[ON] La descente de Sleipnir

Titre de la quête : La descente de Sleipnir

Commanditaire : Vieil ermite

Description : J’ai vécu longtemps en haut de ma montagne, aujourd’hui, j’en descends et qu’est-ce que je vois ?! Un monde totalement corrompu et vide de sens ! Même les Dieux tels que les Kirins ont laissé leur pouvoir leur monter à la tête et les corrompre !
Chasseurs, Chasseuses, faites ce qui doit être fait, abattez moi ces Dieux corrompus et restaurez un semblant d’équilibre dans ce monde !

Objectif : Abattre les deux Kirins Noirs

Lieu : La Tour (Toute la Tour est susceptible de les abriter, de l’arène du Yama à celle du Kirin G en passant par le sommet, le Nid (cf Frontier), les zones intermédiaires et même le pied de cette dernière)

Monstres présents : Kirins Noirs X2

Prime : 10000z par personnages

Nombre de Rplayer max : 4

Précisions : Les Kirins Noirs utilisent l’élément Dragon, ils sont plus costauds en force de frappe et en vitesse, mais bien moins résistants niveau défense et points de vie, du fait que leur élément les blesse. Ils sont noir purs, leurs yeux sont turquoise et leurs rayures blanches luisantes.
Leur équipement fournit un brut moyen et un dragon faible/moyen. L’armure protège bien du dragon mais assez mal des autres éléments, elle à une défense comparable à une armure Kirin classique.

Chasseurs inscrits :

Larah
Drakov
Talf
Alix
Crimson
Neilla

UNE SEMAINE APRES LA FIN DE L'EVENT.

Drakov émergea, péniblement, il avait envie de rejoindre une quête, et niveau finance, ça n'allait pas aussi bien que prévu non plus. Ainsi donc, il se réveilla, péniblement.
Il sentit quelque chose d'inhabituel à ses côtés, d'habitude, Alix dormait à sa gauche, mais là, il avait l'impression que quelqu'un était à sa droite aussi. Il écarquilla les yeux en voyant celle qui était de ce côté là : Amélie ! Et courtement vêtue qui plus est ! Sa simple nuisette blanche laissait entrevoir ses généreuses formes. Drakov avala difficilement sa salive : D'où sortait elle ?!
Elle ouvrit ses deux yeux turquoises et lui sourit de façon charmeuse :

Amélie : Ah... Déjà réveillé ?

Elle lui déposa un baiser sur sa joue et déclara :

Amélie : Je vais m'en aller, gardons ça pour nous.

Son sourire charmeur couplé à son visage qui rougissait arracha un empourprement à Drakov. Ce dernier préféra garder effectivement ça pour lui quand Alix émergea quelques minutes après. Finalement, il se prépara rapidement. Alix s'équipa également et tous deux partirent. Drakov entra dans la Guilde et apposa son sceau sur la quête qu'il avait déjà repérée : Celle qui avait lieu dans la Tour, traitant de Kirins noirs. Crimson avait déjà apposé le sien et attendait le hall, portant les mêmes vêtements que lors du bal et son imposante GS en Obsidienne.

Larah alla cherchait Talf chez lui, elle toqua et il lui sauta au cou en la voyant avant même qu'elle ne dise "bonjour.". Elle était déjà en armure, elle n'avait pas eut le temps de se teindre les cheveux, d'où le fait qu'elle portait sa coiffe bien accrochée. Talf l'embrassa et la fit rentrer. Les cliquetis de l'armure réveillèrent Neilla de son arc. Elle salua Larah :

- Salut, tout s'est bien passé ?
- Mieux que je ne l'espérais...
- Tant mieux pour toi.
- ça va, vous, sinon ?
- Ouais... Ta soeur est passée à plusieurs reprises, pour voir si tu étais revenue...
- Oui, je sais, elle me l'a dit, ils vont rester encore un peu.
- D'accord...
- Hum... Tu veux venir chasser ?
- Pourquoi pas.

Larah se frotta derrière la tête et laissa paraître un soupire silencieux. Que c'était-il passé durant son absence ? Neilla se leva et alla enfiler son armure. Larah n'était même pas passé à l'armurerie depuis l'autre quête. Elle regarda ses armes et son armure :
Deux sabres, l'un en corne de monoblos blanc, imbibé de flammes, l'autre, en Kushala, froid comme la mort... Son accoutrement, composée d'une armure Kirin, était renforcé par des parties en Lunastra pour protéger le ventre et les bras... L'armure était légère en somme... Elle attendit les deux compagnons venir et se dirigea vers la Guilde.
Ils virent une quête : Deux Kirins noirs.
Kirins.
Noirs.

- Encore ? Bon, vu qu'on est des experts, ce sera vite vu, souffla Talf.
- Mouais, je pense qu'il y a un os, commenta Neilla.
- Un peu comme toutes les quêtes que l'on accomplit, acquiesça Larah.
- Pas faux.

Ils apposèrent leurs sceaux de chasseurs et se préparèrent pour le départ.

Ils démarrèrent leur voyage, une énième fois, le voyage se composait de plusieurs étapes indispensables dans la vie d'un hunter :

La bière, élément essentiel, de préférence avant de partir, s'enchaîne inexorablement avec le voyage, de préférence guidé par le moins saoul du groupe...
L'engueulade, qui consiste à s'énerver sur la prise des chemins, la carte, ou les animaux alentours...
L'interlude, qui, cette fois-ci, est composé d'une chasse au felyne ayant volé la carte, d'une défense face à une charge de Mosswine, ou une quelconque envie de cueillir des fleurs comme des hippies en oubliant qu'il y a des boutiques pour.
Et l'arrivée ! Qui est l'étape la plus passionnante de ce voyage qui fut, très, très classique.

La tour se dressait devant le groupe, noire, sombre, terrifiante, imposante... Chacun des membres du groupe eut son petit commentaire à lui...

- Allons tabasser du monstre ! exhorta Larah.
- Y a un truc qui ne colle pas... souffla Neilla
- Je dirais même plus, fit Talf, il y a un colle qui ne truque pas... Euh non attendez, c'était quoi le début de ma phrase ?
- Je sens que la quête va être longue... souligna Drakov, une main sur le front.
- Oui, je crois aussi... Entrons... soupira Alix.

Seul Crimson ne dit rien, peut être à cause du niveau trop peu élevé, ou une autre raison quelconque...

Ils s'apprêtèrent à rentrer dans l'édifice, armes parées, esprit de même... Chacun ayant une forte envie d'en découdre avec les équidés...

Mais d'abord, comme pour briser le sentiment de classe et d'héroïsme planant, il fallait se taper la montée de toute une tour, une activité fortement ludique et passionnante qui attendait le groupe entier.

Ils montèrent, cherchant des traces de leurs deux proies, mais ne purent trouver que quelques traces, éparses, qui menaient vers le sommet de la tour.
Ils marchèrent donc, en formation serrée, aux aguets : La Tour… Malgré tout ce qu’ils savaient sur elle, ce lieu paraissait encore plus sinistre qu’à l’accoutumé, comme enveloppé d’une sorte de voile oppressant. Leur ascension se poursuivit, ils arrivèrent au dernier palier, ils sentirent clairement quelque chose devant eux, une impression horrible, comme si c’était la mort qui les attendait là-bas.
Crimson prit les devants :

Crimson : Allons-y.

Ils opinèrent, ce dernier semblait ne pas souffrir de cette sensation oppression, pourquoi donc ?
Ils passèrent le dernier couloir et débouchèrent sur le sommet, c’est là qu’ils se figèrent : Ils n’étaient pas seuls… Deux hommes, en face d’eux, un grand brun avec les cheveux en bataille, des yeux jaunes brillants et un manteau noir avec des ornements au col et aux manches rappelant des plumes. L’autre était encore plus grand, avec des yeux rouges sang et de longs cheveux noirs qui tombaient dans son dos, sur son ample manteau blanc portant les mêmes ornements que celui du premier homme.
Le premier homme était assis sur une pierre et semblait attendre que le second finisse d’observe un petit objet blanc qu’il tenait dans sa main et fixait avec intérêt. Celui en noir se tourna vers le groupe et lança :

???1 : Tiens, tiens, tiens… Mais qui voilà. Frangin, nous avons des invités.

Celui en blanc détacha ses deux yeux de l’objet blanc, il fixa la troupe un instant puis rangea ledit objet, il se tourna vers eux. Ils avaient à peine passé l’entrée, pourtant, plus personne n’osait un mouvement, on entendait très clairement leurs respirations, Drakov sentit le malaise général qui s’était installé, il ressentait une impression étrange, une impression comme il n’aimait pas en ressentir, il était tendu sans réellement savoir, mais son instinct lui fit rapidement comprendre ce qui n’allait pas :
« Fuis ! »
C’était ça, tout simplement ça, il avait envie de fuir, de s’éloigner de ces deux types, leurs mouvements, leur manière de scruter le petit groupe… On aurait presque dit un duo de Rathalos prêt à fondre sur des Kelbis, non, c’était clair, même avec Crimson avec eux, ils ne feraient clairement pas le poids contre ces deux types.
Il tourna son regard vers le groupe : Larah était tendue, ses poings resserrés. Talf était crispé, tenant fermement son bouclier. Neilla s’était réfugiée derrière Talf et tremblait de façon perceptible. Alix s’était rapprochée de Drakov et, elle aussi, tremblait mais tentait de paraître le plus naturelle possible. Crimson semblait lui aussi dérangé par la présence de ces deux individus, même le puissant croisé Fatalis Pourpre semblait ressentir un danger imminent pour sa présence… Mais il ne bougeait pas, au contraire, il semblait contempler ces deux individus.
Une phrase sortit de sa bouche, rompant le silence religieux qui s’était installé sur le sommet de la Tour :

Crimson : Ainsi donc vous êtes bien en vie… mes frères…

Mes frères ?! S’étonna Drakov. Ainsi, ces deux types étaient les frères de Crimson ?! Mais dans ses souvenirs, il avait décrit White comme certes supérieur, mais d’assez peu au final quant à Black, il en avait parlé comme de quelqu’un de moins fort que lui. Hors, là, ces deux types semblaient clairement à un tout autre niveau que le croisé Fatalis Pourpre… Que s’était-il réellement passé ? White avait-il trafiqué les souvenirs de Crimson concernant sa force et celle de son frère ? C’était plausible après tout.
Celui qui répondit, fut celui en noir :

Black : Heureux de te revoir… Evan.

Crimson grimaça… Evan ? C’était donc son véritable nom ? Drakov n’en fut pas si surpris que ça, après tout, ce nom lui collait plutôt bien.
Malgré le fait que Black ait parlé à son propre frère, les intentions meurtrières qui se dégageaient de son corps et de celui de son frère étaient clairement palpables, presque visibles pour ainsi dire.
Crimson avait posé un genou à terre, en proie à une vive douleur visiblement. White parla, avec une voix calme mais effrayante à la fois :

White : Tenter de te souvenir est vain, ce mot t’as forcé à le faire et, si on ne te retire pas la plaquette qu’on a implanté dans ton crâne, tu ne te souviendras de rien.
Crimson : Me souvenir… D’elle, c’est ça ?! De cette fille ?!

Black et White semblèrent un peu surpris, le fait qu’ils semblent bien moins agressifs en témoigna, car la sensation de malaise s’apaisa un peu… Mais ne disparut pas pour autant. L’aîné parla :

White : Je vois… Tu as du retourner au manoir pour t’en rappeler autant.
Crimson : Effectivement… Mais qu’est-ce que ça a à voir avec moi ? Je me le demande encore.

Le croisé Fatalis Pourpre s’était relevé, péniblement, mais il l’avait fait. Drakov le regarda, simple spectateur impuissant… Qu’aurait-il pu faire ? Il avait la sensation que s’il bougeait, il serait démembré vif dans l’instant. Black soupira :

Black : Frangin, frangin… Toujours aussi borné… Mais nous aurions dû nous douter que tu n’oublierais pas dame Aria si facilement.

A la mention de ce nom, Crimson se tordit presque de douleur et poussa un léger cri de souffrance. De toute évidence, sa tête devait lui faire atrocement mal. White se prit à rire :

White : Ah, ah, ah ! Effectivement petit frère, le sous-estimer à ce point… Nous avons été un peu trop sûrs de nous pour le coup. Mais je pense qu’il est temps, pas toi ?
Black : Mhhhh…. Je dois avouer que oui, son soutien serait des plus utiles, vu que nous touchons au but.
White : Je vois que je ne suis pas le seul à avoir trouvé une piste prometteuse…
Black : Loin de là.

Tous deux se fixaient avec un sourire diabolique… Le genre de sourire qui ferait presque se glacer des personnes normales sur place… Et à vrai dire, tous les chasseurs présents avaient réellement frissonnés en voyant les deux croisés Fatalis sourire.
Crimson se tenait la tête, à genou au sol, tout bourdonnait dans son esprit, il avait mal, tellement mal, pourquoi n’avait-il pas perdu connaissance déjà ? C’était trop, bien trop… Des images fugaces, des mots, des bribes de conversations, des murmures… Tout se mélangeait et entraînait une vive douleur dans l’esprit du croisé Fatalis Pourpre. Puis soudain, tout s’arrêta, le noir total, Crimson ouvrit grand les yeux : Personne n’avait bougé, pas même ses frères qui le regardaient.
Il se redressa, puis lança :

Crimson : Que m’avez-vous fait ?
Black : Oh ? Parvenir à bloquer inconsciemment tes souvenirs pour surpasser la douleur ? Pas mal grand frère, tu m’impressionnes pour le coup.
Crimson : Réponds-moi, Black !
Black : Ce que l’on t’as fait… Ce serait tellement plus drôle si tu essayais de me forcer à te le dire.

Le croisé Fatalis Noir avait souri en lançant cette réplique. La sensation qu’ils avaient ressenti en entrant au sommet, elle s’intensifia encore. Visiblement, Black était sérieux, il ne comptait pas dire quoi que ce soit à Crimson sans combattre. Quant à White, il fixait impassiblement la scène, comme s’il s’était douté que ça arriverait.
Crimson lâcha un « hum » puis déclara, en empoignant le manche de sa GS :

Crimson : Si mes souvenirs vis-à-vis de ça sont exacts, tu étais plus faible que moi… Mais il semble que ça aussi soit faux… Toutefois…

L’air autour de Crimson se réchauffa, deux ailes pourpres au bas noir se déployèrent dans son dos. Des écailles apparurent sur son corps, ne laissant plus que son visage de visible. L’air autour de lui tremblait, soumis à une forte chaleur qui émanait du corps du croisé. Des flammes apparurent sur son poing.
Black soupira :

Black : Ces souvenirs n’étaient pas faux, j’étais faible, trop faible… J’ai décidé de me prendre en main et de rejoindre le camp des forts.
Crimson : Alors viens…

Un duel fratricide semblait sur le point de s’engager, tous les autres ne pouvaient pas rester là à regarder ! Ils allaient devoir aider Crimson ! Seul, qui sait quelles étaient ses chances contre Black ?
Le ciel grogna et soudain, un grand flash. Cinq éclairs, rouges sang, frappèrent sans merci les autres Chasseurs, leur arrachant un cri de douleur et les clouant au sol. Impassible, comme depuis le début de cette conversation, White avait frappé. Il avait clairement prévu que les autres tenteraient d’intervenir et les en avait empêchés en utilisant ce qu’il avait sous la main : Sa foudre !
Ses deux ailes blanches déployées dans son dos, des écailles blanches luisantes sur le corps, il lança, aux autre Chasseur :

White : Considérez cet assaut comme un avertissement, je ne serai pas aussi gentil au prochain éclair.

Un avertissement ?! S’étonna de nouveau Drakov. Quel genre d’avertissement laissait cinq personnes en armures solides clouées au sol ?! Certes, pour Drakov et Alix, leur sensibilité naturelle à la foudre ne les y avait pas aidé et pour Neilla, sa carrure assez frêle non plus, mais pour Talf et Larah, comment un éclair avait pu leur faire assez mal pour les coller au sol ?!
Larah tenta de se relever, péniblement, mais s’effondra, impuissante, elle non plus n’avait pas la force de se relever, pas pour le moment du moins. White les regarda tous et se prit à sourire :

White : Et aucun d’entre vous n’a perdu connaissance alors que vous avez tous reçu un de mes éclairs de plein fouet ? Mhhhh… Il va falloir que je travaille encore un peu leur puissance donc.
Black : Arrête donc de blaguer, tu n’y a même pas mis de la volonté, tu les as frappé à ton minimum.

White se prit à sourire et opina :

White : Observateur… Comme toujours.
Black : Et ça t’étonne ? Maintenant reste un peu en arrière, j’ai envie de voir si notre cher Evan est encore aussi fort qu’auparavant.

Ses gènes s’étaient activés, ses deux ailes noires déployées dans son dos et des écailles couvrirent son corps, faisant ressembler ses doigts à des griffes, tout comme pour ses deux frères. White fit un pas en avant :

White : Et si j’avais envie de me joindre à la fête ?
Black : Et bien soit, célébrons nous retrouvailles comme il se doit… En faisant couler le sang !

Il s’élança, vif, Drakov le perdit même des yeux… L’éclair l’avait sans doute assommé un peu mai Black bougeait vite, très vite même ! Crimson enragea, sans doute n’avait-il pas réagi quand ils s’étaient fait frapper par la foudre car il tentait de contenir sa rage pour la libérer lors de ce combat. Il s’élança et frappa, avec véhémence, vers le croisé Fatalis Noir.
Black esquiva l’attaque sans aucun souci, il se projeta de côté d’une bonne impulsion et esquiva le coup de GS ascendant de son aîné. Il frappa ensuite, prenant un appui en l’air d’un bon battement d’aile. Le coup toucha Crimson dans les côtes, lui arrachant une gerbe de bave et un cri de douleur. Le croisé Fatalis Pourpre glissa au sol sur un bon mètre avant de se stopper. Toutefois, il ne contre-attaqua pas, en effet, il dut esquiver un coup, chargé d’éclairs rouges, qui fusa vers sa tête. Il parvint à le faire, sans réellement savoir comment, par pur réflexe. C’est ce qui le sauva, White avait frappé dans le vide. Mais cependant, un second coup du croisé Fatalis Blanc le rattrapa, bien plus vif celui-là. Crimson décolla du sol et tomba lourdement un bon mètre plus loin. Il se redressa et intensifia les flammes sur ses bras. Il planta sa GS dans le sol : Ce combat se règlerait par les poings, cette arme lourde le gênait plus qu’autre chose.
L’impression que trois grands prédateurs s’affrontaient était omniprésente pour les spectateurs, toujours sous l’effet paralysant de l’éclair de White. Les regards que se lançaient les croisés Fatalis avaient quelque chose de fascinant et terrifiant à la fois… Alors c’était comme ça le regard d’un Fatalis ? Songea Drakov. A la fois magnifique mais clairement malsain, quelque chose dans laquelle on se perd avec joie, mais aussi appréhension, des yeux ambrés, jaunes ou rouges, des regards qui restent à jamais gravés dans la mémoire des chasseurs qui font face à ces bêtes. En se tournant vers Larah, Drakov s’en souvint : Elle avait déjà combattu un Fatalis Pourpre par le passé… Et visiblement, les yeux des croisés lui rappelaient ces souvenirs, elle semblait clairement tendue, bien plus que n’importe qui sur la cime de la tour.
Crimson s’élança, furibond, son coup ne fendit que le vent. Le poing enflammé qui avait visé White avait manqué sa cible, qui était passée à une vitesse ahurissante sur le côté de son adversaire et lui avait collé un coup de pied en pleine l’estomac, avant d’enchaîner sur un coup de pied porté en faisant un salto, qui souleva Crimson dans les airs. Finalement, le sol se rapprocha bien plus vite que prévu pour Crimson, qui encaissa un coup de poing en plein l’arrière du crâne par son petit frère, qui avait bondi.
White et Black se prirent à sourire, Crimson toussa une gerbe de sang à l’impact. Les deux autres étaient face à lui, il râla :

Crimson : Même dans ces souvenirs qui me reviennent, tu n’étais pas aussi rapide grand frère…
White : J’innove, notre cher petit frère et moi avons mis au point une technique assez drôle à utiliser et utile avec mes gènes.

Il avait laissé quelques éclairs crépiter le long de son corps en disant cela, ajoutant un côté vraiment effrayant à ses paroles. Crimson se redressa péniblement. Le dernier assaut lui avait laissé un goût amer, il n’avait pas l’impression que ses frères y allaient réellement à fond contre lui, en même temps à deux contre un, c’était compréhensible, mais il y avait quelque chose d’autre…
Black soupira :

Black : Frangin, tu ne fais pas le poids, tu as passé ces dernières années à courir après le Fatalis Pourpre, pendant ce temps, nous avons pu devenir bien plus forts qu’auparavant.

Crimson hurla et s’élança droit vers son petit frère, qui esquiva le premier coup avec une facilité déconcertante et, simplement en l’attrapant, stoppa le coup de pied de Crimson qui visait à lui faucher la tête. Le croisé Fatalis Noir tira ensuite sur la jambe pour ramener son frère vers lui et lui fracasser son poing en pleine face avec une véhémence et une vitesse proprement surprenants. Crimson mangea le sol, mais il se redressa d’un bond. Ses bras s’enflammèrent et il chargea, Black le stoppa aisément, il glissa littéralement au sol et, d’un bon coup, souleva son frère dans les airs. Un uppercut sonnant, dont l’impact résonna jusqu’aux oreilles de ceux qui étaient immobilisés. Crimson toussa une gerbe de sang et décolla littéralement. Il fut littéralement catapulté contre le mur à côté de l’entrée par White, qui frappa à une vitesse terrifiante en l’air. Le croisé Fatalis Blanc se posa aux côtés de son frère cadet.
Crimson se redressa péniblement, il souffla un grand coup et tenta une nouvelle approche, il chercha à viser White en premier, ce dernier esquiva en passant rapidement de côté. La feinte ayant fonctionné, Crimson dévia sa course pour frapper Black. Ce dernier reçut l’impact de plein fouet, un coup de poing cerné de flammes ardentes, il décolla pour se stabiliser en l’air. La contre-attaque ne se fit pas attendre, en moins d’un instant, Back et White frappèrent de concert dans les reins de Crimson, tous deux du même côté.
Le croisé Fatalis Pourpre décolla et s’écrasa lourdement au sol. Il tenta de se relever péniblement, mais n’y parvint pas sans tousser une gerbe de sang. Cette gerbe lui arracha le peu de force qu’il lui restait et le fit tomber à genoux. Black commenta :

Black : Ecoute, reste à genoux, tu veux ? Ce serait mieux pour la suite.

Voyant que Crimson avait décidé de l’ignorer, Black prit une posture étrange, on aurait dit… Un martialiste ?! Drakov s’en fit la remarque, mais ce genre de poses, c’était celle qu’adoptaient certains experts en arts martiaux… C’était confus, mais il lui semblait en avoir entendu parler, quelques rumeurs autour d’une table, mais c’était un fait : une position qui aspirait à la sérénité, mais qui maximisait le moindre impact, un calme plat, précédant un véritable ouragan… Le corps de Black, il semblait parfaitement détendu et pourtant, rien qu’en l’observant, tous auraient très bien pu dire que son prochain coup allait être dévastateur. Un pied en avant, les mains de chaque côté. Il respira longuement, le mouvement fut fluide, aucun geste superflu, mais une vitesse d’exécution presque trop parfaite. Un coup de paume qui envoya Crimson s’écraser contre sa lame.
Ils l’avaient tous vu, sans réellement en distinguer tous les mouvements, c’était une sensation étrange. Black souriait à Crimson, qui avait la tête basse, visiblement assommé par le puissant impact. Le croisé Fatalis Pourpre tenta de se relever, mais il dut s’agripper à la poignée de sa lame pour ne pas s’écrouler. Il posa finalement un genou au sol et toussa une gerbe de sang. Black expliqua :

Black : J’ai visé en plein dans ton sternum, ça a du te faire assez mal, j’en conviens, mais je ne voyais aucun autre moyen de t’immobiliser suffisamment longtemps… Grand frère, je te laisse la suite.

White s’avança vers Crimson et leva son bras vers le ciel, qui gronda de nouveau. Un nouveau flash, un éclair rouge venait de s’écraser sur Crimson, le paralysant un genou au sol et lui arrachant un cri de douleur horrible. White passa sur la gauche de Crimson et souleva les cheveux à la base de son crâne. Il lança :

White : Tu me remercieras pour cet éclair petit frère.

Sans autre forme de procès, il enfonça deux de ses griffes improvisées dans le crâne de son frère, pas profondément, juste en surface, comme s’il cherchait quelque chose. Le sang gicla et coula le long de la plaie fraichement ouverte, arrachant un cri de douleur à un Crimson immobilisé. Tous enragèrent, non seulement, les effets de l’éclair qu’ils avaient reçu ne se dissipaient qu’à peine et très légèrement, mais en plus, ils n’auraient pas pu faire grand-chose pour aider Crimson dans cette situation. Ils étaient seulement les spectateurs de son agonie. Larah enragea :

Larah : Si vous voulez tuer quelqu’un tuez-moi plutôt !

White ne sembla pas perturbé et poursuivit sa besogne, Black, lui, explosa de rire :

Black : Ah, ah, ah, ah ! Le tuer ? Ma pauvre, bien au contraire, nous allons faire revenir le vrai « Crimson », vu que c’est ce nom qu’il a décidé de vous donner. Alors frangin, Evan sera bientôt là ?
White, stoppant soudain sa recherche : Sous peu.

Il tira, d’un coup sec, une giclée de sang éclaboussa White, tachant son long manteau blanc. Crimson s’effondra, lourdement, sans un bruit. White souriait, il tenait dans ses mains un petit objet, une sorte de plaquette ensanglantée. Tous écarquillèrent les yeux : Crimson ?! Il venait de le tuer comme ça ?! Aussi simplement ! C’était du délire ! Du délire pur et dur !
Mais contre toute attente, White se baissa, prit une potion dans la poche de Crimson et l’appliqua sur la plaie, ce qui aida grandement la cicatrisation. Crimson remua un peu, puis il se releva, difficilement. Il lança :

Crimson : Ma tête… Qu’est-ce que vous m’avez… Oh… Tout me revient désormais… Oui… Je vois…

Il semblait avoir accès à ses souvenirs, on aurait presque dit qu’il émergeait d’un long sommeil. Le croisé Fatalis Pourpre se tourna vers son grand frère et demanda :

Crimson : Cette plaquette, c’était grâce à ça que tu avais inhibé ma mémoire ?
White : Oui. Même avec l’étendue de mes pouvoirs, te faire oublier toute ta vie pendant près de trente ans aurait été quelque chose d’extrêmement difficile, donc j’ai fait au plus simple : Notre petit frère a implanté cette plaquette dans ton crâne, de façon à ce que si je la charge avec mes éclairs, elle conserve cette charge et bloque ta mémoire. De plus, il l’avait installé de manière à ce que l’on puisse la retirer sans te tuer ou faire de toi un légume.

Crimson opina, puis il déclara :

Crimson : Donc… Vous avez décidé qu’il était temps que je revienne à moi ?
White : Te cacher la vérité plus longtemps aurait été difficile, nous avons besoin d’un cerveau de plus et Aria serait inconsolable si elle ne te voyait pas à son réveil.
Crimson : Aria… Combien d’années cela fait-il maintenant…
White : Oh… Ne t’en fais pas pour ça, j’ai trouvé une solution, mais je vous en parlerai plus longuement quand nous seront partis.

Crimson avait souri. Il semblait parfaitement comprendre ce qui se passait actuellement. Il se tourna ensuite vers le reste du groupe et lança :

Crimson : Bien… Je suppose que je vous dois une petite explication sur ceci.

Crimson leur expliqua la véritable histoire de son passé, comment Aria avait eu à choisir un des trois Alister, comment elle était tombé malade, comment les trois frères avaient décidé de la soigner en vendant leur programme et pour finir, la scission. Black termina :

Black : Permet moi donc d’expliquer à ces marioles la suite grand frère. Pour faire simple, Nous avons vaincu puis abandonné mon grand frère dans des montagnes assez isolées, de manière à ce qu’il ne nous gêne pas pour la suite de nos recherches. Qui plus est, nous avons immédiatement pu rassembler Ethan et Yasmir après leur évasion et les avons forcés à travailler pour nous, afin de récolter des fonds et d’amasser les autres croisés.

Drakov enragea :

Drakov : Alors au final c’était bien vous ?!
Black : Sentirais-je de la colère monter en toi ?
Drakov : Comment pourrais-je rester calme ?! C’est de votre faute si des milliers d’enfants sont morts ! C’est de votre faute si nous tous avons souffert ! Et c’est encore de votre faute si les autres croient en un idéal qui n’est qu’un mirage !
Crimson : Drakov… Permet moi de te poser une question.

Drakov resta silencieux en entendant la voix posée de Crimson :

Crimson : Si Alix était en danger de mort et que, pour la sauver, tu devais tuer trois milliers de personnes et tourner le dos à tous ceux que tu as connu, tu le ferais ?
Drakov, après un temps de réflexion : Je… Je… Oui.
Crimson, avec un sourire : C’est bien ce que je me disais, au final nous sommes pareil tu vois.

Drakov resta sans voix devant cette révélation. Il ne savait que dire en réalité, oui, il aurait tout fait pour sauver Alix, mais de là à le comparer à l’un de ces monstres qui avait mis au point cet odieux programme. Crimson déclara :

Crimson : Sur ce… Je pense que je vais tirer ma révérence.

Tous restèrent sans voix : Alors il partait avec eux et les abandonnait tous ?!
Le croisé Fatalis Pourpre attrapa une poche blanche dans son sac et la lança en l’air, tous sentirent les effets de la poudre qui se répandit dans l’air : une poudre de vie.
Crimson lança :

Crimson : Ceci devrait vous aider à vous remettre un peu plus vite de l’éclair de mon frère, considérez cela comme un dernier cadeau de ma part. La prochaine fois que nous nous rencontrerons, il est fort probable que nous soyons ennemis.

Il rengaina sa GS dans son dos et fixa ses deux frères, leur faisant comprendre qu’il les suivrait. White opina et décolla en premier, Crimson le suivit. Black allait le faire, mais il s’arrêta :

Black : Au passage, je serai vous, je me méfierai de ce qui est en dessous de la Tour.
Talf : En dessous ? De quoi tu parles là ?
Black : Disons qu’on a ouvert un passage à quelque chose et qu’on aurait sans doute pas dû. Je vous laisse gérer ça, vos deux canassons sont partis explorer les profondeurs de la Tour semble-t-il. Bonne chance au passage, il va vous en falloir.

Sans autre forme de procès, il décolla, avec un sourire narquois aux lèvres. Il se moquait d’eux ?! C’était même clairement ça oui !
Un instant passa et, sous l’effet de la poudre de vie, tous purent se relever et bouger librement de nouveau. Personne n’osait parler, tous étaient encore choqués par cette trahison, mais aussi par les nouvelles qu’ils venaient d’apprendre. Ainsi, Ethan et Yasmir n’étaient pas les vrais méchants de l’histoire ? Ils n’étaient que deux gosses totalement perdus qui avaient échoués sur les mauvaises personnes. Drakov se prit à les prendre en pitié, vivre au quotidien avec deux monstres tels que Black et White… Cela devait de toute façon laisser des marques. Mais au moins, il était sûr d’une chose, jamais les croisés ne mèneraient d’assaut massif sur la Guilde, étant donné que les fonds qu’ils amassaient servaient à alimenter les recherches des deux frères pour soigner la dénommée Aria.
Alors c’était ça le but de toute cette histoire ? C’était à cause de ça que les croisés avaient vu le jour ? Parce que trois frères avaient refusé de laisser mourir leur bien-aimée, ils avaient créé l’une des pires choses que l’humanité n’ait jamais connue…
Drakov soupira longuement, Alix, elle, lui courut presque dans les bras et se lova contre lui. Il la serra inconsciemment… Oui, lui aussi avait grand besoin d’être rassuré actuellement… Personne n’avait parlé, le malaise qu’ils avaient ressenti s’était estompé, pour laisser place à un autre genre de malaise, un qui avait un goût bien plus amer… La sensation d’avoir été trahi par un ami, par une personne pour laquelle on avait de l’estime et du respect… Et ces derniers mots, qui résonnaient encore dans l’esprit de chacun :
« La prochaine fois que nous nous rencontrerons, ils est fortement probable que nous soyons ennemis. »
Affronter quelqu’un comme Crimson ? C’était seulement possible quelque chose comme ça ?! Et là ils étaient trois ! White et Black semblaient même à un tout autre niveau de force, c’était pour dire !
Et quand bien même, ils auraient à tuer quelqu’un qu’ils considéraient comme un ami, un proche, une personne avec qui ils avaient partagés de bons moments… Une personne qui les avait maintes fois sauvés.
Le silence leur pesait lourd sur les épaules, personne n’osait prononcer un mot. Larah lança, d’une voix chevrotante :

Larah : Je… Je… Ressaisissons-nous, on a une quête à finir…

Même le ton de sa voix ne collait pas à ses mots, tout comme ses yeux larmoyants. Talf soupira un grand coup et la prit dans ses bras, Neilla ne dit rien, elle savait que c’était dans sa nature de toute façon. Larah y resta un moment, c’était étrange, la voir aussi fragilisée par la perte de quelqu’un… Mais elle avait aussi vécu ce genre de situation, c’était clair, très clair même. Elle semblait si frêle pourtant, aux antipodes de la Larah habituelle, celle qui dirigeait les troupes comme un petit sergent.
Un moment s’écoula ainsi, elle finit par se séparer de Talf, puis lança, déjà un peu plus requinquée :

Larah : Drakov, Alix… On va avoir besoin de vous en forme…
Drakov, toujours aussi perdu : Je… Bien…
Alix, elle aussi perdue : D…D’accord.

Tous deux se séparèrent, ils tentèrent de garder la face mais la déception se lisait clairement au travers de leurs visages. Le petit groupe amorça la descente, mais ils n’eurent pas franchi le seuil de la porte que deux personnes s’interposèrent :

???1 : C’était touchant… Très touchant
???2 : En effet, je commence à comprendre le pourquoi du comment.

Elles venaient de parler tour à tour, la première personne était une jeune femme, portant une tunique verte, avec des cheveux bruns ondulés qui tombaient dans son dos et des yeux vairons, mais de couleur opposés à ceux d’Alix. Elle était assez grande, une dizaine de centimètres de plus qu’Alix, qui arrivait au niveau des pectoraux de Drakov, cette jeune femme arrivait donc à ses épaules. En fait, on aurait clairement dit une version plus plantureuse d’Alix, tout en elle ayant pris une dimension de plus.
La seconde personne était plus grande encore, de la taille de Drakov à vrai dire. Elle avait les cheveux rouges sang et en pointes, qui tombaient eux aussi dans son dos. Elle portait une frange, qui masquait assez mal le cache œil noir qu’elle avait sur son œil droit. Son œil restant était d’un noir pur et fixait les membres de la petite troupe. Elle portait une veste grise par-dessus un corset assez sombre, qui avait du mal à contenir sa poitrine, qui avait encore pris un tour ou deux par rapport à sa camarade. Avec cela, un pantalon grisonnant complétait sa tenue. Elle semblait un peu plus âgée que la réplique d’Alix à vrai dire, mais guère plus, deux ans, grand maximum.
En les fixant, Drakov eut ce sentiment de malaise habituel qu’il ressentait en fixant un autre croisé. Il prévint les autres :

Drakov : Faites gaffe, elles sont croisées elles aussi.

Il avait surtout dit ça parce que la première portait un cor de chasse dans son dos et que la seconde portait deux fusarbalètes miniatures à sa ceinture. Elles se prirent à sourire, Alix s’était figée, elle murmura :

Alix : Alissa… Valence…
Alissa : Enfin ! Tu auras mis ton temps !

Celle qui avait répondu était celle qui avait le cache-œil, visiblement, elle semblait heureuse de revoir Alix. Elle la serra dans ses bras, s’avançant précipitamment et manquant de l’étouffer dans sa poitrine. Alix s’en dégagea vivement et maugréa :

Alix : Je vois que ce problème-là ne s’est pas arrangé avec le temps…

Elle se ramassa un coup de poing sur le sommet du crâne, qui la força à se le masser douloureusement après avoir lâché un petit « Aïe ! ».
La dénommée Valence s’avança vers Drakov et en fit le tour, en l’inspectant. Elle soupira :

Valence : Une brute sans cervelle, hein ? Pourquoi ça m’étonne pas que tu aies choisi quelqu’un comme ça ?
Alix : Hé ! Je ne te permets pas de critiquer !
Alissa : Il faut avouer que pour le coup… Tu aurais pu faire un meilleur choix que celui-là… Il est riche, c’est ça ?
Alix, rougissant : Mais stop !

Devant le ridicule de la scène, l’ambiance de la trahison de Crimson s’était comme volatilisée. Larah demanda :

Larah : Alix, tu nous explique c’est quoi ce délire ?
Alix : Bon faisons simple, quand j’ai été vendue, mes deux grandes sœurs l’ont été aussi… Et nous avons été séparées. Et bien les voilà, je vous présente Valence et Alissa.

Toutes deux s’inclinèrent poliment, Alissa expliqua :

Alissa : A la base, nous étions venus pour exterminer le groupe d’Eccnelias, mais étant donné que nous avons tous été menés en bateau et ne faisons qu’amasser de l’argent pour ces amateurs de glace, j’ai décidé de rejoindre le camp de ma sœur.
Valence : Moi de même.

Drakov s’interposa :

Drakov : Attends une minute ! La maison va devenir un foutoir sans nom !
Alix : Techniquement, elle en est déjà un juste par la présence de Rupert…
Drakov : Soit… Mais deux personnes de plus ?! C’est deux sources de problèmes supplémentaires à gérer !
Alix : Drakov ! Ce sont mes sœurs, c’est pas comme si elles allaient poser problème, je sais me tenir quand même !
Drakov : Effectivement, toi tu sais, mais elle je n’en sais strictement rien.
Alissa : Si c’est vis-à-vis de la discrétion, pas de souci, tant que nous n’aurons pas ton aval, nous n’activerons pas nos gènes… Même si ça m’ennuie d’avoir à rendre des comptes à un type cinq ans plus jeune que moi.
Drakov : Bon, soit… Et pour le reste ?
Alix : Quel reste ?
Drakov : Oh tu sais bien ! Deux de plus !
Valence : Oh ! Je crois savoir où tu veux en venir… Sache que tu ne m’intéresse pas le moins du monde.
Alissa : Et que moi je ne m’intéresse qu’aux filles.

Tous se tournèrent vers Alissa, qui baissa l’œil et rougit, avant de lancer timidement :

Alissa : Arrêtez, c’est gênant…

Un « hum, hum » général servit de réponse et Drakov termina :

Drakov : Soit ! Donc on peut compter sur vous pour cette quête ?
Valence : En effet.
Alissa : Sans problème.
Larah : Avant tout, vous avez été croisées avec quoi ?
Valence : Plesioth Vert.
Alissa : Lavasioth.
Talf, avec ironie : Vois cette putain de coïncidence…
Alissa : Si t’es pas content, fallait en parler avec ce généticien avant que je lui explose le crâne.

Il ne répondit pas, visiblement, Alissa avait un caractère encore pire que celui de Larah, c’était dire quel était son niveau !
Les deux croisées décidèrent donc de rejoindre la troupe, quand soudain, un hurlement déchira l’air. Il semblait venir des profondeurs de la tour et semblait s’être répercuté le long des parois de cette dernière. Drakov se souvint de l’avertissement de Black. Larah soupira :

Larah : Quelle espèce de saloperie ils ont bien pu libérer des profondeurs de cette Tour ?
Drakov : Dix zennis sur un Teostra.
Talf : Cinq sur un Yama.
Larah : C’était pas un lancement de paris !
Drakov/Talf : Oh ! Dommage…

Valence soupira et se moqua ouvertement de Drakov :

Valence : Et en plus de ça, tu n’es pas capable de différencier ça ? Alix, Alix, Alix… Il va falloir qu’on revoie cette histoire et vite !
Alix : Valence ! Arrête ça de suite ! Drakov est quelqu’un de très bien !
Alissa : C’est ce que tu dis oui, pour moi ça reste encore à prouver…
Alix : Venant de quelqu’un qui ne s’intéresse qu’aux filles, je trouve presque ça blessant.

Alissa piqua un fard. Visiblement, ces trois-là n’avaient pas fini de se lancer des piques tout le long de cette quête et si celle-ci devait se passer sous le feu nourri de leur discussion, le temps allait être long, très long et une migraine risquait d’être au rendez-vous.
Drakov lança :

Drakov : Y a quand même un détail qui me chiffonne… Alissa… t’es adoptée, c’est ça ?

Il reçut un coup de poing en pleine truffe, qui le fit reculer en se massant son nez, Alissa soupira :

Alissa : Redis ça pour voir ?
Drakov, tout en se massant le nez : Non mais ce que je voulais dire, c’est que certes, Valence ressemble à Alix mais toi… A part à un pirate, je vois pas à quoi tu pourrais ressembler.

Elle braqua ses deux mini fusarbalètes vers Drakov et enragea :

Alissa : Je vais vraiment te démolir minable ! Alix ! Change d’homme ! De suite !
Alix : Drakov ! Arrête de dire des choses comme ça ! Oui, Alissa est ma sœur biologique et non, on ne se ressemble pas car…

Elle s’interrompit et rougit, Alissa soupira et expliqua :

Alissa : Notre mère avait des mœurs frivole, mon père est différent de celui d’Alix et Valence.

Elle rangea ses deux fusarbalètes et poussa un profond soupir. Elle s’approcha de ses deux sœurs et leur ébouriffa les cheveux, avec gentillesse, mais cette gentillesse fut retranscrite comme un massage en règle de la peau de leur crâne tant Alissa contrôlait mal sa force. Alix et Valence se retinrent de verser des larmes de douleur, pour ne pas vexer leur grande sœur dans un moment d’affection. Alissa poursuivit :

Alissa : Je suis l’aînée, j’ai cinq ans de plus qu’Alix et trois de plus que Valence. C’est donc moi qui dois prendre soin d’elles !
Drakov : Je vois… Ceci explique cela…
Talf, à voix basse à Larah : Ce qui n’empêche qu’elle a quand même une gueule de pirate…
Alix, à voix basse à Valence : Valence… J’ai mal, je crois que je saigne…
Valence, elle aussi à voix basse : Tais-toi… J’ai trop mal pour que mon cerveau n’ait pas subi de dommages irréparables… Faudra songer à la tranquilliser un de ces quatre…

Larah se mit à rire à la blague de Talf, tout comme Neilla qui l’avait entendue elle aussi. Alissa ne comprit pas, Alix et Valence partagèrent une potion pour calmer la douleur engendrée par le massage crânien de leur grande sœur. Ainsi, le petit groupe put se remettre en marche dans la tour, oubliant presque le féroce rugissement qui avait retenti et le départ de Crimson.

Le groupe continua à descendre, les rugissements ne s’interrompaient jamais… A croire qu’un combat faisait rage dans les entrailles de la Tour… Combien de temps allaient-ils encore descendre ? Jusqu’où avait été creusée cette tour ? Que cachait-elle ? Un frisson traversa le groupe : Ils avaient l’impression d’être observé… Non. Ils étaient observés… Drakov regardait autour de lui, il était en tête du groupe, c’était un peu le blindé du groupe… Bien qu’Alissa pouvait désormais l’être… Mais comme elle portait des armes à distance, il était normal qu’elle soit derrière… Neilla regardait partout autour d’elle, cherchant à repérer la chose qui les épiait. Ce sentiment étrange… presque du malaise, à moins que ce ne soit de la peur. Avec ce qu’ils venaient de voir et de vivre, il était dans la nature des choses qu’ils soient tous effrayé… Mais en plus de ça, le silence pesant, presque palpable de la Tour les faisait se tendre au moindre bruit, au moindre mouvement, tandis que des créatures fuyaient leur venue… Mais c’était pourtant bien deux petites auréoles dorées qui les observaient… Un sentiment connu par Neilla, qui avait vécu dans la Grande Forêt avant de rencontrer Talf et Larah… Et cette dernière avait déjà ressenti ça dans le même lieu que Neilla… Oui, c’était ça, ce qui les observait venait de loin… de très loin. Ils arrivèrent à un passage dangereux : l’escalier était détruit et seul un pauvre mètre leur laisser le champ pour passer. Evidemment, à l’allée, ils étaient passé par là, mais maintenant, avec les hurlements venant du fin fond de la Tour, ce passage leur semblait encore plus dangereux… Ils y passèrent lentement et essayèrent de ne pas tomber… Chaque pas les rapprocher des abysses de la fondation millénaire. Les deux sœurs d’Alix regardèrent vers là-bas. Elles se regardèrent ensuite dans une moue qui en disait long. Larah se risqua de jeter un coup d’œil et s’éloigna vite : Elle avait l’impression qu’il n’y avait pas de fond. Talf s’approcha aussi et prit un caillou et le lança alors que les hurlements s’étaient calmés. Drakov et lui se penchèrent et tendirent l’oreille, curieux de voir si un bruit se ferait entendre, puis finalement, c’est un rugissement qui répondit :

- Oh nom de dieu ! Hurla Talf en reculant d’un coup. J’ai cru voir des flammes d’en bas !
- Je crois aussi, cria à son tour Drakov en s’éloignant du bord… Tu crois que c’est quoi ce qu’il y a en bas ?
- Si c’est bien un Téostra… A moi les 10 zennies…
- C’est moi qui avais parié ça… C’est toi qui me les devras…
- Nooon… Mon porte-monnaie venait de regagner ses 8 zennies habituelles…
- Il est si fauché que ça ? Demanda Alix en chuchotant à Larah.
- Tu n’as pas idée… Soupira-t-elle.
- Y a quoi d’autre qui fait des flammes, demanda Talf.
- Euh… Un Rathalos, une rathian, un kut ku, un garuga, un gravios, un téostra, une lunastra, un nargaflamme…
- On est dans la merde, en gros ?
- Je dirai même plus…
- Mais nan, bande de blaireaux… Soupira Alissa. Vous n’avez jamais entendu parler du peuple de nain des montagnes qui avait réveillé un truc bien plus dangereux que ce qu’ils avaient imaginé ?
- Un Balrog ?
- Un Fatalis.
- Crap.

A l’entente de ce nom, Larah recula mal à l’aise… Depuis qu’elle était entrée dans cette tour en fait… Et encore plus après ce qu’il venait de se passer… Cet endroit était plus sinistre que ce qu’elle en avait entendu. Et puis c’était étrange… Ce nombre de fois où elle a entendu « Fatalis » en moins d’une journée, les trois frères croisés… Le monstre réveillé sous la montagne. Et puis le silence de Fatalis lui-même… Cela faisait près d’un mois qu’elle ne le sentait plus, qu’elle avait juste l’impression d‘être borgne… Elle cligna des yeux devant la main de Talf qui faisait des allés et retours devant elle. Ils avaient continué d’avancer depuis longtemps, elle s’excusa comme elle put et suivit les autres…
«Proche. »
Elle se retourna brusquement… Il n’y avait rien derrière elle. Voilà qu’elle entendait des voix… Elle épia les environs comme un aigle cherchant sa proie, mais il n’y avait absolument rien de vivants, à part des insectes. Elle rattrapa le groupe en courant et rattrapa Drakov, elle n’eut pas besoin de lui parler qu’il la regarda du coin de l’œil et lui souffla :

- Je sais, on n’est pas seuls, il y a quelque chose tout proche, mais je ne ressens pas vraiment une menace… Mais c’est… très gênant de ressentir ça… Mais le pire, c’est que j’ai l’impression que ce truc est là, juste à côté de nous…
- C’est peut être pour ça qu’on ne le voit pas… Il est être avec nous… J’ai déjà ressenti ça quand j’ai vu tes gènes en action la première fois… J’ose espérer que ce ne sont qu’Alissa et Valence…
- J’espère aussi… Je dois t’avouer que ça me ferait mal de me retrouver nez à nez avec un Fatalis…
- Encore ce mot… Je l’ai assez entendu pour aujourd’hui je crois… dit-elle en se mettant la main au front.
- Tout va bien ?
- J’ose espérer que j’ai seulement du vague à l’âme…
- Tiens le coup, on a besoin de toi aussi… Surtout que du groupe, tu es celle qui connait le mieux les Kirins, je crois… J’ai cru entendre dire qu’on t’appelait « La chevaucheuse des Tempêtes »… Tu m’expliques pourquoi ? Je préfère les discussions à ce silence…
- Moi de même… C’est juste qu’un jour, j’ai utilisé ce canasson comme monture… Même si ça ressemblait plus à du rodéo qu’à de l’équitation…
- C’était bien quand on avait des armes de destructions massives, non ? On avait moins l’impression d’être exposé…
- C’est exactement ce que je pense…
- On approche, chuchota Valence… Ou du moins, on passe dans les « Abymes » de la Tour… La partie souterraine… Respirez un bon coup et regardez une dernière fois le ciel, on le quitte bientôt.
- Ne nous abandonne pas, Larah.
- Je… je vais essayer…
- A la limite, dîtes-vous que vous allez en enfer…
- Je préférai la vision idyllique du Ciel…

Ils passèrent la frontière entre ces deux niveaux… Une nouvelle vague de froideur envahi l’atmosphère… Cet endroit était vraiment étrange… Enfermant en plus des secrets, qui valaient mieux ne pas découvrir…

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Dans un endroit un peu moins effrayant, mais encore classé dans le cadre d'un lieu malsain, Ryu se sortit des décombres en grognant. Il leva la tête et se trouvait bel et bien dans la Guilde... En feu... Il remarqua une petite forme non loin de là... Na'Ki. Il se souvint ce qu'il faisait là, il était venu chercher un travail à sa hauteur, puis Na'Ki était venu lui parler de son identité et du fait qu'il devrait bientôt se cacher encore... Puis ils avaient entendu des hurlements venant de dehors, et à peine eurent-ils compris que ce n'était pas qu'une simple bagarre de rue, il était trop tard, la Guilde brûlait déjà... Des décombres leur étaient tomber dessus. Il ramassa le petit être inconscient et sortit... Il vit les trois formes des frères Alister... Il ne savait pas qui ils étaient mais un sentiment dix fois plus fort que son instinct de survis lui submergea l'esprit...
Un Fatalis...
Non... Deux... Trois ! Ces êtres dégageaient le même sentiment qu'un vrai, que celui qu'il avait eu en face de lui il y a deux ans... Ce sentiment de malaise, une sorte de vague balayant toutes vos craintes tellement la force d'attraction de cette bête était forte... Votre esprit est comme aspiré par les deux soleils brillant en face de vous : Ses yeux. Ryu tremblait... Oui il tremblait. Cela faisait combien de temps qu'il n'avait pas eu si peur ? Deux ans. Même la folie de Rann n'était rien face à la frayeur qui l'habitait... La sueur perlait son front. Il était incapable de bouger, d'esquisser le moindre mouvement. Un vent de terreur souffla lorsqu'il aperçut le sourire d'un des trois "hommes". Il vit le nombre de cadavres éparpillés au sol, il eut un haut le coeur, mais ce n'était pas pire que ce qu'il avait vu avec Rann... Il mit inconsciemment la main à son arme, dans son dos. Non, c'était inutile, il ne pouvait rien faire, il était bien trop faible, et jouer au héros ne servirait à rien... Elim, il pensa à Elim et arriva à bouger... Il se rua vers la maison de Larah sans regarder derrière lui, en implorant les dieux de ne pas se faire suivre par ces monstres... Il ouvrit la porte, Elim était cachée au grenier, tremblant de peur. Ryu la rejoint après avoir posé délicatement Na'Ki qui n'était pas vraiment blessé, juste inconscient... Il prit la soeur de Larah dans ses bras, il sentait ses tremblements, comme les siens... Elle lui souffla :

- C'est comme lui, Ryu, c'est comme lui...
- Qui ça ? Arriva-t-il à articuler.
- Comme Fatalis... Leurs yeux...
- Tu les as vu ?
- De loin... Comme ceux de Fatalis quand il a détruit le village... Il ne faut pas que Larah les rencontre...

Les Abîmes, une zone de la Tour que les deux frères Alister avaient rouverte en déblayant son entrée. C’était un vaste escalier qui descendait en profondeur, très en profondeur. La lumière n’était générée que par quelques torches allumées çà et là. Visiblement, les deux frères avaient déjà entamé l’exploration, ce qui n’était pas pour déplaire au groupe, qui aurait eu un mal fou à descendre ces escaliers sans faire de chute mortelle.
Ils adoptèrent une formation adaptée : Drakov en tête, Alix et Larah à ses côtés, Talf et Valence derrière elle et Alissa et Neilla en arrière garde.
Aucun son, pas de présence visible ou perceptible. Drakov demanda :

Drakov : Vous pensez que c’est leur présence qui a fait peur aux monstres ?
Larah : Possible, ils étaient déjà impressionnants pour nous qui sommes presque humains, alors pour des monstres normaux, ça a dû être la sonnette d’alarme.

Les minutes passèrent, avec un silence pesant et toujours cet escalier qui descendait. Finalement, ils arrivèrent sur une esplanade, une zone plate qui se terminait par un couloir. Et l’un des murs de cette salle avait été défoncé, par un monstre sans doute.
En s’approchant de l’orifice, Larah se baissa pour ramasser une pierre :

Larah : Mhhhh… On dirait que ces pierres ont été mordillées…

Ils étaient perplexes, le chemin ouvert devant eux semblait avoir été creusé à même la roche, dans le sol. Ils fixaient les ténèbres ouvertes devant eux : Qu’est-ce qui avait pu creuser une telle galerie ? Et dans quel but surtout ?
Un bourdonnement se fit entendre, Alix demanda :

Alix : Des Vespoids ?!
Drakov : Je pense pas… Leptrixs je dirais.

Larah frissonna : Mauvais souvenirs d’une quête pendant laquelle ils avaient dû en exterminer une flopée. Drakov les décrivit rapidement, Alissa se mit à rire :

Alissa : Juste des moucherons, rien de bien méchant.

Un rugissement suraigu résonna depuis la galerie, un pas tonitruant, qui fit vibrer le sol. Il avança vers eux, de la bave dégoulinant de sa mâchoire. Deux bons mètres de haut, pour cinq de long, des yeux à facette qui semblaient pouvoir cerner toutes les directions à la fois. Sa queue était terminée par un dard qui dégoulinait d’une substance probablement empoisonnée. Ses ailes irisées brillaient à la lueur des torches de la sale. Il avait une carapace blanche, ses yeux à facettes brillaient de toutes les couleurs. Il grogna, ses mandibules s’agitèrent.
Tous le fixèrent, prêts à bondir. Son crâne explosa, juste après un léger bruit de détonation. Alissa avait tiré, une munition normale de niveau trois. Elle jubila :

Alissa : Hum ! A peine plus dangereux qu’un Vespoid votre bestiole !
Drakov, tirant ses armes : Détrompe-toi, ça commence maintenant !

Un rugissement retentit de la galerie, puis un bourdonnement sourd. Le sol trembla de nouveau, sous la charge frénétique des Leptrixs, qui se couraient presque dessus pour venir se battre. Tous s’étaient regroupés au centre de la salle, Talf, Drakov, Alix et Larah faisant un cercle entourant Valence, Neilla et Alissa, qui pourraient les soutenir.
Ils n’avançaient pas, Neilla avait son arc bandé, Alissa ses deux mini fusarbalètes braqués sur eux, Valence commençait à jouer ses premières notes. Les Leptrixs encore dans la galerie s’écartèrent, en laissant passer un bien plus gros, beaucoup plus gros : Une carapace noire rayée par les coups, mais aussi par deux bandes bleues, à l’instar des rouges de certains Leptrixs. Faisant cinq bons mètres de haut pour quinze de long, celui-là était un sacré morceau ! Son dard était affuté et semblait aussi coupant que les armes des épéistes. Sa bave faisait fumer le sol quand elle le touchait et ses ailes étaient bien plus colorées et magnifiques. Il poussa un rugissement tonitruant. Talf s’exclama :

Talf : C’est pas juste ! Ils étaient pas aussi gros la dernière fois !
Drakov : Leur chef sans doute ! La dernière fois on a du croiser qu’un essaim isolé !
Tous : Damn !

Le Leptrixan, c’était le nom que Larah lui avait donné dans son carnet quand ils le regardèrent plus tard. Il semblait commander les autres en émettant des sons plus complexes, qui plus est, il semblait bien plus fort aussi. Mais il ne fallait pas oublier une chose : Les Leptrixs avaient beau être féroces, leurs défenses étaient extrêmement faibles, donc leur chef, bien que plus fort, devait avoir les mêmes faiblesses !
Le combat s’engagea ainsi.

Il y avait un bon nombre de ces saletés, des petits plus précisément… Drakov commençait déjà à en trancher en deux, trois ou quatre parties avec son katana. Alissa tirait sur ceux qui montaient au plafond. Talf, avec sa lance, embrochait ceux qui s’approchaient trop, Neilla protégeait la droite des chasseurs et Valence la gauche. Larah au centre, qui avait le moins de portée, leur indiquait les déplacements. Alix s’occupait des deux ou trois qui sortaient des fissures derrière eux. Le Leptrixan émit un espèce de rugissement. Drakov fit un mouvement circulaire pour se débarrasser de tous les petits devant lui et en conclut ceci :

- On arrivera jamais à les repousser si on ne tue pas leur chef ! Plus on en tue, plus il en vient.
- C’est le chef qui les appelle, cria Larah par-dessus le brouhaha.
- Alors je m’en débarrasse de loin, dit Neilla en lui visant la tête.

Elle décocha sa flèche qui vint se planter dans la tête d’un leptrix qui avait sauté pour protéger son chef. Neilla siffla de colère et tira à nouveau. Le même spectacle se fit. Alix s’approcha et proposa un plan :

- Larah et moi allons essayer de tuer le Leptrixan, avec nos armes beaucoup plus rapides que les vôtres. Mais pour ça, il nous faudrait un soutien.
- Talf et Drakov, ouvrez une brèche, ordonna Neilla.
- On va essayer, répondit le croisé Tigrex, Talf, t’es prêt ?

Pour seul réponse, le lancier chargea, épieu pointé vers l’avant. Drakov le suivit et découpa les survivants. Une fois le nombre maximum de leptrix embrochés sur la lance de Talf, Larah et Alix s’élancèrent vers le monstre alpha. Neilla les couvrait d’une pluie de flèches concentrée sur les flancs des deux attaquantes, tandis qu’Alissa tirait sur les défenseurs du chef. Valence jouait un air au cor qui fit oublier aux autres le danger des leptrix et leur permettre de se concentrer uniquement sur un seul et même objectif : Tuer le Leptrixan. Larah était en tête, Alix juste derrière. La première balayait les lignes ennemies et la deuxième prépara son assaut. Une tempête de flamme brula toute la première ligne ennemie, sur les trois rangées de monstre. Alix passa au-dessus de Larah en sautant sur une bête et transperça un des insectes en lui tombant dessus, elle enchaina avec un coup rotatif qui en découpa un autre, après ça, elle frappa du pied une des bêtes pour l’envoyer vers Drakov qui s’occupa de son cas. Talf s’était débarrassé de sa brochette d’insecte et retourna au combat à coup de bouclier. Neilla et Allisa jouaient à un jeu de précision, celle qui touchait la cible mouvante la plus rapide gagnait. Mais comme elles étaient aussi précise l’une que l’autre, c’était un autre jeu, dont le principe était d’en tuer le plus. Le Leptrixan passa à l’assaut et frappa vers Alix, qui esquiva d’une roulade sur le côté, bousculant quelques bestioles… Elle se fit vite submerger par la masse et c’est Larah qui vint lui enlever tous les gêneurs en frappant dans le vide et en envoyant des bourrasques gelées pour éloigner les insectes. Elle l’aida à se relever mais le monstre alpha rugit et frappa vers elles.
Drakov et Talf crièrent respectivement le nom de leurs petites amies et se précipitèrent vers elles avant que le coup ne soit donné, abandonnant leurs armes et poussant le monstre sur le côté. Valence passa à l’attaque et ravagea les derniers ennemis qui se trouvaient dans les parages. Comme les autres, elle recevait des coups de partout, qui n’entaillaient que très peu l’armure et qui griffait juste la peau. Les filles se retrouvèrent sous les pattes du leptrixan, poussé par les deux chasseurs. Ils l’envoyèrent plus loin et sortirent leurs amies de là. Alissa et Neilla pillonèrent les ailes de la bête, qui se trouait à chaque balle ou flèche reçue. Il rugit et s’élança vers ces agresseurs qui n’eurent autre choix que d’encaisser la charge du monstre. Son dard se leva brusquement et s’abattit vers les chasseurs. Valence broya l’une de ses pattes et il tomba sur le côté, l’insecte lui assena quand même un coup de boule, et profitant du fait que les autres étaient sonnés, il se précipita dessus, aiguilles sorties, mandibules claquantes. Valence ne le retenait qu’à l’aide de ses bras, malgré la douleur causée par la bave acidifiée… Elle lui donna un coup de poing entre les yeux, si ce n’est dire qu’il en a beaucoup… Elle lui redonna un coup mais sentit une des pattes s’enfoncer dans son armure. Alissa et Neilla n’arrêtaient pas de tirer, mais le monstre semblait ignorer cette menace. Drakov voulut aller aider la femme mais deux leptrixs de la taille d’un Kut ku adulte et en fin de vie se dressèrent devant lui. Talf passa entre les deux en courant, la lance en avant, il perfora le côté du monstre Alpha. Drakov récupéra son arme au sol et cria à Alix et Larah :

- Alix ! On s’occupe d’eux ! Larah, essaie d’aider Valence !
- Ca marche, acquiesça la première.
- Je m’en charge, rétorqua la seconde.

Alix activa la démonisation de ses armes et se lança sur le plus petit monstre qui claqua les mandibules en signe d’avertissement, elle lui trancha une patte en guise de réponse. Drakov frappa au dessus d’Alix pour atteindre l’abdomen de l’insecte et ainsi lui perforer ses points vitaux. Il planta son sabre et trancha verticalement le corps du monstre, il encercla Alix avec le bras et la fit reculer pour éviter l’attaque du deuxième monstre. Elle se dégagea en faisant reculer Drakov pour éviter la revanche des nerfs encore actifs de l’autre… Drakov l’acheva. Alix trancha les pattes du Leptrix restant, il contrattaqua en lançant l’une de ses griffes vers elle, il la toucha à la jambe, mais l’armure protégea le coup, elle sentit juste la force du coup. Drakov trancha le membre et donna un coup de pied dans la tête et Alix lui sauta dessus pour achever la bête en lui plantant l’une de ses armes dans la tête. Drakov tira Alix et l’embrassa pour sa performance… A moins que ce ne soit pas narguer ses sœurs…
Talf continuait d’appuyer avec son bouclier pour éloigner le monstre. Il poussait aussi fort qu’il pouvait et semblait bien réussir à faire bouger le monstre, malgré son poids. Valence redonna un coup de poing au monstre qui lâcha prise et se réfugia contre une colonne, où il prit appuie pour retirer la lance de Talf, et lui-même par la même occasion… Neilla sauta sur une colonne à son tour et tira dans le « cou » du monstre qui beugla de douleur. Larah se fraya un chemin à travers les derniers petits restants, elle en trancha un en deux qui avait essayé de lui sauter au dos, mais un plus gros en profita pour lui attaquait la jambe gauche. Elle le tua en lui plantant son sabre de feu dans les mandibules, mais comme le nombre fait la force, d’autres se jetèrent sur elle. Ils finirent coupés ou éclatés à l’aide d’Alissa, qui ne voulait pas lâcher l’affaire avec Neilla. Pour l’instant, elle était en tête, mais elles avaient conclus que le leptrixan valait 5 points, tandis qu’un leptrix 2, et les petits 1. Larah remercia Alissa de la tête et continua vers le leptrixan. Talf avait abandonné sa lance dans le corps du montre et esquivait désormais les griffes du monstre alpha. Il courrait dans tous les sens, et tapait les leptrix de son bouclier. Larah lui vint en aide et le protégea des leptrixs sur lui. Elle frappa de son sabre de glace puis de feu, pour faire un choc thermique assez vicieux. Talf la regarda et ils hochèrent la tête. Le leptrixan chargea vers eux, la lance était tombée, il était assez résistant pour combattre encore… Il rugit et tendit son dard vers Talf qui était le plus près. Alix et Drakov juste derrière Larah. Talf s’accroupit et leva son bouclier pour bloquer le dard qui s’enfonça vainement dans la défense impénétrable du chasseur. Drakov passa devant, sauta et trancha la queue du monstre dans une giclée de sang. Larah prit appuie sur le bouclier de Talf, qui n’attendait que ça boomerang dans la main droite, et sauta. Le jeune homme tomba en arrière dans un grognement produis par l’effort. Elle lança son boomerang qui se planta dans le cou du monstre et, de sa main gauche, qui tenait son sabre de feu, enfonça son arme dans le ventre du monstre, prise de vitesse, l’arme s’y enfonça totalement. Le monstre ne pouvait plus bouger, sa tête toucha presque le sol, Alix la lui trancha, ponctuant le combat.
Après avoir enlevé le sang des insectes sur leurs armes et armure et avoir pansé les quelques plaies, le groupe fit un bilan :

- Bon, on ne peut que continuer tout droit, ou alors, retourner en arrière, mais ça ne sert à rien, fit remarquer Larah.
- Belle conclusion, souffla Alissa, avec une pointe de sarcasme.
- Pardon ? Demanda Larah, qui avait bien entendu.
- Oh rien, je me disais juste que tu brillais d’intelligence dans ce groupe.
- Oh, je vois… commença Larah qui n’avait pas vraiment compris qu’Alissa se moquait surtout de Drakov, mais vois-tu… Vu ce qui nous accompagne, je crois qu’il est nécessaire d’arriver à ce genre de conclusion.
- C’est de moi que tu parles ? S’énerva Alissa.
- Faut que je t’explique à nouveau ?
- Euh… stop… (Talf essayait d’interrompre la dispute)…
- Non mais je rêve… Alix, change de partenaire, d’amoureux, de vie même, viens avec nous, vu ce qu’on trouve comme chasseur…
- Là ça par trop loin…

Drakov n’essaya même pas de les arrêter. Alix essaya mais finalement s’en dissuada, ce n’était pas de son niveau… Talf mangea une pomme, parce que bon, les pommes c’est cool et Valence cherchait des composants sur les monstres… assez découpés et explosés… Après cinq minute d’observation intensif de cailloux, Drakov essaya de retrouver la conversation pour les stopper :

- Ha… Je comprends désormais mieux pourquoi tu n’as pas de petit ami, conclut Larah.
- C’est parce que moi, je ne me contente pas du premier venu…

Talf recracha le morceau de pomme qu’il avait dans la bouche et se tourna vers Alissa. Drakov lui mit la main sur l’épaule et lui fit comprendre que ce n’était pas la peine de s’interposer. Neilla assise sur rocher, attendait de voir quand Larah pourrait se prendre un coup… même si la dernière réplique d’Alissa l’avait un peu énervée… Finalement, Larah laissa tomber en levant les bras au ciel avant de les croiser. Alissa sourit, triomphante, et regarda Larah du coin de l’œil qui souriait à peine. Talf et Drakov, dépités, partirent dans la seule direction possible. Neilla sauta et se joignit le plus près possible de Talf… Alissa tapa dans le dos de Larah, qui se vit désormais porteuse d’une scoliose, Valence suivit sa sœur et Alix excusa Larah pour le dos et la dispute, elles rejoignirent les garçons qui avançaient toujours dans l’obscurité, toujours poursuivis par cette étrange présence…

Le petit groupe continua sa descente après quelques instants de repos dédié à l'aiguisage et au dépeçage. Alissa avait changé de position avec Larah et se trouvait juste derrière Drakov, avec sa petite sœur à ses côtés.
Larah était partie au fond, Valence s’excusa encore une fois :

Valence : Désolé, Alissa a toujours un tempérament pas prévisible.
Larah, encore énervée : C’est rien.
Neilla : Quand même, par premier venu… Je me demande à qui elle faisait référence.
Larah, piquée au vif : Valence, tu veux pas échanger ?

En riant, la grande sœur d’Alix accepta et se retrouva à l’arrière garde, Larah, elle, était aux côtés de Talf, qui avait aussi bougé. Drakov, en tête, était satisfait d’avoir pu embrasser Alix devant ces deux sœurs : A peine une trentaine de minutes qu’elles étaient là et il ne pouvait déjà plus les blairer.
Un rugissement sauvage et puissant le tira de ses pensées. Tous s’immobilisèrent. Drakov argua :

Drakov : Pour le coup, je suis forcé de reconnaître que ça ressemblait à un Teostra… Mais y a quelque chose de différent.
Alissa : Pourquoi tu t’en fait ? Tous les Teostra n’ont pas le même cri.
Larah : Le bruit en général est le même, là il a raison, c’est différent, on dirait qu’une Lunastra à gueulé en même temps.
Alissa : N’importe quoi…

Le cri se répéta, plus puissant cette fois. Ils continuèrent d’avancer dans ce couloir sombre. Bientôt, les torches qui les éclairaient ne furent plus allumées, tous comprirent que les deux frères Alister n’étaient pas allés plus loin que ça… Ou qu’ils avaient fait sans torche.
Drakov s’arrêta un instant, attrapa une torche sur l’un des murs, puis celle du mur d’en face. Il s’avança vers Alissa :

Drakov : Je vais avoir besoin d’une munition enflammée, t’as ça ?
Alissa, perplexe : Je… Euh...

Elle fouilla dans sa bourse et en sortit une petite balle rouge vive, ainsi qu’une seconde. Elle lança :

Alissa : Tiens, les voilà.

Il les prit et cassa chacune d’elle au-dessus d’une torche, d’un coup de couteau à dépecer dedans. Les torches prirent rapidement. Ainsi, Alix en prit une et Neilla prit l’autre, le groupe, ainsi éclairé, poursuivit son chemin, qui dura assez longtemps pour qu’ils en perdent la notion du temps. Leur trajet était seulement ponctué par ce rugissement sauvage, dont la source semblait être un peu plus proche à chaque pas.
Soudain, il leur sembla apercevoir une lumière au bout du tunnel. Talf commenta :

Talf : C’est pas bon ça…
Valence : Qu’est-ce que tu racontes ?
Talf : Bah le dernier mec que j’ai connu qui a vu une lumière au bout d’un tunnel il en est pas revenu.

Un silence général s’installa, tous le fixaient, il toussota :

Talf : En avant !
Tous : Ouais…

Ils reprirent leur marche et, quand ils arrivèrent, ils eurent une vision qui les marqua : Un lac de lave, un véritable lac de lave. Ils venaient de sortir du couloir, ils devaient maintenant emprunter un escalier pendu dans le vide qui rejoignait une sorte de plaque en pierre de la Tour, qui flottait sur ledit lac. En arrivant dessus, ils se rendirent compte que d’autres escaliers partaient d’un peu partout et que les parois de la salle étaient constellées de trous, assez gros pour laisser passer un Teostra adulte. Larah commenta, brisant le silence :

Larah : Dans quelle espèce de merdier on est tombés encore…

Un hennissement la rappela à l’ordre. Ils firent tous volte-face : Une crinière d’un noir pur, des marques blanches luisantes parcourant son corps, des yeux turquoises portés sur le groupe. Dans un nouvel hennissement, le Kirin Noir se cabra, des éclairs noirs cernés de rouge tombèrent un peu partout autour de lui. Une provocation, le combat allait commencer et leur première cible semblait s’être montrée d’elle-même et être seule.
Alix nota soudain :

Alix : Il est blessé… Regardez son flanc droit.

Ils le firent : Du sang s’écoulait en effet d’une vilaine plaie, infligée par ce qui semblait être… Des griffes ?!

Drakov : Qu’est-ce qui serait assez taré pour aller s’attaquer à un Kirin Noir ?!
Larah : Nous pour commencer… On verra pour ces blessures plus tard, pour le moment on doit se charger de lui.

La bataille s’engagea sur ces mots, le Kirin hennissant de plus belle.

- Il nous défie, en plus ! Cria Valence.
- Tout ce que j’espère, pria Talf, c’est que sa blessure soit grave… M’inspire pas confiance ce truc…
- Ne rêve pas trop, dit Alix, il a l’air en forme, même pour une blessure pareil…
- On en a maté des plus durs que ça, pesta Larah.

Le Kirin hennit et des éclairs tombèrent autour de lui… Larah fut mise en première ligne, c’était la seule à avoir une résistance à la foudre potable grâce à son armure… Drakov et Alix étaient protégés par le bouclier de Talf –et sa lance qui servait de paratonnerre, même si personne ne le précisa-. Valence et Alissa était juste derrière Larah, la tireuse avait repéré une esplanade d’où elle pourrait tirer sans être trop à découvert. Neilla se plaça tout derrière, et au moment où ils chargeraient, elle s’élancera sur la droite pour encercler le cheval de foudre. Ce dernier, grattant le sol de ses sabots, semblait plus posé sur la défensive que sur l’attaque, pour le moment en tout cas. Larah resserra son étreinte sur ses armes et s’élança vers lui, Drakov et Alix suivirent, éloignés des uns des autres pour éviter de se passer le courant. Le Kirin se cabra et fit tourner sa tête pour diriger les éclairs vers la première ligne. Larah se stoppa net en voyant un éclair se former devant elle ; Drakov et Alix sautèrent sur les côtés pour éviter les leurs. La foudre frappa le sol : un éclair noir pur, dont le sol était désormais brulé, fumant, marqué de trace de la même couleur… Larah écarquilla les yeux et recula d’un pas. L’élément utilisé par la bête était bien plus dangereux que de l’électricité normale… Et de tous… c’était elle qui serait la plus faible contre l’élément qu’on appelait « Dragon », un pouvoir antique utilisé par les Dragons Anciens, qui avaient donné leur nom à cet élément.
Drakov comprit aussi. Le combat commençait à peine, mais il demanda quand même à Larah de faire attention et d’attendre à l’arrière en cas d’électrocution… Mieux vaut prévenir que guérir. Elle hocha la tête et se remit en position de combat. Talf avançait lentement, pointe dressée et menaçante, il se cachait derrière son large bouclier qui le protégeait entièrement. Le monstre sauta sur un rocher pour avoir une plus longue vue sur le groupe et baissa la tête en grattant le sol. Alix et Valence, qui était proche se regardèrent sans comprendre le but de cette manipulation. Talf et Larah eurent tous deux un réflexe de se retourner et prévenir les autres : Drakov et Neilla n’eurent pas besoin d’explication, le Kirin utilisait une technique bien plus sournoise que les autres, il semblait cibler tout le monde, mais un seul subirait un éclair dévastateur :

- Il n’hésite pas à sortir le grand jeu dès le début, grogna Larah.
- Peut être qu’ils se doutent qu’il va prendre cher s’il ne fait rien, cria Alissa, cachée derrière son rocher.
- Ca m’étonnerait, commença Drakov, il cache quelque chose, c’est pas possible sinon, on ne l’a même pas encore touché !

Le Kirin releva soudainement la tête et se cabra, sa corne s’illumina et tous regardèrent au-dessus d’eux, pour voir si la foudre frapperait… Drakov et Valence sautèrent au sol avant de se faire toucher. Sans crier gare, le cheval sauta et se précipita sur Valence au sol, il avait prévu leur réaction, visiblement. Larah calcula qu’il passerait près d’elle s’il voulait être plus rapidement sur la croisé Plésioth vert. L’escrimeuse vit le monstre tout près d’elle et frappa de ses deux armes. « En plein dans le mille. », se dit-elle. Elle rata magistralement son coup et faucha le vide. Le cheval de foudre était désormais à deux mètres d’elle. Talf aussi surpris qu’elle fonça vers Valence et glissa au sol pour arrêter la charge. Alissa tira pour protéger sa sœur et rata lamentablement sa cible d’un mètre et demi. Neilla décocha une flèche qui ricocha sur le sol : Non seulement il était petit, mais il était terriblement rapide… Drakov passa devant Larah, dépitée, et réussit à frapper le cheval du bout de sa lame, ce qui modifia sa trajectoire et le fit se tourner vers Drakov. Ce dernier recula en sautant en arrière et en fauchant l’air pour dissuader le Kirin d’attaquer. Mais cela ne l’empêcha pas de foncer vers le croisé Tigrex, la corne en avant pour l’empaler. Cette fois-ci, Larah sauta et ne rata pas son coup, sa lame frappa la cuisse du monstre qu’elle avait atteint en faisant une fente. Le monstre continua sa course et s’arrêta devant Drakov, se cabrant pour lui donner un coup de sabot dans la figure. Talf chargea et frappa la cuisse du canasson de son bouclier qui le fit tomber avec sa cible, ils se relevèrent rapidement, et sans avoir besoin de se cabrer pour invoquer son pouvoir, le Kirin s’entoura de foudre et frappa autour de lui. L’épée de Larah tomba au sol après qu’elle la lâcha, frappée au bras. Drakov reçut un puissant jus dans tout le corps, alors que seul son pied avait été frappé et Talf bloqua ce qu’il put avec son bouclier, n’évitant pas la décharge…
Le cheval se tourna vers Talf, menaçant. Le chasseur recula doucement puis il sauta sur le côté, laissant la surprise à la bête de voir apparaître Alix et ses deux sabres qui lui frappèrent les côtes et les jambes. Le cheval hennit et prépara à nouveau sa foudre. Alissa tira dans sa blessure déjà ouverte et Valence lui montra de plus près son cor de chasse. Le monstre glissa plus loin et hennit de plus belle. Il sauta sur son rocher et baissa la tête comme tout à l’heure, mais cela paraissait différent.

- Il va encore en viser deux ! S’exclama Alix.
- Non, sa posture est différente cette fois, remarqua Alissa.
- On dirait qu’il concentre plus d’énergie, observa Talf.
- Si c’est le cas, préparez-vous, tous ! Prévint Drakov.
- Larah, ça va mieux ?
- Pas top… Il ne m’a pas raté !

Elle avait encore quelques spasmes nerveux au niveau des doigts. La fourrure Kirin l’avait protégé en partie du choc, après, pour la décharge, c’était autre chose, même si son armure était isolante…

- Si ça ne va pas, reste en arrière ! Lui proposa Drakov.
- Je te remercie, mais je ne vais pas m'arrêter pour ça... Je vous rappelle qu'on en a deux, je vais quand même pas abandonner dès le début...
- Quand je dis "tu arrêtes", tu t'arrêtes, l'interrompit Talf.
- Je... d'accord.

Neilla fut aussi surprise que Larah par la réaction de Talf, elle se rapprocha de Larah et lui chuchota :

- Je vais lancer des flèches au sol pour faire paratonnerre, je te conseille de ne pas trop d'en approcher, je ne sais pas si l'énergie ne sera pas relâchée une fois contenue, mes flèches ne sont pas des réceptacles...
- Merci pour l'info. Je dois t'avouer que pour une fois, tu m'as donné une idée.
- Tu comptes avoir tout le monde sur le dos à la fin de la quête ?
- Possible, même si je doute que Drakov est irritable...
- Haha, propose lui de sortir avec lui, je crois que là tu pourras aller creuser ta tombe.
- Oh non, là ce serait pousser...
- ... Mais drôle.
- Désolée de vous interrompre, mais on a pas le temps de jacasser, cria Alissa. A moins que l'idée d'être désintégrée vous intéresse.
- Sans façon.

Le Kirin frappa le sol de ses sabots et un formidable éclair vint frapper près de Drakov, qui l'esquiva en se jetant au sol et en criant : "Pourquoi moi ?!" Il atterrit violemment et se releva en grognant. Alissa tira vers le monstre qui esquiva. Alix alla aider Drakov :

- Il te vise à cause de ta porté, t'es celui qui peut le toucher de loin comme il le faut, en lui causant de lourds dégâts.
- Je peux peut-être prêter un de mes katanas à quelqu'un.
- Hum... Je ne sais pas, il faudrait voir avec les autres...
- Sauf que se concerter ici est peut être un peu dangereux...
- Alors on verra dans le feu de l'action...

Le Kirin les fixait tous avec impassibilité, sa vitesse lui conférait un avantage indéniable et il pourrait facilement se débarrasser d’eux une fois ce gêneur au katanas hors circuit. Il poussa un hennissement de défi, tous se mirent en garde.
Drakov râla un peu : Passer un katana ? Il n’avait rien contre, mais encore fallait-il trouver quelqu’un qui saurait frapper ce monstre sans se manger un éclair.
Il fut tiré de ses pensées par une vague d’éclairs, lancés simultanément par l’équidé noir. Ces derniers bombardèrent un arc de cercle face à lui, forçant ses opposants à se retirer à une distance respectable.
Alissa descendit de son esplanade. Elle lança, en s’approchant de Drakov, sous le regard du Kirin qui attendait un assaut pour contre-attaquer :

Alissa : File m’en un.

Tous se tournèrent vers elle.

Alix : Mais, t’es spécialisée dans les fusarbalètes, non ?
Alissa : Il serait temps que je m’y mette sérieusement, vous allez voir ce que c’est d’utiliser ses gènes à plein potentiel.

Drakov lui tendit son katana foudre/dragon, qu’elle empoigna fermement. Elle rengaina un de ses deux pistolets pour le prendre, puis lança, souriante :

Alissa : Valence ! Je vais avoir besoin d’un soutien.
Valence : Bien reçu !

La joueuse de cor de chasse empoigna son instrument et commença à jouer. Alissa lança :

Alissa : Vous allez sentir le boost d’attaque, quand ce sera fait, on lance un assaut.
Larah : Euh, t’es pas bien ? Il attend que ça justement !
Alissa : Et il va être servi.

Elle activa ses gènes, tous firent un léger pas en arrière : C’était tout son corps, visage excepté, qui s’était couvert d’écailles noires, semblables à du magma refroidi. Elle expliqua brièvement :

Alissa : Maîtrisé à fond, votre stade 2 donnera quelque chose comme ça.

Personne ne posa de questions, le boost d’attaque de Valence vint, tous s’élancèrent, Alissa bien plus rapide grâce à de puissants appuis au sol. Elle frappa d’ailleurs en première, le Kirin esquiva le coup d’un bond de côté et fit tomber un éclair sur la croisé Lavasioth, qui l’évita en lançant le katana de Drakov en l’air, afin qu’il joue le rôle de paratonnerre. Elle braqua ensuite son fusarbalète sur la face du monstre et tira : Une munition plomb de niveau 3, en pleine face, les divers impacts infligèrent des dommages au Kirin.
Ce dernier n’apprécia pas du tout l’attaque, il tourna rapidement sur lui-même et frappa, un double coup de sabot qu’Alissa ne vit pas venir. Atteinte en pleine face et, malgré l’épaisseur de ses écailles, elle recula de plusieurs pas, sonnée. La katana de Drakov retomba et se ficha au sol, entre elle et le Dragon Ancien. Larah en profita et, d’un bond, fit danser ses lames sur le Kirin, qui avait oublié sa présence. Une démonisation, des flammes et de la glace mordant sauvagement la blessure du Kirin qui se cabra de douleur.
Une ouverture dont Neilla profita, elle décocha trois flèches, qui se fichèrent dans le torse du monstre, lui arrachant un cri douloureux. Talf s’approcha ensuite, lui collant un coup de bouclier afin de la faire tomber lourdement au sol. Drakov et Alix attaquèrent ensuite, ils frappèrent avec véhémence. Les entailles apparurent, ils purent se rendre compte que son cuir était bien moins épais et difficile à percer que celui d’un Kirin normal, une bonne nouvelle.
Le monstre ne se laissa plus malmener et fit pleuvoir des éclairs, qui incitèrent tout le monde à reculer. Il se redressa, péniblement, Alissa courut droit vers lui, empoigna le katana et, l’utilisant comme une perche, elle s’élança sur l’équidé noir, à qui elle colla une droite monumentale qui lui fit tourner la tête. Provoqué, il contre attaqua d’un rapide coup de flanc, qu’elle encaissa dans le ventre. Mais le coup n’était qu’une diversion, alors qu’elle glissait au sol, deux éclairs lui tombèrent dessus, presque simultanément, ce qui lui arracha un cri de douleur.
Les Lavasioths avaient beau ne pas craindre l’élément dragon, son armure naturelle n’était pas suffisante pour la protéger d’une telle décharge. Elle tomba à genou, serrant les dents pour oublier sa douleur et encore fumante, des éclairs noirs crépitant sur elle.
Neilla attira l’attention du monstre en lui collant une flèche en plein dans le cou. Il se tourna vers elle avec un regard menaçant. Il se stoppa un instant, les éclairs crépitèrent autour de lui, ouvrant plusieurs petites entailles dans son cou. Tous écarquillèrent les yeux : Son propre élément était en train de la blesser ?! Donc quand il s’énervait, c’était comme s’il entrait en surchauffe.
Larah prit l’initiative et lui fonça droit dessus, il l’esquiva d’un bond de côté et chargea droit vers Neilla, s’entourant d’éclairs.
L’archère esquiva de justesse, mais reçut un coup de jus dû à un des éclairs. Ce qui la cloua au sol et la fit grimacer de douleur. Valence s'approcha à cet instant, quand le Kirin se tourna vers Neilla et s’apprêta à lui fracasser le crâne d’un coup de sabot. Ce fut lui qui se prit un coup dans la face, un coup puissant, porté par le cor de chasse de la croisée Plesioth Vert, qui en avait profité pour jouer une mélodie régénérant les blessures. Tous se sentirent un peu mieux, mais guère plus que ça. Neilla et Alissa durent avaler une potion pour oublier que les éclairs noirs ça faisait mal.
Le Kirin Noir hennit et chargea, séparant le groupe en deux. Alissa, Alix et Drakov d’un côté, Valence, Larah, Talf et Neilla de l’autre.
Il se retourna et pilonna l’arène de ses éclairs noirs. Tous firent de leur mieux pour enchaîner les esquives, ce qui n’empêcha pas Talf, Drakov et Alix de recevoir un des éclairs noirs du dragon ancien. Ils grimacèrent de douleur et furent contraint d’avaler une potion pour oublier cette douleur lancinante. Une nouvelle salve de munition plomb empêcha l’équidé de charger en le faisant reculer. Alissa avait encore tiré. Elle empoigna le katana que Drakov lui avait prêté et se mit en garde. Ses gènes se désactivèrent d’eux même, visiblement elle les maîtrisait bien, mais pas assez sur la durée.
Du sang perla de sa bouche. Alix s’inquiéta :

Alix : Alissa, ça…
Alissa : T’occupes, reste concentrée.

Elle cracha une gerbe de sang et fit craquer sa nuque. Elle réactiva ses gènes, mais de façon moindre, couvrant seulement ses bras, pour renforcer ses frappes. Elle ne pourrait pas activer sa forme avancée avant de recevoir des soins, donc pas pour ce combat, mais cela importait peu, ce Kirin tomberait de toute façon.
Le Kirin amassa de nouveau de l’énergie autour de lui, les éclairs crépitèrent, lacérant son cuir un peu partout. Tous étaient en garde, prêts à le recevoir comme il se devait.

Le Kirin noir hennit et ses éclairs, crépitant autour de lui, redoublèrent d’intensité, des plaies s’ouvraient de part et d’autres de ces membres, faisant jaillir du sang à chaque entaille. Chacun renferma sa prise sur son arme et se prépara à un assaut brutal. Lorsque les kirins s’énervaient, il n’était pas rare de se prendre une raclée monumentale. En plus de cela, il était plus rapide que la normal, alors pour ce qui était de le suivre… il était plus facile d’esquiver que d’espérer l’atteindre. Neilla, qui n’arrivait pas à le toucher lorsqu’il était en mouvement, proposa de le laisser se tuer seul, par ses éclairs :

- T’es sérieuse ? Demanda Talf.
- Bien sûr que non… T’imagine le temps que ça prendrait pour qu’il se tue seul ?
- Non, en effet, je ne veux pas vraiment savoir… Mais l’idée est pas mal, on pourrait lui faire des blessures qui ne guérirait pas, c’est envisageable s’il décide de fuir.
- Restez concentrés, il ne risque pas de nous laisser d’ouverture… Prévint Larah en reculant pour le leur dire.

Le kirin gratta du sabot et s’élança d’un bond chargé de foudre. Il sauta sur trois mètres et tendit sa corne pour empaler Alissa, qui esquiva maladroitement et se retourna pour faire face à la bête qui continuait sa course effrénée. Il passa près de Drakov qui frappa le corps du cheval mais rebondit à l’impact de son cuir. Il recula en chancelant et sentit une colonne derrière lui. Il vit le Kirin se tourner vers lui dans sa course et sauter vers lui, comme il savait si bien le faire. Drakov sauta au sol et le laissa passer au-dessus de lui. Le kirin freina et dérapa dans un nuage de poussière, il chargea sa corne et envoya une chaîne d’éclair vers Larah, Talf et Neilla. Ils se dispersèrent pour éviter les attaques et sentirent seulement la chaleur se dégager des impacts. Le kirin recommença sa charge, Valence et Alissa l’attaquaient de chaque côté, courant elles aussi, elles levèrent leurs armes mais des éclairs se formèrent au-dessus d’elle. Alix poussa un cri d’exclamation, il envoyait des éclairs en bougeant ? Il était rare de voir un individu arrivait à ce point… c’était d’ailleurs les Kirins de rang G qui pouvait charger et déployer une chaîne d’éclair derrière eux… Dans quelle galère ils étaient encore tombés ?! Alissa et Valence esquivèrent en roulant au sol. Elles subirent un faible courant tout de même et se relevèrent en secouant la tête. La bête se tourna vers Alix : son regard turquoise semblait briller deux fois plus qu’avant. Il s’approcha en marchant cette fois-ci, tout le monde était un peu à terre, ou était en train de se relever, il n’y avait qu’Alix debout. Elle reculait, croisait ses armes pour encaisser une quelconque attaque. La corne du kirin s’illumina, toutes les lumières de la salle semblait s’être éteintes, il ne restait que cet éclat rougeoyant comme des braises. Il fit un arc-de-cercle avec sa tête, il se cabra et relâcha son énergie :

- Dégage de là, Alix ! Hurla Drakov.

Trop tard, elle était totalement paralysée, n’importe qui l’aurait été de toute manière. Le Kirin relâcha sa rage vers la jeune femme. Le choc fut violent, Talf tenait son bouclier le plus fort possible, Alix était derrière lui, il avait bondi comme il avait pu, mais il n’avait pas pris ses appuis. Il glissait sur le sol vers Alix. Larah lui ordonna de sauter sur le côté avant que Talf arrive sur lui, elle s’exécuta comme elle put et sauta sur le sol. Le Kirin n’envoya plus de foudre, il baissa la tête, il refroidit son corps. Talf tomba en arrière sous la force du choc. Son bouclier fumant et brulant, la trace au sol était clairement visible : Une longue ligne noire fumante. Alix se releva difficilement et regarda Larah se précipiter sur Talf. Neilla en position accroupie, arc bandé vers le Kirin, elle tira une salve de flèche. Valence et Alissa se firent et hochèrent la tête. Alissa fonça sur le Kirin pour le taper tandis que Valence jouait un air pour encourager les autres. Drakov se précipita sur Alix, encore un peu choquée par la puissance de l’attaque. Elle tremblait même légèrement. Larah aida Talf à se relever ave difficulté… la différence de taille était frappante. Neilla envoya une flèche dans le cou du monstre qui hennit en reculant un peu. Alissa frappa tout le corps du cheval dans la longueur. Il invoqua des éclairs pour l’éloigner et fut touchée à la jambe, elle tomba au sol et recula à tâton à travers la salle. Le kirin secoua la tête et regarda la blessure que l’on venait de lui infligé. Elle était profonde au début de l’impact, mais moins importante vers la fin. Il hennit faiblement et secoua tout son corps, il se chargea à nouveau d’éclair.
Larah traina Talf contre un rocher. Il avait les yeux fermés, ce qui inquiéta fortement Larah, elle regarda l’état de son bras qui avait bloqué l’attaque : il n’était pas cassé ni fracturé. Elle souffla de soulagement et appela Talf qui était inconscient. Elle entendit le cheval hennir, on s’occupait de lui, ça la rassura légèrement. Neilla relâcha sa position défensive et se dirigea vers Talf. Elle attrapa une potion dans son sac et essaya de la faire avaler à Talf. Il toussa deux trois fois et battit des paupières. Larah et Neilla penchées au-dessus de lui, il ouvrit à moitié ses yeux, et entre ses cils, ils discernaient la même personne en double (Oui, je rappelle que Larah et Neilla se ressemble). Il parla mais les deux femmes ne comprirent pas. Elles tendirent l’oreille :

- Il a dit quelque chose, on est d’accord ?
- Oui oui.
- Gnn… Où suis-je… ?... Laissez-moi devinez… Au paradis !
- Je ne peux pas supporter son sourire nié… Larah, fais ce que t’as à faire.
- Ow… C’est peut-être pas le moment de l’assommer encore plus…
- Fais tout pour qu’il revienne à la réalité…
- Bon, désolée Talf.

Larah lui enfila une baffe. Il réagit instantanément et se leva en criant : C’est l’enfer en fait ! Il se prit un coup de la part de Neilla qui le renvoya vers son caillou. Il reprit à peu près ses esprits. Le Kirin aussi d’ailleurs, il fonçait vers eux. Enfin, il fonçait tête baissée vers eux, il y avait une sortie derrière les chasseurs. Drakov et Alix lui courraient derrière en criant aux autres de faire attention. Larah et Neilla prirent chacune un des bras de Talf et le tirèrent rapidement hors du chemin du Kirin. Larah attrapa ses sabres et frappa dans le vide pour déclencher leur pouvoir. Le Kirin ralentit déjà un peu plus. Il s’arrêta presque en fait, Neilla l’attendait fermement, trois flèches chargées, devant la sortie. Il hennit ( il n’y a que ce verbe, sérieux ? ) et chargea un éclair, il tira vers Neilla qui sauta sur le côté et esquiva facilement. Drakov arriva à portée et tapa la cuisse du monstre avec le plat de son arme pour le défier. Le canasson se cabra et fit pleuvoir des éclairs en cercle autour de lui. Larah et Alix démonisèrent leurs armes et s’élancèrent sur le monstre. Alix glissa au sol pour le taclait et le déséquilibrer, ce qui ne marcha pas du tout. Elle roula sur le côté pour éviter les sabots. Ca avait au moins servi de distraction au Kirin. Larah en profita pour tournoyer sur elle-même en lui infligeant de légers dégâts à de nombreux endroits. Le Kirin généra des éclairs autour de sa fourrure et se tourna très rapidement, dos à Larah pour lui assener deux coups de sabots dans le ventre. Elle recula et tomba les genoux au sol. Du sang coulait aux extrémités de sa bouche. Le cheval se tourna et aurait donné un coup de corne si Alissa n’avait pas plaqué Larah au sol. Drakov donna un coup d’épaule au canasson pour le forcer à se replier. Il reçut des éclairs dans l’épaule, ce qui calma grandement Drakov. La bête monta sur un rocher d’un bond pour faire un petit bilan : Drakov agitait les bras pour calmer la douleur, Alix était à ses côtés, plus loin il y avait Neilla qui attendait toujours le monstre à la sortie, préparant un tir, Alissa était devant Larah qui avait une main sur l’endroit de l’impact, l’autre pour se tenir au sol, Talf alla vers Larah et il restait Valence, qui jouait toujours. Il se secoua et se cabra, prêt à redescendre.
Talf se baissa en trombe vers Larah, elle lui sourit faiblement. Il l’a pris sur son épaule et commença à reculer doucement, pour ne pas attirer l’attention de la bête. Il lui donna une potion et attendit que ça passe. Ils étaient à peine remis de leurs blessures, même si ce n’était que superficielle. Le cheval se prépara pour un ultime assaut. Il sa cabra et fit tourner de la foudre autour de lui.

Un ultime assaut, c’était vite dit, la bête était encore vivace et avait encore de l’énergie en réserve, même si cette dernière avait tendance à lui causer des dommages irréparables au niveau corporel.
Il gratta de nouveau le sol, les éclairs amassés autour de lui s’intensifièrent, l’équidé tapa du sabot sur le sol, les éclairs pilonnèrent sauvagement l’arène. Tous durent se jeter au sol pour esquiver, pour Larah, à peine remise de ses blessures, l’esquive se fit de justesse, mais elle sentit tout de même un picotement dans sa jambe, signe que l’éclair n’était pas tombé loin.
Le cheval noir zébré de blanc poussa un hennissement de fureur et charge, corne en avant, à une vitesse encore ahurissante au vu des blessures que son corps portait. Neilla le dissuada d’empaler Larah comme il avait initialement prévu de faire en décochant plusieurs flèches sur un zone avant qu’il n’y passe. Sa technique paya, puisqu’elle parvint à lui coller deux traits en plein dans le cou. L’équidé noir stoppa sa charge et s’ébroua, visiblement, il n’aimait pas ça non plus, surtout que les flèches plantées dans son cou étaient entrées par des plaies déjà ouvertes par l’élément dragon et donc extrêmement douloureuses.
Il tourna la tête vers elle et, d’un mouvement de tête la bombarda d’éclairs noirs qu’elle esquiva à grande peine tant ils pilonnaient la zone rapidement. Mais le monstre laissa ainsi une ouverture. Valence cessa de jouer la mélodie qui renforçait les dommages et chargea, pour porter un coup ascendant magistral au Kirin Noir. Ses gènes activés renforcèrent la véhémence de l’impact. Le Kirin décolla de quelques centimètres du sol et s’écrasa lourdement sur le dos. Les éclairs noirs plurent à cet instant, histoire de la couvrir alors qu’il se redressait.
Valence était fière d’elle, mais une telle attaque ne marcherait pas deux fois, d’autant qu’elle avait failli se casser le bras en tapant. Le Kirin s’était à présent tourné vers elle, prêt à décharger toute sa rage sur cette arrogante. Pourtant, il fut détourné de son but, Drakov et Alissa arrivèrent chacun d’un côté et abattirent leurs lames, qui taillèrent la peau fragilisée avec aisance mais eurent du mal à pénétrer profondément. Le Kirin se cabra et la foudre noire rugit, tombant pile sur les positions des trois hunters, qui esquivèrent au mieux. Toutefois, Alissa ne parvint pas à bouger comme elle le voulait, en effet, elle n’était que peu habituée aux katanas, ce qui ne l’avantageait pas dans ce combat.
Le Kirin se tourna vers elle, qui avait posé un genou au sol en grimaçant de douleur. Il lui colla un coup de flanc magistral, chargé de ses éclairs noirs qui firent des dommages supplémentaires à la croisée Lavasioth. Elle tomba lourdement au sol et roula, avant de se redresser péniblement et de tousser une gerbe de sang. Le Dragon ancien s’était déjà tourné vers elle, Valence et Alix eurent un cri commun :

Valence/Alix : Alissa ! Fais gaffe !

Elle leva les yeux, pour voir le Kirin qui chargeait vers elle, corne en avant. Elle serra les dents et e prépara à l’impact, qui ne vint pas. En effet, Talf et Drakov, le premier via son bouclier et le second avec son poing droit couvert d’écailles, avaient frappés, sonnant littéralement le cheval noir, qui tituba un peu avant de reprendre ses esprits. Ce laps de temps fut court, mais suffisant pour que la croisée puisse se redresser et reprendre la bataille.
L’équidé noir hennit une nouvelle fois et se tourna vers le groupe de chasseurs, qui s’était reformé. Il chargea, à toute allure vers eux. Ils eurent un réflexe qui les incita à bondir de côté et leur sauva la vie, tous sauf Alix, qui se retrouva embarquée par le Dragon Ancien. Ce dernier continua sa course et l’arc-bouta, afin de propulser littéralement la chasseuse contre un pilier. L’impact fut violent et lui arracha une gerbe de sang ainsi qu’un cri de douleur. Drakov se précipité vers elle et Alissa détourna l’attention du Kirin d’une munition plomb placée en plein dans sa face. Heureusement pour les autres chasseurs, la corne du monstre avait toujours ses propriétés magnétiques, ce qui leur évita de recevoir les projectiles émis par la balle.
Le Dragon s’ébroua et se tourna vers celle qui l’avait provoqué, qui souriait comme une démente. Il chargea.
Pendant ce temps, Drakov s’occupa d’Alix :

Drakov : Hey ! Tu vas bien ?
Alix : A deux ou trois côtes près, oui.
Drakov, lui tendant une potion : Tiens.
Alix : Merci.

Il la lui fit boire et elle oublia un peu la douleur. Le croisé Tigrex lui en fit boire une autre, elle put enfin se relever, mais pas sans son aide. Elle reprit ses armes et avala un Méga jus, pour pouvoir courir en ignorant la douleur de ses côtes fêlées. Drakov se mit à côté d’elle, prêt à la soutenir au possible.
Alissa, qui avait esquivé la charge du Kirin, lui colla un double coup de katana en pleine face après l’avoir fait. D’un bond de côté, elle s’était mise hors de sa trajectoire et de l’autre, elle l’avait lacéré quand il était passé. Le Kirin fit deux pas de côtés. Ils parvenaient à le toucher alors qu’il bougeait, ce n’était pas bon ! Il ralentissait !
Il décida de mettre sur le tapis ce qu’il savait faire de mieux. Il dégagea Alissa de son flanc droit d’un coup bien porté dudit flanc. Ensuite, il laissa crépiter les éclairs autour de lui et dissuada Talf et Larah, qui chargeaient, de s’approcher plus en pilonnant vers eux.
Deux pas en avant, il prit un solide appui au sol et, d’un bond, il fit un véritable salto, à deux bons mètres du sol. Ce mouvement était assez rare chez les Kirins, il l’était donc encore plus chez les Kirins Noirs, mais celui-là savait visiblement le faire. Pendant son salto, il relâcha des décharges un peu partout, ce qui eut pour effet de véritablement quadriller toute l’arène sous des éclairs noirs.
Il tomba lourdement, la tête assez basse pour regarder ses adversaires dans les yeux. Ils étaient tous face à lui, tous à genou, car oui, tous avaient reçu un de ses puissants éclairs. Il marcha vers yeux, avec une allure impériale.
Larah maugréa :

Larah : Merde, on est mal là !
Drakov : Merci de le noter…
Larah : Si t’as une idée c’est pas le moment de la garder pour toi non plus.

Ils se sentirent tous aller bien mieux d’un coup. Ils se tournèrent et virent Valence, qui avait lancé le contenu d’un petit sac blanc en l’air. Une nouvelle poudre de vie !
Drakov se rappela soudain et déclara, avec un sourire sadique :

Drakov : Hey, on s’est bouffés des éclairs de Fatalis Blanc et on est toujours en vie, alors pourquoi on devrait autant déguster pour un simple canasson qui fait des étincelles ?

Ils y repensèrent tous, sauf Valence et Alissa évidemment. Mais c’était vrai, ils avaient tous encaissés un éclair de White, le croisé Fatalis Blanc et étaient toujours en vie. Le but de Drakov n’était probablement pas de lancer une idée géniale, mais juste de les remotiver pour qu’ils en finissent avec cette bête. Et on pouvait aisément dire qu’il avait atteint son but, puisque Larah, Alix, Talf et Neilla se redressèrent tout comme Alissa et sa petite sœur.

Larah : Pour le coup, t’as pas tout à fait faux.
Talf : Bon, on le démolit, allègrement même !
Neilla/Alix : Et comment !

Ils se mirent tous en garde, attendant la réponse du Kirin, dont la fourrure ne crépitait plus. Larah le nota :

Larah : Il vient de se calmer ! C’est notre chance !
Tous : Roger !

Ils chargèrent, Larah et Talf en tête. La première usa de ses deux sabres pour placer une démonisation au Kirin, alors que celui-ci était distrait par les flèches que tirait Neilla et les carbonisait en l’air via des éclairs noirs. Il remarqua l’assaut, qui lui arracha un cri de douleur et un mouvement de côté, puis contre-attaqua, d’un violent coup de sabot. Mais Talf protégea sa bien-aimée avec son bouclier et stoppa net le puissant coup. Il perdit plusieurs pas de terrain, mais parvint à empêcher l’attaque d’atteindre sa cible.
Larah put terminer sa démonisation et s’écarta d’un bond, afin que les éclairs noirs qui allaient tomber de toute évidence vers elle ne l’atteignent pas. Elle se trompa cependant, si le Kirin fit bien pleuvoir des éclairs, ils visèrent Alix, qui tentait un assaut par le flanc. Sans réellement qu’ils ne sachent comment, le Kirin avait prédit cet assaut. Elle se ramassa l’éclair en pleine face et, après un cri de douleur, tomba à genou, pile en face du Kirin qui lui colla un puissant coup de sabot en pleine face.
Alix gicla sur plusieurs mètres, roulant au sol. Elle se redressa péniblement et cracha une gerbe de sang, avant de s’effondrer. Elle respirait difficilement et ce coup lui avait fait très, très mal. De plus, son visage portait désormais une belle entaille laissée par l’un des sabots, qui le rayait sur la joue gauche. Drakov, Alissa et Valence enragèrent. Tous les trois activèrent leurs gènes, Valence ordonna à Neilla :

Valence : Occupes-toi d’Alix, on se charge du canasson !

Elle n’eut pas le temps de contester ou quoi que ce soit d’autre que la croisée Plesioth Vert était déjà partie à toute allure vers son opposant chevalin. Un premier coup vint sur le Kirin, qui fixait Valence. Il fut porté par Drakov, un coup d’estoc puissant, qui planta le Katana asse profondément dans sa peau pour qu’il s’en serve de tremplin et puisse lui coller une droite qui lui fit tourner la tête. EN voulant contre-attaquer, le Kirin fit une ouverture à Alissa, qui ne manqua pas d’en profiter. Elle lui faucha les pattes d’un mouvement circulaire, les entaillant assez profondément pour faire chuter le monstre. Valence termina l’assaut en fracassant son cor de chasse en plein dans la face du Kirin, l’empoignant à deux mains tel un marteau.
L’impact fut tonitruant, il secoua l’équidé au sol et l’y laissa KO. Larah et Talf commencèrent à profiter de l’occasion pour frapper, Drakov retira son katana et partit voir Alix, Alissa le vit faire et préféra rester à frapper le monstre, sur lequel elle se défoula littéralement avec la lame du l’épéiste, Valence profitant aussi de l’occasion pour asséner plusieurs coups avec force.
Drakov s’approcha d’Alix, qui s’était péniblement assise et fit un « oui » de la tête à Neilla, pour lui dire qu’il prenait le relais. Elle opina à son tour et dégaina son arc, afin de faire pleuvoir des flèches sur le Kirin à terre.
Alix le fixa, il lui lança, en lui prenant la main :

Drakov : Hey, ne force pas, ok ?
Alix : Je… Pardon… J’ai mal joué mon coup.
Drakov, souriant : Ne t’en fais pas… Tu as été splendide… Et j’ai encore besoin de toi pour le second, t’es sûre de pouvoir gérer ça ?
Alix : Je… Oui.
Drakov : Bien, alors lève-toi et bats-toi, on se reposera après, aussi longtemps que nécessaire.

Elle opina, s’avança vers lui et l’embrassa, pour se réconforter sans doute. Il l’aida, elle se mit péniblement debout. Malgré la Méga potion que lui avait donné Neilla, ses blessures lui faisaient encore atrocement mal. Drakov sortit un petit sac rouge de son sac, elle le fixa et lança, étonnée :

Alix : Une potion antique ?! Mais ?! Où t’as pu en avoir une ? Ça vaut les yeux de la tête !
Drakov : Tais-toi et prends là. Je t’ai dit que j’avais besoin de toi à deux cent pour cent, non ? Ceci devrait t’y aider.

De nouveau, elle opina et l’embrassa, puis avala le contenu dudit sac. Elle faillit vomir tant il était amer mais rapidement, elle sentit absolument toutes ses forces lui revenir. Une potion qui accélérait les mécanismes de régénération du corps, c’était ça la potion antique, il fallait quelques ingrédients particuliers pour en faire une, mais son efficacité était légendaire. Alix était de nouveau comme neuve, les entailles ne saignait presque plus et la douleur s’était évanouie. Elle fit mouliner ses doubles dagues en Shimotaur Koten et chargea droit sur le Kirin, suivie de près par son bien-aimé.
De leur côté, les autres avaient profité du fait que le Kirin soit sonné et au sol pour le tabasser allègrement. En effet, le monstre avait subi de lourds dommages de la part de chacun de ses adversaire, et le fait qu’il soit totalement sonné ne lui avait pas permis de faire tomber ses éclairs noirs. Alix sauta entre Alissa et Valence et démonisa sauvagement, utilisant même ses gènes pour lui fournir encore plus de force. Les entailles sur le corps du Kirin ne laissaient aucune parcelle de cuir propre, l’élément dragon l’ayant lui aussi ravagé. Soudain, ils sentirent tous un picotement dans leur corps. Neilla, plus éloignée hurla :

Neilla : Un truc bizarre ! Dégagez !

Ils firent tous un bond en arrière et s’éloignèrent encore de quelques pas, jusqu’à ce que cette sensation désagréable cesse. Le Kirin Noir était au sol et ne bougeait pas, mais pourtant, des éclairs commencèrent à courir le long de son corps. Il se redressa, lentement, ses yeux étaient vides, toujours avec leur couleur turquoise, mais vide de toute vie. Les éclairs autour de son corps gagnèrent encore en intensité. Il poussa un rugissement, car oui, ce cri-là n’avait rien du hennissement typique des Kirins, et le sol sous lui sembla trembler légèrement. Des petits rochers se mirent à léviter autour du puisant champ d’éclairs noirs du Kirin, qui avançait inexorablement vers eux. Il intensifia encore le champ, les petits rochers éclatèrent, le sol sous lui se fissura un peu. A chaque pas à vrai dire, il se fissurait. La peau autour du coup du Kirin était bien trop lacérée pour laisser voir ses magnifiques couleur, elle n’était désormais plus qu’un amas de chair brûlée et à vif. Sa fourrure se hérissa et il hurla vers ses opposants, après s’être cabré et avoir martelé lourdement le sol, pour faire crépiter dangereusement les éclairs de sa crinière noire comme la nuit.
Le cri les fit tous frémir : Où un Kirin avait-il pu apprendre à pousser un tel rugissement ?! Il semblait juste plein de douleur, rien de plus !
Larah commenta :

Larah : Je suppose que l’approcher est proscrit maintenant.
Alissa : J’ai une idée… Occupez-le, Drakov, viens, j’ai besoin de toi.

Ils opinèrent, préférant laisser la croisée Lavasioth gérer. Valence reprit son rôle de soutien en jouant des mélodies renforçant l’attaque. Elle continua à jouer malgré que ses gènes se soient désactivés et lui aient fait accessoirement assez mal.
Alix fila droit sur le Kirin, boostée par l’air de grande sœur, et démonisa dans son flanc. Elle fit un rapide pas de côté, afin d’esquiver un coup de flanc. Larah prit la suite et fit de même de l’autre côté. Neilla resta à bonne distance, mais ne manqua pas une occasion de décocher une flèche qui se ficha dans l’œil du Kirin, lui arrachant un nouveau rugissement de douleur et faisant s’intensifier encore le champ d’élément dragon autour de lui. Alix et Larah en ressentaient déjà les effets, une douleur vive qui parcourait tout le corps, une douleur horrible et lancinante. Et ce Kirin supportait quelque chose comme ça ?! Rien d’étonnant à ce qu’il soit agressif !
Talf termina l’assaut en plantant sa lance à maintes reprises dans le flanc gauche du monstre, celui attaqué par Alix et le plus lacéré des deux. Le Kirin intensifia le champ autour de lui de façon à les forcer à reculer et pilonna ensuite leurs positions avec ses éclairs, du moins il essaya, parce qu’avec un seul œil on vise quand même moins bien. Il ne fit mouche aucune fois et gratta le sol, prêt à charger celle qui l’avait privé de son œil, celle qui le narguait depuis le début du combat : Neilla.
Du côté d’Alissa et Drakov, la croisée Lavasioth, une fois que Drakov s’était approché, avait planté le katana qu’il lui avait laissé derrière elle, comme si elle comptait l’agripper en glissant en arrière. Elle demanda à Drakov :

Alissa : Approche-toi.

Il s’exécuta, elle poursuivit, voyant qu’il avait encore laissé un mètre entre eux :

Alissa : Plus près crétin !

Il s’exécuta encore et se retrouva à une dizaine de centimètres d’elle. Après qu’elle lui ait presque crié dessus quand il avait réduit la distance de quelques centimètres une première fois. Elle lui demanda :

Alissa : Tu sais ce que c’est ce truc ?

Elle lui montra une balle, étonnamment large et longue, Drakov répondit :

Drakov : Munition Fragmentation niveau 3 ?
Alissa : Yep, il est temps de lui montrer l’enfer à ce canasson.

Il ne comprit toujours pas son rôle là-dedans. Alissa le somma de ranger son arme, ce qu’il fit et lui prit ses deux mains pour les placer sur ses hanches. Drakov passa au rouge, se disant que le moment était très mal choisi pour une telle chose. Elle lui exposa l’idée :

Alissa : Mon arme va y rester et ces foutues balles ont un recul monumental avec la poudre que j’y ai ajouté, je compte sur toi pour m’arrêter.
Drakov, retrouvant de suite son sérieux : Bien reçu. Préviens les autres quand tu tires, vu la puissance que ça va avoir, vaudrait mieux éviter de les prendre dans l’explosion.
Alissa : T’occupes.

Elle mit la balle dans le canon de son Fusarbalète et hurla :

Alissa : Frag niveau 3 ! Immobilisez-moi ce canasson et dégagez le plus vite possible après !

Ils l’entendirent et comprirent tous le message, mais le Kirin s’élançait déjà vers Neilla. Cette dernière esquiva d’une roulade, mais elle se retrouva trop près du Kirin et subit le contrecoup de la puissante aura Dragon. Larah l’en tira en l’attrapant par le col de son armure. Le Kirin avait eu un mouvement ascendant de corne après la charge, il devait vouloir empaler Neilla, mais son coup avait raté et offrait à Alissa une belle occasion de tirer. Elle hurla :

Alissa : Feu !

Drakov activa ses gènes et força au maximum pour retenir la grande sœur d’Alix, qui se retrouva plaquée contre lui par la violence du recul de la munition. Son arme lui brûla les mains, elle la lâcha donc, la laissant s’envoler pour s’écraser plus loin. Son canon était de toute façon totalement détruit par la déflagration de la munition, elle ne pourrait donc plus servir, même si elle était réparée. Le duo glissa sur quelques mètres, Alissa empoigna fermement le manche du katana qu’elle avait planté au sol pour ajouter ça au freinage. L’opération se solda par un succès, après deux mètres de glissade supplémentaire, les deux croisés durent stoppés. Drakov soupira un grand coup et lâcha Alissa, qui s’écarta de lui, souriante.
L’impact avait été ravageur, le Kirin avait reçu la munition en plein dans le cou et la première explosion lui avait brûlé les trois quart de ce dernier, mais les fragments issus de la première balla explosèrent bien vite à leur tour, l’empêchant de tenter quoi que ce soit d’autre. Les explosions se succédèrent, libérant un véritable enfer flamboyant autour du dragon ancien, qui poussa un dernier rugissement avant de s’effondrer, pour n’être bientôt agité que par ses derniers spasmes nerveux.
Un long silence passa, tous étaient sur leurs gardes, prêts à reprendre la bataille contre le monstre. Mais après une minute, ce fut l’exultation.
Un repos s’imposa, après qu’ils eurent dépecé le monstre. Les soins furent apportés à chacun. Alissa dut laisser ses mains sur le katana de glace de Drakov, pour calmer la douleur due à la brûlure. Ce dernier lui tendit un petit sachet jaune aussi. Il expliqua :

Drakov : Alix s’inquiète pour toi, c’est de sa part, prends-le, au moins pour lui faire plaisir.
Alissa, râlant : Tsss, qu’est-ce que je ferais pas pour elle…

Elle prit le sachet et en avala l’amer contenu, qui faillit, elle aussi, la faire vomir. Elle reposa ensuite ses mains sur le katana de glace. En effet, même si la potion max avait calmé toutes les douleurs causées par les blessures physiques, celles de la brûlure causée par son arme la lançait toujours. Drakov lui déposa aussi un petit flacon contenant un liquide blanchâtre. Il expliqua :

Drakov : Je pars rarement sans un breuvage de chaque type. Ajoute ça à une de tes potions et applique le sur tes mains, ça devrait soulager tes brûlures.
Alissa, prenant le flacon : ….Merci.

Il opina, puis s’éloigna, pour la laisser faire. Il jeta un coup d’œil à Valence, assise à côté de Neilla, qui lui tendait une Méga Potion entamée, pour qu’elles calment toutes deux la douleur de leurs blessures, assez superficielles au final. Talf et Larah s’occupaient l’un de l’autre, très bien, pas de souci de ce côté-là. Il s’assit donc à côté d’Alix. Qui posa sa tête sur l’épaule de son bien-aimé. Il avala une Méga-potion, puis une seconde. Trop d’efforts fournis. Entre ses gènes et les dommages reçus, il ne savait pas s’il tiendrait le coup pour le second Kirin si ce dernier utilisait les mêmes stratagèmes.
Larah et Talf vinrent s’asseoir en face, Alissa les rejoignit en dernière, après que Neilla et Valence aient fait de même. Larah commenta :

Larah : J’ai rarement vu ça. Même jamais à vrai dire et pourtant des Kirins j’en ai chassé… Déjà le salto c’était pas du tout normal, mais l’aura de Dragon, c’était carrément autre chose.
Drakov : Je sais, celui qu’on avait chassé dans le volcan avait même pas la moitié de la puissance de celui-là et pourtant il était de rang G.
Larah : Relativise un peu les choses, celui du volcan était assez jeune aussi, celui-là était bien vieux.
Talf : Alors espérons que l’autre soit aussi un jeune…

Le rugissement qu’ils avaient auparavant entendus se fit de nouveau entendre, bien plus puissant cette fois-ci. Une des galeries prit même un éclat orangé. Alissa lança :

Alissa : Il s’éloigne, ce n’est pas nous que ce bidule, quoi qu’il soit, traque.
Talf : Comment tu peux en être aussi catégorique ?
Neilla : Il serait déjà là s’il en avait après nous. On est tous exténués, on serait des proies faciles.
Drakov : Effectivement… Mais vu qu’il ne nous cherche pas, faisons de même.

Il ouvrit son sac et attrapa plusieurs rations. Il expliqua :

Drakov : Prises au camp en partant, on reprends un peu de forces et on repart.
Larah : Bonne idée, mais par où ?
Drakov : Euh… Bonne question…

Ils devaient en effet choisir une direction avant de songer à reprendre la route et cinq choix s’offraient à eux, soit rebrousser chemin par l’escalier de derrière, soit aller vers la source de ces hurlements en passant par celle de gauche, soit l’une des deux d’en haut ou bien celle de droite.
Ils se concertèrent un peu en mangeant leurs rations.

Un bruit de tonnerre retentit… En plus de la fumée ambiante, un orage s’était levé. Ils regardèrent en l’air et virent les éclairs zigzaguaient dans le ciel empourpré par le climat du volcan. Ils avançaient prudemment, leurs armes dégainées, chaque pas les approchait d’un combat de légende. Personne ne cacha sa peur, les armures faisaient des bruits répétés, chacun essayant de cacher ses tremblements. Leurs armes tendues devant eux, ils cherchaient leur adversaire. Mais cette fumée qui se soulevait des nappes de laves ne servaient à rien à part les embrouiller. Ils ne voyaient pas plus loin que deux mètres et le bruit des explosions volcaniques ne les aidaient pas non plus à chercher leur cible par le son. Leur odorat était brouillé par l’odeur du charbon brulé, de la lave et de tout ce qui brulé par là. Ils renfermèrent la prise sur leurs armes, chaque respiration les gênait, pensant que l’effet de surprise se retournerait vers eux. Que faisaient-ils là ? N’y avait-il aucun autre chasseur disponible ? Ils étaient juste au village pour pouvoir avoir un pass de chasse, mais voilà qu’on les envoyait droit vers un ennemi mortel. Le chef leva la main et tous se stoppèrent. Leur formation était en croix, et le chef était devant. Il leur fit signe de rapprocher l’escouade. Ils se tenaient tous prêts, et enfin, ils arrivèrent à discerner une forme… Juste une forme. D’abord, ils eurent cru voir un amont de pic rocheux, avec des pointes tranchantes comme des lames de rasoirs, comme il n’était pas rare d’en voir au volcan, puis ils aperçurent les deux narines sifflantes du monstre. Le museau. Il était caché derrière cet écran de fumée. Le monstre releva ses lèvres et ils virent clairement les 2 rangées de dents se présenter devant eux, acérées comme des couteaux, noircies par les flammes crachées par le monstre. La mâchoire était légèrement plus longue que le museau, et laissait dépasser d’énormes canines. Deux dents dépassées clairement du reste, comme des défenses, elles pointaient vers l’avant. La peau du nez était rouge foncé, presque noir, et tandis que la gorge s’était rougie comme un feu qui se ranime, le monstre ouvrit la gueule, comme pour parler… Ses yeux fermés s’ouvrirent.

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Larah retira sa main de la pierre. Elle reçut un violent choc à la tête, comme si elle venait de se relever brutalement, sans laisser à son corps le temps de prévoir le mouvement. Elle posa sa main sur la tempe pour masser et calmer la douleur. Cela faisait quelques minutes qu’ils étaient entrés dans l’un des boyaux de la Tour, préférant ne pas aller chercher la source des rugissements. Cette longue route était parsemée de fresques, même si ils devaient avancer, tous étaient tournés vers les dessins sur les murs. Ils s’étaient même arrêtés pour contempler une énorme gravure colorée, que Neilla avait vue, mais dont elle n’avait pas analysé les dessins exacts : une énorme montagne argentée, dont deux yeux blancs brillaient comme deux étoiles. Cela ressemblait à une bête, et comparée aux figures qu’il y avait à côté, c’était une grosse bête. Un arc de cercle sous le menton laissé présager que la gueule était agrandie par une sorte d’ossature en forme de pelle. Elle était aussi ornée d’énormes crocs pointant vers le ciel. Drakov reconnu le climat de la toundra. C’était donc un monstre des plaines gelées. Le croisé Tigrex en conclut alors que c’était un Ukanlos, un cousin de l’Akantor, deux très grands wyverns, souvent associés à des tyrans chez les wyverns. Personne ne savait d’où venaient ces créatures de légendes. Peu en ayant vu et affronté, encore moins en ayant battu. Larah était derrière, elle avait posé sa main sur une fresque pour la dépoussiérer, représentant un volcan en éruption, cela lui avait éveillé des souvenirs douloureux… Elle regarda l’énorme montagne de feu, où au pied, il y avait ce qui ressemblait à un gravios mort, devant le volcan, le frère des flammes de l’Ukanlos, un Akantor, dont les deux énormes crocs pointés vers le ciel faisaient vraiment sauvages. Des pics lui parcourant le corps, teintés rouge sang. Et sur le volcan… Non. Dans le volcan, il y avait deux yeux, jaunes. Larah douta un instant de sa vision, cela ressemblait autant à des étincelles, elle se dit juste que c’était une coïncidence. Les autres l’appelèrent pour qu’elle vienne voir la gravure de l’Ukanlos, elle y couru.
Ils se remirent en route et s’émerveillaient devant chaque dessin, plus effrayant les uns que les autres… Ils reconnaissaient certains monstres, d’autres non, certains mangeaient des continents tandis que d’autres se faisaient tuer par des géants. Ils regardaient comme des enfants les fresques. Talf lança l’idée de faire payer les gens pour les emmener en sécurité là, ils n’auraient plus besoin de chasser comme ça :

- Alors, qui me suit ?
- Personne, gros bêta…
- Roh, dommage, je trouvais ça bien comme idée…
- Cela dit… Nos archivistes donneraient tout pour accéder à ces fresques, nota Drakov.
- Oui, enfin, pour ça, tuer un Kirin noir, si ce n’est les autres monstres qui se sont cachés… Maugréa Larah.
- C’est clair, rajouta Alix, il faut profiter de l’accès à ces dessins. Vous croyez que ce sont les felynes qui ont gravé ça ?
- Ou ce peuple là… Les wyverniens…
- Encore une légende racontée par Larah, souffla Neilla.
- Attends, le village de Pokke aurait retrouvé une arme de l’époque.
- Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre.
- En tout cas, je ne sais pas vous, mais je ne pense pas que ce soit les hommes qui aient battis cette tour… ajouta Drakov.
- Ouais, pour moi aussi, acquiesça Talf, ça me parait trop propre pour être humain, et en plus, trop de wyverns siègent ici.
- On se saura sans doute jamais.
- Ouais.

Un silence s’installa. Ils entendirent un rugissement au loin. Ils regardèrent le tunnel en face d’eux. Il était noir complet, mais ils sentaient la présence de quelque chose au bout du tunnel. Peut-être même que les rugissements venaient de là-bas, ou des deux endroits à la fois. A ce moment-là, les galeries ramèneraient toutes au même endroit. Ils avancèrent prudemment. Des bruits de pas rapides, des cailloux qui chutaient, tout était là pour leur ajouter un stress supplémentaire… Ils n’étaient pas seuls, quelque chose se tapissait dans l’ombre. Alissa fit exprès de tousser fort pour faire fuir tous ceux qui se cachaient. Apparemment, ça marcha, malgré le regard du groupe qui se tourna vers elle,à l’évidence, ils ne voulaient pas être repérés. Alix prit la tête du groupe, les fresques avaient laissé place à des traces de combats : millénaire ou récent, ils ne sauraient dire, cependant, les traces de feu au sol datait d’il y a quelques heures… Larah se baissa pour toucher les cendres. Elles n’étaient plus chaudes. Ce qui rassura tout le groupe qui se remit en marche. Alix se sentaient mal à l’aise, seule devant, alors Larah la rejoignit, mais elle non plus n’était pas très rassurée, d’ailleurs, il était drôle de la voir mettre la main à son arme à chaque bruit. Talf et Alissa faisait exprès de jeter des cailloux en essayant de ne pas pouffer de rire en voyant la réaction de la jeune fille. Elle comprit le jeu au bout d’un certain temps, Alix lui fit signe qu’elles allaient s’amuser elle aussi. Elles s’arrêtèrent brusquement, firent signe aux autres d’attendre et avancèrent en tirant leurs armes, entrant dans le noir complet. Attendant qu’elles reviennent, les autres s’impatientèrent et s’inquiétèrent. Ils marchèrent prudemment en appelant les deux jeunes femmes, puis quand ils eurent dépassés leurs positions derrière des rochers, elles se jetèrent sur Talf et Alissa.
Une fois leurs infarctus calmés, et après avoir crié après Alix, Larah, Talf et Alissa, le groupe reprit la route, avec Drakov en tête, accoudé de Valence, ils arrivèrent à un large vestibule en ruine… L’endroit était empli de ruines : Des piliers s’étaient brisés et avaient perdu leurs pierres à la manière de domino. Au plafond, il y avait les restes de ces colonnes, détruites par le temps, qui soutenaient toujours quelques choses sans base. Au fond de cette pièce, il y avait un escalier, menant à un autel à la manière des pyramides de l’ancien temps. La poussière y avait pris sa place. Ils n’arrivèrent pas à trouver l’utilité de la pièce… Mais tout ce qu’il savait, c’est que la pièce était reliée à quatre sorties, dont l’une d’où ils venaient d’entrer. Il n’y avait rien ici, à part le choix d’un nouveau chemin :

- Bon, que fait-on ? Demanda Drakov.
- On peut retourner sur nos pas ou emprunter les galeries qui mènent toutes aux rugissements, nota Valence.
- Dur de choisir. Répondit Larah.
- Mort, mort ou mort, quel choix, rétorqua Talf.
- Talf, s’il te plait, ne prends pas ce moment de réflexion intense à Larah, souffla Neilla.
- Si tu as des comptes à régler, dis le maintenant.

Le ton de Larah était cassant et menaçant. Drakov sentit la tension palpable et regarda Talf pour qu’il calme le jeu, mais il recula juste, sentant la tempête très proche :

- Des comptes à régler ? Répéta Neilla. Depuis quand je devrai demander à emprunter quelque chose qui m’appartient ?
- Je ne vois pas où tu veux en venir.
- Tu le vois très bien, ne joues pas aux plus idiotes avec moi, même si ce rôle te va bien.
- C’est dans la nature des choses, Neilla.
- Attends… La nature des choses, commença-t-elle à crier, avec une colère montant en crescendo.
- Depuis le temps, je croyais que tu t’y étais faite…
- Comment oses-tu… T’es-tu un jour demandait ce que je ressentais ?
- Attendez, calmez-vous s’il vous plait, on n’est pas là pour se battre.

Alix calma le jeu. A l’évidence, elle avait une idée de ce que ressentait Neilla à l’heure actuelle et comprenait les paroles de Larah, mais ce n’était pas le moment, vraiment pas le moment. Les rugissements s’intensifiaient, et cela ne servait à rien de rester là sans rien faire. Valence rejoignit le point de vue d’Alix : Larah et Neilla stoppèrent pour le moment leur dispute. Neilla passa devant Larah sans la regarder. Talf était un peu perdu, il ne savait pas quoi faire… S’il allait résonner l’une ou l’autre, la seconde lui en voudrait. Il soupira et laissa tomber. Drakov hocha la tête : il s’occupait de Larah tandis qu’Alix parlait à Neilla :

- Larah, il ne fallait pas entrer dans son jeu.
- Cela fait trop longtemps… excuse-moi.
- Vous vous faîtes du mal…
- …
- C’est peut être indiscret, mais il y a un problème ? Tu vas te fâcher avec le monde ?
- Ce n’était pas grand-chose avec Alissa… Mais tu as raison, depuis qu’on est là… Je ne sais pas, j’enrage dès que quelque chose ne me va pas… je ne me sens pas bien…
- L’étroitesse des murs ?
- Le secret qu’ils enferment…
- Comment ?
- J’ai l’impression d’être déjà venue là, par le passé, mais c’est impossible…
- Tu crois… que ça un rapport avec Fatalis ? Je veux dire, tu as déjà fait des rêves où tu étais à sa place, donc ce serait possible que…
- Possible… Crimson aurait pu m’éclairer…

Un nouveau silence s’installa. Drakov soupira et posa les mains sur les épaules de Larah. Ses paroles ne collaient pas avec son expression, il se savait, mais il parla quand même :

- Je sais qu’on traverse une épreuve dure, mais on doit être forts et unis, on est des chasseurs, notre force réside dans notre groupe et nos liens. Je ne veux pas que l’on se batte entre nous… Même si je suis tenté avec Alissa et Valence, mais qu’importe, je me maîtrise.
- Mais tu descends d’une lignée de moines tibétains…
- Hein ?
- Non, pardon, tu as raison.
- Allez, on se reprend, on a un cheval à chasser.
- Merci, Drakov.
- Aaah… t’y mets pas toi non plus.
- Ne compte pas sur moi pour ça.
- Ca me rassure un peu plus…

Drakov tourna sa tête vers Alix, cette dernière lui répondit par un clin d’œil. Bien, visiblement elle aussi avait réussi à remonter un peu le moral de Neilla.
Il décida donc de prendre la tête du groupe, Larah à ses côtés. Neilla et Alix étaient juste derrière, Alissa, Valence et Talf formaient l’arrière garde.
Le sombre couloir s’élargit soudain pour donner sur de nouvelles fresques. De nouveau, l’Ukanlos et l’Akantor étaient représentés, mais quelque chose clochait, l’Akantor représenté était bleu et cerné de ce qui semblait être… des éclairs ?! Quant à l’Ukanlos, il avait un teint bien plus axé sur l’ocre et était entouré de sable.
Tous fixèrent ces fresques, Larah soupira :

Larah : Espérons que ces deux-là ne soient que des légendes, déjà que les monstres originaux sont des titans, manquerait plus qu’ils aient des sous espèces.

Ils opinèrent tous, même ceux qui n’avaient jamais vu les monstres en question. Rien qu’à ces représentations, on pouvait se douter de leur puissance. La salle se termina sur une petite ouverture, une sorte de porte. Quand ils la franchirent, ils restèrent figés. Une… Forêt ?!
En effet, ils étaient arrivés dans une espèce de forêt étrange, la couleur dominante était le bleue, un bleu turquoise enivrant. Des arbres étranges, aux feuilles luminescentes. Cette zone était accessible par un escalier, qui descendait jusqu’à ladite forêt. En y entrant, ils se sentirent presque tous apaisés par la beauté du lieu. La forêt était un mélange étrange et unique, la douce lueur bleue des feuilles des végétaux variait parfois et passait au vert ou au jaune clair.
Un sentier était tout tracé devant eux, bien dégagé, propre. Drakov commenta :

Drakov : Ce serait possible que ce soin soit… Une sorte de jardin ?
Alissa : Si c’est ça, celui qui l’a fait doit être sacrément doué.

Même Alissa semblait avoir perdu ses mots devant un si bel endroit. Ils arrivèrent dans ce qui semblait être une clairière, une zone avec des bancs en pierre installés çà et là et où le sol carrelé de la Tour faisait place à de la terre, meuble. Drakov fixa les alentours, un seul autre chemin semblait sortir de la zone… Parfait. Il déclara :

Drakov : Prenons un peu de repos.
Larah : Hein ? Pourquoi ?
Drakov : Il fait nuit dehors.
Alissa : Comme si tu le savais !

Il pointa du doigt vers le plafond, troué, qui laissait entrevoir un ciel noir avec une lune qui brillait et fournissait un peu plus d’éclat au lieu enchanteur. Drakov expliqua :

Drakov : Le lieu est calme et simple à sécuriser, y sera difficile de trouver mieux pour se reposer. Une heure ou deux, pas plus et on repart traquer du cheval. On en a tous besoin.

Personne ne contesta, c’est vrai, ils en avaient tous besoin. Alissa soupira et partit s’adosser à un arbre, au pied duquel elle s’endormit en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Neilla s’assit contre l’arbre d’à côté et s’endormit aussi rapidement. Valence fixa le reste du groupe, elle s’attarda sur Alix et Drakov et déclara :

Valence : Ne songe même pas à dormir avec elle.
Drakov : Hé ! Ca fait déjà longtemps que…

Il ne termina pas, un coup de poing d’Alix dans le ventre l’en empêcha. Elle n’avait pas activé ses gènes mais avait tapé assez fort pour lui couper la respiration. Qui plus est, elle était déjà rouge vif. Valence comprit, écarquilla les yeux et bégaya :

Valence : A…A…A…Alix… Me dis pas que…

Alix était encore rouge et hocha la tête. Valence tapa du pied et prit une mine contrariée :

Valence : Damn ! Je suis la seule à l’être encore donc…

Tous les quatre encore réveillés la fixèrent, elle rougit et pesta :

Valence : Rien ! Oubliez-ça ! Vite ! Maintenant ! De suite !
Drakov : Oui, oui, on a compris.

Elle lâcha un « hum » et partit, s’endormir contre un des arbres, assez loin du reste du groupe. Alix prit Drakov par la main et l’emmena avec elle, ils s’éloignèrent aussi, laissant Larah et Talf libre de parler entre eux.
Drakov précisa quand même qu’il prendrait le tour de garde quand Alix ce serait endormie, ce qui ne saurait tarder vu l’ambiance calme de la forêt.
Ils s’installèrent, près d’un petit lac au bord de la clairière. Alix s’assit en première, retirant son plastron et son casque pour être plus à l’aise, et l’invita à faire de même. Il commenta, alors qu’elle posait sa tête sur son épaule :

Drakov : Quelque chose te dérange ?
Alix : Hum ? Non.
Drakov : Ment pas, t’es tendue au possible.
Alix : Comment tu … ?
Drakov : Bientôt un an jour pour jour que je dors avec toi, je sais très bien quand tu es tendue ou non. Et là tu l’es.
Alix : … Mes sœurs.
Drakov : Oui et bah ?
Alix : Elles ont jamais approuvé mes choix. Que ce soit dans les quelques bribes que je me souvienne ou maintenant, ça n’a pas changé.
Drakov : Et donc ? Tu penses que ça va me motiver à changer ?
Alix : Ose dire que non.
Drakov : Non.

Il la prit par la taille et la serra contre lui, posant la tête sur son épaule. Il plaisanta :

Drakov : Après tout, j’ai qu’un seul oreiller attitré et c’est toi.
Alix, avec un sourire : Fais attention, je pourrais prendre ça très sérieusement.
Drakov : Fais donc.

Elle se tourna vers lui, à seulement quelques centimètres l’un de l’autre, la suite était prévisible. Elle s’avança et l’embrasse, tendrement. Après ce baiser, elle se laissa glisser dans un sommeil paisible. Après quelques moments, Drakov la porta jusqu’à l’un des bancs en pierre. Talf et Larah n’étaient pas en vue, ils avaient dû partir s’isoler dans un coin eux aussi. La posant sur ledit banc, il déposa le haut de son armure à côté et la couvrit avec la couverture de survie qu’elle portait toujours dans son sac.
Il eut un instant où il fut partagé entre le fou rire et l’envie d’intervenir. Intervenir pour aider Neilla, qui avait glissé de contre son tronc et était tombée sur les jambes d’Alissa, qui ne s’était visiblement pas rendue compte du fait qu’elle lui soit tombé dessus. Valence était visible elle aussi, cette réplique plantureuse d’Alix le fixait, bien éveillée, contre un arbre. Elle se leva et s’approcha de lui.

Valence : Donc… Toi et Alix…
Drakov : Vingt ans officieusement, bientôt un officiellement.
Valence : A bien y regarder, tu pourrais avoir quelques qualités, oui.

Il la dévisagea en priant intérieurement pour ne pas en avoir une de plus et surtout pas la sœur d’Alix. Elle lui demanda :

Valence : Alix n’est pas du genre à s’ouvrir, comment tu as fait ?
Drakov : J’ai su lui parler… Et en plus de ça, elle a déjà trop subi pour que je la laisse seule.

Devant la mine d’incompréhension de Valence, il lui fit signe de le suivre. Il s’avança vers Alix qui dormait, la découvrit, sous un regard noir de Valence et lui lança :

Drakov : Tu n’as qu’à relever un peu son t-shirt, tu verras bien vite ce dont je parle.

Il avait tourné le dos, se gardant bien de dire que de toute façon, il avait déjà vu ce qui se trouvait dessous. Elle avança et fit ce qu’il avait dit, délicatement, pour ne pas réveiller sa petite sœur. Elle eut un mouvement de recul. Drakov recouvrit Alix et s’éloigna, Valence le suivit. Elle demanda, poing serré :

Valence : Qui ?!
Drakov : Léo.
Valence : Je vais…
Drakov : Rien du tout, il est mort. Et il avait fait ça pour sa sécurité, tu dois bien le savoir non ? L’œil d’Alissa n’est pas parti tout seul.

Valence resta silencieuse un instant et soupira :

Valence : Et malin en plus de ça… Elle a bien joué son coup finalement. Donc oui, ce sont des envoyés de l’Organisation qui ont pris l’œil de ma sœur lors de son recrutement. Un certain Jack, croisé Diablos Noir. J’ai seulement pu assister à la scène, impuissante…

Elle tremblait. Drakov lui mit la main sur l’épaule. Elle le regarda et ragea :

Valence : Pourquoi ? Pourquoi t’es aussi gentil et compréhensif ?!

Des larmes coulaient ouvertement sur ses joues. Elle ragea encore :

Valence : Pourquoi c’est pas sur toi qu’on est tombé en premier lieu…

Elle sanglota un peu. Il la prit dans ses bras, elle rougit, il expliqua :

Drakov : Considère ça comme exceptionnel, ça m’emmerderait de tromper Alix avec sa propre sœur.
Valence : En effet…

Elle y resta un moment, il la lâcha quand elle cesse de trembler. Elle le remercia d’un mouvement de tête puis s’excusa :

Valence : Je… Désolé… Moment de faiblesse…
Drakov : Dira-t-on.
Valence : Il serait temps de réveiller les autres, non ?
Drakov : Laisse, se reposer est un luxe qu’on peut pas toujours se permettre, on va les laisser se réveiller à leur rythme.

Elle opina et s’assit à côté d’Alix, pour attendre pendant que Drakov inspectait un peu plus avant les plantes de ce lieu. Elle murmura à sa petite sœur, encore endormie :

Valence : Un excellent choix, comme toujours petite furie.

Elle lui déposa un baiser sur le front et s’allongea à côté d’elle, avant de s’endormir paisiblement. Larah et Talf revirent en premiers, après un long moment pendant lequel Drakov s’occupa à faire des croquis des plantes environnantes et de leurs particularités. Il leur indiqua Neilla, qui était toujours sur les jambes d’Alissa d’un mouvement de tête et tous les deux ne purent s’empêcher de rire, en se retenant un maximum.
Alix et Valence dormaient toujours, Alissa et Neilla aussi. L’archère émergea ensuite et, en s’étirant, elle se heurta à l’une des jambes et au ventre d’Alissa, qui ouvrit un œil et la fixa. Neilla passa au pourpre, Alissa ricana :

Alissa : Entreprenante… J’aime ce style, mais tu n’es pas mon genre.

Neilla se redressa vivement, ne sachant où se mettre, Drakov, Larah et Talf rirent à gorge déployée. Alissa se redressa et aide Neilla à faire de même.
Valence s’éveilla à cause du boucan, elle tapota un peu l’épaule d’Alix, pour la faire se réveiller, cette dernière maugréa :

Alix : Pas maintenant Drakov…

Elle ouvrit les yeux en se tournant et vit sa sœur, qui avait une tête étrange. Elle passa au pourpre et tenta vainement de bégayer quelque chose, mais Valence se contenta de sourire et de se lever tranquillement, en passant son haut d’armure et son casque à sa petite sœur, qui els enfila rapidement.
Finalement prêt, le petit groupe se remit en marche dans le couloir non exploré. Ce dernier était toujours aussi sombre et leurs torches commençaient à faiblir. Heureusement, de la lumière fut de nouveau visible au bout du tunnel. En sortant, ils arrivèrent devant une nouvelle vision étrange, visiblement, chaque salle de la partie abyssale était étrange. Cette fois, ils étaient au bord d’une arène cernée de ces plantes luminescentes. Et au centre, se trouvait le second Kirin Noir, allongé en train de dormir, du sang s’écoulant aussi d’un de ses blessures. Le groupe se stoppa, Larah parla, doucement pour ne pas éveiller le monstre :

Larah : Il est clairement plus jeune, ce sera donc plus facile de l’avoir.

Ils opinèrent tous, Drakov passa un de ses katanas, celui de glace, à Alissa, qui chargea des munitions plomb dans son fusarbalète restant. Valence tira son cor et attendit, pour ne jouer que quand la bête serait réveillée. Neilla banda son arc, prête à faire feu. Larah, Talf, Alix et Drakov avancèrent, prêts à commencer la bataille contre leur seconde cible.

Reprenons du côté de Talf et Larah quand ils étaient dans la forêt :
Drakov et Alix partirent de leur côté, laissant Talf et Larah seuls. Le jeune homme eut un petit moment de stress devant le silence de la femme qui regardait juste si tous dormaient. Elle se retourna finalement vers lui et commença à détacher les attaches de son armure, enlevant d’abord ses gants et protèges-bras. Talf fit de même, soulagé de ne pas à avoir à subir une quelconque colère de Larah, suite aux évènements récents. Ils marchèrent ensuite dans le jardin, trainant les morceaux d’armures. Talf retira son heaume et invita Larah à faire de même. Elle mit la main sur la fourrure blanche puis se souvint pour ses cheveux. Elle rougit et sourit bêtement en disant que ça lui servirait d’oreiller. Talf leva les sourcils et lui prit la main. Ils commencèrent à se diriger vers un arbre bleu, assez large pour qu’ils s’y adossent côte à côte. C’est vrai que Talf n’avait pas vu Larah depuis quelques jours, et qu’ils s’étaient retrouvés seulement le matin. Finalement, Larah se coucha sur les jambes de Talf, les yeux tournaient vers le ciel. Elle regardait les quelques étoiles que l’on voyait d’ici, vu qu’elle savait que Talf voulait dormir avec plaisir. Quoique pour une fois, il prit les devants. Il posa sa main près de la gorge de Larah qui mit la sienne dessus. Il la regardait tendrement en déplaçant les mèches de cheveux et de la fourrure de son heaume, pendantes sur son front :

- Enlève ce casque… C’est nul…
- Non, j’aime bien avoir un oreiller…
- Bah enlève le et mets le sous ta tête.
- Je… (elle rougit de nouveau : ) Non, c’est parce que…
- Quoi ? T’as pas teint tes cheveux ? ( Devant son silence, il continua : ) Sérieusement ? Tu veux dire qu’il y a ta vraie couleur sous ce casque ? Haha… On va se marrer…

Il se pencha et essaya de retirer le casque de Larah qui passa en mode tortue en repliant ses jambes et en protégeant sa tête de ses bras, tout en criant. Il rigolait mais voyait bien que Larah se défendait farouchement. Finalement, en usant de la force de Laft, il parvint à décrocher la sangle qui gardait le heaume sur la tête de la chasseuse, il le prit de ses deux mains et le montra au ciel, victorieux. Larah se cachait encore de ses bras, plus embarrassée que jamais. Talf posa le heaume et écarta doucement les bras de sa bien-aimée, qui détourna le regard. Talf se tut totalement en découvrant une autre Larah : ses cheveux étaient noirs de jais, ce qui donnait un éclat bien plus profond à ses yeux. D’un coup, il se rappela alors qu’à des dizaines de reprises, il aurait pu deviner la couleur de cheveux de Larah, mais il n’y avait jamais prêté attention, il l’aimait comme elle était. Il se contenta juste de dire :

- Waow.
- …
- Je croyais que tu ne ressemblais pas à ton père, dit-il avec un sourire narquois.
- C’est dur de l’admettre, quand on déteste la personne… C’est ma sœur qui ressemble à ma mère, j’ai juste les mêmes yeux. Enfin, œil, on parle d’un seul œil, maintenant…
- Hé, t’en fais pas pour ça, je vais le dire à personne…
- Merci…
- Et puis, ce n’est pas comme si tu n’étais pas belle comme ça.

Elle rougit à nouveau et lui sourit.

- Ryu est au courant ? Ou je suis vraiment le seul ? Demanda Talf.
- Ma sœur lui a dit, sans le vouloir.
- Ooooh… Moi qui voulais m’en vanter…
- Bah, tu peux toujours dire que tu l’as découvert seul.
- Oh yeah… Je vais faire ça…
- Je crois qu’il va rager… Lui qui a toujours essayé de le savoir… Je trouvais toujours une bonne excuse : « Non ce sont des cendres, on est au volcan je te rappelle. », « Vu le paquet de poussière qu’a soulevé le wyvern, c’est normal. »…
- Moi je te préfère avec les cheveux bleus.
- Vraiment ?
- Ca me fait bizarre de te voir comme ça. J’ai pas l’habitude et je pense que ça me ferait un petit infarctus tous les matins si je te voyais comme ça.
- Pourquoi ?
- Oh, pour rien, voyons, tu sais les soirées arrosées… tout ça….
- Tu me trompes avec personne, tant qu’on n’est pas divorcé.
- On n’est même pas marié…
- Mariage ! Ryu et Elim ! J’ai oublié de dire mon avis !
- Calme-toi, ils font ce qu’ils veulent…
- Je sais, je les taquine…

Ils restèrent sans bouger, se regardant l’un l’autre. Talf, ne se sentant pas acrobate dans l’âme, évita de se pencher vers Larah pour l’embrasser, il savait pertinemment que ça finirait mal. Il se contenta de lui caresser la joue. Larah ferma l’œil pour tenter de dormir un peu, le sourire aux lèvres. Le jeune homme aussi se laissa tomber dans le sommeil, depuis le temps qu’il attendait le retour de la chasseuse.
Larah battit des paupières, elle se rendit compte qu’elle s’était débattue dans son sommeil en voyant l’état de l’herbe, elle en avait même arrachée, et en ouvrant sa main, des brins tombèrent. Talf s’était couché à côté d’elle, les bras autour de sa taille, pour la rassurer. Apparemment ça avait marché, vu qu’elle ne se souvenait pas de ses cauchemars. Talf bâtit des paupières et demanda à ce qu’on lui amène des gaufres. La jeune fille fronça les sourcils en entendant sa demande, elle n’osait pas bouger, pensant qu’elle le réveillerait. Ils n’avaient pas dormi énormément, mais plus que deux heures. Elle se leva d’un coup, aux aguets, si Drakov n’était pas venu les chercher, c’est qu’il se passait quelque chose. Talf continuait de mâcher de l’herbe, toujours dans son rêve de gaufres. Finalement, Larah aperçut Drakov qui dessinait et soupira, il les avait laissé dormir un peu plus que normalement. Elle le remercia intérieurement et alla réveiller l’affamé. Il se retourna et continua de dormir devant les appels de Larah. Cette dernière l’agita et il s’agrippa à l’arbre pour ne pas partir. Elle se rhabilla tout de même avant de se présenter aux autres et hésita à remettre son casque. Allez, le mystère pouvait encore rester un peu, elle attacha la sangle et regarda Talf. Elle cria « Gaufre ! » et Talf se leva en cherchant ses bien aimées gâteaux. Il se rendit vite compte de la ruse de Larah et il se tapa contre l’arbre. Elle sourit et il revint vers elle en ralant. Ils rejoignirent les autres en rigolant et quand ils virent Neilla et Alissa, ils ne purent s’empêcher de rire encore plus…

Retournons maintenant au Kirin :
Il dormait paisiblement et profondément. Drakov, Larah, Alix et Talf s'approchèrent en silence. Ils étaient à une dizaine de mètres quand Talf s'arrêta et leur fit comprendre que s'il bougeait, il allait réveiller le Kirin, et faire une bêtise, comme d'habitude. Drakov se tapa le front avec le plat de son sabre et lui fit signe de venir rapidement. Larah appela Drakov, Talf ne viendrait pas de toute façon. Alix et Larah se séparèrent pour encercler leur ennemi. Drakov arriva devant le ventre du cheval, tandis que Larah faisait face au dos et Alix au cou. Drakov regarda les filles qui hochèrent la tête, levant leurs armes pour asséner un coup pouvant être fatal.
Un rugissement fit trembler les murs et secoua le sol. Le Kirin ouvrit les yeux d'un coup et se releva, puis il regarda autour de lui et nota la présence des hunters. Il se leva sur ses pattes arrières et retomba sans faire tomber d'éclair. Il bouscula Drakov en lui donnant un coup d'épaule et s'enfuit vers une galerie. Neilla décocha une flèche qui l'arrêta. Alix et Larah reprirent leurs esprits. Le monstre n'était pas loin. Alix aida Drakov à se relever et Larah fonça vers le Kirin. Il se retourna et chargea sa corne d'éclair. Il relacha son énergie sur un éclair au dessus d'elle qu'elle esquiva en sautant sur le canasson. Il recula et elle tomba au sol en roulant, puis elle se releva pour éviter un autre éclair et se retrouva là où elle voulait être : devant la sortie. Le cheval leva ses sabots et fit demi tour jusqu'à ce qu'il embrasse le sabre de Drakov, lui traçant une balafre sur la mâchoire. La bête fit rugir une nuée de foudre autour de lui. Le croisé tigrex sauta en arrière et évita de peu la foudre. Larah esquiva à son tour la foudre mais trébucha en arrière en heurtant un rocher. Elle tomba et glissa jusqu'en bas de la pente, car oui, ce fut des escaliers, mais maintenant, ce n'était qu'un long couloir où le plafond s'était écroulé. Larah venait de descendre une sacrée distance, elle se releva avec difficulté et regarda le couloir d'où elle venait, elle entendit les voix de Drakov et Alix qui luttait contre le Kirin pour le laisser hors de porté de Talf qui appelait sa bien aimée. Elle lui répondit qu'elle allait bien et qu'elle allait remonter au plus vite, mais dès qu'elle posa le pied pour tenir ses paroles, le sol s'affaissa. Elle essaya de courir mais glissait à chaque fois, elle murmura :

- C'est sérieux tout ça ?
- Il était temps.

Un souffle, un murmure ou une voix ? Larah se retourna et tira son sabre de feu. Il brillait faiblement dans le noir. Elle chercha une torche sur le mur et l'alluma en frottant son épée dessus. Elle tendit le bras lentement. A vrai dire, elle s'attendait très bien à ce qu'il n'y est personne et que ce n'était rien, il faut dire qu'entendre des voix faisaient parties intégrante de sa vie. Puis elle vit les deux pupilles dorées se montrer dans le noir, mais elle ne fixait pas Larah, mais la sortie. Elle se retourna rapidement fit un pas en arrière en voyant la sortie se boucher par une pierre ovale, roulant sur le sol et poussée par des petits êtres que Larah ne voyait pas... Elle se retourna à nouveau pour faire face aux deux yeux qui luisaient dans le noir. Ils reculaient à mesure où la jeune femme avançait. Des torches furent allumées par les mêmes créatures. Larah tendait à la fois son sabre, à la fois sa torche. Un brasier illumina la sale. La chasseuse baissa sa torche en voyant le petit être qui se tenait en son centre, bras croisé dans le dos, l'air sérieux et froid, le regard impénétrable. Il n'était pas plus grand qu'un mètre quarante, une fourrure grise, tigrée à certains endroits, recouvrée la totalité de son corps. Une de ses oreilles étaient déchirées, ce qui lui donnait aussi un air agressif. Il portait un espèce de manteau, ouvert en son centre, rouge foncé, déchiré par endroit. Larah posa sa torche et s'approcha de l'être qui reculait toujours à chaque fois qu'elle faisait un pas. Il leva ses yeux d'ors vers lui, et garda la même posture quand elle l'appela :

- Tikky Mityk...
- Qu'est-ce que tu es devenue... souffla-t-il d'une voix semblable au bruit du vent s'engouffrant entre des fissures.
- Et toi ? Depuis trois ans j'attendais un signe de toi... Tu as disparu sans laisser de traces alors que j'avais besoin de toi !
- Et je vois que ça ne t'as pas réussi.
- Pourquoi ici, pourquoi maintenant ?
- Toujours autant de questions alors qu'après tout ce temps nous nous retrouvons.
- C'est vrai que tes rîmes m'avaient manqués, d'ailleurs, c'est de toi que je tenais cette habitude... J'attends tes explications.
- Ici car nous sommes dans un lieu millénaire, maintenant car mon absence n'était que temporaire.
- Tu oublies la cause et la conséquence.
- Chaque chose en son temps, ne nous emportons pas pour autant. Tu as failli à la tâche que je t'avais confié et par conséquent détruit ton serment passé...
- Non, tu te trompes...
- Alors pourquoi cette marque sur l’œil ?

Un hennissement, les éclairs, puis plus rien. Drakov heurta lourdement le sol et y glissa. Le combat avait tourné à l’enfer, pourtant celui-là aurait dû être plus facile !
Il se redressa péniblement et se secoua. Touché de plein fouet par la foudre et le dragon, les deux faiblesses élémentaires des Tigrex. Il sentait encore ses doigts qui le picotaient, à vrai dire c’était tout son corps qui lui faisait mal.
Tout avait pourtant bien commencé, mais ce foutu rugissement avait réveillé le canasson et maintenant, Larah c’était retrouvée séparée du groupe !
Drakov resta un petit moment paralysé par le choc. Alix distrayait déjà le monstre en démonisant dans ses côtes, alors qu’Alissa chargeait de l’autre côté. Talf, lui, semblait parler à Larah alors qu’elle était tombée dans ce qui semblait être une galerie effondrée.
Après avoir échangé quelques phrases, il se tourna vers le reste du groupe. Bien, visiblement, elle ne reviendrait pas tout de suite et de toute façon, le canasson était une affaire plus urgente à régler.
Ledit canasson rendit son coup a Alix en lui collant un coup d’épaule, qui l’envoya rouler au sol. Elle se releva promptement, Alissa frappa, un coup puissant et chargé de l’élément glace qui parcourait la lame. Drakov chargea à ses côtés et frappa à son tour. Deux entailles s’ouvrirent dans le cuir du flanc droit du Kirin, l’une parcourue d’une fine brume glacée, l’autre d’éclairs violets, résultat de la combinaison des éléments foudre et dragon.
Le Kirin fit marteler la foudre autour de lui, pour les éloigner. L’effet fut celui escompté, ils durent tous faire un bond en arrière. Alissa frappa ensuite, tirant une munition plomb depuis son second fusarbalète, munition qui passa aisément au travers des éclairs noir et dont les billes de plomb furent attirées par la corne du monstre. Ce dernier poussa un hennissement sauvage en recevant les divers impacts tout le long de son corps. Il se tourna vivement et chargea, les éclairs crépitant sauvagement dans sa crinière. Alissa et Drakov bondirent chacun de leur côté pour esquiver la charge, ce qu’ils réussirent assez bien. Alix et Talf passèrent devant eux pour frapper, recevant eux aussi un boost de la part de Valence, ce qui augmenta leur puissance de frappe. La croisée Plesioth fit virevolter ses lames dans les pattes arrière du Kirin, Talf darda dans les flancs. En guise de récompense, ils reçurent tous les deux un éclair en pleine face, qu’ils ne purent éviter tant l’assaut était inattendu.
Alix, encore sous l’effet de l’éclair, reçut en prime un coup de sabot qui l’envoya voler. Drakov la rattrapa au vol et la déposa délicatement au sol. Deuxième fois que ça lui arrivait, son nez saignait, ses lèvres aussi et son arcade avait été brisée par l’impact. Elle avala une méga potion pour calmer sa douleur.
Talf écopa lui d’un bon coup de flanc, qui l’envoya rouler de côté. Il se redressa d’un bond et, après avoir pris une potion, repartit à l’assaut, suivi de près par Alissa.
Neilla décocha des flèches en continu pour tenter de distraire un peu le monstre, mais ces dernières n’atteignaient que difficilement leur cible, soit trop rapide, soit cernée d’éclairs noirs. Cette fois pourtant, la flèche parvint à se ficher dans le cou du monstre, sans difficultés. Le Kirin se cabra en gémissant de douleur. Talf et Alissa frappèrent à ce moment-là, le premier collant un coup de bouclier repoussant le monstre au sol pendant que la seconde frappait avec véhémence avec le katana glace prêté par Drakov. Des entailles apparurent le long du corps du Kirin, qui se releva en tremblant un peu.
Il fit tomber des éclairs, qui manquèrent leurs cibles. Puis il chargea droit vers Alissa, avec force, l’envoyant s’écraser aux pieds d’Alix et Drakov, qui allaient revenir dans le combat. Elle se redressa péniblement. Le Kirin se cabra et fit pleuvoir des éclairs noirs pour les empêcher d’avancer. Il se tourna vers le seul escalier restant et s’enfuit, en galopant comme un forcené.
Personne ne comprit le mouvement, Valence et Neilla rejoignirent le reste du groupe, Alix demanda :

Alix : On m’explique ?
Drakov : Je sais vraiment pas… On dirait qu’il a senti un truc qui lui plaisait pas…

Un rugissement puissant vint de derrière eux. Ils firent volte-face pour le voir, ou du moins sa tête et ses deux yeux brillants. Ses poils violacés, ses crocs saillants et ses cornes rappelant celle de son père et de sa mère. L’Eliostra poussa un nouveau rugissement et frappa des deux côtés de la porte avant de reculer d’un bond. Ladite porte s’effondra sur elle-même à la puissance des coups. Le monstre poussa un nouveau rugissement. Alissa ragea :

Alissa : J’y crois pas… Il nous a piégés ce salop !
Drakov : Et depuis quand les Teostra c’est violet ?
Talf : Donc on peut supposer que c’est ce que les deux autres ont relâché dans la Tour…
Neilla : Damn… Encore un truc overpuissant… J’crois qu’on est maudits.
Tous : Yep…

Ils se tournèrent donc dans la direction dans laquelle était parti le Kirin. Ils prirent donc ce chemin-là, espérant que Larah ne tombe pas seule sur l’un ou l’autre.

« - Alors pourquoi cette marque sur l’œil ? »

Larah baissa les yeux. Le felyne, lui, les ferma de désapprobation. Il y a de cela quelques années, pas plus de cinq ans, Larah jura qu’elle n’utiliserait l’œil que si elle n’avait plus d’autres choix, si Fatalis venait à prendre possession de son corps, ce n’aurait pas été de sa faute. Mais voilà que depuis le temps, elle avait brisé ce serment… A cause de la démence sans doute. Elle devenait de plus en plus névrosée, de jour en jour. Fatalis était là, en elle, et ça la rendait folle, petit à petit. Cela dit, l’utilisation de l’œil ne fut souvent qu’en dernier recours, ou par Fatalis qui força le geste. Tikky Mityk recula et ordonna aux créatures cachées d’ouvrir une porte, à l’opposé de celle où était tombée Larah. De petits felynes poussèrent un rocher, la chasseuse les connaissaient, c’était de petits orphelins que Mityk recueillait et dont il s’occupait jusqu’à ce qu’ils deviennent adultes. C’était eux qui avaient allumé les feux et scellé la salle. Le felyne se dirigea vers l’ouverture, laissant Larah à ses pensées, puis il l’appela. Elle leva les yeux et le rejoignit en silence. Il l’attendit devant la porte, puis une fois qu’elle l’attint, il parla doucement, mais encore avec cette voix semblable au souffle du vent :

- Peut-être n’es-tu pas à punir pour le serment, il y a toujours des choix à faire, je te laisse pour un temps, et peut-être pourrai-je me taire…
- Que veux-tu dire ?
- En ces lieux vécurent de grands hommes et de grands dragons, je te laisse à leur jugement car ils sont la raison…

Evidemment, avec lui, elle ne pouvait pas espérer de réponse plus claire. Elle entra dans la salle, une odeur sucrée y régnait, ainsi qu’un lourd silence. La pièce était très large, comme les autres, et circulaires, éclairée seulement par quelques torches. Mityk referma derrière Larah, elle marcha silencieusement, la main sur le pommeau d’une de ses armes. Des chuchotements se déplaçaient, impossible à repérer… Elle mit la main à son visage, l’odeur était très forte, et malgré le fait que cela sente bon, elle ne se douta pas que cela cachait autre chose. Prudemment, elle s’approcha d’une table au centre de la salle, elle la toucha un instant, puis elle battit rapidement des paupières et perdit l’équilibre. Elle s’appuya sur la table pour se rattraper avant de tomber et se releva, elle avait la tête qui tournait… Elle se regagna la porte où Tikky Mityk l’avait faite entrée. Elle s’y dirigea puis entendit une voix derrière elle. Tournant lentement vers la personne qui avait parlé, elle sentit un poids sur son œil droit, en plus de cela, il la démangeait… Le felyne refaisait face, mais il semblait en plus de cela en colère. Il murmura :

- Je le savais, il est beaucoup plus présent et ne disparaitra jamais…
- Comment es-tu rentré ?
- Aucune importance, les dieux ont murmuré entre les murs que ta mort serait ta seule sentence.
- Quoi ? Tu as perdu la raison ! ( elle mit la main à son arme )
- Non… Mes maîtres sont clairs, mon devoir est de te tuer…
- Il te manque une rime !

Il déploya une sorte de bâton avec un pic au bout et se mit à courir vers elle. Pas besoin de le connaître pour savoir que Tikky Mytik était un combattant hors pair. Il sauta vers Larah qui l’esquiva rapidement, puis il enchaina par un coup vertical, encore une fois esquivé. Il sauta encore une fois et saisit le col de Larah, il lui hurla, en abandonnant sa poésie :

- Comment as-tu pu ? Tu avais juré ! Tu avais juré que tu le dominerais ! As-tu seulement oublié ton combat contre Svarog ?
- Je ne peux pas… Je ne peux pas assuré autant de chose ! Fatalis est bien trop puissant !
- Ta force d’âme vaut mille fois la sienne. Et tu t’es laissée tomber de ce côté… Tu ne vaux pas l’héritage de Marys !
- Comment pouvez-vous affirmer ça ?! Mettez-vous à ma place, personne ne peut le supporter !
- Tu as été choisi par elle !
- Vos espoirs ont été anéantis… ( la voix de Larah était plus sombre ) et rien ne les feront revenir….
- C’est ce que tu crois… Maintenant je ne veux plus m’entretenir avec toi… C’est à Minuit que je veux…
- Ne m’appelle plus jamais comme ça…

Larah attrapa violemment le felyne et le leva en l’air. Elle leva les yeux vers lui. Les yeux, littéralement. La pupille rouge brillante dans l’ombre de son visage. Sa voix, encore une fois, était devenue double. Fatalis faisait son œuvre…

- Pourtant… c’est le nom que l’on te donna… Murmura Mittyk.
- Un « nom » ? Comment peux-tu appeler ça un nom ?
- Marys t’appelait comme ça…
- Marys est morte… Personne n’a le droit de me nommer à nouveau.
- Elle est morte par ta faute !

Le felyne lui planta les griffes dans le bras. Larah, possédée, le lança durement au sol. Il recula en s’essuyant sa fourrure ensanglantée et resserrant la prise sur son arme. Il sourit comme il le put, le regard malin, il parla à demi-voix :

- Pauvre créature… Tu ressembles à un oiseau à une patte, tu veux te montrer terrifiant par tes yeux rouges et tes serres acérées, mais tu ne tiens même pas en équilibre sur ton seul membre… Je te la refais, vu que tu n’as pas l’air assez malin pour le comprendre : Tu as bon avoir une force incroyable et un regard de braise, il ne peut que tu sois qu’un pauvre oisillon perdu, sans aucune notion de la vie, dont la seule lumière qui te guidait est éteinte car tu as soufflé dessus… Regarde-toi, reprit-il à voix plus forte, tu es ridicule ! Tu clamais l’humain faible et tu sièges dans l’un d’entre eux, qui plus est, une femme, tu n’as pas un peu honte, Minuit ?
- Cesse de m’appeler ainsi ! Rugit-il.
- Un mâle dans le corps d’une femme. On te savait androgyne, mais pas à ce point l…

Il se mangea un coup de poing monstrueux. L’entraînement de Larah avait porté ses fruits, elle avait développé un peu plus de force… Ce qui n’était pas très bon pour Tikky Mittyk qui s’écrasa au sol. Il se releva en grognant. Larah s’approcha en lui parlant, même s’il n’était concentré que sur une seule chose : sa survie.

- Tu ne m’as jamais compris, Mittyk… Elle et moi, c’était tout autre chose… Nous étions le symbole que deux espèces peuvent s’entendre… Sa mort était le seul obstacle à mon bonheur suprême… IL l’avait dit… IL l’a juré… Mais IL a menti…
- Tu… tu l’as tué pour… ton seul… bonheur ? Tu n’es qu’un monstre… qu’un rébus de la vie…
- Mon bonheur vaut moins que le vôtre ?! Tu peux me regarder, avec ton air supérieur ! C’est elle qui m’a demandé de le faire !
- Non ! C’est LUI ! Rugit Mittyk. Tu ne veux pas l’avouer, mais tu as été assouvi, trahi et tu en as profité pour te venger sur Marys !
- Menteur !

Ce cri fut strident et tremblait. Ce n’était pas censé se passer comme ça pour Fatalis. Il devait se débarrasser de Mittyk et mettre les voiles. Mais ce fourbe réveillait en lui des douleurs que même des lances n’avaient jamais faites aussi mal. Il tremblait, même à travers le corps de Larah. Ses poings étaient serrés, comme ses dents… Mittyk ria doucement en se relevant, aidé de son arme. Il se redressa et essuya le sang qui coulait de sa bouche. Il avait touché son but… Ses yeux s’illuminèrent et se tintèrent de noir, Larah reprit le contrôle et recula. Le sourire sadique de Tikky ne faisait pas vrai, lui qui d’ordinaire était si calme… Il lança son arme qui frappa l’épaule de Larah et qui revint vers lui : c’était lui qui avait donné le boomerang à Larah, et il était adepte de ce genre d’arme. Larah le sentit trancher une partie de son armure sur ces épaules avant de regagner la main de son lanceur. L’œil toujours actif, elle ne bougeait tout de même pas. Mittyk s’élança vers elle et sauta en l’air, il la plaqua au sol et leva au son arme, seulement à ce moment là, la chasseuse arrêta son bras et le serra. Le felyne souriait comme un dément. La lame était proche de l’œil droit de Larah, et ce n’était pas bon signe, en criant, elle le repoussa et substitua les places. Elle débarrassa sauvagement l’arme des mains du felyne et lui enfila un direct gauche, puis un droit, en répétant :

- Tu n’es pas lui ! Tu n’es pas Tikky Mittyk ! Tu n’es rien !

Les coups pleuvaient sur le felyne qui changea son regard en un beaucoup plus familier :

- Je suis tout ce que tu as perdu…

Larah se releva et recula soudainement. C’est elle qui tremblait à présent, non plus Fatalis… Pourtant, à travers l’œil, il contemplait la scène, sans rien faire non plus… Tikky Mittyk avait laissé sa place à une femme de 35 ans environ, ses cheveux blonds attaché en une natte qui tombait dans son dos, quelques mèches passaient devant ses yeux d’un bleu pur. Son visage illumina Larah qui recula à nouveau, elle ne rêvait pas, et c’était pire que ce qu’elle croyait… La femme portait un plastron dont le symbole de la famille Tian ornait le métal blanc…

- Eve… commença-t-elle.
- Mère… ? C’est impossible…
- ( en gras, les paroles de Fatalis dans la tête de Larah : ) Non… Quelle sorcellerie est-ce là…
- Tu… tu étais morte… murmura Larah.
- … Tout ce que tu n’as plus…
- Qu’est-ce qu’elle raconte… ?
- Dégage de là ! Elle a son arme ! Elle va nous anéantir !

La mère de Larah se releva d’un seul coup, donna un coup de paume dans le ventre de sa fille et tira son arme, la pointant désormais juste au-dessus de la gorge de la jeune femme, à terre… La lame rouge brillait d’une lumière sombre. Le métal, si s’en était un, était opaque et impénétrable. Larah reculait en rampant en arrière, elle n’arrivait pas à se calmer… Elle pensa « Comment ma mère peut être là… ? D’accord, j’avais compris depuis longtemps que Myra était une anagramme de Marys, mais Marys a vécu il y a des dizaines d’années ! Ma mère n’est pas celle dont ils parlaient… Pourtant elle a l’épée… Mais comment peut-elle être là ?! J’ai de la brume devant les yeux ou… la brume… la fumée ! L’encens ! Je suis droguée, comme la fois où je revivais mes souvenirs dans cette base ! ».

- Eve… Tu me déçois… Fatalis est donc avec toi…
- Non ! Il ne l’a jamais été !
- Pourtant tu l’appelles… Tu es ton propre démon…
- Je suis… quoi… ?
- Nous avons déjà perdu assez de temps… Adieu Minuit.
- Enfuis-toi ! Nous ne sommes pas de taille !

Larah frappa dans l’arme et roula sur le côté, en se relevant, elle sourit :

- J’avais presque oublié ton visage, maman…
- Ce n’est pas elle ! Tu dois t’enfuir !
- Je sais, nous sommes dans un rêve, donc rien ne peut nous arriver…
- Bien sûr que si ! Je… t’ordonne… de fuir…
- Qu’est-ce qu’il t’arrive Minuit, tu te souviens de chose qui font mal ?
- LA FERME ! Rugit-il.

Larah chancela, l’épée qui la pointait la suivait et n’attendait que de frapper. Myra chargea et frappa de toutes ses forces sa fille qui bloquait en quinte*. Elle para et fit une fente* pour frapper le ventre de la femme plus âgée qu’elle, qui n’eut pas vraiment de mal à esquiver et à frapper à nouveau, bloquant en tierce* cette fois-ci. Larah fit une feinte et tapa de ses deux armes l’épée rouge de Marys. Des éclairs noirs jaillirent sur les contours de l’arme. Les armes étaient la seule frontière entre la mère et la fille. Cette dernière frappa en plein dedans du pied, rangea ses armes et leva les bras, en les tendant vers sa mère. « Elim t’attend… Nous t’attendons tous… » Souffla-t-elle. Mais la vision de la mère idyllique s’enfuit rapidement. Elle frappa à nouveau Larah au ventre et leva le bras pour donner un coup. Larah l’attrapa comme pour la prendre dans ses bras puis, d’une main, elle prit son boomerang et le planta dans le dos de sa supposée mère :

- Tu n’es pas ma mère, souffla-t-elle, les larmes aux yeux. Tu n’es qu’une vision, un songe, un mauvais rêve… Elle est morte et elle ne reviendra pas.
- Tu te trompes… Si ce n’est pas moi… Ce sera quelqu’un d’autre… On te pourchasse… On te… ( La fausse mère agonisait : )… cherche… Beaucoup de gens… Des chevaliers comme des monstres… Ils reviendront…
- Qui ? Dis le moi.
- Les… Le Conte… Le Destructeur… et tant d’autres…
- Le Conte ? Ce fameux raconteur d’histoire ? Qui est le Destructeur ? Je t’en prie, réponds moi !
- Personne ne te répondra… Personne…

Sous la pression de Fatalis –ou Minuit-, elle enfonça de plus en plus l’arme dans le dos de la femme et en la relâchant, elle tomba sur le côté et disparu comme elle apparut. Larah lâcha son arme… Fatalis réagissait étrangement. Elle se tint la tête et finit par crier, de douleur, de peur, de tristesse. Un sentiment d’une perte nouvelle, comme le jour où son village brula. Mais c’était différent… Minuit pleurait aussi. Il évacuait aussi sa peine et sa rage dans ce cri. Larah tomba à genoux, les larmes roulant de ses deux yeux. Elle agrippait le sol en serrant ses lèvres. Elle sentit une nouvelle présence, debout, en face d’elle, qui lui ordonnait de ne pas pleurer et de se lever. Qui l’attendait encore ? Pourquoi Tikky Mittyk lui faisait subir ça ? Elle regarda la personne devant elle : son propre reflet, mais « maléfique » comme elle l’avait vu dans la base dans les montagnes de glace :

- Encore toi… Tu vas me foutre la paix… ?
- Ca risque d’être compliqué de demander ça à sa propre conscience…
- Tu n’es pas ma conscience, tu n’es rien, toi non plus.
- Non… Je suis tout ce que tu es. Tout ce que tu as vécu. Je suis un seul, je suis tout, je suis… toi.
- Qu’est-ce que tu racontes… ?
- Nom de dieu ! Tu vas arrêter de poser des questions ? Prends tes armes et va te battre ! Tes amis t’attendent, tu ne vas pas les laisser tomber maintenant. Allez, debout. Le monstre qui a rugi, on le sait toutes les deux… C’est une grosse bête, comme un téostra, mais en pire.
- Tu as peut être raison…
- Bien sûr que j’ai raison. Si j’ai raison, t’as raison, et inversement vu qu’on ne fait qu’un.

Larah ignora la dernière parole et se contenta de se lever. Pour sortir de son rêve, il fallait attendre qu’on la réveille, ou qu’elle est une énorme peur, un sentiment encore pire que celui de la vision de sa mère. Elle ferma les yeux. Minuit s’était tu. Minuit. Quel nom… Pourquoi Marys lui avait donné ce nom ? En était-ce au moins un ? Ca ne l’étonnait qu’à moitié que Fatalis n’en voulait pas. Mais en même temps… Appeler Fatalis, « Fatalis », c’était comme nommer Larah par « femme ». Elle eut un frisson… Elle savait peut être ce qui lui ferait peur… La pire frayeur de sa vie.
Elle rouvrit les yeux et se retourna. C’était une mauvaise idée, très mauvaise. Elle se retourna et se trouva en face d’énormes écailles rouges sang. Trop tard, elle y avait pensé trop fort… Une énorme patte vint s’écraser sur sa position, elle bougea à temps et commença déjà à suer face à la bête qui se tournait lentement. Un sourire carnassier, presque humain, rendait la bête encore plus effrayante, encore plus terrifiante, une sorte de monstre venu de vos cauchemars les plus profonds, si terrible, que vous vous demandez comment les entrailles de la terre ont pu donner naissance à ça… Larah agrippa ses deux armes, comme ses derniers remparts. Les deux yeux s’ouvrirent. Larah chancela en arrière, comme la première fois, comme lorsqu’elle vu de ses yeux celui dont le nom seul évoque la peur : Le Fatalis Pourpre. Il était entièrement devant elle… Elle lâcha ses armes… Elle avait aussi peur que le jour où elle le vit pour la première fois. Plus imposant que Minuit encore. Son sourire n’avait rien de naturel, mais c’était l’image qu’elle avait de lui, dans ses souvenirs :

- Comme on se retrouve, souffla-t-il dans la langue des wyverns.
- Tu… Tu étais… m… mort… balbutia Larah.
- Moi ? Jamais tu ne m’as porté le dernier coup. Et d’ailleurs, je suis toujours en vie…
- C’est ce que… je crois ou imagine… Mais on t’a vu tomber sous les coups.
- Vous n’avez jamais retrouvé mon corps, seulement des écailles et des morceaux de carapace…
- Non…
- Si ma pauvre. Plains ton sort, je ne suis jamais mort. Je suis le Destructeur. Je suis ce que tu ne seras jamais.

Même Minuit ne semblait pas disposer à intervenir. Larah ferma les yeux, elle se supplia elle-même de se réveiller… Il ne lui fallut pas longtemps pour reprendre ses esprits, elle tremblait sur la table où elle était tombée avant de s’évanouir sous l’effet de l’encens. Elle recula et regarda autour d’elle. Pas de mère, pas de fatalis pourpre mais un felyne saint qui n’était pas blessé. Elle se dirigea vers lui lentement, dans le silence de la peur. Mittyk souriait à peine, il savait ce qu’il avait fait endurer à Larah… qui était désormais troublée et pas vraiment rassurée… Elle avait appris tant de choses : Le nom de Fatalis, qui lui évoqua des choses, Marys, liée à sa mère, et aussi… qu’elle avait « créer ses propres démons ». Elle dut le répéter à voix haute car le felyne sourit et lui expliqua :

- Tu ne comprends toujours pas ce que cela veut dire ?
- Je dois avouer que non…
- Ce que je vais te dire va sûrement te faire réagir… Mais je te pris seulement d’écouter. Cela vaut aussi pour toi, Fatalis.
- Je t’écoute.
- Nous commettons souvent les mêmes erreurs, malgré le fait que l’on retienne la leçon, on recommence. Et à chaque fois, sans peut être s’en rendre compte, on expie le mal sur les autres… On les accuse à tort… Mais en réalité, n’est-ce pas notre mal que l’on va exposer sur eux ? Nous avons peur de nous regarder et de voir notre part d’ombre… On veut donner une identité à ce mal. C’est ainsi que tu iras mettre le problème sur l’autre pour te rassurer, alors qu’il n’y est pour rien… Tu as remis la faute sur Minuit en disant qu’il te possédait, que c’était un fardeau, mais c’est toi qui demandait son aide… Et il acceptait, car lui-même est perdu dans son propre monde. Il ne sait pas qui il est. Et surtout, il possède la faculté d’avoir des sentiments humains, alors il se perd entre sa conscience et son instinct bestiale, comme toi… On peut presque parler de bipolarité… Je sais qu’il est inconcevable de mettre Fatalis innocent alors que c’est un assassin, mais il a un caractère qui l’a poussé à faire certaine chose, comme toi…
- Une minute de silence pour avoir philosopher...
- De silence pour qui ?
- Pour l’auteur…

Le fait de comparer Fatalis à elle était un sentiment de malaise. Tout était vrai, mais elle refusait de l’accepter. C’était inconcevable de se dire ça : Fatalis en proie à une folie qu’il a lui-même redonné à Larah. Elle regarda ses mains, sans savoir pourquoi… Pourquoi ? Pourquoi défendait-il Fatalis ?

- Je ne défends pas Minuit, je te montre juste ce que tu pourrais devenir, et le mal qui serait créé si, à chaque fois, tu l'identifiais comme ta propre démence.
- Mais qu’est-ce que tu en sais toi…

Une voix grondante et menaçante. Mittyk recula, il s’y attendait mais pas au point d’avoir une réaction pareil : Larah venait de saisir ses deux sabres et les tendait sous la gorge du felyne qui n’avait rien vu venir. Il ne pouvait même pas reculer à cause du mur dans son dos. Larah releva la tête, l’œil avait tourné à un rouge plus foncé et plus effrayant que la normale. Les lames tremblaient à vue d’œil. Un silence s’était installé. Ce silence qui donne un sentiment de malaise comme le calme avant la tempête… Larah était totalement sous le contrôle de Fatalis. Elle saisit par la gorge le chat et le souleva :

- Non… Tu n’es pas comme ça Larah… Reprends toi.
- Tu penses me comprendre ? Tu penses savoir ce que j’endure ? J’aimais Marys et tu penses que je l’ai tué pour le plaisir ?
- C’est ce que tu as dit tout à l’heure…
- Tais-toi… TAIS TOI ! Tu ne sais rien !
- Beaucoup plus que tu ne le crois… Je suis ici depuis un peu plus longtemps que toi, maintenant… Je te connais depuis que tu as craché tes premières flammes, gamin. Rien ne peut me tromper à ton sujet…
- Changement de plan !

Larah écrasa le felyne contre le mur d’une main et d’une autre, elle planta son sabre de feu dans l’épaule du felyne pour le laisser accrocher, ce qui tira un hurlement de douleur à Mittyk. Elle s’éloigna, voyant s’il tenait seul, ce qui était le cas. Le felyne tenait l’arme et essayer de la retirer, des petits cris essayaient de le rassurer, cachés dans les ombres.


- Comment oses-tu me croire inconscient de mes actes… J’ai détruit des dizaines de ville et de village, tué des centaines de gens, et tu crois encore que je fais ça car j’en suis soumis ?
- Le problème, Minuit, c’est que tu as tué Marys car elle le savait, et tu ne voulais pas que cela se sache, non… Tu voulais ton secret enterré… Pour ne plus à avoir à le reconnaître… Il semblerait que tu es perdu ton masque, fatalis.
- Je t’ai dit… de te taire !
- Si jeune et toujours aussi innocent et perdu…
- La ferme !
- Svarog est un exemple plus concret de vrai fatalis… Il est pourpre aussi, il n’est plus un petit dragon noir… Mais lui, il ne reste plus grand-chose… Tu es le rebut de ton espèce, même les tiens ne t’acceptent pas… alors tu t’es tourné vers les hommes… Mais il semble bien qu’eux non plus ne te comprennent pas… A part une… Marys, qui sut que tu possédais des sentiments humains et une conscience de wyverns, un instinct bestial que tu ne peux refouler et qui te pousse à la destruction…
- T A I S - T O I ! Rugit-il à travers Larah. Vous êtes trop bêtes pour comprendre ça ! Je… Je vais…
- Nous tuer ? Vas-y, tu en es incapable…

Larah retira son arme du felyne, elle venait de reprendre le contrôle. Mittyk tomba au sol et tenta de se relever seul. La jeune femme avait tout entendu et tout compris et décida de ne pas aider Tikky qui rampait au sol vers un de ses orphelins qui tenait une potion. Elle baissa les yeux, elle ne s’attendait pas à ça. Un fatalis qui comprend les hommes, veut vivre avec eux, mais est rattrapé par son instinct. Le felyne se releva en se tenant sur le mur. Larah parla d’une voix calme :

- Comment je me débarrasse de ce dragon bipolaire ?
- Il se peut bien… que ce soit impossible…
- Non, il doit y avoir un moyen… Il y a toujours un autre choix !
- Je suis désolée Larah. Rien ne peut annuler cela au point de vue chirurgicale, on n’0est pas assez avancé… Et d’un autre côté, c’est impossible. Si l’un de vous meurt, l’autre meurt aussi… C’est ainsi, la malédiction de Marys consisté à tuer Fatalis si ses yeux étaient crevés, pour ne plus qu’il voit le malheur qu’il avait causé au monde… Je suis navré…

Larah tomba à genoux, penchée sur le sol. Non, c’était impossible, il y avait sûrement autre chose. Des larmes roulèrent sur ses joues, depuis cinq ans, elle cherchait à l’enlever, quitte à le tuer… Tous ses espoirs de vengeance s’effondrèrent… Elle frappa plusieurs fois le sol du poing, totalement démunie face à la fatalité. Elle avait juré qu’elle tuerait Minuit, mais elle ne savait pas que c’était impossible. Le felyne ne dit rien, il était venu pour lui annoncer ça, mais il ne pensait pas que cela prendrait une telle ampleur pour elle, il pensait seulement que ça la rassurerait de savoir que Fatalis ne la tuerait pas… Elle se releva soudain et s’approcha du rocher qui l’avait enfermé quand elle avait glissé. Elle ouvrit l’œil et utilisa la force que cela lui conférait pour faire rouler la pierre et la jeter sur le côté. Elle regarda la pente, elle n’entendait plus de bruit à son sommet. Elle baissa la tête et ferma ses poings, elle dit calmement :

- Si je ne peux le tuer, alors… Alors je vivrai avec et je le soumettrai à moi. Comme lors de l’affrontement contre Svarog. Des personnes « censées » m’ont dit de faire des choix, que je les regretterai peut être, mais qu’ils seront nécessaires. L’Ordre ou la Rédemption ? Je verrai en temps voulu, seul mes objectifs présents m’importent, et là, c’est d’aller aider mes amis.
- Je crois que je n’ai plus à me soucier de ton sort… Je pensais que tu ne comprendrais pas, mais j’ai eu tort… N’oublie jamais cela, Larah : Tu es la frontière entre Wyvern et Humain, ce mince interstice entre les deux qui fait que le Wyvern ne sera jamais aussi civilisé que l'Homme et l'Homme jamais aussi sage que le Wyvern"
- Hm… Je ne suis pas la seule, mais merci.

Elle remonta la pente en marchant seulement sur les restes des marches, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle se retrouva en haut. Elle fit signe à Mittyk pour lui dire au revoir, puis elle disparut. Le vieux felyne sourit et marcha vers le centre de la salle, où Larah avait dormi sur la table quand elle était sous l’encens. Il regarda les murs et ses secrets gravés dessus. Puis, en allumant sa pipe et en recrachant la fumée inhibée, il souffla, tout en souriant : « Elle n’y arrivera jamais. Ou peut être que ce n’est qu’une question de temps… »

Larah déboucha sur la salle où il n’y avait plus personne. Elle inspecta les traces au sol pour savoir où ils étaient partis : du sang, des cendres et de la poussière. Par logique, et plus ou moins rassurée, elle suivit le sang. Elle se lança dans la galerie en tenant une de ces armes par précaution. Une série de bruit se faisait entendre, elle arrivait au bout du tunnel, qui se finissait par un écran de lumière, dansant sur les murs. Larah entra silencieusement dans la salle, qui ressemblait plus à un couloir très large qu’à une salle et dont la poussière était soulevée par les bourrasques que produisait l’Eliostra en battant des ailes, devant la porte effondrée sur elle-même…

- Ola… Je vois qu’on est toujours aussi maudit ou un truc du genre…




HS : La tierce* et Quinte* sont des positions de défense en escrime ^^ Les liens vous montrent les positions ^^

Après avoir poussé un soupir et s’être élancé à la poursuite du Kirin Noir, le petit groupe traversa un couloir sombre, en fait, ils durent même s’arrêter pour pouvoir allumer des torches, tant ils ne pouvaient rien voir.
Le tunnel était long, très long, beaucoup trop long, ces galeries serpentaient sur plusieurs kilomètres au moins, ou du moins c’est l’impression que cela laissait. Ils en avaient perdu la notion du temps, ces longues galeries n’étaient que faites de dalles de cette même pierre sombre qui composait la Tour. Finalement, ils débouchèrent sur une nouvelle zone : une sorte de couloir très large au sol sablonneux, visiblement, le bâtiment ici s’était effondré ou s’était fait dévorer par des Leptrixs, ce qui donnait le double de l’espace prévu à la pièce, en témoignent les restes des murs encore debout.
La lumière dans la pièce provenait du plafond, par un trou visible, mais elle ne semblait pas le moins du monde naturelle. Qui plus est, le sable au sol renvoyait des reflets irisés un peu partout sur les murs, donnant un aspect irréel à cette salle.
Ils entrèrent à pas prudents, tous sur leurs gardes : Les traces de sang au sol indiquaient que le Kirin était passé par là, mais il n’était pas en vue et pouvait très bien les guetter depuis l’arrière de l’un des vestiges de mur.
Leurs premiers pas sur le sable confirmèrent qu’il n’était clairement pas normal, il était dur, très dur et s’y enfoncer était difficile, ce sable-là semblait presque aussi solide que la roche qui composait les murs elle-même, c’était dire si une chute sur ce sol-là allait faire mal.
Alors qu’ils marchaient, chacun scrutant un coin de la zone, un bruit attira leur attention. Le Kirin était sorti de sa cachette, visiblement, il était nerveux, en témoignaient les nombreux reniflements qu’il effectua. Et la cause vint d’elle-même : De l’autre côté de la pièce, par la seule et unique sortie possible, il émergea.
Il était grand, cinq bons mètres de haut quand il était dressé sur ses pattes avant, trois et des poussières quand il était en position de combat. Une crinière violacée qui flottait majestueusement lors de ses foulées, des cornes rappelant celles de ses deux géniteurs, des crocs saillants, des griffes acérées, des écailles violacées tigrées de noir jusqu’à ses deux ailes majestueuses. Il fixait le Kirin et le groupe de ses deux yeux turquoise purs. Un Eliostra, l’union de la Lunastra et du Teostra, un monstre dont la puissance est digne de figurer dans les légendes, alliant les points forts de ses deux parents. Il poussa un rugissement tonitruant qui sembla vriller l’air autour de lui, forçant tous les chasseurs à se boucher les oreilles malgré les vingt bons mètres qui les séparaient du monstre.
Les flammes commencèrent à danser autour du Dragon Ancien. Il se mit en position de combat, prêt à s’élancer sur sa cible.
Le Kirin se tourna vers lui et se cabra, avant de se laisser lourdement tomber au sol, le martelant de ses sabots et activant la puissante aura Dragon qui fit crépiter sauvagement des éclairs noirs bordés de rouge autour de lui.
Les chasseurs, eux se concertèrent :

Drakov : On est supposé faire quoi là ? C’est visiblement lui qui a tabassé les Kirins.
Talf : Le vaincre… Du moins je crois… Enfin si c’est possible.
Alix : D’autant que le Kirin est piégé, il va tout donner pour défendre sa peau, le fait qu’il ait activé son aura Dragon le prouve.
Neilla : Vaudrait pas mieux les laisser s’entretuer ?
Alissa : L’idée est pas mauvaise, mais je doute que le Kirin ne nous charge pas pour s’enfuir.
Neilla : Damn…
Valence : Donc, reste plus qu’à y aller et exploser la gueule a ces deux Dragons Anciens.

Ils opinèrent tous, Drakov sourit. Il aimait bien ce monstre, sa couleur, son impérialité, oui, s’il parvenait à la vaincre, il se ferait une armure digne de ce nom avec les composants tirés de son corps, peu importe combien ça allait coûter, il y mettrait le prix.
Il tira son katana dragon/foudre, encore parcouru d’éclairs violacés. Il tendit celui de glace à Alissa, qui le prit après avoir chargé une munition plomb de niveau 3 dans son chargeur. Neilla dégaina son arc, Talf empoigna fermement sa lance, Valence activa ses gènes et se mit aux côté d’Alix, cette fois elle allait faire une démonstration de son talent en jouant pendant qu’elle frapperait. Avec un sourire carnassier, Drakov partit à toute allure, en même temps que les autres. Il frappa le Kirin Noir avec véhémence, lui collant un coup oblique en plein flanc, qui ouvrit une profonde entaille crépitant à cause des éclairs violets. Le Kirin ragea, Drakov sentit le picotement causé par l’aura Dragon se répandre dans son corps, mais qu’à cela ne tienne, il décida d’ignorer cette douleur qui montait crescendo en activant ses gènes.
Le monstre chevalin se tourna vers son agresseur et tenta une double frappe avec ses sabots avants en se cabrant, manque de chance pour lui, Drakov esquiva d’un bond en arrière, laissant place à l’Eliostra pour son attaque. Le monstre chargea d’un bond, il couvrit aisément les quelques mètres qui le séparaient du Kirin et lui colla un coup de crâne magistral, envoyant l’équidé en situation d’équilibre précaire rouler au sol, juste aux pieds des autres chasseurs. Profitant de l’occasion, Talf darda de sa lance, pendant qu’Alix démonisait sur la crinière à la chair à vif du Kirin. L’Eliostra tenta un nouvel assaut, visant cette fois aussi bien les chasseurs que le Kirin, il tenta une nouvelle charge, mais en courant cette fois. Il fut intercepté par un effort conjoint d’Alissa et Valence, la première tira sa munition plomb et s’écarta d’un bond de côté pour laisser passer le cor de chasse de l’autre, qui se fracassa sur la face du Dragon Ancien, le stoppant net dans sa charge. L’Eliostra n’en fut pas sonné pour autant et fit flamber son aura, ce qui força Valence à reculer rapidement. Les Plesioth étant très sensibles au feu, il valait mieux pour elle qu’elle reste éloignée de l’Eliostra tant que son aura de flammes n’était pas neutralisée.
Neilla décocha une flèche qui se ficha fans la face du dragon, mais superficiellement malheureusement. Il la fixa, prêt à bondir vers elle. Drakov tenta un assaut frappant son flanc avec son katana. Les éclairs violacés lacérèrent assez superficiellement les écailles du Dragon Ancien qui nota cet opposant et, d’un bond rapide, lui colla un coup de patte avant, que Drakov n’avait pas vu venir du tout. Il roula au sol, ce qui lui fit doublement mal.
Il cracha une glaire ensanglantée : Celui-là n’était pas un tendre, il frappait fort, très fort.
Le Kirin, pendant ce temps, s’était relevé. Il envoya des éclairs autour de lui, pour faire fuir ses opposants, Talf para l’éclair, in extremis, mais il sentit la décharge se propager dans tout son corps au travers du métal du bouclier. Alix, elle, esquiva de justesse, mais eut à subir les désagréables effets de la décharge quand même, car elle avait pu se transmettre aisément à son corps. Tous deux furent donc immobilisés, Valence poussa Alix en se jetant sur elle, Alissa fit de même avec Talf. Cette manœuvre avait pour but de les mettre à l’abri de la prochaine attaque du Kirin et de la contre-attaque possible de l’Eliostra.
Et c’est bel et bien ce qui arriva : Le Kirin prit deux solides appuis au sol et exécuta un salto, pendant lequel il bombarda littéralement ses environs d’éclairs noirs. Mais il visa principalement le Dragon Ancien qu’il avait face à lui. Il retomba, se retrouvant proche du sol, qui sembla se fissurer sous lui, malgré qu’il ait été fait de sable. L’Eliostra encaissa les éclairs et contre attaqua d’une puissante baffe enflammée dont les Dragons de Feu avaient le secret, cette dernière explosa même contre le Kirin, qui fit un pas de côté.
Le Dragon Ancien s’écarta d’un bond en arrière de son compatriote chevalin. Il fit battre ses ailes, rependant des spores jaunes tout autour de lui, ces petites spores, c’était aussi un mouvement typique des Dragon de Feu, ils savaient tous ce qui allait arriver ensuite. Alissa se releva d’un bond, après avoir manqué d’étouffer Talf dans sa poitrine en le poussant pour esquiver. Ce dernier se releva aussi avec un air d’abruti heureux. Alix et Valence firent de même.
Valence termina de jouer la mélodie qu’elle avait commencée, les effets se firent rapidement sentir, tous reçurent un puissant boost d’attaque. Alissa chargea une nouvelle munition plomb niveau 3 dans son mini fusarbalète et repartit à l’assaut, secondée par ses sœurs cadettes et Talf. Neilla tira trois flèches d’un coup, les trois traits se fichèrent dans le dos du Kirin, qui poussa un hennissement de rage et se retourna vers elle. Il s’exposa ainsi au courroux des autres chasseurs. Talf frappa en premier, d’un puissant coup de bouclier en pleine face, il fit faire un pas de côté au canasson, Alissa seconda en frappant avec le Katana de glace, un coup puissant, porté avec ses gènes activés, un coup ascendant qui ouvrit une entaille dans le cuir brûlé du Kirin. Ce dernier voulut les faire cesser leurs assauts d’un coup de flanc, Alissa l’encaissa et glissa un sol, avec un sourire dément, Talf, lui, bloqua l’attaque avec son bouclier et recula à peine. Alix et Valence prirent le relais, la première démonisant sur le flanc déjà blessé du Kirin et la seconde lui collant un coup de cor magistral, qui fit vibrer légèrement le sol à l’impact. Un superpound comme les autres chasseurs appelaient ça, les gènes Plesioth Vert de Valence y ajoutaient une force plus percutante. Le Kirin cilla à peine en encaissant ces attaques, les éclairs dans sa crinière gagnèrent une nouvelle intensité et il martela lourdement le sol de ses sabots. Il se cabra et, poussant un rugissement horrible, comme son prédécesseur, il fit pleuvoir une véritable tempête noire sur ses opposants. Les éclairs bombardèrent littéralement toute la zone autour de lui, forçant les chasseurs à esquiver, ce qu’Alix et Talf parvinrent à faire, mais pas Valence, qui poussa un « Kya ! » avant de poser un genou au sol. L’élément Dragon n’avait pas vraiment l’avantage sur les Plesioth Verts, mais avec une telle puissance, n’importe qui aurait été cloué au sol simplement en frôlant d’un peu trop près un de ces éclairs.
Le Kirin avança vers elle, décidé à lui coller un bon coup pour se venger. Il n’avait plus la vitesse ahurissante que l’autre Kirin avait, il était bien trop épuisé par ses combats avec l’Eliostra pour pouvoir lutter à pleine puissance, l’aura Dragon étant à la base leur dernier recours. Le sol vibra sous chacun de ses pas, il s’arrêta juste devant Valence, se cabra et…
Rien ne vint, Valence s’était préparée à subir un assaut sauvage, mais rien n’était venu. Si elle avait fait attention, elle aurait entendu le rugissement pendant que le Kirin avançait, rugissement qui était le signe que l’Eliostra passait à l’attaque et allait faire sauter ses spores. Ce moment de rien, c’était ce léger temps de latence, pendant lequel le corps répond au rush d’adrénaline dans le cerveau, tout semble se passer au ralenti. C’est ce qui se passait pour la croisée Plesioth Vert, elle vit le Kirin se cabrer devant elle et soudain tout s’enflamma, l’enfer, bien plus puissant que les munitions fragmentation niveau 3 de sa sœur, qui pourtant étaient modifiées pour être plus puissante.
Elle fut projetée contre le reste de mur derrière elle par l’explosion, Alix et Talf encaissèrent la suivante, le chasseur usant de son bouclier pour couvrir au mieux sa compatriote, cela leur évita les dégâts dus à la déflagration, mais l’onde de choc les envoya voler sur un bon mètre malgré leurs armures. Puis vint le tour d’Alissa, qui esquiva l’explosion en se jetant elle-même au sol, loin de la zone envahie de spores jaunes. Neilla eut le même réflexe, ce qui lui épargna une explosion. Le Kirin, quant à lui, reçut de plein fouet l’explosion qui avait touché Valence, ainsi que deux autres, déclenchées près de lui. Les dégâts étaient importants, sa chair était brûlée.
Il s’ébroua, son aura Dragon était toujours active, il ne semblait pas encore disposé à rendre son dernier souffle. Alix se précipita vers Valence et lui fit rapidement avaler un mélange de breuvage frais et potion, pour calmer ses brûlures. Requinquée par les soins de sa petite sœur, Valence se redressa. Tous regardaient à présente vers l’Eliostra, sur le flanc duquel Drakov faisait danser son katana depuis que le dragon avait préparé son attaque. Les coups avaient beau être portés avec force, les entailles étaient difficilement visibles, mais certaines commençaient à s’approfondir, grâce aux dommages de l’élément Dragon. Alissa lui hurla dessus :

Alissa : Si tu savais qu’il allait faire ça, t’aurai pu prévenir !

Il ne répondit pas, en fait, il était bien trop concentré par sa besogne. Il ferait tomber ce dragon, c’était clair et net. Larah entra à ce moment-là, moment auquel l’Eliostra décida de s’envoler, soulevant par là-même le albe constituant le sol et nuages denses et épais. Elle ne vit que le puissant Dragon Ancien, qui la remarqua aussi et la chargea, sa manière à lui de la saluer sans doute.
Le monstre lui fonça droit dessus, Alissa émergea depuis sa gauche et planta le katana dans le sol, elle tira sa munition plomb, qui fit faire un pas en arrière à l’Eliostra, les impacts le blessant à la face. Elle chargea une nouvelle munition longue et épaisse et hurla :

Alissa : Munition frag niveau 3 !

Larah comprit de suite, elle se mit derrière elle, Alix et Valence émergèrent de la poussière et se placèrent de façon à soutenir elles aussi leur grande sœur. Elle visa et tira, lâchant immédiatement l’arme, ce qui lui évita une nouvelle brûlure gênante. L’Eliostra était près, beaucoup trop près pour esquiver. L’impact explosif de la munition se répercuta sur sa face, lui arrachant un cri de douleur, mais les explosions qui suivirent, dues à la fragmentation de la balle, constellèrent sa face de brûlure. L’air autour de lui cessa de vibrer, son aura de feu était calmée, du moins pour le moment.
Le quatuor glissa au sol, Alissa empoigna le katana pour aider à se stopper, elles glissèrent sur quelques centimètres de plus après cela. Alissa poussa un profond soupir et lança, à Larah :

Alissa : Je sais que je suis attirante, mais si tu pouvais éviter de me peloter dans un moment comme ça…

Larah se rendit compte qu’elle l’avait attrapée par les hanches et que, durant la glissade, ses mains avaient ripé sur le derrière de la croisée Lavasioth. Elle se sépara rapidement d’elle et maugréa :

Larah : Blague à part, c’est quoi ce bestiau ?
Talf : La principale raison d’inciter Tartaros et Isis à utiliser des contraceptifs.

Un hochement de tête général suivit, Larah sembla se souvenir d’un truc et lança :

Larah : Mais alors l’Aquarex…
Alix : Tais-toi ! Je veux même plus t’entendre !

Elle s’était bouchée les oreilles et avait tourné le dos. La blague mise à part de nouveau, elles se concentrèrent toutes sur leur nouvel opposant. Le Kirin Noir était derrière lui et gratta nerveusement le sol. Il frappa lourdement ce dernier et, d’un salto, il fit tomber un éclair noir gigantesque sur le Dragon Ancien, qui en tomba de côté tant ce dernier était brutal. Le Kirin se réceptionna et s’ébroua, avant de s’affaler de côté, visiblement mort. Il avait mis ses forces dans cette dernière attaque, la fierté énorme de ces monstres avait finalement repris le dessus au dernier moment et lui avait intimé l’ordre de terrasser son opposant, ce qu’il avait fait, afin de partir avec panache.
L’Eliostra s’agita au sol, visiblement il n’allait pas tarder à se relever. Drakov émergea de la poussière et se plaça aux côtés des autres. Il déclara :

Drakov : Bon, on y va ou bien ?
Larah : Pourquoi t’as l’air aussi motivé d’aller te faire démolir ?
Drakov : Je sais pas… mon premier vrai Dragon Ancien peut être.
Alix : C’est aussi mon cas et non, c’est définitivement pas le cas.
Alissa : Il est toujours pas trop tard pour larguer ce malade tu sais...
Valence : Je confirme, je retire tout ce que j’ai pu dire de positif sur toi, t’es juste une brute.
Drakov, soupirant : Sinon, on le laisse gentiment se relever ?
Larah : Pas question.

Elle avait un sourire sadique en disant cela, tous s’élancèrent, Drakov, ses gènes encore activés, passa en tête. Suivi de près par Alissa, Talf et Alix, venaient ensuite Larah et Valence, Neilla, qui s’était barricadée derrière un des murets arma son arc.
L’Eliostra se redressa enfin, prêt à bondir. Il se retrouva cependant face au katana de Drakov, qui lui laissa une belle balafre en pleine face. Le croisé Tigrex lança ensuite son arme en l’air avant de bondir de côté en hurlant :

Drakov : Larah ! Je te le confie pour celle-là !

Elle opina, voyant ce qu’il voulait faire. Elle rangea ses sabres, Talf frappa, deux coups de lance et un de bouclier avant de bondir de côté à son tour. Le Dragon Ancien recula, le katana vrilla en l’air. Alix prit la suite, elle frappa, avec véhémence, une démonisation en pleine face. L’élément glacé causa des engelures sur la face du Prince des Flammes, qui recula encore d’un pas. La katana atteignit la hauteur maximale, il amorça la descente. Alissa et Valence frappèrent de concert, la première envoyant un puissant coup de katana en plein dans la face du monstre, ce qui lui laissa une jolie balafre. Le katana vrilla encore. Valence frappa, un puissant coup de cor latéral, qui fit de nouveau grimacer le Prince. Les deux croisées bondirent de côté. Larah prit un bon appui au sol et s’élança, sautant, elle attrapa la garde du katana foudre/dragon, qui terminait sa descente et abattit la lourde lame, après l’avoir armée derrière elle. La corne gauche de l’Eliostra y resta, elle décolla et, après avoir vrillé en l’air, de ficha dans le sol. Larah arborait un sourire victorieux. Le Dragon Ancien se dressa sur ses pattes arrières, prêt à retomber lourdement sur elle et à rugir avec tout sa force, c’est à ce moment que Neilla frappa : Deux flèches, tirées avec une précision diabolique, elles se fichèrent dans le gorge du monstre, l’empêchant de rugir et le forçant à reculer pour retomber.
L’Eliostra fit deux nouveaux pas en arrière, il bondit ensuite pour se mettre hors de leur portée. Il n’était pas si gravement blessé que ça, mais une de ses cornes y était restée… Il allait donc devoir devenir sérieux.
Tous se regroupèrent, Drakov récupéra son katana et Larah dégaina ses deux sabres. Les retrouvailles attendraient, pour le moment, ils avaient un Prince à tuer.
L’Eliostra poussa un puissant rugissement, les flammes de son bouclier s’activèrent, malgré qu’il ait perdu sa corne. D’un nouveau rugissement, bien plus puissant celui-ci, il les fit s’intensifier. Les flammèches de son bouclier devinrent de véritables flammes, faisant vriller tout l’air autour de lui. Il se redressa et les toisa, avec un air impérial, avant de se mettre en position pour charger, la suite s’annonçait difficile.

Les flammes dansaient autour de lui, le couronnant d’un halo de lumière, il se dressa du mieux qu’il put pour observer ses adversaires et les regarder d’un air supérieur. Les chasseurs brandirent leurs armes droit devant eux, la bataille s’annonçait longue et douloureuse pour les deux camps. Neilla tendit la corde de son arc, attendant le meilleur moment pour la lâcher. Valence soufflait dans son cor, ce qui pousserait l’Eliostra à frapper vite s’il ne voulait pas voir ces ennemis requinquaient par des notes de musiques. Il se remit bien sur ses pattes et claqua plusieurs fois des mâchoires, faisant apparaître les spores jaunes qui explosèrent seulement près de lui, en signe de prévention. Drakov sourit à nouveau et prit son katana à deux mains et commença à s’avancer lentement, suivi de près par Larah. Talf en soutien, tendait sa lance entre les deux et si l’un d’eux glissait, il serait récupérer par son bouclier. Alix commença à faire le tour en se détachant du groupe, pour éviter que les compagnons deviennent une seule et même cible. Alissa fit de même dans le sens inverse d’Alix et Valence restait juste derrière Talf en continuant de jouer une mélodie renforçant les défenses. L’Eliostra s’approcha doucement aussi, en n’allant pas tout droit, il faisait un arc de cercle en se déplaçant sur le côté. Sa queue fouettait l’air farouchement, pour dissuader ceux qui voudraient attaquer par derrière. Larah et Drakov se rapprochèrent pour faire front commun, puis d’un regard très rapide et d’un hochement de tête discret, ils s’élancèrent sans crier gare sur le monstre. Larah se mit à courir et glissa pour faire un tacle au monstre, Drakov sauta au dessus pour attaquer de front. Le monstre ouvrit les mâchoires pour l’accueillir, mais il ne sentit que le froid de la lame sur sa peau, il recula et offrit une ouverture sur son ventre pour Larah. Elle trancha la chair comme si ses armes ne faisaient qu’une, la blessure se voyait à peine. Elle recula d’une roulade arrière assez maladroite à cause de son armure et laissa la place à Alix qui sauta au dessus d’elle. Elle activa la démonisation de ses armes et frappa fort sur une des ailes du monstre, puis les flammes la firent reculer. Drakov se dégagea et débusqua, en esquivant, la lance de Talf cachée derrière lui. Talf darda la fourrure du cou du monstre puis se protégea d’un coup de patte. Neilla décocha sa flèche dans la paume du monstre qui ne la sentit qu’au moment où il remit la patte au sol, enfonçant la pointe de lui-même. Le monstre battit des ailes pour soulever la poussière et aveuglait ses assaillants, mais cela n’empêcha pas Valence de frapper l’une des ailes d’un coup latéral, guidait par le poids de l’arme. Elle se prit cependant un revers de coup et tomba au sol :

- De l’aide, s’il vous plait, demanda-t-elle en reculant au sol.
- J’arrive ! Cria Larah qui était la plus proche.

Elle sauta en l’air, lança son arme dans l’épaule du monstre qui rebondit dans un « cling ! » décevant, elle atterrit, roula vers son arme et se jeta à plat ventre sous le monstre pour se protéger de son coup de patte. Elle dégagea rapidement de là, subissant des brulures légères aux bras et se mit en face de Valence, en tendant ses armes devant elle. L’Eliostra claqua des dents à leur intention, puis il se tourna vers elle en balayant le terrain de sa queue. Larah n’était pas faîte pour la défense et ne pensait pas que le monstre l’attaquerait en fait. Le prince des flammes, dont le bouclier agissait pratiquement à son maximum, les chargea. Drakov et Talf coururent aussi pour lui frapper les flans quand il serait devant eux. Le félin s’arrêta net devant les filles et se jeta sur les hommes en levant les griffes, il abattit son coup sur le bouclier de Talf qui céda sous le poids et tomba en arrière, Drakov reçut l’épaule du monstre et glissa sur le sol avant de se relever. En même temps, Larah se prit la queue du monstre en plein ventre et roula au sol. Elle cracha une gerbe de sang et prit appuie sur une de ses armes pour se relever. Son sabre de feu brillait doucement, elle se jeta à elle-même :

- Un sabre de feu… Quel bon choix d’arme, vraiment.
- On n’aurait pas pu le prévoir celui-là, la rassura Valence qui se relevait avec difficulté.
- Il tape fort, même pour des attaques secondaires… On va avoir du mal…

Talf se relevait en râlant, comme Drakov. Les potions se vidaient au fur et à mesure, il fallait les économiser à présent… ils toussèrent un peu et se remirent en posture de combat. Neilla prit une autre flèche et ferma un œil pour mieux viser, elle expira et lâcha la corde. La javeline partit se planter au-dessus d’une des oreilles de l’Eliostra qui rugit à son enseigne et battit des ailes pour survoler les autres et foncer sur elle… Ou du moins, c’est ce qu’elle crut, elle esquiva en se jetant au sol, mais d’un mouvement sec, le monstre lui tomba dessus, prêt à la dévorer vive. Elle esquiva une fois les crocs, puis une autre fois, mais elle était piégée, et tout n’était qu’une question de temps. Alissa se jeta sur le flanc de la bête, empoignant son arme à deux mains et l’enfonçant dans la chair. Le prince des flammes concentra son bouclier sur elle, qui lui brula les mains. Elle recula en criant de douleur, laissant l’arme à sa place, comme dans un piédestal. Voyant que sa victime ne se laissa pas faire, il l’attrapa comme il put avec ses griffes et la lança sur un rocher comme une poupée. Neilla se fracassa dessus en lâchant un petit hurlement tellement la douleur était forte et l’attaque brutale. Alix se jeta sur l’Eliostra et trancha une partie de la chair de la patte arrière gauche, des giclures de sang volèrent çà et là, laissant échapper un grognement au monstre. Alissa en profita, prenant son courage à deux mains et oubliant sa souffrance, elle se jeta, épaule en avant contre la poignée du katana, ce qui fit un effet « marteau » et enfonça davantage la lame, mais pas plus que ce qu’elle attendait. Neilla ne bougeait plus au sol et serrant les dents pour essayer d’oublier la douleur. Drakov arriva, arracha le katana après avoir poussé Alissa pour éviter qu’elle ne se brule, puis de ses deux armes, il frappa en formant un X. Il coupa même une partie de la membrane des ailes. L’Eliostra le regarda du coin de l’œil et se jeta sur lui, il le renversa et tomba avec lui. Drakov se dégagea malgré la masse de l’animal, puis Larah se servit de lui comme d’un tremplin, il ne cilla même pas quand elle sauta. Elle ne tenait que son sabre de glace et le tenait à deux mains, comptant s’en servir comme d’un grappin. Elle tomba sur le monstre et enfonça sa lame dans la carapace et y resta accrochée :

- Ow… ça devait déchirer la chair, pas rester dedans…

L’Eliostra essaya de la regarder, il se mit à tourner la tête, mais elle était dans un angle mort pour lui. Talf sourit et en profita pour frapper juste en dessous des pieds de Larah qui les leva pour éviter les coups. Le monstre ragea et se tourna vers Talf, lui faisant face. Il rugit, la gueule juste devant le village du jeune homme. Après avoir reçu une douche gratuite, il se débarbouilla et bloqua un coup de patte du monstre. Puis un deuxième, puis ils plurent sur son bouclier, il tomba à genoux et soutint davantage son bouclier. Larah était secouée à chaque coup, et voyant son arme de retirer de la chair, elle s’accrocha de plus en plus au pommeau de l’épée. Puis l’arme se décrocha, la jeune femme tomba au sol et frappa d’un coup de bas en haut la patte du monstre. Une pluie gelée vint arrêter les quelques flammes qui accouraient vers elle. Son armure était très résistante au feu, étant donné qu’elle était faîte de composant de Lunastra et Kirin. Le monstre la regarda se placer au côté de Talf pour le défendre : Il avait une armure en Téostra lui. Quelle coïncidence, comme c’était chou, comme il avait envie de les voir bruler… Il donna « une baffe enflammée » vers eux, Talf attrapa Larah à la taille et la cacha derrière son arme. Les flammes furent seulement ce qui toucha leurs armures, mais elles s’éteignirent dessus. Il chargea à nouveau et fit reculer Talf qui glissa sur un bon mètre. Alix vint les aider fit diversion en frappant latéralement le monstre. Larah lui sourit, elle répondit par un bref salut en faisant en clin d’œil. Talf était essoufflé, Larah l’emmena près de Neilla qui leva la tête vers eux quand ils approchèrent, elle essaya de se relever, mais elle avait encore trop mal pour ça. Larah lui fit boire une potion qu’elle avala sans discuter qui lui permit de se mettre sur le dos. Talf avala un peu d’eau, juste pour souffler. L’Eliostra s’occupait d’Alix qui courrait pour éviter ses assauts. Valence lui enfila un méchant coup de cor dans la truffe en passant. Drakov planta son arme dans l’une des vertèbres de la queue et fit trébucher le monstre, qui se retourna et arracha l’arme d’un coup de patte. Drakov couru après son sabre et donna un coup en sautant en arrière. Talf opina :

- Ce truc est monstrueux… On va avoir du mal à le finir.
- A ce rythme-là, j’ai bientôt plus de flèches, souffla Neilla, en regardant le plafond.
- Il t’en reste encore pas mal, dit Larah en regardant le carquois encore rempli.
- Une fichée dans son corps est irrécupérable, et entre celle qu’il casse ou qui rebondisse contre le sol ou la pierre, je vais vite être à sec…
- Je peux y mettre un peu du mien, mais après les évènements, je ne sais pas ce que ça donnera…

Talf et Neilla regardèrent Larah s’en comprendre de quoi elle parlait. Elle avait oublié qu’ils n’étaient pas au courant pour Minuit, elle expliqua rapidement :

- J’ai fait une vieille rencontre quand je suis tombée, et ça a eu des conséquences sur Minuit.
- Minuit ? T’as voyagé dans le temps ? Tu peux faire ça sans dolorean ?
- Talf… (Neilla se mit la main au visage) Que veux-tu dire par « Minuit » ?
- C’est le nom de Fatalis.
Silence général.
- C’est quoi ce nom pourri… ( Talf pouffa ) Tu m’étonnes qu’il veuille tout détruire avec ce nom…
- C’est… un peu plus compliqué… Cela dit… Si ce monstre frappa l’un de nous et cause de lourd dégât, je le remplacerai avec l’œil.

Talf hocha la tête, bien que l’idée ne lui plaise guère. Larah les laissa reprendre leur force, surtout Neilla qui devait avoir deux ou trois côtes en miettes… La chasseuse rejoignit Valence qui écrasa la patte du monstre dans un : « Oups ! Pardon, permettez-moi de vous aider à vous relever ! ». Elle lui donna ensuite un coup en plein dans les côtes. Le monstre se retourna et frappa dans le vide pour qu’elle s’éloigne… Son coup fut suivi d’explosions qui firent reculer Alix. Alissa sauta en l’air et frappa l’aile du monstre. Il rugit et se leva sur ses deux pattes arrière avant de retomber sur ces pattes et faire tomber tout le monde autour par une bourrasque de vent digne d’un Kushala. Drakov se leva en premier et frappa à nouveau, puis il esquiva de très près un coup d’aile. Le monstre était désormais couvert de flamme : son bouclier s’était resserré autour de lui, pour le toucher, la brulure était obligatoire. Une véritable tornade s’ébranlait autour de lui. Il battit des ailes et fit apparaître des spores autour de lui. Tous se relevèrent, puis ils comprirent rapidement qu’il n’y avait pas moyen de fuir, les lucioles de lumières brillaient de partout… Il allait faire sauter la salle, parti comme ça. Il s’envola un instant, son regard plongea au plus profond de ceux des chasseurs, il retomba au sol, causant l’Armageddon.
Alix releva la tête et fit tomber énormément de poussière et de sable. Elle voyait Drakov non loin d’elle qui lui tenait la main. Elle se releva rapidement, et vit deux silhouettes devant elle. Elle secoua Drakov qui releva doucement la tête. Ils s’aidèrent à se mettre à genoux, puis ils se frottèrent les yeux. Larah et Talf était devant eux, toujours en position défensive. Visiblement, c’est eux qui avaient le mieux résisté aux explosions. Neilla émergea près d’eux, elle avait dû s’en prendre une aussi car elle avait bougé de positions. Alissa se releva à quelques mètres, avec Valence protégée malgré sa carrure. Elle avait pris cher, comme on dit. Mais Alissa avait activé ses gênes pour éviter les brulures sur Valence. Talf cria –ou essaya- à l’intention du groupe dans la salle :

- Tout le monde va bien ?
- Pire qu’une gueule de bois, maugréa Neilla.
- Pire qu’une gueule de bois et d’une nuit blanche, ajouta Drakov.
- C’est possible ça, demanda Alix ?
- J’en sais rien, mon état de réflexion est nul là.
- J’ai connu pire… Cracha Larah. Oh non, attendez… Je serai morte sinon…
- Comment on est encore en vie ? Demanda Alissa.
- Je sais pas… Mais j’aurai préféré m’évanouir que de me réveiller là… Dit Valence avec difficulté.

L’Eliostra reprenait son souffle. Petite pause pour tout le monde. Il avait utilisé de l’énergie pour cette attaque, il avait besoin de reprendre. Talf retira son bouclier et Larah se dégagea de lui. Elle se retourna vers Drakov et Alix, l’œil brillant d’un rouge sauvage, tremblant encore de l'attaque, essayant de ranimer le groupe :

- On passe en mode sadique ? Demanda-t-elle avec un sourire carnassier.
- On y va, sourit Drakov, préparant ses gênes.
- Ou du moins, on essaie, souffla Alix.
- C'est pas Fatalis au commande, j'espère ? Questionna Drakov en se relevant.
- Non, pas d'inquiétude, je suis absolument maître de mon corps...
- Et ça te sert à quoi ? Demanda Alix.
- Soit je frappe plus fort, soit je deviens plus rapide, mais pas les deux à la fois, l'un puis l'autre...
- Contrecoup ?
- Douloureux.
- Combien de temps tu peux tenir ? Demanda Talf.
- Ca, ça va dépendre du temps qu'on met à le buter...
- Bah alors qu'est-ce qu'on attend ? Demanda Drakov en mettant son arme sur l'épaule.

L’Eliostra soufflait, lui aussi avait été épuisé par cette attaque. Mais il se remit rapidement de la fatigue, avec un pouvoir comme le sien, absolument rien d’étonnant à cela. Il se secoua un peu et grogna à l’attention des chasseurs, faisait rugir les flammes sur son corps.
Tous se tournèrent vers lui. Drakov sortit un petit objet de sa poche : un petit sac. Il en tira deux pilules noires. Il expliqua en la tendant à Alissa, pendant qu’Alix faisait de même avec Valence :

Drakov : En prenant ça, on va forcer l’activation, ça va durer un poil plus longtemps que par la volonté seule. Mais en contrepartie, on va manger un poil plus cher aussi.

Larah opina, c’était donc un all-out pour tout le monde, bien, ça rendrait la bataille bien plus amusante. Tous les quatre avalèrent rapidement les pilules, leurs corps se couvrirent d’écailles. Entièrement pour Alissa, les jambes et les bras plus le bord du visage pour Drakov, la même chose pour Alix et totalement pour Valence.
Se mettant en garde, la charge débuta. Talf pris les rênes et chargea à toute allure avec sa lance, suivi de près par Alissa et Drakov, qui couraient presque comme deux dératés. Alissa expliqua :

Alissa : On est les deux moins sensibles au feu, ça devrait nous permettre de le cogner sans vraiment avoir trop mal.
Drakov : C’était aussi mon plan.

Elle lui sourit en guise de réponse. Quand Talf et sa lance se heurtèrent à la face de l’Eliostra, qui avait entamé sa charge lui aussi, le choc fut brutal, mais le Dragon Ancien perdit à ce jeu, la lance manquant de lui perforer le crâne de part en part. Il l’esquiva d’un petit pas de côté, l’esquive étant tardive, il encaissa un violent coup de pleine face, qui lui balafra un peu plus le visage.
Il se prépara à contre-attaquer d’une baffe enflammée, mais il fut stoppé, stoppé net par le déferlement qui plut depuis ses deux flancs. En effet, Alissa et Drakov s’étaient séparés, le second compensant son manque de puissance en ayant gardé son katana dragon/foudre, qui jouait sur les faiblesses de son adversaire. Les coups plurent, telles deux tornades, tous les deux enchaînèrent les frappes à une vitesse ahurissante, procurée par leurs gènes.
Estoc, taille, tranche, estoc de nouveau, oblique, taille, encore un estoc.
Les éclairs violacés et la glace eurent vite raison des écailles solides du Prince des Flammes, qui poussa un grognement et libéra instantanément un nuage de spores rouges épaisses. Lesquelles explosèrent rapidement, envoyant les deux gêneurs rouler au sol plus loin. Mais leur mission était loin d’être achevée, ils devaient se défaire du Dragon Ancien s’ils voulaient rentrer et c’est ce qu’ils comptaient faire.
Alix et Larah passèrent en force, toutes les deux tailladèrent la face de l’Eliostra, qui s’était concentré sur Alissa et Drakov. Il tenta de les envoyer voler d’un coup de patte, qu’elles esquivèrent d’un bond en arrière synchronisé, avant de contre-attaquer en abattant leurs lames sur la patte. Un effet moindre, les écailles n’étaient pas abîmées, elles ne laissèrent que des éraflures à leur surface, mais c’était suffisant. L’Eliostra les repoussa en faisant s’intensifier son aura de flammes et en poussant un rugissement sauvage.
Valence traversa l’aura, malgré la douleur que ça lui engendrait à cause de sa faiblesse naturelle au feu, et fracassa son cor dans la face du Dragon, lui faisant momentanément perdre sa concentration et son aura. Il tituba un peu, sonné, avant de se reprendre, mais cette latence avait suffi. Neilla, qui avait enduit ses flèches d’enduit énergie, arma un tir et décocha : Trois flèches et simultané, les trois javelines filèrent à toute allure et se fichèrent profondément, deux dans la face du Dragon et une dans son épaule, le faisant rugir.
Talf enchaîna, lui collant un coup de bouclier qui se répercuta le long du bras du lanceur, tant il y avait mis de force dedans. L’Eliostra cligna des yeux et s’affala de côté, sonné. Drakov et Alissa bondirent, tous les deux firent de nouveau pleuvoir un déluge de frappes, sans aucune synchronisation comme Alix ou Larah, ils laissaient juste libre cours à leur sauvagerie. Tous les deux se déchaînaient à proprement parler sur le Prince des Flammes, qui se redressa promptement.
Les deux agresseurs reculèrent, d’un bond, mais ce fut trop tard. Le Dragon Ancien racla le sol avec ses griffes et leur colla une baffe enflammée. Enfin, il colla une baffe enflammée à Alissa, qui la para du mieux qu’elle le put, qui décolla du sol en grimaçant de douleur et embarqua Drakov avec elle, ce dernier frappant toujours dans le flanc exposé du Dragon. Les deux croisés roulèrent au sol. En terminant leur roulade, Drakov se retrouva au-dessus d’Alissa, tous deux échangèrent un regard d’incompréhension, d’autant qu’Alissa saignait par un coin de sa bouche. Drakov se releva et aida Alissa à faire de même. Cette dernière avala une potion pour calmer la douleur.
Elle soupira :

Alissa : A jouer les malades comme ça, on arrivera en rad de potions avant de le faire flancher.
Drakov : Je sais.

Elle lui lança un regard noir, il soupira à son tour :

Drakov : Bon écoute, je t’aime pas et je suis certain que c’est réciproque, mais pour le moment on va mettre ça de côté et essayer de se synchroniser un poil plus que ça.
Alissa : Entendu.

Les conditions ne se prêtaient de toute façon pas à une négociation, ils reprirent leurs armes et s’élancèrent. Pendant ce temps, les autres avaient repris le combat.
Larah esquiva un coup de patte enflammé, mais la chaleur qui s’en dégagea assécha presque instantanément sa gorge. Elle s’apprêta à repartir à l’assaut, mais l’Eliostra se dégagea des assauts de ses tortionnaires d’un bond ample en arrière. Il passa au-dessus de Drakov et Alissa, qui frappaient ses pattes arrière.
Après avoir touché le sol, il se figea et d’un coup, il chargea, telle une torpille, il avait pris un bon élan et avait les adversaires alignés en face de lui, autant ne pas se priver d’une telle chance.
La charge laissa deux traînées enflammées derrière lui. Personne ne put esquiver, tous furent envoyés voler et glissèrent lourdement au sol. Seule Neilla, bien plus loin, eut le loisir de constater l’efficacité de cette technique meurtrière. Elle tira plusieurs flèches qui, bien qu’elles se fichèrent dans le corps de l’Eliostra, ne le firent pas ralentir pour autant. Il termina sa course en démolissant un des murets, ce qui le fit flancher un peu. Il se retourna vers eux, les yeux brûlant de sa soif de bataille.
Le Prince poussa un rugissement tonitruant, faisant tourbillonner les flammes autour de lui. Les chasseurs se relevèrent tant bien que mal, les gènes des croisés avaient amortis certains dommages, mais le bilan était catastrophique, tous durent avaler une méga potion entière pour oublier à quel point cette attaque avait fait mal.
Le combat ne faisait que commencer et il prenait déjà une tournure peu avantageuse pour eux. Le Dragon s’avança, prêt pour un nouveau round. Ils se mirent tous en garde, prêts à en découdre.

Ils se secouèrent un peu. Talf leur rappela qu’il devait tuer l’Eliostra avant de mourir eux-mêmes. Neilla perdait déjà le moral, malgré les musiques de Valence qui leur redonnait du courage. Drakov se prépara pour un nouvel assaut. Larah sauta à côté de lui, essuyant le sang qui coulait de sa joue par une petite entaille. Alix était juste derrière, accompagné de Talf. L’Eliostra poussa un petit rugissement de défi. Alissa se mit à côté du groupe, sur un rocher pour prendre un peu de hauteur. La cible de la chimère était axée sur Drakov, comme il y avait Alix derrière, ça faisait deux en un. Il prit ses appuis bien au sol et tourna la tête vers le croisé Tigrex, qui se mit dans une position défensive, le Katana au-dessus de sa tête, à la manière d’un samurai. Neilla tendit sa corde et attendit un signal. Valence avança vers le monstre tout en jouant une mélodie pour renforcer l’attaque. L’Eliostra bondit d’un coup, les crocs en avant, ce qui suffit aux chasseurs pour se disperser. Drakov sauta en arrière en fauchant l’air et buta contre l’une des dents du félin géant. Il lui laissa une petite entaille aux lèvres, ce qui eu pour but de l’énerver encore plus. Larah fonça, les deux épées formant un demi triangle ( je suis sûre que ça existe… ), elle s’axa sur la vitesse plutôt que la frappe et planta ses deux armes dans une des entailles déjà faite par les attaques précédentes. Elle retira ses armes en s’aidant de son pied, prenant appui sur le corps de l’Eliostra. Il se tourna vers elle en donnant une baffe enflammée, Larah la para du mieux qu’elle put en croisant ses armes et glissa sur un bon mètre. En se tournant, Drakov dut esquiver la queue du monstre pour qu’il s’éloigne.
♫ Petite discussion dans la tête de Larah ( Dit comme ça… ça fait fou… ) ♪
- Un petit coup de main serait le bienvenu.
- …
- Ne me dit pas que tu vas recommencer ton silence…
- … C’est un Eliostra, je déteste ces trucs, j’en ai affronté un une fois, je l’ai battu non sans mal, je ne vois pas comment vous allez le battre…
- Magnifique.
- Je peux te filer un coup de main, mais faudra pas râler après si t’as mal…

Drakov enfonça son arme dans la queue du monstre à charge de revanche. Le monstre resta bloquait un instant puis balaya le chasseur d’un coup de patte arrière, puis il sauta en arrière pour éviter un coup destructeur de Valence. Alix sauta et frappa à plusieurs reprises sa patte arrière. Le monstre se débarrassa d’elle de la même manière que Drakov. Alix recula maladroitement et reprit son assaut, elle chuta en arrière à cause d’un coup d’aile dans le visage. Neilla décocha une flèche qui se ficha dans l’articulation de l’aile du monstre. Désormais, il avait du mal à s’envoler car elle était bien coincée dans l’os, si bien, qu’elle l’avait transpercé. Alissa frappa sur le torse du monstre mais se prit le retour du dragon dans le visage : un coup de boule majestueux, parce que quand on est le prince des flammes, on fait les choses avec classe. Elle recula, se tenant le nez, et jura. Talf enfila un coup de bouclier dans la truffe de l’Eliostra qui recula un peu sonné, Drakov en profita et s’élança, les deux mains sur son arme, près à couper cette queue qui ne faisait que le faire tomber. Il rebondit une fois dessus, puis une autre. Le monstre se tourna rapidement vers lui, balayant les autres au passage et mordit vers Drakov qui esquiva en tombant en arrière. Valence envoya un coup de cor dans le cou du monstre pour le faire reculer, laissant le soin au croisé de se relever rapidement :

- Merci !
- De rien, dépêche toi de te remettre au boulot.
- Ouais, je veux juste couper cette foutue queue une bonne fois pour toute !
- J’arrive t’aider, dit Larah en se joignant à ses côtés.

Il la regarda longuement, l’œil rouge, ça changeait tout d’elle. Il hocha la tête et la suivit quand elle se mit à courir, ils se dirigeaient vers le rocher où était Alissa pour frapper en hauteur, Drakov comprit ce qu’elle voulait faire et lui faisait assez confiance pour ça, même s’il était inquiet du résultat.
Alix trancha la paume de la patte du monstre qui glapit de douleur, suite à la souffrance causée par l’élément. Valence écrasa ensuite cette même patte et Talf darda l’autre patte avant. Neilla décocha une flèche qui se planta dans l’épaule du monstre. Il chuta et essayait de se relever, mais Valence et Talf avait sauté sur ses ailes pour ne pas qu’il se relève et les tenaient fermement. Alissa frappa sur le ventre et une longue trainée rouge s’y dessina. Larah arriva sur le rocher et sauta en l’air, elle attrapa la main de Drakov et le fit basculer pour qu’il prenne de la vitesse, elle utilisa l’œil pour lui conférer la puissance nécessaire pour soulever Drakov et l’envoya en plein sur la queue du monstre, il leva son katana aussi haut qu’il put et trancha l’appendice osseuse. L’Eliostra rugit de terreur et se releva, sa queue tenait encore, ou plutôt, les tendons la rattachaient encore à la colonne vertébrale en miette. Il fallait juste donner un coup dedans pour qu’elle s’arrache complètement. Son bouclier de flamme se ractiva et il fonça sur le croisé tigrex qui se mangea une charge et tomba près de Larah qui se relevait (elle était tombée au sol après avoir lancé Drakov). Il sourit et tapa dans la main de la jeune femme. Puis ils se relevèrent en ayant regagné de la fougue. Neilla se lança comme cible la queue et décochait des flèches vers elle, soit elles se plantaient dans le derrière du monstre, soit elle tombait au sol, mais ça n’arriva que deux fois. Elle lâcha une flèche qui arracha la chair du monstre et la planta au sol. La créature rugit de douleur et se retourna vers l’archère. Il chargea et ses flammes l’entouraient comme lorsqu’il les fit tous tomber de son attaque surpuissante. Neilla prit ses jambes à son cou, et voyant qu’elle n’avait pas beaucoup d’échappatoire, elle se dirigea vers Talf, sauta au dessus de lui car il était baissé et laissa au monstre le plaisir de manger le bouclier de Talf en pleine tête. Même si le chasseur n’arriva pas à retenir totalement la bête, les dégâts furent terribles pour elle. Il chuta sur le côté, accompagné de Talf. Neilla aida le lancier à se dégager de la bataille pour qu’il reprenne ses esprits.
Larah et Drakov foncèrent sur le monstre, mais cette fois-ci, c’était Larah qui fut envoyée en l’air. Drakov utilisa ses gènes pour la soulever plus facilement. Elle retomba en plantant une de ses armes dans la patte arrière du monstre. Elle ouvrit une nouvelle entaille, plus profonde que les autres, mais superficielle, en effet, le monstre se cautérisa lui-même la plaie pour éviter de perdre trop de sang. Il se mit debout et en rugissant, il fit trembler les murs. Il se reposa au sol et fit tomber ceux qui étaient proche de lui. Il inspira à fond et cracha un jet de flamme de plusieurs mètres de long. Tous les chasseurs eurent un cri de surprise et sautèrent à plat ventre pour se protéger de cette surprise embrasée. Il se stoppa et regarda les petits chasseurs se dandiner comme des vers. Ils soufflaient à grande peine, toussant de temps à autre à cause de l’air réchauffé, les faisant suffoquer. Ils se relevèrent non sans mal et essayèrent de reprendre des positions de combat convenable. Larah ragea :

- C'est pas vrai ! Il nous sort une nouvelle carte à chaque fois ! Nous on a plus rien dans la manche !
- Quelqu'un a une idée pour stopper ce lance-flamme sur patte ? Demanda Talf qui reprenait ses esprits.
- Je vois mal comment, manquerait plus qu'il nous envoie une tornade flamme et là je jette l'éponge ! Cria Alissa.
- Quelqu'un aurait repérer un lac ou un truc du genre ? Questionna Drakov.
- Un lac. Dans une tour. Alix, viens avec moi, on s'en va.
- Dans les jardins, répondit Larah, mais c'est trop loin...
- Merci de me supporter Larah... Soupira Drakov.
- Y a pas de quoi...
- Une autre idée ? Toussota Neilla.
- On se le fait à l'ancienne, proposa Valence;
- Une autre idée ?

L'Eliostra s'impatienta. Il claqua des mâchoires et fit exploser quelques nuages de gaz près de lui, il tendit vers la tête vers ses opposants et ouvrit grand les ailes pour aller les cueillir.

Le monstre se dressa face à eux. Drakov et Alissa échangèrent un regard entendu. Tous deux prirent une posture de garde et s’élancèrent vers le Prince des flammes, avec la vélocité conférée par leurs gènes. Par réflexe défensif, le monstre fit exploser plusieurs nuages de spores autour de lui. Alissa passa au travers, ignorant la brûlure, atténuée par ses gènes. Drakov fit de même, mais en grimaçant déjà beaucoup plus.
Neilla soupira en les voyant faire, mais elle les couvrit quand même en tirant deux flèches enflammées qui se fichèrent dans l’arcade et le front du Dragon Ancien. Talf chargea droit devant, afin de profiter de l’ouverture laissée par ses deux compagnons. C’était sans compter sur le fait que l’Eliostra se soit reconcentré sur eux après avoir reçu les deux flèches.
Larah et Alix foncèrent en soutien, Valence s’élança à leur suite.
Le monstre aspira un grand coup, afin de souffler des flammes, c’est là que Drakov et Alissa bondirent, frappant chacun d’un grand coup dans la gueule ouverte du Prince. Ce dernier, assez gravement touché pour devoir reculer, s’énerva, intensifiant la chaleur de l’aura autour de lui. Talf ignora cette dernière en partie grâce à son armure Teostra, mais aussi grâce à la vitesse qu’il avait prise en chargeant. Sa lance percuta le monstre, lui perforant la joue de part en part. L’Eliostra grimaça, mais tint bon, la lance était ainsi presque bloquée, vu que Talf n’avait pas la capacité de reculer dans l’instant. Pourtant, il ne fit rien de tel : Tendant son bouclier derrière lui, il incita Alix et Larah à sauter dessus et s’en servir de tremplins pour pouvoir se déchaîner plus librement sur son ennemi, qui n’avait pas le temps de réagir.
Alix et Larah bondirent, leurs armes en avant, Valence avait entamé un chant augmentant le pouvoir d’attaque, elle termina la dernière note quand les deux jeunes femmes s’élancèrent. Les lames dansèrent, les coupures apparurent peu à peu sur la face du Prince, qui grimaça de douleur et bondit en arrière. Valence le rattrapa d’un bond, alors que Drakov et Talf rattrapaient respectivement Alix et Larah.
Valence fracassa son cor de chasse sur la face du Dragon Ancien, qui beugla et recula, avant de tomber lourdement de côté, sonné. Neilla décocha une flèche, qui fila au travers du groupe pour se ficher dans la face de l’Eliostra, qui grogna de douleur. Alissa courut vers la queue du monstre, qui ne tenait que par quelques tendons. Le coup trancha les derniers tendons net, la croisée Lavasioth tira sur le membre tranché et l’envoya voler, avec un sourire sadique.
Le monstre glapit et s’affala lourdement en avant, face à Drakov, qui bondit sauvagement et fit tourbillonner sa lame sur sa face. Le sang gicla des nombreuses plaies qui s’ouvrirent, le Dragon Ancien perdit sa seconde corne, qui vola et se planta dans le sol plus loin.
Drakov sourit sadiquement, mais dans un réflexe, l’Eliostra souffla des flammes, Drakov plongea de côté par réflexe, mais il fut exposé à un retour : Une frappe enflammée du monstre, qui l’envoya rouler aux pieds des autres. D’un coup de pattes arrière, il envoya aussi voler Alissa.
Le dragon battit des ailes et fit sauter la zone autour du reste du groupe, fatigués, ces dernières esquivèrent à grande peine et ils durent taper dans leurs dernières réserves afin de tenir encore le choc.
Ils se relevèrent péniblement, le Dragon saignait par le coin de la gueule. Alix s’était mis aux côtés de Drakov, Valence aux côtés d’Alissa, les deux jeunes sœurs aidèrent les deux blessés à se redresser. Tous se remirent en état, Larah lança :

Larah : Allez ! On va l’avoir !

Et effectivement, le combat allait probablement toucher à son terme.

On voyant le terrain fumant et l'Eliostra, entouré de ses flammes, les chasseurs eurent l'impression d'être au volcan, tant l'atmosphère était chaude et le décor en flamme. Ils essuyèrent leurs blessures d'un revers de manches en se relevant avec peine. C'était le dernier "round", l'un des deux camps allait tomber, et aucun des deux ne comptait perdre. Le dragon ancien rugit une dernière fois et fit trembler le sol et les murs, qui tombaient en ruine. Les chasseurs se rassemblèrent et formèrent un losange, avec Talf devant, la lance en avant, Drakov derrière, les deux épéistes sur les côtés, Alissa et Valence juste derrière et Neilla qui fermait la position. La fumée les faisait étouffer et ils avaient peine à rester debout, comme l'Eliostra avait peine à maintenir ses flammes. Comparé à ses parents, il était capable de les maintenir même si sa queue était coupée ou une de ses cornes brisée, mais là, il portait ces deux syndromes... Par moment, ses flammes disparaissaient et réapparaissaient en brillant faiblement. C'est l'Eliostra qui prit l'initiative, il s'entoura de flamme et s'élança comme une torpille vers ses adversaires qui se dispersèrent, laissant à Talf le soin de bloquer la charge, Alissa se mit derrière lui et le soutenu quand le choc éclata. Le monstre forçait comme il le pouvait et les deux chasseurs reculaient indéniablement. Drakov se servit de son katana comme perche et sauta en l'air, il atterrit sur le cou du monstre et s'accrocha à sa fourrure, de son poids, il fit pencher la tête de la créature qui ne maintint plus sa pression sur le bouclier et glissa légèrement sur le côté, ce qui fit lâcher Talf et Alissa. Ils reculèrent pour éviter le monstre qui chavirait tout seul. Larah frappa dans le cou, ce qui permit à Drakov de s'échapper aisément. Le monstre se retourna très rapidement et balaya la chasseuse d'un coup de patte enflammée. Neilla décocha une flèche dans la mâchoire du monstre pour le faire reculer. Valence vint protéger Larah et déploya toute sa force dans un coup qui fit décrocher une ou deux dents aux monstres. Talf planta sa lance dans l'un des flancs du monstres qui tournoya sur lui même, à la manière d'un tigrex, pour faire reculer les chasseurs. Alix évita l'attaque et utilisa le laps de temps dont elle disposait pour frapper l'une des plaies déjà ouvertes. L'Eliostra glapit et fit un énorme bond en arrière. Valence soupira et se tourna vers Larah qui se relevait à peine :

- Ça va aller ?
- Ouais, je vais tenir le coup, merci...
- On est quitte !

La croisé plésioth repartit combattre et laissa Larah avec un sourire. Du sang coulait de sa tempe, au dessus de l’œil rouge. Elle frola douloureusement la plaie de ses doigts et se releva en se tenant à son sabre. L'Eliostra maintenait les chasseurs à quelques mètres de lui par des explosions qu'il semblait contrôler. Alissa fit un signe à Valence pour jouer quelques accords de régénération, ce qu'elle fit et les autres reçurent rapidement les soins. Enfin, "soins" était un grand mot. Minuit soupira. Il prit un instant les commandes, sans que Larah n'y oppose une résistance. Il lui fit ranger son arme de feu et prendre celle de glace à deux mains. Certes, elle n'était pas bien large et égalisait de loin avec un des sabres de Drakov, mais quitte à frapper fort, autant que ce ne soit pas avec un sabre de feu... Larah comprit vite où il voulut en venir, il relâcha son emprise sur elle et la laissa faire. Il murmura tout de même : "S'il y a un problème, je gérerai." La jeune femme hocha la tête et s'approcha des autres en marchant rapidement. L'Eliostra avait subi un assaut de Drakov qui lui avait perforé une épaule. Talf se préparait à charger à travers les flammes, secondé par Alix qui se tenait près de lui. Dès que sa lance traverserait le poitrail du monstre, elle s'élancerait sur lui pour essayer de trancher une artère, même si celles-ci étaient bien cachées sous carapace. Le lancier cria et chargea comme un dément. Il traversa les flammes et malgré le saut du monstre en arrière, il atteignit sa cible et perça la carapace... Mais ce n'était pas suffisant. Drakov prépara ses gènes et chargea le dos de Talf pour lui donner plus de force, le lancier ricana :

- Haha ! Fan-service, nous voilà !
- Dis pas n'importe quoi ! Rougit Drakov.

L'Eliostra rugit et accepta d'accueillir les deux hommes pour mieux les cueillir. Il laissa la lance lui rentrer dans son armure naturelle et attendit le moment où sa patte pourrait leur arracher ce qui dépasse au dessus de leurs épaules. Alissa comprit le petit jeu de la chimère et s'élança sur les deux chasseurs, elle les plaqua au sol sans qu'ils ne comprennent ce qu'il se passait. Alix prit l'opportunité pour frapper le cou du monstre, mais il tendit les mâchoires, Valence lui frappa le côté pour qu'il rate, alors il lança son énorme patte avant pour faucher les deux filles. Larah, à la manière d'un uppercut, frappa la main de sa seule arme, utilisant la force que lui conférait Minuit pour faire plus de dégâts. Après cette effort, elle tomba au sol et recula en rampant à moitié. Alix s'époumona et enfonça ses deux armes dans le trou formé par Talf. L'Eliostra rugit de douleur et recula, dressé sur ses deux pattes. Drakov se releva et frappa le ventre en levant son arme vers la tête de la bête. Elle tomba lourdement sur ses deux pattes après avoir glapit. Alissa glissa à côté de Drakov et planta son arme dans la patte avant du monstre, qui tomba sur ce même membre et se releva avec difficulté. Neilla lui décocha une flèche dans l'oeil droit. Il recula encore, mais se trouvant dos au mur, il ne pouvait fuir. Talf lui donna un coup de bouclier dans la truffe et bondit en arrière pour éviter un coup de crocs. Valence arriva et rugit : "Couché Oggy !" en lui donnant un smash en plein front. Il rebondit au sol et, totalement sonné, il se reçut une nouvelle flèche de Neilla dans l'épaule. Elle prit sa dernière javeline, visa, expira, lâcha la corde qui se planta dans le visage de l'Eliostra. Le monstre se dressa sur ses pattes arrières et griffa le vide. Il s'écroula lourdement au sol, en silence. Les chasseurs se laissèrent également tomber dans un fracas magistral. Ils se couchèrent sur le dos, haletant et tremblant de fatigue. Drakov lança :

- On aurait dû appeler cette quête... "La venue du Ragnarök"...
- La venue de mes fesses, ouais... souffla Talf.
- On a réussi à tuer un monstre de ce calibre... Balbutia Alix.
- Imaginez si on a réveillé un autre monstre avec ce grabuge, du genre, un Yamatsukami ! Ricana Alissa.
- Dégage de là, Rupert ! Cria Larah.
- Hahaha ! Il se pointerait en disant : C'est pas ici le marché ? Lança Drakov en rigolant.
- Quel bande de boulet... Lança Neilla.
- Les cafards ont eu raison du prince des flammes... Waw, ça en jette... Soupira Valence.
- C'était un beau combat. Conclua Drakov.
- Bien joué.

Les chasseurs tournèrent la tête vers Larah qui avait parlé avec sa voix double, lorsque Fatalis prenait les commandes. Elle, ou plutôt il, ajouta :

- Me regardez pas comme ça, elle a la flemme de discuter.
- Ca faisait un moment qu'on avait pas entendu ce loubard de lézard...
- Oh bordel, se permit de lancer Neilla.
- Ca va, je me casse.

Un long silence s'ensuivit.

Le Dragon Ancien venait de tomber et, après un moment passé au repos, tous purent dépecer la bête à loisir, ainsi que le Kirin Noir, dont le corps traînait toujours sur le sol.
Après cette séance de découpage improvisée, ils se réunirent tous et partirent, prenant la seule sortie laissé à disposition. Ils marchèrent un peu, utilisant le sabre de Larah pour allumer leurs torches. Ils découvrirent plusieurs fresques, dépeignant des monstres qu’ils connaissaient et d’autres, qu’ils n’avaient jamais vus encore. Des géants aux longs cous qui nageaient dans les lacs, des monstres à l’aspect étrange, qui arboraient des écailles comme des côtes mailles et même un monstre qui arborait des faux au-dessus des pattes et plusieurs couleurs variant selon le climat.
Après avoir vu de nombreuses fresques, ils parvinrent à rejoindre la salle au lac de lave, qu’ils traversèrent rapidement. L’ascension dura plusieurs minutes, pendant lesquelles ils s’étonnèrent de la capacité des Wyverniens à avoir construit cette Tour et ses deux parties.
Leur sortie se fit sans encombre, dans un silence qui en disait long sur leur fatigue… Le voyage se fit rapidement pour le retour, le ballon de la Guilde les reprenant au camp à la base de la Tour.
Et finalement, tous pouvaient se reposer, pendant la journée que dura le voyage de retour.