft n'était pas d'exciter sa matière grise, mais bien de déployer la matière bleu sur son bras. L'AGI crissa alors contre les crocs de Svarog. Le Fatalis ne s'arrêta pas malgré la petite surprise. Mais Laft s'était assez reculé pour ne pas se faire dévorer et il se tenait à une des dents du dragon. Quand ce dernier le comprit, il souleva avec force ses mâchoires et tenta de projeter le chasseur. Il tourna la tête de haut en bas, de gauche à droite, laissant à Larah une incroyable fenêtre de coup. Elle activa le mode archidémon de ses armes. Un choc violent la secoua, tant de puissance, Nova serrait les dents pour la contenir. Ces lames étaient de véritables brasiers d'énergies et vomissaient des flammes et des éclairs. A sa grande satisfaction, c'était des éléments que l'armure Zodiumbra était capable de se protéger contre.
Si elle ne mourrait pas ce soir, elle savait que demain serait plus dur que jamais. Non seulement elle était dopée à cause de Maze mais en plus elle utilisait les Lames passées en archidémon. Son corps ne supporterait pas tant de pouvoir trop longtemps, il fallait faire vite. Une chose était sûre, jamais elle ne tuerait Svarog. Elle pouvait cependant espérer de le repousser, mais même ça s'annonçait impossible. Le Fatalis se tourna vers elle en rugissant et largua une vague de flammes d'un geste presque las. Nova esquiva sans trop de problème, ce qui la ramena à comprendre que ce n'était pas elle qu'il visait en priorité. Elle se tourna et vit un bâtiment prendre feu et son voisin également. Priant pour qu'il n'y ait personne, elle se lança de nouveau vers le dragon qui recula, comme s'il savait que le pouvoir des Lames devait être effroyablement puissant. Minuit infusa son pouvoir dans le bras droit. Larah était silencieuse. Son corps pouvait se déchirer de part en part à tout moment, même si Nova semblait gérer le problème de surcharge énergétique, la tension était palpable. Nova envoya la troisième pulsation qui fit rugir Minuit si fort que l'entité le retranscrivit dans son geste. Le geste fut horizontal et stoppa et Talf, et Svarog, surpris par la puissance qui s'en dégagea. La lame crissa dans un premier temps contre l'armure et les écailles, il ne se produisit rien à part une marque blanche coulissant sur la longueur du corps du dragon, puis vint une véritable explosion élémentaire et énergétique. Le Fatalis prit son envol immédiatement pour se poser à une dizaine de mètres plus loin. Il s'écrasa sur deux maisons et regarda la blessure, enfin, il croyait qu'il avait été blessé, il vit seulement une énorme trace sur l'armure et quelques unes de ses écailles étaient fendues, il tourna la tête vers Larah et la regarda pendant quelques secondes. Laft inspira profondément, ne comprenant pas ce qui s'était passé.
«- Nova s'était vraiment très dangereux comme mouvement, soupira Larah avec effroi.
- J'ai été un peu avide de ma part, je l'avoue... Mais on lui a fait une petite frayeur.
- Il n'a pas l'air d'avoir eu spécialement mal.
- C'est pas grave, il sait de quoi on est capable, quatrième pulsation ! »
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Mais alors qu'elle chargeait en plein sur le dragon, ce dernier lui envoya sa queue à une vitesse fulgurante et elle se la prit en plein thorax. Nova roula en arrière sous le choc et s'écrasa un peu plus loin, ses lames crissants au sol. C'était peut être l'attaque la moins puissante du Fatalis mais ça l'a mis dans un sale état d'un simple geste. Elle cracha une gerbe de sang dans son casque et se redressa en tremblant. Laft ne s'en préoccupa pas, il savait qu'elle allait s'en sortir dans tous les cas. Il avait simplement une belle fenêtre de tir et il ne s'en priva pas. Il enfonça son bras vers les écailles du monstre et le glissa sous l'une d'elle, il fit levier avec son bras et sentit une résistance immédiate. Il serra les dents et grogna pour tenter de la soulever mais elle ne semblait pas vouloir bouger. Svarog tenta de le repousser avec sa patte arrière mais il ne le voyait pas assez bien pour viser proprement. Il ne le lâcha qu'un petit grognement quand l'écaille se décolla. Quel intérêt ? Il en avait des milliers d'autres. Il n'hésita pas à cracher du feu sur son flan pour faire partir le chasseur, il ne craignait pas ses propres flammes, mais les humains si, il l'avait compris il y a bien longtemps. Laft se réfugia sur son dos en escaladant et quand le dragon le sentit glisser entre ses épieux dorsaux, il se secoua avec violence, faisant bouger également les plaques d'armure qui tremblèrent avec force. Larah nota un détail alors. Alors que Nova se relevait avec difficulté, elle entendit un bruit par-dessus tout le raffut que faisait le dragon. Comme une harmonique. Svarog fit chuter le lancier en un clin d'oeil et tenta de l'écraser entre ses pattes, mais il le coinça juste entre deux griffes. Laft, son bras droit qui n'était pas coincé, lui planta alors son AGI dans le doigt pour le faire lâcher, mais le Fatalis ne sentit presque rien. Il serra ses griffes malgré le fait que sa patte avant ne fut pas assez développée comme les mains humaines, il essaya juste de le broyer, il aurait pu mettre tout son poids sur ses pattes, mais il semblait qu'il avait peur de pouvoir chuter s'il s'avançait trop en avant. Ce qui faisait qu'il n'était pas dans une excellente position. Laft déploya encore plus son AGI. Il avait pu faire sauter une écaille, il lui arracherait la griffe. Il cria de douleur et de rage quand il sentit son armure se plier sous les doigts du dragon. Il appuya davantage contre la peau qui se mit à saigner sous son arme étrange. Svarog souffla de colère et sentit un instant l'armure céder. Laft hurla de douleur. Nova passa immédiatement à la cinquième pulsation qu'elle pensait économiser pour plus tard. Elle chargea littéralement le dragon et bondit sur son dos avec fracas. Le Fatalis tira sa tête en arrière quand il la sentit frapper avec les Lames ses écailles dorsales qui n'étaient pas protégées par l'armure. Il rugit pour la faire descendre mais cela ne sembla pas la stopper.
Laft en profita un instant quand le dragon se recula légèrement, il lui enfonça son AGI sous la griffe et Svarog rugit de douleur, peut être ne s'attendait-il pas à posséder un nerf à cet endroit. Il retira sa patte et se laissa tomber en arrière pour se débarrasser de la chasseuse qui tomba dans les décombres en même temps que le dragon. Ce dernier se releva pour finir Laft tandis que Nova était coincée dans les décombres quand il reçut un véritable mur en pleine mâchoire. Il se tourna en rugissant vers ses nouveaux agresseurs. Keil lui jeta un énorme pic de glace qui fondit littéralement avant d'atteindre les écailles du dragon tellement il dégageait de chaleur. Svarog ricana et mordit l'air en leur direction, un météore se dirigea vers eux. Keil bondit pour l'éviter et Tana tenta de l'arrêter avec son pouvoir mais elle comprit rapidement que ce ne serait pas suffisant sous son apparence humaine. Elle glissa au sol et se propulsa hors de la zone d'explosion. Laft se releva et mit la main à son torse, il sentit que son armure s'était enfoncée dans ses côtes, il avait du sang qui coulait de la bouche, il comprit rapidement que des organes internes étaient peut être touchés. Il fallait battre en retraite, pensa Talf. Pour une fois, Laft fut d'accord. Il n'avait pas l'intention de mourir ce soir. Mais il détestait l'idée de laisser Larah seule car elle, elle avait toutes ses chances d'y rester, surtout qu'elle ne battrait jamais en retraite. Quelle entêtée, ils pourraient fuir et survivre mais jamais elle ne laisserait son village se faire détruire, pas une deuxième fois, sans qu'elle ne résiste. Talf n'avait même pas besoin d'avoir cette discussion avec elle, il savait que ce soir, c'était elle ou Svarog. Et pour le coup, il semblait que ce fut Svarog qui gagnait.
Nova se releva avec difficulté, poussant de son bras droit une poutre qui menaçait de lui tomber. dessus. Elle voyait que le sol était toujours embrasé et que les éléments se déchaînaient. Mordecaï était sûrement toujours là. Larah se concentra sur son corps pour évaluer les blessures. Elle sentait des fractures au niveau des côtes, du sang coulait dans sa nuque, sûrement à cause du choc qui venait de se produire à cause de son casque qui avait tapé. A part ça, rien à signaler. Minuit brûlait d'impatience d'y retourner, mais jamais dans le passé, le chant des Lames ne fut si saccadé. C'est à peine si elle avait le temps de chanter un couplet que Svarog l'interrompait. C'est comme s'il savait quand frapper pour éviter qu'elle atteigne sa puissance maximale. Elle entendit un autre bruit de mur qui s'écrasait sur le dragon et elle imagina que Tana continuait de se battre. Keil devait se sentir bien inutile, sa glace était complètement inoffensive devant la fournaise mouvante qu'était Svarog. Nova sortit des décombres en titubant sous les sables mouvants qu'étaient devenues les fondations de la maison dans lequel elle était tombée. Elle s'appuya contre un pan de mur quand elle eut une hallucination. Un bref instant, les ruines prirent une autre forme et le ciel n'était plus rouge, mais d'un bleu nuit très sombre, des fantômes noirs fuyaient dans tous les sens quand l'un d'eux lui passa au travers, elle reprit conscience du monde réel.
Nova s'écria « C'était quoi ça ?! » Larah n'en était pas sûre, mais cela ressemblait à un de ses souvenirs... Elle se tourna vers Minuit qui s'était arrêté de grogner et fixait la scène avec stupeur, comme si lui également revivait aussi un instant passé. Ils n'eurent pas le temps de réfléchir longtemps. Svarog venait tout juste de happer Keil au vol. Il avait tenté de lui foncer dessus depuis un toit pour lui crever les yeux mais le Fatalis l'avait surveillé du coin de l’œil et il lui tenait un de ses tibias entre les dents. Ce ne fut pas longtemps car il déchira la chair et brisa l'os. Un hurlement terrible retentit tandis que Keil chuta et fut rattrapé par Tana. Elle l'arrêta avec son pouvoir et s'élança sur lui. Il gela instantanément sa jambe pour ne plus qu'elle saigne mais il avait été mordu au-dessus du genou, ce qui signifiait qu'il ne pourrait même pas s'improviser une jambe de bois. La femme le regarda, en nage. Laft fit diversion une demi-seconde en déblayant une baliste et en tirant dans le cou du Fatalis qui se tourna vers lui, furieux. Il tira une seconde fois et les javelots se fichèrent entre deux plaques d'armure, stoppant le dragon en pleine charge tandis qu'il essayait de les retirer. Laft s'échappa avant que le dragon ne fasse exploser la baliste. Nova s'attaqua à la queue du monstre mais cela ne semblait pas lui attirer plus l'attention que ça, il se tourna vers Tana qui avait prit Keil par le bras et le traînait loin du combat... Svarog prit une grande inspiration, son corps s'illumina d'une jaune dorée et il lâcha une tornade de flamme vers eux. Keil se débattit pour sortir de l'étreinte de Tana et se tourna en chutant vers le feu. Il joignit ses mains et gela l'air environnant, même Laft qui était pourtant le plus lointain sentit une vague de froid par dessus la chaleur. De la glace se forma tout autour de ses mains et un bouclier se dressa. Le feu s'écrasa dessus et tandis qu'il continuait de geler l'air, il se mit à hurler en sentant que ça ne suffirait pas. Svarog prit le plaisir de regarder la glace fondre et le feu brûler Keil au plus haut degré. « Misérable insecte, tu ne mérites même pas de mourir de mon feu. » s'enquit-il de cracher à l'égard de l'avatar humain du dragon ancien qui tomba en arrière, une odeur de chair brûlée accompagnant le geste. Larah n'avait plus rien à vomir alors elle se contenta d'un hurlement silencieux. Tana se releva avec difficulté, elle avait été également brûlée au niveau des bras et du visage.
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Elle se mit à hurler en voyant le corps sans vie de son amant. Le sol trembla autour d'elle tandis que son pouvoir recherchait des choses à soulever. Nova fut également prise par le champ de force. Tana tourna le regard vers elle, les lèvres tremblant de rage et de chagrin. Elle lui fit comprendre qu'elle allait utiliser son pouvoir comme tremplin. Larah n'imaginait pas cela comme une bonne idée, mais au point où ils en étaient. Elle hocha la tête et se sentit plus légère d'un coup. Tana se mit à projeter à une vitesse fulgurante tout ce qui lui venait sous les doigts. Svarog reçut les premiers objets avec patience, puis il s'approchait de la femme pour la découper avec ses dents, c'est là où Tana souleva Nova qui se sentit prête. Elle l'envoya droit vers la tête du monstre et d'un mouvement circulaire, elle frappa les lèvres du monstre. Elle retomba vers le sol en roulant. Quand elle se retourna, se fut avec grande surprise qu'elle vit les yeux de Svarog tournaient vers elle, les mâchoires crispées alors qu'il était en train de donner un coup de patte avant. Le seul réflexe qui vint fut celui de la chasseuse qui força Nova à mettre son bras gauche en quinte. La griffe la plus avancée rencontra l'arme. Elle l'emporta avec elle jusqu'à la partie entre le cou et l'épaulière de la chasseuse. La lame se brisa sur le choc, entre la griffe et l'armure. Un cri résonna tandis que Nova chutait en arrière, du sang volant en décalé avec elle. Svarog retira sa patte immédiatement comme s'il venait de commettre une grave erreur. Alors que Tana tentait de se remettre de son échec, mais il se tourna vers elle et l'attaqua, elle ne put à peine se protéger que les lames de métal qui bordaient les mâchoires du Fatalis lui traversèrent la peau et l'emportèrent plus loin, loin du regard de Nova.
Nova toucha le sol en hurlant. Elle se tourna sur le côté pour se relever mais la douleurs étaient telles qu'elle fut incapable de faire autre chose que de lâcher un râle d'agonie. La lame avait traversé l'armure, sa peau et était fichée dans l'os. Elle sanglota de douleur tandis que son bras gauche ne répondait plus. Elle savait qu'il fallait qu'elle retire la lame et Minuit se chargea de prendre possession du bras droit pour le faire. "Attends, je ne suis pas prête !" s'écria l'entité, mais ni lui, ni Larah ne l'étaient. Il arracha l'arme d'un coup et elle hurla, mais il vit rapidement que la lame était brisée, il comprit que des morceaux devaient jonchés la peau de la femme. Il souffla de douleur et mit la main dans la chair où il tira sur un morceau de lame qui resta figée. Nova se remit à crier et il arrêta. Svarog revenait vers elle, les lames ensanglantées par son massacre récent. Il fit glisser la longue langue sur le métal pour y goûter le sang. Il entendit un gémissement venant de Keil, un son inaudible mais qui lui indiquait qu'il respirait encore. Il se plaça de sorte d'irradier également le corps de Tana qui jonchait le sol à plusieurs endroit et d'un souffle monstrueux, il fit s'évaporer les corps dans les cendres. "Et que vous ne reveniez jamais dans la peau d'humain." Cracha-t-il, dégoutté. "Quand à toi... Misérable Minuit... " L'intéressé fit se relever Nova avec force, grâce aux chants des Lames, il la remit sur pieds en quelques secondes. Larah comprit qu'en plus d'avoir reçu le métal de la Lame dans l'os, sa chair avait été secoué par un sursaut énergétique, elle se demandait si elle n'avait pas perdu son bras sur le coup. La chasseuse avala une potion antique pour ne pas périr de suite, car en effet, elle ne s'était pas encore rendu compte que le Fatalis revenait. Elle chercha du regard, perdue, Tana et Keil et ne les vit pas. Nova et Minuit se regardèrent, peut être n'avait-elle pas vu ou pas comprit... Larah sentit leur pensée et eut un pincement au cœur si fort qu'elle en lâcha un gémissement couplé de sanglot. Svarog se tourna vers elle en rugissant. Il planta ses pattes au sol et déploya ses ailes devant la chasseuse qui en tomba à genoux. Elle utilisa son bras valide pour éviter de tomber en avant et tenta de ne plus pleurer et d'accepter son sort.
Une pulsation secoua son corps et son esprit fut balayé par une nouvelle vague d'espoir.
Talf se tenait derrière elle, il lui avait posé la main sur l'épaule et il tira son bouclier. Elle lui jeta un rapide coup d’œil pour voir à travers son casque que du sang coulait du coin de sa bouche. « Je ne vais pas tenir longtemps », avoua-t-il. « Je peux arrêter une attaque, après, je pense que je ne vais perdre connaissance... ou... enfin, bref, il faut que tu t'enfuies. Je te laisse cette chance. On ne l'arrêtera pas aujourd'hui, mais tu pourras toujours le retrouver plus tard et lui faire payer toutes ses vies innocentes qu'il a pris. Souviens-toi, je ne serai plus là dans quelques mois, alors si je peux mourir maintenant et pour une belle cause, alors je t'en prie, laisse-moi cette chance. » Nova se tourna vers lui avec stupeur, les émotions traversant son esprit à une vitesse folle. Svarog les regarda et grogna, de toute manière, quoi qu'ils décident, il s'en tenait au plan qu'il avait mis au point avec Mordecaï, il s'accorda dix secondes avant d'attaquer. Nova plaça son front contre celui de Talf, leur casque crissant l'un contre l'autre. « Ensemble. » Le lancier ferma les yeux en voyant qu'elle n'abandonnait pas. « On les venge tous alors. » Nova hocha la tête. « On y va ? » Son compagnon lâcha un triste sourire qui en disait long sur ce qui les attendait. « Après toi. »
Svarog rugit avec force, couchant au sol un des murs qui étaient encore debout, Nova baissa la tête et se protégea de l'onde sonore, elle sentit la drogue du démon couler dans ses veines et le mégas jus dans son cœur, ce qui lui permis de faire face car aucun mortel n'aurait pu résister à un tel cri. Larah tenta de contrôler sa peur mais même la haine et la colère ne prenait pas le dessus. Ce Fatalis était une évolution d'un pourpre. Les légendes en parlaient comme si c'était l'incarnation même du mal, un démon, le diable, peu importait, c'était bien devant elle le Fatalis pourpre des contes. L'être semi-divin. Si Mordecaï était l'incarnation même de la Nature indomptable et instable, alors Svarog était bien la fin des temps. Sa venue annonçait une nouvelle ère, comme il y a 7 ans. Comment pouvait-on faire face à un tel démon ? D'un geste sec des mains, Nova activa la démonisation qui brilla d'une incroyable force. Elle s'élança sur le dragon qui fit de même et elle esquiva la première volée de crocs. Elle glissa au sol pour éviter la patte avant et se releva en faisant une fente pour atteindre la peau de la bête. Comme prévu, les lames crissèrent sur les écailles. Elle évita la queue du monstre et frappa trois coups avant de bondir en arrière pour éviter de nouveau l'énorme masse qui lui revenait dessus. Larah repérait les plaques d'armures supplémentaires. Le Fatalis se leva sur ses pattes arrière et se tourna violemment. Nova dut esquiver en se jetant au sol mais elle se releva en un clin d’œil. Les énormes lames qui bordaient les mâchoires du monstre avaient bien raclés le sol, comme prévu. La chasseuse bondit en l'air et tournoya pour que ses lames caressent avec force les plaques d'armures qui firent une pluie d'étincelles sous chaque impact. Elle lança un rapide regard et ne vit même pas la trace de ses armes sur l'alliage. Le rire de Svarog résonna sous ses plaques et il tenta de l'écraser en se laissant tomber de toute sa masse. En faisant une série de bonds en arrière, Nova esquiva le corps qui fissura les dalles sous son poids. Il se mit à quatre pattes et montra les dents, sa gorge devint incandescente et d'un mouvement du cou, il relâcha devant lui une marrée de flammes. En se jetant au sol, l'humaine put éviter de finir calciner. Même à travers son armure, elle ressentit la chaleur incroyable que dégageait ce brasier. Heureusement pour elle, la seule fourrure qui ornait son armure était purement décorative et aux niveaux des épaulières, cela dit, les linges pourpres qui ornaient son armure crépitèrent. Elle se roula sur le côté sur 3 mètres pour se sécuriser et prévenir d'un incendie dans son dos.
Svarog ne lui laissa aucun répit. Il fit racler les lames sous ses mâchoires au sol en soulevant terre, pierre et dalles, tout sur son passage se souleva et ce qui n'était pas détruit par les lames étaient écraser par le crâne massif. Il fonça droit sur Nova qui se releva d'un bond instinctif et se mit à courir droit devant elle, là où les débris ne l'empêchaient pas d'avancer. Le dragon la chargeait et détruisait ce qui avait été des obstacles pour la jeune femme. Elle mit instinctivement les bras au niveau de sa tête pour protéger cette dernière des jets de pierre qui étaient expulsées sous les impacts des cornes de métal. Il glissa au sol pour se freiner et fit racler sa gorge avec violence, l'illuminant de lumière orange venant de ses organes et il cracha une boule de feu que Nova entendit arriver, elle sauta contre un mur qu'elle escalada d'une enjambée et bondit alors que le projectile toucha la pierre. Le souffle la propulsa encore plus loin et elle se réceptionna d'une roulade avant de se relever et de se tourner vers le dragon qui serpenta entre les décombres. Il se releva quand il arriva à son niveau et montra les dents avec violence. Nova respirait avec force, combattant et la peur de Larah et la rage de Minuit. « On arrivera pas à se concentrer tous les trois si vous ne gérez pas vos émotions ! » S'écria l'entité à ses deux acolytes. Mais Minuit feulait encore plus en claquant ses mâchoires. « Larah, c'est toi qui l'a mis dans cet état, alors maintenant, tu assumes ! » La jeune femme regarda l'entité s'énerver contre elle et regarda le dragon. « La peur ne nous fera certainement pas gagner. Reprends-toi ! Tu l'as déjà battu une fois. » La chasseuse ferma les yeux à contre-cœur et soupira en comprimant la terreur dans sa tête : « D'accord, j'ai peut être un plan. De toute manière, ce n'est pas comme si on avait quelque chose à perdre. » L'entité fut de toute ouïe.
Laft traversait les rues en flammes. Il entendit Mordecaï rugir mais ce n'était pas Drakov qu'il voulait aider, même s'il savait que son ami courait un grand danger, il y avait une chose plus forte que l'amitié fraternel qu'il partageait avec le croisé, c'était l'amour avec sa compagne. Oui, malgré tout, Laft et Talf partageait le même corps mais Laft ne pouvait pas vaincre l'amour que portait Talf à Larah. Il suivait alors l'instinct du lancier qui était de la retrouver en priorité. Il vit alors la boule de poils blanche, Nieve, qu'il attrapa pratiquement au vol. « Où est-elle ? » s'écria-t-il alors que le felyne se débattait. « Vers la Guilde, elle retient le Fatalis. Il reste encore du monde à évacuer et... » Le chasseur le posa au sol et se remit à courir. Il entendit une explosion non loin de lui. Il s'y dirigea en priant que ce ne fut pas un météore qui s'était écrasé mais bien le Fatalis qui avait tiré une boule de feu. Laft escalada un mur qui menaçait de s'effondrer pour prendre de la hauteur et n'eut pas trop de mal à repérer les ailes gigantesques qui se dressaient au-dessus des toits. Le rugissement du dragon le fit déglutir de peur mais si Svarog était là, c'était bien que Larah était en vie. Une poussée d'espoir le fit se diriger vers le titan. Il sauta au sol et se remit à courir.
Nova sauta au sol pour éviter les crocs du monstre. Elle se redressa en faisant tournoyer ses lames qui crissèrent contre l'armure étrange. Des étincelles tombèrent en pluie sur elle et elle avait toujours l'impression que l'alliage était impénétrable. Svarog releva la tête et essaya de planter ses cornes contre la femme qui roula sur le côté pour les éviter. Il s'était bloqué lui-même mais cela ne semblait même pas l'inquiéter, il défiait de son œil argenté la chasseuse pour qu'elle l'attaque frontalement, ce qu'elle évidemment ne ferait pas, sachant bien évidemment que c'était un piège. Nova s'élança en tournoyant tel un cyclone contre les pattes avant dénuées d'armure et s'attaqua à la peau. Pour une fois et ce fut avec plaisir qu'elle vit du sang. Et du sang, c'est tout ce qu'elle avait besoin. Un fin filet du liquide rouge s'écoula d'une petite plaie qui n'aurait jamais menacé le monstre, c'était si insignifiant qu'il ne le remarqua même pas. Larah eut un petit coup de stress, ne sachant pas si cela suffirait au rituel. Nova sourit : « Œil pour œil... » Elle esquiva le corps du dragon qui sortait ses cornes du sol en rugissant. Il tenta de la découper en deux en la mordant, mais une riposte violente et fulgurante fut la seule chose que ses dents rencontrèrent. Il recula de surprise, sentant couler entre ses lèvres son propre sang. Il suivit du regard les sabres de la jeune femme qui les ramena à elle et les croisa près de sa poitrine.
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« Sang pour sang. »
Une flamme violette embrasa avec violence les armes. Le Fatalis vit également une onde se propager de la garde jusqu'au bout des armes. Nova venait de transformer ses sabres en Lames. Svarog siffla de colère alors qu'il se souvint de la douleur que lui avait infligé de telles armes. Il rugit mais cela n'arrêta pas la chasseuse qui souffla « Première pulsation. » Le dragon ne lui laissa même pas le temps de bouger, il fondit sur elle mais elle esquiva sur le côté et riposta encore. La lame crissa contre ses écailles, ne les traversant même pas, mais il sentit une désagréable sensation causée par les attributs décuplés des deux armes. Il se laissa tomber au sol et il renversa la chasseuse, l'empêchant seulement d'enchaîner de nouveaux coups. Elle avait seulement posé le genou au sol et se releva pour le frapper encore. D'un mouvement d'aile, il se dégagea et tomba lourdement au sol en grognant. A travers les yeux de Nova, Larah vit quelque chose d'intéressant. « Il est très lourd. » L'entité ne la questionna pas plus sur sa remarque, elle avait compris en même temps qu'elle. L'armure devait être très épaisse et également très pesante, ce qui empêchait sûrement au dragon les longs vols et ce qui expliquait également pourquoi Mordecaï était arrivé avant Svarog. Car il semblait bien que les deux dragons soient acolytes. Elle ignorait que c'était possible pour de grands dragons tels qu'eux deux, comme quoi, les humains n'étaient pas les seuls à coopérer devant une menace, et apparemment, pour une fois, cela semblait être eux, la menace.
Svarog cracha une gerbe de flammes en direction de la chasseuse qui courut vers lui pour l'éviter. Elle activa la deuxième pulsation en même temps qu'elle fendait sur sa cible. Le métal crissa encore sur l'armure tandis que le Fatalis ne semblait plus si ouvert à se faire attaquer. Il donna un coup de patte juste devant lui qui souleva une motte de terre non négligeable et qui retomba en pluie sur la chasseuse. Elle se protégea les yeux mais ce fut suffisant pour que le dragon l'attaque à son tour. Il lui donna un coup avec son autre patte et elle roula au sol sur quelques mètres, sans pour autant lâcher ses sabres. La chasseuse souleva la tête fut prise de torpeur quand le Fatalis s'apprêtait à l'atomiser avec une boule de feu. Elle tenta de rouler au sol mais le dragon relâcha la pression sur ses mâchoires et la sphère de feu illumina le sol. Larah baissa la tête en approche du choc mais elle entendit seulement une explosion près d'elle, puis quelque chose tomber. Elle souleva la tête et à travers son casque, elle vit Talf se relever, le bouclier fumant et complètement roussi. Il attrapa immédiatement une potion de sa poche pour remédier à la douleur dans son bras. Il la but d'une traite et la jeta au loin, puis il jeta un regard à la chasseuse qui se relevait en silence. Ça faisait trop de fois qu'elle se faisait sauver. Le Fatalis regarda un à un les chasseurs. Il gronda et s'éclaircit la gorge :
- Alors comme ça, tu souhaites également mourir ce soir ? Fit-il en menaçant le lancier.
- Il y a pas mal de temps de ça, on avait conclu un marché, elle et moi, commença-t-il à raconter. On avait une grosse quête, un truc incroyable. Une attaque de dragons anciens, dirigeant une horde de raptors. Un truc digne des pires bouquins écrits par des adolescents un peu trop rêveur. J'ai signé. Je me suis dit que cela me permettrait de me faire un nom, parce que je n'en ai pas, tu vois. Et j'avais cette fille avec qui j'avais déjà accompli quelques quêtes. On était devenu vraiment proche, on était même déjà ensemble je crois. A un moment, j'ai pris un coup terrible qui a failli me laisser pour mort. Je me rappelle, j'étais incapable de me relever. Elle a saisi ses armes et elle s'est battue, seule, face à une Lunastra et un Kushala. D'accord, pas pendant longtemps, mais seule. J'ai toujours trouvé cet acte incroyable et j'ai compris ce jour-là que ce n'est pas moi qui me ferait un nom, c'était elle. Moi j'étais son acolyte, le gars qu'on nomme pas, le bras droit de la futur légende. Mais je suis également devenu son garde-fou. Tu vois ses armes, je m'étais juré qu'elle n'aurait plus jamais à les utiliser, mais je vois qu'aujourd'hui c'est encore le cas. Seule, encore, face à un monstre absolument immortel et invincible, mais cette fois-ci, je ne la laisserai pas seule avec moi dans les vapes, non...
- Le monologue du héros est-il terminé ? Grimaça le Fatalis et alors que le lancier leva le bras pour dire que non, il les sépara d'une boule de feu. Parce que je n'en ai rien à faire !
Il les chargea et passa entre les deux. « Ce soir... » commença Talf en regardant Nova. « C'est jusqu'à la mort, s'il le faut. » Il dégaina son arme et se mit en position.
Talf. Comment avait-t-elle pu l'oublier ? Larah regarda dans le vide pendant un long moment, de honte, elle baissa les yeux vers ses pieds, mais il n'y avait personne ici pour la juger, elle était la seule à naviguer sur les marées de la honte. Le vent fut la seule réponse à son silence, comme pour lui faire remarquer que tout le monde ici était mort. Elle regarda les cendres et en ramassa une poignée qu'elle lâcha dans le vent. Les morts ne peuvent plus prononcer leur jugement de toute manière.
Le Fatalis racla le sol de ses puissantes mâchoires et en dégagea un énorme bloc qu'il fit rouler en direction de la chasseuse qui avait accédé à la seconde pulsation. Talf chargea sur le côté et frappa à plusieurs reprises, mais sa lance crissaient contre les écailles si solides du dragon. Il serra les dents quand il sentit de la résistance au bout de sa lance. Il fit un pas de côté pour éviter la patte arrière qui venait sur lui. Il frappa encore puis dut se cacher derrière son bouclier pour ne pas se faire mordre. Il s'enfonça dans le sol sous le choc avec le museau. Il faillit tomber mais Nova bondit pour l'aider et dans une véritable danse, elle enchaîna le dragon qui ne semblait pas plus gêné que ça par la chasseuse. Il recula cependant pour prendre de l'élan et s'envoler. Il ne monta pas bien haut mais cela lui suffit pour se projeter en piqué sur les deux chasseurs qui se jetèrent au sol sous l'énorme choc qui fit trembler la terre. Ils roulèrent tous les deux avec fracas, malgré leur armure intégrale, ils l'avaient senti passé. Talf se releva avec difficulté, regardant la transpiration couler de son casque jusqu'au sol. Il se dit qu'il pouvait peut être développer des branchies tellement il y avait d'eau là-dedans. Nova se laissa rouler sur le dos où elle laissa échapper un râle de douleur. « Tout va bien ? » s'inquiéta Talf mais il sentit l'aura des lames qui animait Nova et il se tourna vers Svarog qui se relevait avec difficulté, ses pattes plantées dans le sol l'empêchaient de bouger et l'armure qu'il portait ne l'aidait pas. Il rugit et souleva la terre comme une simple table qu'on aurait fait basculer sous la colère. Le lancier se releva et se remit en position, il vit du coin de l’œil sa compagne encaisser la furie de ses armes. C'est comme si elle combattait quelque chose à l'intérieur d'elle, c'était extrêmement inquiétant et perturbant comme vision de la voir se tordre vers l'avant. Il pourrait très bien s'attendre à se qu'elle se transforme en un petit fatalis, il n'en serait même pas choqué. Enfin si, peut être un peu, mais il lui semblait voir l'ombre d'un voile quand elle combattait, comme si les tissus qui servaient de décoration se transformaient en ailes quand elle combattait. Il dut penser à autre chose quand Svarog cracha une gerbe de feu vers lui. D'un cri peu viril, il esquiva en se jetant par terre. Il se releva et vit le dragon lui foncer dessus mais il s'arrêta en chemin pour se tourner vers l'armure flamboyante de Larah qui lui attirait l’œil. Ce devait être provocant pour lui, toute cette lumière, venant non pas de ses écailles mais de celles d'une armure humaine. Talf ricana et se mit en charge quand le dragon avait pris une seconde pour s'arrêter. Il rugit et s'élança comme un fou vers sa « proie ». Sa lance rebondit avec tant de violence qu'il fut projeté en arrière.
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Le choc fut dur. Il rebondit plusieurs fois au sol. La lance avait tout simplement était incapable de traverser ne serait-ce que la surface de l'armure du dragon qui s'était reculé pour éviter les Lames de Larah et qui avait du coup modifié la cible de base du lancier : la peau sous les pattes. Laft prit le relais et dut être d'une vigilance et d'une précision extrême quand l'énorme queue du dragon s'écrasa au sol. Sur quoi il continua de la faire racler le sol pour emporter le chasseur dépourvu de son arme et seulement armé de son bouclier. Ce dernier fut bien utile car Laft se tourna et se protégea derrière quand la queue fut à quelques pas de lui. Il fut encore une fois projeté et roula au sol. Il chercha de ses yeux sa lance mais ne la vit pas, par contre, il vit la gueule du Fatalis qui s'ouvrit pour le manger. Il ne paniqua pas, il posa son bras gauche sur le droit et d'un mouvement sec, il excita la foudre contenu dans les poches sous ses gants et il le sentit dans son corps. Chose assez souvent oubliée, Laft possédait bel et bien des poings de foudre, certes, de composants supérieurs et non G, mais il les avait modifié pour ressentir lui même un jus quand il les utilisait. Non pas pour se paralyser, mais pour exciter les muscles et le cerveau. Reiga lui en avait parlé pendant ses longues années de recherches, un choc électrique peut révéler d'intéressante capacité au niveau du cerveau. Contrôlé pour ne pas que cela face sauter le cœur, cela pouvait devenir très ingénieux. Mais le but de Laft n'était pas d'exciter sa matière grise, mais bien de déployer la matière bleu sur son bras. L'AGI crissa alors contre les crocs de Svarog. Le Fatalis ne s'arrêta pas malgré la petite surprise. Mais Laft s'était assez reculé pour ne pas se faire dévorer et il se tenait à une des dents du dragon. Quand ce dernier le comprit, il souleva avec force ses mâchoires et tenta de projeter le chasseur. Il tourna la tête de haut en bas, de gauche à droite, laissant à Larah une incroyable fenêtre de coup. Elle activa le mode archidémon de ses armes. Un choc violent la secoua, tant de puissance, Nova serrait les dents pour la contenir. Ces lames étaient de véritables brasiers d'énergies et vomissaient des flammes et des éclairs. A sa grande satisfaction, c'était des éléments que l'armure Zodiumbra était capable de se protéger contre.
Si elle ne mourrait pas ce soir, elle savait que demain serait plus dur que jamais. Non seulement elle était dopée à cause de Maze mais en plus elle utilisait les Lames passées en archidémon. Son corps ne supporterait pas tant de pouvoir trop longtemps, il fallait faire vite. Une chose était sûre, jamais elle ne tuerait Svarog. Elle pouvait cependant espérer de le repousser, mais même ça s'annonçait impossible. Le Fatalis se tourna vers elle en rugissant et largua une vague de flammes d'un geste presque las. Nova esquiva sans trop de problème, ce qui la ramena à comprendre que ce n'était pas elle qu'il visait en priorité. Elle se tourna et vit un bâtiment prendre feu et son voisin également. Priant pour qu'il n'y ait personne, elle se lança de nouveau vers le dragon qui recula, comme s'il savait que le pouvoir des Lames devait être effroyablement puissant. Minuit infusa son pouvoir dans le bras droit. Larah était silencieuse. Son corps pouvait se déchirer de part en part à tout moment, même si Nova semblait gérer le problème de surcharge énergétique, la tension était palpable. Nova envoya la troisième pulsation qui fit rugir Minuit si fort que l'entité le retranscrivit dans son geste. Le geste fut horizontal et stoppa et Talf, et Svarog, surpris par la puissance qui s'en dégagea. La lame crissa dans un premier temps contre l'armure et les écailles, il ne se produisit rien à part une marque blanche coulissant sur la longueur du corps du dragon, puis vint une véritable explosion élémentaire et énergétique. Le Fatalis prit son envol immédiatement pour se poser à une dizaine de mètres plus loin. Il s'écrasa sur deux maisons et regarda la blessure, enfin, il croyait qu'il avait été blessé, il vit seulement une énorme trace sur l'armure et quelques unes de ses écailles étaient fendues, il tourna la tête vers Larah et la regarda pendant quelques secondes. Laft inspira profondément, ne comprenant pas ce qui s'était passé.
«- Nova s'était vraiment très dangereux comme mouvement, soupira Larah avec effroi.
- J'ai été un peu avide de ma part, je l'avoue... Mais on lui a fait une petite frayeur.
- Il n'a pas l'air d'avoir eu spécialement mal.
- C'est pas grave, il sait de quoi on est capable, quatrième pulsation ! »
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Mais alors qu'elle chargeait en plein sur le dragon, ce dernier lui envoya sa queue à une vitesse fulgurante et elle se la prit en plein thorax. Nova roula en arrière sous le choc et s'écrasa un peu plus loin, ses lames crissants au sol. C'était peut être l'attaque la moins puissante du Fatalis mais ça l'a mis dans un sale état d'un simple geste. Elle cracha une gerbe de sang dans son casque et se redressa en tremblant. Laft ne s'en préoccupa pas, il savait qu'elle allait s'en sortir dans tous les cas. Il avait simplement une belle fenêtre de tir et il ne s'en priva pas. Il enfonça son bras vers les écailles du monstre et le glissa sous l'une d'elle, il fit levier avec son bras et sentit une résistance immédiate. Il serra les dents et grogna pour tenter de la soulever mais elle ne semblait pas vouloir bouger. Svarog tenta de le repousser avec sa patte arrière mais il ne le voyait pas assez bien pour viser proprement. Il ne le lâcha qu'un petit grognement quand l'écaille se décolla. Quel intérêt ? Il en avait des milliers d'autres. Il n'hésita pas à cracher du feu sur son flan pour faire partir le chasseur, il ne craignait pas ses propres flammes, mais les humains si, il l'avait compris il y a bien longtemps. Laft se réfugia sur son dos en escaladant et quand le dragon le sentit glisser entre ses épieux dorsaux, il se secoua avec violence, faisant bouger également les plaques d'armure qui tremblèrent avec force. Larah nota un détail alors. Alors que Nova se relevait avec difficulté, elle entendit un bruit par-dessus tout le raffut que faisait le dragon. Comme une harmonique. Svarog fit chuter le lancier en un clin d'oeil et tenta de l'écraser entre ses pattes, mais il le coinça juste entre deux griffes. Laft, son bras droit qui n'était pas coincé, lui planta alors son AGI dans le doigt pour le faire lâcher, mais le Fatalis ne sentit presque rien. Il serra ses griffes malgré le fait que sa patte avant ne fut pas assez développée comme les mains humaines, il essaya juste de le broyer, il aurait pu mettre tout son poids sur ses pattes, mais il semblait qu'il avait peur de pouvoir chuter s'il s'avançait trop en avant. Ce qui faisait qu'il n'était pas dans une excellente position. Laft déploya encore plus son AGI. Il avait pu faire sauter une écaille, il lui arracherait la griffe. Il cria de douleur et de rage quand il sentit son armure se plier sous les doigts du dragon. Il appuya davantage contre la peau qui se mit à saigner sous son arme étrange. Svarog souffla de colère et sentit un instant l'armure céder. Laft hurla de douleur. Nova passa immédiatement à la cinquième pulsation qu'elle pensait économiser pour plus tard. Elle chargea littéralement le dragon et bondit sur son dos avec fracas. Le Fatalis tira sa tête en arrière quand il la sentit frapper avec les Lames ses écailles dorsales qui n'étaient pas protégées par l'armure. Il rugit pour la faire descendre mais cela ne sembla pas la stopper.
Laft en profita un instant quand le dragon se recula légèrement, il lui enfonça son AGI sous la griffe et Svarog rugit de douleur, peut être ne s'attendait-il pas à posséder un nerf à cet endroit. Il retira sa patte et se laissa tomber en arrière pour se débarrasser de la chasseuse qui tomba dans les décombres en même temps que le dragon. Ce dernier se releva pour finir Laft tandis que Nova était coincée dans les décombres quand il reçut un véritable mur en pleine mâchoire. Il se tourna en rugissant vers ses nouveaux agresseurs. Keil lui jeta un énorme pic de glace qui fondit littéralement avant d'atteindre les écailles du dragon tellement il dégageait de chaleur. Svarog ricana et mordit l'air en leur direction, un météore se dirigea vers eux. Keil bondit pour l'éviter et Tana tenta de l'arrêter avec son pouvoir mais elle comprit rapidement que ce ne serait pas suffisant sous son apparence humaine. Elle glissa au sol et se propulsa hors de la zone d'explosion. Laft se releva et mit la main à son torse, il sentit que son armure s'était enfoncée dans ses côtes, il avait du sang qui coulait de la bouche, il comprit rapidement que des organes internes étaient peut être touchés. Il fallait battre en retraite, pensa Talf. Pour une fois, Laft fut d'accord. Il n'avait pas l'intention de mourir ce soir. Mais il détestait l'idée de laisser Larah seule car elle, elle avait toutes ses chances d'y rester, surtout qu'elle ne battrait jamais en retraite. Quelle entêtée, ils pourraient fuir et survivre mais jamais elle ne laisserait son village se faire détruire, pas une deuxième fois, sans qu'elle ne résiste. Talf n'avait même pas besoin d'avoir cette discussion avec elle, il savait que ce soir, c'était elle ou Svarog. Et pour le coup, il semblait que ce fut Svarog qui gagnait.
Nova se releva avec difficulté, poussant de son bras droit une poutre qui menaçait de lui tomber. dessus. Elle voyait que le sol était toujours embrasé et que les éléments se déchaînaient. Mordecaï était sûrement toujours là. Larah se concentra sur son corps pour évaluer les blessures. Elle sentait des fractures au niveau des côtes, du sang coulait dans sa nuque, sûrement à cause du choc qui venait de se produire à cause de son casque qui avait tapé. A part ça, rien à signaler. Minuit brûlait d'impatience d'y retourner, mais jamais dans le passé, le chant des Lames ne fut si saccadé. C'est à peine si elle avait le temps de chanter un couplet que Svarog l'interrompait. C'est comme s'il savait quand frapper pour éviter qu'elle atteigne sa puissance maximale. Elle entendit un autre bruit de mur qui s'écrasait sur le dragon et elle imagina que Tana continuait de se battre. Keil devait se sentir bien inutile, sa glace était complètement inoffensive devant la fournaise mouvante qu'était Svarog. Nova sortit des décombres en titubant sous les sables mouvants qu'étaient devenues les fondations de la maison dans lequel elle était tombée. Elle s'appuya contre un pan de mur quand elle eut une hallucination. Un bref instant, les ruines prirent une autre forme et le ciel n'était plus rouge, mais d'un bleu nuit très sombre, des fantômes noirs fuyaient dans tous les sens quand l'un d'eux lui passa au travers, elle reprit conscience du monde réel.
Nova s'écria « C'était quoi ça ?! » Larah n'en était pas sûre, mais cela ressemblait à un de ses souvenirs... Elle se tourna vers Minuit qui s'était arrêté de grogner et fixait la scène avec stupeur, comme si lui également revivait aussi un instant passé. Ils n'eurent pas le temps de réfléchir longtemps. Svarog venait tout juste de happer Keil au vol. Il avait tenté de lui foncer dessus depuis un toit pour lui crever les yeux mais le Fatalis l'avait surveillé du coin de l’œil et il lui tenait un de ses tibias entre les dents. Ce ne fut pas longtemps car il déchira la chair et brisa l'os. Un hurlement terrible retentit tandis que Keil chuta et fut rattrapé par Tana. Elle l'arrêta avec son pouvoir et s'élança sur lui. Il gela instantanément sa jambe pour ne plus qu'elle saigne mais il avait été mordu au-dessus du genou, ce qui signifiait qu'il ne pourrait même pas s'improviser une jambe de bois. La femme le regarda, en nage. Laft fit diversion une demi-seconde en déblayant une baliste et en tirant dans le cou du Fatalis qui se tourna vers lui, furieux. Il tira une seconde fois et les javelots se fichèrent entre deux plaques d'armure, stoppant le dragon en pleine charge tandis qu'il essayait de les retirer. Laft s'échappa avant que le dragon ne fasse exploser la baliste. Nova s'attaqua à la queue du monstre mais cela ne semblait pas lui attirer plus l'attention que ça, il se tourna vers Tana qui avait prit Keil par le bras et le traînait loin du combat... Svarog prit une grande inspiration, son corps s'illumina d'une jaune dorée et il lâcha une tornade de flamme vers eux. Keil se débattit pour sortir de l'étreinte de Tana et se tourna en chutant vers le feu. Il joignit ses mains et gela l'air environnant, même Laft qui était pourtant le plus lointain sentit une vague de froid par dessus la chaleur. De la glace se forma tout autour de ses mains et un bouclier se dressa. Le feu s'écrasa dessus et tandis qu'il continuait de geler l'air, il se mit à hurler en sentant que ça ne suffirait pas. Svarog prit le plaisir de regarder la glace fondre et le feu brûler Keil au plus haut degré. « Misérable insecte, tu ne mérites même pas de mourir de mon feu. » s'enquit-il de cracher à l'égard de l'avatar humain du dragon ancien qui tomba en arrière, une odeur de chair brûlée accompagnant le geste. Larah n'avait plus rien à vomir alors elle se contenta d'un hurlement silencieux. Tana se releva avec difficulté, elle avait été également brûlée au niveau des bras et du visage.
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Elle se mit à hurler en voyant le corps sans vie de son amant. Le sol trembla autour d'elle tandis que son pouvoir recherchait des choses à soulever. Nova fut également prise par le champ de force. Tana tourna le regard vers elle, les lèvres tremblant de rage et de chagrin. Elle lui fit comprendre qu'elle allait utiliser son pouvoir comme tremplin. Larah n'imaginait pas cela comme une bonne idée, mais au point où ils en étaient. Elle hocha la tête et se sentit plus légère d'un coup. Tana se mit à projeter à une vitesse fulgurante tout ce qui lui venait sous les doigts. Svarog reçut les premiers objets avec patience, puis il s'approchait de la femme pour la découper avec ses dents, c'est là où Tana souleva Nova qui se sentit prête. Elle l'envoya droit vers la tête du monstre et d'un mouvement circulaire, elle frappa les lèvres du monstre. Elle retomba vers le sol en roulant. Quand elle se retourna, se fut avec grande surprise qu'elle vit les yeux de Svarog tournaient vers elle, les mâchoires crispées alors qu'il était en train de donner un coup de patte avant. Le seul réflexe qui vint fut celui de la chasseuse qui força Nova à mettre son bras gauche en quinte. La griffe la plus avancée rencontra l'arme. Elle l'emporta avec elle jusqu'à la partie entre le cou et l'épaulière de la chasseuse. La lame se brisa sur le choc, entre la griffe et l'armure. Un cri résonna tandis que Nova chutait en arrière, du sang volant en décalé avec elle. Svarog retira sa patte immédiatement comme s'il venait de commettre une grave erreur. Alors que Tana tentait de se remettre de son échec, mais il se tourna vers elle et l'attaqua, elle ne put à peine se protéger que les lames de métal qui bordaient les mâchoires du Fatalis lui traversèrent la peau et l'emportèrent plus loin, loin du regard de Nova.
Nova toucha le sol en hurlant. Elle se tourna sur le côté pour se relever mais la douleurs étaient telles qu'elle fut incapable de faire autre chose que de lâcher un râle d'agonie. La lame avait traversé l'armure, sa peau et était fichée dans l'os. Elle sanglota de douleur tandis que son bras gauche ne répondait plus. Elle savait qu'il fallait qu'elle retire la lame et Minuit se chargea de prendre possession du bras droit pour le faire. "Attends, je ne suis pas prête !" s'écria l'entité, mais ni lui, ni Larah ne l'étaient. Il arracha l'arme d'un coup et elle hurla, mais il vit rapidement que la lame était brisée, il comprit que des morceaux devaient jonchés la peau de la femme. Il souffla de douleur et mit la main dans la chair où il tira sur un morceau de lame qui resta figée. Nova se remit à crier et il arrêta. Svarog revenait vers elle, les lames ensanglantées par son massacre récent. Il fit glisser la longue langue sur le métal pour y goûter le sang. Il entendit un gémissement venant de Keil, un son inaudible mais qui lui indiquait qu'il respirait encore. Il se plaça de sorte d'irradier également le corps de Tana qui jonchait le sol à plusieurs endroit et d'un souffle monstrueux, il fit s'évaporer les corps dans les cendres. "Et que vous ne reveniez jamais dans la peau d'humain." Cracha-t-il, dégoutté. "Quand à toi... Misérable Minuit... " L'intéressé fit se relever Nova avec force, grâce aux chants des Lames, il la remit sur pieds en quelques secondes. Larah comprit qu'en plus d'avoir reçu le métal de la Lame dans l'os, sa chair avait été secoué par un sursaut énergétique, elle se demandait si elle n'avait pas perdu son bras sur le coup. La chasseuse avala une potion antique pour ne pas périr de suite, car en effet, elle ne s'était pas encore rendu compte que le Fatalis revenait. Elle chercha du regard, perdue, Tana et Keil et ne les vit pas. Nova et Minuit se regardèrent, peut être n'avait-elle pas vu ou pas comprit... Larah sentit leur pensée et eut un pincement au cœur si fort qu'elle en lâcha un gémissement couplé de sanglot. Svarog se tourna vers elle en rugissant. Il planta ses pattes au sol et déploya ses ailes devant la chasseuse qui en tomba à genoux. Elle utilisa son bras valide pour éviter de tomber en avant et tenta de ne plus pleurer et d'accepter son sort.
Une pulsation secoua son corps et son esprit fut balayé par une nouvelle vague d'espoir.
Talf se tenait derrière elle, il lui avait posé la main sur l'épaule et il tira son bouclier. Elle lui jeta un rapide coup d’œil pour voir à travers son casque que du sang coulait du coin de sa bouche. « Je ne vais pas tenir longtemps », avoua-t-il. « Je peux arrêter une attaque, après, je pense que je ne vais perdre connaissance... ou... enfin, bref, il faut que tu t'enfuies. Je te laisse cette chance. On ne l'arrêtera pas aujourd'hui, mais tu pourras toujours le retrouver plus tard et lui faire payer toutes ses vies innocentes qu'il a pris. Souviens-toi, je ne serai plus là dans quelques mois, alors si je peux mourir maintenant et pour une belle cause, alors je t'en prie, laisse-moi cette chance. » Nova se tourna vers lui avec stupeur, les émotions traversant son esprit à une vitesse folle. Svarog les regarda et grogna, de toute manière, quoi qu'ils décident, il s'en tenait au plan qu'il avait mis au point avec Mordecaï, il s'accorda dix secondes avant d'attaquer. Nova plaça son front contre celui de Talf, leur casque crissant l'un contre l'autre. « Ensemble. » Le lancier ferma les yeux en voyant qu'elle n'abandonnait pas. « On les venge tous alors. » Nova hocha la tête. « On y va ? » Son compagnon lâcha un triste sourire qui en disait long sur ce qui les attendait. « Après toi. »
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Re: Le Village et ses alentours
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Le temps étant écoulé, Svarog les sépara en se retournant et en abattant sa queue au sol, soulevant les dalles au sol et brisant celles qui subir le choc. Nova sauta sur le côté et tenta d'attaquer le dragon, mais il fut si rapide qu'elle ne comprit pas ce qu'il se passa. Elle se prit un coup de patte qui l'envoya rouler au sol et dont elle ne se releva pas. Talf hurla en la voyant à terre sans bouger. Il dut s'en éloigner quand une gerbe de feu se mit à le poursuivre. Il rangea son bouclier dans son dos et glissa au sol pour passer sous une maison en flammes, mais qui le protégea temporairement du dragon. Il se mit à escalader vers le toit quand il vit que Svarog le cherchait à travers les flammes qu'il avait déversé. Il renifla l'air mais son odorat n'attrapa que les odeurs de soufre. Il se retourna vers la chasseuse qui réussit à reprendre sa respiration au-dessus de sa douleur. Elle utilisa son bras valide pour se redresser, mais là il fallait avouer qu'elle était au plus mal. Sur sa lame encore entière, elle vit le reflet de Svarog approcher, il ouvrait petit à petit sa gueule. Quand il fut à porter pour la mordre, elle roula sur le côté et sentit les crocs claquaient au-dessus d'elle. Elle frappa en arc de cercle pour le faire partir mais malgré la douleur que lui infligea la lame sous sa gorge, il ne flancha pas. Elle se mit à reculer, toujours en rampant mais il se remit en position et malgré ses mouvements vifs, il lui happa la jambe. Il aurait sûrement souhaité attrapé plus, mais elle avait bondit plus loin qu'il ne l'avait prévu. Les crocs plièrent sans trop de mal son armure, sans pour autant la traverser, alors qu'il refermait ses mâchoires. Elle hurla de douleur, comme si jusque là elle n'avait pas subi déjà assez de blessures. Il se mit à tirer doucement et roula le cou en arrière pour la soulever dans les airs sans lui arracher les jambes. D'un certain côté, elle avait de la chance qu'il ne pouvait plus fermer ses mâchoires correctement, il lui aurait arraché la jambe sans difficulté. La douleur fut d'autant plus important quand elle commença à ne plus toucher le sol. Son épée était tombée au sol et à la force de ses abdos, malgré le poids de son armure, elle se redressait vers sa jambe pour espérer attraper les crocs et ne plus être soumise qu'à son poids. Mais un de ses bras pendait dans le vide et cela ne l'aida guère. Elle sentit que l'armure cédait de plus en plus. Elle attrapa son boomerang à sa hanche et se força à ne pas paniquer et à viser. Elle regarda l’œil du monstre et vit qu'un mouvement circulaire pouvait l'atteindre. Elle calcula à toute vitesse l'angle mais la douleur fut elle qu'elle ne put s'empêcher de lancer le boomerang tandis que les crocs traversaient enfin l'armure. Le boomerang s'envola et rebondit en dessous de l’œil de Svarog qui ferma par réflexe sa paupière mais n'en fut pas plus touché. Nova mit la main à la lèvre du dragon et se hissa tandis qu'elle voyait son sang couler entre les crocs du monstres. Elle arriva à se stabiliser avec son autre jambe et toujours ses muscles abdominaux et se mit à frapper contre les dents mais cela fit seulement ricaner le dragon. Minuit lui conféra énormément de force et elle frappa une petite dent qui bougea. Le Fatalis le sentit et grogna. Il tourna la tête et cela suffit à faire arrêter la chasseuse quand elle sentit l'os de sa jambe crisser sous une des lames naturelles du dragon. Larah faillit perdre connaissance mais Nova mit toute sa force pour ne pas tomber inconsciente. Elle fulmina de rage et de douleur, elle ne pouvait rien faire.
Talf rugit en voyant le dragon tourner la tête. Il dégaina sa lance et mit toute l'énergie qu'il put dans son coup. Il repensa à ce que Reiga et Luminos avait pu lui confier sur les AGI. Ils étaient liés à un certain monstre et pour Talf, c'était les Céanataur Shogun. Des monstres extrêmement territoriaux, prêts à tout pour défendre leur nid. Et ce jour-là, il en fut de même pour le lancier. Il pointa son arme en avant et son bras se recouvrit de la substance bleue,mais il repoussa ses limites en la faisant aller vers la pointe de sa lance. Il se mit à charger sachant qu'il perdrait sûrement connaissance quand il relâcherait l'AGI. Il courra à toute allure vers le flanc du Fatalis qui sentit son arme et qui se tourna doucement pour ne pas arracher la jambe de la jeune femme mais il fut bien trop lent. Talf passa sur un petit rebord qui lui permit de bondir en l'air et de planter avec force son arme qui fit plier les écailles du dragon et le fit basculer sur le côté sous la surprise. L'éclat que provoqua l'arme fut impressionnant. Même Talf n'en revint pas. Du sang lui gicla au visage tandis que son arme s'enfonça au trois quart. Il ne pourrait pas la retirer, il voulut l'abandonner, mais l'AGI le maintenait bloqué avec son arme, alors il fut dégager de force par un coup de queue qui le fit rouler par terre et il resta le visage contre le sol, ne se relevant plus.
Svarog tenter d'arracher l'arme avec ses dents pour la jeter plus loin, mais n'y arriva pas. Il regarda la blessure, qui pourrait correspondre à une épaisse aiguille qu'on lui aurait planté dans la peau. C'était désagréable, mais sûrement pas dangereux. Il recula pour regarder le lancier à terre et tourna la tête vers Nova, qu'il avait lâché sous le choc. Elle se redressait encore. « Tu es vraiment increvable », cracha-t-il. « Je reconnais bien là la ténacité des Fatalis. Mais ce ne sera malheureusement pas suffisant. » Il s'approchait tandis que Minuit jetait sur la plaie toute sorte de médicament qui leur restait. Larah était sûrement au bord du coma car Nova avait réellement du mal à la garder éveillée. Elle avait perdu bien trop de sang, elle était blessée au plus au point, il lui fallait des soins de tout urgence. De toute manière... Il n'y avait personne aux alentours, pensa Minuit. Nova cependant, sentit une présence que le Fatalis remarqua ensuite. Elle se redressa avec peine et se tourna vers Talf, elle tenta d'avancer vers lui car il ne bougeait plus mais tomba au premier pas. Le désespoir l'envahit aussitôt quand d'un coup, elle sentit une petite détonation dans sa jambe blessée. Elle se retourna et vit qu'une balle s'était logée dedans, elle la retira et vit que c'était une munition de soin. La douleur fut de nouveau supportable. Elle se tourna vers Tom qui baissait son arme, accompagné de Na'Ki, le felyne de la Guilde. Ils coururent vers Nova et Na'Ki glissa au sol. Il lui planta une seringue dans le bras et se tourna vers Talf.
https://www.youtube.com/watch?v=odZJMAy4JKE
- Il faut l'évacuer, lâcha Nova. Immédiatement. Sauvez-le. Je m'occupe de Svarog.
- Larah... Vous n'y survivrez pas, répondit le felyne voyant dans son regard le reflet de la détermination, mais également de la colère, le désespoir et la foi.
- Il ne semble pas vouloir me tuer, il l'aurait déjà fait, il en a déjà eu l'occasion. Il veut jouer. Il ne me tuera pas tout de suite, pas tant que je n'aurai pas tout donner. Sauvez Talf, je vous en prie. Et partez, loin, dans les montagnes.
- Pas sans vous.
- Je vous en prie.
- Vous savez que... Larah... Vous allez...
- Je sais, répondit-elle, les larmes aux yeux, les lèvres serrées.
D'un regard sombre, le felyne baissa la tête et fit signe à Tom de venir aider le lancier. Le garçon semblait tétanisé mais également bien plus adulte. En quelques heures, il était devenu un homme. Il rangea son arbalète et prit Talf sur son dos avec peine. Il se mit à courir à l'abri. Na'Ki le suivait mais il s'arrêta en pleine course et se tourna vers Larah. Elle lui tournait le dos, sachant qu'il allait se retourner. Il baissa la tête et reprit la course.
Svarog arracha la lance et la jeta au loin en rugissant. La fin du combat approchait, mais la chasseuse ne semblait pas encore prête à rendre son dernier souffle. Il se retourna, excité par la perspective qu'elle lui résiste encore. Il la regardait boitiller, souffrir à chaque pas, ne lui restant qu'une jambe et un bras valide. Une arme seulement, mais où elle redirigeait toute l'énergie du champ des Lames.
- Tu t'es bien battue. Maintenant il est temps de mourir. (Nova se mit à ricaner puis à rire) Pauvre folle...
- Non je ne crois pas. Je suis Novasylis, la Nouvelle Reine. Je refuse de mourir à cause d'un monstre comme toi... Tu penses peut être que je ne suis plus une menace pour toi, mais tu ne sais pas ce qui se cache en moi, j'ai le sentiment que je durais éternellement... Alors je ne mourrai pas aujourd'hui, pas demain, jamais.
Minuit la regarda, non pas sans méfiance, mais il se demandait bien quelle botte secrète ils leur restaient. Il ferma les yeux et accepta le flux de détermination et de courage venant de l'entité, quant à Larah, elle se remettait avec peine de la douleur, mais elle regarda avec confiance Nova à qui elle avait déjà lu les pensées. « Un contre trois. » ricana Minuit. « Trois contre un roi. » fit rimer Larah. « On va mourir. » compléta Nova en se rendant compte de l'erreur qu'ils faisaient sûrement. Le Fatalis se mit à rugir avec la plus grande force qu'ils avaient pu entendre jusque là, les faisant reculer de plusieurs pas sous le choc sonore. Nova se concentra sur son objectif, elle n'en avait qu'un, après... elle ne savait pas ce qui se passerait. Svarog chargea en faisant crisser ses lames et souleva le sol devant elle. Nova esquiva avec agilité et évita ensuite le coup de patte qu'il avait préparé. Elle roula sur le côté et vit, à travers les cendres qui tombaient du ciel, des ruines qui brûlaient, du temps qui se déchaînait que malgré tout ce qui arrivait, elle se sentait vivante. Non plus une simple fusion de deux esprits... Elle évita une nouvelle fois le corps du dragon en sautant en arrière. Il écrasa sa lourde queue devant elle, soulevant un épais nuage de poussière auquel elle s'engouffra dedans et le dépassa. Elle fit crisser son armure contre les écailles du monstre pour se rapprocher de son but. Le Fatalis claqua des mâchoires là où elle se trouvait deux secondes plus tôt et la chercha du regard. Elle se jeta au sol pour glisser et se releva en bondissant au-dessus de sa patte avant gauche. Elle se mit en position. Le temps se dilata alors qu'elle envoyait toute son énergie dans son arme. La Lame s'infusa d'énergie. Au ralentit, Nova vit les étincelles s'échapper de son arme et quand elle tourna la tête, elle vit à travers la fumée pratiquement arrêtée et les cendres qui se déposaient doucement au sol, une silhouette sombre qui s'avançait, lames dans chaque main et dont la cape volait avec force contre le vent. Elle avait encore affaire à un souvenir, elle le comprit. La personne portait une armure imposante qu'elle n'avait jamais vu dans le passé. Une armure monstrueuse qui avait été forgé dans le corps d'un dragon sûrement très puissant et dont la légende devait être encore racontée aujourd'hui aux enfants Les armes brillaient d'un éclat familier, comme si ce n'était pas la première fois qu'elle combattait le dragon. Un éclat provenant des yeux du chasseur fit sursauter Nova. Mais elle ne se laissa pas distraire. Elle reprit conscience du temps et alors que le Fatalis rugissait en voyant la position de la chasseuse et ce qu'elle visait, elle élança son bras en avant, dans une fente exceptionnellement droite et parfaite. La lame éventra le son. Si seulement elle avait pu également éventrer l'énorme pièce d'armure qui était également cachée là. Elle ne la vit que trop tard. Le point faible de Svarog avait été recouvert. Son arme fut déviée et se planta dans les muscles du dragon. Le temps reprit son cours normal alors Nova n'en revenait toujours pas. Elle ne bougeait même plus, anéantie.
https://www.youtube.com/watch?v=stWae6r7Blw
Svarog recula alors, roulant presque sur le côté tellement il avait eu peur de l'attaque. Il avait également oublié qu'il était protégé au cœur, mais ce fut un coup de chance pour lui que Nova ne le sut pas. Le coup qu'elle avait porté le faisait vraiment souffrir, mais il s'en remettrait. La chasseuse n'en croyait toujours pas ses yeux. L'énergie des Lames la quitta en même temps que son espoir. Son dernier espoir. Elle se redressa en arrière en voyant le dragon se remettre en position. Elle laissa tomber son arme au sol. Le cliquetis métallique fut la dernière chose qu'elle entendit. Ça et le sifflement de la queue de Svarog qui s'abattit sur elle. Elle décolla littéralement et s'écrasa dans les décombres d'une maison qui s'écroula sur elle quand elle traversa l'un des murs porteurs. Svarog recula légèrement, espérant ne pas l'avoir tuée. Il siffla avec force et reprenant son souffle, il rugit en direction des cieux qui déchaînèrent leurs éléments avec force. Il se retourna vers le village qu'il avait laissé en proie aux flammes... Mais il trouva que le feu était devenu faible. Il décida qu'il était temps de l'entretenir encore un peu... A tous ceux encore en vie et potentiellement encore là pour l'entendre, il hurla : « La mort voguera sur les marées de cendre que je déverserai ! Vous vous noierez dans vos propres larmes ! Car je suis la tempête, le cyclone qui va ravager vos contrées... vous craindrez à jamais le jour où j'ai renaquis de mes cendres ! »
AlGieba se tourna vers le village et regarda ensuite la terre, il s'y pencha et posa sa main en fermant les yeux. Nieve le regarda, les yeux en proie aux larmes qui coulaient sur ses joues depuis qu'il était en sécurité avec les autres. Le wyverien se concentra sur les murmures de la terre et il regarda ensuite le Fatalis prendre son envol, rejoignant un Mordecaï bien plus blessé que lui. Ils tournèrent tous les deux au-dessus du village quelques secondes, puis ils repartirent, l'Alatréon en tête, le Fatalis le suivant de loin à cause de son armure. Ils repartirent en laissant derrière eux un rugissement déchirant qui sépara le ciel en deux et laissant s'abattre sur la vallée une pluie de cendre. AlGieba se releva et regarda les particules grises tomber doucement sur le sol, il leva la main, comme s'il s'agissait de la neige. Il inspira profondément et se mit à prier dans sa langue alors que les râles des blessés, les cris des habitants encore vivants et les pleurs des veuves retentissaient dans le silence des montagnes.
Na'Ki et Tom portait Talf depuis plus d'un kilomètre à présent, ils avaient mis assez de distance entre le village et eux, ils prirent une pause et alors que le felyne déployait une carte où ils avaient marqué les zones de refuges, il vit passer un faucon doré au-dessus de lui, en direction des réfugiés. Il n'eut besoin que d'une seconde pour reconnaître l'animal. Son maître risquait d'être fort inquiet si Larah ne revenait pas et même si le felyne ne portait pas particulièrement le noble dans son cœur, toute aide était la bienvenue. Mais encore fallait-il qu'il reste du monde à sauver... Il renifla l'air qui portait l'odeur des brûlés... Il pria juste pour que la chasseuse n'en fasse pas partie.
...
https://www.youtube.com/watch?v=oIuDuz26tOY
Les légendes racontent que dans la mort, on ne sent plus la douleur, on est libre de son corps et l'esprit quitte ce dernier sans souffrir de la vie qu'il avait vécu. Quelque fut la violence de la mort ou la douceur du dernier soupir, le corps et l'esprit se séparent. Le corps revient à la terre et l'esprit monte aux cieux. Ainsi, un échange entre la vie et la mort est fait. La terre reprend ce qui lui appartenait pour faire naître à nouveau et le ciel garde l'esprit et lui offre la vie éternelle en échange du réceptacle qu'était son corps.
Pendant longtemps, Larah s'était imaginée que la mort ressemblait à un grand vide, sans souffrance. C'était rassurant. Mourir en chasse était assez fréquent et souvent, la mort était violente selon le monstre ou la créature affrontée. Elle pensait avec acharnement que ses souffrances seraient enfin abrégées. Que nenni. Son corps était absolument douloureux. Pas une parcelle n'était épargnée. Les muscles la tiraillait, la peau la brûlait, les poumons la faisaient suffoquer, les os grinçaient... Elle avait l'impression de baigner dans un bain d'eau bouillante. La chasseuse ne sentait plus son bras gauche, il était complètement immergé. Elle tenta d'ouvrir les yeux mais elle ne vit que le vide. Pas un son ne lui parvenait mais celui de son souffle saccadé par la douleur. Tout était blanc. Pendant un instant, elle pensait qu'elle n'avait pas bien ouvert ses yeux, mais quand elle cligna des paupières, elle comprit qu'elle était bel et bien éveillée. D'un mouvement de tête, elle balaya du regard ce qui s'étendait autour d'elle. Même le liquide dans lequel elle semblait baigner sembler flou et disparaissait à mesure qu'il s'éloignait de son corps.
La souffrance, il n'y avait que ça. La chasseuse inspira profondément et contempla le vide. Il est dit que lorsque l'on est longtemps plongé dans un endroit blanc, on commence à avoir des hallucinations. Ce fut rapidement illustré. La jeune femme repensait à la vie qu'elle avait vécu. A toutes ces choses qui lui étaient arrivées, les joies, les peines, surtout les peines. La vie n'avait pas été clémente avec elle.
Un rire retentit juste derrière elle, la faisant sursauter. Une étrange forme dorée passa à côté d'elle et la frôla. « Parce que tu trouves que la vie a été plus clémente pour moi ? » Elle se redressa légèrement, lui laissant seulement la possibilité de voir ce qui lui parlait. De manière générale, c'était un Zodiumbra, ou plutôt, ce qu'il en restait. C'était une espèce de squelette doré donc seuls certains éléments, comme la membrane des ailes, était encore présent. Une fumée noire se dégageait de la carcasse, comme un fantôme qui avait pris possession des os. La mâchoire inférieure avait été arrachée. L'étrange entité se rapprocha de la chasseuse et plongea son regard dénué d'yeux dans celui de la jeune femme :
- On m'a retiré la peau et les os pour en faire une armure. En quelque sorte, je suis ton ange gardien, en tout cas, physiquement. Tu peux me remercier de t'avoir protégé de nombreux coups... qui t'auraient été fatal.
- Tu aurais pu faire le boulot jusqu'au bout, rétorqua Larah. Tu es mon armure ?
- Oui.
- Pourquoi tu parles ?
- Tu te rappelles des cours que t'avais donné ton père sur certains équipements issus de monstres ? Il paraîtrait que les armures issues des monstres les plus puissants avaient des pouvoirs impressionnants ; des talents incroyables, une défense impénétrable... et d'autres choses. L'armure d'un chasseur, ce n'est pas seulement une protection, c'est une seconde peau...
- Oui je me souviens... Des cas avaient été recensé... Une étrange sensation de présence... mais... il me semble que c'était les équipements qui provenaient des Fatalis...
- En effet, les Fatalis ne meurent jamais. Ils vivent toujours sous une autre forme.
- Serait-ce pareil pour les Zodiumbras ?
- J'ignore ce que je suis. Une hallucination de ton esprit ou bel et bien un morceau de l'âme de mon déchu corps... Tu ne le sauras jamais.
- Tu ne communiques avec moi que maintenant. Donc je suppose que tu n'es pas capable d'interagir autrement que dans... j'allais dire subconscient, mais je suis morte, n'est-ce pas ?
- Si tu es morte, pourquoi souffres-tu encore ?
- Oh non... Je suis encore en vie, fit Larah, ironique.
- Plus pour très longtemps.
- Quoi ?!
Le squelette doré leva la tête et la secoua, à mesure qu'il répétait le mouvement, son corps se changea en poussière et disparut. Seule à nouveau, Larah tenta de se redresser mais son bras gauche refusait de quitter l'eau dans lequel il était plongé. C'était en effet comme ça que son esprit reconstituait son handicap actuel. Le bras immergé et très lourd. Elle ignorait si elle ne l'avait pas perdu pour toujours. « Alors comme ça, on passe un sale quart d'heure ? » La chasseuse sursauta et se retourna, voyant un felyne, portant un grand champignon plat en guise de chapeau et tirant sur une longue pipe qui fumait étrangement, elle reconnut Tikky Mittyk. Autant l'armure avait du sens d'être là vu qu'elle est en contact avec Larah, autant le felyne, elle fut perdue. Mais alors qu'elle se posait la question, il sembla lire dans ses pensées et répondit immédiatement : « Après tout, il n'est pas inutile de te rappeler d'où tu viens, c'est comme si ce tatouage ne servait à rien. » De suite la chasseuse hocha la tête, c'était donc ça. « C'est pourtant moi qui t'ait élevée, l'aurais-tu oublié ? Seule dans la nature, sans arme ni armure, seule pour te défendre d'un yian garuga, mais ce jour-là, tu as compris qu'épargner une vie est parfois le meilleur choix. » La jeune femme avala sa salive, gênée, c'était plutôt Yann qui l'avait épargnée. Il avait encore assez de fougue pour l'achever, même si elle l'aurait sûrement emporté avec lui. Il fut plus sage qu'elle et c'est ce jour-là qu'elle avait appris une bonne leçon de vie. « Hmm... Tu as bien grandi depuis... tu es devenue une grande fille. Quoi qu'il se passe dans les temps à venir, n'oublie jamais qui tu es ni d'où tu viens. Qui sont tes alliés et qui ne le sont pas. Et méfie-toi toujours de l'eau qui dort... elle pourrait bien t'emporter... sans effort. »
Larah roula des yeux. Même dans sa tête, le felyne s'exprimait avec des devinettes. Elle soupira et hocha la tête. « Je tacherai de ne pas l'oublier. » Tikky Mittyk tira sur sa pipe et souffla en l'air. Il secoua le bras pour faire disparaître la fumée et à mesure, il disparaissait aussi. « Prends garde au Serpent. » Quel serpent ? Minuit ? La chasseuse tendit son bras valide vers le felyne mais celui-ci était parti. Ce fut étrange. Elle se demandait si chez les autres personnes aussi, elles avaient le droit à ce genre d'hallucination ou de rêve. La douleur revint et elle se laissa tomber en arrière dans un râle atroce. Ses cheveux se répandirent autour d'elle, elle respirait doucement, fermant petit à petit les yeux. « Tu ne vas quand même pas t'arrêter là ? Pas après tout ce que tu as fait ? » Elle rouvrit les yeux.
https://www.youtube.com/watch?v=74zFT4sq4a0
- Minuit, c'est toi ? Demanda-t-elle, en sentant l'odeur du Fatalis.
- Non.
- Alors je ne comprends plus rien à ce qui m'arrive.
- Ce sont les 3 fantômes de Noël qui viennent te voir... Tu as vu le passé, le présent et moi je suis le futur.
- Vous êtes ma mort ? Frissonna Larah.
- Non je te faisais marcher.
- Roy c'est toi ?
- J'ignore de qui tu parles. Mais je suis vraiment déçu que tu ne te souviennes pas de moi.
- C'est-à-dire que je ne vous vois pas, vous sentez le Fatalis et vous n'êtes pas Minuit, alors à moins que Svarog ait perdu sa douce voix de l'apocalypse, je ne sais pas à qui je m'adresse.
- Larah. C'est moi. Crimson.
Elle se redressa d'un coup, se rappelant avec violence l'état de son corps et grimaça de douleur mais elle devait avoir le cœur net. Oui c'était bien Crimson, en chair et en os. Il ne lui manquait pas sa peau comme le Zodiumbra mais il n'était pas non plus habillé traditionnellement comme le fut Tikky Mittyk. Il était déjà à l'avant dernier stade de transformation d'un croisé. Son corps était recouvert d'écailles ardentes et ses cornes étaient saillantes.
- Cr... Crimson... Tu étais mort... Je... Je voulais tellement te remercier pour tout, pour ce que tu as fait pour moi... Je n'ai pas pu te dire au revoir... mais tu es là... ! Tu es vivant ! (Elle voulut se lever, mais son bras resta coincé dans l'eau. Elle siffla de douleur) Tu es là...
- Je suis mort, Larah.
Son visage se décomposa. Elle serra les lèvres, pensant qu'il y avait eu un faible espoir qu'elle le retrouve à nouveau. Elle enfouit son visage dans sa main restante et essuya la larme qui lui coulait dans le coin de l'oeil.
- Comment es-tu là ? Balbutia-t-elle.
- C'est ta conscience qui m'a appelé.
- Ma conscience ?
- Oui. Tu es vraiment en piteux état. Tu n'essaierais pas de me rejoindre dans l'autre monde, quand même ? Regarde-toi...
Il s'approcha d'elle et s'agenouilla à ses côtés. Il lui mit la main à la joue qu'elle caressa sans se priver. Ses larmes roulaient sur les joues, il avait l'air si réel et pourtant, le contact était si étrange, comme si son esprit n'arrivait pas à reconstruire correctement la sensation du touché.
- Larah. Quand tu te réveilleras... si tu te réveilles... Il y a quelque chose que tu vas devoir affronter qui est bien pire que ce que tu as affronté... Il faudra que tu sois forte... plus forte que tu ne l'as jamais été.
- Qu'est-ce qui est pire qu'un Fatalis pourpre et un Alatréon en même temps ? Que d'avoir cru qu'un de mes amis décédés était revenu... ?
- Ce que tu vas t'infliger. Tu es trop exigeante avec toi-même. Le regret, la tristesse, le chagrin... et ce que tu te diras. « J'aurai pu sauver plus de monde. » « Tout est de ma faute. » « J'aurai du mourir là-bas... » Tu as vécu l'enfer et ça ne va pas s'arrêter tout de suite, Svarog et Mordecaï sont toujours en vie, mais également Talf, Drakov, Amélie, Rupert... et les autres.
- Je ne veux pas me réveiller. Pas dans un monde où autant de gens sont morts.
- Il va falloir. Qui d'autre arrêtera Svarog sinon toi ? C'est ta quête, Larah. (Elle détourna les yeux pour ne pas penser à ce qui l'attendait) Il faut que tu ailles jusqu'au bout !
- ...Je ne peux pas ! S'écria-t-elle. Je ne suis pas assez forte !
- Regarde-moi Larah. Regarde-moi. J'étais un croisé Fatalis Pourpre. Il y a même de grande chance que mes gènes étaient ceux de Svarog. Les Fatalis, ça ne court pas les rues, et les derniers a avoir été enregistré furent Minuit et Svarog, il y en a bien un ou deux qui traînent ailleurs dans le monde ou qu'on nous cache... Il faut à tout prix les arrêter. Ces bêtes... sont ancestrales. Elles ont assisté à des choses qu'on ignore mais dont on descend directement. Notre force, notre génome, notre... détermination. Tout ça vient d'un passé lointain où les hommes étaient bien plus que ce qu'ils sont aujourd'hui. Toi et moi... on n'est pas différent. Minuit a pu se lier avec toi parce que c'est un Fatalis. Tu possèdes en toi une force bien supérieure à ce que tu crois. Tu auras le pouvoir de vaincre Svarog... seulement si tu ne laisses pas tomber. (Il sourit.) Je sais que tu vas la fermer pendant un moment et que tu ne te souviendras probablement pas de cette discussion à ton réveil... mais s'il te plaît... Ne meurs pas tout de suite et surtout, continue ton chemin... Il est temps pour moi de repartir.
- Non, ne pars pas, ne me laisse pas toute seule.
- Tu vas t'en sortir, okay ?
- Non, je t'en prie... (elle lui serra la main) Tu me manques énormément. (Il sourit) Je ne veux pas revenir dans un monde où tu n'es plus là, reste s'il te plaît.
- Je serai toujours là avec toi, tant que tu manies mon épée. (Il se mit à disparaître) On se reverra.
- Non ! Hurla-t-elle en levant son bras vers le visage du croisé alors que celui-ci finit par disparaître complètement.
Elle tomba sur son bras gauche qui s'enfonça encore plus dans l'eau. Elle fut secouée de sanglots et serra sa main à l'endroit où se trouvait Crimson quelques secondes plus tôt. Elle eut l'impression qu'elle ne se réveillerait jamais et le temps parut s'écouler au ralentis. Elle resta couchée sur le côté, attendant que son heure vienne, sa vision se brouillant de plus en plus dans cet enfer blanc, elle ne distinguait bientôt plus sa propre main. Ses yeux se commencèrent à se fermer timidement mais un souffle chaud la maintint éveiller. Elle fit un effort ultime pour ouvrir les yeux et regarder devant elle où une tâche était apparue. Qu'est-ce que c'était ? Ça bougeait. Comme une image qui s'ouvrait et se déformait. Larah dut se remuer sa tête douloureuse pour se rappeler où elle avait vu quelque chose de semblable... les souvenirs de Minuit. Mais cette fois-ci, il semblait que c'était un des siens. « Et maintenant, tu tires sur la corde, comme ceci, pour pouvoir décocher la flèche. » Un très vieux souvenir. « Et tu lâches... Voilà ! Excellent, t'as réussi du premier coup ! » La voix la torturait car elle n'arrivait plus à savoir à qui elle appartenait. Ses pensées étaient en bouillie et ça ne s'arrangeait guère à cause de ses blessures qui occupaient toutes ses pensées. Une deuxième voix s'éleva : « C'est parce que tu m'as aidé à tirer avec ton bras ! » La chasseuse se redressa légèrement et se concentra sur l'image :
- Non non, je t'assure, tu as tiré comme une grande ! Fit la première voix.
- Je suis plus un bébé, je sais que tu m'as aidée !
- Oh, j'ai peut être juste lever un peu l'arc, j'avoue...
- Le Comte... souffla Larah, se mettant la main au visage. Comment avais-je pu oublier ?
- Ce n'est pas ton paternel qui t'aurait appris ça... chuchota-t-il à lui même.
Elle se concentra sur lui, il était très jeune, plus de vingt cinq ans pendant que Larah en avait dix dans son souvenir. Il se rasait tous les jours et n'avait pas ses yeux émeraudes bercés par la fatigue de sa maladie. Il était jeune et plein de vigueur. Il ne s'appelait pas encore le Comte, il n'avait pas encore gagné ce titre... A sa grande surprise, elle fut incapable de se rappeler de son prénom... Ce qui était impossible vu qu'elle avait une excellente mémoire sur ce genre de détails. Le souvenir devint un peu plus flou, la mémoire s'essoufflait. « Eve. Tu veux bien aller jouer un peu avec ton arc ? » demanda une voix féminine derrière la gamine. « Que se passe-t-il ? » demandèrent en cœur la fillette et le Comte en même temps. Ce dernier tapota dans le dos de Larah pour la faire partir. La mère de Larah, les cheveux blonds attachés dans une longue natte qu'elle recoiffait, avait l'air inquiet. « Tu-sais-qui a... encore fait des siennes. » Le Comte roula des yeux et se mit la main au visage.
- On va lui mettre une muselière à celui-là, répondit-il.
- A qui ? Demanda la fillette.
- Toi, va jouer ailleurs, c'est une affaire de grands et on a besoin de quelqu'un pour surveiller les kelbis, alors file !
- C'est pas juste, bredouilla Larah, moi aussi j'aimerai bien le rencontrer « Tu-sais-qui ».
- Pas tout de suite, Eve, sourit le Comte, il est encore trop farouche pour s'amuser avec les petites filles comme toi. File avant que le Grand Méchant Fatalis ne vienne te croquer !
La gamine partit dans un cri et le souvenir s'effaça. Le Comte avait raconté à Larah quand elle était petite des histoires terribles sur les Fatalis alors que pendant qu'elle pensait que c'était une légende, ils chassaient aux côtés de l'un d'eux. Minuit, c'était lui le responsable de sa perte de mémoire. Si lui même était capable d'altérer ses propres souvenirs, sa haine envers le Comte pouvait bien altérer ceux de Larah également. Pourquoi voyait-elle ce souvenir en particulier ? Un autre se forma plus loin, il s'agrandit et la chasseuse essaya de situer l'époque. Il ne lui fallut qu'une seconde pour comprendre ce que c'était. Elle avait fait ce cauchemar cent fois déjà. Les branches des arbres lui arrachaient ses vêtements et fouettaient sa peau frêle. Son souffle était entrecoupé de hoquet de terreur et ses pieds ne cessaient jamais de courir. Derrière elle, détruisant la forêt dans sa charge, Minuit, enragé, rugissait après elle. La jeune fille déboucha sur une clairière et chercha des yeux une cachette mais il n'y en avait point. Elle continua tout droit mais le Fatalis était déjà sur elle et il balaya ses jambes de sa queue. Elle s'écrasa au sol avec fracas, et se retournant pour faire volte-face, elle vit les grandes mâchoires du dragon devant elle, elle hurla en se protégeant alors que le dragon fit siffler sa langue près d'elle. « Laisse-la ! » Rugit une voix de l'autre côté de la clairière.
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Minuit se mit à rugir face au nouvel arrivant et il déploya ses ailes pour l'effrayer, mais si un homme sur terre ne craignait pas le Fatalis, c'était bien ce chasseur de Jumbo. Armé des Schismes Eternelles pour combattre et d'une armure... avec une cape. C'était donc lui qu'elle avait plus tôt face à Svarog. Encore une fois, son esprit avait associé un souvenir avec la situation et elle s'était retrouvé à avoir une image flottante dans son champ de vision. C'est ce qui avait surpris Nova également... La suite du combat, elle connaissait. Le Comte tranchait l’œil du dragon et ce dernier se pencha vers Larah pour faire couler son sang sur son œil. Elle ne savait pas ce qu'il se passait ensuite vu qu'elle était inconsciente. Mais une sensation qu'elle avait oublié ce jour-là lui revint. C'était la connexion entre l'esprit de Minuit et le sien pour la première fois. Comme si deux énergies se rencontrèrent avec force mais restèrent connectées quelques secondes avant de se séparer de nouveau. Une onde, comme celle qui se produisait pendant l'Union. Mais l'Union se faisait sous le consentement des deux êtres, alors que s'était-il passé ce jour-là pour que leurs esprits se soient accordés l'espace d'un instant ? Le souvenir disparut, ne répondant pas à sa question.
Alors qu'elle se creusait la tête pour comprendre, plusieurs portails apparurent, présentant chacun un souvenir où Larah et Minuit avaient fait marcher l’œil. Autant dire qu'il y avait une multitude de portails. Il y avait bien un seul souvenir avec le consentement de Larah pour trois souvenirs où Minuit avait pris le contrôle de force. Mais toujours cette petite connexion revenait, plus ou moins forte, une pulsation. Le siège de la forteresse par les dragons anciens avec les Lames ou le premier combat contre Svarog aux côtés de Moly, Ryu et Rann où elle avait également utilisé les Lames constituaient d'excellents supports de réflexion car c'était à ces moments que l'Union incomplet était le plus puissant. Étonnamment, les souvenirs faisant intervenir Nova n'apparaissaient pas sur cette immense fresque. Sa vie défilait devant ses yeux. Elle comprit alors qu'un fil conducteur se dessinait.
La question n'était pas « pourquoi ? » ou « quand ? » ou « comment ? »... mais « qui ? ».
De ses souvenirs émergea une silhouette féminine. Larah la reconnut immédiatement puisqu'il s'agissait de sa mère, ou du moins, la dernière image qu'elle avait d'elle avant qu'elle ne meurt. Elle approcha en regardant sa fille, le visage impassible. La chasseuse se redressa comme elle put et regarda la femme approcher.
- Tu as bien grandi, Eve. Il paraît que tu as décidé de prendre mon nom et ton deuxième prénom... Ton père est-il au courant ?
- Bien sûr qu'il est, répondit doucement Larah, essayant de comprendre l'intention de son esprit derrière ça.
- Il n'a pas dut apprécier... Mais j'imagine que ça n'a plus d'importance, n'est-ce pas ?
- En effet... lâcha la chasseuse en se rappelant du sort de son père.
- Ne pleurs pas, il est mort en héros.
- Il est mort parce que j'ai fait une erreur. J'aurai dû prendre le coup pour lui.
- Il a fait son choix, tu n'as pas à t'en vouloir.
- Pourquoi es-tu là ?
- On t'a longtemps rabâché que la lignée des Marys était une lignée de femmes, mais également de guerrière. Qu'est-ce qui s'est donné de génération en génération, donnant à chacune un don inné pour le combat ? Tu en as également hérité. Une entité incroyable...
Marys se métamorphosa en l'image miroir de Larah, mais qui n'avait pas les cheveux teints en bleu, son reflet « diabolique » comme elle aimait bien l'appeler et qui lui faisait face il y a longtemps, quand elle ne savait pas sur quelle voix se diriger, entre vengeance et rédemption. « Un don comme nul autre et dont Minuit a compris les rouages. Une fine lame, un esprit vif, une force et une agilité supérieure... condensés dans un corps. Il ne lui a pas fallu plus que ça pour pouvoir s'installer à sa guise. Il a alors compris qu'il ne serait pas seul. Une gamine comme toi. » Le doppelgänger disparut pour laisser la place à un dragon blanc que la chasseuse reconnut en poussant un hoquet de surprise, « J'étais là depuis le début. Sous une apparence pour le moins anodine. » La jeune femme se souvint que ce dragon était là, dans son subconscient, mais elle avait toujours cru qu'il était l'esprit de sa mère qui la protégeait de Minuit. « Ou ta propre image si tu étais tombée dans la folie de Minuit. » Le dragon se transforma en Svarog qui reprit la parole « Ou le passé qui t'a poussé à continuer dans ta voix de chasseuse, et désormais le présent... » Svarog, Marys et son reflet était apparu dans la Vieille Tour, tous les trois, lors de la quête de l'Eliostra et des deux Kirins... C'était à cet exact instant que Larah et Minuit avait décidé de faire alliance, tous les deux consentants à un nouvel Union. « C'était à cet exact instant que je suis née à nouveau. »
Tous les souvenirs s'éteignirent quand Nova les traversa tous. Ils se réfugièrent tous dans la paire d'aile qu'elle portait dans son dos. L'entité n'avait jamais eu d'apparence propre. Pas dans l'esprit de Larah en tout cas, ce n'était qu'une paire d'yeux, tout au plus, avec une bouche. C'était la première fois qu'elle avait une apparence physique. C'était le portrait craché de la chasseuse, mais avec un visage plus allongé, des écailles bordant les yeux et continuant jusqu'au dessus des oreilles qui se protégeaient sous des cornes, comme celle de Minuit. Son bras droit était entièrement couvert d'écaille à son tour, elle possédait les ailes gigantesques du Fatalis et elle les accrochait à ses poignées par leur griffe, lui donnant alors une longue cape qui cachait presque sa nudité. Sur son front était incrusté l'écaille ciel de la Rathian rose, la couronne, protégée par les cornes de Minuit qui pointait férocement vers le joyau céleste.
- Tu étais là... depuis le début, souffla Larah, n'en croyant pas ses yeux.
- Un embryon seulement, reprit la voix cristalline de l'entité. Mais oui, j'étais là.
- Après tout ce temps... ? Commença Larah.
- Eh oui...répondit Nova en haussant les épaules.
- … Tu n'as rien dit ?! Rugit la chasseuse, l'entité se mit à sourire. Et tu trouves ça malin en plus ?
- Tu imagines bien que je t'en aurais parlé depuis le début si j'avais pu. En fait... je t'en ai parlé depuis le début... Rien ne te choque ?
- Dans ton apparence ? Je t'imaginais plus petite... tu me mets bien une tête facilement...
- Hmm certes, ça c'est à cause de Minuit...
- En parlant de lui, pourquoi tu es là... ?
Nova baissa les yeux en souriant puis les releva vers la chasseuse. « A ce propos oui... » Elle ne savait sûrement pas comment engager la chose. Elle ne pouvait pas croiser les bras à cause des ailes accrochées à ses poignets, du coup elle se contenta de se tenir droite et de bien choisir ses mots.
- Tu t'apprêtes à me lancer une nouvelle incroyable ? Faut que je me prépare c'est ça ? D'accord, ne t'inquiète pas, je vais m'asseoir confortablement... Ah non, j'oubliai, j'ai perdu un de mes bras. Et je vais peut être même perdre la vie si je crois les autres fantômes qui sont passés avant toi. Tu... tu penses que je peux mourir ?
- Tu vas mourir.
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Le calme et la froideur avec lequel avait répondu l'entité glaça le sang de Larah. Nova avait pris la mauvaise habitude de toujours dire la vérité. « Attends... je ne vais pas... » L'entité jouait nerveusement avec ses doigts.
- J'ai une solution.
- Oh par les esprits, je t'écoute, je ne suis pas prête à quitter ce monde, se lamenta Larah en se mettant la main au front et en se laissant tomber en arrière, flottant désormais dans le même liquide que son bras.
- Ça va peut être nous coûter un peu cher...
- Nous ?
- A toi et à moi... Minuit ne sera pas affecté. C'est d'ailleurs lui qui assura notre carence en... en tout, en fait. Le problème actuellement, c'est que tu respires de moins en moins. Et comme tu es inconsciente, tu ne reprends pas correctement ton souffle, du coup, tu n'oxygènes pas tes muscles... et ton cerveau. Tu es en train de t'éloigner de plus en plus de ton propre corps... En fait... si je suis là, c'est parce que tu as déjà quitté une partie de ton enveloppe physique...
- Attends, attends, quoi ? Se redressa Larah, la peur grandissant dans sa poitrine.
- Tu es en train de mourir, oui. Ne panique pas, ça n'arrangera pas les choses. Minuit est en train d'essayer de te réveiller, mais il n'y arrive pas, l'Union n'arrive pas à se faire.
- Comment es-tu là alors ?
- Bien, j'attendais la question. Larah, tu l'as dit toi-même, j'ai toujours été là, pour te guider, t'aider, te rassurer. Je suis une part de toi. Une part que tu as partagé avec Minuit, mais je suis plutôt originelle de toi, Minuit a sa propre histoire et sa propre raison pour que je partage également ses souvenirs et ses attributs, mais comme tu le sais, j'ai déjà pu être complètement à ta place alors que tu ne m'en avais pas spécialement donné l'autorisation... Comme avec le Comte.
- Me dis pas que tu es comme Laft, ou quelque chose comme ça...
- Hahaha... eh bien... qui se ressemble s'assemble. C'est grâce à moi que tu es amoureuse de Talf, alors respecte également Laft s'il te plait.
- On rediscutera de ce détail, maugréa la chasseuse. Hum, est-ce que tu es une sorte... d'arrière pensée ? Genre, une seconde conscience ?
- Peut être, ça me dépasse également si tu veux savoir. Ce qui est sûr, c'est que tu m'as réveillée c'est le plus important maintenant, ton esprit est encore plus fort maintenant, même si ce n'est pas vraiment utile dans un monde où il n'y a pas de gens capable de lire dans les pensées... mais c'est une grande chose quand même.
- Est-ce que tu serais quand même née si Minuit ne m'avait jamais.... (elle allait dire « maudite » mais depuis qu'ils utilisaient l'Union, il l'avait priée de ne plus parler ainsi de l’œil) fait couler son sang ?
- Non. Je ne suis pas totalement sûre, mais je crois que non. Il possédait en lui ce qui me manquait. Je serai restée à un stade embryonnaire. Vous étiez fait pour être ensemble.
- Hum, ce n'est pas vraiment l'expression adaptée, remarqua Larah.
- Je n'aurais jamais pu voir le monde sans lui.
La chasseuse garda le silence. Nova était l'une des choses les plus adorables à observer sur cette terre. Elle s'émerveillait à chaque nouvelle chose qu'elle découvrait. Elle était tout le temps heureuse et malgré le fait que Minuit et Larah partageaient de très sombres pensées, elle savait garder son calme et les guidaient comme il le fallait. Maintenant elle en était sûre, ils avaient besoin de Nova. C'était un artefact à protéger à tout prix.
- Oh, également, je ne suis pas comme Laft, je ne compte pas te remplacer un jour, de toute manière, cela coûterait également Minuit dans le processus, donc tu n'as pas à craindre que je... prenne ta place. D'une manière ou d'une autre.
- C'est rassurant à entendre.
- Bien, maintenant il faut régler la question de ta mort. (comme l'entité sentait quelque chose approcher, elle prévint la chasseuse : ) tu devrais bientôt ressentir un... (Larah tomba sur le côté, toute force la quittant.) Oh non...
Nova s'élança sur elle d'un bond incroyable, suivie de ses longues ailes. La jeune femme respirait avec difficulté, sentant son corps bien plus léger mais c'était sûrement mauvais signe. Une douleur la prenait au niveau du front et du cœur. « Tiens bon Larah. Regarde-moi. N'aie pas peur de la mort. Tout ceci risque d'avoir un prix... mais c'est le seul moyen de te sauver. » C'était extrêmement difficile à respecter dans le cas où elle sentait exactement ce qu'avait décrit l'entité plus tôt, à savoir, son esprit quittant son corps. « Accueille-la. » Elle posa sa main droite griffue sur le front de Larah et tourna son visage vers elle, la chasseuse ne la quittait pas des yeux, cherchant à savoir ce qu'elle faisait, elle sentit soudain une pression et le dernier réflexe qu'elle eut, ce fut de saisir le poignet de l'entité avec son bras valide qui était également le droit. « Il n'y a pas de mort » commença Nova en se penchant très près de Larah. « Il n'y a que la renaissance. » Elle plongea alors sa tête sous l'eau et la chasseuse se débattit pour éviter de se noyer mais alors qu'elle ne pouvait plus retenir son souffle, elle inspira profondément sous l'eau.
Et dans l'air.
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Larah remplit de nouveau ses poumons d'air et la suite, elle s'en souvenait.
La chasseuse revint au présent. Elle se rappelait maintenant de tous les événements. Le vent balayait les ruines en silence. Les cliquetis de l'armure de Larah était la seule chose qui perturbait la tranquillité morbide de ces lieux. Alors Svarog avait bien causé la désolation en ces lieux. Mordecaï s'était également enfui avec lui. La jeune femme soupira à cause de la douleur qui ne s'arrêtait pas. Il fallait qu'elle trouve les survivants à tout prix si elle ne voulait pas mourir de ses blessures. Pas après ce qu'avait fait Nova, même si pour le moment, elle ne savait pas encore ce qu'elle avait perdu dans cette « renaissance ». Elle se mit à marcher en direction de l'Ouest, là où elle avait dit aux autres de s'enfuir. Elle traversa les ruines encore fumantes et reconnut la grande place, même si ça n'était plus qu'un monticule de pierre qui trônait au centre d'un grand cercle. Les drapeaux déchirés et brûlés flottaient en l'air. Les cendres balayaient les pieds de la jeune femme mais elle n'y faisait plus attention. Elle s'écroula sur une pierre et se releva pour continuer, animée par une force qu'elle ne saurait expliquer. Elle marcha, encore et encore, puis elle entendit enfin des voix.
Après ce qui lui avait semblé être une éternité de solitude, elle marcha vers les sons. Deux personnes patrouillaient, armés de fourche, comme si cela aurait pu faire fuir des dragons anciens. Ils aperçurent la jeune femme et reconnurent son armure dorée. L'un d'eux cria mais Larah fut incapable de comprendre ce qu'il disait. Il se mit à courir dans l'autre direction et le deuxième la regarda s'approcher, il ne semblait pas à l'aise et il ne l'aida pas quand elle tomba à genou. Elle rassembla encore ses forces pour se relever et il la suivit des yeux alors qu'elle le dépassait, comprenant bien qu'il n'allait pas l'aider. Na'Ki bondit depuis une colline qu'il dévala en courant à quatre pattes. Elle continuait de marcher en silence, même quand le felyne la bombardait de questions pour savoir comment elle allait, où avait-elle mal, comment se faisait-il qu'elle soit toujours en vie ? Elle l'ignorait tout autant qu'elle ignorait les gens qui se mirent à s'approcher d'elle pour voir s'il s'agissait bien de la chasseuse. Du regard, elle cherchait ses compagnons mais ne les vit pas. Par contre, elle aperçut le Chef du Village qui, sans Maze pour l'assister, semblait bien débordé. Quand il vit la chasseuse, il lâcha ses parchemins et marcha en vitesse vers elle. Il s'écria quand il fut à porter :
- Où sont les autres ? Où sont Maze et les gens de la Guilde ? Personne n'a encore osé mettre les pieds là-bas... tu en reviens, ça se voit à ton armure et aux cendres que tu transportes... (Larah ne lui répondit pas) Comment es-tu encore en vie ? Laisse-moi répéter, comment peux-tu être encore en vie alors qu'ils sont tous morts ? Tu as dit que tu te battrais jusqu'à ton dernier souffle ! (La chasseuse s'en souvenait également, mais elle avait été frappé par Svarog et n'avait pas pu se relever, ce n'était pas vraiment de sa faute si elle n'était pas morte sur le coup. Nova et Minuit se jetaient des regards inquiets face au silence de la jeune femme). Pourquoi tu ne dis rien ? Tu as honte ? De ne pas avoir pu protéger ton village ?
« - Hé, pour qui il se prend celui-là ! S'écria Nova. On s'est battu jusqu'au bout !
- Une belle illustration de ce que peut être l'humain, répondit Minuit.
- Pourquoi tu ne te défends pas Larah ? Il nous insulte ! »
- Tu sais combien de gens sont morts ? Reprit le Chef, en proie à une colère et une tristesse qu'il avait besoin d'exprimer sur quelqu'un. Combien vont encore mourir ? Ton père est mort, ta sœur se trouvait à l'hôpital pendant l'attaque, ton petit ami est en train de succomber à ses blessures ! (Larah releva ses yeux fatigués et le Chef les aperçut) J'ai éveillé quelque chose, enfin ? La bête qui se tapit en toi ? (Minuit se mit à grogner, mais cela ne se vit pas sur Larah) Regarde-toi. Tu n'es même plus humaine... Tes yeux... de monstre... Vides...
- Ça suffit, intervint Na'Ki. Il faut l'emmener aux soins de toute urgence !
- En a-t-elle réellement besoin ? Cracha le Chef. Mes villageois sont morts. Et elle devait les protéger.
Il posa son bras sur l'épaule de Larah pour la pousser mais à une vitesse fulgurante, elle attrapa son poignet, comme elle l'avait fait avec Nova un peu plus tôt dans sa tête. Il la dévisagea à travers son casque. Mais il n'eut pas besoin de plus pour la pousser et elle tomba en arrière dans un grognement. Mais elle se releva. « Pourquoi tu refuses autant de mourir ? On a tout perdu. Tu étais mieux dans l'au-delà. » Elle refit face à Ilmar Dilhan, Chef du village qu'elle avait longtemps respecté, mais pour une fois, le respect ne passait pas devant les soins qu'elle nécessitait. Des gens s'approchèrent, des gens qu'elle connaissait. Datard Hôms, l'un des marins du port, encore en vie visiblement, écarta Ilmar pour que Larah fut tranquille, il lui murmura des choses en regardant du coin de l’œil la dépravée de chasseuse qu'ils avaient en face et ils tournèrent les talons. Mais au même moment, la chasseuse tomba et plongea encore une fois dans le coma, entendant plusieurs personnes s'élancer sur elle.
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Maze cracha au sol après avoir toussé du sang. Il fit tomber une nouvelle planche au-dessus de lui. Il vit enfin le ciel. Un nouvel espoir lui sourit. Il utilisa la planche qu'il venait de faire tomber pour faire chuter les autres et il put enfin respirer plutôt tranquillement. Il posa une main sur son buste dégoulinant de sang. Il allait s'en sortir. Il ne savait pas comment mais il avait survécu. Il avait facilement traversé trois murs avant de se retrouver sous les gravats de la Guilde. Son armure avait réussi à protéger sa tête et son corps, mais elle était complètement brisée à présent. Seul ses vêtements pendaient à lui. Des morceaux d'armures étaient dissimulés çà et là. Il rampa vers l'extérieur, se plantant divers objets dans les mains et les bras mais s'il arrivait à sortir des décombres, il pourrait bien trouver de l'aide. Dans un ultime effort, il brisa trois planches de bois et il tomba enfin à l'air libre. Il se mit à rire devant sa réussite mais du sang lui monta rapidement à la bouche et il cracha encore. Il tenait dans sa main un énorme morceau de métal qui avait traversé un de ses poumons. Il souffla doucement pour respirer. Il arriva à se dégager complètement des décombres et il s'adossa au mur de la Guilde qui tenait encore debout. Il vit partout des papiers s'envoler s'ils n'avaient pas été consumé par le feu. Quelle coïncidence quand il vit le rapport d'une quête de Eccnelias, Tian et Talf. Il ramassa le morceau et lut quelques mots. Ils avaient encore chassé du gros gibier... Deviljho, c'était l'un des mots qui apparaissaient. Il entendit des bruits de pas et un cliquetis d'armure. C'était sa chance, il tenta de se hisser sur ses pieds mais échoua. Une de ses chevilles étaient complètement retournée, il n'avait même pas vu. Peu importait, la personne était toute proche, il voulut l'appeler mais il sentit son poumon lui priait de ne rien faire et il attendit paisiblement assis au milieu des cendres de son village. Une silhouette encapuchonnée s'arrêta à quelques mètres, mais ils ne se voyaient pas. Il fallait absolument que Maze se fasse remarquer. Il tenta de parler mais soudain, son instinct le poussa à se taire quand il sentit la présence d'un monstre. Il tourna légèrement la tête mais ne vit rien, quand il revint voir si la personne avait bougé, il se retrouva nez à nez avec...
- Le Comte... souffla Maze. J'aurai préféré quelqu'un d'autre, mais ça se tient. Faites gaffe, je crois qu'il y a un monstre qui rode, sûrement un velociprey venu faire festin...
- Je devrais plutôt m'inquiéter de ce qui est venu avant.
- Alatréon... (le Comte le toisa sans grand intérêt, il avait déjà fait ses propres conclusions) et un Fatalis... pourpre. Il m'a mis dans cet état. Ils ont réduit le village en cendre. Rien pu faire... Tian... (le noble sembla bien plus intéressé par la conversation d'un coup) toute seule... sais pas si elle a survécu.
- Elle a intérêt.
- Faut que vous m'aidiez, je dois me faire retirer ce morceau de métal...
Le Comte s'accroupit devant l'homme et regarda la blessure. Maze le pria de faire attention, mais il arracha le morceau d'un coup, arrachant à Maze un cri épouvantable.
- Mais vous êtes malade ! S'écria-t-il avant que sa bouche ne se gorge de sang.
- Vous me croyez fou ? Est-ce que ceci vous dit quelque chose ?
Le temps étant écoulé, Svarog les sépara en se retournant et en abattant sa queue au sol, soulevant les dalles au sol et brisant celles qui subir le choc. Nova sauta sur le côté et tenta d'attaquer le dragon, mais il fut si rapide qu'elle ne comprit pas ce qu'il se passa. Elle se prit un coup de patte qui l'envoya rouler au sol et dont elle ne se releva pas. Talf hurla en la voyant à terre sans bouger. Il dut s'en éloigner quand une gerbe de feu se mit à le poursuivre. Il rangea son bouclier dans son dos et glissa au sol pour passer sous une maison en flammes, mais qui le protégea temporairement du dragon. Il se mit à escalader vers le toit quand il vit que Svarog le cherchait à travers les flammes qu'il avait déversé. Il renifla l'air mais son odorat n'attrapa que les odeurs de soufre. Il se retourna vers la chasseuse qui réussit à reprendre sa respiration au-dessus de sa douleur. Elle utilisa son bras valide pour se redresser, mais là il fallait avouer qu'elle était au plus mal. Sur sa lame encore entière, elle vit le reflet de Svarog approcher, il ouvrait petit à petit sa gueule. Quand il fut à porter pour la mordre, elle roula sur le côté et sentit les crocs claquaient au-dessus d'elle. Elle frappa en arc de cercle pour le faire partir mais malgré la douleur que lui infligea la lame sous sa gorge, il ne flancha pas. Elle se mit à reculer, toujours en rampant mais il se remit en position et malgré ses mouvements vifs, il lui happa la jambe. Il aurait sûrement souhaité attrapé plus, mais elle avait bondit plus loin qu'il ne l'avait prévu. Les crocs plièrent sans trop de mal son armure, sans pour autant la traverser, alors qu'il refermait ses mâchoires. Elle hurla de douleur, comme si jusque là elle n'avait pas subi déjà assez de blessures. Il se mit à tirer doucement et roula le cou en arrière pour la soulever dans les airs sans lui arracher les jambes. D'un certain côté, elle avait de la chance qu'il ne pouvait plus fermer ses mâchoires correctement, il lui aurait arraché la jambe sans difficulté. La douleur fut d'autant plus important quand elle commença à ne plus toucher le sol. Son épée était tombée au sol et à la force de ses abdos, malgré le poids de son armure, elle se redressait vers sa jambe pour espérer attraper les crocs et ne plus être soumise qu'à son poids. Mais un de ses bras pendait dans le vide et cela ne l'aida guère. Elle sentit que l'armure cédait de plus en plus. Elle attrapa son boomerang à sa hanche et se força à ne pas paniquer et à viser. Elle regarda l’œil du monstre et vit qu'un mouvement circulaire pouvait l'atteindre. Elle calcula à toute vitesse l'angle mais la douleur fut elle qu'elle ne put s'empêcher de lancer le boomerang tandis que les crocs traversaient enfin l'armure. Le boomerang s'envola et rebondit en dessous de l’œil de Svarog qui ferma par réflexe sa paupière mais n'en fut pas plus touché. Nova mit la main à la lèvre du dragon et se hissa tandis qu'elle voyait son sang couler entre les crocs du monstres. Elle arriva à se stabiliser avec son autre jambe et toujours ses muscles abdominaux et se mit à frapper contre les dents mais cela fit seulement ricaner le dragon. Minuit lui conféra énormément de force et elle frappa une petite dent qui bougea. Le Fatalis le sentit et grogna. Il tourna la tête et cela suffit à faire arrêter la chasseuse quand elle sentit l'os de sa jambe crisser sous une des lames naturelles du dragon. Larah faillit perdre connaissance mais Nova mit toute sa force pour ne pas tomber inconsciente. Elle fulmina de rage et de douleur, elle ne pouvait rien faire.
Talf rugit en voyant le dragon tourner la tête. Il dégaina sa lance et mit toute l'énergie qu'il put dans son coup. Il repensa à ce que Reiga et Luminos avait pu lui confier sur les AGI. Ils étaient liés à un certain monstre et pour Talf, c'était les Céanataur Shogun. Des monstres extrêmement territoriaux, prêts à tout pour défendre leur nid. Et ce jour-là, il en fut de même pour le lancier. Il pointa son arme en avant et son bras se recouvrit de la substance bleue,mais il repoussa ses limites en la faisant aller vers la pointe de sa lance. Il se mit à charger sachant qu'il perdrait sûrement connaissance quand il relâcherait l'AGI. Il courra à toute allure vers le flanc du Fatalis qui sentit son arme et qui se tourna doucement pour ne pas arracher la jambe de la jeune femme mais il fut bien trop lent. Talf passa sur un petit rebord qui lui permit de bondir en l'air et de planter avec force son arme qui fit plier les écailles du dragon et le fit basculer sur le côté sous la surprise. L'éclat que provoqua l'arme fut impressionnant. Même Talf n'en revint pas. Du sang lui gicla au visage tandis que son arme s'enfonça au trois quart. Il ne pourrait pas la retirer, il voulut l'abandonner, mais l'AGI le maintenait bloqué avec son arme, alors il fut dégager de force par un coup de queue qui le fit rouler par terre et il resta le visage contre le sol, ne se relevant plus.
Svarog tenter d'arracher l'arme avec ses dents pour la jeter plus loin, mais n'y arriva pas. Il regarda la blessure, qui pourrait correspondre à une épaisse aiguille qu'on lui aurait planté dans la peau. C'était désagréable, mais sûrement pas dangereux. Il recula pour regarder le lancier à terre et tourna la tête vers Nova, qu'il avait lâché sous le choc. Elle se redressait encore. « Tu es vraiment increvable », cracha-t-il. « Je reconnais bien là la ténacité des Fatalis. Mais ce ne sera malheureusement pas suffisant. » Il s'approchait tandis que Minuit jetait sur la plaie toute sorte de médicament qui leur restait. Larah était sûrement au bord du coma car Nova avait réellement du mal à la garder éveillée. Elle avait perdu bien trop de sang, elle était blessée au plus au point, il lui fallait des soins de tout urgence. De toute manière... Il n'y avait personne aux alentours, pensa Minuit. Nova cependant, sentit une présence que le Fatalis remarqua ensuite. Elle se redressa avec peine et se tourna vers Talf, elle tenta d'avancer vers lui car il ne bougeait plus mais tomba au premier pas. Le désespoir l'envahit aussitôt quand d'un coup, elle sentit une petite détonation dans sa jambe blessée. Elle se retourna et vit qu'une balle s'était logée dedans, elle la retira et vit que c'était une munition de soin. La douleur fut de nouveau supportable. Elle se tourna vers Tom qui baissait son arme, accompagné de Na'Ki, le felyne de la Guilde. Ils coururent vers Nova et Na'Ki glissa au sol. Il lui planta une seringue dans le bras et se tourna vers Talf.
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- Il faut l'évacuer, lâcha Nova. Immédiatement. Sauvez-le. Je m'occupe de Svarog.
- Larah... Vous n'y survivrez pas, répondit le felyne voyant dans son regard le reflet de la détermination, mais également de la colère, le désespoir et la foi.
- Il ne semble pas vouloir me tuer, il l'aurait déjà fait, il en a déjà eu l'occasion. Il veut jouer. Il ne me tuera pas tout de suite, pas tant que je n'aurai pas tout donner. Sauvez Talf, je vous en prie. Et partez, loin, dans les montagnes.
- Pas sans vous.
- Je vous en prie.
- Vous savez que... Larah... Vous allez...
- Je sais, répondit-elle, les larmes aux yeux, les lèvres serrées.
D'un regard sombre, le felyne baissa la tête et fit signe à Tom de venir aider le lancier. Le garçon semblait tétanisé mais également bien plus adulte. En quelques heures, il était devenu un homme. Il rangea son arbalète et prit Talf sur son dos avec peine. Il se mit à courir à l'abri. Na'Ki le suivait mais il s'arrêta en pleine course et se tourna vers Larah. Elle lui tournait le dos, sachant qu'il allait se retourner. Il baissa la tête et reprit la course.
Svarog arracha la lance et la jeta au loin en rugissant. La fin du combat approchait, mais la chasseuse ne semblait pas encore prête à rendre son dernier souffle. Il se retourna, excité par la perspective qu'elle lui résiste encore. Il la regardait boitiller, souffrir à chaque pas, ne lui restant qu'une jambe et un bras valide. Une arme seulement, mais où elle redirigeait toute l'énergie du champ des Lames.
- Tu t'es bien battue. Maintenant il est temps de mourir. (Nova se mit à ricaner puis à rire) Pauvre folle...
- Non je ne crois pas. Je suis Novasylis, la Nouvelle Reine. Je refuse de mourir à cause d'un monstre comme toi... Tu penses peut être que je ne suis plus une menace pour toi, mais tu ne sais pas ce qui se cache en moi, j'ai le sentiment que je durais éternellement... Alors je ne mourrai pas aujourd'hui, pas demain, jamais.
Minuit la regarda, non pas sans méfiance, mais il se demandait bien quelle botte secrète ils leur restaient. Il ferma les yeux et accepta le flux de détermination et de courage venant de l'entité, quant à Larah, elle se remettait avec peine de la douleur, mais elle regarda avec confiance Nova à qui elle avait déjà lu les pensées. « Un contre trois. » ricana Minuit. « Trois contre un roi. » fit rimer Larah. « On va mourir. » compléta Nova en se rendant compte de l'erreur qu'ils faisaient sûrement. Le Fatalis se mit à rugir avec la plus grande force qu'ils avaient pu entendre jusque là, les faisant reculer de plusieurs pas sous le choc sonore. Nova se concentra sur son objectif, elle n'en avait qu'un, après... elle ne savait pas ce qui se passerait. Svarog chargea en faisant crisser ses lames et souleva le sol devant elle. Nova esquiva avec agilité et évita ensuite le coup de patte qu'il avait préparé. Elle roula sur le côté et vit, à travers les cendres qui tombaient du ciel, des ruines qui brûlaient, du temps qui se déchaînait que malgré tout ce qui arrivait, elle se sentait vivante. Non plus une simple fusion de deux esprits... Elle évita une nouvelle fois le corps du dragon en sautant en arrière. Il écrasa sa lourde queue devant elle, soulevant un épais nuage de poussière auquel elle s'engouffra dedans et le dépassa. Elle fit crisser son armure contre les écailles du monstre pour se rapprocher de son but. Le Fatalis claqua des mâchoires là où elle se trouvait deux secondes plus tôt et la chercha du regard. Elle se jeta au sol pour glisser et se releva en bondissant au-dessus de sa patte avant gauche. Elle se mit en position. Le temps se dilata alors qu'elle envoyait toute son énergie dans son arme. La Lame s'infusa d'énergie. Au ralentit, Nova vit les étincelles s'échapper de son arme et quand elle tourna la tête, elle vit à travers la fumée pratiquement arrêtée et les cendres qui se déposaient doucement au sol, une silhouette sombre qui s'avançait, lames dans chaque main et dont la cape volait avec force contre le vent. Elle avait encore affaire à un souvenir, elle le comprit. La personne portait une armure imposante qu'elle n'avait jamais vu dans le passé. Une armure monstrueuse qui avait été forgé dans le corps d'un dragon sûrement très puissant et dont la légende devait être encore racontée aujourd'hui aux enfants Les armes brillaient d'un éclat familier, comme si ce n'était pas la première fois qu'elle combattait le dragon. Un éclat provenant des yeux du chasseur fit sursauter Nova. Mais elle ne se laissa pas distraire. Elle reprit conscience du temps et alors que le Fatalis rugissait en voyant la position de la chasseuse et ce qu'elle visait, elle élança son bras en avant, dans une fente exceptionnellement droite et parfaite. La lame éventra le son. Si seulement elle avait pu également éventrer l'énorme pièce d'armure qui était également cachée là. Elle ne la vit que trop tard. Le point faible de Svarog avait été recouvert. Son arme fut déviée et se planta dans les muscles du dragon. Le temps reprit son cours normal alors Nova n'en revenait toujours pas. Elle ne bougeait même plus, anéantie.
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Svarog recula alors, roulant presque sur le côté tellement il avait eu peur de l'attaque. Il avait également oublié qu'il était protégé au cœur, mais ce fut un coup de chance pour lui que Nova ne le sut pas. Le coup qu'elle avait porté le faisait vraiment souffrir, mais il s'en remettrait. La chasseuse n'en croyait toujours pas ses yeux. L'énergie des Lames la quitta en même temps que son espoir. Son dernier espoir. Elle se redressa en arrière en voyant le dragon se remettre en position. Elle laissa tomber son arme au sol. Le cliquetis métallique fut la dernière chose qu'elle entendit. Ça et le sifflement de la queue de Svarog qui s'abattit sur elle. Elle décolla littéralement et s'écrasa dans les décombres d'une maison qui s'écroula sur elle quand elle traversa l'un des murs porteurs. Svarog recula légèrement, espérant ne pas l'avoir tuée. Il siffla avec force et reprenant son souffle, il rugit en direction des cieux qui déchaînèrent leurs éléments avec force. Il se retourna vers le village qu'il avait laissé en proie aux flammes... Mais il trouva que le feu était devenu faible. Il décida qu'il était temps de l'entretenir encore un peu... A tous ceux encore en vie et potentiellement encore là pour l'entendre, il hurla : « La mort voguera sur les marées de cendre que je déverserai ! Vous vous noierez dans vos propres larmes ! Car je suis la tempête, le cyclone qui va ravager vos contrées... vous craindrez à jamais le jour où j'ai renaquis de mes cendres ! »
AlGieba se tourna vers le village et regarda ensuite la terre, il s'y pencha et posa sa main en fermant les yeux. Nieve le regarda, les yeux en proie aux larmes qui coulaient sur ses joues depuis qu'il était en sécurité avec les autres. Le wyverien se concentra sur les murmures de la terre et il regarda ensuite le Fatalis prendre son envol, rejoignant un Mordecaï bien plus blessé que lui. Ils tournèrent tous les deux au-dessus du village quelques secondes, puis ils repartirent, l'Alatréon en tête, le Fatalis le suivant de loin à cause de son armure. Ils repartirent en laissant derrière eux un rugissement déchirant qui sépara le ciel en deux et laissant s'abattre sur la vallée une pluie de cendre. AlGieba se releva et regarda les particules grises tomber doucement sur le sol, il leva la main, comme s'il s'agissait de la neige. Il inspira profondément et se mit à prier dans sa langue alors que les râles des blessés, les cris des habitants encore vivants et les pleurs des veuves retentissaient dans le silence des montagnes.
Na'Ki et Tom portait Talf depuis plus d'un kilomètre à présent, ils avaient mis assez de distance entre le village et eux, ils prirent une pause et alors que le felyne déployait une carte où ils avaient marqué les zones de refuges, il vit passer un faucon doré au-dessus de lui, en direction des réfugiés. Il n'eut besoin que d'une seconde pour reconnaître l'animal. Son maître risquait d'être fort inquiet si Larah ne revenait pas et même si le felyne ne portait pas particulièrement le noble dans son cœur, toute aide était la bienvenue. Mais encore fallait-il qu'il reste du monde à sauver... Il renifla l'air qui portait l'odeur des brûlés... Il pria juste pour que la chasseuse n'en fasse pas partie.
...
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Les légendes racontent que dans la mort, on ne sent plus la douleur, on est libre de son corps et l'esprit quitte ce dernier sans souffrir de la vie qu'il avait vécu. Quelque fut la violence de la mort ou la douceur du dernier soupir, le corps et l'esprit se séparent. Le corps revient à la terre et l'esprit monte aux cieux. Ainsi, un échange entre la vie et la mort est fait. La terre reprend ce qui lui appartenait pour faire naître à nouveau et le ciel garde l'esprit et lui offre la vie éternelle en échange du réceptacle qu'était son corps.
Pendant longtemps, Larah s'était imaginée que la mort ressemblait à un grand vide, sans souffrance. C'était rassurant. Mourir en chasse était assez fréquent et souvent, la mort était violente selon le monstre ou la créature affrontée. Elle pensait avec acharnement que ses souffrances seraient enfin abrégées. Que nenni. Son corps était absolument douloureux. Pas une parcelle n'était épargnée. Les muscles la tiraillait, la peau la brûlait, les poumons la faisaient suffoquer, les os grinçaient... Elle avait l'impression de baigner dans un bain d'eau bouillante. La chasseuse ne sentait plus son bras gauche, il était complètement immergé. Elle tenta d'ouvrir les yeux mais elle ne vit que le vide. Pas un son ne lui parvenait mais celui de son souffle saccadé par la douleur. Tout était blanc. Pendant un instant, elle pensait qu'elle n'avait pas bien ouvert ses yeux, mais quand elle cligna des paupières, elle comprit qu'elle était bel et bien éveillée. D'un mouvement de tête, elle balaya du regard ce qui s'étendait autour d'elle. Même le liquide dans lequel elle semblait baigner sembler flou et disparaissait à mesure qu'il s'éloignait de son corps.
La souffrance, il n'y avait que ça. La chasseuse inspira profondément et contempla le vide. Il est dit que lorsque l'on est longtemps plongé dans un endroit blanc, on commence à avoir des hallucinations. Ce fut rapidement illustré. La jeune femme repensait à la vie qu'elle avait vécu. A toutes ces choses qui lui étaient arrivées, les joies, les peines, surtout les peines. La vie n'avait pas été clémente avec elle.
Un rire retentit juste derrière elle, la faisant sursauter. Une étrange forme dorée passa à côté d'elle et la frôla. « Parce que tu trouves que la vie a été plus clémente pour moi ? » Elle se redressa légèrement, lui laissant seulement la possibilité de voir ce qui lui parlait. De manière générale, c'était un Zodiumbra, ou plutôt, ce qu'il en restait. C'était une espèce de squelette doré donc seuls certains éléments, comme la membrane des ailes, était encore présent. Une fumée noire se dégageait de la carcasse, comme un fantôme qui avait pris possession des os. La mâchoire inférieure avait été arrachée. L'étrange entité se rapprocha de la chasseuse et plongea son regard dénué d'yeux dans celui de la jeune femme :
- On m'a retiré la peau et les os pour en faire une armure. En quelque sorte, je suis ton ange gardien, en tout cas, physiquement. Tu peux me remercier de t'avoir protégé de nombreux coups... qui t'auraient été fatal.
- Tu aurais pu faire le boulot jusqu'au bout, rétorqua Larah. Tu es mon armure ?
- Oui.
- Pourquoi tu parles ?
- Tu te rappelles des cours que t'avais donné ton père sur certains équipements issus de monstres ? Il paraîtrait que les armures issues des monstres les plus puissants avaient des pouvoirs impressionnants ; des talents incroyables, une défense impénétrable... et d'autres choses. L'armure d'un chasseur, ce n'est pas seulement une protection, c'est une seconde peau...
- Oui je me souviens... Des cas avaient été recensé... Une étrange sensation de présence... mais... il me semble que c'était les équipements qui provenaient des Fatalis...
- En effet, les Fatalis ne meurent jamais. Ils vivent toujours sous une autre forme.
- Serait-ce pareil pour les Zodiumbras ?
- J'ignore ce que je suis. Une hallucination de ton esprit ou bel et bien un morceau de l'âme de mon déchu corps... Tu ne le sauras jamais.
- Tu ne communiques avec moi que maintenant. Donc je suppose que tu n'es pas capable d'interagir autrement que dans... j'allais dire subconscient, mais je suis morte, n'est-ce pas ?
- Si tu es morte, pourquoi souffres-tu encore ?
- Oh non... Je suis encore en vie, fit Larah, ironique.
- Plus pour très longtemps.
- Quoi ?!
Le squelette doré leva la tête et la secoua, à mesure qu'il répétait le mouvement, son corps se changea en poussière et disparut. Seule à nouveau, Larah tenta de se redresser mais son bras gauche refusait de quitter l'eau dans lequel il était plongé. C'était en effet comme ça que son esprit reconstituait son handicap actuel. Le bras immergé et très lourd. Elle ignorait si elle ne l'avait pas perdu pour toujours. « Alors comme ça, on passe un sale quart d'heure ? » La chasseuse sursauta et se retourna, voyant un felyne, portant un grand champignon plat en guise de chapeau et tirant sur une longue pipe qui fumait étrangement, elle reconnut Tikky Mittyk. Autant l'armure avait du sens d'être là vu qu'elle est en contact avec Larah, autant le felyne, elle fut perdue. Mais alors qu'elle se posait la question, il sembla lire dans ses pensées et répondit immédiatement : « Après tout, il n'est pas inutile de te rappeler d'où tu viens, c'est comme si ce tatouage ne servait à rien. » De suite la chasseuse hocha la tête, c'était donc ça. « C'est pourtant moi qui t'ait élevée, l'aurais-tu oublié ? Seule dans la nature, sans arme ni armure, seule pour te défendre d'un yian garuga, mais ce jour-là, tu as compris qu'épargner une vie est parfois le meilleur choix. » La jeune femme avala sa salive, gênée, c'était plutôt Yann qui l'avait épargnée. Il avait encore assez de fougue pour l'achever, même si elle l'aurait sûrement emporté avec lui. Il fut plus sage qu'elle et c'est ce jour-là qu'elle avait appris une bonne leçon de vie. « Hmm... Tu as bien grandi depuis... tu es devenue une grande fille. Quoi qu'il se passe dans les temps à venir, n'oublie jamais qui tu es ni d'où tu viens. Qui sont tes alliés et qui ne le sont pas. Et méfie-toi toujours de l'eau qui dort... elle pourrait bien t'emporter... sans effort. »
Larah roula des yeux. Même dans sa tête, le felyne s'exprimait avec des devinettes. Elle soupira et hocha la tête. « Je tacherai de ne pas l'oublier. » Tikky Mittyk tira sur sa pipe et souffla en l'air. Il secoua le bras pour faire disparaître la fumée et à mesure, il disparaissait aussi. « Prends garde au Serpent. » Quel serpent ? Minuit ? La chasseuse tendit son bras valide vers le felyne mais celui-ci était parti. Ce fut étrange. Elle se demandait si chez les autres personnes aussi, elles avaient le droit à ce genre d'hallucination ou de rêve. La douleur revint et elle se laissa tomber en arrière dans un râle atroce. Ses cheveux se répandirent autour d'elle, elle respirait doucement, fermant petit à petit les yeux. « Tu ne vas quand même pas t'arrêter là ? Pas après tout ce que tu as fait ? » Elle rouvrit les yeux.
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- Minuit, c'est toi ? Demanda-t-elle, en sentant l'odeur du Fatalis.
- Non.
- Alors je ne comprends plus rien à ce qui m'arrive.
- Ce sont les 3 fantômes de Noël qui viennent te voir... Tu as vu le passé, le présent et moi je suis le futur.
- Vous êtes ma mort ? Frissonna Larah.
- Non je te faisais marcher.
- Roy c'est toi ?
- J'ignore de qui tu parles. Mais je suis vraiment déçu que tu ne te souviennes pas de moi.
- C'est-à-dire que je ne vous vois pas, vous sentez le Fatalis et vous n'êtes pas Minuit, alors à moins que Svarog ait perdu sa douce voix de l'apocalypse, je ne sais pas à qui je m'adresse.
- Larah. C'est moi. Crimson.
Elle se redressa d'un coup, se rappelant avec violence l'état de son corps et grimaça de douleur mais elle devait avoir le cœur net. Oui c'était bien Crimson, en chair et en os. Il ne lui manquait pas sa peau comme le Zodiumbra mais il n'était pas non plus habillé traditionnellement comme le fut Tikky Mittyk. Il était déjà à l'avant dernier stade de transformation d'un croisé. Son corps était recouvert d'écailles ardentes et ses cornes étaient saillantes.
- Cr... Crimson... Tu étais mort... Je... Je voulais tellement te remercier pour tout, pour ce que tu as fait pour moi... Je n'ai pas pu te dire au revoir... mais tu es là... ! Tu es vivant ! (Elle voulut se lever, mais son bras resta coincé dans l'eau. Elle siffla de douleur) Tu es là...
- Je suis mort, Larah.
Son visage se décomposa. Elle serra les lèvres, pensant qu'il y avait eu un faible espoir qu'elle le retrouve à nouveau. Elle enfouit son visage dans sa main restante et essuya la larme qui lui coulait dans le coin de l'oeil.
- Comment es-tu là ? Balbutia-t-elle.
- C'est ta conscience qui m'a appelé.
- Ma conscience ?
- Oui. Tu es vraiment en piteux état. Tu n'essaierais pas de me rejoindre dans l'autre monde, quand même ? Regarde-toi...
Il s'approcha d'elle et s'agenouilla à ses côtés. Il lui mit la main à la joue qu'elle caressa sans se priver. Ses larmes roulaient sur les joues, il avait l'air si réel et pourtant, le contact était si étrange, comme si son esprit n'arrivait pas à reconstruire correctement la sensation du touché.
- Larah. Quand tu te réveilleras... si tu te réveilles... Il y a quelque chose que tu vas devoir affronter qui est bien pire que ce que tu as affronté... Il faudra que tu sois forte... plus forte que tu ne l'as jamais été.
- Qu'est-ce qui est pire qu'un Fatalis pourpre et un Alatréon en même temps ? Que d'avoir cru qu'un de mes amis décédés était revenu... ?
- Ce que tu vas t'infliger. Tu es trop exigeante avec toi-même. Le regret, la tristesse, le chagrin... et ce que tu te diras. « J'aurai pu sauver plus de monde. » « Tout est de ma faute. » « J'aurai du mourir là-bas... » Tu as vécu l'enfer et ça ne va pas s'arrêter tout de suite, Svarog et Mordecaï sont toujours en vie, mais également Talf, Drakov, Amélie, Rupert... et les autres.
- Je ne veux pas me réveiller. Pas dans un monde où autant de gens sont morts.
- Il va falloir. Qui d'autre arrêtera Svarog sinon toi ? C'est ta quête, Larah. (Elle détourna les yeux pour ne pas penser à ce qui l'attendait) Il faut que tu ailles jusqu'au bout !
- ...Je ne peux pas ! S'écria-t-elle. Je ne suis pas assez forte !
- Regarde-moi Larah. Regarde-moi. J'étais un croisé Fatalis Pourpre. Il y a même de grande chance que mes gènes étaient ceux de Svarog. Les Fatalis, ça ne court pas les rues, et les derniers a avoir été enregistré furent Minuit et Svarog, il y en a bien un ou deux qui traînent ailleurs dans le monde ou qu'on nous cache... Il faut à tout prix les arrêter. Ces bêtes... sont ancestrales. Elles ont assisté à des choses qu'on ignore mais dont on descend directement. Notre force, notre génome, notre... détermination. Tout ça vient d'un passé lointain où les hommes étaient bien plus que ce qu'ils sont aujourd'hui. Toi et moi... on n'est pas différent. Minuit a pu se lier avec toi parce que c'est un Fatalis. Tu possèdes en toi une force bien supérieure à ce que tu crois. Tu auras le pouvoir de vaincre Svarog... seulement si tu ne laisses pas tomber. (Il sourit.) Je sais que tu vas la fermer pendant un moment et que tu ne te souviendras probablement pas de cette discussion à ton réveil... mais s'il te plaît... Ne meurs pas tout de suite et surtout, continue ton chemin... Il est temps pour moi de repartir.
- Non, ne pars pas, ne me laisse pas toute seule.
- Tu vas t'en sortir, okay ?
- Non, je t'en prie... (elle lui serra la main) Tu me manques énormément. (Il sourit) Je ne veux pas revenir dans un monde où tu n'es plus là, reste s'il te plaît.
- Je serai toujours là avec toi, tant que tu manies mon épée. (Il se mit à disparaître) On se reverra.
- Non ! Hurla-t-elle en levant son bras vers le visage du croisé alors que celui-ci finit par disparaître complètement.
Elle tomba sur son bras gauche qui s'enfonça encore plus dans l'eau. Elle fut secouée de sanglots et serra sa main à l'endroit où se trouvait Crimson quelques secondes plus tôt. Elle eut l'impression qu'elle ne se réveillerait jamais et le temps parut s'écouler au ralentis. Elle resta couchée sur le côté, attendant que son heure vienne, sa vision se brouillant de plus en plus dans cet enfer blanc, elle ne distinguait bientôt plus sa propre main. Ses yeux se commencèrent à se fermer timidement mais un souffle chaud la maintint éveiller. Elle fit un effort ultime pour ouvrir les yeux et regarder devant elle où une tâche était apparue. Qu'est-ce que c'était ? Ça bougeait. Comme une image qui s'ouvrait et se déformait. Larah dut se remuer sa tête douloureuse pour se rappeler où elle avait vu quelque chose de semblable... les souvenirs de Minuit. Mais cette fois-ci, il semblait que c'était un des siens. « Et maintenant, tu tires sur la corde, comme ceci, pour pouvoir décocher la flèche. » Un très vieux souvenir. « Et tu lâches... Voilà ! Excellent, t'as réussi du premier coup ! » La voix la torturait car elle n'arrivait plus à savoir à qui elle appartenait. Ses pensées étaient en bouillie et ça ne s'arrangeait guère à cause de ses blessures qui occupaient toutes ses pensées. Une deuxième voix s'éleva : « C'est parce que tu m'as aidé à tirer avec ton bras ! » La chasseuse se redressa légèrement et se concentra sur l'image :
- Non non, je t'assure, tu as tiré comme une grande ! Fit la première voix.
- Je suis plus un bébé, je sais que tu m'as aidée !
- Oh, j'ai peut être juste lever un peu l'arc, j'avoue...
- Le Comte... souffla Larah, se mettant la main au visage. Comment avais-je pu oublier ?
- Ce n'est pas ton paternel qui t'aurait appris ça... chuchota-t-il à lui même.
Elle se concentra sur lui, il était très jeune, plus de vingt cinq ans pendant que Larah en avait dix dans son souvenir. Il se rasait tous les jours et n'avait pas ses yeux émeraudes bercés par la fatigue de sa maladie. Il était jeune et plein de vigueur. Il ne s'appelait pas encore le Comte, il n'avait pas encore gagné ce titre... A sa grande surprise, elle fut incapable de se rappeler de son prénom... Ce qui était impossible vu qu'elle avait une excellente mémoire sur ce genre de détails. Le souvenir devint un peu plus flou, la mémoire s'essoufflait. « Eve. Tu veux bien aller jouer un peu avec ton arc ? » demanda une voix féminine derrière la gamine. « Que se passe-t-il ? » demandèrent en cœur la fillette et le Comte en même temps. Ce dernier tapota dans le dos de Larah pour la faire partir. La mère de Larah, les cheveux blonds attachés dans une longue natte qu'elle recoiffait, avait l'air inquiet. « Tu-sais-qui a... encore fait des siennes. » Le Comte roula des yeux et se mit la main au visage.
- On va lui mettre une muselière à celui-là, répondit-il.
- A qui ? Demanda la fillette.
- Toi, va jouer ailleurs, c'est une affaire de grands et on a besoin de quelqu'un pour surveiller les kelbis, alors file !
- C'est pas juste, bredouilla Larah, moi aussi j'aimerai bien le rencontrer « Tu-sais-qui ».
- Pas tout de suite, Eve, sourit le Comte, il est encore trop farouche pour s'amuser avec les petites filles comme toi. File avant que le Grand Méchant Fatalis ne vienne te croquer !
La gamine partit dans un cri et le souvenir s'effaça. Le Comte avait raconté à Larah quand elle était petite des histoires terribles sur les Fatalis alors que pendant qu'elle pensait que c'était une légende, ils chassaient aux côtés de l'un d'eux. Minuit, c'était lui le responsable de sa perte de mémoire. Si lui même était capable d'altérer ses propres souvenirs, sa haine envers le Comte pouvait bien altérer ceux de Larah également. Pourquoi voyait-elle ce souvenir en particulier ? Un autre se forma plus loin, il s'agrandit et la chasseuse essaya de situer l'époque. Il ne lui fallut qu'une seconde pour comprendre ce que c'était. Elle avait fait ce cauchemar cent fois déjà. Les branches des arbres lui arrachaient ses vêtements et fouettaient sa peau frêle. Son souffle était entrecoupé de hoquet de terreur et ses pieds ne cessaient jamais de courir. Derrière elle, détruisant la forêt dans sa charge, Minuit, enragé, rugissait après elle. La jeune fille déboucha sur une clairière et chercha des yeux une cachette mais il n'y en avait point. Elle continua tout droit mais le Fatalis était déjà sur elle et il balaya ses jambes de sa queue. Elle s'écrasa au sol avec fracas, et se retournant pour faire volte-face, elle vit les grandes mâchoires du dragon devant elle, elle hurla en se protégeant alors que le dragon fit siffler sa langue près d'elle. « Laisse-la ! » Rugit une voix de l'autre côté de la clairière.
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Minuit se mit à rugir face au nouvel arrivant et il déploya ses ailes pour l'effrayer, mais si un homme sur terre ne craignait pas le Fatalis, c'était bien ce chasseur de Jumbo. Armé des Schismes Eternelles pour combattre et d'une armure... avec une cape. C'était donc lui qu'elle avait plus tôt face à Svarog. Encore une fois, son esprit avait associé un souvenir avec la situation et elle s'était retrouvé à avoir une image flottante dans son champ de vision. C'est ce qui avait surpris Nova également... La suite du combat, elle connaissait. Le Comte tranchait l’œil du dragon et ce dernier se pencha vers Larah pour faire couler son sang sur son œil. Elle ne savait pas ce qu'il se passait ensuite vu qu'elle était inconsciente. Mais une sensation qu'elle avait oublié ce jour-là lui revint. C'était la connexion entre l'esprit de Minuit et le sien pour la première fois. Comme si deux énergies se rencontrèrent avec force mais restèrent connectées quelques secondes avant de se séparer de nouveau. Une onde, comme celle qui se produisait pendant l'Union. Mais l'Union se faisait sous le consentement des deux êtres, alors que s'était-il passé ce jour-là pour que leurs esprits se soient accordés l'espace d'un instant ? Le souvenir disparut, ne répondant pas à sa question.
Alors qu'elle se creusait la tête pour comprendre, plusieurs portails apparurent, présentant chacun un souvenir où Larah et Minuit avaient fait marcher l’œil. Autant dire qu'il y avait une multitude de portails. Il y avait bien un seul souvenir avec le consentement de Larah pour trois souvenirs où Minuit avait pris le contrôle de force. Mais toujours cette petite connexion revenait, plus ou moins forte, une pulsation. Le siège de la forteresse par les dragons anciens avec les Lames ou le premier combat contre Svarog aux côtés de Moly, Ryu et Rann où elle avait également utilisé les Lames constituaient d'excellents supports de réflexion car c'était à ces moments que l'Union incomplet était le plus puissant. Étonnamment, les souvenirs faisant intervenir Nova n'apparaissaient pas sur cette immense fresque. Sa vie défilait devant ses yeux. Elle comprit alors qu'un fil conducteur se dessinait.
La question n'était pas « pourquoi ? » ou « quand ? » ou « comment ? »... mais « qui ? ».
De ses souvenirs émergea une silhouette féminine. Larah la reconnut immédiatement puisqu'il s'agissait de sa mère, ou du moins, la dernière image qu'elle avait d'elle avant qu'elle ne meurt. Elle approcha en regardant sa fille, le visage impassible. La chasseuse se redressa comme elle put et regarda la femme approcher.
- Tu as bien grandi, Eve. Il paraît que tu as décidé de prendre mon nom et ton deuxième prénom... Ton père est-il au courant ?
- Bien sûr qu'il est, répondit doucement Larah, essayant de comprendre l'intention de son esprit derrière ça.
- Il n'a pas dut apprécier... Mais j'imagine que ça n'a plus d'importance, n'est-ce pas ?
- En effet... lâcha la chasseuse en se rappelant du sort de son père.
- Ne pleurs pas, il est mort en héros.
- Il est mort parce que j'ai fait une erreur. J'aurai dû prendre le coup pour lui.
- Il a fait son choix, tu n'as pas à t'en vouloir.
- Pourquoi es-tu là ?
- On t'a longtemps rabâché que la lignée des Marys était une lignée de femmes, mais également de guerrière. Qu'est-ce qui s'est donné de génération en génération, donnant à chacune un don inné pour le combat ? Tu en as également hérité. Une entité incroyable...
Marys se métamorphosa en l'image miroir de Larah, mais qui n'avait pas les cheveux teints en bleu, son reflet « diabolique » comme elle aimait bien l'appeler et qui lui faisait face il y a longtemps, quand elle ne savait pas sur quelle voix se diriger, entre vengeance et rédemption. « Un don comme nul autre et dont Minuit a compris les rouages. Une fine lame, un esprit vif, une force et une agilité supérieure... condensés dans un corps. Il ne lui a pas fallu plus que ça pour pouvoir s'installer à sa guise. Il a alors compris qu'il ne serait pas seul. Une gamine comme toi. » Le doppelgänger disparut pour laisser la place à un dragon blanc que la chasseuse reconnut en poussant un hoquet de surprise, « J'étais là depuis le début. Sous une apparence pour le moins anodine. » La jeune femme se souvint que ce dragon était là, dans son subconscient, mais elle avait toujours cru qu'il était l'esprit de sa mère qui la protégeait de Minuit. « Ou ta propre image si tu étais tombée dans la folie de Minuit. » Le dragon se transforma en Svarog qui reprit la parole « Ou le passé qui t'a poussé à continuer dans ta voix de chasseuse, et désormais le présent... » Svarog, Marys et son reflet était apparu dans la Vieille Tour, tous les trois, lors de la quête de l'Eliostra et des deux Kirins... C'était à cet exact instant que Larah et Minuit avait décidé de faire alliance, tous les deux consentants à un nouvel Union. « C'était à cet exact instant que je suis née à nouveau. »
Tous les souvenirs s'éteignirent quand Nova les traversa tous. Ils se réfugièrent tous dans la paire d'aile qu'elle portait dans son dos. L'entité n'avait jamais eu d'apparence propre. Pas dans l'esprit de Larah en tout cas, ce n'était qu'une paire d'yeux, tout au plus, avec une bouche. C'était la première fois qu'elle avait une apparence physique. C'était le portrait craché de la chasseuse, mais avec un visage plus allongé, des écailles bordant les yeux et continuant jusqu'au dessus des oreilles qui se protégeaient sous des cornes, comme celle de Minuit. Son bras droit était entièrement couvert d'écaille à son tour, elle possédait les ailes gigantesques du Fatalis et elle les accrochait à ses poignées par leur griffe, lui donnant alors une longue cape qui cachait presque sa nudité. Sur son front était incrusté l'écaille ciel de la Rathian rose, la couronne, protégée par les cornes de Minuit qui pointait férocement vers le joyau céleste.
- Tu étais là... depuis le début, souffla Larah, n'en croyant pas ses yeux.
- Un embryon seulement, reprit la voix cristalline de l'entité. Mais oui, j'étais là.
- Après tout ce temps... ? Commença Larah.
- Eh oui...répondit Nova en haussant les épaules.
- … Tu n'as rien dit ?! Rugit la chasseuse, l'entité se mit à sourire. Et tu trouves ça malin en plus ?
- Tu imagines bien que je t'en aurais parlé depuis le début si j'avais pu. En fait... je t'en ai parlé depuis le début... Rien ne te choque ?
- Dans ton apparence ? Je t'imaginais plus petite... tu me mets bien une tête facilement...
- Hmm certes, ça c'est à cause de Minuit...
- En parlant de lui, pourquoi tu es là... ?
Nova baissa les yeux en souriant puis les releva vers la chasseuse. « A ce propos oui... » Elle ne savait sûrement pas comment engager la chose. Elle ne pouvait pas croiser les bras à cause des ailes accrochées à ses poignets, du coup elle se contenta de se tenir droite et de bien choisir ses mots.
- Tu t'apprêtes à me lancer une nouvelle incroyable ? Faut que je me prépare c'est ça ? D'accord, ne t'inquiète pas, je vais m'asseoir confortablement... Ah non, j'oubliai, j'ai perdu un de mes bras. Et je vais peut être même perdre la vie si je crois les autres fantômes qui sont passés avant toi. Tu... tu penses que je peux mourir ?
- Tu vas mourir.
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Le calme et la froideur avec lequel avait répondu l'entité glaça le sang de Larah. Nova avait pris la mauvaise habitude de toujours dire la vérité. « Attends... je ne vais pas... » L'entité jouait nerveusement avec ses doigts.
- J'ai une solution.
- Oh par les esprits, je t'écoute, je ne suis pas prête à quitter ce monde, se lamenta Larah en se mettant la main au front et en se laissant tomber en arrière, flottant désormais dans le même liquide que son bras.
- Ça va peut être nous coûter un peu cher...
- Nous ?
- A toi et à moi... Minuit ne sera pas affecté. C'est d'ailleurs lui qui assura notre carence en... en tout, en fait. Le problème actuellement, c'est que tu respires de moins en moins. Et comme tu es inconsciente, tu ne reprends pas correctement ton souffle, du coup, tu n'oxygènes pas tes muscles... et ton cerveau. Tu es en train de t'éloigner de plus en plus de ton propre corps... En fait... si je suis là, c'est parce que tu as déjà quitté une partie de ton enveloppe physique...
- Attends, attends, quoi ? Se redressa Larah, la peur grandissant dans sa poitrine.
- Tu es en train de mourir, oui. Ne panique pas, ça n'arrangera pas les choses. Minuit est en train d'essayer de te réveiller, mais il n'y arrive pas, l'Union n'arrive pas à se faire.
- Comment es-tu là alors ?
- Bien, j'attendais la question. Larah, tu l'as dit toi-même, j'ai toujours été là, pour te guider, t'aider, te rassurer. Je suis une part de toi. Une part que tu as partagé avec Minuit, mais je suis plutôt originelle de toi, Minuit a sa propre histoire et sa propre raison pour que je partage également ses souvenirs et ses attributs, mais comme tu le sais, j'ai déjà pu être complètement à ta place alors que tu ne m'en avais pas spécialement donné l'autorisation... Comme avec le Comte.
- Me dis pas que tu es comme Laft, ou quelque chose comme ça...
- Hahaha... eh bien... qui se ressemble s'assemble. C'est grâce à moi que tu es amoureuse de Talf, alors respecte également Laft s'il te plait.
- On rediscutera de ce détail, maugréa la chasseuse. Hum, est-ce que tu es une sorte... d'arrière pensée ? Genre, une seconde conscience ?
- Peut être, ça me dépasse également si tu veux savoir. Ce qui est sûr, c'est que tu m'as réveillée c'est le plus important maintenant, ton esprit est encore plus fort maintenant, même si ce n'est pas vraiment utile dans un monde où il n'y a pas de gens capable de lire dans les pensées... mais c'est une grande chose quand même.
- Est-ce que tu serais quand même née si Minuit ne m'avait jamais.... (elle allait dire « maudite » mais depuis qu'ils utilisaient l'Union, il l'avait priée de ne plus parler ainsi de l’œil) fait couler son sang ?
- Non. Je ne suis pas totalement sûre, mais je crois que non. Il possédait en lui ce qui me manquait. Je serai restée à un stade embryonnaire. Vous étiez fait pour être ensemble.
- Hum, ce n'est pas vraiment l'expression adaptée, remarqua Larah.
- Je n'aurais jamais pu voir le monde sans lui.
La chasseuse garda le silence. Nova était l'une des choses les plus adorables à observer sur cette terre. Elle s'émerveillait à chaque nouvelle chose qu'elle découvrait. Elle était tout le temps heureuse et malgré le fait que Minuit et Larah partageaient de très sombres pensées, elle savait garder son calme et les guidaient comme il le fallait. Maintenant elle en était sûre, ils avaient besoin de Nova. C'était un artefact à protéger à tout prix.
- Oh, également, je ne suis pas comme Laft, je ne compte pas te remplacer un jour, de toute manière, cela coûterait également Minuit dans le processus, donc tu n'as pas à craindre que je... prenne ta place. D'une manière ou d'une autre.
- C'est rassurant à entendre.
- Bien, maintenant il faut régler la question de ta mort. (comme l'entité sentait quelque chose approcher, elle prévint la chasseuse : ) tu devrais bientôt ressentir un... (Larah tomba sur le côté, toute force la quittant.) Oh non...
Nova s'élança sur elle d'un bond incroyable, suivie de ses longues ailes. La jeune femme respirait avec difficulté, sentant son corps bien plus léger mais c'était sûrement mauvais signe. Une douleur la prenait au niveau du front et du cœur. « Tiens bon Larah. Regarde-moi. N'aie pas peur de la mort. Tout ceci risque d'avoir un prix... mais c'est le seul moyen de te sauver. » C'était extrêmement difficile à respecter dans le cas où elle sentait exactement ce qu'avait décrit l'entité plus tôt, à savoir, son esprit quittant son corps. « Accueille-la. » Elle posa sa main droite griffue sur le front de Larah et tourna son visage vers elle, la chasseuse ne la quittait pas des yeux, cherchant à savoir ce qu'elle faisait, elle sentit soudain une pression et le dernier réflexe qu'elle eut, ce fut de saisir le poignet de l'entité avec son bras valide qui était également le droit. « Il n'y a pas de mort » commença Nova en se penchant très près de Larah. « Il n'y a que la renaissance. » Elle plongea alors sa tête sous l'eau et la chasseuse se débattit pour éviter de se noyer mais alors qu'elle ne pouvait plus retenir son souffle, elle inspira profondément sous l'eau.
Et dans l'air.
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Larah remplit de nouveau ses poumons d'air et la suite, elle s'en souvenait.
La chasseuse revint au présent. Elle se rappelait maintenant de tous les événements. Le vent balayait les ruines en silence. Les cliquetis de l'armure de Larah était la seule chose qui perturbait la tranquillité morbide de ces lieux. Alors Svarog avait bien causé la désolation en ces lieux. Mordecaï s'était également enfui avec lui. La jeune femme soupira à cause de la douleur qui ne s'arrêtait pas. Il fallait qu'elle trouve les survivants à tout prix si elle ne voulait pas mourir de ses blessures. Pas après ce qu'avait fait Nova, même si pour le moment, elle ne savait pas encore ce qu'elle avait perdu dans cette « renaissance ». Elle se mit à marcher en direction de l'Ouest, là où elle avait dit aux autres de s'enfuir. Elle traversa les ruines encore fumantes et reconnut la grande place, même si ça n'était plus qu'un monticule de pierre qui trônait au centre d'un grand cercle. Les drapeaux déchirés et brûlés flottaient en l'air. Les cendres balayaient les pieds de la jeune femme mais elle n'y faisait plus attention. Elle s'écroula sur une pierre et se releva pour continuer, animée par une force qu'elle ne saurait expliquer. Elle marcha, encore et encore, puis elle entendit enfin des voix.
Après ce qui lui avait semblé être une éternité de solitude, elle marcha vers les sons. Deux personnes patrouillaient, armés de fourche, comme si cela aurait pu faire fuir des dragons anciens. Ils aperçurent la jeune femme et reconnurent son armure dorée. L'un d'eux cria mais Larah fut incapable de comprendre ce qu'il disait. Il se mit à courir dans l'autre direction et le deuxième la regarda s'approcher, il ne semblait pas à l'aise et il ne l'aida pas quand elle tomba à genou. Elle rassembla encore ses forces pour se relever et il la suivit des yeux alors qu'elle le dépassait, comprenant bien qu'il n'allait pas l'aider. Na'Ki bondit depuis une colline qu'il dévala en courant à quatre pattes. Elle continuait de marcher en silence, même quand le felyne la bombardait de questions pour savoir comment elle allait, où avait-elle mal, comment se faisait-il qu'elle soit toujours en vie ? Elle l'ignorait tout autant qu'elle ignorait les gens qui se mirent à s'approcher d'elle pour voir s'il s'agissait bien de la chasseuse. Du regard, elle cherchait ses compagnons mais ne les vit pas. Par contre, elle aperçut le Chef du Village qui, sans Maze pour l'assister, semblait bien débordé. Quand il vit la chasseuse, il lâcha ses parchemins et marcha en vitesse vers elle. Il s'écria quand il fut à porter :
- Où sont les autres ? Où sont Maze et les gens de la Guilde ? Personne n'a encore osé mettre les pieds là-bas... tu en reviens, ça se voit à ton armure et aux cendres que tu transportes... (Larah ne lui répondit pas) Comment es-tu encore en vie ? Laisse-moi répéter, comment peux-tu être encore en vie alors qu'ils sont tous morts ? Tu as dit que tu te battrais jusqu'à ton dernier souffle ! (La chasseuse s'en souvenait également, mais elle avait été frappé par Svarog et n'avait pas pu se relever, ce n'était pas vraiment de sa faute si elle n'était pas morte sur le coup. Nova et Minuit se jetaient des regards inquiets face au silence de la jeune femme). Pourquoi tu ne dis rien ? Tu as honte ? De ne pas avoir pu protéger ton village ?
« - Hé, pour qui il se prend celui-là ! S'écria Nova. On s'est battu jusqu'au bout !
- Une belle illustration de ce que peut être l'humain, répondit Minuit.
- Pourquoi tu ne te défends pas Larah ? Il nous insulte ! »
- Tu sais combien de gens sont morts ? Reprit le Chef, en proie à une colère et une tristesse qu'il avait besoin d'exprimer sur quelqu'un. Combien vont encore mourir ? Ton père est mort, ta sœur se trouvait à l'hôpital pendant l'attaque, ton petit ami est en train de succomber à ses blessures ! (Larah releva ses yeux fatigués et le Chef les aperçut) J'ai éveillé quelque chose, enfin ? La bête qui se tapit en toi ? (Minuit se mit à grogner, mais cela ne se vit pas sur Larah) Regarde-toi. Tu n'es même plus humaine... Tes yeux... de monstre... Vides...
- Ça suffit, intervint Na'Ki. Il faut l'emmener aux soins de toute urgence !
- En a-t-elle réellement besoin ? Cracha le Chef. Mes villageois sont morts. Et elle devait les protéger.
Il posa son bras sur l'épaule de Larah pour la pousser mais à une vitesse fulgurante, elle attrapa son poignet, comme elle l'avait fait avec Nova un peu plus tôt dans sa tête. Il la dévisagea à travers son casque. Mais il n'eut pas besoin de plus pour la pousser et elle tomba en arrière dans un grognement. Mais elle se releva. « Pourquoi tu refuses autant de mourir ? On a tout perdu. Tu étais mieux dans l'au-delà. » Elle refit face à Ilmar Dilhan, Chef du village qu'elle avait longtemps respecté, mais pour une fois, le respect ne passait pas devant les soins qu'elle nécessitait. Des gens s'approchèrent, des gens qu'elle connaissait. Datard Hôms, l'un des marins du port, encore en vie visiblement, écarta Ilmar pour que Larah fut tranquille, il lui murmura des choses en regardant du coin de l’œil la dépravée de chasseuse qu'ils avaient en face et ils tournèrent les talons. Mais au même moment, la chasseuse tomba et plongea encore une fois dans le coma, entendant plusieurs personnes s'élancer sur elle.
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Maze cracha au sol après avoir toussé du sang. Il fit tomber une nouvelle planche au-dessus de lui. Il vit enfin le ciel. Un nouvel espoir lui sourit. Il utilisa la planche qu'il venait de faire tomber pour faire chuter les autres et il put enfin respirer plutôt tranquillement. Il posa une main sur son buste dégoulinant de sang. Il allait s'en sortir. Il ne savait pas comment mais il avait survécu. Il avait facilement traversé trois murs avant de se retrouver sous les gravats de la Guilde. Son armure avait réussi à protéger sa tête et son corps, mais elle était complètement brisée à présent. Seul ses vêtements pendaient à lui. Des morceaux d'armures étaient dissimulés çà et là. Il rampa vers l'extérieur, se plantant divers objets dans les mains et les bras mais s'il arrivait à sortir des décombres, il pourrait bien trouver de l'aide. Dans un ultime effort, il brisa trois planches de bois et il tomba enfin à l'air libre. Il se mit à rire devant sa réussite mais du sang lui monta rapidement à la bouche et il cracha encore. Il tenait dans sa main un énorme morceau de métal qui avait traversé un de ses poumons. Il souffla doucement pour respirer. Il arriva à se dégager complètement des décombres et il s'adossa au mur de la Guilde qui tenait encore debout. Il vit partout des papiers s'envoler s'ils n'avaient pas été consumé par le feu. Quelle coïncidence quand il vit le rapport d'une quête de Eccnelias, Tian et Talf. Il ramassa le morceau et lut quelques mots. Ils avaient encore chassé du gros gibier... Deviljho, c'était l'un des mots qui apparaissaient. Il entendit des bruits de pas et un cliquetis d'armure. C'était sa chance, il tenta de se hisser sur ses pieds mais échoua. Une de ses chevilles étaient complètement retournée, il n'avait même pas vu. Peu importait, la personne était toute proche, il voulut l'appeler mais il sentit son poumon lui priait de ne rien faire et il attendit paisiblement assis au milieu des cendres de son village. Une silhouette encapuchonnée s'arrêta à quelques mètres, mais ils ne se voyaient pas. Il fallait absolument que Maze se fasse remarquer. Il tenta de parler mais soudain, son instinct le poussa à se taire quand il sentit la présence d'un monstre. Il tourna légèrement la tête mais ne vit rien, quand il revint voir si la personne avait bougé, il se retrouva nez à nez avec...
- Le Comte... souffla Maze. J'aurai préféré quelqu'un d'autre, mais ça se tient. Faites gaffe, je crois qu'il y a un monstre qui rode, sûrement un velociprey venu faire festin...
- Je devrais plutôt m'inquiéter de ce qui est venu avant.
- Alatréon... (le Comte le toisa sans grand intérêt, il avait déjà fait ses propres conclusions) et un Fatalis... pourpre. Il m'a mis dans cet état. Ils ont réduit le village en cendre. Rien pu faire... Tian... (le noble sembla bien plus intéressé par la conversation d'un coup) toute seule... sais pas si elle a survécu.
- Elle a intérêt.
- Faut que vous m'aidiez, je dois me faire retirer ce morceau de métal...
Le Comte s'accroupit devant l'homme et regarda la blessure. Maze le pria de faire attention, mais il arracha le morceau d'un coup, arrachant à Maze un cri épouvantable.
- Mais vous êtes malade ! S'écria-t-il avant que sa bouche ne se gorge de sang.
- Vous me croyez fou ? Est-ce que ceci vous dit quelque chose ?
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Re: Le Village et ses alentours
Il leva la main, montrant au chef de Guilde une chaîne en argent, accroché à son poignet, où pendant une croix noire, dont chaque extrémité portait une gemme incrustée, une émeraude, une topaze, un lapis-lazulis et un rubis. Maze retint soudain son souffle et son visage choqué décocha un maigre sourire au Comte. L'homme blessé leva doucement la main vers le visage du noble qui suivait son mouvement des yeux, le visage impartial. « Vous êtes... » Le Comte lui plaqua sa main contre sa bouche : « Je vous interdis de prononcer mon nom. Pendant tout ce temps, j'étais là, sous vos yeux... » Maze ne tenait plus sur place, sa souffrance avait laissé place à la terreur alors qu'il reconnaissait enfin les traits du Comte et ses yeux sous sa capuche. « Ça surprend, n'est-ce pas ? Moi aussi ça m'a surpris ce matin-là. Vous m'aviez laissé pour mort. Vous aviez vraiment cru qu'un lézard viendrait à bout de moi ? Vous l'aviez prié, hmm ? Que mes tripes soient arrachées par ses énormes griffes et qu'ils répandent mes os dans les quatre coins du pays. Vous dormiez sur vos deux oreilles quand on vous a annoncé que j'étais mort. Votre enfant était en sécurité. Votre femme n'avait plus à craindre le noir à présent. » Le Chef de la Guilde arriva à saisir un objet du bout de ses doigts. Mais alors qu'il prenait prise dessus, une longue queue grise serpenta à quelques centimètres de lui. Il n'eut pas le temps de réfléchir, il frappa le Comte à la tête. Puis Maze étouffa un cri quand le noble lui tordit le bras avec une écrasante facilité. « Je ne crois pas non. Vous ne pensiez tout de même pas me tuer comme ça ? » Il se mit à rire. « Pas après tous les efforts que j'ai fait... ! Pour vous retrouver... Vous êtes bien caché également. Le mépris pour Larah. Ça vous a trahi. Je n'avais pas fait le lien, mais il me semblait bien que vous détestiez sa mère... pas spécialement son père... du coup vous avez tout pour que je vous haïsse. » Il se releva, laissant Maze saisir son poignet en maugréant des insultes dans la douleur.
- Vous étiez mort... On était en paix...
- Plus pour longtemps. Le préfet et l'exécutrice n'en auront plus longtemps également. C'est vous qui m'avez fait comme ça.
- Vous allez me tuer ? C'est ça ? Après tout, un mort de plus dans cette boucherie... ça ne se verra pas.
- Exactement. Votre fils n'en saura rien... peut être bien que je m'occuperai de lui également.
- Sale enfoiré ! Rugit Maze. Si vous touchez à un cheveux de lui... !
- Qu'allez vous faire ? Fit le Comte en haussant les épaules. Vous allez mourir. Plus rien ne pourra le protéger.
- La Guilde va vous retrouver !
- Ha ! S'exclama le Comte, amusé. Vous avez oublié ? Je suis la Guilde. Scylla. C'est l'heure du repas.
Un sifflement monstrueux retentit aux oreilles Un Usherage se montra enfin, couvert de cendre, il dévala le pan du mur sur lequel il était accroché et fit grincer ses énormes griffes par terre. Maze regarda la bête, d'abord terrifié, puis il fit face au Comte et lui lança un regard noir. « Vous payerez pour ça... Pour tout... ! » Un sifflement qui ne fut pas l'Usherage retentit et Maze mit la main à sa gorge. Du sang coulait abondamment, il fut incapable de parler. « Vous comprendrez bien sûr que je n'ai pas envie de vous entendre hurler. » Le Comte fit voler sa cape et se retourna tandis que l'Usherage se glissait doucement sur sa proie et lui bondit dessus. « Et recouvre-le de débris quand tu auras fini, s'il te plaît. » Siffla le Comte en partant en direction du camp des réfugiés.
https://www.youtube.com/watch?v=7g25cQnO6vk
A quelques kilomètres de là, la vallée était tranquille, le temps était plus clément. Le Soleil arrivait à déverser quelques uns de ses rayons dans l'épaisse couche de nuages. Le Fatalis huma l'air. Il regarda en direction du Nord. Il savait ce qui venait à sa rencontre. Il déploya ses ailes et alla se percher ailleurs.
Un battement d'aile furieux rapprocha encore plus l'Alatréon de sa cible. Il sentait la misérable vermine non loin de là. Les éléments tremblaient quand il approchait. Le tonnerre le suivait depuis le village. Il laissait une traînée de nuages rouges derrière lui, embrasant les cieux. Il se posa sur une plate-forme de pierre, il vit les traces de griffes noires d'un dragon qui aurait décollé très récemment. Il se pencha pour renifler l'odeur de sa proie mais pas de doute possible, Minuit était passé par là. Il rugit pour le provoquer en duel, mais personne ne répondit. Il s'impatienta et marcha vers le bord de la falaise. Il décida de prendre son envol et au moment où il déploya ses ailes, il entendit le sifflement de celles de Minuit et il se retourna en crachant une boule de feu qui explosa la montagne sur lequel il s'était perché. Le Fatalis traversa l'écran de fumée et claqua des mâchoires vers l'Alatréon qui l'esquiva en bondissant dans le vide. Il fit une vrille pour se remettre droit et regarda Minuit, qui se tenait sur la plate-forme, à quatre patte et qui regardait Mordecaï d'un regard mauvais.
- Toujours aussi lâche. Sale insecte, viens te battre à la loyale, toi et tes attaques par surprise, maugréa l'Alatréon, son aura aérienne active, des éclairs crépitant sur son perceciel encore debout.
- Venant de quelqu'un qui a tenté de tuer l'autre extrémité de mon esprit, je trouve ça fort.
- Ton humaine mérite un terrible châtiment, mais tu n'imagines même pas le tien...
- Ne nous sous-estime pas.
- Je n'ai pas besoin de ça pour savoir à quel point tu es faible.
- Tu oses venir te battre sur mes terres... pauvre fou... Viens donc goûter à mes flammes ! Rugit Minuit, déchaînant les cieux de son côté.
Il déploya ses ailes en rugissant et les nuages se rassemblèrent en un tourbillon noir. L'Alatréon regarda le cyclone se former. Pas mal pour un jeune faible, pensa-t-il. Mais ça sera loin d'être suffisant... Il s'élança dans les airs à une vitesse fulgurante et Mordecaï le suivit en piquet. Il le visa de sa foudre mais le Fatalis l'esquiva et tourna sa tête pour laisser une gerbe de flammes rouges que Mordecaï reçut mais ne sentit quasiment rien. Il vola au travers comme si c'était un simple nuage et tenta de coincer Minuit sous des piques de glace qu'il formait à la va-vite. Le Fatalis les esquiva avec une certaine facilité. Son ennemi comprit rapidement qu'il le surclasserait en vol. Il fallait donc handicaper un peu. Minuit monta soudainement en pointe et déploya à nouveau ses ailes, alors que l'autre dragon ancien le suivait, il fut accueillit par une énorme boule de feu qu'il n'avait pas vu venir. Le Fatalis s'arrêta sur place et tendit la tête pour voir si son adversaire avait plongé au sol mais de l'écran de fumée jaillit le perceciel et il lui rentra en plein dedans. Fort heureusement pour lui, le cuir du Fatalis était bien plus épais que ne l'avait prévu l'Alatréon et au lieu de l'empaler, il le blessa juste à la poitrine. Minuit lui planta ses griffes dans le cou et découvrit sa féroce dentition qu'il planta dans la base du cou de Mordecaï qui continuait d'avancer vers lui, entraînant sa proie un peu plus haut dans les airs. Il espérait que Minuit lâche prise avant lui mais la férocité du Fatalis l'étonna. Il chargea alors ses cornes de foudre et ça eut l'effet de repousser Minuit qui se laissa tomber en l'air et reprit son vol quand il se stabilisa. Il remonta pour faire face à Mordecaï et ils évaluèrent tous deux leurs blessures. Le Fatalis lécha le sang qui coulait de ses dents et l'Alatréon monta fièrement la tête en l'air quand il vit le sang qui coulait du corps de son adversaire. Il rugit, s'entourant d'une aura inquiétante de foudre et de glace, sa queue fouettait l'air nerveusement. Il avait encore la fougue pour se battre et la simple vision du Fatalis lui était insupportable.
Du côté de Minuit, il était un peu plus inquiet. Il savait que jamais il ne vaincrait l'Alatréon. Quoiqu'il était blessé, il pourrait peut être le repousser. Il rugit en direction des cieux et la pluie se déchaîna alors sous un tonnerre de dieu. « De la pluie ? Tu n'as rien de mieux ? » s'étonna Mordecaï. « Tu es un Kushala Daora ou un Fatalis ?! » Mais ce dernier fondit sur lui et l'Alatréon dut faire une manœuvre aérienne pour l'esquiver, il tenta de lui planter ses griffes dans le dos mais Minuit s'attaqua à la queue du dragon, qu'il tira sèchement et qui déséquilibra un peu son ennemi. Jamais il n'aurait pu lui arracher la queue, mais il avait pour but de lui infliger nombreuses petites blessures. Mordecaï, en plus de se dégager, fouetta le museau du Fatalis. Il gonfla ses poumons et guida un ensemble d'éclair qui frappèrent les écailles noires. Minuit répliqua en lui lançant une boule de feu explosive. Il se laissa redescendre et plana rapidement au-dessus du sol, vers un lac. L'Alatréon s'ébroua pour se débarrasser de la fumée et plongea à sa poursuite. Il fondit sur sa proie tel un rapace mais Minuit connaissait son terrain et il en profita : il lâcha une gerbe de flamme à la surface de l'eau qui transforma rapidement la surface en brouillard. Voyant ce qu'il voulait faire, l'Alatréon se mit à geler les environs et laissait tomber des stalagmites vers l'eau. Il chercha des yeux le Fatalis et était assez étonné d'avoir perdu de vue une si grande créature. La pluie lui battait les paupières et la brume n'aidait pas. Il entendit soudain un clapotis et il monta aussi haut qu'il put tandis que les mâchoires du dragon jaillissait de l'eau et se refermèrent dans le vide. Minuit continua sa charge aérienne et frappa l'Alatréon au niveau du buste avec sa tête, mais ses cornes n'étaient pas comme celle de Mordecaï, il n'avait pu qu'érafler son cuir. Son ennemi lui avait pu prendre plaisir à labourer son dos. Minuit replongea alors dans l'eau et sortit un peu plus loin, se hissant à la surface du sol en volant.
L'Alatréon ne lui laissa pas une seconde de répit. Il fendait l'air, la foudre le poursuivant et il vola juste au-dessus du Fatalis et tenta de lui lâcher un terrible orage. Minuit s'arrêta net en déployant ses ailes contre le vent et prit de la hauteur, il parvint alors à passer au-dessus de son ennemi et lui lança une boule de feu dans le dos. Mordecaï fut forcé d'atterrir avec fracas, il dérapa au sol et s'arrêta net avec ses griffes après avoir laissé de grandes marques au sol. Il toisait son adversaire avec haine. Minuit s'étonnait lui-même parfois. Il battait furieusement des ailes et grognait. L'Alatréon eut l'étrange impression que plus il frappait le Fatalis, plus celui-ci devenait féroce et frappait fort. Ses yeux rouges brillaient avec force et il dut reconnaître qu'ils n'étaient pas si lumineux au début du combat. Ce qui fut assez intéressant à constater. Il se remit en l'air en vrillant et d'un looping parfaitement exécuté, il prit de la vitesse et Minuit eut du mal à l'esquiver. Il fit un tonneau sur le côté mais comme il avait été immobile, il eut du mal à se remettre comme il le fallait et il reçut un énorme pieu de glace son aile droite qui le força à virer de bord. Il tourna la tête vers son épaule et fut furieux de constater qu'il saignait abondamment. Il s'arrêta et cracha une gerbe de flammes pour cautériser la plaie. Les mouvements de son aile lui faisait mal et il se mit à trembler frénétiquement ses mâchoires. Mordecaï se repositionna et ricana, Minuit siffla et lui cracha une boule de feu qu'il esquiva sans peine. « Tu es furieux ? J'en aurai presque peur... Si seulement tu n'étais pas si faible ! » Lui cracha l'Alatréon. Minuit recula sa tête comme s'il se contrôlait pour ne pas exploser, son œil droit scintillait avec force à présent. Mordecaï remarqua alors la corne qui pointait vers l'avant. Pour sûr, ce n'était pas un attribut fréquent chez les Fatalis, surtout qu'elle ne poussait que d'un côté. Minuit rugit et la pluie s'arrêta, laissant place à une atmosphère bien plus sombre mais où l'on pouvait désormais clairement voir de petites veines bleues parcourir son torse.
Mordecaï ne se laissa pas impressionner, il gonfla le buste et les siennes brillèrent également. Minuit s'élança à une sacré vitesse, l'Alatréon dut le reconnaître et il le suivit dans un balais aérien qui aurait pu être une magnifique danse à regarder mais c'était un combat mortel où griffes et crocs s'entrechoquaient. Ils faisaient chacun jaillir leur pouvoir, la glace et la foudre se déchaînant près du corps de Mordecaï et les flammes qui sortaient toujours plus chaudes de la gorge de Minuit. Ils dépassèrent rapidement la couche nuage qu'avait formé Minuit pour se retrouver au-dessus de tout. Ils se séparèrent alors et replongèrent vers le sol. Ils fondèrent droit vers le sol chacun de leur côté et ils virèrent l'un vers l'autre, le perceciel fulminant de foudre et la gueule de Minuit débordant de flammes de plus en plus bleus. Minuit n'allait sûrement pas la jouer à la loyal, il fit un tonneau au dernier moment et gratifia son ennemi d'une explosion terrible. Il s'écrasa ensuite au sol et se retourna pour voir ce qu'il en était de son ennemi. Il ne le voyait plus. Minuit renifla l'air avec force mais du sang lui coulait dans les narines et sa vue était brouillée par sa haine et sa rage. Il ne lui restait que ses oreilles, il n'entendit rien d'autre que la foudre. Il se remit en vol et plana au-dessus du cratère qu'avait formé son explosion. Il s'y arrêta et chercha à travers la fumée le corps de l'Alatréon.
Celui-ci l'observait, un peu plus en hauteur, à travers l'épaisse fumée où c'était dissimulé. Il savait que son odeur serait perdue dedans. Il laissa le temps à Minuit de prendre de la hauteur et quand il l'eut enfin dépassé, il chargea son perceciel autant qu'il le put et fonça sur le Fatalis qui l'entendit arriver et le reçut dans le dos. L'énorme corne n'avait bloqué qu'une de ses ailes et il se fit emporter en plein vol. Minuit se fit traîner sur plusieurs centaines de mètres sans pouvoir se dégager, ils dépassèrent une couche nuageuse et tous deux virent une falaise où ils s'écrasèrent tous les deux avec fracas. Minuit tomba au sol, une quarantaine de mètres plus bas et disparut de la vue de l'Alatréon quand il passa dans un voile de nuage, secoué par la foudre qui l'avait frappé. Mordecaï rugit avec force et le vent se leva, déracinant des arbres et faisant gronder le tonnerre et les éléments. La terre se mit à trembler quand il entendit un écho non loin de là. Il se tint fermement à la falaise et rugit encore, montrant à Minuit qui était le plus fort. Il se calma et en se penchant au-dessus du vide, il lui cria « Alors Minuit ? Est-ce que ton humaine va t'aider maintenant ? Allez, appelle-la, elle et votre stupide union, vous n'êtes que le fruit de la honte... tu fais peine à ta lignée ! » Il n'eut aucune réponse et c'était bien mieux. Il s'apprêta à reprendre son envol mais les nuages explosèrent littéralement et alors qu'il se tenait sur deux pattes pour décoller, il fit face à Minuit qui était en pleine manœuvre de tir. Il cracha alors une boule de feu bleu explosive et à bout portant. Un grand flash lumineux les absorbèrent alors et laissa place à une pluie de gravats et de cendres. Le Fatalis fut lui-même secoué par son propre tir et recula dans les airs. Son buste aidait déchirait par des veines bleus qui semblaient pulser en même temps que son cœur. Son œil maudit brillait d'un éclat mauvais. Du sang coulait de nombreuses blessures, il se mit hors de portée d'une quelconque contre-attaque de l'Alatréon mais celui-ci ne se manifestait pas. Enfin, il vit les écailles couleurs magma apparaître dans la fumée et le Fatalis recula sa tête de rage, ne pensant pas que son adversaire ait pu passer aussi vite en mode sol. Malgré ça, Mordecaï semblait assommer car il restait sur place, fulminant de fureur. Minuit en profita pour s'enfuir mais quand il tourna la tête, il vit un écran de fumée rouge, quand il comprit ce que c'était, il était trop tard. Une étincelle embrasa le tout et l'explosion l'envoya face contre terre avec force, le clouant au sol.
Si le poids de son propre corps ne lui suffisait pas, une masse énorme s'écrasa sur lui, manquant de lui briser toute la colonne vertébrale. Minuit rugit de douleur et quand il tenta de se dégager, il comprit qu'il aurait bien du mal. Une patte énorme s'écrasa sur sa truffe et des griffes d'un métal qu'il ne connaissait pas s'enfoncèrent dans sa peau et ses lèvres.
- Minuit, cracha Svarog, sale petite ordure, je te retrouve enfin. Tu as bien grandi... Mais moi également.
- Laisse-moi en finir avec lui, s'écria l'Alatréon qui reprenait ses esprits, tu as vu ce qu'il m'a fait ? Il a utilisé...
- Oui j'ai bien vu, je n'imaginais pas qu'un vulgaire insecte comme toi puisse utiliser la flamme noire, rugit le Fatalis pourpre à son cadet qui grognait de douleur, ignorant de quoi il parlait. On peut dire que tu as... la poisse. Parce que je connais de nouveaux tours également. (la terre se mit à trembler et la chaleur monta exponentiellement en la présence du nouveau dragon) Tiens-toi tranquille Mordecaï, ces humains n'y sont pas allé de mains mortes avec toi.
- Je me serai régénéré totalement dans quelques semaines... on n'a pas eu besoin de m'équiper d'une armure...
- Surveille tes paroles, Alatréon, nous ne sommes pas là pour nous disputer. Dis-moi Minuit, qu'est-ce que ça fait d'avoir été impuissant pendant tout ce temps, pendant que ton humaine se faisait massacrer ? Tu as réussi à la réveiller ? Je crois qu'elle n'en a plus pour longtemps... Quant à Novasylis... Si jamais je la retrouve sur mon passage...
- La ferme, siffla Minuit, vous faîtes les malins en deux contre un, mais j'ai réussi à brûler le museau de Mordecaï. J'aurai pu faire tellement pire si tu n'étais pas intervenu...
- J'aurai du t'écraser quand tu étais encore dans l’œuf... regretta Mordecaï.
- Ou qu'en je suis venu te rendre visite dans ta prison, se moqua Minuit mais il fut bien vite silencieux quand Svarog lui écrasa encore un peu plus la tête de son imposante patte.
- Tu ne perds rien pour attendre, sale vermine, on se reverra bientôt.
Il sentit les griffes du Fatalis pourpre lui labourait encore un peu plus le dos et il siffla de douleur mais d'un coup, la douleur cessa et il sentit le poids de Svarog partir petit à petit. D'un mouvement de tête coordonné, ils repartirent vers le ciel et disparurent rapidement. Le Soleil brilla encore un peu sur le corps de Minuit avant que celui-ci ne se mette à ramper, les ailes repliées sur son corps douloureux. Il se laissa glisser dans l'eau et disparut.
HRP : pour tout souci, Mp moi ou YgA
- Vous étiez mort... On était en paix...
- Plus pour longtemps. Le préfet et l'exécutrice n'en auront plus longtemps également. C'est vous qui m'avez fait comme ça.
- Vous allez me tuer ? C'est ça ? Après tout, un mort de plus dans cette boucherie... ça ne se verra pas.
- Exactement. Votre fils n'en saura rien... peut être bien que je m'occuperai de lui également.
- Sale enfoiré ! Rugit Maze. Si vous touchez à un cheveux de lui... !
- Qu'allez vous faire ? Fit le Comte en haussant les épaules. Vous allez mourir. Plus rien ne pourra le protéger.
- La Guilde va vous retrouver !
- Ha ! S'exclama le Comte, amusé. Vous avez oublié ? Je suis la Guilde. Scylla. C'est l'heure du repas.
Un sifflement monstrueux retentit aux oreilles Un Usherage se montra enfin, couvert de cendre, il dévala le pan du mur sur lequel il était accroché et fit grincer ses énormes griffes par terre. Maze regarda la bête, d'abord terrifié, puis il fit face au Comte et lui lança un regard noir. « Vous payerez pour ça... Pour tout... ! » Un sifflement qui ne fut pas l'Usherage retentit et Maze mit la main à sa gorge. Du sang coulait abondamment, il fut incapable de parler. « Vous comprendrez bien sûr que je n'ai pas envie de vous entendre hurler. » Le Comte fit voler sa cape et se retourna tandis que l'Usherage se glissait doucement sur sa proie et lui bondit dessus. « Et recouvre-le de débris quand tu auras fini, s'il te plaît. » Siffla le Comte en partant en direction du camp des réfugiés.
https://www.youtube.com/watch?v=7g25cQnO6vk
A quelques kilomètres de là, la vallée était tranquille, le temps était plus clément. Le Soleil arrivait à déverser quelques uns de ses rayons dans l'épaisse couche de nuages. Le Fatalis huma l'air. Il regarda en direction du Nord. Il savait ce qui venait à sa rencontre. Il déploya ses ailes et alla se percher ailleurs.
Un battement d'aile furieux rapprocha encore plus l'Alatréon de sa cible. Il sentait la misérable vermine non loin de là. Les éléments tremblaient quand il approchait. Le tonnerre le suivait depuis le village. Il laissait une traînée de nuages rouges derrière lui, embrasant les cieux. Il se posa sur une plate-forme de pierre, il vit les traces de griffes noires d'un dragon qui aurait décollé très récemment. Il se pencha pour renifler l'odeur de sa proie mais pas de doute possible, Minuit était passé par là. Il rugit pour le provoquer en duel, mais personne ne répondit. Il s'impatienta et marcha vers le bord de la falaise. Il décida de prendre son envol et au moment où il déploya ses ailes, il entendit le sifflement de celles de Minuit et il se retourna en crachant une boule de feu qui explosa la montagne sur lequel il s'était perché. Le Fatalis traversa l'écran de fumée et claqua des mâchoires vers l'Alatréon qui l'esquiva en bondissant dans le vide. Il fit une vrille pour se remettre droit et regarda Minuit, qui se tenait sur la plate-forme, à quatre patte et qui regardait Mordecaï d'un regard mauvais.
- Toujours aussi lâche. Sale insecte, viens te battre à la loyale, toi et tes attaques par surprise, maugréa l'Alatréon, son aura aérienne active, des éclairs crépitant sur son perceciel encore debout.
- Venant de quelqu'un qui a tenté de tuer l'autre extrémité de mon esprit, je trouve ça fort.
- Ton humaine mérite un terrible châtiment, mais tu n'imagines même pas le tien...
- Ne nous sous-estime pas.
- Je n'ai pas besoin de ça pour savoir à quel point tu es faible.
- Tu oses venir te battre sur mes terres... pauvre fou... Viens donc goûter à mes flammes ! Rugit Minuit, déchaînant les cieux de son côté.
Il déploya ses ailes en rugissant et les nuages se rassemblèrent en un tourbillon noir. L'Alatréon regarda le cyclone se former. Pas mal pour un jeune faible, pensa-t-il. Mais ça sera loin d'être suffisant... Il s'élança dans les airs à une vitesse fulgurante et Mordecaï le suivit en piquet. Il le visa de sa foudre mais le Fatalis l'esquiva et tourna sa tête pour laisser une gerbe de flammes rouges que Mordecaï reçut mais ne sentit quasiment rien. Il vola au travers comme si c'était un simple nuage et tenta de coincer Minuit sous des piques de glace qu'il formait à la va-vite. Le Fatalis les esquiva avec une certaine facilité. Son ennemi comprit rapidement qu'il le surclasserait en vol. Il fallait donc handicaper un peu. Minuit monta soudainement en pointe et déploya à nouveau ses ailes, alors que l'autre dragon ancien le suivait, il fut accueillit par une énorme boule de feu qu'il n'avait pas vu venir. Le Fatalis s'arrêta sur place et tendit la tête pour voir si son adversaire avait plongé au sol mais de l'écran de fumée jaillit le perceciel et il lui rentra en plein dedans. Fort heureusement pour lui, le cuir du Fatalis était bien plus épais que ne l'avait prévu l'Alatréon et au lieu de l'empaler, il le blessa juste à la poitrine. Minuit lui planta ses griffes dans le cou et découvrit sa féroce dentition qu'il planta dans la base du cou de Mordecaï qui continuait d'avancer vers lui, entraînant sa proie un peu plus haut dans les airs. Il espérait que Minuit lâche prise avant lui mais la férocité du Fatalis l'étonna. Il chargea alors ses cornes de foudre et ça eut l'effet de repousser Minuit qui se laissa tomber en l'air et reprit son vol quand il se stabilisa. Il remonta pour faire face à Mordecaï et ils évaluèrent tous deux leurs blessures. Le Fatalis lécha le sang qui coulait de ses dents et l'Alatréon monta fièrement la tête en l'air quand il vit le sang qui coulait du corps de son adversaire. Il rugit, s'entourant d'une aura inquiétante de foudre et de glace, sa queue fouettait l'air nerveusement. Il avait encore la fougue pour se battre et la simple vision du Fatalis lui était insupportable.
Du côté de Minuit, il était un peu plus inquiet. Il savait que jamais il ne vaincrait l'Alatréon. Quoiqu'il était blessé, il pourrait peut être le repousser. Il rugit en direction des cieux et la pluie se déchaîna alors sous un tonnerre de dieu. « De la pluie ? Tu n'as rien de mieux ? » s'étonna Mordecaï. « Tu es un Kushala Daora ou un Fatalis ?! » Mais ce dernier fondit sur lui et l'Alatréon dut faire une manœuvre aérienne pour l'esquiver, il tenta de lui planter ses griffes dans le dos mais Minuit s'attaqua à la queue du dragon, qu'il tira sèchement et qui déséquilibra un peu son ennemi. Jamais il n'aurait pu lui arracher la queue, mais il avait pour but de lui infliger nombreuses petites blessures. Mordecaï, en plus de se dégager, fouetta le museau du Fatalis. Il gonfla ses poumons et guida un ensemble d'éclair qui frappèrent les écailles noires. Minuit répliqua en lui lançant une boule de feu explosive. Il se laissa redescendre et plana rapidement au-dessus du sol, vers un lac. L'Alatréon s'ébroua pour se débarrasser de la fumée et plongea à sa poursuite. Il fondit sur sa proie tel un rapace mais Minuit connaissait son terrain et il en profita : il lâcha une gerbe de flamme à la surface de l'eau qui transforma rapidement la surface en brouillard. Voyant ce qu'il voulait faire, l'Alatréon se mit à geler les environs et laissait tomber des stalagmites vers l'eau. Il chercha des yeux le Fatalis et était assez étonné d'avoir perdu de vue une si grande créature. La pluie lui battait les paupières et la brume n'aidait pas. Il entendit soudain un clapotis et il monta aussi haut qu'il put tandis que les mâchoires du dragon jaillissait de l'eau et se refermèrent dans le vide. Minuit continua sa charge aérienne et frappa l'Alatréon au niveau du buste avec sa tête, mais ses cornes n'étaient pas comme celle de Mordecaï, il n'avait pu qu'érafler son cuir. Son ennemi lui avait pu prendre plaisir à labourer son dos. Minuit replongea alors dans l'eau et sortit un peu plus loin, se hissant à la surface du sol en volant.
L'Alatréon ne lui laissa pas une seconde de répit. Il fendait l'air, la foudre le poursuivant et il vola juste au-dessus du Fatalis et tenta de lui lâcher un terrible orage. Minuit s'arrêta net en déployant ses ailes contre le vent et prit de la hauteur, il parvint alors à passer au-dessus de son ennemi et lui lança une boule de feu dans le dos. Mordecaï fut forcé d'atterrir avec fracas, il dérapa au sol et s'arrêta net avec ses griffes après avoir laissé de grandes marques au sol. Il toisait son adversaire avec haine. Minuit s'étonnait lui-même parfois. Il battait furieusement des ailes et grognait. L'Alatréon eut l'étrange impression que plus il frappait le Fatalis, plus celui-ci devenait féroce et frappait fort. Ses yeux rouges brillaient avec force et il dut reconnaître qu'ils n'étaient pas si lumineux au début du combat. Ce qui fut assez intéressant à constater. Il se remit en l'air en vrillant et d'un looping parfaitement exécuté, il prit de la vitesse et Minuit eut du mal à l'esquiver. Il fit un tonneau sur le côté mais comme il avait été immobile, il eut du mal à se remettre comme il le fallait et il reçut un énorme pieu de glace son aile droite qui le força à virer de bord. Il tourna la tête vers son épaule et fut furieux de constater qu'il saignait abondamment. Il s'arrêta et cracha une gerbe de flammes pour cautériser la plaie. Les mouvements de son aile lui faisait mal et il se mit à trembler frénétiquement ses mâchoires. Mordecaï se repositionna et ricana, Minuit siffla et lui cracha une boule de feu qu'il esquiva sans peine. « Tu es furieux ? J'en aurai presque peur... Si seulement tu n'étais pas si faible ! » Lui cracha l'Alatréon. Minuit recula sa tête comme s'il se contrôlait pour ne pas exploser, son œil droit scintillait avec force à présent. Mordecaï remarqua alors la corne qui pointait vers l'avant. Pour sûr, ce n'était pas un attribut fréquent chez les Fatalis, surtout qu'elle ne poussait que d'un côté. Minuit rugit et la pluie s'arrêta, laissant place à une atmosphère bien plus sombre mais où l'on pouvait désormais clairement voir de petites veines bleues parcourir son torse.
Mordecaï ne se laissa pas impressionner, il gonfla le buste et les siennes brillèrent également. Minuit s'élança à une sacré vitesse, l'Alatréon dut le reconnaître et il le suivit dans un balais aérien qui aurait pu être une magnifique danse à regarder mais c'était un combat mortel où griffes et crocs s'entrechoquaient. Ils faisaient chacun jaillir leur pouvoir, la glace et la foudre se déchaînant près du corps de Mordecaï et les flammes qui sortaient toujours plus chaudes de la gorge de Minuit. Ils dépassèrent rapidement la couche nuage qu'avait formé Minuit pour se retrouver au-dessus de tout. Ils se séparèrent alors et replongèrent vers le sol. Ils fondèrent droit vers le sol chacun de leur côté et ils virèrent l'un vers l'autre, le perceciel fulminant de foudre et la gueule de Minuit débordant de flammes de plus en plus bleus. Minuit n'allait sûrement pas la jouer à la loyal, il fit un tonneau au dernier moment et gratifia son ennemi d'une explosion terrible. Il s'écrasa ensuite au sol et se retourna pour voir ce qu'il en était de son ennemi. Il ne le voyait plus. Minuit renifla l'air avec force mais du sang lui coulait dans les narines et sa vue était brouillée par sa haine et sa rage. Il ne lui restait que ses oreilles, il n'entendit rien d'autre que la foudre. Il se remit en vol et plana au-dessus du cratère qu'avait formé son explosion. Il s'y arrêta et chercha à travers la fumée le corps de l'Alatréon.
Celui-ci l'observait, un peu plus en hauteur, à travers l'épaisse fumée où c'était dissimulé. Il savait que son odeur serait perdue dedans. Il laissa le temps à Minuit de prendre de la hauteur et quand il l'eut enfin dépassé, il chargea son perceciel autant qu'il le put et fonça sur le Fatalis qui l'entendit arriver et le reçut dans le dos. L'énorme corne n'avait bloqué qu'une de ses ailes et il se fit emporter en plein vol. Minuit se fit traîner sur plusieurs centaines de mètres sans pouvoir se dégager, ils dépassèrent une couche nuageuse et tous deux virent une falaise où ils s'écrasèrent tous les deux avec fracas. Minuit tomba au sol, une quarantaine de mètres plus bas et disparut de la vue de l'Alatréon quand il passa dans un voile de nuage, secoué par la foudre qui l'avait frappé. Mordecaï rugit avec force et le vent se leva, déracinant des arbres et faisant gronder le tonnerre et les éléments. La terre se mit à trembler quand il entendit un écho non loin de là. Il se tint fermement à la falaise et rugit encore, montrant à Minuit qui était le plus fort. Il se calma et en se penchant au-dessus du vide, il lui cria « Alors Minuit ? Est-ce que ton humaine va t'aider maintenant ? Allez, appelle-la, elle et votre stupide union, vous n'êtes que le fruit de la honte... tu fais peine à ta lignée ! » Il n'eut aucune réponse et c'était bien mieux. Il s'apprêta à reprendre son envol mais les nuages explosèrent littéralement et alors qu'il se tenait sur deux pattes pour décoller, il fit face à Minuit qui était en pleine manœuvre de tir. Il cracha alors une boule de feu bleu explosive et à bout portant. Un grand flash lumineux les absorbèrent alors et laissa place à une pluie de gravats et de cendres. Le Fatalis fut lui-même secoué par son propre tir et recula dans les airs. Son buste aidait déchirait par des veines bleus qui semblaient pulser en même temps que son cœur. Son œil maudit brillait d'un éclat mauvais. Du sang coulait de nombreuses blessures, il se mit hors de portée d'une quelconque contre-attaque de l'Alatréon mais celui-ci ne se manifestait pas. Enfin, il vit les écailles couleurs magma apparaître dans la fumée et le Fatalis recula sa tête de rage, ne pensant pas que son adversaire ait pu passer aussi vite en mode sol. Malgré ça, Mordecaï semblait assommer car il restait sur place, fulminant de fureur. Minuit en profita pour s'enfuir mais quand il tourna la tête, il vit un écran de fumée rouge, quand il comprit ce que c'était, il était trop tard. Une étincelle embrasa le tout et l'explosion l'envoya face contre terre avec force, le clouant au sol.
Si le poids de son propre corps ne lui suffisait pas, une masse énorme s'écrasa sur lui, manquant de lui briser toute la colonne vertébrale. Minuit rugit de douleur et quand il tenta de se dégager, il comprit qu'il aurait bien du mal. Une patte énorme s'écrasa sur sa truffe et des griffes d'un métal qu'il ne connaissait pas s'enfoncèrent dans sa peau et ses lèvres.
- Minuit, cracha Svarog, sale petite ordure, je te retrouve enfin. Tu as bien grandi... Mais moi également.
- Laisse-moi en finir avec lui, s'écria l'Alatréon qui reprenait ses esprits, tu as vu ce qu'il m'a fait ? Il a utilisé...
- Oui j'ai bien vu, je n'imaginais pas qu'un vulgaire insecte comme toi puisse utiliser la flamme noire, rugit le Fatalis pourpre à son cadet qui grognait de douleur, ignorant de quoi il parlait. On peut dire que tu as... la poisse. Parce que je connais de nouveaux tours également. (la terre se mit à trembler et la chaleur monta exponentiellement en la présence du nouveau dragon) Tiens-toi tranquille Mordecaï, ces humains n'y sont pas allé de mains mortes avec toi.
- Je me serai régénéré totalement dans quelques semaines... on n'a pas eu besoin de m'équiper d'une armure...
- Surveille tes paroles, Alatréon, nous ne sommes pas là pour nous disputer. Dis-moi Minuit, qu'est-ce que ça fait d'avoir été impuissant pendant tout ce temps, pendant que ton humaine se faisait massacrer ? Tu as réussi à la réveiller ? Je crois qu'elle n'en a plus pour longtemps... Quant à Novasylis... Si jamais je la retrouve sur mon passage...
- La ferme, siffla Minuit, vous faîtes les malins en deux contre un, mais j'ai réussi à brûler le museau de Mordecaï. J'aurai pu faire tellement pire si tu n'étais pas intervenu...
- J'aurai du t'écraser quand tu étais encore dans l’œuf... regretta Mordecaï.
- Ou qu'en je suis venu te rendre visite dans ta prison, se moqua Minuit mais il fut bien vite silencieux quand Svarog lui écrasa encore un peu plus la tête de son imposante patte.
- Tu ne perds rien pour attendre, sale vermine, on se reverra bientôt.
Il sentit les griffes du Fatalis pourpre lui labourait encore un peu plus le dos et il siffla de douleur mais d'un coup, la douleur cessa et il sentit le poids de Svarog partir petit à petit. D'un mouvement de tête coordonné, ils repartirent vers le ciel et disparurent rapidement. Le Soleil brilla encore un peu sur le corps de Minuit avant que celui-ci ne se mette à ramper, les ailes repliées sur son corps douloureux. Il se laissa glisser dans l'eau et disparut.
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X-Tag : Sabertiger66
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